Affichage des articles dont le libellé est Pour les beaux yeux d'Alexandra Daddario. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Pour les beaux yeux d'Alexandra Daddario. Afficher tous les articles

BEREAVEMENT (2010)

 

Titre français : Bereavement
Titre original : Bereavement
Réalisateur : Stevan Mena
Scénariste : Stevan Mena
Musique : Stevan Mena
Année : 2010
Pays : Usa
Genre : Tueurs fous
Interdiction : -16 ans
Avec Alexandra Daddario, Spencer List, Brett Rickaby, Michael Biehn...


L'HISTOIRE : En 1989 à Minneserville, Pennsylvanie, le petit Martin Bristol, un enfant de six ans souffrant d’une maladie l’empêchant de ressentir la douleur, est kidnappé par Graham Sutter, un redoutable tueur en série. L’emmenant dans un abattoir retranché où il assassine de jeunes filles, le maniaque contraint le garçon à assister à ses horribles agissements. Cinq ans plus tard, Allison Miller, une adolescente de 17 ans ayant perdu ses parents, emménage chez son oncle Jonathan. Fan de longs footings et de courses effrénées, la jeune demoiselle explore son nouvel environnement, découvre son nouveau lycée, fait la rencontre de William, un jeune homme travaillant au garage local et surtout, pense avoir découvert que quelqu’un vivrait dans l’étrange bâtisse se trouvant près de sa nouvelle demeure. Va-t-elle alors vérifier l’adage la curiosité est un vilain défaut ?


MON AVIS Pour la petite histoire, c’est avec un budget malingre que Stevan Mena réalise son premier long-métrage en 2004, un slasher nommé Malevolence (qu’on traduirait par : malveillance), sorti directement en DVD, mais ayant fait parler de lui dans de nombreux festivals, dont notamment celui de New-York, et s’étant de fait forgé une petite réputation. Mais petite hein, car ce film culte pour certains américains, n’a encore jamais dépassé nos frontières. Fort de son expérience et ayant eu un peu plus d’investissement, Mena offre, en 2010, une suite à son film séminal, ou plutôt un préquel, revenant aux origines du mal. 

En revanche, le titre est toujours aussi imprononçable et compliqué à écrire puisque ce sera Bereavement, qu’on traduira par : deuil. Ce dernier relate ainsi l’histoire d’Allison qui s’installe chez son oncle après la perte de ses parents et celle de Martin, un petit garçon enlevé à six ans par un déséquilibré vivant dans un abattoir désaffecté où il massacre, telles de jeunes génisses, des jeunes filles suspendues à des crochets de boucher. Chacun sera donc confronté à un deuil : celui de ses parents pour l’adolescente et celui de son enfance pour le garçonnet. Qui en sortira indemne ? est-on en droit de se demander et c’est d’ailleurs la question à laquelle Mena tentera de répondre à l’issue de son long-métrage.

Bâti sur un scénario très solide, Bereavement s’apparente à un véritable cauchemar éveillé et vraiment intense. D’entrée de jeu, le spectateur est projeté directement dans un univers sordide (un abattoir perdu au milieu de nulle part) où de jeunes victimes sont impassiblement exécutées après avoir été violentées, le tout sous les yeux d’un jeune enfant venant d’être enlevé à ses parents ! Parallèlement à cette histoire, Allison, une jeune ado qui essaie de surmonter un terrible drame familial, vient habiter à proximité. Mais l’on sent bien que sa route va croiser celle du psychopathe, qui semble rôder autour d’elle. On s’inquiète alors de l’issue fatale de cette rencontre semblant inévitable ! Quel climat de tension ! Mais non content de nous confronter à un suspense continuel, Stevan Mena intègre à son film d’horreur des données familiales si profondes et complexes qu’elles font de ce métrage autre chose qu’un simple slasher de pacotille. Ce serait plutôt un drame intimiste mâtiné d’horreur auquel on serait confronté, mais ce, de manière intelligente, avec des références philosophiques. D’ailleurs, à un moment donné du métrage, Allison se trouve au lycée, dans un cours où le professeur compare les biologistes évolutionnistes prétendant que tout est tracé génétiquement à d’autres écoles de pensées comportementalistes pensant que seul l'environnement et les influences durant l'éducation ont un rôle. A-t-on déjà ne serait-ce qu’aperçu de telles vues de l’esprit didactiques dans un film de genre ? J’en doute fortement !

A la qualité scénaristique, se joint une interprétation sans failles. Dans les rôles principaux, on retrouve deux gueules connues : John Savage (The Killing Kind, Carnosaur 2), impeccable en vieil homme bourru, alcoolique et handicapé qui se remet difficilement de la mort de sa femme, puis surtout Michael Biehn (Terminator, Le Sang du Châtiment, Aliens le retour, Planète Terreur ou encore The Divide) qui se démarque tout particulièrement par une interprétation toute en finesse d’un oncle qui essaie de consoler comme il le peut sa nièce ayant perdu subitement ses parents. Aux côtés de ces vieux briscards, on (re)découvre la magnifique Alexandra Daddario dans le rôle d’Allison (Percy Jackson le voleur de foudre ou le récent Texas Chainsaw 3D) vraiment bonne (à tous points de vue !), même s’il est vrai qu’elle ressemble plus à une jeune femme qu’à une adolescente. Spencer List (vu dans la série Fringe) campant Martin Bristol, est formidable d’ambiguïté et de mystère en témoin oculaire d’actes barbares : il ne prononcera pas un mot du début à la fin du film ! Brett Ryckaby (The Crazies, Zodiac) revêt, quant à lui, le costume du psychopathe de service, terrifiant par sa brutalité physique et sa violence morale (ou inversement). Non seulement il exécute froidement de jeunes femmes après les avoir torturées mais en plus, il prive d’enfance un gamin dont il veut faire son légataire universel en termes d’atrocités ! En un mot : effrayant !

A côté de cela, il faut signaler que les décors et la photographie sont également de très bonne facture. Par son ambiance crasse, le film apparaît comme un hommage de plus à Massacre à la Tronçonneuse, le chef d’œuvre en la matière de 1974. Mais c’est bien fait car l’abattoir désaffecté muni d’énormes crochets, l’habitat répugnant du sociopathe, ses habitudes peu communes (comme celle de converser avec le squelette d’une tête de vache ou de buffle pour les connaisseurs) ou encore la campagne perdue, rappellent les meilleurs moments du classique de Tobe Hooper, et ça ce n’était pas forcément gagné d’avance ! Toutefois, on émettra quelques bémols quant à ce petit film marchant sur les mêmes rails que son illustre aîné : quelques longueurs pourraient faire perdre au métrage de sa saveur et d’aucuns pourraient se montrer déçus dès lors que le visage du tueur sera dévoilé, ce qui pourrait amoindrir toute l’aura de mystère du film. Mais bon, ce serait vraiment pinailler, d’autant que l’on sent que le budget n’était pas si incroyable que cela, en atteste la triple casquette réalisateur-scénariste-musicien de Stevan Mena !

Doté d’un casting réussi (avec un Michael Biehn authentique, en tête), d’une qualité d’écriture supérieure à la moyenne et d’une photographie digne des plus grands films jouant dans sa catégorie, Bereavement fait fort. Plongée haletante dans le quotidien sordide d'un tueur en série, un vrai, celui qu'on peut voir s'enliser dans sa folie, Bereavement est aussi le voyage initiatique d'une âme vierge au plus profond de l’horreur sans rémission possible. Tantôt long, tantôt difficile, le métrage se vit pourtant comme une expérience spécifique voire sensorielle. On pardonnera alors les quelques insuffisances du film de Stevan Mena pour n’en retenir que sa conclusion nihiliste au possible. Hyper sombre mais pourtant superbe, Bereavement fait honneur au cinéma de genre. Attention car il n’est pas à mettre devant tous les yeux !




Vincent DUMENIL