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BLOOD CAMP (2008)



L'HISTOIRE : Le camp d'été de Manabe voit déferler une horde d'adolescents irrévérencieux venus passer un séjour haut en couleurs près du lac d'Arawak. Le directeur et le responsable des moniteurs se cachent bien de leur révéler que l'endroit a été le théâtre d'un sanglant massacre perpétré par Angela, la tueuse transsexuelle. Pendant qu'une bande d'ados prend comme souffre-douleur le balourd Alan, un mystérieux tueur s'amuse à recommencer le massacre au camp d'été…


MON AVIS : En 1983, un slasher somme toute assez quelconque et ennuyeux, se voyait hisser dans les rangs des franches réussites uniquement pour son final grand-guignolesque et particulièrement tétanisant. Massacre au camp d'été, réalisé par Robert Hiltzik, voyait son tueur/tueuse Angela propulsé(e) au rang des boogeymens cultes, au même titre que Jason et Freddy. Notre meurtrière en puissance allait refaire parler d'elle dans deux suites assez lamentables mais misant néanmoins sur un humour décontracté, dans les bien nommés Massacre au camp d'été 2 et Massacre au camp d'été 3. Suivra un court métrage en 2002 intitulé Sleepaway Camp 4 : the survivor, encore plus nul que ses prédécesseurs. On pensait en avoir fini avec Angela jusqu'à ce que le réalisateur de l'original décide de retourner sur les lieux de son carnage en 2008, avec ce Return to Sleepaway Camp, rebaptisé chez nous Blood Camp.

Malheureusement pour nous, Robert Hiltzik ne fait guère mieux que son film de 1983. Blood Camp s'avère assez poussif et pas très intéressant durant une bonne heure, préférant perdre son temps avec les déboires du gros Alan, ado complexé en perpétuel conflit avec les autres vacanciers qui ne cessent de le brimer mais il faut avouer qu'il le cherche bien aussi. Blagues à deux balles, moqueries, bagarres, tout ce qui lui arrive nous passe au-dessus de la tête et on aimerait bien que le réalisateur l'oublie une bonne fois pour toute et commence à charcler son casting de façon brutale parce qu'on est quand même censé être dans un slasher movie, que les ados sont crétins comme il faut et qu'on aimerait donc bien les voir se faire étriper, éventrer, massacrer. Ce qui met quand même un certain temps à arriver.

Durant la première heure, on assistera à seulement deux ou trois meurtres, certes réalisés de façon sympathique, avec des effets de maquillage assez réussis mais bon, rien de bien transcendant, surtout que le premier meurtre dans de l'huile bouillante et dans la cuisine du camp nous renvoie directement à l'un des meurtres de l'original. Il faudra donc attendre la dernière demi-heure pour que Blood Camp prenne enfin son envol et nous fasse passer un bon moment, multipliant les massacres et accélérant son rythme. Franchement, cette dernière partie du film est assez jouissive et relève nettement le niveau de l'ensemble. Il y a du gore, quelques références cinéphiliques et un final en forme de clin d'œil assez bien amené, même si on avait deviné le twist depuis belle lurette. Il était temps que ça démarre en tout cas, dommage d'avoir attendu si longtemps pour enclencher la seconde.

Blood Camp reste au final un slasher plus que moyen, qui déçoit par son manque de dynamisme et son quota de meurtres trop peu nombreux pour un slasher digne de ce nom. Reste une dernière demi-heure sympa et le plaisir de revoir Felissa Rose dans le rôle de son personnage culte…


Titre français : Blood Camp
Titre original : Return to Sleepaway Camp
Réalisateur : Robert Hiltzik
Scénariste : Robert Hiltzik
Musique : Rodney Whittenberg
Année : 2008 / Pays : Usa
Genre : Néo-slasher / Interdiction : -12 ans
Avec Felissa Rose, Vincent Pastore, Michael Gibney, Isaas Hayes, 
Lenny Venito, Erin Broderick...



Stéphane ERBISTI

BLAIR WITCH 2 - LE LIVRE DES OMBRES (2000)

 


L'HISTOIRE : Jeff Donovan, originaire de Burkittsville, est depuis toujours obsédé par la légende de la sorcière de Blair. A l'âge de 17 ans, il surprend ses amis et sa famille en kidnappant un enfant et en l'emmenant au plus profond de la forêt des Collines noires. Capturé, il refuse d'expliquer ses actions, affirmant simplement que des voix l'ont contraint à le faire. Il passe les quatre années suivantes dans un hôpital psychiatrique avant d'être apte à être réinséré dans la société. En juin 2000, il conduit un groupe de touristes dans les Collines noires...


MON AVIS : Blair Witch 2 se présente dès le début comme un documentaire sur les terribles événements qui se seraient réellement déroulés à Maryland. Le message, clairement affiché dès l'ouverture du film, explique que les images qui vont suivre sont tirées d'un documentaire fait par la télévision locale et que certains noms ont été changés pour protéger leur anonymat. De même, on a droit à des interviews et à une sorte de journal télévisé où les personnages argumentent en défaveur du film Le Projet Blair Witch, expliquant que les événements montrés ne se sont jamais déroulés. Tout est mis en œuvre pour que le spectateur pense que cette histoire de sorcière n'est que pure fiction et que ce qui va suivre n'est que la stricte réalité. Hélas, la sauce ne prend plus.

Le film s'ouvre sur la musique Disposable Teens de Marilyn Manson avec un plan aérien montrant la forêt de Blair avec quelques images rapides de meurtres. Le ton est donné : Blair Witch 2 sera beaucoup plus vivant que son prédécesseur. Le film ne se déroule plus via la caméra d'un des protagonistes mais intègre quelques moments où on les suit par ce moyen. Tout se déroule très rapidement : le décor est planté, l'histoire est explicitée, il ne reste plus qu'à suivre les personnages à la recherche de la fameuse sorcière et on assiste très vite à la première scène qui sème le doute. Après une bonne nuit de sommeil, installés dans la forêt, les personnages drôlement bien équipés (caméra infrarouge et autres attirails sophistiqués) retrouvent leur matériel cassé. Il en est de même pour leurs travaux qu'ils avaient rédigés et qu'ils découvrent en morceaux. La tension monte, les accusations fusent mais la médium du groupe, une gothique, visualise l'endroit où se trouvent les enregistrements. Ils n'ont plus qu'à les chercher et découvrir ce qu'il s'est déroulé durant cette nuit…

Autant le dire : les détracteurs du Projet Blair Witch préféreront sûrement cette suite qui ne joue que par moments sur le côté amateur. Blair Witch 2 est largement plus sanglant (pendaison, éventration), beaucoup plus rythmé et met en scène des personnages confrontés à des hallucinations (ou est-ce la réalité ?). Ce choix marque la différence qui sépare les deux films bien qu'ils soient inextricablement liés. Et même si certaines scènes sont très prévisibles, elles restent tout de même formidablement efficaces et vous vous surprendrez même à sursauter en sachant pertinemment ce qu'il va se passer. Tout n'est pas montré (mis à part les apparitions assez terrifiantes qui font penser à Regan pour ses mouvements saccadés dans L'Exorciste) et le film laisse quand même une place à l'imagination.

Mais cette suite a tout de même quelques points négatifs. Par exemple, les allusions incessantes à Projet Blair Witch deviennent pénibles et ennuyeuses. Les réalisateurs voulant à tout prix nous montrer que cette fois-ci le film est bien réel, nous avons le droit à des dialogues, objets ou blagues tournant autour du premier volet. Ces insinuations cherchent avant tout à mettre en valeur le Projet Blair Witch pour le placer au même rang que Scream et des meurtres perpétrés à la suite de son visionnage. De même, de la publicité pour le site eBay et pour quelques produits américains sont faites.

Blair Witch 2 est donc une bonne surprise, bien qu'il soit assez prévisible sur certains points. Cette suite est totalement différente du premier opus ce qui ravira, ou au contraire, déplaira.


Titre français : Blair Witch 2 - Le Livre des Ombres
Titre original : Blair Witch 2 - Book of Shadows
Réalisateur : Joe Berlinger
Scénariste : Dick Beebe, Joe Berlinger
Musique : Carter Burwell
Année : 2000 / Pays : Usa
Genre : Sorcellerie / Interdiction : -12 ans
Avec Kim Director, Jeffrey Donovan, Erica Leerhsen, Tristine Skyler, Stephen Barker...




Yann Le Biez

BLADE TRINITY (2004)



L'HISTOIRE : A l'aide d'une manipulation d'image, les vampires ont piégé Blade : sur un document vidéo, on le découvre en train de massacrer un humain. Pour le FBI, Blade devient l'ennemi à capturer. Ce dernier va devoir se battre sur tous les fronts...


MON AVISAprès deux opus de bonne facture, un premier volet réussi signé Stephen Norrington en 1998 et un deuxième volet impressionnant réalisé par Guillermo Del Toro en 2002, c'est au tour de David S.Goyer (scénariste entre autres de Blade et Blade 2) de mettre sur pellicule en 2004 le troisième épisode du désormais célèbre chasseur de vampires Blade. A la fois scénariste et réalisateur, David S.Goyer refait donc appel à l'acteur Wesley Snipes pour de nouvelles aventures, cette fois-ci bien plus soft et plus axées vers l'humour que ce que nous avaient offert les deux premiers volets de cette trilogie vampirique contemporaine. La sauce prend-elle encore malgré ces quelques déviations volontaires? La réponse dans les lignes qui suivent…

Ce que l'on peut tout de suite dire à propos de cet opus, c'est qu'il tranche net avec le deuxième volet qui, lui, était bien plus sombre et horrifique (du grand art que nous avait encore montré Guillermo Del Toro) que les deux autres. C'est justement peut-être ce qui fait la force de cette trilogie : chaque épisode a un style différent et tout le monde peut donc y trouver son bonheur, selon le ou les opus concerné(s). En ce qui concerne ce troisième volet, David S.Goyer semble vouloir reconquérir un public plus large avec cet épisode très hollywoodien, à l'humour excessif par moment et sans véritable grand débordement sanglant. En effet, le film contient son lot de scènes d'action et de courses poursuites en tout genre (à pied, d'immeubles en immeubles, en voiture…) : l'entrée en scène de Blade est assez efficace bien que très hollywoodienne (cascades de voitures, gun-fights à tout va…) et nous montre clairement que cet opus est destiné à (presque) toute la famille.

Par contre, là où le film prêche singulièrement, et excusez-moi mais je risque d'être un brin méchant et moqueur avec ce qui suit, c'est sur son casting déplorable. Même si Wesley Snipes reste toujours bien ancré dans son personnage charismatique, ce n'est malheureusement pas le cas des autres personnages qui ne sont en rien attrayants. Au programme, nous avons droit à un certain Ryan Reynolds (Amityville 2005) dans le rôle d'un jeune chasseur de vampires arrogant, orgueilleux et à l'humour au ras des pâquerettes, et une certaine Parker Posey (ConeheadsScream 3) dans la peau d'une cheftaine vampire qui ne cesse de surjouer, ce qui en devient vite énervant. Le pire pour ces deux acteurs cités précédemment, c'est quand vous les mettez ensemble dans une scène : vous obtenez alors une séquence complètement loupée, mal interprétée, aux dialogues qui tournent en rond et qui se limitent à des injures de gosses (je ne sais plus combien de fois on entend le mot "bi**"). A ces deux phénomènes de foire, ajoutons les acteurs Dominic Purcell (Equilibrium) dans le rôle de Drake, un méchant qui ne dégage guère de crainte et parait peu malin sous ses faux airs de grosse brute (heureusement que l'on peut le voir sous deux formes : sa forme humaine que je viens de décrire rapidement, et sa forme vampirique qui est nettement plus intéressante : un monstre rouge et noir avec une mâchoire de Predator et un visage tout droit sorti des flammes de l'Enfer) ainsi que Triple H (catcheur américain) dans la peau d'un vampire baraqué un brin naïf et bagarreur du nom de Jarko Grimwood. Cependant, on prend plaisir à revoir le sympathique Kris Kristofferson (BladeBlade 2) dans le rôle de Whistler, l'ami de Blade (même si sa prestation ne dure guère longtemps), et David S.Goyer nous gratifie de la présence de la très belle Jessica Biel (Massacre à la tronçonneuse 2003) dans un rôle plutôt convaincant de chasseuse de vampires (notons par ailleurs que c'est la fille de Whistler dans le film).

Pour ce qui est du scénario à proprement parlé, c'est certes simple et très commun mais c'est efficace et parfois c'est tout ce qu'on demande à une seconde suite. Cependant, un scénario un peu plus fignolé n'aurait pas été un mal mais bon, passons ce point et prenons ce troisième opus comme pour ce qu'il est avant tout : un pur divertissement.

Parmi les touches d'humour dont le film nous gratifie, on retiendra surtout deux séquences. La première est la scène où des jeunes vampires s'en prennent à la fille de Whistler et tombent dans un piège consistant à mettre en guise d'appât un poupon avec écrit dessus fuck you et aspergeant de l'ail au visage de ses ravisseurs. La deuxième est la scène où Drake entre dans un magasin satanique où l'on vend, sous son regard perdu, des articles un peu olé olé tels que des vibromasseurs vampires, une boisson appelée dracola… Bref, la petite boutique des horreurs quoi !

Mis à part le casting fort moyen qui accompagne notre cher Wesley Snipes et ces quelques touches d'humour bien lourdes par moments, Blade Trinity reste un bon petit divertissement. Le rythme du film ne s'essouffle à aucun moment, ceci grâce à des scènes de combat assez nombreuses et dont les chorégraphies sont plus que correctes (surtout les combats dans le quartier général de nos amis suceurs de sang). Ajoutons à cela quelques cascades de voitures, des défenestrations à tout va et des courses poursuites à gogo et vous obtenez un film au rythme bien dosé, voire même survitaminé par moments, même si, comme je l'ai déjà dit plus haut, c'est typiquement hollywoodien et donc parfois un brin exagéré…

En ce qui concerne l'aspect visuel du long-métrage de David S.Goyer, là non plus on ne remarque pas de véritable défaut mis à part quelques ralentis peu esthétiques (notamment la scène où la vitre teintée du commissariat explose suite à la défenestration de l'un des vampires : une scène que le réalisateur choisit de montrer très, voire trop, lentement, ce qui gâche incontestablement la scène).

Les couleurs restent toujours assez sombres, dans les teintes bleutées, violettes et noires à la Underworld, et certaines séquences rendent particulièrement bien dans des nuances jaunes et noires (la scène où Hannibal King se fait taper dessus par les vampires et se retrouve par terre, ensanglanté).

Concernant les effets spéciaux, nous avons encore droit à des vampires qui partent en cendres comme le veut la tradition dans la saga mais on nous livre ici quelques métamorphoses vraiment sympathiques (merci le numérique) comme celle de Drake en monstre ou encore celle de Danica Talos (alias Parker Posey) qui se voit dépérir suite à un virus ravageur (des veines bleues surgissent tout à coup sur son visage horrifié). Soulignons également l'apparition de chiens vampires plutôt bien réussis mais qui malheureusement disparaîtront assez rapidement de nos écrans.

Mais une des grandes nouveautés de ce Blade reste la panoplie d'armes mises à disposition de nos chasseurs de vampires : au programme, des arcs à UV, des mini-roquettes, des pistolets électroniques qui crachent des balles explosives sources d'UV. Bref, un éventail d'armes sorties tout droit d'un épisode de Quake ou Unreal Tournament ! Ces armes hyper sophistiquées témoignent bel et bien d'une volonté de vouloir faire de cet opus un film pour tous publics : le Blade nouveau et futuriste est arrivé!

Enfin, finissons par la bande originale de Blade Trinity. Là encore, on retrouve une tête figurant déjà sur l'opus précédent : je parle bien entendu de l'excellent RZA, membre du Wutang Clan. Bien plus axée sur les musiques électroniques (seul le générique de fin nous propose du hip hop), la bande originale s'avère être plutôt rafraîchissante même si l'on peut toutefois déplorer que certaines scènes souffrent d'un trop-plein de musiques. Pour les intéressés, on distinguera entre autres du trip hop, de la dance, de l'électronique, du hardcore et des musiques de club assez diverses.

Au final, Blade Trinity s'avère être un pur divertissement, délaissant l'horreur et l'angoisse du deuxième opus pour jouer la carte de l'humour et de l'action à gogo. Malgré de bons effets spéciaux et des chorégraphies de combat fort sympathiques et bien orchestrées, ce dernier opus de la trilogie des Blade déçoit terriblement par son casting déplorable (mis à part quelques acteurs qui s'en sortent bien tels que Wesley Snipes et Jessica Biel) et par ses touches d'humour qui s'avèrent très lourdes et puériles qui donnent à cet opus un sentiment d'inachevé, voire de gâchis. Dommage diront certains car le film possédait d'indéniables qualités…


Titre français : Blade Trinity
Titre original : Blade Trinity
Réalisateur : David S. Goyer
Scénariste : David S. Goyer
Musique : Ramin Djawadi, RZA
Année : 2004 / Pays : Usa
Genre : Vampire, Super-héros / Interdiction : /
Avec Wesley Snipes, Kris Kristofferson, Jessica Biel, Ryan Reynolds, 
Parker Posey, Dominic Purcell...




David MAURICE

BLADE 2 (2002)


L'HISTOIRE : République Tchèque. Un SDF appelé Nomak se rend dans une banque du sang, laquelle semble peu regardante sur la façon de s'approvisionner en donneurs. Toutefois, son phénotype semblant curieux, c'est à une véritable séance de torture que les laborantins vampires le destinent. Et là, une méchante surprise les attend. Pendant ce temps, Blade met fin à deux longues années de quête pour arracher son coéquipier Whistler aux griffes des vampires qui l'ont fait muter. Mais à peine les choses semblent-elles revenues dans l'ordre que deux émissaires d'Eli Damaskinos, chef suprême des vampires, pénètrent son repaire afin de lui transmettre une demande de trêve. Créature mutante véhiculant le virus du Faucheur, Nomak est en effet devenue la menace numéro un, car lui et ses victimes contaminées se nourrissent aussi bien d'êtres humains que de vampires. Blade accepte alors de prendre la tête du Peloton Sanguin, entraîné au départ pour l'éliminer...


MON AVIS : Blade premier du nom ayant avantageusement posé les bases, le deuxième se devait forcément d'aller plus loin: meilleurs effets numériques, combats plus nombreux, esprit Comics encore plus affirmé... Mais ce n'est pas tout. Car avec Guillermo Del Toro aux commandes, c'est également sous le signe du mélange des genres, de la richesse picturale et de l'horreur que Blade II se place. Le réalisateur espagnol, d'ailleurs écarté par les producteurs dans un premier temps, n'aura en effet cessé de batailler tout au long du tournage afin d'imposer la touche d'effroi qui faisait défaut au premier volet (les efforts de conviction qu'il aura dû déployer envers les producteurs lui ont d'ailleurs inspiré une blague sarcastique, inscrite au bas du générique de fin: No real reapers were hurt during the making of this film).

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Guillermo Del Toro n'est pas homme avare en idées excitantes et heureuses. Autant le premier opus de Blade pouvait sembler monolithique dans sa façon de présenter les particularités d'une nouvelle histoire, autant ici le foisonnement semble être la règle, quitte à donner au bout du compte la sensation d'assister à un patchwork de style et de genre pas toujours abouti.

L'hybridation, après tout, s'imposait au vu de l'argument principal de Blade II, avec cette nouvelle race de sur-vampire aux gènes mutants (ou mutés) et l'obligation pour le héros de pactiser avec ses ennemis attitrés. Même au niveau de la bande originale, la quasi totalité des scores est composée de rencontres entre des groupes dont les styles n'auraient pas pu coïncider à première vue. Remarque identique pour les combats qui essaiment le film, variant les techniques selon la tonalité désirée grâce à trois chorégraphes différents (dont Wesley Snipes lui-même et Donnie Yen, qui joue l'un des membres du Peloton Sanguin). Arts martiaux avec ou sans arme, gunfights, combat de rue, boxe et même catch, tout l'art de la guerre défile sous nos yeux, avec tantôt avec un entrain joueur, tantôt une sombre sauvagerie, jusqu'au final d'une brutalité impressionnante, mixant couleur flamboyante et nervosité de la caméra portée.

Tout n'est pas parfait dans ces scènes d'action d'une durée et d'une inventivité pourtant bien supérieures à celle du film de Stephen Norrington. Les effets spéciaux ne sont pas en cause, même si certains sont encore visibles (à la fin du combat ninja, par exemple). Mais on a parfois l'impression que Del Toro n'est pas convaincu de leur pertinence et qu'à défaut d'y croire, il s'amuse à remplir la scène imposée de figures de styles brillantes et superficielles. Une impression qui disparaît complètement lors des affrontements entre Blade et Jared Nomak, chacun des deux combattants étant chargé d'un enjeu dramatique qui donne du corps, de l'émotion et du sens à chacun des coups qu'ils échangent.

Au niveau du graphisme et des ambiances, la bonne nouvelle est que nous sommes bel et bien sur la planète Guillermo Del Toro. Dès la première scène, on constate que la sophistication de Blade a aussi fait place à un univers plus sombre, moins propre, distillant angoisse et épouvante. Et il n'est que de voir la bataille orgiaque de la boîte de nuit des vampires masochistes, ou celle des égouts remplis d'ossements, pour constater que le high-tech côtoie cette fois le glauque et le macabre. L'innovation majeure reste bien sûr celle des Faucheurs: crânes chauves, déplacements simiesque, brutalité sans frein, leur floraison buccale est d'une hideur impressionnante. Le chef suprême des vampires, Damaskinos, avec sa fille Nyssa est une occasion pour Del Toro de développer, de façon malheureusement très brève, un graphisme somptueux (le bain de sang, le bureau rempli d’œuvres d'art, la colonne des bocaux...). Personnellement, je rêve déjà d'un space opera signé Del Toro...

Malgré les figures imposées (la pseudo-histoire sentimentale entre Blade et Nyssa) auxquelles il fallait s'attendre avec ce qui reste tout de même une commande, il est donc stupéfiant de constater à quel point le réalisateur a pu transporter avec lui tant d'éléments présents dans ses précédents films, et qui sont les marques de son univers. De près ou de loin, on saisit par exemple des lignes de filiation entre le dépliage organique des Faucheurs et ceux des insectes de Mimic, entre les expériences de Damaskinos et l'histoire de Cronos... 

On retrouve aussi le jeu des couleurs cobalt et ambrées, ou encore la présence de Ron Perlman, qui reviendra en force dans Hellboy. Inutile de préciser, d'ailleurs, l'argument de poids qu'a dû jouer Blade II pour décider les producteurs à financer le rêve de Guillermo Del Toro !

Voilà en somme un divertissement de haute volée, même si le héros principal n'y est toujours pas le plus intéressant ! Car si Wesley Snipes est bien sympathique, son charisme est tout de même bien pâle à côté de celui que dégage Luke Goss, d'une énergie et d'une conviction proprement stupéfiantes... Peut-être aurait-il mieux valu faire un Nomak II qu'un Blade III ?


Titre français : Blade 2
Titre original : Blade 2
Réalisateur : Guillermo del Toro
Scénariste : David Goyer
Musique Marco Beltrami
Année : 2002 / Pays : Usa, Allemagne
Genre : Vampires, super-héros / Interdiction : -12 ans
Avec : Wesley Snipes, Luke Goss, Ron Perlman, Kris Kristofferson, Leonor Varela, 
Norman Reedus...




Stéphane JOLIVET

BLACK WATER (2007)


L'HISTOIRE : Touristes en vacances, Grace, accompagnée de son mari Adam ainsi que de sa soeur Lee, décident d’aller pêcher dans la mangrove. Embarquant dans un petit bateau à moteur, ils partent avec Jim, un guide touristique et espèrent bien attraper quelques poissons et profiter du soleil radieux. Malheureusement, ils se font attaquer par un crocodile qui retourne la frêle embarcation et dévore le guide. Nos trois vacanciers parviennent à grimper sur un des nombreux arbres de la mangrove. Une seule question hante leurs esprits : comment faire pour s’en sortir vivant ?


MON AVIS : Tiens, un nouveau film en provenance d’Australie, ça mérite qu’on s’y attarde, et ce, pour plusieurs raisons :
1- L’Australie nous a souvent donné de bons films de genre : Mad Max, Death Warmed Up, Long Week end ou Wolf Creek pour les plus connus.
2- Il y a un crocodile dans le film et moi, j’aime bien les films avec des crocodiles ou autres vilaines bébêtes avec de grandes dents qui bouffent des gens.
3- Black Water a été sélectionné dans de nombreux festivals et les échos sont plutôt bons, donc tout ça, ça me donne envie.

Les films avec des crocodiles, ça me connaît. J’en ai vu pas mal, des bons et des moins bons. Pour mémoire, citons quelques titres bien connus où notre carnassier joue sa vedette : Le Crocodile de la Mort, Killer Crocodile, Killer Crocodile 2, Alligator, L’incroyable Alligator, Blood Surf, Crocodile, Crocodile 2, Supercroc, Primeval, Lake Placid ou Les Dents de la Mort par exemple. Tiens, d’ailleurs pour ce dernier, notons qu’il nous provient d’Australie également ! Tout comme le nouveau film du réalisateur de Wolf Creek qui met aussi en scène notre saurien avec Rogue - en Eaux Troubles. L’Australie et le crocodile, une belle histoire d’amour donc...

La lecture du scénario de Black Water vous aura sûrement évoqué un autre film dont le postulat est identique, seul change le lieu de l’action et la bestiole présentée. Ceux qui auront répondu Open Water - en eaux profondes et ses deux touristes perdus en pleine mer parmi les requins ont gagné toute ma sympathie, ce qui est déjà fort bien !

Effectivement, le film de David Nerlich et Andrew Traucki peut être vu comme la version crocodile de Open Water. Même envie de faire un film réaliste : pas de crocodiles ou de requins géants ou modifiés génétiquement, que du pur saurien et des purs squales ; peu de personnages ; huis clos dans un environnement hostile (la mer et ses requins, la mangrove et ses crocodiles) où le suspense monte petit à petit ; présence d’une menace d’abord invisible et qui se dévoile par la suite ; tension naissante entre les personnages qui cherchent comment s’en sortir ; situations réalistes et plausibles qui impliquent d’entrée de jeu les spectateurs qui peuvent s’identifier fortement aux personnages présents et se demander comment eux auraient réagi ; peu d’effets gores mais des marques de blessures crédibles, renforçant le côté réalité du film ; pas d’images de synthèse, que de vrais animaux, comme déjà évoqué ci-dessus, même s’il y a bien sûr des effets spéciaux dans ces deux films, principalement des incrustations via ordinateurs (pensez-vous, on va quand même pas mettre des acteurs en présence de vrais crocodiles affamés !). Bref, Open Water et Black Water joue dans la même cour, celui du cinéma vérité, basé sur des faits réels, celui du cinéma qui utilise nos peurs primales pour mieux nous terrifier. Parce que franchement, j’en connais pas un qui aimerait être à la place des personnages d’Open Water ou de Black Water. A moins d’être suicidaire ou cinglé, il vaut mieux être confortablement installé dans son canapé devant la télé que perdu au milieu de nulle part, attendant que les monstres, les vrais, viennent nous dévorer. Parce que si on en arrive à stresser pour les personnages alors qu’on est dans son canapé justement, imaginez si on y était vraiment : crise cardiaque assurée !

C’est d’ailleurs ce qui fait la grande force des deux films. Ce qui marchait pour Open Water marche également très bien pour Black Water. On stresse pour nos trois vacanciers, on frissonne avec eux, on sert les dents quand l’un d’entre eux décide de redescendre dans l’eau pour tenter de s’en sortir en allant chercher le petit bateau, bref, on vit la tragédie avec eux. Par ce même principe, les quelques faiblesses d’Open Water se retrouvent dans Black Water : certaines scènes de dialogues sont parfois un peu longues et quand il ne se passe rien, on ressent également un léger ennui. Ce qui, en fait, renforce le côté réaliste du film, puisque l’on s’ennuie AVEC les personnages et non sans eux. Perchés en haut des arbres, que peuvent-ils faire d’autre qu’attendre, réfléchir, chercher une solution ? Rassurez-vous, cette petite notion d’ennui ne dure pas très longtemps et il y a assez de péripéties et de rebondissements pour vous tenir en haleine.

Pour que l’identification et l’immersion marchent encore plus avec les spectateurs, nos deux réalisateurs australiens ont choisi des acteurs et des actrices peu connus du public. Pas de stars qui feraient que la situation serait moins crédible. Et ça marche vachement bien ! Mention spéciale à la charmante Diana Glenn qui joue le rôle de Grace. Elle parvient à nous émouvoir et à nous livrer de vraies émotions. Très bonne surprise également avec la craquante Maeve Dermody, jolie blondinette qui devra faire face à ses peurs et nous livrera la séquence la plus angoissante du métrage. Les deux membres masculins du casting s’en sortent eux aussi très bien. Bref, pas de Lieutenant Ellen Ripley ou d’officier John McLane dans le film, juste des êtres humains en proie à l’inattendu, qui se retrouvent seuls face à eux-mêmes et qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour s’en sortir. Un peu à la manière des spéléologues de The Descent en fait…

Bon, et ce fameux crocodile au fait, comment il est ? Redoutable mes amis ! Un vrai sadique, un vrai pervers ! Attendant au fond de l’eau verdâtre, qui ne laisse transparaître aucune information quant à sa présence ou son absence, attaquant quand on ne l’attend pas, observant ses proies avec une sorte de malin plaisir, comme s’il avait conscience de la situation et savait qu’elle était à son avantage. Bref, un bel enfoiré ce saurien, c’est moi qui vous le dis !

Bien sûr, ne vous attendez pas à voir des séquences surréalistes façon Killer Crocodile. Non, là, c’est encore une fois basé sur la réalité et la crédibilité et donc d’une efficacité supplémentaire.

Au final, Black Water a tout du bon petit film de série B qui n’en met pas plein les yeux c’est sûr, qui n’est pas d’une grande originalité certes, mais qui est traité de façon sérieuse et respectueuse et qui est doté d’un solide casting et de séquences de suspense vraiment bien réalisées. Le décor est très bien mis en valeur également et de doux frissons viendront parcourir votre échine aux moments clés du film. Que demander de plus ? Les amateurs d’agressions animales apprécieront sûrement !


Titre français : Black Water
Titre original : Black Water
Réalisateur : David Nerlich, Andrew Traucki
Scénariste : David Nerlich, Andrew Traucki
Musique Rafael May
Année : 2007 / Pays : Australie
Genre : Attaques animales / Interdiction : -12 ans
Avec Diana Glenn, Maeve Dermody, Andy Rodorera, Ben Oxenbould, 
Fiona Press...




Stéphane ERBISTI

BLACK SHEEP (2006)


L'HISTOIRE : Traumatisé dans son enfance par une mauvaise blague de son frère, Henry a désormais une peur bleue des moutons. Après quinze années d’absence, il décide sur les conseils de sa psy de revenir à la demeure familiale, une vaste ferme d’élevage de moutons où il retrouve la gouvernante Mrs Mac et son frère Angus, qui s’est spécialisé dans l’élevage avec l’aide de la génétique. Au même moment, Grant et Expérience, deux jeunes activistes luttant contre les expériences de laboratoires, dérobent un petit container contenant un embryon issu des nombreuses manipulations génétiques menées par les scientifiques d’Angus. Grant brise accidentellement le container et l’embryon de moutons s’échappe, après avoir préalablement mordu Grant et d’autres moutons. Les conséquences de ces morsures vont vite se révéler catastrophiques, transformant les gentils moutons en bêtes affamées et avides de viande…


MON AVIS : Il fallait oser ! Détourner l’emblème de la Nouvelle-Zélande, à savoir le sympathique mouton, pour le transformer en créature terrifiante et assoiffée de sang, quelle idée ingénieuse et originale ! Originale, pas tant que ça en fait puisqu’un film de 1973 avait déjà fait muter cet animal en un monstre horrible, dans Godmonster of Indian Flats de Fredric Hobbs. Mais bon, comparer au nombre de films mettant en scène des requins ou des serpents par exemple, on peut dire que Black Sheep et ses moutons tueurs demeure bel et bien une pièce d’exception dans la catégorie des films d’agressions animales.

La genèse de Black Sheep repose entièrement sur son réalisateur Jonathan King. Il écrit un premier scénario du film dans lequel se trouvent déjà tous les personnages clés et la plupart des situations présentes dans le film. Après avoir travaillé son scénario de nombreux mois, il décide de le présenter et d’essayer de trouver un producteur qui serait intéressé ainsi que des subventions. Coup de bol, une productrice est enthousiasmée par cette idée farfelue, de même que la commission des films de Nouvelle-Zélande qui décide d’apporter son aide à Jonathan King. Le scénario est retravaillé avec l’aide de spécialistes et nouveau coup de chance en faveur de Jonathan King, la Weta Workshop, société spécialisée dans les effets spéciaux fondée en 1986 par Richard Taylor et à l’origine des effets sur la trilogie du Seigneur des Anneaux et de King Kong (2005) de Peter Jackson entre autres, se montre très réceptive également et propose son aide. Le budget du film n’étant pas celui de la trilogie consacrée à l’univers de Tolkien évidemment, la Weta décide de faire les effets spéciaux à l’ancienne et de ne pas abuser des images de synthèse. On se retrouve donc en présence d’un film qui sent bon les années 80, avec prothèses, faux sang, moutons réalisés en animatronique se mélangeant avec les vrais animaux, maquettes et autres trouvailles délirantes qui augmentent considérablement le capital sympathie de Black Sheep, qui n’est pas sans rappeler les premières œuvres de Peter Jackson justement, et notamment son délirant Bad Taste.

Maintenant, avoir des professionnels à son service, un scénario bien écrit et des idées loufoques ne suffisent pas toujours à faire un bon film. Surtout que Jonathan King n’a réalisé que des clips, des publicités et des courts-métrages jusqu’ici. Mais l’homme est tellement impliqué dans son projet qu’il va rapidement communiquer sa bonne humeur à l’ensemble de l’équipe, qui va donner le meilleur d’elle-même. Et il montre également un talent certain dans la mise en scène, transformant un projet pas gagné d’avance en une très belle réussite de la comédie horrifique, qu’on rangera aisément au côté de classiques du genre tels Le Loup-Garou de Londres, Bad Taste, Evil Dead 2 ou plus récemment Horribilis par exemple.

Dire qu’on se marre devant Black Sheep est ce qu’on appelle une vérité vraie ! Le film est ultra fun, divertissant, et les quelques légers passages moins rythmés n’empêchent pas d’accrocher le spectateur qui en redemande et veut en voir encore plus !

Il faut dire que le spectacle est bien présent et qu’on ne soupçonnait pas nos amis animaux laineux d’être aussi féroces et voraces ! Morsures diverses, gorge arrachée, intestins sortis du ventre et autres joyeusetés gores s’étalent sur l’écran dans une bonne humeur communicative et le mélange des vrais moutons avec les créatures robotisées créées par Weta Workshop est franchement bien géré, même si on devine dans certaines scènes qui sont les vrais des faux. Mais dans un film comme celui-ci, je dirais que ça n’a pas beaucoup d’importance et que le fait d’avoir des animatroniques qu’on devine est même un plus car ça augmente le côté loufoque des situations, les rendant encore plus irréelles et hilarantes.

En bon fan du genre, Jonathan King n’a pas oublié de faire quelques petits clins d’œil aux films cultes du répertoire. Par exemple, le retranchement des personnages principaux dans la maison et le festin anthropophage auquel se livrent les moutons carnassiers et les humains mutants au dehors nous renvoient directement à certaines séquences de La Nuit des Morts Vivants de George Romero. La transformation d’Angus, le frère du héros, en mouton mutant nous rappelle des scènes similaires vues dans Le Loup-Garou de Londres ou dans Hurlements. L’attaque démente de la horde de moutons pendant une conférence en plein air évoquera à l’amateur l’attaque de l’alligator venu faire son repas durant un mariage dans L’incroyable Alligator de Lewis Teague. Toutes ces références jouent en faveur de Black Sheep car elles ne prennent pas le dessus sur les idées originales du film lui-même.

Autre force du métrage, outre le très bon dosage entre humour et gore, les personnages principaux joués par des acteurs quasi inconnus, qui nous apparaissent fort sympathiques et que l’on prend vraiment plaisir à suivre dans leurs sanglantes péripéties. Henry est impayable lorsque sa phobie des moutons prend le dessus, son pote Tucker n’est pas mal non plus dans son genre, et la jolie héroïne du film en sort de bonnes aussi, comme lorsque la vieille dame lui demande en lui présentant un fusil si elle a déjà fait cracher un tromblon et qu’elle répond pas un comme ça. De l’humour décapant, parfois irrévérencieux, mais toujours généreux et fort bien amené dans la majorité des cas. Un humour qui sait aussi se faire discret lorsqu’il le faut. La rivalité et l’antipathie, que se vouent les deux frères, ne prêtent pas à sourire par exemple. Certaines situations font également abstraction de cet humour afin de mieux emmener le spectateur dans un climat de tension. Mais reconnaissons que dans l’ensemble, c’est bien les fous rires qui auront le dernier mot lors de la vision du film. Ce mélange de comédie-horreur a d’ailleurs été fort bien accueilli puisque Black Sheep a reçu le Prix du Jury et le Prix du Public lors du festival de Gérardmer 2007 !

Sous son aspect délirant et gore, Black Sheep n’en oublie pas de dresser un amère constat sur le risque des manipulations génétiques et les conséquences qu’elles peuvent entraîner en cas de non respect des règles d’éthique. Un thème qui avait déjà donné lieu à un très bon film en 2005, Isolation. Le film de Billy O’Brien est un peu le versant sérieux de Black Sheep car son but premier était de terroriser le public avec son animal mutant. Jonathan King n’a pas du tout la même approche mais les deux films méritent plus qu’un simple coup d’œil.

Si vous aimez les situations abracadabrantes, les délires à la Bad Taste et voir des moutons dévorer tout ce qui passe à leur portée dans de très beaux paysages, ruez-vous sur Black Sheep, fou rire et jubilation avec geyser de sang en prime sont garantis !


Titre français : Black Sheep
Titre original : Black Sheep
Réalisateur : Jonathan King
Scénariste Jonathan King
Musique Victoria Kelly
Année : 2006 / Pays : Nouvelle-Zélande
Genre : Attaques animales, comédie horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec Nathan Meister, Danielle Mason, Tammy Davis, Peter Feeney, Oliver Driver...




Stéphane ERBISTI

BLACK DEVIL DOLL (2007)

 


L'HISTOIRE : Un homme noir, Mubia Abul-Jama, est condamné pour avoir assassiné quinze jeunes femmes blanches. Un soir, Heather teste son Ouija et finit par ramener le tueur à la vie à travers une poupée de ventriloque. Les deux protagonistes vivront une belle et heureuse histoire d'amour jusqu'au jour où la poupée réclame plus de fesses blanches et les paires de seins qui vont avec. Mais le sexe n'est pas suffisant et la marionnette retrouvera ses pulsions meurtrières pour commettre un massacre...


MON AVIS : Produit par la société Rotten Cotton, spécialisé dans la vente de T-shirt de films de genre, Black Devil Doll est le remake inavoué du film fauché des années 80 Black Devil Doll From Hell. Une relecture vulgaire et portée sur la perversion, l'absurdité volontaire et l'humour potache, les intellectuels pourront vite passer leur chemin car ici, les seuls éléments principaux du film tiennent entre une bonne paire de boobs, des Fuck à tout va et notre poupée black afro s'avérant être une véritable bête de sexe enragée.

Rien de sérieux évidemment, rien qu'à voir la présentation animée hilarante faisant un gros doigt d'honneur au comité de censure (tenu par des blancs) et le très bon générique monté à la James Bond n'ayant certes aucun rapport avec le thème du film mais annonçant la couleur en ce qui concerne l'absurdité assumée omniprésente pendant les 60 minutes (environ) du film. Inutile de vous cacher que ce métrage n'est qu'une simple curiosité à voir si on est amateur du mauvais goût et des blagues grasses sexuelles pour poivrots traînant au bistrot toute une après-midi avec leur bière à la main, leur bide sorti et une main posée sur la paire de baloches.

En termes de vulgarité, de grossièreté et d'insultes en tous genres, Black Devil Doll se place au même niveau que le slasher Gutterballs de Ryan Nicholson, de même pour l'humour bas de gamme et loufoque. La subtilité c'est trop compliqué ? Et bien pourquoi ne pas se contenter de balancer quelques nichons pour attirer l'attention du spectateur masculin ? On imagine bien la bande de vieux potes qui passent leur temps à ricaner et à grogner face à chaque plan-nichon qu'offre ce film underground aussi volontairement mauvais que Gingerdead Man 2. Même si le ridicule du film pourra en faire sourire plus d'un, sa longueur et son rythme ralenti pourront en ennuyer d'autres.

Après la présentation d'Heather Murphy et de sa grosse paire de seins alléchante, cette dernière s'adonnera au jeu du Ouija qui fera directement revivre Mubia dans une de ses poupées de ventriloque pour ensuite vivre une formidable histoire d'amour avant de passer à l'acte torride. Une des séquences de sexe avec Natasha Talonz, une blonde à forte poitrine, rappelle d'ailleurs sans hésitation une des meilleures scènes de Team America et qui montre que derrière cette poupée de petite taille se cache un étalon black queutard déboîtant tout ce qui bouge quand il veut et où il veut. Rassurez-vous, les scènes de sexe ne sont pas pornographiques mais elles sont aussi gratuites que les fabuleux monologues vulgaires, racistes et sexistes de la marionnette. Chucky pourra d'ailleurs aller se rhabiller car celui qui à la plus grosse, c'est évidemment Mubia !

Quant aux autres personnages, on ne nage pas dans l'intelligence et la construction soignée. Partie de twister, lavage de voiture en mode grosses cochonnes, comparaison de seins etc. les demoiselles en tenue (très) courte seront là pour le plus grand plaisir des hommes quel que soit le vide scénaristique qui pèse sur le film ou encore l'amateurisme inévitable des acteurs. On s'en fout, on est là pour les fesses, les gros-mots et le sang !

Totalement assumé, sans prétention, tourné dans un esprit de je-m'en-foutisme flagrant, Black Devil Doll se moque de lui-même et est à considérer comme un divertissement grossier sans réel intérêt plutôt et non comme une oeuvre innovante aux buts artistiques et tentant de devenir la nouvelle référence de poupée tueuse. Mais inutile de l'affirmer sachant que les premières minutes du film dévoilent directement sa forme grotesque et perverse de film raté.

En plus de ce lot rempli d'immaturité délirante, quelques meurtres sanglants s'enchaîneront sans vouloir être entièrement convaincants dans les effets gore. Tous les ingrédients sont minimalistes mais offrent un cocktail savoureux d'images trash débiles sans se soucier de la moindre touche de moralité.

Après quelques coups de couteau, un défonçage de crâne à la batte de baseball, un étranglement etc. la poupée black ne se privera pas non plus de violer chaque corps après leur mise à mort (que ce soit sur une femme ou sur un homme) histoire de lâcher sa purée là où il peut (en revanche les éjaculations montrées donnent l'impression d'avoir été effectuées avec un dentifrice). On n'oubliera pas non plus l'ouverture d'une porte en la faisant fondre avec un jet acide d'excréments. Bienvenu dans un monde riche en poésie, bon goût et subtilité. Dommage que ce soit le genre d'humour auquel on s'habitue vite, surtout quand le film en question dure aussi longtemps.

Black Devil Doll aurait très bien pu réduire certaines scènes de dialogues inutiles pour se concentrer uniquement sur ses débilités. Une demi-heure aurait été largement suffisante pour un concept de ce genre surtout quand derrière les grossièretés faciles de toutes formes ne cachent pas la moindre inventivité. Au moins, le réalisateur aura su comment amuser son public sans se prendre la tête et avec des idées aussi limitées que ses moyens et aura livré, au milieu de tout ces nibards, une petite poignée de séquences gore en particulier dans un final qui conclut le film en beauté avec plusieurs éclaboussures de sang. Pour finir, on se retrouve devant un film qui penche plus sur le comico-gore que l'érotico-gore bien que la nudité soit l'élément dominant.

Réalisé pour la facilité de fournir un objet filmique bête, stupide, vulgaire, provocateur, drôle et sanglant, Black Devil Doll reste une petite curiosité sans importance mais qu'on ne peut pas détester pour ses idioties osées mais amusantes.


Titre français : Black Devil Doll
Titre original : Black Devil Doll
Réalisateur : Jonathan Lewis
Scénariste Shawn Lewis, Mitch Mayes
Musique The Giallos Flame
Année : 2007 / Pays : Usa
Genre : Jouet meurtrier / Interdiction : -16 ans
Avec Heather Murphy, Natasha Talonz, Martin Boone, Erika Branich...




Nicolas BEAUDEUX

BLACK CHRISTMAS (2006)

 


L'HISTOIRE : Il neige à gros flocons dehors, les cadeaux croulent sous le sapin, des milliers de lumières émanent des maisons : pas de doute, c'est Noël. Dans la fraternité de Miss MacHenry, le réveillon vire au cauchemar : à peine la jolie Clair a t-elle fini d'écrire une carte pour sa sœur, qu'une main inconnue vient l'abattre sauvagement. Quelques couloirs plus loin, dans le salon, l'on parle du fait divers sordide ayant eu lieu dans la même maison...


MON AVISLancé par la série X-Files, le tandem James Wong & Glen Morgan aura trouvé définitivement une place dans le cœur des fantasticophiles avec la saga Destination Finale dont le potentiel sadique n'est plus à prouver. Dommage que malgré leur talent, les deux lascars se laissent aller à une certaine facilité : d'un côté, il leur suffit d'imaginer les morts les plus atroces pour agrandir leur saga chérie et de l'autre, voilà qu'ils s'intéressent de très près à des remakes de petits classiques 70's. Et là évidemment, ça ne peut pas plaire à tout le monde, quoi qu'on y fasse...

Après un Willard réussi (enfin un film exploitant pleinement la folie d'un Crispin Glover bouillonnant), voilà qu'un remake du fabuleux Black Christmas de 1974 est mis en chantier... non sans quelques heurts. L'idée n'est pas des plus affriolantes et le film connaîtra un développement chaotique, affecté alors par de nombreux re-shooting. Pire encore, son mauvais score aux USA ne permettra qu'une sortie DTV chez nous. Sort mérité ? Pas sûr, tant le résultat final fait sans doute partie de ce que le slasher a produit de meilleur durant ses dix dernières années. Eh oui...

La trame générale n'a pas réellement changé (un tueur se glissant dans une sororité d'étudiantes durant les fêtes de noël) mais les temps ont changé : les portables pullulent (dont l'utilisation est judicieusement exploité), les étudiantes sont devenues de véritables bombes (dire que le spectateur hétéro y trouvera son compte est un euphémisme), et le film se refuse à donner une seule part de mystère, sacrifiant la figure du tueur sur l'autel de la rationalité, ainsi que la violence suggérée de l'original. Bref, c'est dans l'air du temps.

Les créateurs de Destination Finale sont à la barre et ça se voit : les morts sont inventives et cruelles, et ne font jamais dans la dentelle, offrant avec délectation ce que des amateurs de sensations fortes sont en droit de réclamer. Ce que Bob Clark commençait en 1974 (des objets a priori inoffensifs devenant des armes mortelles), Morgan le termine : stylo-plume, sac poubelle, patin à glace, stalactite... jusqu'à la fameuse licorne de verre qui reprend sa fonction meurtrière ! Par ailleurs, toujours au rayon clins d'oeil, c'est Andrea Martin, anciennement Phillis dans le film original, qui incarne la propriétaire des lieux. Margot Kidder aurait effleuré, elle aussi, le rôle...

Toutes les zones d'ombre du premier film sont balayées violemment ici : de la même manière que Rob Zombie revoyait le mythe Myers ou que Jeff Libiesman expliquait le pourquoi du comment de la naissance de Leatherface, Morgan et son compère nous offrent complaisamment la genèse tortueuse, passionnante et scabreuse de Billy, devenu ici un croisement entre Norman Bates et le Yellow Bastard (ce n'est pas une blague !). A ce titre, les rétrospectives, très réussies, sont d'une cruauté sans pareil ; cannibalisme et inceste faisant alors bon ménage, plaçant Billy en véritable victime du destin.

S'il mise avant tout sur ses débordements graphiques, Black Christmas version 2006 est sans temps morts (l'action est resserrée en une nuit et non en deux), bénéficie d'un visuel particulièrement léché (oui, Morgan sait tenir une caméra) et sait surprendre (reprise d'éléments à Douce nuit, sanglante nuit ou à Halloween 2) jusque dans sa dernière partie (dont la version UK propose un déroulement assez différent). Du slasher racé et hargneux (les énucléations, cradingues, sont courantes) et tant pis s'il n'est pas le bijoux de terreur qu'était son prédécesseur, tout cela à 100 000 lieux d'un imbuvable Prom Night qui, lui, a raflé un succès proprement incompréhensible ! Les voies du box-office sont impénétrables comme dirait l'autre...


Titre français : Black Christmas
Titre original : Black Christmas
Réalisateur : Glen Morgan
Scénariste Glen Morgan, Roy Moore
Musique Shirley Walker
Année : 2006 / Pays : Usa, Canada
Genre : Slasher / Interdiction : -12 ans
Avec Katie Cassidy, Michelle Trachtenberg, Mary Elizabeth Winstead, Kristen Cloke...





Jérémie MARCHETTI

BITE ME! (2004)

 



L'HISTOIRE Crystal, Trix et Amber travaillent comme strip-teaseuses au Go-Go-Saurus, une boîte de nuit. Mais leurs performances sont assez douteuses, Crystal est exténuée par la fatigue, Trix, miope comme une taupe, tombe de scène et Amber a étouffé toute véhémence à force de consommation de marijuana. Mais tout cela aurait été incomplet sans Ralph, le patron, menacé de voir son établissement fermé. Pour faire remonter le chiffre d'affaire, et éviter au club de mettre la clé sous la porte, Ralph fait livrer une caisse d'herbe génétiquement modifiée. De la super-herbe. Mais dans la caisse se cachent d'énormes araignées suceuses de sang. Une vrai guigne pour le Go-Go-Saurus qui doit déjà se battre pour subsister. Heureusement, Amber connaît un exterminateur, un mec sympa, mais pas très brillant…


MON AVISUn autre long métrage de Brett Piper, un autre hommage aux séries B. Ici, c'est aux monster movies qu'il s'attaque. Ne partez pas, vous rateriez quelque chose.
 
Brett Piper reprend donc du service avec un sympathique film de monstres, crétin et fauché juste ce qu'il faut ! Hé oui, qu'est-ce que vous croyez, ce sont les dures lois de la série B. Premier ingrédient, des actrices au physique suffisant. Explications : le simple fait de regarder les damoiselles en question suffit à divertir le spectateur. Bien sûr c'est un plus qu'elles aient du talent, mais comme tout plus qui se respecte, c'est optionnel. Heureusement, Misty Mundae est une jeune fille très douée. Elle campe avec conviction une strip-teaseuse fatiguée et un peu molle. Heureusement car je ne sais vraiment pas danser de façon convaincante avec une barre confie-t-elle. Soit.

A ses côtés la délicieuse Julian Wells en stripteaseuse je-m'en-foutiste, complètement ramollie par les pétards qu'elle fume à la chaîne. Son état comateux donnera d'ailleurs lieu à un petit numéro de danse assez exceptionnel. Les deux actrices vétérans de Seduction Cinema sont ici épaulées par une petite nouvelle, Erika Smith. Et la novice tient la distance sans aucun mal, et donne vie à une danseuse myope comme une taupe, et un peu perdue dans le monde de la nuit. Le patron du club, la serveuse (Sylvianne Chebance) et la blonde perfide qui tente de fermer le bar, remplissent leurs rôles sans toutefois faire d'éclat. Ce qui n'est pas du tout le cas du duo Monckiewicz et Fedele, grand vainqueur du film.

Si le premier, incarne un exterminateur démoulé pas très frais, pataud et d'une gentillesse extrême, le second n'en est que plus psychotique et vicieux. Tout semble les opposer, et de fait l'un tente d'éradiquer des arachnides alors que l'autre entend débarrasser l'Amérique de toute la-racaille-qui-corrompt-notre-belle-jeunesse. L'officier gouvernemental est maigre est complètement excité, quand "l'insecticide" est une montagne de muscles nonchalante.

C'est ainsi que ce duo de sauveurs – Monckiewicz qui se retrouve au milieu d'une invasion d'araignées géantes suceuses de sang, est promu sauveur à son insu ; Fedele au contraire se sent investi d'une mission de sauvetage de l'Amérique – va porter Bite Me! à bout de bras. L'antagonisme opposant les deux lurons va être la source d'énergie principale de Bite Me!

Si les performances de Rob Monckiewicz dans Screaming Dead laissaient planer un sérieux doute quant à ses capacités d'acteur, le grand musclé fait table rase, et nous revient avec un jeu tout à fait convainquant. Quant à John Fedele, il insuffle un agréable vent de folie dans le film de Piper.

J'en entends déjà se réjouir, Chouette une vraiment bonne série B, un truc avec du goût, avec du caractère (et des jolies pépées. Oui, mais… Non, arrêtez de vous frotter les mains et entendez moi bien. Jusque là le bilan est très bon, presque un sans faute. Cependant, Piper voulant jouer le jeu jusqu'au bout, opte pour l'animation des bébêtes en image par image. Très bonne intention, ne vous y trompez pas. Mais quel est au juste l'intérêt d'opter pour cette technique si le résultat est aussi laid qu'un CGI amateur ? Les araignées brillent, leur carapace sent le plastique et crache totalement avec leur entourage. Toutefois, le ciel n'est pas complètement obscurci car le monstre humanoïde final a vraiment du style. Ça sent l'image par image, et les mélancoliques verseront une petite larme devant un si bel hommage.

A parler pâte à modeler, on oublierait presque que pour faire un film, un scénario est nécessaire. Comment non ? Il est vrai que cette histoire d'araignée sortie d'une caisse d'herbe bio-améliorée est un peu cheap. Mais rien ne vient vraiment s'y ajouter, la personnalité des protagonistes étant plus un gadget scénaristique permettant d'insuffler de l'humour et de l'action. Pas d'antécédent pour les âmes qui peuplent le celluloïd sous vos yeux déroulés.

Qu'importe ! Le film est rythmé et chasse l'ennui comme le Baygon® les moustiques. Si vous souhaitez rigoler sans vous prendre la tête, Bite Me! est fait pour vous. Un métrage sans prétention s'il en est.

A noter le jeu de mot du titre. Bite me! renvoie ainsi d'une part aux araignées qui mordent (donc comprendre mord-moi), et d'autre part à une expression du langage courant américain. Dans ce dernier cas, le titre revêt le sens de Mon cul, ouais (avec une intonation trahissant l'incrédulité). Tant de poésie pour un si petit film…


Titre français : Bite Me!
Titre original : Bite Me!
Réalisateur : Brett Piper
Scénariste : Brett Piper
Musique Jon Greathouse
Année : 2004 / Pays : Usa
Genre : Monstre / Interdiction : -12 ans
Avec Misty Mundae, Caitlin Ross, Erika Smith, Sylvianne Chebance, 
John Paul Fedele...





Colin VETTIER