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2012 (2009)

 

Titre français : 2012
Titre original : 2012
Réalisateur : Roland Emmerich
Scénariste : Roland Emmerich, Harald Kloser
Musique : Harald Kloser, Thomas Wanker
Année : 2009
Pays : Usa, Canada
Genre : Science-fiction
Interdiction : /
Avec : John Cusak, Woody Harrelson, Thandie Newton, Amanda Peet, Danny Glover...


L'HISTOIRE Les Mayas, l'une des plus fascinantes civilisations que la Terre ait portées, nous ont transmis une prophétie : leur calendrier prend fin en 2012, et notre monde aussi. Depuis, les astrologues l'ont confirmé, les numérologues l'ont prédit, les géophysiciens trouvent cela dangereusement plausible, et même les experts scientifiques gouvernementaux finissent par arriver à cette terrifiante conclusion. La prophétie maya a été examinée, discutée, minutieusement analysée. En 2012, nous saurons tous si elle est vraie, mais quelques-uns auront été prévenus depuis longtemps. Lorsque les plaques tectoniques se mettent à glisser, provoquant de multiples séismes et détruisant Los Angeles au passage, Jackson Curtis, romancier, et sa famille se jettent à corps perdu, comme des millions d'individus, dans un voyage désespéré. Tous ne pourront pas être sauvés...


MON AVIS Roland Emmerich is back ! Après son très moyen 10000, le teuton revient pointer (hahaha) le bout de son nez pour nous livrer son nouveau blockbuster chiffré: 2012. Surfant sur la prédiction maya (que je ne vais pas expliciter, étant peu fan de ces théories farfelues de fins du Monde et ayant déjà survécu à une demi douzaine d'apocalypses annoncées) il va en profiter pour nous livrer une nouvelle variation des dégâts causés par les catastrophes naturelles, qu'il avait déjà mis en images dans Le Jour d'après. Roland aime la démesure, alors il va faire ce qu'il fait de mieux: toujours plus gros, toujours plus fort, toujours plus spectaculaire. Une surenchère qui se retrouve dès le premier teaser trailer, montrant un gigantesque raz de marée engloutir l'Himalaya. Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, bienvenue à la fin du Monde !

2012 est donc un film de Roland Emmerich et ne surprendra sans doute personne parmi ceux qui connaissent la filmographie du réalisateur. Tous les ingrédients sont réunis, dans les mêmes proportions et le même temps de cuisson. Résultat: c'est très spectaculaire. Et c'est très con. La routine habituelle. Très spectaculaire, parce qu'il faut bien reconnaître une chose au réalisateur: il est plus que généreux quand il s'agit de faire péter des trucs, de montrer des destructions dantesques, et de montrer la mort de millions de ses concitoyens. Et il ne s'en prive pas: séismes et glissements de terrain géants, explosion du supervolcan de Yellowstone, tsunamis gigantesques...Une sorte de best-of du film catastrophe, vraiment impressionnant sur un écran de ciné (surtout l'éruption !). Sans grande surprise, les effets spéciaux sont pour la plupart impeccables, sauf peut-être, comme dans Le Jour d'après, les séismes et les failles qui font apparaître pas mal d'objets mal dessinés à l'écran. Si Emmerich s'était contenté de ces passages complètement déments, j'aurais sans doute reproché l'absence de scénario, mais j'en serais sorti complètement excité. Oui, on se refait pas, voir tout péter dans un film, ça suffit parfois à mon bonheur.

Le problème, c'est qu'il y a un scénario, et que Emmerich va attacher trop d'importance à des personnages trop nombreux. On le sait pourtant, le Roland ne sait pas gérer ses personnages, et on a vraiment l'impression qu'il s'en cogne, et le fait pour qu'on ne puisse pas dire que son film n'est qu'une succession d'effets spéciaux. Revue d'effectifs: le scientifique qui sait ce qu'il se passe, qui va prévenir le gouvernement et montrer une philanthropie excessive; le père de famille divorcé, qui tente difficilement de conserver une importance pour ses enfants; la mère des-dits enfants et son nouveau conjoint, qui essaie de se faire une place dans la famille; le haut fonctionnaire américain, qui pense avant tout au pouvoir et à sauver sa pomme, tant pis si c'est aux dépens de milliers d'autres; le russe, forcément milliardaire, forcément mafieux, qui a des enfants pourris-gâtés, une maîtresse bien plus jeune et à la poitrine refaite, et un garde du corps qui se tape la maîtresse; l'adepte de la théorie du complot, tellement illuminé qu'il ferait passer le scientifique de la zone 51 de Independence Day pour un esprit sain; le courageux président des Etats-Unis, noir pour surfer sur l'actualité, et sa très jolie fille. Vous avez l'impression d'avoir déjà vu ces personnages ailleurs ? C'est normal, Emmerich reprend les figures de proue de ce genre de film, et réutilise tous les stéréotypes possibles. Il faut voir aussi le sommet du G-8, regroupant tous les clichés possibles sur les représentants de chaque état, entre l'italien au faciès du vieux fasciste ou le russe dont le visage a été taillé à la tronçonneuse. Un grand moment !

Tous ces personnages sont au service d'une vision assez puritaine des choses. Là encore, si vous connaissez un minimum Emmerich, la description des personnages ci-dessus doit vous donner une idée assez précise de qui va survivre et qui va mourir. Un indice: le chien survit. On notera, dans le même ordre d'idées, un symbolisme assez primaire. Comme moi, vous rirez peut-être en voyant le USS. John F. Kennedy dégommer la Maison Blanche, le plafond de la Chapelle Sixtine se fissurer au beau milieu de La Création d'Adam, la statue du Christ Rédempteur s'écrouler à Rio, ou le dernier espoir des survivants se situer au Cap de Bonne Esperance. Oui, Dieu nous a abandonnés, et les pèlerins priant sur la Place Saint-Pierre ne seront pas épargnés. Par contre, Emmerich a récemment déclaré avoir coupé volontairement une scène, où l'on voyait des musulmans priant à la Mecque se faire balayer par une vague ainsi que la Kaaba détruite, pour ne pas provoquer une fatwa et devoir vivre avec des gardes du corps. Evidemment, ces propos ont entraîné un début de polémique. Heureusement, si Dieu nous renie, le salut viendra, comme dans Le Jour d'après, du Tiers Monde, avec cette phrase lourde de sens accompagnant l'élévation tellurique du continent africain: c'est toute l'Afrique qui s'est soulevée. Emmerich aime décidément inverser les rôles en obligeant les riches à migrer vers l'Afrique pour fuir le danger.

Enfin, doit-on s'étonner de voir le héros, incarné par John Cusack, dont la seule expression pendant le film sera un air halluciné façon poisson rouge, les yeux vitreux et la bouche ouverte, frôler la mort d'encore plus près et encore plus souvent que Tom Cruise dans La Guerre des Mondes (2005). Le problème, c'est que c'est très répétitif, et que Emmerich réussit à nous caser trois fois la même poursuite en avion (là encore, on pense à Independence Day), et deux fois la même poursuite en voiture (façon Twister cette fois). Elles n'en restent pas moins efficaces, et voir la voiture zigzaguer entre les roches expulsées par le volcan reste spécialement jouissif. De même, cette volonté de caser du faux suspense à tout prix et ce côté too much n’entachent pas certaines très jolies scènes comme ce bateau renversé par la vague géante. D'autant que Emmerich ne cède pas à la mode actuelle de la caméra qui bouge dans tous les sens, et propose de vrais plans de cinéma, sans en faire trop, nous laissant tout voir de l'action. Un très bon point pour lui.

Le dernier acte du film sera consacré au moyen imaginé pour faire survivre une partie de la population, environ 400 000 personnes seulement. L'un des héros notera d'ailleurs la stupidité du design des chambres, prévues pour 2 personnes dans un certain luxe alors qu'il y aurait la place de caser 10 survivants...Sans vouloir gâcher la (petite) surprise, le procédé rappelle un peu Deep Impact, et renvoie une nouvelle fois à une référence biblique (oui bon, en fait, je pense que tout le monde a compris). Les survivants sont choisis en fonction de leurs postes ou de leur argent (il faut payer pour avoir une place), accompagnés d'animaux (il ne m'a d'ailleurs semblé voir qu'un seul individu par espèce, pas pratique pour la reproduction) et des grandes œuvres d'art, pour conserver le patrimoine culturel de l'Humanité. Evidemment, tout ne se passera pas comme prévu, ce qui donnera de nouvelles scènes d'héroïsme, et pas mal d'incohérences.

Bref, sans surprise, 2012 est un film très spectaculaire, comportant son lot de séquences dantesques, mais également son lot de stéréotypes, d'héroïsme, de mise en avant de la figure paternelle américaine et d'incohérences. Résultat, si les 2h40 du film passent relativement vite, Emmerich s'attarde trop sur ses nombreux personnages et ne tient pas forcément toutes les promesses entrevues dans les trailers. Du pur cinéma de divertissement, tout en spectacle et sans cervelle. On pourra toujours me dire que quand on va voir du Emmerich, c'est pas pour les personnages, il me paraît difficile de fermer les yeux sur un élément auquel le réalisateur consacre la moitié de son film. Un best-of de catastrophes plus qu'autre chose, 2012 ne sort finalement du lot que par son côté encore plus démesuré.




Steeve RAOULT

10000 (2008)

 

Titre français : 10000
Titre original : 10,000 BC
Réalisateur : Roland Emmerich
Scénariste : Roland Emmerich
Musique : Harald Kloser
Année : 2008
Pays : Usa
Genre : Aventure, Préhistoire
Interdiction : /
Avec : Steven Strait, Camilla Belle, Cliff Curtis, Nathanael Baring, Tim Barlow, Joel Fry...


L'HISTOIRE 10 000 ans avant notre ère, au coeur des montagnes... Le jeune chasseur D'Leh aime d'amour tendre la belle Evolet, une orpheline que sa tribu recueillit quelques années plus tôt. Lorsque celle-ci est enlevée par une bande de pillards, D'Leh se lance à sa rescousse à la tête d'une poignée de chasseurs de mammouths. Le groupe, franchissant pour la première fois les limites de son territoire, entame un long périple à travers des terres infestées de monstres, et découvre des civilisations dont il ne soupçonnait pas l'existence. Au fil de ces rencontres, d'autres tribus, spoliées et asservies, se joignent à D'Leh et ses hommes, finissant par constituer une petite armée. Au terme de leur voyage, D'Leh et les siens découvrent un empire inconnu, hérissé d'immenses pyramides dédiées à un dieu vivant, tyrannique et sanguinaire. Le jeune chasseur comprend alors que sa mission n'est pas seulement de sauver Evolet, mais la civilisation toute entière...


MON AVISRoland Emmerich. Un nom qui éveille chez la majorité des cinéphiles avertis une sorte de dédain, et pour d'autres un étrange mélange d'attirance et de répulsion. Cette folie du blockbuster qui explose dans tous les coins et qui ne demande aucun effort de réflexion, ni pour le scénariste, ni pour le spectateur, c'est son domaine Réalisateur spécialisé dans le film fantastique à gros budget, il a connu le succès avec le sympathique Universal Soldiers, avec l'ami Jean Claude Van Damme. Succès qui sera confirmé par Stargate, la porte des étoiles, mais qui ne sera que les prémices au nanar hyper friqué et hyper patriotique que sera Independence Day. Très controversé, l'allemand continuera son aventure par l'adaptation américaine du reptile japonais avec Godzilla (1998), avec pour résultat majeur de subir les foudres nippones. Après une incursion dans le film de guerre avec The Patriot, il reviendra à son genre de prédilection avec le très moyen Le Jour d'après, qui illustre parfaitement sa carrière : un blockbuster misant sur le spectaculaire davantage que sur son scénario, et au final bien creux malgré les possibilités qu'offrait le thème abordé. Il débarque donc de nouveau sur nos écrans avec 10 000, film d'aventures se déroulant, comme l'indique le titre original, 10 000 ans avant Jésus Christ (les mystères de la traduction française...peut-être la volonté de surfer sur le succès d'un autre film au titre numérique, 300, d'autant que les affiches sont assez semblables ?). Toujours est-il qu'avec Emmerich, nous sommes prévenus : si on va voir le film, on devra s'attendre à du spectaculaire, du spectaculaire, et du spectaculaire.

Hélas, autant le dire tout de suite, le film ne remplit que très rarement ce contrat à ce niveau là. Sans doute handicapé par l'impossibilité d'utiliser des explosifs (encore qu'on n'en aurait plus été à un anachronisme près), Emmerich stagne, et peine à donner autant d'action décérébrée que dans ses autres films. Certains compenseraient en étoffant le fond, mais pas le réalisateur allemand : le scénario est d'une platitude rarement atteinte, même pour lui, et consistera à aller d'un point A à un point B, pour aller sauver une demoiselle en détresse, le tout transposé dans la Préhistoire selon Roland et arrosé d'une prophétie stupide. Un parcours émaillé d’embûches donc, dont la plupart ne cassent pas trois pattes à un oiseau géant : convertir les autres tribus à leur cause, chasser, fuir, traverser un désert. Pas grand chose à se mettre sous la dent donc. D'autant que les scènes d'action, que les amateurs attendaient impatiemment, sont largement loupées et se comptent sur les doigts d'une main mutilée : une chasse au mammouth, une attaque d'oiseaux géants, et le final. Mais là où le film devient frustrant, c'est par l'absence, pendant quasiment tout le métrage, des animaux préhistoriques qui peuplaient les bandes annonces, photos et affiches.

Nous aurons ainsi d'abord droit à une chasse aux mammouths peu intéressante, la faute à des effets spéciaux pas forcément à la hauteur au niveau de la crédibilité de leur déplacement et à une certaine tendance au second degré bien malvenu. Puis ce qui est sans doute LA scène spectaculaire du métrage, celle de l'attaque des oiseaux géants. Pour la culture (et pour me la péter un peu avec mes quelques connaissances paléontologiques, j'avoue), ceux-ci ont bel et bien existé, et semblent être des Phorusrhacos ou des Diatrymas (avec une préférence pour les premiers, qui sont a priori moins robustes que les seconds). Le problème étant qu'ils avaient disparu depuis des milliers d'années avant l'époque supposée du film. Efficace malgré un montage assez épileptique, ce passage sera suivi du passage le plus stupide du film : celui du Smilodon. Comme dit plus haut, l'absence manifeste des animaux dans un métrage qui nous promettait pourtant monts et merveilles était déjà frustrante. Elle devient carrément insultante lorsque que l'on voit l'utilisation du prédateur à dents de sabre. Outre le même problème que les mammouths au niveau du déplacement, le félin est réduit à un gros chat peu menaçant, comprenant a priori le langage humain. On viendra nous dire que ça fait partie de la prophétie. Je viendrai vous dire que c'est du foutage du gueule pur et simple. Je laisse la surprise de la dernière scène aux courageux qui comptent quand même aller voir le film, en prévenant néanmoins que malgré un énorme potentiel, celle-ci est également complètement loupée.

Peu spectaculaire, peu généreux en animaux, que peut-il bien rester du film ? Pas grand chose évidemment, sinon de beaux paysages, et quelques références éparpillées. On pensera notamment à 300, Conan le barbare, Apocalypto pour des scènes ou des situations quasiment identiques. On pourra également penser à la légende de l'Atlantide au détour de la prophétie, à la pyramide de Khéops (on trouve à ce propos dans le film un rapprochement avec une constellation qui semble être Orion : selon certains scientifiques, il existerait une corrélation entre les positions et orientations des pyramides de Gizeh et la constellation d’étoiles). Bref, on tente de valoriser un film creux comme on peut. Niveau casting, des têtes plus connues pour avoir joué des seconds rôle s: dans le rôle du chasseur D'Leh, on retrouve Stephen Strait, qui était à l'affiche de Le Pacte du sang de Renny Harlin, Camilla Belle, qui était la petite fille attaquée par les procompsognathus dans la scène d'introduction de Jurassic Park 2 : le monde perdu et surtout Cliff Curtis, apparu dans plusieurs films de genre comme The Fountain, Sunshine ou encore Un cri dans l'océan. On retrouvera également Omar Sharif dans la voix du narrateur. Notons tout de même que tous ces personnages sont coiffés et rasés au millimètre, et ont une dentition parfaite. Une anomalie de plus dans un océan de médiocrité.


Steeve RAOULT