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BLACK SHEEP (2006)


L'HISTOIRE : Traumatisé dans son enfance par une mauvaise blague de son frère, Henry a désormais une peur bleue des moutons. Après quinze années d’absence, il décide sur les conseils de sa psy de revenir à la demeure familiale, une vaste ferme d’élevage de moutons où il retrouve la gouvernante Mrs Mac et son frère Angus, qui s’est spécialisé dans l’élevage avec l’aide de la génétique. Au même moment, Grant et Expérience, deux jeunes activistes luttant contre les expériences de laboratoires, dérobent un petit container contenant un embryon issu des nombreuses manipulations génétiques menées par les scientifiques d’Angus. Grant brise accidentellement le container et l’embryon de moutons s’échappe, après avoir préalablement mordu Grant et d’autres moutons. Les conséquences de ces morsures vont vite se révéler catastrophiques, transformant les gentils moutons en bêtes affamées et avides de viande…


MON AVIS : Il fallait oser ! Détourner l’emblème de la Nouvelle-Zélande, à savoir le sympathique mouton, pour le transformer en créature terrifiante et assoiffée de sang, quelle idée ingénieuse et originale ! Originale, pas tant que ça en fait puisqu’un film de 1973 avait déjà fait muter cet animal en un monstre horrible, dans Godmonster of Indian Flats de Fredric Hobbs. Mais bon, comparer au nombre de films mettant en scène des requins ou des serpents par exemple, on peut dire que Black Sheep et ses moutons tueurs demeure bel et bien une pièce d’exception dans la catégorie des films d’agressions animales.

La genèse de Black Sheep repose entièrement sur son réalisateur Jonathan King. Il écrit un premier scénario du film dans lequel se trouvent déjà tous les personnages clés et la plupart des situations présentes dans le film. Après avoir travaillé son scénario de nombreux mois, il décide de le présenter et d’essayer de trouver un producteur qui serait intéressé ainsi que des subventions. Coup de bol, une productrice est enthousiasmée par cette idée farfelue, de même que la commission des films de Nouvelle-Zélande qui décide d’apporter son aide à Jonathan King. Le scénario est retravaillé avec l’aide de spécialistes et nouveau coup de chance en faveur de Jonathan King, la Weta Workshop, société spécialisée dans les effets spéciaux fondée en 1986 par Richard Taylor et à l’origine des effets sur la trilogie du Seigneur des Anneaux et de King Kong (2005) de Peter Jackson entre autres, se montre très réceptive également et propose son aide. Le budget du film n’étant pas celui de la trilogie consacrée à l’univers de Tolkien évidemment, la Weta décide de faire les effets spéciaux à l’ancienne et de ne pas abuser des images de synthèse. On se retrouve donc en présence d’un film qui sent bon les années 80, avec prothèses, faux sang, moutons réalisés en animatronique se mélangeant avec les vrais animaux, maquettes et autres trouvailles délirantes qui augmentent considérablement le capital sympathie de Black Sheep, qui n’est pas sans rappeler les premières œuvres de Peter Jackson justement, et notamment son délirant Bad Taste.

Maintenant, avoir des professionnels à son service, un scénario bien écrit et des idées loufoques ne suffisent pas toujours à faire un bon film. Surtout que Jonathan King n’a réalisé que des clips, des publicités et des courts-métrages jusqu’ici. Mais l’homme est tellement impliqué dans son projet qu’il va rapidement communiquer sa bonne humeur à l’ensemble de l’équipe, qui va donner le meilleur d’elle-même. Et il montre également un talent certain dans la mise en scène, transformant un projet pas gagné d’avance en une très belle réussite de la comédie horrifique, qu’on rangera aisément au côté de classiques du genre tels Le Loup-Garou de Londres, Bad Taste, Evil Dead 2 ou plus récemment Horribilis par exemple.

Dire qu’on se marre devant Black Sheep est ce qu’on appelle une vérité vraie ! Le film est ultra fun, divertissant, et les quelques légers passages moins rythmés n’empêchent pas d’accrocher le spectateur qui en redemande et veut en voir encore plus !

Il faut dire que le spectacle est bien présent et qu’on ne soupçonnait pas nos amis animaux laineux d’être aussi féroces et voraces ! Morsures diverses, gorge arrachée, intestins sortis du ventre et autres joyeusetés gores s’étalent sur l’écran dans une bonne humeur communicative et le mélange des vrais moutons avec les créatures robotisées créées par Weta Workshop est franchement bien géré, même si on devine dans certaines scènes qui sont les vrais des faux. Mais dans un film comme celui-ci, je dirais que ça n’a pas beaucoup d’importance et que le fait d’avoir des animatroniques qu’on devine est même un plus car ça augmente le côté loufoque des situations, les rendant encore plus irréelles et hilarantes.

En bon fan du genre, Jonathan King n’a pas oublié de faire quelques petits clins d’œil aux films cultes du répertoire. Par exemple, le retranchement des personnages principaux dans la maison et le festin anthropophage auquel se livrent les moutons carnassiers et les humains mutants au dehors nous renvoient directement à certaines séquences de La Nuit des Morts Vivants de George Romero. La transformation d’Angus, le frère du héros, en mouton mutant nous rappelle des scènes similaires vues dans Le Loup-Garou de Londres ou dans Hurlements. L’attaque démente de la horde de moutons pendant une conférence en plein air évoquera à l’amateur l’attaque de l’alligator venu faire son repas durant un mariage dans L’incroyable Alligator de Lewis Teague. Toutes ces références jouent en faveur de Black Sheep car elles ne prennent pas le dessus sur les idées originales du film lui-même.

Autre force du métrage, outre le très bon dosage entre humour et gore, les personnages principaux joués par des acteurs quasi inconnus, qui nous apparaissent fort sympathiques et que l’on prend vraiment plaisir à suivre dans leurs sanglantes péripéties. Henry est impayable lorsque sa phobie des moutons prend le dessus, son pote Tucker n’est pas mal non plus dans son genre, et la jolie héroïne du film en sort de bonnes aussi, comme lorsque la vieille dame lui demande en lui présentant un fusil si elle a déjà fait cracher un tromblon et qu’elle répond pas un comme ça. De l’humour décapant, parfois irrévérencieux, mais toujours généreux et fort bien amené dans la majorité des cas. Un humour qui sait aussi se faire discret lorsqu’il le faut. La rivalité et l’antipathie, que se vouent les deux frères, ne prêtent pas à sourire par exemple. Certaines situations font également abstraction de cet humour afin de mieux emmener le spectateur dans un climat de tension. Mais reconnaissons que dans l’ensemble, c’est bien les fous rires qui auront le dernier mot lors de la vision du film. Ce mélange de comédie-horreur a d’ailleurs été fort bien accueilli puisque Black Sheep a reçu le Prix du Jury et le Prix du Public lors du festival de Gérardmer 2007 !

Sous son aspect délirant et gore, Black Sheep n’en oublie pas de dresser un amère constat sur le risque des manipulations génétiques et les conséquences qu’elles peuvent entraîner en cas de non respect des règles d’éthique. Un thème qui avait déjà donné lieu à un très bon film en 2005, Isolation. Le film de Billy O’Brien est un peu le versant sérieux de Black Sheep car son but premier était de terroriser le public avec son animal mutant. Jonathan King n’a pas du tout la même approche mais les deux films méritent plus qu’un simple coup d’œil.

Si vous aimez les situations abracadabrantes, les délires à la Bad Taste et voir des moutons dévorer tout ce qui passe à leur portée dans de très beaux paysages, ruez-vous sur Black Sheep, fou rire et jubilation avec geyser de sang en prime sont garantis !


Titre français : Black Sheep
Titre original : Black Sheep
Réalisateur : Jonathan King
Scénariste Jonathan King
Musique Victoria Kelly
Année : 2006 / Pays : Nouvelle-Zélande
Genre : Attaques animales, comédie horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec Nathan Meister, Danielle Mason, Tammy Davis, Peter Feeney, Oliver Driver...




Stéphane ERBISTI

BAD TASTE (1987)

 

Titre français : Bad Taste
Titre original : Bad Taste
Réalisateur : Peter Jackson
Scénariste : Peter Jackson, Tony Hiles, Ken Hammon
Musique Michelle Scullion, Jay Snowfield
Année : 1987
Pays : Nouvelle-Zélande
Genre : Gore
Interdiction : -12 ans
Avec : Terry Potter, Pete O'Herne, Craig Smith, Mike Minett, Peter Jackson…


L'HISTOIRE : Une petite ville côtière de Nouvelle-Zélande est le théâtre d'une invasion extraterrestre. Les Aliens, sous apparence humaine, ont décidé d'utiliser les habitants comme viande de première qualité pour leur fast-food spatial. Heureusement, une bande de copains va tenter de les stopper par tout les moyens...


MON AVISQu'il est étonnant le parcours de Peter Jackson ! Comme Sam Raimi, qui a suivi la même évolution de carrière, le jeune Peter, qui habite en Nouvelle-Zélande, dispose d'un talent inné pour la mise en scène, est passionné par la caméra et les effets-spéciaux depuis son plus jeune âge, a débuté par le cinéma d'horreur indépendant à très petit budget avant de se voir offrir des ponts d'or par les studios afin de réaliser des blockbusters ! Dès que ses parents ont eu un caméra 8mm, Peter Jackson s'est mis à réaliser des tas de petits courts métrages inventifs avec ses copains. Il s'achète ensuite une caméra Bolex 16mm et décide de transformer un de ses courts métrages en film. Il réunit des amis, qui seront tout aussi bien acteurs que techniciens, et pendant quatre longues années, il filme chaque week-end, avec parfois des pauses de cinq mois, ce qui deviendra Bad Taste

Gonflé en 35mm, Peter Jackson part proposer son film au marché du film à Cannes en 1988, sans grande conviction, et revient au pays ravi, le film ayant été acheté dans divers pays dont la France ! Bad Taste gagnera petit à petit ses galons de film gore culte à travers ses diverses diffusions dans des festivals (il récoltera le prix du Gore au festival du Rex) et va acquérir une horde de fans à travers le monde lors de son exploitation en VHS puis en DVD. Quand on voit la saga du Seigneur des Anneaux et qu'on se rappelle de Bad Taste, on peut vraiment dire que Peter Jackson est parti de loin, de très loin même. 

Car ce premier film possède un côté vraiment amateur, notamment dans le jeu des acteurs (tous des potes du réalisateur, qui ont juste voulu l'aider dans son projet et qui n'ont pas poursuivi dans la voie du cinéma ensuite pour la majorité). Mais derrière cet aspect amateur se cache bien d'autres choses qui font de Bad Taste une expérience peu ordinaire dans laquelle le système D est le maître-mot. Il suffit de regarder le making-of du film pour se rendre compte du génie créatif de Peter Jackson

Avec trois bouts de ficelles, des tubes d'acier, du bois, du latex et un max de débrouillardise, Jackson et ses amis ont construit une grue pour leur caméra, des rails pour les travelling, une steadycam de fortune mais qui fonctionne à merveille, des maquettes réalistes et surtout des effets spéciaux gores et de maquillage qui fonctionnent encore très bien aujourd'hui et qui sont réellement d'une ingéniosité à toute épreuve. On le sait, Peter Jackson voue un culte aux artisans des effets spéciaux et notamment à ceux qui utilisent la stop-motion, comme Willis O'Brien ou Ray Harryhausen. Il a puisé dans son imagination mais aussi dans les nombreux films qu'il a vu pour imaginer et concevoir le look de ses extraterrestres, leurs masques et prothèses animés par des câbles, les armes du film (toutes factices et bricolées mais c'est quasiment indétectable à l'écran !) et les effets gores bien sûr. 

Un talent fou au service d'une histoire d'invasion extraterrestre rigolote donc, dans laquelle un groupe de quatre personnes au service du gouvernement va devoir tout faire pour sauver le monde. Quatre héros qui vont bien nous faire rire à travers des péripéties souvent loufoques, déjantées et dans lesquelles l'humour noir côtoie un gore décomplexé qui n'hésite pas à verser dans le répugnant et le vomitif. Mais toujours dans la bonne humeur, ce qui permet à Bad Taste de marquer des points et d'amuser plus qu'il ne dégoûte en fin de compte, même si certaines scènes donnent parfois la nausée, comme cette dégustation de vomi d'un vert peu appétissant (la petite Regan MacNeil de L'Exorciste à là un sérieux concurrent !) mais qui semble tout à fait au goût d'un de nos quatre héros ! A se pisser dessus ! 

Explosions de cervelles, tête coupée, bras arraché, corps coupé en deux et j'en passe, Peter Jackson nous offre un véritable festival de gore festif qui font de Bad Taste, en 1988, le film le plus gore jamais fait. Une consécration qui sera pulvérisée en 1992 par le même Peter Jackson et son génial Braindead

En l'état, Bad Taste est un pur film récréatif, qui souffre tout de même d'une certaine répétitivité dans ses rebondissements, de scènes d'action réalisées avec les moyens du bord et qui, il faut bien le reconnaître, font un peu nanar, d'un rythme pas toujours enlevé mais comme déjà dit, c'est cet aspect bricolage qui fait tout le charme du film. 

Si vous n'avez jamais vu Bad Taste mais que vous connaissez la majorité des films de Peter Jackson, nul doute que vous allez avoir la mâchoire qui va se détacher devant le résultat. A noter que le réalisateur interprète deux personnages dans son propre film, celui de l'hilarant Derek et son bout de crâne qui tombe, et celui de Robert l'extraterrestre ! 




Stéphane ERBISTI

ALIEN COVENANT (2017)

 

Titre français : Alien Covenant
Titre original : Alien Covenant
Réalisateur : Ridley Scott
Scénariste Dante Harper, John Logan
Musique : Jed Kurzel
Année : 2017
Pays : Usa, Angleterre, Australie, Nouvelle-Zélande
Genre : Extraterrestre, science-fiction
Interdiction : -12 ans
Avec Michael Fassbender, Katherine Waterston, Billy Crudup, Danny McBride...


L'HISTOIRE : Les membres d’équipage du vaisseau Covenant, à destination d’une planète située au fin fond de notre galaxie, découvrent ce qu’ils pensent être un paradis encore vierge. Il s’agit en fait d’un monde sombre et dangereux, cachant une menace terrible. Ils vont tout tenter pour s’échapper...


MON AVISSûrement beaucoup plus vendeur au niveau de son titre, Prometheus 2 devient donc Alien Covenant, du nom du vaisseau spatial présenté ici et qui parcours l'univers avec à son bord un équipage et 2000 colons. Un voyage spatial qui fait suite à une introduction assez déconcertante mais qui a pour mérite de présenter le véritable enjeu du film, sa véritable thématique : l'origine de la vie, sa création. Le dialogue entre un humain et sa création, David, toujours interprété par Michael Fassbender (qui aura un double-rôle), dans un décor sobre et on ne peut plus épuré, pose les bases de ce que va être Alien Covenant. Une sorte de relecture du mythe de Frankenstein, dans laquelle on découvre qui est à l'origine de l'existence des xénomorphes, ces terribles prédateurs qui sont donc nés des suites de multiples expériences que n'auraient pas renié le célèbre docteur cité plus haut.

Des réponses, Ridley Scott en livre donc pas mal dans Alien Covenant, à grands coups de sentences métaphysiques parfois pompeuses mais jamais inintéressantes. Il reprend également quelques thèmes qui ont fait le succès de son chef-d'oeuvre, Alien le Huitième Passager : voyage spatial, équipage en hyper-sommeil, réception d'un message en provenance d'une planète inconnue, exploration de ladite planète par exemple. La vision de la bande-annonce m'avait même fait penser à un remake, c'est dire si les hommages sont frappants et reconnaissables. Pourtant, Alien Covenant s'extirpe assez habilement de ce côté remake et parvient à gagner sa propre identité. Très nihiliste, sombre et violent, le film ne lésine pas sur la violence et l'accouchement des petits mais mortels chestbursters se fait dans la douleur, c'est le moins que l'on puisse dire. Il en va de même pour les attaques de xénomorphes, parfaitement mises en scène, d'une fluidité parfaite et d'une brutalité exquise. Peu nombreuses toutefois, les spectateurs s'attendant à voir un nouvel Aliens le Retour en seront pour leur frais.

Alien Covenant ne joue clairement pas dans cette catégorie de films fun et bourrin mais préfère prendre son temps, se montre contemplatif et volubile avant de déclencher les hostilités. Le film possède de nombreuses qualités mais aussi des défauts, à commencer par un choix de casting discutable. L'héroïne, interprétée par Katherine Waterston, ne m'a guère convaincu, je l'ai trouvé assez fade. Il y a également pas mal de longueurs, qui m'ont un peu sorti de l'ambiance. Une ambiance pourtant bien travaillée la majeure partie du temps et qui réserve son lot d'émotions fortes. On appréciera l'hommage rendu par Ridley Scott au génial H.R.Giger (décédé en 2014) à travers des croquis et des design de toute beauté. Si la scène de la douche semble sortir tout droit d'un slasher movie et reste discutable dans ce film, le final est par contre remarquable et d'une maîtrise totale.

Alien Covenant semble diviser les spectateurs, de par sa tonalité et son approche. Une approche audacieuse mais qui pourra déstabiliser effectivement. En tout cas, pour ma part, c'est loin d'être le navet annoncé par certains et même si je n'ai pas adhéré à 100% au film, il reste un long métrage de qualité, certes pas parfait, mais largement au dessus de la moyenne. Plus qu'à attendre la suite...




Stéphane ERBISTI

ABERRATION (1997)

 

Titre français : Aberration
Titre original : Aberration
Réalisateur : Tim Boxell
Scénariste : Scott Lew, Darrin Oura
Musique : Plan 9
Année : 1997
Pays : Nouvelle-Zélande
Genre : Attaques animales
Interdiction : -12 ans
Avec Pamela Gidley, Simon Bossell, Valeri Nikolayev, Helen Moulder, Norman Forsey...


L'HISTOIRE : Amy Harding retourne vivre dans la maison de son enfance, une cabane perdue dans la forêt d'un petit village enneigé, avec son petit chat comme seul compagnon. Elle fait la connaissance de Marshall, un jeune biologiste qui enquête sur la disparition mystérieuse des animaux de la faune locale, due selon lui à l'utilisation d'un pesticide interdit. Bientôt, nos deux héros vont vite découvrir que le pesticide a transformé de simples lézards en petits monstres très agressif, mélange d'iguane, de serpent et de lézard. Des aberrations de la nature, qui vont transformer les paisibles vacances d'Amy en vrai cauchemar...


MON AVISJe n'attendais pas grand-chose de ce film, acheté pour un euro en DVD. La surprise est d'autant plus grande qu'il s'agit d'un sympathique petit film d’agressions animales, genre très en vogue dans le cinéma d'horreur.

Aberration nous présente donc une nouvelle espèce carnivore particulièrement redoutable, dotée du corps des lézards, la mâchoire garnie de dents aussi affûtées qu'un rasoir, pouvant cracher du venin comme les serpents, ayant des griffes aux bouts des pattes. Ces petits animaux ont en plus le pouvoir de s'adapter à leur environnement et de muter en fonction des situations qu'ils rencontrent. Des sales bêtes en langage clair, qui en plus se déplacent très rapidement et peuvent vous sauter à la figure en un éclair ! Comme quoi, les rats et les souris sont peut-être préférables dans une cabane !

Tim Boxell place donc son héroïne dans un environnement austère, une cabane perdue dans un paysage montagneux, où une tempête de neige la coupe encore plus du monde extérieur. Il lui adjoint un chat, idée pas si idiote que ça, car le félin va rapidement nous faire comprendre qu'il y a des vilaines bébêtes dans la cabane et dans les environs, et donc, faire monter le suspense d'un cran. Il utilise au début du film la vue subjective pour nous mettre à la place des créatures et donc nous cacher leurs apparences, ne nous montrant que leurs gueules et leurs griffes, qu'un pauvre chien va tester, malheureusement pour lui. Lorsque Amy se retrouve en compagnie de Marshall dans sa cabane, on a droit à une sorte de huis-clos, qui évoque le film Terreur à Domicile avec Peter Weller.

Les deux acteurs sont bien en place, Pamela Gidley, qui incarne Amy et qu'on avait vu dans la série Twin Peaks, s'en sort très bien, se montre très débrouillarde face aux situations imprévues et possède un bon charisme. Simon Bossell joue le rôle d'un biologiste un peu simplet, gentil garçon toujours prêt à rendre service, qui devra prendre sur lui pour lutter contre les petits monstres.

Bref, tous les éléments sont présents pour nous faire passer un bon moment. Et c'est ce qui se passe pendant la première heure du film. Et puis, le réalisateur ajoute une sous-intrigue à son histoire, qui je pense n'était pas essentielle et fait retomber le film dans la classique histoire policière de la jeune femme qui a dérobé de l'argent à son ancien compagnon, et celui-ci finit bien évidemment par la retrouver. Un troisième personnage fait donc irruption dans la cabane, bien déterminé à récupérer son magot. Une menace de plus sur Amy et Marshall, qui n'avaient pas besoin de ça ! Lors de l'attaque des créatures, Tim Boxell fait exécuter à ce troisième personnage armé de pistolets des sortes de ballets qu'on croirait issus d'un film de John Woo. C'en est même limite ridicule et n'apporte pas grand chose à l'histoire. On assistera néanmoins à la scène la plus gore du film où une créature pénètre dans le cerveau du personnage pour ressortir par sa bouche avant d'être explosé d'un coup de pistolet ! Du gore gentillet mais efficace.

Mis à part ce passage plutôt inutile et qui diffère de l'ambiance du reste du métrage, Aberration n'a rien d'un mauvais film, se révèle plaisant, bien interprété, les créatures sont bien conçues même si on sent parfois le caoutchouc qui compose leurs corps. Je vous le conseille donc lors d'une soirée pluvieuse où il n'y aurait rien à la télé...




Stéphane ERBISTI

ABC OF DEATH 2 (2014)

 

Titre français : ABC Of Death 2
Titre original : The ABC's of Death 2
Réalisateur : Divers
Scénariste : Divers
Musique : Divers
Année : 2014
Pays : Usa, Nouvelle-Zélande, Japon, Israël, Canada, Nigeria
Genre : Film à sketches
Interdiction : -12 ans
Avec Eric Jacobus, Andy Nyman, Simon Barrett, Ben Maccabee, Jason Cabell...


L'HISTOIRE : 26 lettres de l’alphabet. 26 histoires. 26 façons de mourir. Chaque réalisateur de chaque sketch proposé dans ABC of death 2 s’est vu attribuer une lettre par laquelle commencera le titre de son segment horrifique...


MON AVIS En 2012 apparaissait en festival puis en direct-to-video un certain ABC of death (autrement dit l’abécédaire de la mort). Compilation de 26 histoires horrifiques mettant en scène pour chacune d’elles une mort originale avec comme seules contraintes un budget de 5000€ par segment et une lettre de l’alphabet par laquelle doit commencer le titre de chaque sketches, ABC of death reçut un bon (voire très bon) accueil là où il se présenta. Un succès tel qu’une suite vit le jour deux ans plus tard sous le titre peu original mais suffisamment explicite ABC of Death 2.

Une suite qui reprend exactement les mêmes ingrédients que l’opus précédent. Toujours 26 lettres de l’alphabet, toujours 26 personnalités du cinéma fantastique qui doivent livrer une histoire dont le titre commence par la lettre décernée. Des personnalités qui proviennent cette fois encore des quatre coins du Globe mais dont les noms ne vous parleront pas systématiquement à chaque segment, à l’inverse d’un premier opus qui comprenait peut-être plus de tête connues.

Parmi les têtes d’affiches proposées ici, nous pourrons bien-entendu citer Vincenzo Natali (Cube, Cypher, Splice) mais aussi Evan Louis Katz (Cheap Thrills), Aharon Keshales (Rabies), les Soska Sisters (American Mary, See no Evil 2), Alejandro Brugués (Juan of the Dead), Jim Hosking (The Greasy Strangler), Steven Kostanski (The Void) ou encore le duo frenchy Alexandre Bustillo et Julien Maury (A l’intérieur, Livide, Aux Yeux des Vivants...) qui en profitent pour rejouer avec Béatrice Dalle.

Présenté durant les festivals français de Strasbourg et de Gérardmer, ABC of death 2 rassemble des réalisateurs, producteurs, scénaristes ou encore maquilleurs qui se lancent donc dans ce nouveau défit artistique avec plus ou moins de réussite...

Après un premier opus réussi et ayant marqué les esprits par le biais de certains segments fort réussis, cette suite de l’abécédaire de la mort nous propose à nouveau quelques bonnes surprises.

Dans un devoir de synthèse, et surtout pour éviter toute énumération longue et pompeuse, je ne reviendrai pas sur chacun de ces 26 sketches mais je vais plutôt revenir sur les particularités de ce second opus, ses points forts comme ses points faibles... Bref les faits marquants !

Là encore, nous constatons aisément que les réalisateurs de chaque segment ont eu droit à une totale liberté artistique. Croquis, dessins animés d’animation ou plus communément films : à chacun sa façon de narrer une petite histoire devant durer 3 à 7 minutes.

Jouer la carte du gore (Z comme Zygote), du trash (Y comme Yeux de la jeunesse, T comme Torture porno), du mauvais goût (X comme Xylophone), de la torture (J comme Jésus, I comme Invincible), de l’heroïc fantasy (W comme Wargame), du sexe (V comme Vacances), de l’absurde (G comme Grandpa), du fantaisiste (P comme P-p-p-p, H comme Histoire de prise de tête), du thriller (S comme Séparés), du futurisme (U comme Utopie), du zombie movie (O comme Ochlocratie), du politico-religieux (F comme Fatale chute). Là encore à chacun sa manière de mettre en scène, toujours avec humour, une mise à mort originale !

Mais vous vous en doutez certainement : les films à sketches présentant souvent (pour ne pas dire toujours) des histoires inégales, ABC of Death 2 n’échappe pas à la règle et nous livre ici des segments pouvant aller du pire au meilleur. Toutefois il est agréable de constater que nous avons là un bien plus grand nombre de sketches divertissants que dans le premier opus. En effet, alors que son aîné nous proposait beaucoup d’histoires maladroites (certaines un brin longuettes, d’autres bâclées et sans grand intérêt, et enfin certaines à la limite du hors-sujet) cassant le rythme général, ABC of Death 2 nous parait plus homogène d’un point de vue qualitatif.

Alors même si ce second opus ne gagne par forcément des points sur l’aspect originalité (les segments les moins recherchés étant C comme Condamnation à mortU comme Utopie et H comme Histoire de prise de tête), il en gagne indéniablement sur l’aspect divertissement.

En effet, à l’inverse de ABC of Death premier du nom, rares sont ici les segments dispensables (pour ne pas dire ratés), ces derniers se comptant sur les doigts d’une seule main à notre grande surprise (K comme Kaput et H comme Histoire de prise de tête principalement) et se retrouvent contrebalancés par des sketches rythmés, drôles et sacrément divertissants. Alors certes l’originalité bat moins son plein ici mais on s’amuse plus ou en tout cas, on s’ennuie moins !

D’ailleurs, force est de constater qu’à l’instar de ABC of Death, ce sont une fois de plus les asiatiques qui sortent leur épingle du jeu en nous en mettant plein les mirettes et en jouant la carte la plus flagrante de l’originalité dans cet opus! Alors que O comme Ochlocratie nous plonge en plein tribunal où des zombies jugent une humaine normale car cette dernière a tué des morts-vivants, I comme Invincible nous montre la torture d’une pauvre mère devenue immortelle par des enfants désireux de toucher l’héritage, tandis que Y comme Yeux de la jeunesse nous fait vivre les vilaines pensées d’une jeune fille qui imagine les pires atrocités qu’elle pourrait faire subir à ses parents qu’elle ne supporte plus (un film réalisé par le maquilleur Soichi Umesawa baignant dans un trash bienvenu et des effets spéciaux parfois grand-guignolesques rappelant les productions Sushi Typhoon et plus particulièrement les cinémas de Noboru Iguchi et Yoshihiro Nishimura).

Démarrant de bien belle manière (l’introduction avec son livre qui dévoile des pages morbides est réussie et macabre à souhait), ABC of Death 2 joue la carte du divertissement et de l’humour avec un rythme fort soutenu (les rares sketches dispensables sont vite oubliés, gommés par d’autres segments punchy qui s’enchaînent relativement bien) plutôt que la carte de l’originalité (tout l’inverse de son aîné en quelque sorte).

Après quelques sketches gentillets où l’humour fait mouche sans grande difficulté (A comme Amateur et son tueur à gage fort maladroit, B comme Blaireau avec ses vilaines bébêtes qui s’attaquent à un journaliste détestable, E comme Equilibre avec ses deux Robinson Crusoé un brin décalés), ABC of Death 2 enchaîne ensuite des segments relativement différents les uns des autres de par les thématiques abordées (absurde, torture, thriller...) pour finir sur un bloc de 5 sketches réussis (les lettres V à Z) mêlant humour et scènes sanglantes et/ou trash (Z comme Zygote finira en apothéose, dans des flots de sang et d’effets spéciaux saisissants, cet abécédaire de la mort).

POUR FINIR :
S’il fallait retenir certains segments de ABC of Death 2, ce serait pour ma part :
- A comme Amateur : pour son côté clipesque et son montage soigné)
- G comme Grandpa : un Jim Hosking qui annonce ici The Greasy Strangler de bien belle manière -> trash, absurde, nudité gériatrique, mauvais goût et excentricité sont de la partie)
- O comme Ochlocratie : un tribunal de zombies jugeant des humains normaux !
- S comme Séparés : un thriller monté en split-screens avec un final inattendu
- V comme Vacances : entre sexe, tromperie, vengeance et violence sanguinaire
- W comme Wargame : pour son côté héroïc-fantasy et son univers mêlant fantastique, kitsch et gore/trash
- Y comme Yeux de la jeunesse : car le grand-guignolesque omniprésent, servi par des effets spéciaux à la Sushi Typhoon, fait un bien fou
- Z comme Zygote : pour son côté irréaliste et sa séquence d’accouchement très gore




David MAURICE

ABC OF DEATH (2012)

 

Titre français : ABC Of Death
Titre original : The ABC's of Death
Réalisateur : Divers
Scénariste : Divers
Musique : Divers
Année : 2012
Pays : Usa, Nouvelle-Zélande
Genre : Film à sketches
Interdiction : -12 ans
Avec : Erik Aude, Kyra Zagorsky, Dallas Malloy, Darenzia, Sarah Borepeaux…


L'HISTOIRE : 26 réalisateurs, 26 façons de mourir. 26 cinéastes proposent 26 courts métrages horrifiques, développés à partir de chacune des 26 lettres de l'alphabet...


MON AVISInutile de revenir sur le revival avéré des films omnibus, comme l'attestaient si bien The Theatre Bizarre et Chillerama : cependant, la performance et le concept même d'ABC of Death est une nouvelle étape jouissive dans ce format relativement risqué. Alors que la plupart des anthologies n'excèdent pas cinq ou six histoires, ABC of death revisite l'alphabet à son goût sur près de vingt-six courts métrages, tous d'une durée forcément très réduite (entre deux et cinq minutes en règle générale). Pas sectaire, cet omnibus de l'horreur parcourt le monde entier, allant trifouiller aussi bien du côté du Japon, de la Thaïlande ou de l'Indonésie, que de l'Australie, du Mexique, de la France, le tout servi par de nombreux talents récents, ayant plus ou moins leur titre de gloire.

Ce voyage infernal guidé par 26 mains et des poussières change donc de style et d'approche à une vitesse d'enfer, ce qui permet de zapper les titres les plus médiocres. Car convoquer des personnalités aussi différentes sous le joug de la série B et Z donne forcément lieu à des hauts et des bas : dans la logique du coq à l'âne, cet alphabet sanguinolent passe de courts au standing surprenant à des bidules trifouillé au téléphone portable. Parmi les moments gênants, la tentative d'Angela Bettis de confronter une horrible araignée de synthèse à un beauf, les affres aquatiques d'Andrew Traucki (à qui l'on dit pourtant Black Water et The Reef), le pitoyable Cycle (une sorte de Timecrimes sans sou tourné au fond d'un jardin) ou le très laid Miscarriage de Ti West (qui ne semblait pas plus emballé que ça vu le résultat) font quand même méchamment déchanté par leur manque flagrant d'imagination et leur pauvreté technique. Mais heureusement, l'alphabet compte bien d'autres lettres...

Contrastes des atmosphères, des cultures, des formats (du scope, de la dv, de la HD et plus loin encore de l'animation ou de la pâte à modeler !), des sensibilités aussi (bien que l'humour noir règnent en maître sur la plupart des segments) : on note pourtant des similitudes étonnantes, alors que chacun a bel et bien orchestré son oeuvre dans son coin. La courte durée pousse ainsi beaucoup à se retrancher vers le cartoon, que ce soit dans les inspirations, aussi bien littérales (Hyrdro Electric Diffusion ressemble à un Tex-Avery live...en moins drôle quand même), qu'esthétiques (Toilet et Klutz sont des dessins animés) ou dérivés (les trois segments japonais font preuve d'un humour très nippon sans queue ni-tête à base de saumurais grimaçants, de pets féminins et de phallus géant éjaculant du riz). La forme du clip se fait moins courante, sauf dans le très léché Dog (une sorte de dérivé canin de Fight Club qu'on doit au papa de Dead Girl), le très pop et déviant YoungBuck et l'étourdissant Orgasme, continuation sensuelle et morbide de l'incroyable Amer, où le binôme frenchie illustre une nouvelle fois la petite mort au sens propre comme au figuré.

En tout cas, la liberté proposée n'a pas échappé à ces nombreux petits malins : ça tourne sec autour du scato (pas moins de quatre courts tournent autour de la cuvette des chiottes !!), ça tape sur les enfants, les animaux... pour le meilleur et pour le pire. Le malaise n'est d'ailleurs jamais très loin : Xavier Gens ne fait pas dans la dentelle (quitte à se tuer dans l’œuf dès les premières secondes) dans son XXL, qui aborde sans détour les problèmes d'obésité morbide ; Pressure joue les sous-Brillante Mendoza sans grand succès, mais rien comparé au complètement siphonné Libido, réalisé par l'indonésien fou de Macabre. Une échappée dès plus malsaine évoquant parfois les pires instants de A Serbian Film (dont le réalisateur signe d'ailleurs un Removed aussi gore qu'incompréhensible), avec plus d'humour noir et moins de prétention derrière. Les très funs Quack (réalisé par un Adam Wingard sous inspiration Dupieux-esque) et WTF (qui porte trèèèèès bien son nom) remettent quant à eux en question le délire général avec un humour délicieusement non-sensique. Baroque, déconcertant, insolent et sale, ABC of Death dresse l'étendard de la décadence du cinéma d'horreur actuel, hantant à la fois sa démesure, sa folie, mais aussi ses limites.




Jérémie MARCHETTI