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LE BLOB (1988)



L'HISTOIRE :  Une météorite s'écrase à proximité d'une paisible bourgade, libérant un organisme extraterrestre rose et gluant qui va croître en taille et en avidité au fur et à mesure qu'il absorbera ses victimes. Enfreignant l'incrédulité de la police et les autorités scientifiques, un jeune rebelle et son amie vont tenter de survivre et de stopper la progression du monstre...


MON AVIS : En 1958, Steve McQueen faisait déjà connaissance avec ce nouveau monstre du bestiaire du cinéma fantastique, le Blob, dans Danger Planétaire. 14 ans plus tard, la masse gélatineuse faisait son retour sur les écrans dans Attention au Blob de Larry Hagman. Et puis, plus rien. La menace rose invertébrée venue de l'espace disparaît des satellites et des radars cinématographiques.

Jusqu'à cette année 1988 où Chuck Russell, qui vient de remporter un succès phénoménal l'année précédente avec son premier film, Freddy 3 les Griffes du Cauchemar, décide de le faire venir une nouvelle fois sur notre bonne vieille planète Terre. Et comme les effets spéciaux ont fait un prodigieux bond en avant, le spectacle promet d'être percutant. Et il l'est ! Franchement, Le Blob version 1988 est une petite bombe de série B qui mérite vraiment d'être remise en avant et d'être réévaluée à la hausse tant elle est dynamique et propose des séquences renversantes. Jamais notre gélatine rose n'a paru aussi terrifiante et gloutonne, admirablement bien mise en scène par les équipes de FX.

Il faut voir cet homme entièrement englouti dans la masse rose et tentant d'en sortir ou ce cuistot qui voit tout son corps être aspiré dans la canalisation de son évier (!!) quand ce n'est pas toute une salle de cinéma qui doit tenter d'échapper à un Blob qui atteint une taille surdimensionnée et qui se faufile absolument partout, chaque interstice, aussi petite qu'elle soit, lui servant de porte d'entrée. A chacune de ses apparitions, le Blob provoque la naissance d'un grand sourire sur notre visage et on félicite intérieurement Chuck Russell de l'avoir remis au goût du jour, surtout que le réalisateur se laisse aller, n'hésitant pas à sacrifier à son monstre un jeune enfant !

Le film est mis en scène avec brio, possède un rythme alerte et nous présente des personnages certes très clichés, tels le joueur de football américain (Donovan Leitch Jr.), le rebelle au blouson de cuir noir qui va évidemment devenir le héros au cœur tendre (Kevin Dillon) ou la pom-pom girl super jolie (Shawnee Smith, future Amanda de la saga Saw) mais qui correspondent tout à fait à l'ambiance recherchée.

Personnellement, je trouve que Le Blob version 1988 est un archétype du film d'horreur 80's comme peut l'être Vampire, vous avez dit Vampire ? par exemple. Franchement, Chuck Russell a réussi son remake haut la main. L'intervention des militaires vers le milieu du film lui donne même un sous-texte intéressant sur la course à l'armement et sur le danger de la recherche sur les armes biologiques. Encore un cliché me direz-vous mais il sert encore une fois admirablement bien le film. Une vraie réussite, je vous le dis...



Titre français : Le Blob
Titre original : The Blob
Réalisateur : Chuck Russell
Scénariste : Chuck Russell, Frank Darabont
Musique : Michael Hoening
Année : 1988 / Pays : Usa
Genre : extraterrestre, monstre / Interdiction : /
Avec Kevin Dillon, Shawnee Smith, Joe Seneca, Donovan Leitch, Del Close...





Stéphane ERBISTI

BITE ME! (2004)

 



L'HISTOIRE Crystal, Trix et Amber travaillent comme strip-teaseuses au Go-Go-Saurus, une boîte de nuit. Mais leurs performances sont assez douteuses, Crystal est exténuée par la fatigue, Trix, miope comme une taupe, tombe de scène et Amber a étouffé toute véhémence à force de consommation de marijuana. Mais tout cela aurait été incomplet sans Ralph, le patron, menacé de voir son établissement fermé. Pour faire remonter le chiffre d'affaire, et éviter au club de mettre la clé sous la porte, Ralph fait livrer une caisse d'herbe génétiquement modifiée. De la super-herbe. Mais dans la caisse se cachent d'énormes araignées suceuses de sang. Une vrai guigne pour le Go-Go-Saurus qui doit déjà se battre pour subsister. Heureusement, Amber connaît un exterminateur, un mec sympa, mais pas très brillant…


MON AVISUn autre long métrage de Brett Piper, un autre hommage aux séries B. Ici, c'est aux monster movies qu'il s'attaque. Ne partez pas, vous rateriez quelque chose.
 
Brett Piper reprend donc du service avec un sympathique film de monstres, crétin et fauché juste ce qu'il faut ! Hé oui, qu'est-ce que vous croyez, ce sont les dures lois de la série B. Premier ingrédient, des actrices au physique suffisant. Explications : le simple fait de regarder les damoiselles en question suffit à divertir le spectateur. Bien sûr c'est un plus qu'elles aient du talent, mais comme tout plus qui se respecte, c'est optionnel. Heureusement, Misty Mundae est une jeune fille très douée. Elle campe avec conviction une strip-teaseuse fatiguée et un peu molle. Heureusement car je ne sais vraiment pas danser de façon convaincante avec une barre confie-t-elle. Soit.

A ses côtés la délicieuse Julian Wells en stripteaseuse je-m'en-foutiste, complètement ramollie par les pétards qu'elle fume à la chaîne. Son état comateux donnera d'ailleurs lieu à un petit numéro de danse assez exceptionnel. Les deux actrices vétérans de Seduction Cinema sont ici épaulées par une petite nouvelle, Erika Smith. Et la novice tient la distance sans aucun mal, et donne vie à une danseuse myope comme une taupe, et un peu perdue dans le monde de la nuit. Le patron du club, la serveuse (Sylvianne Chebance) et la blonde perfide qui tente de fermer le bar, remplissent leurs rôles sans toutefois faire d'éclat. Ce qui n'est pas du tout le cas du duo Monckiewicz et Fedele, grand vainqueur du film.

Si le premier, incarne un exterminateur démoulé pas très frais, pataud et d'une gentillesse extrême, le second n'en est que plus psychotique et vicieux. Tout semble les opposer, et de fait l'un tente d'éradiquer des arachnides alors que l'autre entend débarrasser l'Amérique de toute la-racaille-qui-corrompt-notre-belle-jeunesse. L'officier gouvernemental est maigre est complètement excité, quand "l'insecticide" est une montagne de muscles nonchalante.

C'est ainsi que ce duo de sauveurs – Monckiewicz qui se retrouve au milieu d'une invasion d'araignées géantes suceuses de sang, est promu sauveur à son insu ; Fedele au contraire se sent investi d'une mission de sauvetage de l'Amérique – va porter Bite Me! à bout de bras. L'antagonisme opposant les deux lurons va être la source d'énergie principale de Bite Me!

Si les performances de Rob Monckiewicz dans Screaming Dead laissaient planer un sérieux doute quant à ses capacités d'acteur, le grand musclé fait table rase, et nous revient avec un jeu tout à fait convainquant. Quant à John Fedele, il insuffle un agréable vent de folie dans le film de Piper.

J'en entends déjà se réjouir, Chouette une vraiment bonne série B, un truc avec du goût, avec du caractère (et des jolies pépées. Oui, mais… Non, arrêtez de vous frotter les mains et entendez moi bien. Jusque là le bilan est très bon, presque un sans faute. Cependant, Piper voulant jouer le jeu jusqu'au bout, opte pour l'animation des bébêtes en image par image. Très bonne intention, ne vous y trompez pas. Mais quel est au juste l'intérêt d'opter pour cette technique si le résultat est aussi laid qu'un CGI amateur ? Les araignées brillent, leur carapace sent le plastique et crache totalement avec leur entourage. Toutefois, le ciel n'est pas complètement obscurci car le monstre humanoïde final a vraiment du style. Ça sent l'image par image, et les mélancoliques verseront une petite larme devant un si bel hommage.

A parler pâte à modeler, on oublierait presque que pour faire un film, un scénario est nécessaire. Comment non ? Il est vrai que cette histoire d'araignée sortie d'une caisse d'herbe bio-améliorée est un peu cheap. Mais rien ne vient vraiment s'y ajouter, la personnalité des protagonistes étant plus un gadget scénaristique permettant d'insuffler de l'humour et de l'action. Pas d'antécédent pour les âmes qui peuplent le celluloïd sous vos yeux déroulés.

Qu'importe ! Le film est rythmé et chasse l'ennui comme le Baygon® les moustiques. Si vous souhaitez rigoler sans vous prendre la tête, Bite Me! est fait pour vous. Un métrage sans prétention s'il en est.

A noter le jeu de mot du titre. Bite me! renvoie ainsi d'une part aux araignées qui mordent (donc comprendre mord-moi), et d'autre part à une expression du langage courant américain. Dans ce dernier cas, le titre revêt le sens de Mon cul, ouais (avec une intonation trahissant l'incrédulité). Tant de poésie pour un si petit film…


Titre français : Bite Me!
Titre original : Bite Me!
Réalisateur : Brett Piper
Scénariste : Brett Piper
Musique Jon Greathouse
Année : 2004 / Pays : Usa
Genre : Monstre / Interdiction : -12 ans
Avec Misty Mundae, Caitlin Ross, Erika Smith, Sylvianne Chebance, 
John Paul Fedele...





Colin VETTIER

LE BARON DE LA TERREUR (1962)

 

Titre français : Le Baron de la Terreur
Titre original : El Baron del Terror
Réalisateur : Chano Urueta
Scénariste : Federico Curiel, Antonio Orellana, Alfredo Torres Portillo
Musique : Gustavo Cesar Carron
Année : 1962
Pays : Mexique
Genre : Monstre
Interdiction : /
Avec : Abel Salazar, David Silva, Adriana Welter, German Robles, Luis Aragon...


L'HISTOIRE En 1661, le Baron Vitelius d'Astara est condamné par le tribunal de la Sainte Inquisition à être brûlé vif sur la place publique, pour sorcellerie, nécromancie, acte de dépravation et d'autres motifs encore. Lors de son exécution, une comète traverse le ciel et le Baron lance une malédiction sur la descendance de ses bourreaux. 300 ans plus tard, en 1961, une comète traverse le ciel et s'écrase sur terre, redonnant vie au Baron. Son apparence est celui d'une hideuse créature, mais ses pouvoirs lui permettent d'apparaître sous ses anciens traits humains. Le Baron va se mettre en chasse de la descendance des Inquisiteurs…


MON AVISEl Baron del Terror ! Un titre mythique, que les fans de cinéma fantastique mourraient d'envie de voir, après en avoir découvert des images dans des revues ou magazines.

Le film est réalisé par Chano Urueta, un réalisateur mexicain très actif puisque sa filmographie comporte plus de cent films, de genre aussi divers et variés que le polar, le film d'aventure, le mélodrame, le western. Et bien sûr, le cinéma fantastique est présent également. On lui doit également le premier film mettant en scène des catcheurs avec La Bestia Magnifica en 1952. Chano Urueta a également été acteur, on a pu le voir dans La Bataille de San Sebastian, La Horde Sauvage ou dans Apportez-moi la Tête d'Alfredo Garcia par exemple. Il a également assuré les fonctions de scénariste et de producteur. Une carrière bien remplie comme on peut le constater. Chano Urueta est mort le 23 mars 1979.

Dans Le Baron de la Terreur, on retrouve des têtes bien connues du cinéma fantastique mexicain, puisqu'il y a des acteurs comme German Robles (Les Proies du Vampire, Le Retour du Vampire), Adriadna Welter dans un petit rôle, et l'incontournable Abel Salazar, producteur et acteur de nombreux films. Il se réserve d'ailleurs dans Le Baron de la Terreur le rôle principal, celui du terrible Baron Vitelius d'Astara. L'amateur pourra également reconnaître le réalisateur René Cardona, dans un double rôle, celui de l'inquisiteur Balthasar Meneses et de son descendant Luis Meneses. Un autre réalisateur fait une apparition dans le film sous les traits du policier Bennie, il s'agit de Federico Curiel, bien connu des amateurs de films mettant en scène le catcheur Santo. Bref, un casting plutôt sympa pour un film qui ne l'est pas moins, même si au final, on pouvait s'attendre à plus de délire.

En effet, le film reste très classique, un peu répétitif même dans ses actions, et on en ressort pas vraiment déçu, mais pas super enthousiasmé non plus. Ça partait plutôt bien pourtant, avec une séquence d'introduction se déroulant au temps de l'Inquisition, dans un tribunal où l'on juge le sinistre Baron interprété par Abel Salazar. L'acteur donne dans l'interprétation sobre, presque hautaine même, ce qui correspond bien à son personnage. L'exécution sur la place publique nous fera sourire car le décor ne trompe personne, tout se passe en studio mais cela confère au film une petite touche d'étrangeté bienvenue, notamment quand le Baron scrute tranquillement le ciel et aperçoit la comète, alors que les flammes sont censées le brûler vif. Pas une expression de douleur, rien ne vient troubler son flegme, alors que le commun des mortels serait en proie à une crise d'hystérie due à la souffrance. Mais le Baron n'est pas une personne comme les autres…

Une fois de retour sur terre, les actions du Baron venu réclamer vengeance sur la descendance des Inquisiteurs sont certes irréalistes et feront la joie des spectateurs de par le look du monstre et de sa méthode pour les tuer, mais il faut bien reconnaître que c'est à chaque fois la même chose, le même procédé et ça devient un peu lassant à la longue. Mais bon, rien de bien méchant non plus, le film se laisse suivre avec plaisir quand même, mais on aurait aimé un peu plus de rythme et des séquences moins répétitives.

Malgré ces petits défauts, le film saura néanmoins satisfaire l'amateur de séquences farfelues et ce sont celles-ci qui resteront dans les mémoires. On commence tout d'abord avec le look du Baron revenu sur terre après 300 ans. Quand il n'apparaît pas sous sa forme humaine, le Baron est un horrible monstre, avec une coupe de cheveu proche d'une crinière, des oreilles plus longues que celles de Mr. Spock, un nez digne des plus belles sorcières de conte, un visage qui gonfle et se dégonfle sans cesse, comme pris par des spasmes incessants, et une langue très longue, semblable à celle des serpents. N'oublions pas ses mains, qui sont en fait deux sortes de tentacules formant une sorte de pince. Bref, un pur look de craignos monsters, qui restera sans soucis dans les annales des monstres bizarroïdes !

Autre singularité du Baron, sa technique pour tuer ses victimes. Il aurait été dommage d'avoir une si belle langue et de ne pas s'en servir. Le scénariste n'a pas omis d'utiliser cet attribut et notre Baron va donc enfoncer sa langue dans le cou de victimes afin de leur aspirer le cerveau ! Et oui, vous avez bien lu, notre Baron se nourrit de cerveaux humains ! Bon, OK, sa langue fait très plastique mais franchement, on s'en fout, parce qu'on jubile bien devant son écran. Ah oui, autre détail intéressant, notre Baron est un peu comme un vampire, il possède un regard hypnotique qui lui permet d'immobiliser ses proies. Pour bien nous faire comprendre que ce pouvoir est en marche, on éclaire les yeux d'Abel Salazar. Crise de rire assurée !

Mais le plus étrange reste à venir. Qui oubliera ces scènes hallucinantes où le Baron, invitant les descendants de ses bourreaux dans sa demeure, refuse de boire des boissons alcoolisées mais va discrètement manger à la petite cuillère de la masse encéphalique qui repose dans une grande coupole, elle-même cachée dans un coffre. On ne saura jamais pourquoi il fait ça, mais niveau étrangeté, on atteint des sommets ! Z'ont bien l'esprit tordu ces Mexicains !

Le Baron de la Terreur est donc un film plutôt sympathique à visionner mais qui est précédé d'une solide réputation qui s'effrite quelque peu à sa vision, la faute à un petit manque de rythme, à la présence de deux policiers qui font dans le comique bien lourd et pas très intéressant, et à des scènes répétitives qui ponctuent l'ensemble du métrage. Mais bon, rien que le personnage du Baron vaut le détour, de même que sa curieuse manie de dévorer de la cervelle. Un monstre atypique, comme on aimerait en rencontrer plus souvent et qui rend indispensable la vision du film !




Stéphane ERBISTI

BAD MILO (2013)

 

Titre français : Bad Milo
Titre original : Bad Milo
Réalisateur : Jacob Vaughan
Scénariste : Jacob Vaughan, Benjamin Hayes
Musique : Ted Masur
Année : 2013
Pays : Usa
Genre : Monstre, comédie horrifique
Interdiction : -12 ans
Avec Ken Marino, Gillian Jacobs, Peter Stormare, Mary Kay Place, Patrick Warburton...


L'HISTOIRE : Duncan, un gars ordinaire, est loin d'être heureux dans la vie. Quand il ne subit pas la pression de son boulot pour lequel il sera congédié s’il n’accepte pas son nouveau poste consistant à licencier des gens (alors qu’il était jusque-là comptable !), il est brimé par sa famille. Entre sa femme désirant avoir un enfant, sa mère obsédée sexuelle avide d’être une bonne grand-mère faisant même appel à un expert en fertilité et l’acceptation de l’abandon de son paternel alors qu’il n’était un jeune garçon, avouez qu’il y a de quoi exploser ! Mais Duncan intériorise tout et un beau jour, il est pris de douleurs intestinales aigües. Ses angoisses deviennent finalement de trop pour lui si bien qu’elles se matérialisent sous la forme d’un monstre vivant à l'intérieur de son colon. La créature devient vraiment un fardeau dès lors qu’elle sort de son anus et commence à tuer tous ceux qui lui causent du stress. Mais ça devient encore pire quand elle commence bientôt à menacer la seule chose que Duncan aime vraiment, sa femme…


MON AVISFilm présenté au festival de Sitges en 2013, Bad Milo se veut être une comédie horrifique qui n’est pas sans rappeler certaines productions du genre des eighties, telles que Frère de sang et Elmer le Remue-Méninges de Frank Henenlotter avec une touche de Ghoulies pour le design de la bébête et une pincée du Lynch séminal (Eraserhead bande d’incultes !) pour la métaphore sur l’angoisse de la paternité. Notons de plus que David Cronenberg est remercié dans le générique de fin, ce qui n'est pas non plus un hasard puisque le réalisateur canadien est amateur de chairs et d’excroissances engendrées parfois par un cerveau malade (rappelez-vous Chromosome 3) et que Milo n’est avant tout qu’une manifestation physique des névroses dont le protagoniste principal regorge. Vous l’aurez donc compris, ce Bad Milo est une sorte d’hommage affectueux aux films d'horreur des années 1980. Ça paraît aussi sordide qu’un grindhouse, aussi déjanté que les productions de la Troma, mais ça semble beaucoup mieux écrit et conçu que la plupart des métrages de ce type, du moins sur le papier. Est-il en passe de devenir un classique du cinéma d’exploitation pour autant ?

D’un point de vue scénaristique, on serait tenté de répondre oui. Bad Milo part en effet d’un pitch complètement improbable avec Duncan, un trentenaire qui a bien du mal à s’en sortir entre la pression d’un travail qui ne l’intéresse pas et une famille qui l’étouffe.

Résultat des courses : notre homme est anxieux à mort et souffre de douleurs intestinales atroces qui se manifestent lors de violentes crises et se concrétisent par l’expulsion d’un petit monstre sortant tout droit... de son rectum ! La petite créature va alors occire toutes les personnes, qui ont causé du stress à son hôte. Si ça ce n’est pas un scénario de dingue ma bonne dame, je ne sais pas ce qu’il vous faut ! Cela semble d’autant plus incroyable que le métrage se veut être une critique acerbe de notre société avec l’étude de thèmes aussi variés que contemporains tels que : les inquiétudes liées à la paternité, le monde du travail et son côté impitoyable, le capitalisme et l’appât du gain jusqu'à l’excès, les angoisses, la colère refoulée et autres maux pouvant vous manger de l'intérieur.

Le principal problème c’est que le réalisateur Jacob Vaughan, dont c’est là le premier film, en travaillant à partir d'un scénario qu'il a écrit avec Benjamin Hayes, est trop occupé à essayer de faire de son métrage une comédie d’horreur. Mais comme beaucoup de films de mauvaise qualité ou intentionnellement dérivés, Bad Milo ne peut jamais maîtriser ce qu'il essaie d'atteindre. Ce n'est ni assez effrayant pour être horrifique et ça n'est tout simplement pas assez drôle pour réussir l'examen en tant que comédie. Comme un soufflé au fromage, une fois la révélation du monstre dévoilée, tout s'écroule lentement. L’accent est fortement mis sur l'humour scatologique : la plupart des blagues tournent autour des toilettes et de l'anus, ce qui conduit à beaucoup trop de scènes dans la salle de bains pendant la sortie de Milo (ou pire encore, sa réintroduction !), et une fois qu’on en a fait le tour, ça devient vite prévisible et parfois répétitif au point d’en devenir lourdingue. Si je pouvais me permettre un jeu de mots foireux, j’ajouterais que ça manque de profondeur…

De plus, niveau casting, le film ne parvient pas à fondre son prometteur (et si absurde) scénario dans une quelconque réalité reconnaissable. Que ce soit Duncan (le très peu empathique au faciès cartoonesque Ken Marino vu dans Bienvenue à Gattaca) avec sa femme (Gillian Jacobs de The Box) de plus en plus dépassée, son thérapeute farfelu (l’excellent Peter Stormare vu dans Bruiser, Constantine, Dylan Dog ou encore Hansel et Gretel), sa mère dominatrice (Mary Kay Place qui cabotine outrancièrement) ou bien son patron arrogant (le détestable mais efficace Patrick Warburton, aperçu dans Scream 3, Men in Black 2), tous semblent jouer à un tel niveau caricatural que vous ne pouvez pas prendre l'un des protagonistes au sérieux.

Côté horreur et gore, il y a bien quelques séquences plus ou moins trash, mais ce n’est pas forcément tout le temps réussi. Le premier souci c’est le rythme. Celui-ci est relativement rapide et le désir d'aller à la prochaine mise à mort de la part du réalisateur, ne permet pas à la créature de donner son plein effet. Chaque fois que le monstre tue une victime, une sorte de saynète comique se produit avant celle-ci, si bien que l’effet angoissant en est complètement anéanti. En outre, Vaughan utilise du caoutchouc en latex de la vieille école pour créer son monstre Milo, sorte de troll chauve de la taille d’un enfant avec des yeux énormes et une bouche démesurée pleine de dents. Ce qui avouons-le, fait un peu cheap, surtout quand Milo apparaît comme doux et tendre envers Duncan : il en deviendrait presque mignon, comme un chien de compagnie ! Heureusement qu’il est sans pitié pour quiconque cause de l’anxiété à son maître ! Le film présente d’ailleurs une quantité de gore appréciable quand il se déchaîne, mais c’est bien trop peu pour satisfaire tout fan de bisseries qui se respecte !

Long-métrage de genre décent à petit budget qui avait beaucoup de potentiel sur le papier, Bad Milo déçoit pourtant car on a le sentiment que le film aurait pu être beaucoup mieux que ce que nous avons eu. L'histoire concerne un gars ayant une créature qui vit dans ses intestins sortant tuer tous ceux contrariant son hôte. Le ridicule même de cette idée seule aurait pu en faire une comédie d'horreur mémorable. Mais non, le réalisateur flirte entre les genres sans en choisir un de manière définitive et finit par rater sa cible. 

En fin de compte, le film est partout à la fois et tente trop d'être original, notamment par tous les thèmes sociétaux qu’il brasse. Dommage, car le casting est correct, impliqué même si parfois trop caricatural et quelques gags fonctionnent tout de même assez bien lorsqu’ils ne sont pas répétés. Il aurait juste fallu resserrer un peu le script pour pouvoir en faire un plus grand film. On est donc en droit de se demander s’il n’aurait pas mieux fonctionné comme un court-métrage. Qui sait ? En fin de compte, Bad Milo n'est pas assez drôle pour être une comédie et pas assez effrayant pour être un film d'horreur. Il constituera dans l'ensemble une petite production regardable, mais sans plus car vous l’oublierez très vite.




Vincent DUMENIL

L'ATTAQUE DES SANGSUES GÉANTES (1959)

 

Titre français : L'Attaque des Sangsues Géantes
Titre original : Attack of the Giant Leeches
Réalisateur : Bernard L. Kowalski
Scénariste : Daniele Stroppa
Musique : Alexander Lazslo
Année : 1959
Pays : Usa
Genre : Monstre
Interdiction : /
Avec : Ken Clark, Yvette Vickers, Jan Shepard, Michael Emmet, Tyler McVey...


L'HISTOIRE : Un braconnier raconte à ses amis qu'il a vu des sortes de monstres bardés de ventouses dans le marais du coin. Connu pour ses excès de boisson, personne ne le prend au sérieux. Mais des disparitions surviennent de plus en plus fréquemment. Le braconnier n'avait-il pas vu juste ?? Le garde forestier Steve Benton n'est pas de cet avis et va explorer les moindres recoins du marais, sans succès…


MON AVISTiens, un craignos monsters ! Vous me direz, avec un titre pareil, il ne pouvait en être autrement. Datant de 1959, ces sangsues géantes sont issues de l'association des deux frères Corman, Roger (pas besoin de le présenter) et Gene, bien moins connu que son frère. Ils choisissent Bernard L. Kowalski pour mettre en scène le film. Kowalski avait réalisé l'année précédente Night of the Blood Beast. Il sera surtout connu pour la réalisation de très nombreux épisodes de séries télévisées, comme Rawhide, Les Incorruptibles, Mission Impossible, Chips, Magnum, K2000 et bien d'autres encore. Les amateurs du genre ne se rappellent peut-être pas son nom mais il est également le réalisateur du très sympa SSSSnake en 1973.

Le film a une durée très courte. 62 minutes seulement au compteur ! C'est dire qu'on ne devrait pas avoir le temps de s'ennuyer. Pourtant, ça nous arrive quand même de temps en temps. Notamment lors de l'intrigue secondaire nous présentant Liz, jeune femme plantureuse faisant cocu son mari, qui est le dernier au courant alors que tous ses soi-disants copains le savent déjà depuis belle lurette, le prétendant étant l'un d'eux. Ça meuble un peu l'histoire mais on aurait aimé que le film gagne en dynamisme, surtout sur une aussi courte durée. 

Le héros du film est un garde forestier qui aurait très bien pu être le penchant masculin de Dana Scully tant il demeure sceptique sur la présence de monstres dans les marais. Quasiment trois quarts d'heure sans y croire, malgré les nombreuses disparitions et corps qu'on ne retrouve pas ! Plus sceptique tu meurs ! S'ajoute son amour invétéré de la nature, qui l'entraînera quasiment à vouloir menotter le père de sa femme, celui-ci voulant utiliser de la dynamite dans le marais pour faire remonter les corps disparus. Pensez-vous ! De la dynamite dans le marais ! Trop dangereux pour l'écosystème ! Il y a quand même longtemps que je n'avais pas vu un personnage aussi borné dans ses convictions. Un vrai film pour écologique ça !

Bon, et ces sangsues géantes, tu nous en parles un peu ? Oui, oui, deux minutes ! Holala… Alors comme je disais tout en haut de ce texte, on est dans la catégorie craignos monsters, terme qui prend ici toute sa dimension à la vue des bestioles qui nous sont présentées. L'amateur éclairé ne manquera pas de deviner le costume en latex noir porté par les malheureux acteurs jouant les sangsues. Je dis malheureux parce que ça ne doit franchement pas être évident de bouger là-dedans, surtout dans les eaux d'un marais en plus ! Les créatures apparaissent rapidement dans le film, de manière progressive, comme souvent dans les films de monstres des années 50. D'abord une tête qui sort de l'eau après le passage d'une barque, une ventouse entre aperçu par-ci, par là, puis l'animal en entier. Pas mal de membres du casting vont avoir affaire aux sangsues, ce qui n'est pas pour nous déplaire. La séquence se déroulant dans la grotte sous-marine, où nos créatures suceuses se mettent à coller leur grosse ventouse dans le cou de leurs victimes est assez sympa, même si on voit bien la faiblesse du budget. Mais il y a toujours dans ce genre de film un petit charme naïf qui fait qu'on sourit mais pas par méchanceté, plus par compassion d'une époque révolue et pleine de nostalgie.

Au final, L'Attaque des Sangsues Géantes n'est pas aussi fun que je l'aurai imaginé. Ça se regarde gentiment, mais voilà, sans plus. Un petit manque de rythme, des scènes pas toujours utiles nuisent au film. Créatures craignos, message écolo, héros doté d'un scepticisme hallucinant et mise en scène sympa en sont les points forts. Ça reste dans une bonne moyenne quoi…




Stéphane ERBISTI

L'ATTAQUE DES CRABES GÉANTS (1957)

 

Titre français : L'Attaque des Crabes Géants
Titre original : Attack of the Crab Monsters
Réalisateur : Roger Corman
Scénariste : Charles B. Griffith
Musique : Ronald Stein
Année : 1957
Pays : Usa
Genre : Monstre
Interdiction : /
Avec : Richard Garland, Pamela Duncan, Russell Johnson, Leslie Bradley...


L'HISTOIRE : Une équipe de scientifiques se rend sur une île perdue afin de voir ce qu'il est advenu de la première équipe qui ne donne plus signe de vie. L'équipe doit également faire des tests sur les méfaits de la radioactivité au niveau de la faune et de la flore, l'île ayant été irradiée lors de bombardements nucléaires. A peine débarqués, les scientifiques vont découvrir que l'île est la proie de crabes géants qui possèdent des pouvoirs télépathiques et qui peuvent communiquer avec eux…


MON AVIS Sorti en 1957, Attack of the Crab Monsters est l'un des titres cultes de Roger Corman. C'est avec un très petit budget que le prolifique réalisateur a mené à bien son projet et cela se ressent, surtout lorsqu'on voit apparaître les crabes mutants. Mais avec Corman, petit budget = inventivité et on ne sera pas déçu à ce niveau, le scénario fourmillant de trouvailles comblant les lacunes financières.

Le film dure à peine 1h05, Corman n'a donc pas le temps de s'étendre dans d'innombrables séquences de dialogues qui ralentiraient le rythme du film. Le film a démarré depuis quelques minutes que déjà, Corman nous dévoile ses crabes lors d'une séquence sous-marine qui n'aurait rien à envier à celle du film Le Lac des Morts Vivants. Mais là où Corman fait preuve d'ingéniosité, c'est que seul le spectateur a vu les monstres des profondeurs. Nous avons une longueur d'avance sur les personnages et cela permet de nous faire prendre conscience des dangers qui règnent sur cette île, tout en laissant les principaux protagonistes vierges de toute inquiétude. Du moins en ce qui concerne les crabes géants car d'autres dangers vont se révéler, comme des secousses violentes provoquant l'éboulement et la disparition de nombreuses falaises, et créant des trous béants dans le sol.

L'équipe se compose exclusivement d'hommes à l'exception de Martha Hunter, une biologiste spécialisée dans les animaux marins. Mais de par la courte durée du film, il n'y a pas la place pour tramer des intrigues amoureuses complexes. Les conditions climatiques n'étant pas clémentes, nos protagonistes se retrouvent totalement isolés sur cette île, aucune liaison radio n'aboutissant. Le suspense se met doucement en place, la lecture du journal de la première équipe disparue parlant de la découverte d'un lombric d'1m50 de long en rajoutant un peu plus. Un peu plus tard, nouvel ajout : certains personnages entendent des voix qui leur semblent familières. Corman a tout compris pour que son film ne devienne pas ennuyeux. Il ajoute petit à petit des éléments irrationnels et fait donc progresser son histoire de façon astucieuse, augmentant l'intérêt du spectateur. Malin et habile ! Entre une séquence aquatique, la découverte d'un trou béant, il n'oublie pas ses crabes, qui s'en prennent à deux artificiers sur la plage. Conscient que ses créatures ne sont pas très réussies, il les montre rapidement et ne s'attarde pas trop dessus, ce qui aurait eu pour effet de les rendre vraiment ridicules.

L'explication des fameuses voix est assez ingénieuse également, et apporte une part de réflexion sur les dangers du nucléaire dans ce qui ne semblait être qu'un hommage aux vieux films de monstres. Désormais conscient des dangers et de la menace représentés par les crabes géants télépathes, les survivants vont s'activer à trouver une solution pour s'en sortir et le reste du film sera basé sur cela, alternant scènes de recherches et séquences de combats contre les monstres à pinces, que nous verrons de manière plus large. Leur aspect prêtera forcément à sourire mais les amateurs de kitsch et de craignos monsters seront aux anges ! Sacré Corman, il fallait quand même oser nous montrer de telles créatures !

L'attaque des Crabes Géants est un bon petit spectacle, divertissant, plutôt bien rythmé, grâce aux trouvailles scénaristiques permettant de relancer sans cesse l'intrigue. Les scènes de combats contre les fameux crabes sont savoureuses et vous feront bien sourire ! Bref, un film de monstres géants à petit budget mais inventif et bien plaisant...




Stéphane ERBISTI

APOCALYPSE DANS L’OCÉAN ROUGE (1984)

 

Titre français : Apocalypse dans l'Océan Rouge
Titre original : Shark : Rosso nell'Oceano
Titre alternatif : Le Monstre de l'Océan Rouge / Shark le Monstre de l'Apocalypse
Réalisateur : Lamberto Bava
Scénariste : Gianfranco Clerici, Hervé Piccini, Dardano Sacchetti, Vincenzo Mannino
Musique : Fabio Frizzi
Année : 1984
Pays : Italie, France
Genre : Monstre
Interdiction : -12 ans
Avec : Michael Sopkiw, Valentine Monnier, Gianni Garko, Iris Peynado...


L'HISTOIRE : Un corps affreusement mutilé a été retrouvé en pleine mer par des gardes-côtes. Le médecin légiste reste très perplexe face au blessures présentes sur le cadavre. Une équipe de chercheurs spécialisés en océanographie va découvrir que le terrible prédateur est un vrai fossile vivant, victime de manipulation génétique. Le monstre est doté de l'intelligence du dauphin, de l'agressivité du requin blanc et de la force d'une pieuvre géante...


MON AVISRéalisé par Lamberto Bava, fils du célèbre Mario Bava, Apocalypse dans l'Océan Rouge ne bénéficie pas d'une très bonne réputation, même aux yeux des fans de cinéma bis. Pourtant, la superbe affiche qui l'illustre fait dans le sensationnel et donne plus qu'envie de le visionner. Évidemment, on pourra juger le résultat décevant si on s'attend à voir de nombreuses attaques de ce monstre impressionnant, du moins sur l'affiche.

Car il faut savoir que Lamberto Bava n'aimait pas la créature qu'il devait mettre en image, tout comme il n'aimait pas vraiment le scénario en lui-même. Le réalisateur italien se contente donc de faire le minimum et préfère filmer ses acteurs plutôt que le prédateur tentaculaire qui aurait du être la véritable star de son long métrage. 

Il faudra donc être plutôt patient pour voir le monstre à l'écran. On aura droit à un rapide plan de sa dentition vers le début puis plus rien pendant une bonne heure environ avant une véritable attaque à base de tentacules caoutchouteux sur un bateau, auquel viendra s'ajouter le final où on le verra un petit peu plus. Apocalypse dans l'Océan Rouge ne fera donc pas vraiment la joie du public venu voir un ersatz de Les Dents de la Mer.

Le film se concentre plus sur son casting, dénudant quelques actrices (un bon point !), se focalisant sur le duo Michael Sopkiw / Valentine Monnier qu'on a déjà vu ensemble l'année précédente dans le 2019 après la chute de New York de Sergio Martino, tentant de faire monter le suspense (mais qui peut bien avoir intérêt à saboter les projets des océanographes et à ne pas tuer le monstre ? C'est insoutenable même si c'est tellement évident), le tout avec quelques visions sous-marines (c'est pas très profond dis donc Lamberto...) et pas mal de temps passé sur des bateaux. 

Heureusement que la police tente de dénouer l'affaire et qu'une musique très tendance 80's (ça tombe bien, le film date de ces années là !) vient rythmer l'ensemble qui se montre un brin poussif et redondant. Pourtant, même si au final ça ne vole pas bien haut, le spectacle proposé est en fait éminemment divertissant et flirte parfaitement avec l'esprit ciné bis italien. On a déjà vu largement mieux dans les plagiats de Jaws mais Apocalypse dans l'Océan Rouge possède un petit capital sympathie nanaresque qui fait qu'on y prend quand même du bon temps si on est amateur de ce cinéma là et ce n'est pas si nul qu'on veut bien le dire !




Stéphane ERBISTI

ALONE IN THE DARK 2 (2008)

 

Titre français : Alone in the Dark 2
Titre original : Alone in the Dark 2
Réalisateur : Michael Roesch, Peter Scheerer
Scénariste Michael Roesch, Peter Scheerer
Musique Jessica de Rooij
Année : 2005
Pays : Usa, Allemagne
Genre : Monstre
Interdiction : /
Avec Christian Slater, Tara Reid, Stephen Dorff, Frank C.Turner, Matthew Walker...


L'HISTOIRE : Edward Carnby se joint malgré lui à une confrérie de chasseurs de sorcières après avoir été blessé par une dague magique ayant appartenu à la sorcière Elizabeth Dexter. Cette dernière désire d'ailleurs récupérer l'objet et va tout mettre en oeuvre pour y réussir...


MON AVISLe jeu vidéo Alone in the Dark fit grande sensation lors de sa sortie en 1992. Posant les bases de tous les futurs jeux de survival horror, dont les célèbres Resident Evil ou Silent Hill, Alone in the Dark, qui s’inspirait des écrits de H.P. Lovecraft, proposait aux gamers de jouer dans un environnement 3D et d’incarner au choix le détective privé Edward Carnby ou Emily Hartwood, nièce de Jeremy Hartwood, retrouvé mort dans sa grande demeure de Derceto. Armé d’une lampe torche, le joueur devait inspecter de nombreux endroits et lutter contre des créatures démoniaques. Deux suites virent le jour en 93 et 95, puis il faudra attendre 2001 pour qu’un nouveau titre remette la saga au goût du jour : ce sera Alone in the Dark : The New Nightmare. En 2008, une nouvelle aventure débarque sur les différentes plate-formes de jeu. Chaque jeu nous met en présence du personnage récurrent d’Edward Carnby.

Fort de ses différents succès, il semblait évident que l’univers de la série se vît transporté au cinéma. Pour sa première adaptation, c’est l’allemand fou Uwe Boll qui s’y colle et qui nous livre en 2005 la première aventure live d’Edward Carnby, interprété par Christian Slater. Succès plus que mitigé au final, le film ne parvenant guère à nous faire retrouver l’univers des jeux vidéo. Malgré l’accueil glacial réservé au film par les fans, une séquelle est mise en chantier et débarque directement en dvd, sous le titre de Alone in the Dark 2. Cette nouvelle aventure du privé Edward Carnby redorera-t-elle le blason de la saga ?

Bon, déjà, qui a eu l’idée de faire interpréter Edward Carnby par…un asiatique ??? Je n’ai absolument rien contre l’acteur Rick Yune (Fast and Furious, 007 – Meurs un autre jour) mais franchement, c’est assez surprenant. Personnellement, ça m’a plutôt gêné et je n’ai jamais réussi à y croire. En plus, niveau performance d’acteur, c’est pas terrible et pour un personnage principal, on aurait pu trouver mieux. L’acteur manque vraiment de charisme et son personnage, pourtant élément essentiel des jeux vidéo, n’est guère développé et pourrait être n’importe quel personnage lambda. Un point franchement décevant, on aurait aimé que Carnby soit vraiment au centre de l’action et que son rôle soit réellement étoffé.

Au niveau du reste du casting, on retrouve pas mal de têtes bien connues, comme celle de Lance Henriksen, de Bill Moseley, de Danny Trejo, de Natassia Malthe, de Michael Paré ou de Zack Ward, par exemple ! Une multitude d’acteurs abonnés aux séries B qui vont devoir affronter la méchante sorcière Elizabeth Dexter. Cette dernière est interprétée par Allison Lange, qui en plus de vouloir récupérer un poignard aux pouvoirs magiques, n’hésitera pas à s’en prendre à sa descendance, à savoir la jeune Natalie Dexter, jouée quant à elle, par la charmante Rachel Specter. Certains des acteurs précités ont des rôles importants, d’autres plus anecdotiques. Il est certain par contre, qu’ils ne relanceront pas leur carrière avec ce film. Même Lance Henriksen, qui incarne un personnage important et qui a un temps de présence à l’écran assez conséquent, semble ne pas vouloir s’investir plus que ça et il ne parvient jamais à hisser le film vers le haut. Bref, un casting sympathique, composé de gueules du ciné Bis, mais qui est bien transparent ici.

Avec un titre comme Alone in the Dark, on pouvait s’attendre à un film qui fout le trouillomètre à zéro, qui procure des sensations fortes niveau frissons. Uwe Boll avait déjà raté le coche en 2005, ce n’est malheureusement pas Michael Roesch et Peter Scheerer qui vont relever le niveau et nous procurer ce qu’on était en droit d’attendre. Leur Alone in the Dark 2 n’est certes pas un film infâme, il reste une honnête série B à faible budget, et s’avère même supérieur au film d’Uwe Boll (on me souffle pas dur ça dans l’oreillette), mais on est quand même loin d’être en présence d’un véritable film de terreur. On pourra même dire que le visuel de la jaquette des deux opus est ce qu’il y a de plus terrifiant.

Certaines séquences sont néanmoins plutôt agréables à regarder (le coup du générateur qui tombe en panne et qui plonge tout le monde dans le noir, permettant à Elizabeth Dexter d’investir la demeure de nos chasseurs de sorcières) mais se trouvent également plombé par de grosses incohérences. En effet, quel est l’intérêt de tirer sur une sorcière surpuissante et dématérialisée avec de grosses pétoires ? Aucun si ce n’est de gâcher des balles inutilement qui restent de toute façon sans aucun effet sur la présence démoniaque.

La visualisation de cette dernière est l’un des points positifs du film. Présente sous son apparence humaine lors des visions qu’ont certains personnages du film, notre sorcière se fait encore plus menaçante quand elle apparaît sous forme de fumée qui laisse deviner ses formes et son horrible visage. La partition musicale accompagnant ses agissements est également assez réussie et installe une petite ambiance pas désagréable.

Niveau violence, le film fait dans la sobriété totale. Quelques effets de maquillage, notamment les lignes rouges apparaissant sur le corps de Carnby, sont très réussis, mais ne cherchez pas à voir des morts sanglantes, il n’y en aura point dans le film, qui pourrait passer très facilement en prime time sur n’importe quelle chaîne de télévision (avec un petit -10 ans à la rigueur, et encore…).

Au final, la vision de ce Alone in the Dark 2 reste sympathique, on passe 90 minutes sans trop d’ennui à suivre les péripéties de nos chasseurs de sorcières. On est en présence d’un petit DTV distrayant mais guère essentiel et qui est loin d’être l’adaptation qu’on aimerait bien voir de la saga des Alone in the Dark. Ça vous passera une soirée morose mais pas sûr qu’une seconde vision s’impose réellement…




Stéphane ERBISTI

ALONE IN THE DARK (2005)

 

Titre français : Alone in the Dark
Titre original : Alone in the Dark
Réalisateur : Uwe Boll
Scénariste Elan Mastai, Michael Roesch, Peter Scheerer
Musique Reinhard Besser, Oliver Lieb, Bernd Wendlandt, Peter Zweier
Année : 2005
Pays : Usa, Canada, Allemagne
Genre : Monstre
Interdiction : -12 ans
Avec Christian Slater, Tara Reid, Stephen Dorff, Frank C.Turner, Matthew Walker...


L'HISTOIRE : Lorsque son meilleur ami, Charles Fiske, trouve la mort au cours d'une enquête sur la mystérieuse île Shadow Island, située au large de Boston, le détective Edward Carnby décide alors de continuer l'enquête. Sur place, il fera équipe avec Aline Cedrac,une jeune anthropologiste spécialiste des langues anciennes. La jeune femme travaille justement sur de mystérieuses tablettes qui pourraient avoir un lien avec le passé de Carnby...


MON AVISLorsque dans quelques années, des cours de cinéma prendront comme sujet d'étude les plus mauvais réalisateurs de l'histoire du 7ème Art, nul doute qu'une place en or sera faite à monsieur Uwe Boll. Après son navrant mais rigolo House of the Dead, le bougre récidive dans l'adaptation vidéo ludique. Comme je vois vos regards apeurés et l'interrogation concernant la qualité filmique de la chose, je ne vais pas vous laisser dans l'attente plus longtemps ! Alone in the Dark est mieux filmé (déjà Boll nous épargne les inserts du jeu vidéo et les effets tournoyants autours des personnages pour annoncer qu'ils sont morts). Pour autant, on est loin d'une grande réussite. C'est même un ennui mortel qui nous envahit car, contrairement à House of the Dead, nos zygomatiques sont moins demandés. Du coup, Alone in the Dark perd le seul intérêt qu'il pourrait avoir aux yeux des amateurs de nanars.

S'il y en a qui vont hurler et crier au scandale, ce sont surtout les connaisseurs des jeux vidéos du même nom. Une série de 4 jeux made in France (l'ancêtre des survival horror) à l'ambiance particulièrement flippante. Mais, là où le jeu misait surtout sur l'enfermement et la claustrophobie, Alone in the Dark se plante dans toutes les largeurs en nous promenant dans la ville avant de comprendre qu'il nous faut un lieu clos (la mine). Étrangement, l'histoire n'entretient aucun rapport avec le background du jeu. Les références lovecraftiennes ainsi passées à la trappe, il reste quoi ? Un scénario prétexte où Boll voudrait bien se prendre pour James Cameron sur Aliens le Retour. Inutile de dire qu'il en est loin, avec ces scènes d'action mal fichues. Les monstres y sont trop peu mis en valeur. Plus que Lovecraft ou même Alien, c'est le monster movie Relic de Peter Hyams qui revient à nos mémoires (avec une démarche et un look des monstres similaires). Le film de Hyams n'a d'ailleurs aucun souci à se faire. Alone in the Dark ne le menace aucunement.

S'il y en a qui devraient se faire des cheveux blancs, ce sont les acteurs vedettes du film venus se perdre dans une aventure à haut risque. Si Tara Reid nous a habitué à ses rôles dans des films vite oubliés à destination des teenagers (Urban Legend, American Pie), on regrettera plus la présence de Christian Slater (il vaut mieux le visionner dans le slasher pour adultes d'Harlin, Mindhunters) et de Stephen Dorff (quoique, après La Gorge du Diable minable thriller avec les has been Sharon Stone et Dennis Quaid...)

Des acteurs pris au piège d'un scénario des plus basiques, avec secrets et trahisons à la clé. Bien sûr la vérité est encore ailleurs (soupirs). Un moment unique qui viendra nous réveiller de notre état semi comateux : la scène d'amour entre Tara Reid et Christian Slater. Oh, rien de chaud ni d'épicé, mais juste le choix douteux de la musique qui accompagne la scène (la pire musique choisie pour ce genre de scène). Du coup, on a l'impression d'assister à une coupure pub, car bien évidemment elle arrive là comme un cheveux sur la soupe.

Commencée sous des airs de film de zombies lorsque Christian Slater est attaqué, l'intrigue (!!) bifurque vers plus de mystère nous éloignant des rives de la zéderie. Pas sûr qu'on y soit gagnant. Les acteurs, eux certainement, évitant de plomber définitivement leur carrière. Les quelques idées disséminées de-ci, de-là ne peuvent rien face au désastre annoncé. Résultat : un produit sans âme et sans intérêt. Le malheur dans tout ça, c'est que Uwe Boll va recommencer avec sa nouvelle adaptation vidéo ludique, BloodRayne. Incroyable qu'un type aussi peu doué ait le droit de continuer à faire des films. Incroyable aussi que j'ai eu la curiosité de le visionner. On ne m'y reprendra pas.




Gérald GIACOMINI