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BLADE RUNNER (1982)



L'HISTOIRE : Los Angeles, 2019. Le détective Rick Deckard est chargé de retrouver quatre réplicants. Mais qu'est-ce qu'un réplicant ? Pour exploiter les colonies, les hommes ont créé des androïdes, qui sont des répliques des êtres humains. Mais ils ne doivent en aucun cas se trouver sur Terre. C'est donc à la recherche de ces quasi répliques de l'homme que Deckard se met en quête à travers un Los Angeles tentaculaire...


MON AVIS : Il est étonnant de constater à quel point certains films qui reçurent le statut de culte, furent pourtant considérés comme des films tout au plus médiocres à leur sortie. Tout le monde a en mémoire l'horrible échec au box-office de The Thing de John Carpenter. C'est au tour de Ridley Scott (Alien) d'en faire l'amère expérience pour Blade Runner, une adaptation assez libre du roman de Philip K.Dick : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?

Entre les soucis de financement, les scripts modifiés et les différentes versions du film (environ huit montages existeraient !), Blade Runner fut un véritable souci en terme de création artistique. Car, difficile de dire quelle est la version définitive voulue par son réalisateur. Le résultat fut sans appel. Avec à peine 14 millions de $ de recettes aux Etats-Unis, le public bouda majoritairement ce film de SF atypique. Atypique de par son choix délibéré de se refuser à tomber dans les canons du film de genre et de ne pas être un énième clone de Star Wars. Car, dans Blade Runner, ce qui frappe, c'est l'apparence de calme qui s'en dégage. Ici, pas de combats spectaculaires ni de scènes d'actions époustouflantes.

Portées par la magistrale musique de Vangelis, les images de Blade Runner sont d'une beauté époustouflante. On sent bien la richesse visuelle et l'importance accordée aux décors. La ville de Los Angeles y est représentée comme l'évolution ultime de la Cité, celle qui s'étend indéfiniment et dont les bas-fonds de la ville reçoivent une pluie acide incessante, alors que dans les bâtiments les plus élevés (de couleur dorée) on aperçoit le soleil. Une allégorie de la société, opposant le bas de la ville (majoritairement composée d'hispaniques et d'asiatiques), et le haut, là ou les décideurs siègent.

Entre les deux mondes, nous retrouvons le personnage principal : Rick Deckard, un blade runner (c'est-à-dire un policier), en charge de traquer les réplicants. Tout auréolé de son rôle de Han Solo dans la trilogie La Guerre des étoiles, Harrison Ford trouve ici un des plus beaux rôles de sa carrière. Son personnage n'étant pas sans évoquer les célèbres détectives des années 40 et 50 (comme Philip Marlowe). Blade Runner jouant la carte de la SF rétro, précurseur en cela de films comme Dark City. Le contraste est saisissant entre le monde de la rue toujours plongé dans le noir mais éclairé par des néons publicitaires (on a même droit à de la pub pour Coca Cola !) et par des gros phares des véhicules nécessaires à dissiper le brouillard ambiant, et les intérieurs très sombres des appartements.

A côté d'Harrison Ford, on note un casting aux petits oignons : Rutger Hauer qui s'installe dans les rôles de méchant sadiques (La Chair et le Sang, The Hitcher), Sean Young (Dune) en femme fatale, Daryl Hannah (Splash, Kill Bill) dans le rôle d'une combattante adepte de l'étouffement par les cuisses (!), Brion James (House 3) et Joanna Cassidy (Ghosts of Mars, la série Six Feet Under. Les réplicants apparaissent certes comme des androïdes dangereux capables de violence, et qui pour s'affranchir vont jusqu'à tuer leur créateur (que Hauer appelle même Père). Ils sont donc capables d'avoir des émotions (du moins pour les dernières générations), Deckard allant jusqu'à être attiré par l'un d'eux. Pour autant, ne pas sous-estimer leur dangerosité (voir à ce sujet le combat final où Hauer fait preuve d'une agressivité bestiale).

En quête d'une sorte d'immortalité (ils ont une durée de vie préprogrammée), les réplicants sont capables d'aimer, de désirer, de vouloir vivre tout simplement. Ce que la société industrielle leur refuse dans une sorte de pouvoir de vie et de mort sur ses propres créations. Troublant aussi le fait que certains des réplicants ignorent leur vraie identité, et de là peuvent découler plusieurs interrogations quant à la vraie nature de certains des protagonistes. Questions sans réponses puisque le final (tel que décrit par la soit-disant version du réalisateur disponible en zone 2) laisse la porte ouverte à toutes les hypothèses.

S'il y a un film qui mérite bien son statut de chef-d'œuvre, c'est ce film envoûtant de Ridley Scott (qui tentera de récidiver avec moins de réussite dans le domaine de l'héroïc-fantasy avec Legend). Difficile d'y trouver quelque chose à redire, tant l'œuvre aboutit à nous hypnotiser. Les images s'imprègnent dans notre rétine avec une force rarement égalée. Un grand moment de cinéma pour un film intelligent, que l'on ne peut se lasser de revoir régulièrement pour capter des détails qui nous auraient échappé. Une redécouverte à chaque visionnage.


Titre français : Blade Runner
Titre original : Blade Runner
Réalisateur : Ridley Scott
Scénariste : Hampton Fancher, David Peoples
Musique : Vangelis
Année : 1982 / Pays : Usa, Angleterre
Genre : Science-fiction, robots et cyborgs / Interdiction : /
Avec Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young, Edward James Olmos, 
Daryl Hannah, Brion James, Joanna Cassidy...




Gérald GIACOMINI

BEYOND THE BLACK RAINBOW (2010)

 

Titre français : Beyond the Black Rainbow
Titre original : Beyond the Black Rainbow
Réalisateur : Panos Cosmatos
Scénariste : Panos Cosmatos
Musique : Sinoia Caves
Année : 2010
Pays : Canada
Genre : Science-fiction
Interdiction : -12 ans
Avec Evan Allan, Michael Rogers, Scott Hylands, Rondel Reynoldson...


L'HISTOIRE : Au début des années 80, la tentation d'évasion désespérée d'une jeune femme séquestrée derrière une vitre dans un laboratoire expérimental, et surveillée par le mystérieux docteur Barry Nyle...


MON AVISCeux qui souhaitent plonger dans un trip psychédélique dans le monde de la science-fiction à l'ancienne bourrée de références cinématographiques des années 70-80 seront servis ! Beyond the Black Rainbow est la petite série B passée inaperçue et qui pourtant suscite un intérêt particulier par son aspect expérimental et sensoriel.

Le Dr Arboria créé une fondation dirigée par le mystérieux docteur Barry Nyle, qui séquestre une jeune fille dont les capacités psychiques sont très développées. Ses entretiens quotidiens avec elle permettront un passage dans une succession de séquences démentielles à l'esthétisme parfait : couleurs surexposées, géométrie et jeu de symétrie et de reflets gérés au millimètre près, musique envoûtante à mi-chemin entre John Carpenter et Tangerine Dream, mouvements de caméra adoucis et ralentis et j'en passe. Juste de quoi nous plonger dans un univers surnaturel où chacun y verra son propre rapprochement aux classiques du genre, que ce soit Tron, L'âge de Cristal, La Forteresse Noire, Solaris, 2001: l'Odyssée de l'Espace, La Montagne Sacrée, THX 1138 et bien d'autres.

Panos Cosmatos réalise un premier film et brouille les pistes scénaristiques en ouvrant différentes portes de possibilités sans jamais les explorer. Le manque d'explications en agacera certains mais permettra à d'autres de s'évader complètement au milieu de ces images fabuleuses, ultra-stylisées et hypnotiques accompagnées de l'incroyable musique signée Sinoia Caves.

Un voyage au coeur de l'abstraction d'Arboria où décor, récit et personnages ne sont que des éléments hermétiques pour faciliter l'exploration d'un cadre somptueux à l'ambiance onirique. Le style de l'image varie souvent et rend la totalité du film indescriptible tant le détail de chaque tableau change la construction d'une quelconque interprétation.

La trame scénaristique se perd dans la démence de ce lieu intemporel et nous empêche d'apercevoir une éventuelle issue pour un dénouement et une conclusion logique à toutes ces scènes insolites d'une beauté inouïe.

Les éléments les plus mystérieux seront probablement le dévoilement du véritable aspect du docteur Barry Nyle et l'apparition du sentionaut, ce personnage mystique à allure classieuse dans une combinaison vintage élégante. La découverte de son visage est d'ailleurs aussi effrayante que captivante car le mystère de sa présence et de son aspect restera entier, et c'est surement ce qui fait la force de ce personnage emblématique.

S'étalant sur une durée de 1h50, la douceur de l'atmosphère sensorielle peut vite devenir soporifique tant les séquences étonnantes et apaisantes du film bercera votre esprit.

Cet exercice de style poussée à l'extrême dans son impact visuel et sonore est une découverte que chaque cinéphile amateur d'OFNI se doit de tenter. C'est comme si Kubrick, Lynch, Cronenberg et Michael Mann s'étaient regroupés pour former un cocktail d'images et d'effets sonores dans un film singulier déstabilisant.

Le charme atmosphérique jouera parfaitement son rôle jusqu'au dernier quart d'heure où tout se dissimulera pour terminer dans un monde plus rationnel où le genre du slasher basique pointera le bout de son nez sans que l'on sache quelle direction Cosmatos a voulu prendre en abordant cette thématique.

Une désorientation totale du spectateur apparemment volontaire de la part du réalisateur, difficilement compréhensible mais toutefois assez intrigante pour donner l'espoir de voir quelque chose de nouveau dans sa filmographie en lien avec cet essai hypnotique et fantasmagorique.




Nicolas BEAUDEUX

BATTLESHIP (2012)

 

Titre français : Battleship
Titre original : Batleship
Réalisateur : Peter Berg
Scénariste : Jon Hoeber, Erich Hoeber
Musique : Steve Jablonsky
Année : 2012
Pays : Usa, Japon
Genre : Science-fiction, extraterrestre
Interdiction : /
Avec Taylor Kitsch, Alexander Skarsgard, Rihanna, Brooklyn Decker, Liam Neeson...


L'HISTOIRE : Au large d’Hawaï, l’US Navy déploie toute sa puissance. Mais bientôt, une forme étrange et menaçante émerge à la surface des eaux, suivie par des dizaines d’autres dotées d’une puissance de destruction inimaginable. Qui sont-ils ? Que faisaient-ils, cachés depuis si longtemps au fond de l’océan ? A bord de l’USS John Paul Jones, le jeune officier Hopper, l’Amiral Shane et le sous-officier Raikes vont découvrir que l’océan n’est pas toujours aussi pacifique qu’il y paraît. La bataille pour sauver notre planète débute en mer...


MON AVIS Je ne sais pas si les plus jeunes le savent, mais avant la généralisation presque totale des consoles de jeux, avant de lire régulièrement des histoires de jeunes abrutis passant par la case hôpital après un marathon sur Call of Duty, il existait des jeux de société. Certes, il manquait sans doute le doux son des insultes échangées par micro interposé et des remarques tendant à donner à nos mères une vie sexuelle débridée, mais nombre d’entre nous avons passé des heures autour du Monopoly ou du Trivial Poursuit. Si j’évoque ce glorieux passé, c’est parce qu’après les figurines GI Joe et les Transformers, c’est aujourd’hui la célèbre bataille navale qui est adaptée à l’écran avec ce Battleship.

L’histoire est simplissime : des extraterrestres attaquent la Terre, et le tout se joue autour d’une longue bataille navale. Aussi le film s’applique-t-il à évacuer pendant sa première demi-heure toutes les questions liées à la personnalité des protagonistes, et n’y reviendra plus ensuite. Sans surprise, on retrouve donc le militaire un peu rebelle (Taylor Kitsch - John Carter), menacé de renvoi et amoureux de la fille de son amiral (Liam Neeson - Excalibur ou Le Territoire des Loups), la militaire cool et courageuse (Rihanna, aussi bonne actrice que chanteuse), le rival japonais qui deviendra un allié et un ami (Tadanobu Asano, déjà vu dans Ichi the Killer ou Jellyfish) et le vétéran de guerre amputé des deux jambes qui cherche un sens à sa vie (interprété par un véritable vétéran de guerre). Bref, on s’aperçoit bien vite que ce Battleship ne cherche pas à révolutionner le cinéma au niveau de son scénario. En revanche, c’est du côté des scènes d’action qu’il va tenter de marquer les esprits.

On devine ainsi rapidement qu’une grande partie du budget dépassant les 200 millions de dollars a été réservée aux effets spéciaux, par ailleurs particulièrement réussis. On regrettera néanmoins une trop grande impression de déjà vu, le film citant des œuvres aussi variées que Independence Day, A la poursuite d’Octobre rouge, Pirates des Caraïbes ou Pearl Harbor. On notera également que les combinaisons des envahisseurs ressemblent beaucoup à celles du jeu vidéo Dead Space

Les scènes d’action sont par ailleurs régulièrement ponctuées d’effets visuels discutables, les éternels ralentis étant parfois accompagnés de retours en arrières, comme si un imbécile s’amusait avec les touches retour rapide et avance rapide de son lecteur. Le pire, c’est que malgré tous les moyens à disposition, les scènes d’action sont rarement réussies, et même la présence de hard-rock lors de certains passages ne suffit pas à injecter de l’énergie au film.

Battleship, c’est donc une immense impression de déjà-vu, et pas seulement parce que c’est tiré d’un jeu de société. Le film est d’ailleurs principalement à voir pour une réplique surexcitée devant un écran indiquant les positions supposées des embarcations ennemis : Touché ! Touché-coulé ! Pour le reste, vous pouvez vous contenter des films cités plus haut, même de Pearl Harbor, pas forcément plus fins mais tellement plus intenses...




Steeve RAOULT

ANDROÏDE (1982)

 

Titre français : Androïde
Titre original : Android
Réalisateur : Aaron Lipstadt
Scénariste : James Reigle, Don Keith Opper
Musique : Don Preston
Année : 1982
Pays : Usa
Genre : Robots et cyborgs
Interdiction : -12 ans
Avec Klaus Kinski, Don Keith Opper, Brie Howard, Kendra Kirchner, Norbert Weisser...


L'HISTOIRE : En 2036, dans une station spatiale abandonnée depuis longtemps, le docteur Daniel poursuit inlassablement ses travaux. Très prochainement, il atteindra le point culminant de sa carrière avec Cassandra, l'androïde femelle le plus parfait jamais créé par l'homme. Pour le moment, Cassandra n'est qu'une machine en sommeil, attendant qu'une énergie vitale ne passe dans ses circuits pour lui donner vie. Pour l'aider dans ses travaux, le scientifique utilise un androïde de précédente génération, Max 404. Ce dernier développe des capacités humaines impressionnantes et commence à désobéir à son créateur. Lorsqu'un groupe de trois terroristes sous fausse identité demande l’autorisation de venir réparer leur vaisseau à bord de la station, Max 404 le leur permet sans en avertir le docteur Daniel. La présence d'une femme parmi les trois criminels en est la raison principale, car Max 404 n'est pas insensible à l'amour...


MON AVISFilmé en vingt jours seulement, au mois de juin 1982, par le réalisateur Aaron Lipstadt, qui mettra en scène City Limits en 1984 puis se consacrera au monde de la série-télévisée ensuite, Androïde est un petit film de science-fiction au budget serré, produit par la firme de Roger Corman, New World Pictures

Petit budget et peu de moyen certes, mais pas mal d'idées et d'inventivité sont au programme, nous permettant de passer un bon moment devant notre écran, surtout que l'acteur Klaus Kinski est de la partie. C'est bien l'acteur germanique connu pour ses sautes d'humeur légendaires qui interprète le docteur Daniel, scientifique expert dans la création d'androïdes, robots ultra sophistiqués qui ressemblent à s'y méprendre à un être humain. On apprend que la création d'androïdes a été totalement stoppé sur Terre à cause d'une rébellion de ces machines envers les humains. C'est pourquoi le docteur Daniel s'est réfugié dans une station spatiale où il vit seul, avec pour unique compagnie Max 404, un androïde qui l'aide pour toutes les tâches à accomplir à bord de la station. 

Le but du scientifique est de mettre au point une nouvelle génération d'androïdes, plus fiable et encore plus humain et ce, grâce au projet Cassandra qu'il développe en secret. Cassandra est, comme son nom l'indique, une androïde femelle, joliment interprétée par l'actrice Kendra Kirchner, dont ce sera l'unique apparition sur les écrans. Très clairement le docteur Daniel souhaite concevoir un robot sexuel, mais pour lui ou pour Max 404, l’ambiguïté est de mise. 

En réalité, le film ne va pas vraiment axer son histoire sur Cassandra mais bien plus sur Max 404, interprété par l'acteur Don Keith Opper, qui est également le scénariste du film. Astucieux, le générique du film ne cite jamais l'acteur en tant que tel mais le présente sous son nom de Max 404, comme si on était en présence d'un vrai androïde ! Un petit gimmick amusant et sympathique pour un film qui ne l'est pas moins, même si ses ambitions ont sûrement été revues à la baisse à cause du faible budget accordé. 

Car Max 404 est la véritable star du scénario, celui qui monopolise la majeure partie du temps, reléguant même Klaus Kinski à une fonction presque secondaire. Il faut dire qu'en ce début de décennie 80, les androïdes ont le vent en poupe, que ce soit ceux de Blade Runner ou celui de Alien le Huitième Passager. Max 404 vient donc rejoindre les rangs de ces robots dont la nature reste indétectable pour un humain lambda. La criminelle Maggie (Brie Howard), fraîchement débarquée dans la station spatiale avec ses deux compagnons d'infortune, n'y verra d'ailleurs que du feu et n'hésitera pas à embrasser langoureusement notre Max 404 qui n'en demandait pas tant mais qui s'y connaît bien sur le sujet tout de même, comme nous l'a signalé le début plutôt rigolo du film. 

A bien y regarder, Androïde peut être vu comme une sorte de version S-F de La Fiancée de Frankenstein, à la différence que l'androïde femelle ne rejette pas son homologue masculin, bien au contraire. On retrouve le créateur qui veut tuer sa créature (Max 404 en l’occurrence, pour le remplacer par Cassandra), la créature qui se rebelle contre son créateur et qui ira jusqu'au clash avec lui, la créature qui ne désire qu'être aimé et apprécié pour ce qu'il est et qui aimerait bien une compagne également et j'en passe. 

La séquence finale pourra faire sourire mais elle n'est pas mal amenée et honnêtement, je ne m'y attendais pas du tout. Motus et bouche cousu pour ceux qui n'ont pas vu le film bien sûr. 

Un peu cheap, Androïde fait quand même le job au  niveau des quelques décors futuristes (issus d'autres films de New World Pictures) et des rares effets-spéciaux qui nous sont proposés : la station spatiale et ses couloirs d'un blanc immaculé, le jardin botanique, les deux vaisseaux spatiaux dans l'espace et le derrière du crâne de Max 404 qui contient ses processeurs font illusions si on n'est pas trop regardant et si on apprécie les films de S-F un petit budget. 

A part ça, le charme et le sex-appeal de Cassandra sont bien exploités à travers de légers plans de nudité, Klaus Kinski fait le minimum syndical mais livre une prestation honnête et sans maniérisme, Max 404 est attachant dans son désir d'amour et de découvrir la vie sur Terre.

Sans se montrer très dynamique, Androïde, qui mise plus sur les relations entre les différents personnages que sur l'aspect spectaculaire, se montre assez attachant à travers les thématiques qu'il développe et cette petite production Corman vaut le coup d'être visionnée. 




Stéphane ERBISTI

LES AVENTURES DE BUCKAROO BANZAÏ (1984)

 

Titre français : Les Aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8ème Dimension 
Titre original : The Adventures of Buckaroo Banzaï across the 8th Dimension
Réalisateur : W.D. Richter
Scénariste : Earl Mac Rauch
Musique : Michael Boddicker
Année : 1984
Pays : Usa
Genre : Science-fiction
Interdiction : /
Avec : Peter Weller, John Lithgow, Ellen Barkin, Jeff Goldblum, Christopher Lloyd...


L'HISTOIRE : En 1936, le docteur Emilio Lizardo et le professeur Hikita travaillent sur un rayon à particule capable d'ouvrir une porte dans la matière afin de rejoindre la huitième dimension. Une tentative se solde par un semi-succès, entraînant la folie du docteur Lizardo qui sera interné et la découverte d'un monde extra-terrestres par Hikita. Des années plus tard, Hikita travaille toujours sur son rayon et s'est mis au service de Buckaroo Banzaï, un homme multi-casquettes qui parvient, à bord d'une voiture-jet et à l'aide du rayon à particule, à traverser la structure moléculaire d'une montagne. Une prouesse qui réveille la folie du docteur Lizardo, qui est en lien avec une race extra-terrestre voulant conquérir la Terre. Heureusement, il existe au sein de cette race un groupe œuvrant pour la paix. Les dirigeants extra-terrestres pacifistes, les Lectroïds noirs, demandent l'aide de Buckaroo Banzaï et de ses amis pour enrayer la future invasion des Lectroïds rouges...


MON AVISLors de certains interviews, l'acteur Peter Weller et quelques autres membres du casting qui ont pris part au tournage de ce film, déclarent sans sourciller qu'ils n'ont pas vraiment compris le scénario d'Earl Mac Rauch et qu'ils ne savaient pas toujours à quoi correspondait ce qu'ils étaient en train de jouer ! Je veux bien les croire car honnêtement, Les Aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8ème Dimension n'a ni queue ni tête. L'affiche française du film, très Mad Maxienne, ne reflète franchement pas le spectacle décérébré auquel on va avoir droit. Certes, la voiture futuriste sera bien de la partie, et ce, dès le début du film, nous permettant de faire connaissance avec notre héros, le bien nommé Buckaroo Banzaï, joué par Peter Weller donc. Un héros qui possède tellement d'aptitudes que ça en devient presque gênant. Notre homme est quand même : neurochirurgien, scientifique de renom, guitariste / pianiste / chanteur dans un groupe au succès phénoménal, héros d'un comic, membre d'une agence de défense mondiale et il reçoit même des appels téléphoniques personnels du président des Etats-Unis ! Rien que ça !

Un véritable super-héros des temps modernes, qui bosse avec toute une équipe d'amis qui font ses quatre volontés, chacun étant doué dans un domaine. Qui plus est, en cas de grande nécessité ou menace importante, il peut même demander l'aide de la population avoisinante, comme ce sera le cas à un moment du film. Bref, en clair, Buckaroo Banzaï, c'est l'espoir de l'Humanité, celui vers qui on se tourne pour régler les affaires graves, comme une possible invasion extra-terrestres par exemple. Ça tombe bien, il y en a justement une qui se prépare ! Les habitants de la Planète 10, suite aux expériences concluantes de Buckaroo Banzaï et son ami le scientifique Hikita, ont en effet décidé de venir conquérir notre planète et pour se faire, ils prennent une apparence humaine, leur but étant de dérober le sur-propulseur permettant d'accéder à la 8ème dimension. 

Tout ça est assez compliqué mais ne comptez pas sur le scénario pour vous donner des réponses ou des précisions, je crois que tout le monde devait être perdu à un moment ou à un autre sur le tournage ! Je ne sais pas si John Carpenter a vu ce film, toujours est-il que Buckaroo Banzaï va recevoir le don de double-vue et, sans aucune paire de lunettes, contrairement aux héros de Invasion Los Angeles, il va pouvoir mettre à jour le véritable aspect des envahisseurs quand le commun des mortels ne verra qu'un simple humain. Les méchants aliens s'appellent tous John en plus, sûrement un signe ! Leur look est plutôt sympa, avec leur tête toute rouge assez rigolote. Les gentils E.T. ont la même tête mais de couleur noir. Allez savoir pourquoi.

Ça explique en tout cas pourquoi les gentils E.T. ont l'aspect d'un rasta noir quand ils ont une forme humaine. Non, en fait, ça n'explique rien du tout mais en fait, je m'en fout, ça fait longtemps que j'ai arrêté d'essayer de comprendre quelque chose à l'intrigue. Ce qui est décevant quand on se penche sur le cas Les Aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8ème Dimension, c'est que ce film aurait pu être une franche réussite de la comédie de science-fiction, si la mise en scène et le rythme avaient suivi. Même si le scénario est relativement débile la plupart du temps, ça pouvait donner quelque chose d'extravagant et de délirant au final. Sauf que là, les bonnes intentions du réalisateur, à savoir offrir au public un film divertissant, bah elles tombent à l'eau tellement le film est ennuyeux et laborieux. Voir John Lithgow cabotiner et gesticuler à outrance est agréable cinq minutes mais le voir faire son numéro durant tout le film, ça devient vite épuisant. Et surtout, y'a rien de drôle, que ce soit dans les situations proposées ou les dialogues, tout tombe à plat. Les séquences passent du coq à l'âne de manière abrupte, sans réel lien entre-elles et on a une réelle impression de voir un film totalement décousu qui ne sait pas où aller ni quoi faire pour s'en sortir.

Dommage car les maquillages des Aliens tiennent la route, la scène de la voiture traversant la montagne est bien faite, tout comme le vaisseau extra-terrestre plutôt bien incrusté et réalisé. Le film est bardé d'idées pas inintéressantes mais aucune n'est vraiment aboutie et l'ensemble tire plus vers le nanar que vers autre chose. Il en va de même pour la pseudo-romance entre Peter Weller et la potiche Ellen Barkin, qui n'amène ou n'apporte absolument rien à l'histoire. La présence de Jeff Goldblum fringué en Cow-boy est amusante mais à part ça, il ne sert pas non plus à grand chose. Je ne sais pas si les enfants ou les jeunes adolescents peuvent encore trouver un intérêt à Buckaroo Banzaï, mais en l'état, le film a super mal vieilli pour ma part, et je suis très bon public pourtant. Il m'a fait penser au film Super Mario Bros si vous voyez ce que je veux dire. Preuve du manque de consistance du film, le (sympathique) générique de fin nous promet une suite des aventures de notre héros, suite qui ne verra jamais le jour. Qui a dit malheureusement ?




Stéphane ERBISTI

AVATAR - LA VOIE DE L'EAU (2022)

 

Titre français : Avatar - La Voie de l'Eau
Titre original : Avatar : Way of Water
Réalisateur : James Cameron
Scénariste : James Cameron, Rick Jaffa, Amanda Silver
Musique : Simon Franglen
Année : 2022
Pays : Usa
Genre : Science-fiction
Interdiction : /
Avec : James Worthington, Sigourney Weaver, Kate Winslet, Zoe Saldana...


L'HISTOIRE : Jake et Neytiri ont désormais une famille et vivent heureux avec leur quatre enfants. Mais les hommes venus du ciel et un ancien ennemi de Jake n'entendent pas les laisser tranquilles et reviennent sur Pandora pour tout détruire. Conscient que le peuple de la forêt ne sera jamais en sécurité tant qu'il vivra parmi eux, Jake, accompagné de sa famille, décident de fuir et vont rejoindre le peuple de l'eau. Là, ils vont devoir apprendre les coutumes de ce nouveau peuple et se mettre en symbiose avec l'eau. Mais les hommes venus du ciel continuent leur traque et se rapprochent dangereusement...


MON AVISRetour sur Pandora pour James Cameron et ses équipes, treize ans après le premier voyage qui a marqué la conscience collective et fait du premier Avatar le flm le plus rentable au monde. Treize ans pour que les prouesses technologiques permettent au réalisateur visionnaire de livrer un second voyage encore plus immersif, encore plus beau, encore plus grandiose. Et à ce petit jeu, James Cameron enterre la concurrence, même Steven Spielberg ou Peter Jackson. C'est simple : personne ne peut rivaliser avec James Cameron quant à l'association cinéma / technologie.

Comme sur le premier volet, Avatar - La Voie de l'Eau bénéficie d'un scénario qui n'a rien de magistral ou de très poussé, même si de nombreuses thématiques sont présentes et parleront au public sans souci, puisque traitant de problèmes contemporains : écologie toujours, respect de l'environnement et de ses richesses, souffrance animale mais aussi lien familial ou difficulté d'être un paria et de trouver sa place dans la société par exemple viennent étoffer l'apparente simplicité de l'histoire. Mais comme souvent : simplicité = efficacité. Et puis il y a l'enrobage. Et là, c'est juste vertigineux. Avatar 2, c'est Avatar puissance 1000, que ce soit au niveau visuel, fluidité des scènes d'action, détail sur la faune et la flore, réalisme des effets spéciaux (c'est bien simple, on a l'impression que tout existe pour de vrai), jeu de lumière et j'en passe.

Difficile de faire plus féerique que ces expéditions dans les profondeurs de l'océan de Pandora, qui relèguent toutes les cartes postales de voyage aux oubliettes, se parant d'une poésie de tous les instants qui marquent encore plus les esprits. Le mot émerveillement semble avoir été créé pour la saga Avatar. Bien sûr, les haters de tous bord pourront vous dire que James Cameron a fait ici un condensé de son cinéma, puisqu'on y trouve un résistant poursuivi par un méchant (Terminator), beaucoup d'eau et des créatures fantastiques (Abyss), des Na'Vi hybrides considérés comme des Aliens et un final dantesque sur un bateau futuriste qui sombre dans la mer (Titanic). Ce à quoi on répondra un c'est pas faux. Mais devant la virtuosité et la beauté des images proposées et la richesse de l'univers créé, on répondra aussi mais on s'en fout.

Spectacle virtuose relevant à nouveau du jamais vu, Avatar - La Voie de l'Eau redéfini la notion même de grand spectacle au cinéma. Et si on y regarde bien, on à l'impression que ce film n'est pas seulement une suite mais une sorte d'épisode transitoire qui a posé les bases, les personnages et qui annonce Avatar 3. Rendez-vous dans deux ans pour confirmation.




Stéphane ERBISTI

AVATAR (2009)

 

Titre français : Avatar
Titre original : Avatar
Réalisateur : James Cameron
Scénariste : James Cameron
Musique : James Horner
Année : 2009
Pays : Usa
Genre : Science-fiction
Interdiction : /
Avec : James Worthington, Sigourney Weaver, Michelle Rodriguez, Zoe Saldana,...


L'HISTOIRE : Malgré sa paralysie, Jake Sully, un ancien marine immobilisé dans un fauteuil roulant, est resté un combattant au plus profond de son être. Il est recruté pour se rendre à des années-lumière de la Terre, sur Pandora, où de puissants groupes industriels exploitent un minerai rarissime destiné à résoudre la crise énergétique sur Terre. Parce que l'atmosphère de Pandora est toxique pour les humains, ceux-ci ont créé le Programme Avatar, qui permet à des " pilotes " humains de lier leur esprit à un avatar, un corps biologique commandé à distance, capable de survivre dans cette atmosphère létale. Ces avatars sont des hybrides créés génétiquement en croisant l'ADN humain avec celui des Na'vi, les autochtones de Pandora...


MON AVISDouze ans. Douze ans depuis que James Cameron n'avait pas réalisé de long-métrage. Depuis Titanic, récompensé de 11 Oscars, dont ceux du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur, et devenu un des plus gros succès de l'Histoire du cinéma. Douze ans durant lesquels il s'est concentré sur des documentaires comme Expédition : Bismarck, Les Fantômes du Titanic ou Aliens of the deep. Evidemment, une telle absence après un tel succès n'est pas sans provoquer une attente certaine. Notamment chez les fans de science fiction, genre dans lequel Cameron n'a plus officié depuis 1991 et Terminator 2 : Le Jugement Dernier. Il faut dire qu'en quelques films, il s'est imposé comme un des maîtres du cinéma d'action de science fiction, avec des œuvres aussi réussies que Terminator ou Aliens le Retour. Alors quand en plus les chiffres les plus astronomiques sont évoqués, Avatar devient logiquement le film le plus attendu depuis fort longtemps.

La genèse du film, on la connaît presque tous : autour de 1995, James Cameron rédige un scénario d'une centaine de pages pour un long métrage destiné à être produit dans la foulée du succès de Titanic. Mais sa vision demande des progrès techniques tels que le film est alors inenvisageable. Le projet va alors dormir quelques années, jusqu'à ce que Cameron tombe sur Les Deux Tours, le deuxième volet de la saga du Seigneur des anneaux de Peter Jackson. Selon Cameron, c'est lors du monologue de Gollum que la possibilité d'enfin tourner son œuvre lui paraît possible. Mais pour cela, il doit néanmoins innover. Et l'innovation, ça coûte cher, d'autant que le réalisateur veut provoquer une nouvelle avancée de l'image avec la 3D. En effet, depuis Jurassic Park et Terminator 2 qui ont banalisé l'utilisation du numérique, les progrès sont restés assez faibles. Pour cette révolution, il va notamment créer sa propre caméra à double objectif avec un système permettant de reproduire fidèlement l'œil humain. Il va également se servir des derniers progrès de la technologie numérique (comme la performance capture de Zemeckis) pour réussir à capter la moindre subtilité des visages : l'équipe de Cameron met au point un système de caméra qu'ils fixent sur le crâne des acteurs, pour un système baptisé E-Motion Capture, laissant un maximum de liberté d'action aux acteurs tout en permettant au réalisateur de voir les effets spéciaux finis sur le moniteur au tournage alors que les comédiens sont sur fond vert. Tout cela a un prix, et la facture s'avère rapidement salée : on parle du film le plus cher de l'Histoire du cinéma, et d'un budget dépassant les 300 millions de dollars, voire même les 500 millions !

Une démesure au service d'une histoire assez simple, voire même simpliste : en 2154, Jake Sully (incarné par l'australien Sam Worthington, l'acteur que l'on a pu voir dans Solitaire de Greg McLean, et qui a le vent en poupe en ce moment à Hollywood, entre Terminator Renaissance et le remake du Choc des Titans) est envoyé sur la planète Pandora, dans le système stellaire d'Alpha Centauri, pour remplacer son frère jumeau décédé dans le programme avatar. Le programme est destiné à envisager une solution pacifique à un conflit né de la volonté des humains d'exploiter un minéral rarissime, l'unobtanium, se trouvant sur le territoire d'un peuple autochtone : les Na'vi. Ces créatures humanoïdes, de couleur bleue, mesurent environ trois mètres de haut, et vivent en tribus sur Pandora, en symbiose avec la nature et l'esprit de la planète, Eywa. Le projet avatar permet de transférer l'esprit humain dans un corps hybride, facilitant ainsi les déplacements sur la planète, où l'homme ne peut respirer sans masque, tout en tenter d'apaiser la méfiance des Na'vi. En parallèle de ce projet, des militaires, emmenés par le Colonel Miles Quaritch (Stephen Lang), se tiennent prêt à intervenir en cas d'échec des négociations. Lors de sa première mission dans la forêt de Pandora, Jake Sully se perd, et rencontre alors une autochtone, Neytiri (Zoë Saldaña). Interprétant les signes de Eywa, elle décide de le ramener à son village, au sein d'un arbre gigantesque. Rapidement, Jake Sully doit se faire accepter par la tribu Omaticaya, tout en rapportant ses observations aux scientifiques du projet avatar...ainsi que le Col. Quaritch, qui a bien compris l'intérêt d'avoir un homme infiltré chez ce qu'il considère comme un peuple inférieur et un ennemi potentiel. Rapidement, les doutes de Jake naissent, en même temps que ses sentiments pour Neytiri et sa reconnaissance par la tribu.

Lorsque l'on découvre le scénario, on ne peut s'empêcher de penser à plusieurs épisodes historiques. Si on peut penser à la guerre du Golfe, avec cette course permanente au minéral, le plus flagrant est sans doute celui du génocide des Indiens, auxquels les Na'vi empruntent beaucoup de traits : le respect de la nature, la fierté, la connaissance parfaite de leur environnement, les rites mystiques et même certains éléments vestimentaires et certaines pratiques quotidiennes. Les Na'vi chassent à l'arc, se déplacent à dos de créatures, interprètent les signes de la nature par le biais d'une chamane. Ce n'est sans doute pas un hasard si le film de Cameron ressemble tant sur le fond à la légende de Pocahontas, jusque dans l'histoire d'amour entre deux représentants d'ethnies différentes. Une histoire qui ne brillera donc jamais par son originalité, ni dans celle de sa symbolique, riche de stéréotypes et d'archétypes. Dans Avatar, les scientifiques sont les gentils, et n'aiment pas les militaires, qui sont les méchants et son juste là pour dégommer l'innocent peuple autochtone, opposant des missiles à leurs flèches. Evidemment, le concept même de l'avatar renvoi à Internet, avec cette possibilité de revêtir une autre identité, de faire des choses qu'on ne pourrait faire dans le monde réel...jusqu'à risquer une identification abusive à l'avatar, ou préférer être dans ce monde virtuel. Ainsi, sous sa forme d'avatar, Jake Sully peut enfin remarcher, et en éprouve rapidement une immense euphorie. Rapidement, ce nouveau corps lui offre une liberté qu'il ne peut plus ressentir dans son fauteuil, voire même qu'il n'a jamais ressentie. Là encore, la symbolique n'est pas des plus subtiles, mais franchement : est-ce vraiment pour ça qu'on va voir avatar ? Car heureusement, ce manichéisme un peu désuet et ce scénario un peu simplet ne pèse pas bien lourd face à ce pour quoi le film a été conçu : en foutre plein la tronche.

Avouons que pendant 30 minutes, Cameron prend surtout soin de nous habituer à son procédé en 3D, qui ressemble pendant cette introduction à un gadget friqué plus qu'à autre chose. On nous présente les personnages, de la scientifique un peu rigide incarnée par Sigourney Weaver à la bidasse au grand cœur incarnée par Michelle Rodriguez (dont la moitié de la présence à l'écran se fera dans des plans de 2 secondes où elle se contente de sourire, et dont je perçois difficilement la pertinence). Puis enfin, nous arrivons dans la forêt de Pandora. Le film bascule alors d'un univers classique de base militaire et scientifique à un environnement complètement inédit, créé par l'esprit de James Cameron. Et là, la magie opère. L'ensemble grouille de vie, les créatures les plus étonnantes se côtoient au milieu d'une végétation luxuriante, les insectes passent devant nous tandis qu'au second plan, un animal titanesque se déplace. Le spectacle visuel est éblouissant, la flore réagissant même au contact des personnages. Les paysages sont grandioses, de l'arbre foyer de la tribu Omaticaya aux montagnes suspendues dans les airs, des vallées de Pandora aux sanctuaires Na'vi. Cameron tire complètement partie de son univers, réservant des scènes à couper le souffle (le premier vol de Jake Sully) dans un univers parfaitement cohérent et représenté. Au milieu de cette faune et de cette flore, les avatars et les Na'vi sont également parfaitement recrées et intégrés. Ayant chacun leurs caractéristiques propres, ils sont reconnaissables au premier coup d'œil...surtout si l'on connaît l'acteur incarnant la créature. Et force est de constater que Sam Worthington, Joel Moore et surtout Sigourney Weaver sont instantanément reconnaissables dans leur immense corps bleu et, plus fort encore, on reconnaît leurs expressions particulières d'acteurs, et le résultat est vraiment bluffant : ce sont vraiment eux qui jouent leurs (doubles) rôles, et ils le font sans surprise de façon parfaite. Evidemment, le film sera principalement centré sur Jake Sully, de son parcours initiatique pour adopter les mœurs Na'vi, et de son dilemme : doit-il fournir les informations qu'il détient sur eux, contre la promesse d'enfin récupérer l'usage de ses jambes, ou rester fidèle au peuple qui l'a adopté et où il a trouvé l'amour...et des jambes ? Evidemment, pas vraiment de suspense, mais le "choix" du personnage sera la conclusion d'un portrait très bien défini et d'une évolution crédible, ce qu'il faut saluer. Ce choix sera l'élément central du film, jusqu'à l'inéluctable guerre qui se profilera entre les deux peuples pendant la dernière partie du film.

Une dernière partie décrite par James Cameron comme la mère de toutes les batailles : il nous emmène directement au cœur de l'affrontement, opposant la technologie avancée des humains aux moyens traditionnels de Na'vi. Que ce soit sur terre ou dans les airs, à distance ou au corps à corps, sur des machines ou sur des créatures, les deux peuples se battent, et on aura rarement eu une impression si forte d'assister à une véritable guerre. Les victimes sont nombreuses, les personnages principaux loin d'être épargnés et surtout, on voit vraiment ce qu'il s'y passe. Parce que Cameron ne cède pas à la mode de la réalisation clipesque ou épileptique, l'action est d'une lisibilité totale et d'une fluidité remarquable. Peut-être même parfois trop : par moments, il se passe tellement de choses à l'écran qu'on est un peu agressé par tant d'informations ; sentiment d'ailleurs renforcé par la 3D, avec le besoin, heureusement rare, qu'a parfois notre œil de réaliser une mise au point forcée sur un élément passant devant l'objectif.

Avatar était donc le film de toutes les promesses, et forcément de toutes les craintes. Surtout après avoir vu comment Emmerich avait dépensé son budget pour 2012. Mais Cameron n'est pas le réalisateur allemand, et renvoi nos doutes au placard au bout d'une demi-heure, quand il nous offre sa vision de Pandora. Dès lors, il va, entre de multiples références, du manga Gunnm  au Magicien d'Oz ("vous n'êtes plus au Kansas"), de son Aliens le Retour à son Titanic, nous submerger d'émotions diverses, nous développer une histoire simple mais terriblement efficace, et nous imprimer sur la rétine un univers inédit, d'une beauté confondante. Les 2h40 du film semblent en faire 50 minutes de moins, et le cinéma semble alors revenir à sa fonction première : Avatar, c'est tout simplement de la magie. Reste dès lors à se laisser emporter, à passer outre un fond assez naïf, pour apprécier pleinement le film. Une révolution cinématographique ? Il est encore bien trop tôt pour le dire, même si des réalisateurs comme Steven Spielberg ou Peter Jackson semblent bien décidés à emboîter le pas à Cameron. Mais assurément un film qui fera date, si vous voulez mon Na'vi...




Steeve RAOULT

L’ARMÉE DES 12 SINGES (1995)

 

Titre français : L'Armée des 12 Singes
Titre original : Twelve Monkeys
Réalisateur : Terry Gilliam
Scénariste : David Peoples, Janet Peoples
Musique : Paul Buchmaster
Année : 1995
Pays : Usa
Genre : Science-fiction
Interdiction : /
Avec : Bruce Willis, Madeleine Stowe, Brad Pitt, Christopher Plummer...


L'HISTOIRE : 2035. Anéantie par un virus, l'humanité a trouvé refuge sous terre dans un régime carcéral. Après avoir rêvé qu'enfant, il voyait un homme abattu sous ses yeux dans un aéroport, James Cole, matricule 87645, se réveille dans sa cellule de prison, où il purge une peine de 25 ans pour insubordination et autres délits le classant comme antisocial. Désigné comme volontaire, il doit se rendre à la surface contaminée de Philadelphie, où seuls les animaux ont survécu, afin de prélever divers échantillons. Il tombe alors sur un message énigmatique: ON L'A FAIT, assorti d'un sigle représentant 12 singes. Ce vestige pourrait être la marque distinctive de ceux qui, autrefois, ont répandu le virus dévastateur. Satisfait de ses capacités, les scientifiques incitent Cole, en échange d'une remise de peine, à voyager dans le passé afin de retrouver l'origine du fléau. Mais une erreur de manipulation est commise, et James se retrouve en 1990 au lieu de 1996...


MON AVISDès Brazil (1985), l'ex-Monty Python Terry Gilliam nous avait offert une vision futuriste où délire visuel et sens du grotesque se mariaient à un pessimisme noir, sorte de remise à jour déjantée de l'univers kafkaïen. Que restait-il en effet de cet âge d'or des années 70, où humour, amour et liberté tout azimut semblaient pouvoir marcher main dans la main? Plus grand chose à vrai dire, le non-sens ayant échappé aux mains des bouffons géniaux pour réintégrer la poigne de leurs rois sinistres... 

Hanté par le spectre menaçant d'un monde totalitaire, mais toujours fidèle à ses idéaux, Terry Gilliam entreprend depuis lors de célébrer de film en film ces individus qui, réputés fous, continuent envers et contre tout à porter une flamme d'espoir et de liberté, et ce jusqu'à cet emblématique Don Quixote, qui, comme un fait exprès, n'aura finalement pu voir le jour. Adoptant une structure en boucle que lui-même cultive systématiquement, La Jetée de Chris Marker, classique court-métrage de 1963, allait alors fournir l'occasion au réalisateur, à travers la réécriture et les développements opérés par David et Janet Peoples, de dresser un nouveau bilan du désastre contemporain, la menace biologique ayant succédé au péril nucléaire.

Parmi les importantes différences qu'on peut dénombrer entre La Jetée et L'armée des 12 Singes, les plus évidentes se situent au niveau formel. Terry Gilliam ne s’appelant pas Gus Van Sant et ne souhaitant ni fournir un simple remake ni un film expérimental, il laisse à Chris Marker la gloire de son superbe montage photographique en noir et blanc, et abandonne bien entendu la voix off qui en guidait la lecture. Combinée à la complexité accrue du scénario, l'approche des événements et leur progressive reconstitution est alors confiée directement aux personnages et aux spectateurs, d'une façon parfaitement traditionnelle.

Au premier visionnage, rares seront pourtant ceux qui n'auront pas été déroutés, ayant l'impression bizarre d'avoir raté un épisode quelque part. Car si les ellipses qui mènent d'une époque à l'autre, quoique discrètes, sont parfaitement lisibles, Gilliam entretient à loisir la confusion en introduisant ironiquement l'erreur dans les voyages temporels et dans l'interprétation des événements, comme par exemple sur les trois premiers quarts du film, la suspicion de folie concernant James Cole, ou encore les étranges ressemblances entre futur et passé : les savants de l'an 2035 faisant écho aux psychiatres, la console IRM au module spatio-temporel, etc...

Il faut aussi souligner le choix très habile du casting principal. A l'époque, Bruce Willis était déjà étiqueté comme héros enquêteur (policier, détective privé ou autre), ce qu'il est de nouveau dans L'armée des 12 Singes, à cela près qu'il y délaisse toute aura triomphante. Simple prisonnier n'ayant guère d'autre choix que d'obtempérer, il est victime (voire martyre) et non justicier. Malgré quelques explosions de violence, il incarnera jusqu'au bout la souffrance et le désemparement, hésitant entre renoncement, pugnacité et servilité. Madeleine Stowe, quant à elle, ayant particulièrement brillé dans le thriller Blink, Gilliam ne se prive pas d'en jouer, donnant plusieurs fois la fausse impression que James Cole pourrait n'être finalement qu'un serial-killer et son histoire de fin du monde, une affabulation pathologique montée de toutes pièces.

Ces éléments ajoutés les uns aux autres contribuent à la déstabilisation générale (on pense au temps hors de ses gonds de William Shakespeare, mais aussi aux spirales de Sueurs Froides auquel le film rend hommage), et s'intègrent parfaitement à la dénonciation gilliamienne, à la fois désinvolte et acerbe, de la science (psychiatrique ou non), qui rime ici avec incompétence et ne cherche en tout temps, semble-t-il, qu'à préserver ses préjugés, au point de rater sa véritable cible et de porter une responsabilité considérable dans le chaos qu'elle était censée conjurer.

Souterrains, grilles, barreaux, ruines, cellules, taudis, crasse, désinfection, emprise psychique, désorientation, incrédulité, folie, prophétie, misère, microbes, mutilation, extermination, voilà, de 2035 au rebours des années 90, le beau portrait de l'humanité que nous peint Terry Gilliam, qui à travers la voix de Kathryn Railly assume totalement son complexe de Cassandre (Il s'agit donc d'une angoisse de l'anticipation doublée de l'impuissance à empêcher le malheur, merci docteur).

Au travers de dominantes bleues, jaunes ambrées (couleurs dont Gilliam partage le goût avec Guillermo Del Toro) ou blafardes, une orgie d'écheveaux métalliques, de craquelures et de détritus mangée de ténèbres s'est mise à proliférer dans des décors baroques et inhumains, déclinés dans des cadres obliques et des mouvements vacillants, où l'esprit ne colle plus au réel que dans un triste constat: rien ne va plus.

Ici c'est le personnage incarné par Brad Pitt, Jeffrey Goines, qui au fil de discours survoltés et de brillants assauts de folie, se charge de porter noir sur blanc l'analyse globale de la tournure qu'a pris le monde. Si on y regarde bien, il ne s'agit de rien d'autre que la réitération des critiques que l'on pouvait entendre dans les mouvements contestataires de la fin des années 60 - mais pourquoi en changer, puisque les choses n'ont fait qu'empirer? Gilliam abat d'ailleurs ici une carte bien amère, faisant peser tout du long l'inquiétude de voir des écologistes verser à leur tout dans l'extrémisme, pour finalement pointer du doigt la nécessité humiliante du compromis et la beauté dérisoire d'un projet...

D'ailleurs, que peut bien vouloir sauver James Cole de ce monde décrépit où il n'arrive qu'à baver, pleurer et saigner ? Un peu d'air pur, deux ou trois airs de jazz témoignant d'une époque révolue (on a rarement vu Bruce Willis dégager autant d'émotion), une farce d'écolos givrés et le baiser d'une femme qui hantait ses rêves, tout comme le héros de La Jetée ne cherchait qu'à retrouver le plaisir simple de l'instant qui passe. Bref, juste de quoi faire d'un homme autre chose qu'un numéro bien dressé. Mais tout cela, peut-être, peut-être, en pure perte...

Maîtrisé de bout en bout, complexe et touffu comme un véritable roman de science-fiction, L'armée des 12 Singes est un grand classique des années 90 (doté, cela dit en passant, d'une musique inoubliable). Et sans doute ne sera-t-il jamais vain d'y retourner, de le revoir, en espérant à chaque fois que nous comprenions encore le sens de son dernier regard d'enfant...




Stéphane JOLIVET