Affichage des articles dont le libellé est Mexique. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Mexique. Afficher tous les articles

BATWOMAN (1968)

 

Titre français : Batwoman
Titre original : La Mujer Murcielago
Titre alternatif : Batwoman l'Invincibile Superdonna
Réalisateur : René Cardona
Scénariste : Alfredo Salazar
Musique : Leo Acosta
Année : 1968
Pays : Mexique
Genre : Super-héros
Interdiction : /
Avec Maura Monti, Roberto Cañedo, Héctor Godoy, David Silva, Armando Silvestre...


L'HISTOIRE : Un savant fou décide ce créer un être mi-homme, mi-poisson, en se servant de la glande pinéale de lutteurs mexicains. Ces derniers sont retrouvés morts suite à l'opération et la police peine à remonter jusqu'au coupable. Sur place, Mario Robles décide d'appeler son amie justicière à la rescousse : Batwoman. Cette dernière va devoir affronter les hommes de main du docteur Eric Williams mais aussi sa curieuse créature...


MON AVISEntre 1966 et 1968, la série télévisée Batman, avec Adam West dans le rôle du justicier masqué, est très populaire. Il n'en fallait pas plus pour que des copies fleurissent sur les écrans et c'est au Mexique qu'on trouve la plus curieuse et divertissante variation des aventures de l'homme chauve-souris avec Batwoman de René Cardona. On pourrait penser que cette Batwoman mexicaine s'inspire également du personnage de Batgirl, qui apparaît dans la série télévisée en 1967 sous les traits d'Yvonne Craig. Mais les couleurs de son costume, notamment quand elle s'adonne à sa discipline favorite sur un ring ou en salle de sport, à savoir la lutte (ou le catch), ne trompe pas : costume gris, ceinture jaune, cape et masque bleu : tout l'attirail d'Adam West !

J'ai précisé sur un ring ou en salle de sport car la séduisante justicière oublie de mettre son costume gris quand elle part en mission et se retrouve uniquement affublé d'un slip, d'un soutien-gorge, d'une cape et d'un masque bleu, ce qui, vous vous en doutez, ne posera aucun souci à la gent masculine qu'elle croisera durant ses aventures, ni aux spectateurs d'ailleurs ! Il faut dire que cette drôle de Batwoman est interprétée par la charmante Maura Monti, ex-mannequin italien devenue actrice. Une brune sculpturale, qui a la particularité de se promener parfois sans son masque et de nous faire profiter de son joli visage, ce que ne font jamais les autres super-héros mexicains tels Santo, Blue Demon ou Mil Mascaras.

Ce qui est très sympa dans Batwoman, c'est que ce film de René Cardona, réalisateur à la filmographie impressionnante de plus de 140 titres à son actif, mélange plusieurs genres : vous voulez de l'aventure, avec de jolis paysages et plein de séquences sous-marines ? Vous en aurez ! Vous voulez de l'action, avec des bagarres et des courses-poursuites en voitures ? Vous en aurez ! Vous voulez de l'espionnage, avec de l'infiltration dans le repaire des méchants et utilisation de quelques gadgets façon James Bond ? Vous en aurez ! Vous voulez de la science-fiction, avec un savant aussi fou que le docteur Frankenstein, un assistant prénommé Igor et des expériences médicales dont le but est de créer des monstres amphibies destinés à gouverner le monde ? Vous en aurez ! Vous voulez voir une charmante demoiselle en bikini bleu être au prise avec de méchants machos ou faire face à une créature monstrueuse ? Vous y aurez droit aussi ! Le tout dans une ambiance kitsch à souhait, fun et colorée ! Que demandez de plus ?

Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à voir un chef-d'oeuvre du cinéma avec Batwoman mais ça, vous vous en seriez doutés. C'est un pur film Bis qui ne se prend jamais au sérieux et en donne pour son argent aux amateurs de films psychédéliques qui n'ont pas peur d'en faire trop. Si les scènes de bagarres sont un peu mollassonnes, il faut bien le reconnaître, l'aventure surréaliste proposée par René Cardona et Maura Monti vaut son pesant de cacahuètes. 

Si la tenue ultra sexy de Batwoman est pour beaucoup dans le plaisir ressenti à la vision du film, les expériences du scientifique fou ne sont pas en reste. Bien après L'étrange Créature du Lac Noir mais bien avant Le Continent des Hommes-Poissons, le mad doctor du film nous offre une bien jolie créature marine, certes pas mal caoutchouteuse puisqu'il s'agit d'un acteur dans une combinaison, mais au look très réussi, façon homme-homard sans les pinces mais avec pas mal d'écailles. La naissance de ce craignos monster ne s’embarrasse guère de réalisme, tout comme le reste du film d'ailleurs, et c'est bien ce qui fait tout le charme de cette production mexicaine. 

Il faudrait être sacrément difficile pour bouder son plaisir, mais je pourrais comprendre que ceux qui ne jurent que par les films d'auteurs soient un peu déstabilisés devant les exploits de cette Batwoman ! Pour les autres, n'hésitez pas à prendre part à cette aventure bien délirante.




Stéphane ERBISTI

LE BARON DE LA TERREUR (1962)

 

Titre français : Le Baron de la Terreur
Titre original : El Baron del Terror
Réalisateur : Chano Urueta
Scénariste : Federico Curiel, Antonio Orellana, Alfredo Torres Portillo
Musique : Gustavo Cesar Carron
Année : 1962
Pays : Mexique
Genre : Monstre
Interdiction : /
Avec : Abel Salazar, David Silva, Adriana Welter, German Robles, Luis Aragon...


L'HISTOIRE En 1661, le Baron Vitelius d'Astara est condamné par le tribunal de la Sainte Inquisition à être brûlé vif sur la place publique, pour sorcellerie, nécromancie, acte de dépravation et d'autres motifs encore. Lors de son exécution, une comète traverse le ciel et le Baron lance une malédiction sur la descendance de ses bourreaux. 300 ans plus tard, en 1961, une comète traverse le ciel et s'écrase sur terre, redonnant vie au Baron. Son apparence est celui d'une hideuse créature, mais ses pouvoirs lui permettent d'apparaître sous ses anciens traits humains. Le Baron va se mettre en chasse de la descendance des Inquisiteurs…


MON AVISEl Baron del Terror ! Un titre mythique, que les fans de cinéma fantastique mourraient d'envie de voir, après en avoir découvert des images dans des revues ou magazines.

Le film est réalisé par Chano Urueta, un réalisateur mexicain très actif puisque sa filmographie comporte plus de cent films, de genre aussi divers et variés que le polar, le film d'aventure, le mélodrame, le western. Et bien sûr, le cinéma fantastique est présent également. On lui doit également le premier film mettant en scène des catcheurs avec La Bestia Magnifica en 1952. Chano Urueta a également été acteur, on a pu le voir dans La Bataille de San Sebastian, La Horde Sauvage ou dans Apportez-moi la Tête d'Alfredo Garcia par exemple. Il a également assuré les fonctions de scénariste et de producteur. Une carrière bien remplie comme on peut le constater. Chano Urueta est mort le 23 mars 1979.

Dans Le Baron de la Terreur, on retrouve des têtes bien connues du cinéma fantastique mexicain, puisqu'il y a des acteurs comme German Robles (Les Proies du Vampire, Le Retour du Vampire), Adriadna Welter dans un petit rôle, et l'incontournable Abel Salazar, producteur et acteur de nombreux films. Il se réserve d'ailleurs dans Le Baron de la Terreur le rôle principal, celui du terrible Baron Vitelius d'Astara. L'amateur pourra également reconnaître le réalisateur René Cardona, dans un double rôle, celui de l'inquisiteur Balthasar Meneses et de son descendant Luis Meneses. Un autre réalisateur fait une apparition dans le film sous les traits du policier Bennie, il s'agit de Federico Curiel, bien connu des amateurs de films mettant en scène le catcheur Santo. Bref, un casting plutôt sympa pour un film qui ne l'est pas moins, même si au final, on pouvait s'attendre à plus de délire.

En effet, le film reste très classique, un peu répétitif même dans ses actions, et on en ressort pas vraiment déçu, mais pas super enthousiasmé non plus. Ça partait plutôt bien pourtant, avec une séquence d'introduction se déroulant au temps de l'Inquisition, dans un tribunal où l'on juge le sinistre Baron interprété par Abel Salazar. L'acteur donne dans l'interprétation sobre, presque hautaine même, ce qui correspond bien à son personnage. L'exécution sur la place publique nous fera sourire car le décor ne trompe personne, tout se passe en studio mais cela confère au film une petite touche d'étrangeté bienvenue, notamment quand le Baron scrute tranquillement le ciel et aperçoit la comète, alors que les flammes sont censées le brûler vif. Pas une expression de douleur, rien ne vient troubler son flegme, alors que le commun des mortels serait en proie à une crise d'hystérie due à la souffrance. Mais le Baron n'est pas une personne comme les autres…

Une fois de retour sur terre, les actions du Baron venu réclamer vengeance sur la descendance des Inquisiteurs sont certes irréalistes et feront la joie des spectateurs de par le look du monstre et de sa méthode pour les tuer, mais il faut bien reconnaître que c'est à chaque fois la même chose, le même procédé et ça devient un peu lassant à la longue. Mais bon, rien de bien méchant non plus, le film se laisse suivre avec plaisir quand même, mais on aurait aimé un peu plus de rythme et des séquences moins répétitives.

Malgré ces petits défauts, le film saura néanmoins satisfaire l'amateur de séquences farfelues et ce sont celles-ci qui resteront dans les mémoires. On commence tout d'abord avec le look du Baron revenu sur terre après 300 ans. Quand il n'apparaît pas sous sa forme humaine, le Baron est un horrible monstre, avec une coupe de cheveu proche d'une crinière, des oreilles plus longues que celles de Mr. Spock, un nez digne des plus belles sorcières de conte, un visage qui gonfle et se dégonfle sans cesse, comme pris par des spasmes incessants, et une langue très longue, semblable à celle des serpents. N'oublions pas ses mains, qui sont en fait deux sortes de tentacules formant une sorte de pince. Bref, un pur look de craignos monsters, qui restera sans soucis dans les annales des monstres bizarroïdes !

Autre singularité du Baron, sa technique pour tuer ses victimes. Il aurait été dommage d'avoir une si belle langue et de ne pas s'en servir. Le scénariste n'a pas omis d'utiliser cet attribut et notre Baron va donc enfoncer sa langue dans le cou de victimes afin de leur aspirer le cerveau ! Et oui, vous avez bien lu, notre Baron se nourrit de cerveaux humains ! Bon, OK, sa langue fait très plastique mais franchement, on s'en fout, parce qu'on jubile bien devant son écran. Ah oui, autre détail intéressant, notre Baron est un peu comme un vampire, il possède un regard hypnotique qui lui permet d'immobiliser ses proies. Pour bien nous faire comprendre que ce pouvoir est en marche, on éclaire les yeux d'Abel Salazar. Crise de rire assurée !

Mais le plus étrange reste à venir. Qui oubliera ces scènes hallucinantes où le Baron, invitant les descendants de ses bourreaux dans sa demeure, refuse de boire des boissons alcoolisées mais va discrètement manger à la petite cuillère de la masse encéphalique qui repose dans une grande coupole, elle-même cachée dans un coffre. On ne saura jamais pourquoi il fait ça, mais niveau étrangeté, on atteint des sommets ! Z'ont bien l'esprit tordu ces Mexicains !

Le Baron de la Terreur est donc un film plutôt sympathique à visionner mais qui est précédé d'une solide réputation qui s'effrite quelque peu à sa vision, la faute à un petit manque de rythme, à la présence de deux policiers qui font dans le comique bien lourd et pas très intéressant, et à des scènes répétitives qui ponctuent l'ensemble du métrage. Mais bon, rien que le personnage du Baron vaut le détour, de même que sa curieuse manie de dévorer de la cervelle. Un monstre atypique, comme on aimerait en rencontrer plus souvent et qui rend indispensable la vision du film !




Stéphane ERBISTI

L'AVION DE L'APOCALYPSE (1980)

 

Titre français : L'Avion de l'Apocalypse
Titre original : Incubo sulla Citta Contaminata
Réalisateur : Umberto Lenzi
Scénariste : Antonio Cesare Corti, Luis Maria Delgado, Piero Regnoli
Musique : Stelvio Cipriani
Année : 1980
Pays : Italie, Mexique, Espagne
Genre : Infection
Interdiction : -16 ans
Avec : Hugo Stiglitz, Laura Trotter, Mel Ferrer, Maria Rosaria Omaggio...


L'HISTOIRE : Sur l'écran de contrôle d'un aéroport, un avion militaire non identifié est repéré. Malgré la demande répétée de la tour, l'engin refuse de décliner son identité. De ce fait l'armée est appelée à la rescousse sur le tarmac, où se trouve déjà un journaliste venu pour interviewer un professeur réputé. A l'atterrissage de l'avion, le professeur apparaît, avec derrière lui une nuée d'hommes et de femmes assoiffés de sang…


MON AVISBien avant L'Armée des Morts, certains zombies avaient déjà choisi de sortir de leur léthargie gestuelle. C'est ici le cas, avec, en prime quelques explications indispensables. L'Avion de l'Apocalypse n'est pas à proprement parler un film de morts vivants : le scénario nous dévoile rapidement qu'il s'agit ici d'hommes et de femmes exposés au nucléaire, donc irradiés, infectés. Les choses sont maintenant plus claires. 

Umberto Lenzi (Cannibal Ferox, La Secte des Cannibales), l'un des rois du Bis italien, est aux commandes de cet ovni cinématographique. Délirant : voilà l'adjectif qui qualifie le mieux Nightmare City (titre américain). Nul besoin d'être un spécialiste du genre pour se rendre compte que le budget du film fût dérisoire. Qu'importe ! Quand bien même les maquillages des créatures sont plus que sommaires, le dynamisme de la réalisation relève largement la situation.

Réalisé à la toute fin des 70's, le film déploie tous les clichés propres à cette décennie : ton décalé, couleurs psychédéliques, musique hypnotique. Un esthétisme primaire, coloré, et efficace dans ce cas précis. Il existe dans le discours du film une dénonciation sous-jacente des pratiques et du comportement de l'armée, même constat concernant l'église. A ce propos, une scène particulièrement trash au sein de l'église comblera tous les aficionados du blasphème dans le film de genre.

Les contaminés, parlons-en. Certes, le maquillage est sommaire et frise le ridicule, mais comme cité précédemment, la cause en est qu'il s'agit d'une contamination, le propos étant axé sur la folie des protagonistes, à l'image de La Nuit des Fous Vivants de George A. Romero et non sur leur désir de chair.

D'ailleurs, il convient également de noter que nos monstres sont certes assoiffés de sang, mais uniquement de ça. Leurs délires meurtriers se résument à des morsures et autres succions ; exit donc les éventrations et autres joyeusetés spécifiquement gore. Nous sommes donc plus proches du vampirisme que du cannibalisme à l'état pur.

Cependant, la brutalité est bien présente. Nos créatures sont déterminées, réfléchissent et sont organisées. Détail amusant : ils sont propres sur eux, tirés à quatre épingles. La violence est leur maître-mot. Témoin l'invasion du plateau télé où se tourne une émission kitsch dédiée à la danse. Un ersatz de Fame sous tranquillisants à mourir de rire. Une occasion en or pour un délire sanglant très visuel. Nos contaminés s'en donnent à cœur joie. Un véritable carnage, prétexte à des meurtres brutaux (couteaux, haches...) et des scènes pseudos-érotiques (morsures et palpations mammaires) sur de jolies danseuses effarouchées et légèrement vêtues.

Alors oui, le scénario n'est pas vraiment folichon, les acteurs pas franchement bons. Même Mel Ferrer ne semble pas convaincu de sa propre présence. Le casting manque cruellement de consistance, et seul Umberto Lenzi semble s'être véritablement amusé. Paradoxalement sans grande conséquence, puisque ce sont les créatures, qui, indiscutablement, éclaboussent l'écran.

Une mise en scène tonique, un rythme qui ne faiblit jamais, en bref une petite perle de la comédie horrifique, classée tout de même R aux USA, int –18 en Angleterre et Allemagne de l'Ouest, –16 en France et tout bonnement interdite en Islande ! Voici le voyage qui vous attend. Embarquement immédiat !

Ah oui, petite précision sur le DVD édité par Néo Publishing : il comporte la version censurée mais aussi la version uncut. Pour voir la censurée, choisir le film en VF (1h18), pour voir la version uncut, choisir le film en Italien ou en anglais (1h28).




Christophe JAKUBOWICZ

ATROZ (2015)

 

Titre français : Atroz
Titre original : Atroz
Réalisateur : Lex Ortega
Scénariste : Lex Ortega, Sergio Tello
Musique : /
Année : 2015
Pays : Mexique
Genre : Tueurs fous
Interdiction : -16 ans
Avec : David Aboussafy, Laurette Flores, Aleyda Gallardo, Dana Karvelas...


L'HISTOIRE : Au Mexique, deux individus sont arrêtés pour avoir provoqué un accident de voiture. Mais lorsque l'inspecteur de police en charge de l'affaire fouille leur véhicule, il trouve une caméra. En visionnant le contenu de celle-ci, il va découvrir les exploits morbides des deux hommes qu'il vient d'arrêter. L'enfer ne fait alors que commencer puisqu’au cours de l’enquête, d’autres vidéos narrant les exactions sanglantes des deux ignobles personnages seront trouvées et malheureusement visionnées ! Il s’avère ainsi que l’on a affaire à deux terribles psychopathes en puissance. Jusqu’où sont-ils alors allés dans l’atroce ?


MON AVISUnearthed Films, la boîte de distribution américaine ayant importé, entre autres joyeusetés, Philosophy of a Knife ou encore Where the dead go to die, a la réputation d'offrir certains des films les plus difficiles à regarder. Pourtant, ce n'est pas parce que les métrages proposés sont de mauvaise qualité, bien au contraire ! Les films de cette société sont pour la plupart bien exécutés mais c’est souvent leur contenu et les sujets qu’ils exploitent qui les rend difficiles à terminer côté visionnage dans certains cas. Hyper brutales et graphiques, les œuvres Unearthed Films ne sont pas, pour la plupart, pour les plus raffinés et encore moins pour les cardiaques. Toutefois, si vous pouvez les supporter, vous vous régalerez avec leurs tonnes de gore déversées et certaines scènes d'horreur vraiment hardcore. Ainsi, Unearthed Films est vraiment une entreprise, à l’instar de Necrostorm, sur laquelle on peut donc compter en matière d’atrocités visuelles. Aussi, pas surprenant à ce que Ruggero Deodato, célèbre pour avoir réalisé Cannibal Holocaust, supporte pleinement le long-métrage de Lex Ortega et soit même crédité en tant que producteur associé, car les deux films, séparés par des décennies, se ressemblent un peu finalement avec : leur technique de bande retrouvée et sur laquelle va se greffer une bonne partie de l’intrigue (le désormais célèbre found footage), leurs imitations extrêmement réalistes de séquences de meurtres ou de tortures et leur terrible efficacité vis-à-vis du spectateur malgré les limites d'un budget qu’on devine restreint.

Atroz est donc une trouvaille de Unearthed Films et n’a pas besoin qu’on traduise son titre pour savoir de quoi il en retourne. Sachez juste que c’est un film qui a la réputation sulfureuse d’être le plus violent de l’histoire du cinéma mexicain, rien que ça !

Né en 2012 sous la forme d'un court métrage tout droit sorti du cerveau malade de Lex Ortega (ayant œuvré pour le film omnibus Mexico Barbaro), Atroz a depuis pris la forme d'un long-métrage jusqu'au-boutiste et ultra-violent, qui transcende les deux genres auxquels il s'attaque, à savoir le torture porn et le found footage pour offrir un spectacle vraiment atroce, au sens douloureux du terme. De plus, malgré le manque d’argent initial, toute l’équipe a dû rivaliser d'ingéniosité pour palier l’apport financier conséquent ce qui donne au métrage des allures de mondo (genre cinématographique d'exploitation qui use des codes du documentaire pour montrer des images choquantes) sur le Mexique et c’est sûr qu’après ça, on aura du mal à aller faire du tourisme là-bas !

Dès le début, on assiste à une séquence présentant Mexico de manière très crue où criminalité et misère sociale coexistent et servent alors à introduire la barbarie qui sera celle visible durant tout le film. Celui-ci se scindera alors en deux axes qui ne cesseront de s’entrecroiser : celui avec des policiers qui progressent dans leur enquête et celui avec des scènes rapportées, autrement dit visionnées par lesdits policiers au cours de leurs investigations au fur et à mesure des cassettes et autres bandes qu’ils trouveront. Ces dernières sont toutes centrées sur des meurtres, tortures diverses, humiliations et autres choses du même acabit. Tout cela amené façon found footage sublimé ici par l’utilisation des différents formats que représentent la VHS, le Hi8 ou la MiniDV, chacun ayant ses propres défauts (cadre approximatif, caméra peu stable, hors-champs, etc.) qui, au lieu d’amoindrir l’impact du film, le renforcent en lui donnant un côté snuff movie craspec des plus malsains. La caméra embarquée sera alors le témoin de la vie de ses personnages infects qui ne cessent de filmer leurs méfaits se déroulant, au tout début, dans un cadre familial puis dans de multiples lieux à différentes époques par la suite.

Dans son ensemble, sans pour autant tomber dans l’excès ou la surenchère, le métrage brille par son efficacité formelle et bien qu’on puisse trouver à redire sur certains points, on ne peut que saluer le sérieux de sa fabrication. Lex Ortega a choisi une approche frontale et balance en pleine tronche du spectateur une réalité tangible sans verser dans le pathos. Ici, il n’y a pas de gentils et de méchants : les policiers ont des méthodes brutales et les tueurs sont impitoyables tout en étant maîtres dans l’art de faire subir des sévices et d’occire autrui. Et en l’espèce, Ortega s'est vanté de ne rien cacher avec son film qui est d'un voyeurisme viscéral ne laissant aucun répit à son spectateur pour en faire le premier témoin de l'enfer que les deux tueurs en série font subir à tous ceux croisant leur route. Et c'est réellement la force du métrage, inventif et intelligent qui offre à son public, habitué du genre, de la violence qui montera crescendo jusqu’à un final des plus surprenants mais en définitive logique…

Notons également que les acteurs (au rang desquels figure Lex Ortega himself), sans qu’ils sortent forcément tous de l’Actor’s Studio, s’en tirent plutôt pas mal et semblent en tout cas très impliqués dans ce qu’ils font, c’est déjà pas si mal !

Atroz, avec une trame certes plutôt simpliste, est un film sadique à l'extrême, d'une violence inouïe où rien ne nous est épargné. Il pourra toutefois décevoir les amateurs les plus endurcis de ce genre de métrage pouvant lui reprocher de leur faire le coup du saut d'images quand ça devient réellement gore et qui utilise un peu trop souvent le hors-champ. Mais bon, ça reste quand même un long-métrage efficace et très mordant, parfaitement calibré pour le tout-venant des aficionados de films chocs. Après, il faut effectivement aimer ce type de film pour y trouver son compte…




Vincent DUMENIL

ATROCIOUS (2010)

 

Titre français : Atrocious
Titre original : Atrocious
Réalisateur : Fernando Barreda Luna
Scénariste : Fernando Barreda Luna
Musique : Octavio Flores, Sergi Perez Berk, Jorge Jaime Pikis
Année : 2010
Pays : Espagne, Mexique
Genre : Found-footage
Interdiction : /
Avec : Cristian Valencia, Clara Moraleda, Chus Pereiro, Sergi Martin, Xavi Doz...


L'HISTOIRE : Cristian Quintanilla et sa sœur July, tous deux cinéastes amateurs, se rendent avec leurs parents, leur petit frère José et le chien Romulus dans la maison de campagne familiale sise à Sitges, tout près d’une forêt. Là-bas, les deux vidéastes en herbe passent leurs journées à enquêter sur une légende urbaine locale selon laquelle, dans les années quarante dans une forêt du Garraf, une jeune fille en robe rouge se serait perdue dans les environs et aiderait désormais les gens qui se perdraient en les remettant sur le bon chemin. Alors que les jeunes gens filment tout ce qu’il se passe dans la vaste demeure et son jardin attenant ô combien labyrinthique, des événements étranges commencent à se produire à mesure que leur enquête progresse. Jusqu’à quel point les adolescents doivent-ils alors poursuivre leurs investigations afin de ne pas mettre leur vie en péril ?


MON AVISVous n’en avez pas marre vous de la mode du found footage ? Mais si vous savez, cette tendance qui consiste à baser son film sur des soi-disant vidéos, caméras, pellicules retrouvées par hasard et relatant souvent les dernières heures des personnes les ayant tournées ! Initié par Cannibal holocaust en 1980, ce penchant cinématographique avait été remis au goût du jour en 1999 avec Le Projet Blair Witch, qui hormis un buzz de malade, est un métrage très surévalué. Depuis, le bébé de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez ne cesse de faire des émules, plus ou moins réussis et issus de tous pays, en voici une liste non exhaustive : REC et ses suites, Cloverfield, Paranormal Activity et ses tristes rejetons, The Silent House avec son fameux plan-séquence ou encore le récent Chronicle et ses lycéens dotés de super-pouvoirs, voire The Troll Hunter tout droit venu de Norvège pour finir par Apollo 18 se déroulant sur la Lune ! Certains n’hésitent pas non plus à utiliser cette technique en la mêlant à de faux témoignages de personnes avisées ou de badauds traînant dans les environs et ce, pour renforcer l’aspect vériste de leur métrage. C’est ce que l’on appelle les documenteurs ou mockumentaries dans la langue de Shakespeare, à l’instar du très moyen "The Tunnel ou de l’excellent The Poughkeepsie Tapes. Eh bien moi je vous le dis de but en blanc : je frôle l’overdose de métrages qui bénéficient d'un tournage caméra à l'épaule et les derniers en date ne peuvent que sentir le réchauffé à moins d’avoir une idée révolutionnaire pour s’éloigner surtout de Le Projet Blair Witch avec ses codes usagés et autres jump scares foireux. Malgré toute cette déferlante et ses défauts inhérents, il y en a qui ont encore l'idée de continuer à exploiter un filon usé jusqu’à la moelle. C'est le cas du réalisateur espagnol Fernando Barreda Luna qui montre une famille qui a décidé de passer plusieurs jours en vacances à Sitges (ça ne vous rappelle pas un festival de films fantastiques ? Quelle coïncidence !) où de jeunes ados mènent une enquête sur la légende d’une jeune fille en robe rouge via deux caméras, ce qui va les conduire dans un labyrinthe assez lugubre...

Ainsi, avec Atrocious, on se trouve face aux images vidéo que la police a retrouvées après le massacre qu'ils viennent de découvrir. Normalement et quand c’est bien fait, l'utilisation de la caméra subjective implique le spectateur au cœur même de l'histoire. Il vit les faits de l'intérieur et est plus proche des personnages et de l'horreur. Seulement voilà, Fernando Barreda Luna est soit un fainéant, soit il n’est pas fait pour le cinéma à suspense. Il semble en effet ne pas avoir compris que pour faire un bon film de genre, il fallait que ledit spectateur soit maintenu dans une tension permanente le scotchant aux accoudoirs de son fauteuil pour ne les relâcher qu’à l’arrivée du générique final et ce, grâce à une mise en scène oppressante. Il faut également de l’empathie afin que le même spectateur se sente impliqué émotionnellement avec les personnages et leurs mésaventures. Ça, on l’obtient grâce à des acteurs crédibles et parfois, même des amateurs peuvent faire l’affaire, du moment que l’on y croie. Ici, rien de tout cela n’est présent à l’écran : la mise en scène est molle du genou car consistant pour partie à filmer un jardin labyrinthique tout en caméra de nuit, et surtout les acteurs, qui manquent cruellement de profondeur, jouent mal et sont trop jeunes pour pouvoir créer une réelle identification, du moins avec les personnes ayant plus de 15 ans. Cela dit c’était peut-être le public visé initialement par le réalisateur.

Hormis un ou deux passages stressants (enfin si on n’est pas trop difficile) concentrés principalement dans les cinq dernières minutes, le reste n’est qu’une succession de scènes plus insipides les unes que les autres qui auraient pu faire sensation il y a une vingtaine d’années. A chaque détour de chemin, le cinéphile adepte de métrages d’épouvante pense être terrorisé voire surpris un minimum, mais rien ne surgit à l'horizon. C’est bien beau de faire aboyer un chien et de casser un verre mais on en voulait plus à se mettre sous la dent, ou du moins sous les yeux ! 

Et la révélation à la fin du film, avec ces photos et ces vidéos esquissant une vague explication sur le tueur, aurait pu également faire son effet si tous les films précités n’avaient pas été réalisés avant ! Tout cela est d’autant plus regrettable que l'affiche américaine nous annonçait pourtant : Intense, effrayant et dérangeant ! Quelle arnaque oui ! En revanche sur le DVD français, on peut lire ceci : Plus de 10 ans après le phénomène Blair Witch, Atrocious explore avec brio les codes les plus sombres d’un thème rare au cinéma : les légendes urbaines… ». Trop rare, en effet… Et en plus ils se moquent de nous ! Cela étant, on était prévenu, le film s’appelle après tout Atrocious, ça voulait tout dire ! Et comme si ça ne suffisait pas, la jaquette US à forte dominante bleue et la française façon caméra infrarouge ne rappelaient-elles pas étrangement Paranormal Activity et Le Projet Blair Witch, autre étrons, euh pardon, fleurons du genre !?

Vous l'aurez donc compris, Atrocious est un film particulièrement ennuyeux et vraiment pénible à regarder. Le film est réalisé par un manchot terriblement paresseux qui se révèle incapable de créer la moindre tension et nous propose une resucée de Le Projet Blair Witch dont l'idée de base et son côté minimaliste sont intéressants… du moins quand on vit avant 1999. A cela, rajoutez une mise en scène hyper fade, des acteurs mauvais et trop jeunes, une fin vue et revue maintes fois et vous obtenez l'un des plus mauvais films d'horreur de ces dix dernières années. Dois-je continuer ?




Vincent DUMENIL

THE ARRIVAL (1996)

 

Titre français : The Arrival
Titre original : The Arrival
Réalisateur : David Twohy
Scénariste : David Twohy
Musique : Arthur Kempel
Année : 1996
Pays : Usa, Mexique
Genre : Extraterrestre
Interdiction : /
Avec : Charlie Sheen, Teri Polo, Tony T. Johnson, Lindsay Crouse, Ron Silver...


L'HISTOIRE : Tandis que Ilana Greene découvre en arctique un îlot couvert de verdure et de fleurs de pavots, Zane Zaminski, radio-astronome travaillant pour le compte de la Nasa, détecte un signal en provenance de l'étoile Wolf 336, qui pourrait être la preuve d'une vie extraterrestre. Pour son employeur Phil Gordian, cependant, l'enregistrement est trop court et trop sujet à caution ; il annonce à Zane que les restrictions budgétaires l'obligent à le virer, avant de détruire l'enregistrement sitôt que ce dernier a quitté son bureau. Mais Zane ne s'avoue pas vaincu et continue ses recherches par ses propres moyens : elles le mèneront au Mexique, où il découvrira une vérité stupéfiante...


MON AVISGrand passionné du genre fantastique et science-fiction, le talent créatif de David Twohy s'est déjà exprimé à travers le meilleur et le pire (scénarios des Warlock, du Fugitif avec Harrison Ford et de Waterworld, réalisation de The Grand Tour pour la télévision) lorsqu'il obtient les crédits de Live Entertainment pour tourner The Arrival

Prenant pour sujet la classique invasion extraterrestre, déjà superbement illustrée par L'invasion des profanateurs ou encore la série V, il en reprend la veine paranoïaque et y greffe la réalité du réchauffement planétaire, livrant un film autrement plus fin et intelligent que les futurs Independence Day et compagnie.

 Tout comme Abîmes, The Arrival s'inscrit dans une lignée scénaristique bien balisée que Twohy utilise avec talent pour parvenir à ses fins. On peut grosso modo découper son film en deux grandes parties, chacune représentant fort bien les deux pôles majeurs que le réalisateur cherche à concilier dans chacune de ses œuvres. Jusqu'à la moitié de The Arrival, nous suivons donc les recherches de Zane Zaminski, dont la passion se heurte aux réalités professionnelles et aux difficultés de couple, et qui trouvera de l'aide en la personne de Kiki (Tony T. Johnson), jeune adolescent curieux et avide de connaissance. Des clichés dont David Twohy se sert heureusement sans la lourdeur hollywoodienne habituellement de mise, et qu'il pervertira habilement; nous épargnant aussi bien la hard science m'as-tu-vu que les scènes guimauves, on sympathise vite avec les personnages à mesure que la paranoïa de Zane se justifie. La patte de Twohy, tout en souplesse et en fluidité, est déjà là, et on se laisse embarquer sans problème dans cette histoire de mystère et d'aventure.

A partir du moment où Zane se rend au Mexique et rencontre son alter ego Ilana Greene (personnage malheureusement peu exploité), The Arrival dépasse toutefois le mystère, et l'on entre de plein pied dans la science-fiction mâtinée d'espionnage. Si les maquillages et les effets spéciaux ne sont pas toujours d'une grande réussite (The Arrival n'a évidemment pas bénéficié de moyens financiers comparables à ceux dont dispose un Steven Spielberg), les décors sont quant à eux crédibles, et Twohy compense avec aisance son handicap, amenant la découverte de la véritable nature des extraterrestres et de leur complot dans une progression dramatique parfaite. La poursuite pendant la fête des morts, la scène aux scorpions et l'intrusion de Zane dans la base souterraine ponctuent cette seconde partie et la rythment sur un mode haletant, tandis que le discours des envahisseurs met le doigt sur une réalité contemporaine toujours d'actualité…

Sans doute pourra-t-on reprocher à David Twohy une certaine timidité, dans la mesure où, se démarquant aussi bien de la pure ambiance que du pur spectacle, il semble ne vouloir s'engager à fond dans aucune direction précise, perfectionnant plutôt ses gammes en vue des films futurs. Toujours est-il que The Arrival constitue un divertissement de qualité, assurant la transition entre le feuilleton populaire et le grand cinéma sans recourir aux grosses caisses confondant la force et l'effet…




Stéphane JOLIVET

ARACHNID (2001)

 

Titre français : Arachnid
Titre original : Arachnid
Réalisateur : Jack Sholder
Scénariste : Mark Servi
Musique : Francesc Gener
Année : 2001
Pays : Espagne, Usa, Mexique
Genre : Attaques animales
Interdiction : -12 ans
Avec : Chris Potter, Alex Reid, José Sancho, Neus Asensi, Ravil Issyanov...


L'HISTOIRE : Au large de Guam, dans les Mariannes, une sorte de tornade se forme brusquement sur l'océan pacifique. Un pilote de l'US Air Force en vol d'essai se dirige vers le phénomène, perd le contrôle et s'éjecte tandis que son appareil explose contre un obstacle invisible. Parachuté dans une petite île isolée, il voit un extraterrestre translucide mourir entre les huit pattes d'un gros parasite. Un peu plus tard, des patients affectés de blessures et de troubles neurologiques étranges sont acheminés sur Guam. Une petite équipe formée d'une pilote, de scientifiques et de militaires se charge alors d'aller enquêter sur l'origine du problème. Mais à peine leur avion est-il parvenu à proximité de l'île qu'il tombe en panne, et c'est en atterrissage forcé qu'ils échouent sur la plage…


MON AVISPur film d'exploitation, Arachnid reste à l'image de son producteur Brian Yuzna, chez qui l'intérêt ne dépare jamais une certaine générosité. Tout en recourant à l'associationnisme de récupération, technique proprement Z consistant à compiler les éléments les plus croustillants de quelques grands succès du genre, il tient néanmoins à fournir un film de bonne facture : réalisateur solide, budget honorable, effets spéciaux relativement réussis - seuls les effets numériques sont médiocres, un problème récurrent pour la Fantastic Factory - au final ce qui aurait pu n'être qu'un pauvre nanar se hisse au niveau d'une modeste petite série B.

Pour cette histoire d'araignée géante venue de l'espace, et contrairement à ce que le titre semble indiquer, ce n'est pas vraiment l'arachnophobie qui est visée. Les petits spécimens sont plus hérissant que les gros, et les films qui ont été pillés pour la cause sont en fait Alien (l'équipe, le cocon), Predator (la provenance spatiale et la jungle) et Starship Troopers (la taille du monstre et son dard articulé) : traque et affrontement du grand ennemi, on est davantage dans le registre du suspens et de l'action que dans celui de la peur.

Le choix de Jack Sholder à la réalisation est significatif : pas un génie, mais quelqu'un sur qui on peut compter pour ficeler correctement un métrage alimentaire. Prises de vue et montage fluides, scènes d'action qui dissimulent assez habilement leur statisme, les événements sont prévisibles mais ont toujours un petit côté original qui les empêche de devenir pénibles. Les variantes monstrueuses qui précèdent la grande araignée sont de cet ordre, Sholder prenant même un plaisir manifeste à citer ce qui avait fait son succès avec Hidden : une séquence de régurgitation dont l'horreur ressort d'autant plus qu'elle est accueillie par les autres personnages avec un manque de réactivité qui frise la pure contemplation.

C'est qu'il y a quelque chose de vraiment bizarre dans Arachnid. L'araignée mutante, déjà, à l'air elle-même assez embarrassée par sa taille (il faut voir les précautions qu'elle prend pour descendre un toit sans faire de bruit, la pauvre !) et semble aussi agressive qu'effrayée. Mais de la même façon, les membres de l'équipe d'exploration, avec leurs pseudo tensions internes et leur singulière égalité d'humeur en toute circonstance, finissent souvent leurs échanges sur des regards blasés. Pas une hausse de ton, une curieuse indifférence. Bien sûr, on peut y voir un jeu médiocre et un manque de conviction. Mais le décalage qui en ressort constitue une curiosité assez troublante, et pimente paradoxalement par le vide un bon petit spectacle, honnête et sans prétention.




Stéphane JOLIVET

APOCALYPTO (2006)

 

Titre français : Apocalypto
Titre original : Apocalypto
Réalisateur : Mel Gibson
Scénariste : Mel Gibson, Fahrad Safinia
Musique : James Horner
Année : 2006
Pays : Usa, Mexique
Genre : Survival
Interdiction : -12 ans
Avec : Rudy Youngblood, Raoul Trujillo, Dalia Hernandez, Jonathan Brewer...


L'HISTOIRE : Les chasseurs d'un paisible village Maya rentrent chez eux chargés de viande fraîche. Voilà un excellent prétexte pour faire la fête et c'est dans une ambiance des plus joyeuses que le village s'endort. Le lendemain matin, les villageois sont attaqués par les guerriers Mayas de la cité voisine en quête d'esclaves et de sacrifices humains. Beaucoup sont tués sur le champ, les enfants sont laissés à leur triste sort, femmes et vieillards serviront d'esclaves alors que les hommes forts sont réservés au sacrifice. Tous sont emmenés à l'autre bout de la forêt. Patte de jaguar, le fils du chef du village, a juste eu le temps de cacher sa femme enceinte et son fils dans un trou duquel ils ne peuvent sortir sans son aide. Il se doit donc à tout prix d'échapper à ses bourreaux pour les sauver...


MON AVISApocalypto a provoqué une énorme polémique bien avant sa sortie française en salle, tout ça parce que Mel Gibson avait réalisé le pas mauvais La Passion du Christ qui avait été taxé de film contenant des propos antisémites, mais aussi parce que les soit disant spécialistes du quotidien Le Monde critiquèrent le film sur le fond en rappelant (sic) que les Mayas étaient un peuple raffiné, qui connaissait les mathématiques, l'écriture, l'astronomie, ils déplorèrent une confusion avec les pratiques des Aztèques. Je ne vais pas me pencher sur La Passion du Christ puisque les deux films n'ont absolument rien à voir et qu'Apocalypto ne peut être critiqué du seul fait qu'il est fait par le même réalisateur, mais plutôt sur l'aspect historique du film. On a reproché aussi à ce dernier d'être trop violent, mais ça, c'est pas nous qui allons nous en plaindre. 

Il est intéressant de savoir que dans un souci d'exactitude, Mel Gibson et Fahrad Safinia se sont entourés d'une équipe d'historiens et d'archéologues dirigée par le Dr Richard Hansen, professeur à l'université de l'Idaho et recruté par l'Etat du Guatemala pour sauver le patrimoine précolombien du pays. Il a qualifié le film de fenêtre Maya ouverte sur le monde et a affirmé que, contrairement aux théories en vogue jusqu'en 1950, et aux clichés rousseauistes, les sacrifices humains n'étaient pas uniquement pratiqués par les Aztèques mais que tous les peuples méso-américains s'y adonnaient. En témoignent l'architecture Maya et les propos du lieutenant Cortes passant au large du Yucatan : Sur des autels se trouvaient d'affreuses idoles : cinq indiens sacrifiés étaient là, la poitrine ouverte, les bras et les jambes coupés. Les murs étaient couverts de sang. Voilà pour la petite leçon d'histoire.

Les spécialistes du journal Le Monde feraient donc bien de changer leurs livres d'histoire qui paraissent maintenant quelque peu dater, comme ça, ça évitera qu'un réalisateur tel que Mel Gibson refuse de venir faire la promo de son film en France, surtout lorsqu'il s'agit d'un film aussi passionnant.

Passons maintenant aux choses sérieuses. Apocalypto est un incroyable survival, viscéral au possible, sur fond historique exact d'une société décadente. A la base du projet, Mel Gibson voulait tout simplement faire un film de poursuite (il dit avoir été beaucoup marqué par La Proie Nue étant enfant) puis il a cherché un environnement historique inscrit dans l'imaginaire collectif. Le métrage est donc un survival des plus classiques dans sa structure : c'est-à-dire humiliation du héro, prise de conscience et vengeance, mais fait preuve d'une virtuosité inégalée dans sa réalisation.

Techniquement, c'est absolument irréprochable : les décors sont magnifiques que cela soit cette jungle organique dans laquelle évolue les personnages ou cette splendide et effrayante cité Maya, les maquillages sont époustouflants, chaque personnage étant unique par ses divers scarifications et piercings, les effets spéciaux tant plastiques que numériques sont vraiment bons (seul petit bémol l'attaque du jaguar) et leur utilisation vraiment harmonieuse. Mais le plus impressionnant reste ces mouvements de caméra absolument prodigieux qui magnifient et rendent vivante cette jungle parfois menaçante, parfois hospitalière. La caméra semble voler entre les arbres, on a probablement droit à des mouvements de caméra inédits, c'est ce qui donne toute son intensité à la longue course poursuite qui jalonne le film. Le tout est renforcé par un montage clair et intelligent qui ne se la joue jamais La mémoire dans la peau comme de nombreux réalisateurs ont tendance à le faire actuellement.

Le casting est particulièrement travaillé puisque Mel Gibson avait besoin de figures archétypales comme il les aime et ayant les caractéristiques à l'image, que le spectateur lambda se fait d'un Maya, ce qui est très étonnant. Ainsi, pour la première fois dans un film, natifs d'Amérique et hispaniques se partagent les rôles. La performance de l'acteur principal est sidérante : il fait preuve d'une telle énergie qu'il parvient à transmettre avec beaucoup de violence ses sentiments de haine ou d'amour au spectateur.

Quand au message du film, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Mel Gibson affirme : "Ça a à voir avec l'histoire humaine. C'est une sorte de légende mythique universelle, ramenée à un niveau que nous pouvons tous comprendre. Dans le film Patte de jaguar s'accomplit humainement. C'est tout ce que nous recevons, les expériences que nous faisons qui nous façonnent. C'est la famille de ce garçon, sa femme, son père, le conseil que lui donne son père : ne vis pas dans la peur, un excellent conseil. Le film parle de la peur. Nous avons exploré toutes les peurs primales que nous avons pu en deux heures.

Apocalypto est un grand film à ranger avec Les Chasses du Comte Zaroff, Rambo, Délivrance et Prédator qui sont pour moi, les plus grands survival. Il y a certes quelques imperfections mais la polémique me donne envie d'aimer le film plus encore...




Cédric FRETARD