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BLACK WATER : ABYSS (2020)


L'HISTOIRE : Deux couples d'amis, Eric et Jen ainsi que Viktor et Yolanda, s'en vont rejoindre Cash, un ami d'Eric, qui a découvert l'entrée d'une caverne inexplorée en plein cœur de la forêt australienne. Féru de spéléologie, Eric a choisi de faire de cette découverte le thème du week-end et propose au reste du groupe de s'aventurer dans les profondeurs de la grotte. A plusieurs mètres sous terre, les cinq camarades découvrent un immense lac qui pourrait mener vers d'autres galeries souterraines. Lorsqu'un violent orage se déclare à la surface, Eric et ses amis sont surpris par une brusque montée des eaux à l'intérieur de la grotte, qui va rendre compliquée le chemin du retour. La situation va virer au cauchemar quand le groupe découvre qu'un crocodile a élu domicile dans les eaux du lac...


MON AVIS : Andrew Traucki est un réalisateur qui semble s'être spécialisé dans les films d'agressions animales, sous-catégorie très apprécié des fans de cinéma de genre. En 2007, il s'illustre avec le crocodile movie dans Black Water puis bifurque vers le shark movie avec l'excellent The Reef en 2010, s'éloigne de son domaine de prédilection avec son segment G is for Gravity de l'anthologie ABC's of Death en 2012 pour y revenir sous forme de found-footage en 2013 avec The Jungle. Après une longue pause, il revient en 2020 avec ce Black Water : Abyss et retrouve donc notre ami le saurien. Evidemment, passer après le Crawl d'Alexandre Aja n'est pas aisé, de dernier ayant proposé un film dans lequel les attaques de sauriens étaient légion. Andrew Traucki s'éloigne de ce concept de film fun et ultra dynamique pour proposer un film d'ambiance, dans lequel la notion de suspense, d'attente, de stress joue un rôle bien plus important, et dissémine avec une grande parcimonie ses quelques attaques de crocodile au sein des 94 minutes qui font la durée de Black Water : Abyss.

Le film reprend les éléments déjà vus dans des œuvres telles The Descent ou La Crypte par exemple, à savoir une expédition souterraine qui va mal se dérouler et un groupe d'amis dont certains ont des secrets inavouables à dissimuler. Après une séquence introductive nous présentant deux touristes étrangers perdus en pleine forêt australienne et qui tombe par mégarde dans la grotte qui va servir de lieu principal de l'action du film et qui vont être victime du crocodile, on passe dans la phase de présentation des cinq protagonistes de l'histoire. Deux couples d'amis donc, plus une pièce rapportée. L'une des filles, Yolanda (Amali Golden), est enceinte mais ne l'a pas encore dit à son petit ami Viktor (Benjamin Hoetjes), qui est en phase de rémission d'un cancer. L'autre fille, Jennifer (Jessica McNamee) semble chercher des informations compromettantes sur son chéri Eric (Luke Mitchell) puisqu'elle trifouille dans le téléphone portable de ce dernier. Rapidement, les couples rejoignent un ami d'Eric, surnommé Cash (Anthony J. Sharpe) et qui a découvert l'entrée de la fameuse grotte vu au début. Ce qui est bien ici, ce que cette présentation des héros ne s'éternise pas et on arrive assez rapidement à la phase de spéléologie. L'exploration de la grotte se fait également de manière assez rapide, jusqu'à la découverte du lac, une pièce circulaire souterraine immense, qui laisse peu d'endroits où avoir les pieds au sec. Un paysage enchanteur de prime abord, sauf que le spectateur sait déjà ce qui se cache sous les eaux opaques. Le suspense peut débuter.

Aidée par un orage qui provoque une brusque montée des eaux, l'ambiance anxiogène s'installe peu à peu, la progression des personnages étant grandement ralenti, de même que leur possibilité de rebrousser chemin. Pas d'alternative, il va falloir aller dans l'eau. La musique stressante , angoissante, à base de violons peut entrer en jeu et accompagner les images. On frissonne quand les corps entrent dans l'eau, et on scrute l'écran pour voir d'où va surgir notre ami le crocodile. Andrew Traucki est toujours aussi efficace en terme d'attaque animale, évitant la surenchère pour mieux se focaliser sur l'aspect réaliste de la situation.

Seulement, là où ça fonctionnait plein pot dans le premier Black Water, le réalisateur ne parvient pas à égaler son modèle, la faute à des attaques trop peu nombreuses et à une certaine lassitude qui s'installe en cours de route. Pourtant, le suspense n'est pas mauvais et fonctionne assez bien la plupart du temps, comme lorsque les héros s'immergent sous l'eau et que leur lampe fait apparaître la tête du crocodile à quelques mètres d'eux. Mais trop de scènes débutent en faisant monter l'attente du spectateur pour se clore de manière stérile et sans avoir montré le nez de notre super prédateur. Andrew Traucki ne se sert pas non plus de son décor comme il aurait pu le faire et c'est bien dommage. On aurait aimé voir notre crocodile pourchasser ses futures proies dans les galeries étroites de la grotte par exemple, chose qui ne se produit pas alors que deux personnages les empruntent pour tenter de trouver une sortie. Dommage !

Il est vrai qu'il n'y a que cinq protagonistes et qu'il faut bien les faire durer sur la longueur pour ne pas à avoir à conclure le film trop tôt. Soit. Concernant les protagonistes du film, on devinera assez rapidement ce qui cloche dans leur relation, tout étant un peu trop téléphoné pour réussir à surprendre son monde. La charmante Jessica McNamee est celle qui s'en sort le mieux et elle se montre convaincante, même lors du final qui vire dans le pur film de divertissement festif, aspect que Black Water : Abyss avait su éviter jusqu'ici. 

Au final, et même si la mise en scène est très correcte et que les images sont belles, on est un peu déçu lorsque le générique de fin se met à défiler devant nos yeux. On aurait vraiment aimé voir plus d'attaques, que le crocodile soit plus mis en avant et que cette sensation d'ennui ne prenne pas le pas face à nos attentes. Pour un crocodile movie, ça reste dans la bonne moyenne du genre mais ça aurait pu être plus transcendant je pense. On verra si Andrew Traucki relève le niveau et se montre plus inspiré dans la suite de The Reef qu'il doit mettre en scène prochainement...


Titre français : Black Water - Abyss
Titre original : Black Water - Abyss
Réalisateur : Andrew Traucki
Scénariste : John Ridley, Sarah Smith
Musique Michael Lira
Année : 2020 / Pays : Australie, Usa
Genre : Attaques animales / Interdiction : -12 ans
Avec Jessica McNamee, Luke Mitchell, Amali Golden, Benjamin Hoetjes, 
Anthony J. Sharpe...




Stéphane ERBISTI

BLACK WATER (2007)


L'HISTOIRE : Touristes en vacances, Grace, accompagnée de son mari Adam ainsi que de sa soeur Lee, décident d’aller pêcher dans la mangrove. Embarquant dans un petit bateau à moteur, ils partent avec Jim, un guide touristique et espèrent bien attraper quelques poissons et profiter du soleil radieux. Malheureusement, ils se font attaquer par un crocodile qui retourne la frêle embarcation et dévore le guide. Nos trois vacanciers parviennent à grimper sur un des nombreux arbres de la mangrove. Une seule question hante leurs esprits : comment faire pour s’en sortir vivant ?


MON AVIS : Tiens, un nouveau film en provenance d’Australie, ça mérite qu’on s’y attarde, et ce, pour plusieurs raisons :
1- L’Australie nous a souvent donné de bons films de genre : Mad Max, Death Warmed Up, Long Week end ou Wolf Creek pour les plus connus.
2- Il y a un crocodile dans le film et moi, j’aime bien les films avec des crocodiles ou autres vilaines bébêtes avec de grandes dents qui bouffent des gens.
3- Black Water a été sélectionné dans de nombreux festivals et les échos sont plutôt bons, donc tout ça, ça me donne envie.

Les films avec des crocodiles, ça me connaît. J’en ai vu pas mal, des bons et des moins bons. Pour mémoire, citons quelques titres bien connus où notre carnassier joue sa vedette : Le Crocodile de la Mort, Killer Crocodile, Killer Crocodile 2, Alligator, L’incroyable Alligator, Blood Surf, Crocodile, Crocodile 2, Supercroc, Primeval, Lake Placid ou Les Dents de la Mort par exemple. Tiens, d’ailleurs pour ce dernier, notons qu’il nous provient d’Australie également ! Tout comme le nouveau film du réalisateur de Wolf Creek qui met aussi en scène notre saurien avec Rogue - en Eaux Troubles. L’Australie et le crocodile, une belle histoire d’amour donc...

La lecture du scénario de Black Water vous aura sûrement évoqué un autre film dont le postulat est identique, seul change le lieu de l’action et la bestiole présentée. Ceux qui auront répondu Open Water - en eaux profondes et ses deux touristes perdus en pleine mer parmi les requins ont gagné toute ma sympathie, ce qui est déjà fort bien !

Effectivement, le film de David Nerlich et Andrew Traucki peut être vu comme la version crocodile de Open Water. Même envie de faire un film réaliste : pas de crocodiles ou de requins géants ou modifiés génétiquement, que du pur saurien et des purs squales ; peu de personnages ; huis clos dans un environnement hostile (la mer et ses requins, la mangrove et ses crocodiles) où le suspense monte petit à petit ; présence d’une menace d’abord invisible et qui se dévoile par la suite ; tension naissante entre les personnages qui cherchent comment s’en sortir ; situations réalistes et plausibles qui impliquent d’entrée de jeu les spectateurs qui peuvent s’identifier fortement aux personnages présents et se demander comment eux auraient réagi ; peu d’effets gores mais des marques de blessures crédibles, renforçant le côté réalité du film ; pas d’images de synthèse, que de vrais animaux, comme déjà évoqué ci-dessus, même s’il y a bien sûr des effets spéciaux dans ces deux films, principalement des incrustations via ordinateurs (pensez-vous, on va quand même pas mettre des acteurs en présence de vrais crocodiles affamés !). Bref, Open Water et Black Water joue dans la même cour, celui du cinéma vérité, basé sur des faits réels, celui du cinéma qui utilise nos peurs primales pour mieux nous terrifier. Parce que franchement, j’en connais pas un qui aimerait être à la place des personnages d’Open Water ou de Black Water. A moins d’être suicidaire ou cinglé, il vaut mieux être confortablement installé dans son canapé devant la télé que perdu au milieu de nulle part, attendant que les monstres, les vrais, viennent nous dévorer. Parce que si on en arrive à stresser pour les personnages alors qu’on est dans son canapé justement, imaginez si on y était vraiment : crise cardiaque assurée !

C’est d’ailleurs ce qui fait la grande force des deux films. Ce qui marchait pour Open Water marche également très bien pour Black Water. On stresse pour nos trois vacanciers, on frissonne avec eux, on sert les dents quand l’un d’entre eux décide de redescendre dans l’eau pour tenter de s’en sortir en allant chercher le petit bateau, bref, on vit la tragédie avec eux. Par ce même principe, les quelques faiblesses d’Open Water se retrouvent dans Black Water : certaines scènes de dialogues sont parfois un peu longues et quand il ne se passe rien, on ressent également un léger ennui. Ce qui, en fait, renforce le côté réaliste du film, puisque l’on s’ennuie AVEC les personnages et non sans eux. Perchés en haut des arbres, que peuvent-ils faire d’autre qu’attendre, réfléchir, chercher une solution ? Rassurez-vous, cette petite notion d’ennui ne dure pas très longtemps et il y a assez de péripéties et de rebondissements pour vous tenir en haleine.

Pour que l’identification et l’immersion marchent encore plus avec les spectateurs, nos deux réalisateurs australiens ont choisi des acteurs et des actrices peu connus du public. Pas de stars qui feraient que la situation serait moins crédible. Et ça marche vachement bien ! Mention spéciale à la charmante Diana Glenn qui joue le rôle de Grace. Elle parvient à nous émouvoir et à nous livrer de vraies émotions. Très bonne surprise également avec la craquante Maeve Dermody, jolie blondinette qui devra faire face à ses peurs et nous livrera la séquence la plus angoissante du métrage. Les deux membres masculins du casting s’en sortent eux aussi très bien. Bref, pas de Lieutenant Ellen Ripley ou d’officier John McLane dans le film, juste des êtres humains en proie à l’inattendu, qui se retrouvent seuls face à eux-mêmes et qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour s’en sortir. Un peu à la manière des spéléologues de The Descent en fait…

Bon, et ce fameux crocodile au fait, comment il est ? Redoutable mes amis ! Un vrai sadique, un vrai pervers ! Attendant au fond de l’eau verdâtre, qui ne laisse transparaître aucune information quant à sa présence ou son absence, attaquant quand on ne l’attend pas, observant ses proies avec une sorte de malin plaisir, comme s’il avait conscience de la situation et savait qu’elle était à son avantage. Bref, un bel enfoiré ce saurien, c’est moi qui vous le dis !

Bien sûr, ne vous attendez pas à voir des séquences surréalistes façon Killer Crocodile. Non, là, c’est encore une fois basé sur la réalité et la crédibilité et donc d’une efficacité supplémentaire.

Au final, Black Water a tout du bon petit film de série B qui n’en met pas plein les yeux c’est sûr, qui n’est pas d’une grande originalité certes, mais qui est traité de façon sérieuse et respectueuse et qui est doté d’un solide casting et de séquences de suspense vraiment bien réalisées. Le décor est très bien mis en valeur également et de doux frissons viendront parcourir votre échine aux moments clés du film. Que demander de plus ? Les amateurs d’agressions animales apprécieront sûrement !


Titre français : Black Water
Titre original : Black Water
Réalisateur : David Nerlich, Andrew Traucki
Scénariste : David Nerlich, Andrew Traucki
Musique Rafael May
Année : 2007 / Pays : Australie
Genre : Attaques animales / Interdiction : -12 ans
Avec Diana Glenn, Maeve Dermody, Andy Rodorera, Ben Oxenbould, 
Fiona Press...




Stéphane ERBISTI

BLACK SHEEP (2006)


L'HISTOIRE : Traumatisé dans son enfance par une mauvaise blague de son frère, Henry a désormais une peur bleue des moutons. Après quinze années d’absence, il décide sur les conseils de sa psy de revenir à la demeure familiale, une vaste ferme d’élevage de moutons où il retrouve la gouvernante Mrs Mac et son frère Angus, qui s’est spécialisé dans l’élevage avec l’aide de la génétique. Au même moment, Grant et Expérience, deux jeunes activistes luttant contre les expériences de laboratoires, dérobent un petit container contenant un embryon issu des nombreuses manipulations génétiques menées par les scientifiques d’Angus. Grant brise accidentellement le container et l’embryon de moutons s’échappe, après avoir préalablement mordu Grant et d’autres moutons. Les conséquences de ces morsures vont vite se révéler catastrophiques, transformant les gentils moutons en bêtes affamées et avides de viande…


MON AVIS : Il fallait oser ! Détourner l’emblème de la Nouvelle-Zélande, à savoir le sympathique mouton, pour le transformer en créature terrifiante et assoiffée de sang, quelle idée ingénieuse et originale ! Originale, pas tant que ça en fait puisqu’un film de 1973 avait déjà fait muter cet animal en un monstre horrible, dans Godmonster of Indian Flats de Fredric Hobbs. Mais bon, comparer au nombre de films mettant en scène des requins ou des serpents par exemple, on peut dire que Black Sheep et ses moutons tueurs demeure bel et bien une pièce d’exception dans la catégorie des films d’agressions animales.

La genèse de Black Sheep repose entièrement sur son réalisateur Jonathan King. Il écrit un premier scénario du film dans lequel se trouvent déjà tous les personnages clés et la plupart des situations présentes dans le film. Après avoir travaillé son scénario de nombreux mois, il décide de le présenter et d’essayer de trouver un producteur qui serait intéressé ainsi que des subventions. Coup de bol, une productrice est enthousiasmée par cette idée farfelue, de même que la commission des films de Nouvelle-Zélande qui décide d’apporter son aide à Jonathan King. Le scénario est retravaillé avec l’aide de spécialistes et nouveau coup de chance en faveur de Jonathan King, la Weta Workshop, société spécialisée dans les effets spéciaux fondée en 1986 par Richard Taylor et à l’origine des effets sur la trilogie du Seigneur des Anneaux et de King Kong (2005) de Peter Jackson entre autres, se montre très réceptive également et propose son aide. Le budget du film n’étant pas celui de la trilogie consacrée à l’univers de Tolkien évidemment, la Weta décide de faire les effets spéciaux à l’ancienne et de ne pas abuser des images de synthèse. On se retrouve donc en présence d’un film qui sent bon les années 80, avec prothèses, faux sang, moutons réalisés en animatronique se mélangeant avec les vrais animaux, maquettes et autres trouvailles délirantes qui augmentent considérablement le capital sympathie de Black Sheep, qui n’est pas sans rappeler les premières œuvres de Peter Jackson justement, et notamment son délirant Bad Taste.

Maintenant, avoir des professionnels à son service, un scénario bien écrit et des idées loufoques ne suffisent pas toujours à faire un bon film. Surtout que Jonathan King n’a réalisé que des clips, des publicités et des courts-métrages jusqu’ici. Mais l’homme est tellement impliqué dans son projet qu’il va rapidement communiquer sa bonne humeur à l’ensemble de l’équipe, qui va donner le meilleur d’elle-même. Et il montre également un talent certain dans la mise en scène, transformant un projet pas gagné d’avance en une très belle réussite de la comédie horrifique, qu’on rangera aisément au côté de classiques du genre tels Le Loup-Garou de Londres, Bad Taste, Evil Dead 2 ou plus récemment Horribilis par exemple.

Dire qu’on se marre devant Black Sheep est ce qu’on appelle une vérité vraie ! Le film est ultra fun, divertissant, et les quelques légers passages moins rythmés n’empêchent pas d’accrocher le spectateur qui en redemande et veut en voir encore plus !

Il faut dire que le spectacle est bien présent et qu’on ne soupçonnait pas nos amis animaux laineux d’être aussi féroces et voraces ! Morsures diverses, gorge arrachée, intestins sortis du ventre et autres joyeusetés gores s’étalent sur l’écran dans une bonne humeur communicative et le mélange des vrais moutons avec les créatures robotisées créées par Weta Workshop est franchement bien géré, même si on devine dans certaines scènes qui sont les vrais des faux. Mais dans un film comme celui-ci, je dirais que ça n’a pas beaucoup d’importance et que le fait d’avoir des animatroniques qu’on devine est même un plus car ça augmente le côté loufoque des situations, les rendant encore plus irréelles et hilarantes.

En bon fan du genre, Jonathan King n’a pas oublié de faire quelques petits clins d’œil aux films cultes du répertoire. Par exemple, le retranchement des personnages principaux dans la maison et le festin anthropophage auquel se livrent les moutons carnassiers et les humains mutants au dehors nous renvoient directement à certaines séquences de La Nuit des Morts Vivants de George Romero. La transformation d’Angus, le frère du héros, en mouton mutant nous rappelle des scènes similaires vues dans Le Loup-Garou de Londres ou dans Hurlements. L’attaque démente de la horde de moutons pendant une conférence en plein air évoquera à l’amateur l’attaque de l’alligator venu faire son repas durant un mariage dans L’incroyable Alligator de Lewis Teague. Toutes ces références jouent en faveur de Black Sheep car elles ne prennent pas le dessus sur les idées originales du film lui-même.

Autre force du métrage, outre le très bon dosage entre humour et gore, les personnages principaux joués par des acteurs quasi inconnus, qui nous apparaissent fort sympathiques et que l’on prend vraiment plaisir à suivre dans leurs sanglantes péripéties. Henry est impayable lorsque sa phobie des moutons prend le dessus, son pote Tucker n’est pas mal non plus dans son genre, et la jolie héroïne du film en sort de bonnes aussi, comme lorsque la vieille dame lui demande en lui présentant un fusil si elle a déjà fait cracher un tromblon et qu’elle répond pas un comme ça. De l’humour décapant, parfois irrévérencieux, mais toujours généreux et fort bien amené dans la majorité des cas. Un humour qui sait aussi se faire discret lorsqu’il le faut. La rivalité et l’antipathie, que se vouent les deux frères, ne prêtent pas à sourire par exemple. Certaines situations font également abstraction de cet humour afin de mieux emmener le spectateur dans un climat de tension. Mais reconnaissons que dans l’ensemble, c’est bien les fous rires qui auront le dernier mot lors de la vision du film. Ce mélange de comédie-horreur a d’ailleurs été fort bien accueilli puisque Black Sheep a reçu le Prix du Jury et le Prix du Public lors du festival de Gérardmer 2007 !

Sous son aspect délirant et gore, Black Sheep n’en oublie pas de dresser un amère constat sur le risque des manipulations génétiques et les conséquences qu’elles peuvent entraîner en cas de non respect des règles d’éthique. Un thème qui avait déjà donné lieu à un très bon film en 2005, Isolation. Le film de Billy O’Brien est un peu le versant sérieux de Black Sheep car son but premier était de terroriser le public avec son animal mutant. Jonathan King n’a pas du tout la même approche mais les deux films méritent plus qu’un simple coup d’œil.

Si vous aimez les situations abracadabrantes, les délires à la Bad Taste et voir des moutons dévorer tout ce qui passe à leur portée dans de très beaux paysages, ruez-vous sur Black Sheep, fou rire et jubilation avec geyser de sang en prime sont garantis !


Titre français : Black Sheep
Titre original : Black Sheep
Réalisateur : Jonathan King
Scénariste Jonathan King
Musique Victoria Kelly
Année : 2006 / Pays : Nouvelle-Zélande
Genre : Attaques animales, comédie horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec Nathan Meister, Danielle Mason, Tammy Davis, Peter Feeney, Oliver Driver...




Stéphane ERBISTI

LES BÊTES FÉROCES ATTAQUENT (1984)


Titre français : Les Bêtes Féroces attaquent
Titre original : Belve Feroci
Réalisateur : Franco E. Prosperi
Scénariste : Franco E. Prosperi
Musique : Daniele Patucchi
Année : 1984
Pays : Italie
Genre : Attaques animales
Interdiction : -12 ans
Avec Tony DeLeo, Lorraine De Selle, Ugo Bologna, Louisa Lloyd, John Stacy...


L'HISTOIRE : Francfort. Laura Schwarz, journaliste locale, rejoint son compagnon, Rupert Berner, dresseur au zoo. Certains animaux semblent anormalement excités, mais personne ne s’inquiète véritablement. Dès la nuit tombée, les événements se précipitent : alors que des rats dévorent un couple flirtant dans une voiture, le système de sécurité des portes et des cages du zoo tombe en panne, libérant des dizaines de fauves, lions, tigres, guépards, ainsi que tous les autres animaux, dont des éléphants et un ours polaire. Devenues inexplicablement agressives et meurtrières, les bêtes sauvages envahissent la ville, semant un incroyable vent de panique et la mort autour d’elles...


MON AVISTourné à une période où le cinéma ne s’était pas encore remis des fameux mondo, ces pseudo-documentaires controversés où des images réelles étaient souvent préparées, provoquées avant d’être filmées, Les Bêtes Féroces attaquent en conserve certains aspects. D’ailleurs, la présence à la réalisation de Franco E. Prosperi, auteur avec Gualtiero Jacopetti et Paolo Cavara du célèbre Mondo Cane en 1962, est loin d’y être étrangère. De plus, nous sommes encore sous l’influence sensationnaliste de la cannibalsploitation, instaurée par les films d’Umberto Lenzi et de Ruggero Deodato, dont Cannibal Holocaust demeure le point de non-retour. 

Avec ce Belve Feroci, l’intention est claire : en mettre plein la vue et faire le plus réaliste possible, quitte à y laisser des plumes. Car ce qui frappe directement à la vision du film, c’est son côté aussi réel que brutal, un aspect unique que ne pourront jamais posséder les œuvres actuelles. En effet, cet animal attack arrive lorsque le sous-genre est encore très à la mode - il périclitera vers la fin des années 80 avant de revenir en force peu avant les années 2000 - et, plutôt que de se noyer dans la masse des films du genre, il les balaie tous sur son passage.

Peu de films peuvent se targuer de frôler en permanence la mort et de montrer un danger aussi palpable au bout de leur objectif. Les Bêtes Féroces attaquent détient cette incroyable force, bestiale sans jeu de mots, qui lui permet d’accéder au statut d’œuvre folle parmi les plus dangereuses jamais tournées. Le seul film le dépassant jusqu’alors, c’est Roar (dont le tournage s’étalera de 1975 à 1981), un monument montrant le danger mortel à travers des images de folie furieuse où fauves et humains cohabitent d’une certaine manière. Mais, plus axé aventure et même empreint d’un certain humour au vu de ses situations particulièrement cocasses (plus pour le spectateur que pour les protagonistes), Roar évite le style horrible en éliminant, à de très rares exceptions, les effusions de sang. S’il reste imbattable sur le fait qu’il demeure le film le plus dangereux de tous les temps, avec ses nombreux accidents de tournage, il va être dépassé en terme de violence brute par Les Bêtes Féroces attaquent, même si le tournage de ce dernier semble avoir été plus chanceux. Le film de Prosperi constitue sans nul doute le dernier grand témoignage d’une période où le cinéma pouvait se permettre tous les excès possibles, apportant à l’écran un résultat furieux qu’il est impossible d’égaler ou même d’approcher aujourd’hui. Si l’on ne peut reprocher aux auteurs d’éviter le danger trop grand lors des tournages, l’utilisation quasi permanente des effets infographiques a détruit toute forme d’authenticité. Dommage...

Les Bêtes Féroces attaquent propose une intrigue assez simpliste, qui évoque brièvement, sans véritablement les développer, les thèmes de l’écologie et du danger de la drogue. En gros, l’homme fait n’importe quoi et détruit la nature, pollue, puis cette même nature se retourne contre lui. Les quelques plans au début du film sur ces seringues jetées par dizaines dans les lieux publics puis sur les eaux potables traitées en usine en dit long sur le malaise qui règne, un malaise toujours autant d’actualité de nos jours. Pas besoin de plus se justifier pour se lancer dans le spectacle que tout le monde désire : les attaques animales ! 

En cela, l’œuvre va si loin qu’elle élimine d’emblée toute chance de l’égaler. La caméra filme sans concession et avec brio de redoutables fauves et autres superbes animaux sauvages en pleine action violente, courant, sautant, mutilant et tuant, lors de séquences hallucinantes et énergiques où le spectateur se fait tout petit. Le travail des dresseurs, des cascadeurs et du reste de l’équipe est à souligner tellement il respire un danger inédit et un sentiment de réalisme imbattable. On y va aussi franco en termes de violence et de gore, les bêtes sauvages mordant et dévorant leurs victimes dans de gros bouillons sanglants. Et les quelques plages de calme au cours du récit ne sont que des leurres.

Un moment de soulagement dans une rame de métro ? En quelques instants, le courant saute et un tigre s’empresse de s’inviter dans un wagon. Une pause pépère avec un vieil aveugle jouant au piano dans son paisible appartement, sous les yeux bienveillants de son berger allemand ? En moins de deux secondes, l’animal devient fou furieux et égorge son maître sans la moindre hésitation (hommage appuyé au Suspiria de Dario Argento et à L’au-delà de Lucio Fulci). Les couples n’ont même pas le temps de flirter, ils se font agresser immédiatement par des meutes de rats voraces. On ne souffle jamais dans Les Bêtes Féroces attaquent, qui porte plus que bien son titre. Impossible d’oublier certaines séquences ahurissantes, comme cette course folle entre la pauvre jeune fille apeurée dans sa petite Volkswagen Coccinelle et un guépard qui la pourchasse sans relâche dans une artère du centre-ville (scène tournée à Johannesburg et non Francfort). On ne peut que saluer l’équipe qui filme cette spectaculaire cavalcade à 100/110 km/h, le guépard demeurant l’animal terrestre le plus rapide au monde, capable d’accélérations fulgurantes (de 0 à 70 km/h en deux secondes, de 0 à 90 km/h en trois secondes), pour une vitesse de pointe de 120 km/h. Des chiffres incroyables qui nous plongent dans une ivresse de danger qui a dû être communicative pour que l’on nous serve de si folles images.

Des éléphants qui traversent un aéroport (celui de Johannesburg aussi) et provoquent un affreux crash aérien, un ours polaire qui sème la panique dans un gymnase rempli de gosses, un troupeau de bovins qui court en déglinguant tout sur son passage, faisant voler vitrines, tables et chaises, provoquant une indescriptible panique, un tigre qui se promène dans le métro, voici quelques-uns des morceaux de bravoure dans un film qui ne manque pas de générosité à ce niveau. 

Le seul reproche que l’on peut faire, ce sont ces moments de cruauté animale, hélas récurrents dans le cinéma italien de l’époque. Bien que les auteurs s’en défendent, et sans vouloir mettre en cause leur bonne foi, on peut douter de la présence de rats mécaniques en jouets munis de moteurs lorsque les lance-flammes brûlent les rongeurs. De même pour le chat, brutalement attaqué et mordu par les mêmes bestioles, qui n’aurait terminé la scène que légèrement blessé. Passons. Cascades automobiles et explosions diverses complètent le programme déjà bien chargé d’une œuvre atypique et unique.

Belve Feroci n’est bien évidemment pas un film qui s’adresse aux âmes trop sensibles, la brutalité et l’indépassable fureur de ses images lui donnant une place de choix parmi les animal attack les plus efficaces de tous les temps. D’autant plus que les dix dernières minutes nous proposent un rebondissement plutôt marquant. Mais je n’en dis pas plus pour ceux qui n’ont pas encore vu le film...




Cédric PICHARD

BENEATH (2013)

 

Titre français : Beneath
Titre original : Beneath
Réalisateur : Larry Fessenden
Scénariste : Tony Daniel, Brian D. Smith
Musique Will Bates
Année : 2013
Pays : Usa
Genre : Attaques animales
Interdiction : -12 ans
Avec Daniel Zovatto, Bonnie Dennison, Chris Conroy, Jonny Orsini, Griffin Newman...


L'HISTOIRE : Tout juste sortis diplômés de leurs études secondaires, Johnny, Kitty, Matt, Simon, Zeke et Deb partent à Black Lake pour faire la fête. Ayant embarqué sur un bateau de fortune et ce, contre l’avertissement avisé d’un résident du cru, ils semblent ignorer que dans le lac sur lequel ils voguent, vit une sorte de poisson carnivore géant bien décidé à ne pas laisser filer d’aussi belles proies. Qui survivra à cette aventure, d’autant que nos jeunes étourdis perdent malencontreusement leurs rames...


MON AVISLe metteur en scène et scénariste indépendant Larry Fessenden nous avait habitués à d’honnêtes projets comme Stake Land (producteur et acteur) et The Last Winter (réalisateur), et là avec ce Beneath s’inspirant du Lifeboat d'Alfred Hitchcock, on pouvait penser visionner un bon petit film d’horreur des familles. Que nenni ! 

Avec un script aussi stéréotypé que celui de Tony Daniel et Brian D. Smith, ce n’était pas la peine d’y compter ! L'histoire est, comme il fallait s’y attendre, classique et manque cruellement de rebondissements. Mais en même temps, avec des gens qui sont coincés sur une barque, qu'est-ce qu'on pouvait avoir de plus ? Et bien si en fait, il semblerait que le cinéaste ait fortement révisé le script, en supprimant plusieurs scènes de flashback, dans une tentative de garder le drame sur le bateau avec une atmosphère de claustrophobie. Manque de bol c’est raté mon gars ! Allait-on pouvoir se rattraper sur la bestiole au moins ? Non plus, le poisson du métrage est en effet un vulgaire cousin des pires ersatz du squale copiés sur celui vu dans Les Dents de la Mer, c’est dire ! On apprend pourtant que Fessenden aurait lui-même conçu le monstre marin, car il désirait que celui-ci ressemble à un vrai poisson et non pas à une créature maléfique. Encore raté ! Tout cela sent l’amateurisme et les mauvais choix à plein nez et l’on se dit alors que tout l’argent des producteurs a dû partir dans le cachet des acteurs qui doivent être très tous bons ! Encore une fois, négatif ma bonne dame et je ne vous parle même pas des personnages qu’ils incarnent ! Ah ben si en fait.

On rencontre en tête d’affiche Johnny (Daniel Zovatto vu aussi dans It Follows), une sorte de faux Johnny Depp avec un bandana rouge et une dent qu'il porte en collier comme un talisman protecteur et qui a du mal à dire à ses potes qu’il ne faut pas se baigner dans le lac car il y a une bébête hostile au fond. Nous est présenté par la suite M. Parks (Mark Margolis jouant dans Pi, The Fountain, Noé), un vieil ami effrayant du grand-père de Johnny, qui l’avertit du danger potentiel représenté par une baignade au lac noir, mais bon ça n’a l’air d’effrayer personne. Puis on fait la connaissance de Kitty (Bonnie Dennison entrevue dans Stake Land), une blondasse dragueuse qui a une emprise sur à peu près tous les autres personnages dont bien évidemment notre ami Johnny. Elle est pourtant officiellement avec Matt, le mâle alpha du groupe et ancien athlète au QI que l’on devine démesuré. Mais elle est aussi en pâmoison devant le frère de Matt, Simon qui semble un peu plus doué que son frérot (pas trop difficile en même temps !) et elle semble avoir aussi vécu quelque chose avec Deb qui se souvient avec nostalgie de ce moment dans le camp d'été

Le seul membre de la troupe à ne pas être follement amoureux de Kitty est Zeke, le geek insupportable du groupe. Ce dernier est un aspirant cinéaste se baladant quoi qu’il arrive avec sa caméra. Même dans les moments les plus tendus, il persiste dans l'enregistrement des événements du voyage. Heureusement, on ne tombe toutefois pas dans un énième found footage, de sorte que ce dispositif cinématographique fatigué n’empiète que très peu sur le récit. Ouf, on a craint le pire ! Ah non !, me dit-on dans l’oreillette !

Comme souvent dans ce type de production, les personnages ont toujours des réactions ridicules, les solutions qu'ils essaient de mettre en place pour s'en sortir le sont tout autant mais surtout, ils sont tous détestables au possible car ils n'hésitent pas à se trahir, se font des coups bas pas possibles et ne s'entraident absolument pas si bien que l’on se demande pourquoi ils sont partis ensemble en vacances ! Ressortent alors toutes les rancunes datant du secondaire, les rivalités fraternelles, les trahisons et autres tromperies romantiques dès lors qu’il s’agit de survie. Le film aurait-il de fait une fonction allégorique car il explore les extrémités monstrueuses du comportement humain dès lors qu’il est sous l'influence de l'isolement et de la peur ? N’allons pas si loin en besogne gentes dames et souhaitons juste que ces jeunes écervelés se fassent vite tous dévorer par le poisson-chat préhistorique !

Beneath constitue donc un ixième film insipide avec des effets spéciaux à jeter, un scénario sans surprise écrit sur un confetti ainsi que des acteurs qui font ce qu’ils peuvent avec leurs dialogues pour surnager. Mais ils sont tellement antipathiques par leurs comportements que savoir qui sera la prochaine victime sur le menu du jour du poiscaille sera le cadet de nos soucis ! Bref à éviter à tout prix, pourtant l’affiche US n’était pas si mal ! Notez quand même que pour les sado-masos, il existe une bande dessinée numérique basée sur le film !




Vincent DUMENIL

BEN (1972)

 

Titre français : Ben
Titre original : Ben
Réalisateur : Phil Karlson
Scénariste : Gilbert Ralston
Musique Walter Scharf
Année : 1972
Pays : Usa
Genre : Attaques animales
Interdiction : -12 ans
Avec Lee Montgomery, Joseph Campanella, Arthur O'Connell, Rosemary Murphy...


L'HISTOIRE : David, un petit garçon solitaire d'une dizaine d'années vit avec sa mère et sa grande sœur. Tout irait pour le mieux s'il ne vivait constamment sous la menace d'une attaque cardiaque. Marginalisé par ses problèmes de cœur, il passe la plupart de son temps seul, dans une sorte de cave où il joue de la musique toute la journée et s'invente un monde imaginaire. Très vite il devient ami avec Ben, un rat intelligent et mélomane attiré par la musique de David. Mais voilà, Ben est le chef de la horde de rongeurs tueurs écumant la ville et terrorisant la population locale. L'amitié du petit garçon saura-t-elle venir à bout des velléités destructrices du nuisible aux canines acérées ?


MON AVISSorti un an après Willard, cette suite débute par les dernières minutes de son illustre aîné, à savoir : la scène tragique d'affrontement final entre Willard et la horde de rats dont il perdait peu à peu le contrôle à mesure que sa folie destructrice grandissait. Se retrouvant sans leader humain, les rongeurs vont alors mettre la ville à sac et provoquer la panique générale. Puis, pendant qu'il chante Start your day" en même temps qu'il joue aux marionnettes, David, un enfant solitaire souffrant du cœur, est épié par Ben, le rat intelligent mais méchant survivant des événements de Willard. Alors qu'on espère que le gamin se fasse dévorer pour mettre fin à notre supplice auditif, celui-ci sympathise avec la créature poilue, ce qui n'est finalement pas très surprenant puisque ce film n'est, après tout, que la suite de Willard, une histoire d'amitié entre un type seul et un rat. Cette séquelle reprend donc quasiment la même trame sauf qu'ici la personne isolée avec laquelle un rongeur sympathise est un enfant, cardiaque qui plus est, ce qui est censé nous attendrir davantage...

Et à partir de là, c'est le commencement d'un amoncellement de scènes mièvres au possible entrecoupées de scénettes d'attaques de rats pitoyables. Seulement voilà, nous on voulait voir un film d'horreur et pas un nanar emprunt d'une naïveté confondante. Personne ne croit l'enfant qui parle aux rats, le pauvre, le monde des adultes est vraiment trop cruel, snif ! C'est bien simple, toutes les scènes où l'enfant apparaît sont navrantes et en plus il joue mal, c'est un vrai calvaire ! C'est ça en fait le truc horrible du film du père Phil Karlson, l'interprétation !

Ben m'a plus fait penser à un film produit par les studios Disney qu'à un film horrifique sérieux et là où ça frise vraiment le ridicule, c'est quand David s'assoit fièrement à son piano et entonne une chanson spécialement composée pour son nouveau meilleur ami et intelligemment titrée Ben (en même temps, le gamin n'a que dix ans, on ne lui demande pas d'être un deuxième Mozart non plus !) : c'est d'un mièvre, à tel point qu'à côté La petite Maison dans la Prairie paraît regardable, c'est dire ! Heureusement, c'est en anglais et sonne moins grotesque, parce que si on traduisait. Notons que la chanson est de Mickael Jackson qui, cette fois-ci, n'a pas fait de cadeau aux enfants, lui qui pourtant les aime tant !

Toutefois, le gamin ami des rongeurs ne s'arrête pas en si bon chemin : il crée une marionnette à l'effigie de son copain velu et s'amuse comme un petit fou à la mettre en scène sous l'œil complice du rat qui passait par là ! Mais au fait, ils n'ont pas autre chose à faire les rats ? Ne sont-ils pas supposés saccager la ville et faire peur aux habitants plutôt que d'espionner un morveux qui fait mumuse ? Eh bien si justement et c'est là qu'est mis en exergue le second gros point faible du film : les attaques perpétrées par les rongeurs. Censés êtres de redoutables tueurs sanguinaires semant panique et mort sur leur passage (enfin c'est ce que le résumé de ma VHS prétendait, ah les enc…. !), nos bestioles assaillent le rayon céréales d'un supermarché (ouh là là, attention à l'indigestion de Cheerios les copains !), commanditent le siège d'une fromagerie et font hurler deux ou trois ménagères croisées au hasard de leurs pérégrinations. Risible, mais en aucun cas satisfaisant pour tout amateur de films d'horreur qui se respecte et surtout qu'on se doit de respecter ! Parce que là, on se fiche carrément de nous tellement c'est indigent !

Reste (seulement) deux séquences potables : la visite par le gamin du repaire des rats et la scène finale de dératisation dans les égouts, mais c'est insuffisant et nombre de spectateurs se seront endormis avant. Munissez-vous donc d'une thermos de bon café, ça peut alors vous être fort utile !

Ainsi, Ben est un film d'horreur PG -13 (c'est à dire tout public), sans gore, ni aucune scène de nudité. Pourtant, il parait évident que le métrage aurait été mieux, enfin moins pire, avec un peu de crudité : ça lui aurait évité un naufrage inéluctable ! Ajoutons à cette entreprise épouvantable une photographie atroce, un horrible jeu d'interprétation par un casting catastrophique (je ne sais vraiment pas où ils sont allés chercher David et sa sœur, mais au secours ! Il y avait pourtant des gamins qui savaient jouer à cette époque, non ? Et le gosse qui interprétait Damien dans The Omen, il était où ? En colo ? Ah non, en fait il avait deux ans…tant pis !), un scénario bidon (heureusement que c'est involontairement drôle !) et déjà vu (cf. Willard, mais la grande différence c'est de savoir si le gamin arrivera à amadouer Ben et ses acolytes ? Suspense…), ainsi qu'une réalisation pépère et l'on pourra enterrer définitivement le long métrage du vieillissant Phil Karlson plutôt habitué aux polars.

Petite production limite téléfilm pour enfants, Ben est poussif, répétitif, sans excès, au sentimentalisme débordant mais qui ne fait jamais illusion, autrement dit qui n'effraie jamais. Ça la fiche mal quand même pour un film censé appartenir au genre horreur ! Ce petit navet fait donc le même effet qu'un soufflé au fromage : bien au début en apparence, il ne fait que se dégonfler petit à petit pour finir tout plat comme une crêpe. En un mot, comme dirait Homer Simpson : boring ! Donc à éviter à tout prix sauf si on a entre 3 et 10 ans !




Vincent DUMENIL

LA NUIT DES CHAUVES-SOURIS (1999)


Titre français : La Nuit des Chauves-Souris
Titre original : Bats
Réalisateur : Louis Morneau
Scénariste : John Logan
Musique : Graeme Revell
Année : 1999
Pays : Usa
Genre : Attaques animales
Interdiction : -12 ans
Avec Lou Diamond Phillips, Dina Meyer, Bob Gunton, Carlos Jacob...


L'HISTOIRE Deux jeunes ados sont retrouvés morts dans le Texas des suites d'une agression de chauves-souris. Sheila Capser, une experte dans le domaine des chiroptères, et son assistant Jimmy sont appelés en urgence pour venir enquêter sur cette attaque des plus inhabituelles. Arrivés sur les lieux, ils apprennent que des chauves-souris se sont échappées suite à des expériences scientifiques menées par le professeur Mc Cabe. Alors qu'elles étaient de simples chauves-souris frugivores, ce savant les a rendues omnivores et celles-ci sont à présent en liberté. Les heures sont comptées : il faut réagir vite face à ce fléau avant que ces bestioles génétiquement modifiées ne fassent de nos braves texans des festins nocturnes...


MON AVISAlors que le cinéma de genre nous propose moult films de crocodiles, de requins ou de serpents, il est déjà beaucoup plus rare de voir des longs métrages traitant des chauves-souris. En effet, mis à part quelques titres comme Morsures (1979), Fangs (2001), Vampire Bats (2005) ou encore The Roost (2006), les films mettant en scène nos petites bêtes ailées ne sont pas légion. Alors, quand l'un de ces petits films sort, il ne passe forcément pas inaperçu auprès des amateurs de films d'agressions animales.

Et ce La Nuit des Chauves-Souris en est la preuve même : remarqué en France grâce au Festival Fantastic'Arts de Gérardmer, le film fut cependant un échec au cinéma outre Atlantique mais refit surface rapidement dans les bacs, en VHS puis DVD. Bénéficiant d'une pochette très aguicheuse (lugubre à souhait avec cette maison isolée en pleine nuit autour de laquelle tournent des chauves-souris), le film n'est pas passé inaperçu dans les commerces et s'est même refait une jeunesse lors de la parution d'un DVD collector à prix plus qu'abordable en France. Quatre ans plus tard, en 2007, une suite verra même le jour sous le nom peu recherché mais très explicite Bats 2, la Nuit des Chauves-Souris 2.

Mais alors, que vaut réellement cette petite série B sur nos vilaines bébêtes génétiquement modifiées ? Voyons cela de suite dans cette chronique plus courte que d'habitude il est vrai...

Le moins que l'on puisse tout d'abord dire, c'est que le film de Louis Morneau (Retroaction, The Hitcher 2 : retour en Enfer, Une Virée en Enfer 2) ne s'embête pas à nous présenter un scénario des plus originaux, celui-ci pompant sans réfléchir sur du déjà vu, mais malheureusement pas dans ce qui se fait de mieux. Une histoire de bébêtes génétiquement modifiées par un scientifique désireux de faire avancer la science toujours plus loin et qui réussissent à se retrouver hors de leurs cages, provoquant ainsi la panique mais surtout la mort de nombreuses personnes. Heureusement, de valeureux experts en chiroptères (et là vous vous dites diable, qu'est-ce qu'il est cultivé ce David) vont venir à la rescousse de nos chers texans ! 

Partir de ce type de scénario n'est pas encore une mauvaise chose, même si une petite touche d'originalité n'aurait pas été de refus, encore faut-il cependant réussir à y camper quelques petites touches personnelles. Et là ce n'est pas gagner non plus : le film de Louis Morneau accumule les clichés à la vitesse de l'éclair. En effet, alors que le scénario est déjà l'exemple même de la banalité absolue, le reste suit la même direction : l'ensemble du casting regorge de clichés flagrants (la scientifique intello, l'assistant afro rigolo, le shérif courageux et dragueur, le vilain professeur tout méchant qui a créer les méchantes bébêtes, sans oublier l'Armée qui aime se mêler de tout) et le film se paye même des clins d'œil à certains films cultes, on pense notamment au film d'Hitchcock Les Oiseaux pour l'attaque des chauves-souris en pleine ville ou encore à Alien, le Huitième Passager pour la dernière partie du film, histoire de combler un scénario dépourvu d'originalité.

Ajoutez à cela des moments lourds et pompeux, des dialogues creux ainsi qu'un manque d'explications au final (mais comment se sont-ils retrouvés dans la nature nos vilains rats ailés ?) et vous obtenez là une série B d'agressions animales des plus communes, le genre de film que l'on regarde lors d'une fin de soirée quand il nous reste encore un peu de vivacité pour ne pas aller dormir tout de suite.

Vraiment dommage de constater un travail aussi bâclé, surtout quand on voit qui se trouve dans le casting principal du film : Lou Diamond Phillips dans le rôle du shérif, toujours aussi bon devant la caméra, et Dina Meyer qui, pour le coup, incarne un personnage sans trop de saveur mais réussit tout de même à apporter à celui-ci le minimum syndical. Ajoutons à ce duo de héros l'acteur Bob Gunton dans le rôle du scientifique à l'origine de l'apparition de ces chauves-souris sanguinaires et vous obtenez un casting plutôt soigné, bien loin des castings de la plupart des productions Corman traitant d'agressions animales. Ha oui, parce que je vous l'ai pas dit : Louis Morneau est issu de l'école Corman ! Les deux hommes se connaissent d'ailleurs très bien, Roger ayant permis à son élève de réaliser le médiocre Carnosaur 2.

Par ailleurs, on retiendra comme bon point le fait que le film regorge de scènes d'action, les chauves-souris étant particulièrement voraces. D'ailleurs, on retiendra surtout la scène de l'attaque des oiseaux en pleine ville avec tous ces gens qui courent partout, se réfugient dans les commerces de proximité, sous les voitures. Voilà certainement LE point positif du film : le rythme, malgré quelques séquences de dialogues lourdes et ennuyeuses, réussit à nous tenir en haleine grâce à ces nombreuses attaques de chauves-souris. On regrettera par contre la façon qu'a Louis Morneau de filmer les agressions en gros plans en secouant la caméra comme un allumé, (peut-être est-ce pour cacher l'esthétisme misérable des chauves-souris...

Car oui, parlons-en de nos chères vilaines bébêtes. Une grosse déception que celles-ci : véritables fruits du croisement entre un rat et un Ghoulie (si si !), nos chiroptères nous poussent plus à rire qu'à frissonner ! Et il faut les voir en train de ramper d'un pas décidé vers leurs victimes et ensuite attendre sagement jusqu'au moment fatidique où elles vous sautent dessus et vous plaquent au sol tel un Chabal voulant manger du All Black ! Tellement ridicule que c'en devient drôle ! Ah, et puis l'équipe des effets spéciaux vous laisse même le choix entre l'animatronique et la bébête numérique, aussi laide l'une que l'autre !

Par contre, soit dit en passant, ne vous attendez pas trop à des scènes sanguinolentes ou autres passages gores : à part un corps dévoré à la morgue et deux-trois morsures de chauves-souris (merci les studios KNB), il n'y a quasi rien à se mettre sous la dent.

Au final, ce La Nuit des Chauves-Souris déçoit énormément. Bourré de clichés jusqu'à la moelle, le film de Louis Morneau semble ne pas vouloir jouer la carte (même infime) de l'originalité et nous livre ici une histoire bateau dans laquelle on ne retiendra que les nombreuses attaques de chauves-souris qui permettent de donner un rythme plutôt énergique au long-métrage. Une série B à voir un soir de pluie quand il n'y a rien de bien intéressant dans le programme télé…

Dans les films de chauves-souris, au risque peut-être d'en choquer plus d'un, je vous conseille à la rigueur plutôt Fangs, ne serait-ce que pour son scénario plus original - même si là non plus, sans vouloir faire un jeu de mots, ça ne vole pas haut - ainsi que quelques-uns de ses personnages plus approfondis que dans le film de Louis Morneau.




David MAURICE