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THE BLACK ROOM (2017)


L'HISTOIRE : Jennifer et Paul emménagent dans une maison de banlieue chic et pas chère. Seul bémol, quelques temps auparavant, une jeune fille a été gravement brûlée suite à un accident de chaudière et l’ancienne propriétaire semble avoir disparue. S’ils mettent ça sur le dos de la malchance, ils vont bientôt se rendre compte que le vrai responsable se trouve dans une pièce au fond de la cave...


MON AVIS : Alors que j’allumais Netflix, ce dernier me proposa, en page d’accueil, The Black Room, sorti quelque jours auparavant. Le résumé indiquant une pièce secrète, un esprit lubrique et, en bonus, Natasha Henstridge, la star de La Mutante, je ne pus résister à la tentation et lança le film au lieu de perdre une heure à flâner devant le menu comme je fais habituellement.

L’introduction donne le ton. Une vieille dame (interprétée par la truculente Lin Shaye déjà à l’œuvre dans la saga Insidious) tente de combattre un démon pervers et invisible qui s’en prend sexuellement à son adolescente de petite fille. La scène, rappelant involontairement mais plus sérieusement celle du viol de Tori Spelling dans Scary movie 2, apporte quelques plans cocasses comme celui du téton tortillé par le fantôme, du sortilège ou encore des mains ensanglantées et gluantes qui sortent du mur pour happer sa victime. Ça fait un peu sourire mais ça reste premier degré, pas cynique pour un sou et c’est généreux.

Passé ce démarrage en fanfare, les deux héros, Jennifer et Paul, interprétés par Natasha Henstridge et Lukas Hassel, arrivent dans leur nouveau logement. Tout comme le démon du sous-sol, Le couple est plutôt porté sur le sexe et veut faire l’amour dans toutes les pièces. Mais avant cela, ils vont devoir faire réparer leur chaufferie par Oscar, l’homme à tout faire, qui semble plus intéressé par la poitrine de Jennifer que par son boulot. Vous l’aurez compris, le film tourne beaucoup autour de la chose et encore plus à partir du moment où le démon prend possession du corps de Paul, ce dernier devenant graveleux et inquiétant. Mention spéciale à Lukas Hassel qui tient bien le rôle du possédé. Il se montre plutôt convaincant et semble prendre grand plaisir à jouer ce personnage capable de faire jouir à distance jusqu’à la mort.

Le métrage va tout du long jouer sur les pouvoirs du démon/Paul et sur ses pulsions. Les différents protagonistes en auront pour leur grade et à la manière d’un slasher paranormal finiront souvent dans un bain de sang. Les effets spéciaux gores, réalisés sur plateau avec latex et faux sang, sont par ailleurs très convaincants. Mâchoire arrachée, crâne fracassé, transformation en démon : tout est réussi et rappelle aux bonnes heures des années 80. A l’inverse, les effets spéciaux numériques sont complètement ratés et plutôt risibles et semblent faits par un débutant sur After Effects.

Si le film est loin d’être un chef d’œuvre (et il n’en a pas la prétention) et se trouve être plutôt bancal à différents niveaux, il faut surtout retenir son envie de livrer une série B dynamique, rigoureuse et ne se moquant pas de son public malgré un sujet qui prête facilement à la moquerie. D’ailleurs, il risque de passer pour un simili-nanar pour beaucoup mais, passé le générique, je suis resté sur le sentiment d’une pellicule bien ficelée et divertissante ponctuée de touches un peu Z. Et franchement, c’est aussi ça qui m’a plu.


Titre français : The Black Room
Titre original : The Black Room
Réalisateur : Rolfe Kanefsky
Scénariste Rolfe Kanefsky
Musique Savant
Année : 2017 / Pays : Usa
Genre : Diable et démons / Interdiction : -12 ans
Avec Natasha Henstridge, Lin Shaye, Lukas Hassel, Tiffany Shepis, Caleb Scott...




Sylvain GIB

LA BAZAAR DE L’ÉPOUVANTE (1993)

 

Titre français : Le Bazaar de l'épouvante
Titre original : Needful Things
Réalisateur : Fraser C. Heston
Scénariste : W.D. Richter
Musique Guy Blackwell, Otis Blackwell, Patrick Doyle, Rick Giles
Année : 1993
Pays : Etats-Unis, Canada
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec Max von Sydow, Ed Harris, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, J.T. Walsh...


L'HISTOIRE : Les habitants de la petite ville côtière de Castle Rock vivent paisiblement et malgré quelques frictions entre riverains, le shérif Alan Pangborn n'a jamais l'occasion de faire usage de la force. L'annonce de l'ouverture d'une nouvelle boutique dans la ville est le centre de toutes les attentions. Le propriétaire, Leland Gaunt, nouvellement installé, va procurer aux habitants l'objet de leurs rêves les plus fous, en échange d'une somme modique et d'un petit service. Peu à peu, le shérif note que les frictions deviennent rivalités et que les habitants qu'il connaît bien semblent céder à la folie collective. La boutique du charmant Leland Gaunt aurait-elle quelque-chose à voir dans ce changement d'attitude ?


MON AVISDepuis le succès de Carrie au Bal du Diable en 1976 et de Shining en 1980, chaque roman de Stephen King, le maître de l'épouvante, se voit automatiquement adapter, soit pour le cinéma, soit pour la télévision, avec plus ou moins de réussite et de succès. Parmi les adaptations notables du célèbre romancier, on peut citer SimetierreStand by MeLa Ligne VerteMiseryLes évadés ou Christine entre autres. 

En 1991, Stephen King sort un nouveau roman, Bazaar. L'histoire d'une petite ville tranquille dont les habitants vont développer un comportement violent et irrationnel suite à l'ouverture d'une nouvelle boutique tenu par un certain Leland Gaunt. Se classant rapidement dans les trois meilleures ventes de livres, Bazaar intéresse bien sûr le monde du cinéma et un projet d'adaptation voit le jour. Un premier scénariste tente de condenser le pavé du King pour une durée cinéma, puis un second scénariste est engagé, W.D. Richter, qui parvient à garder l'essence du roman tout en effectuant pas mal de modifications, les écrits ne se prêtant pas toujours à une mise en image à l'identique. 

Un premier réalisateur est choisi, Peter Yates, le metteur en scène de Bullit ou de Krull. Il sera remplacé par Fraser C. Heston, le fils de Charlton Heston lui-même ! D'une durée de deux heures, le film sort au cinéma en 1993 et n'obtient pas un grand succès, malgré la présence de très bons acteurs, comme Ed Harris dans le rôle du shérif ou Max Von Sydow dans celui de Leland Gaunt par exemple. Mais le roman est trop long et la durée du film retenue ne lui permet pas de développer assez les personnages et les événements présentés, tout comme il oblige le monteur a faire des cuts assez radicaux, qui plombent le rythme du film au final. 

Dans sa version cinéma, Le Bazaar de l'épouvante reste divertissant bien sûr mais ne dégage pas non plus un enthousiasme très relevé. Fort heureusement, face aux maigres recettes que rapporte le film lors de sa distribution en salles, les producteurs ont l'idée de le proposer à la chaîne de télévision TBS sous un nouveau format : une mini-série de deux fois 90 minutes. Le film de 2H devient donc une mini-série de 3H ! Et forcément, on y gagne ! Les personnages et leurs interactions sont nettement plus développés, on passe plus de temps avec eux et les manigances de Leland Gaunt y gagnent également en intensité et machiavélisme. 

Une longue introduction est rajoutée également, nous montrant ce diabolique personnage au volant de sa voiture noire comme les ténèbres et pourchassé par le shérif. Une longue scène introductive, qui ne cache pas la dimension réelle de Leland Gaunt. Plusieurs personnages voient leur temps de présence à l'écran être accrue, et il faut bien avouer que cette version longue de 3H bonifie considérablement la version cinéma, qui devient quasiment obsolète face à la minisérie, bien plus ambitieuse et convaincante. 

Max Von Sydow est impeccable dans le rôle de ce personnage diaboliquement charismatique et dont le but inavouable est de créer le chaos parmi les habitants des villes dans lesquelles il vient s'installer. Car oui, Castle Rock n'est pas le premier lieu de ses méfaits, comme le stipule ce petit carnet où il note le nom des villes et des personnes qu'il a réussi à détourner du droit chemin. Le fantastique s'insinue lentement dans le récit, par petites doses, et vient contaminer la population dans manière insidieuse, sans grand déferlement d'effets-spéciaux ou de séquences spectaculaires. 

Quelques scènes chocs ponctuent le récit, comme cette violente bagarre entre deux femmes ou la vision d'un pauvre chien entièrement dépecé et pendu. L'humour, noir évidemment, est également aux abonnés présents et certaines répliques de Leland Gaunt nous feront bien sourire. Sur un thème un peu similaire à celui du roman Salem (un inconnu vient semer le désordre dans la ville où il vient de prendre place), Le Bazaar de l'épouvante intrigue et se suit sans ennui, le format mini-série étant vraiment ce qui lui convenait le mieux. 

L'aspect téléfilm n'est pas dérangeant, le jeu d'acteurs est plutôt bon et les changements apportés par le scénariste vis à vis du roman ne sont pas trop gênants pour ceux qui n'ont jamais lu ce dernier. Bref, n'hésitez pas à passer trois heures en compagnie de l'étrange Leland Gaunt, le marchand de vos rêves trop gentil pour être honnête...




Stéphane ERBISTI

BABYSITTER WANTED (2008)

 

Titre français : Babysitter Wanted
Titre original : Babysitter Wanted
Réalisateur : Jonas Barnes, Michael Manasseri
Scénariste : Jonas Barnes
Musique Kurt Oldman
Année : 2008
Pays : Usa
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec Sarah Thompson, Matt Dallas, Bruce Thomas, Kristen Dalton, Kai Caster...


L'HISTOIRE : Angie, qui a reçu une éducation religieuse très stricte, quitte sa mère pour entrer à la faculté. Dans son nouveau cadre de vie, elle fait la rencontre de Rick, un jeune garçon sympathique dont elle tombe sous le charme. Afin de payer sa colocation, Angie trouve un travail de babysitter chez le couple Stanton. Elle doit garder leur fils Sam, un étrange petit garçon qui ne mange que de la viande crue. Alors que les Stanton partent à une réunion et que Sam dort paisiblement, Angie reçoit de mystérieux appels téléphoniques avant d’être inquiétée par un rôdeur au visage terrifiant. Une nuit cauchemardesque commence pour elle et de nombreuses surprises l’attendent…


MON AVISA la lecture de ce scénario, tout le monde pensera que ce Babysitter Wanted est un énième film surfant sur le succès de films tels Terreur sur la ligne, Black Christmas, Halloween, la nuit des masques, Scream ou le récent The house of the Devil par exemple. On prend une jolie babysitter, on la place dans une jolie maison puis on commence à lui pourrir sa soirée avec des appels téléphoniques inquiétants avant de lui envoyer un tueur frappadingue qui va lui faire vivre un vrai cauchemar. C’est ce qu’ont dû se dire Jonas Barnes et Michael Manasseri, les deux réalisateurs. 

Pour un premier long-métrage, au budget pas très conséquent, il aurait été effectivement tentant de jouer avec les codes des films précités et de faire tranquillement un petit jeu du chat et de la souris entre notre baby-sitter et une personne malveillante. Seulement voilà, Jonas et Michael sont des petits malins et ils ont choisi de corser un peu l’histoire et de surprendre le public avec une révélation et un retournement de situation qui intervient vers le milieu du long-métrage et qui fait bifurquer leur film vers d’autres horizons que celui du slasher movie ou du thriller dans lequel on pensait qu’il était cantonné. Ce qui donne tout son intérêt à Babysitter Wanted, qui s’avère être une excellente surprise car jouant sur plusieurs registres et sous-genres du film d’horreur avec un certain brio, malgré quelques ficelles bien connues des amateurs mais qui n’en demeurent ici pas moins efficaces !

Notre charmante baby-sitter à qui il va arriver bien des malheurs, c’est Sarah Thompson, qu’on avait découvert en 2000 dans le Sexe Intentions 2 de Roger Kumble. Après avoir joué dans pas mal de séries télévisées, notamment dans la série Ange", Sarah s’est vue octroyé le rôle principal dans le film Brutal de Ethan Wiley, dans lequel elle a pu côtoyer Jeffrey Combs et Michael Berryman, excusez du peu ! 

Dans Babysitter Wanted, elle est carrément bluffante et porte largement le film sur ses frêles épaules. Son physique et la douceur de son visage en font une parfaite babysitter, entendez par là victime toute désignée pour subir quelques désagréments nocturnes. Le scénariste lui a donné un passé guidé par une éducation très religieuse, ce qui rend très touchante la découverte de sa nouvelle vie dans une faculté, avec une colocataire un peu destroy et surtout l’apparition de sentiments amoureux lorsqu’elle rencontre un jeune garçon prénommé Rick. Sa passion pour Dieu et son apparente fragilité ne seront pourtant pas une entrave à la violence qu’elle libérera pour sa survie. Parce que bon, tendre l’autre joue, ça commence à bien faire…

Rick, c’est Matt Dallas, le héros de la série Kyle XY. Il n’a pas un très grand rôle dans le film mais ses scènes avec Sarah Thompson sont légères et touchantes, comme se doit de l’être une love-story naissante. D’ailleurs, si vous ne les trouvez pas mignons tout plein ces deux là, c’est que vous n’avez qu’une pierre à la place du cœur.

Autres personnages importants, la famille Stanton, composée du mari (Bruce Thomas, qui joue aussi dans Kyle XY), de la femme (Kristen Dalton) et de l’enfant (Kai Caster). Un trio fort bien campé, et qui nous donnera bien du plaisir, notamment Bruce Thomas, dont le rôle est assez savoureux ! Le petit Sam est particulièrement inquiétant, avec son incessante manière de prononcer le mot faim. Il semble d’ailleurs que le visiteur non prévu de la soirée qui va inquiéter la babysitter en a après lui. Pourquoi ? Mystère, je ne vais pas vous dévoiler le film quand même. Sachez juste que c’est plutôt bien trouvé, peut-être déjà vu, mais c’est fait de manière tellement efficace que ça marche à plein tube !

Les fans auront aussi plaisir à retrouver l’acteur Bill Moseley dans le rôle d’un shérif qui en aura aussi pour son argent.

Bref, un casting solide pour un premier long-métrage, ça aide toujours, la preuve ici même ! Ajoutons à ça une bonne maîtrise à faire naître le suspense et à créer des scènes de tension (la première partie du film, qui fait donc très Terreur sur la ligne, est vraiment efficace), un twist bien délirant qui intervient en plein milieu du métrage et quelques effets gore pas piqués des hannetons (avec crochets enfoncés dans les pieds et éviscération entre autres), on saupoudre le tout d’une image assez bien travaillée malgré un grain assez présent lors des passages nocturnes, et on obtient un inédit vidéo qui se place largement au dessus du panier de ce qu’on nous propose habituellement. L’aspect gore n’est certes pas la priorité du film mais il est bien présent lors de certaines scènes et apporte un petit plus indéniable à notre plaisir de sadique pervers que nous sommes.

Difficile de vous en dire plus sans vous dévoiler les surprises qui vous attendent. Sachez juste que ce mélange de sous-genres de l’horreur ne donne pas lieu à une soupe indigeste comme ça aurait pu être le cas. D’autres se sont essayés à cet exercice périlleux, qui passe ou qui casse. Dans le cas de Babysitter Wanted, ça passe vraiment bien. Certains auraient peut-être préféré que le film reste dans son ambiance de thriller terrifiant durant toute sa durée. Personnellement, les changements de tons, l’humour noir de certaines répliques et de certaines situations, la montée de l’horreur, l’apparition du gore et les diverses influences qui ponctuent le film m’ont vraiment apparu comme faisant l’originalité et la force de ce long- métrage.

Ayant reçu le Prix du Meilleur Film au Week-end of Fear 2008 à Nuremberg, je ne peux que vous conseiller d’acquérir Babysitter Wanted, ce qui sera chose aisée puisque We Prod et M6 Vidéo viennent de le sortir en DVD. Ce n’est certes pas révolutionnaire, il y a comme déjà dit des clichés et de grosses ficelles mais c’est bien réalisé, bien joué, ça se montre efficace, surprenant parfois, bref, ça vous fait passer un très bon moment devant votre écran et c’est bien tout ce qu’on demande à un film !




Stéphane ERBISTI

THE BABY (2014)

 

Titre français : The Baby
Titre original : Devil's Due
Réalisateur : Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gilett
Scénariste : Lindsay Devlin
Musique : Andre Von Foester
Année : 2014
Pays : Usa
Genre : Diable et démons, found footage
Interdiction : -12 ans
Avec : Allison Miller, Zach Gilford, Sam Anderson, Roger Payano, Vanessa Ray...


L'HISTOIRE : Suite à une soirée bien arrosée lors de leur lune de miel, deux jeunes mariés doivent gérer une grossesse survenue plus tôt que prévu. Alors que le futur père choisit d’immortaliser les neuf mois à venir en filmant sa femme, il découvre que celle-ci adopte un comportement de plus en plus inquiétant, témoignant de changements profonds aux origines à la fois mystérieuses et sinistres...


MON AVISSoyons clair, réalisé sous la forme d’un found footage (papa veut immortaliser le mariage et surtout la grossesse de sa femme afin d’avoir des souvenirs pour les montrer au fiston quand il sera grand) par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gilett, les deux comparses à qui l’on doit l’un des segments du film à sketchs V/H/S, The Baby a bien du mal à maintenir le spectateur en haleine, et c’est peu de le dire. 

Déjà, la mise en place est terriblement et laborieusement longue puisqu’il faut presque patienter une heure avant qu’il ne se passe quelque chose. Durant cette première partie, qui fait quand même plus de la moitié du film, on a donc le droit aux scènes de vie banales du couple. Déjà que, dans notre vie privée, se coltiner les vidéos de mariages et de grossesses de nos proches n’est pas le truc le plus fun du monde alors imaginez lorsqu’il s’agit de deux personnes qu’on ne connait pas. Bon, admettons que ce soit tout de même votre délire, difficile d’avoir la moindre affection pour ces deux personnages tant les situations sont attendues et les dialogues peu intéressants. Les acteurs font ce qu’ils peuvent mais n’arrivent pas à créer l’émotion nécessaire pour qu’on s’attache à leur cas.

Et sans affect, point de compassion ! De ce fait, lorsque (enfin) les premières séquences horrifiques arrivent, on se moque complètement de ce qui va bien pouvoir leur arriver. Il faut aussi signaler que ces scènes chocs sont prévisibles et peu originales car inspirées d’autres films déjà existants. Ce n’est pas qu’avoir des références soit un mal mais encore aurait-il fallut les assimiler correctement et non, comme c’est le cas ici, créer un patchwork de séquences sans lien réel. De Rec à Chronicle en passant par Paranormal Activity, tous les films du style found footage semblent passer à la moulinette de Bettinelli-Olpin et Gilett. Très décevant, donc, surtout que de la part de ce duo de réalisateurs, on aurait pu espérer un film plus surprenant et un tant soit peu original. La seule vraie surprise du métrage est que, finalement, on ne verra pas le bébé ! Dommage pour un film intitulé The Baby, dont l’outil de promotion était une caméra cachée avec un nourrisson monstrueux, et frustrant pour le spectateur.

Au niveau des choix de mise en scène, le film alterne entre réactions des personnages réussis et placement de caméras peu logiques. Rien de foncièrement gênant même si les plus irritables s’agaceront devant certaines incohérences. Les acteurs ne déméritent pas même si, comme dit précédemment, les faiblesses du scénario ne nous les rendent pas spécialement sympathiques. 

Difficile de trouver beaucoup de qualités mais, au final, le plus gros défaut de The Baby est qu’il ne fait pas peur une seconde. Même pas un soupçon d’angoisse n’est distillé et c’est bien là le plus dommageable. On aurait pu tenter de lui pardonner un démarrage longuet et des influences voyantes si seulement l’efficacité avait été au rendez-vous lors des scènes horrifiques. Malheureusement, ce n’est pas le cas…

Pour conclure, ennui est le premier mot qui vient à l’esprit après avoir vu The Baby. Et même si ce manque d’originalité et d’ambition cinématographique ne sont pas seulement imputables à The Baby mais à beaucoup de films du même genre, on était vraiment en droit d’attendre un film plus couillu de la part de membres de la team qui a signé le sketch Radio Silence. C’est raté pour ce film là mais une prochaine fois peut-être ! Et si jamais vous avez des sous à dépenser, allez plutôt vous acheter Rosemary ‘s Baby.




David MAURICE

BABA YAGA (2016)

 

Titre français : Baba Yaga
Titre original : Don't Knock Twice
Réalisateur : Caradog W. James
Scénariste : Mark Huckerby
Musique : James Edward Barker
Année : 2016
Pays : Angleterre
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Katee Sackhoff, Lucy Boynton, Nick Moran, Javier Botet, Jordan Bolger...


L'HISTOIRE : Aujourd’hui devenue une grande artiste dont la réputation n’est plus à prouver, Jess tente de récupérer sa fille Chloé qu’elle avait dû abandonner en raison d’une maladie il y a neuf ans. Un abandon que sa fille n’arrive pas à lui pardonner. Mais quand cette dernière est persuadée d’être hantée par une sorcière nommée Baba Yaga, elle décide de venir vivre chez sa mère biologique. Un rêve pour Jess qui est heureuse de retrouver sa chère fille. Mais malheureusement, le bonheur sera de courte durée car manifestement, une entité démoniaque rôde effectivement autour de Chloé...


MON AVISAprès avoir réalisé en 2013 The Machine, petite série B de science-fiction dont je vous ai parlé il y a peu, Caradog W. James s’est lancé en 2016 dans le film d’épouvante mêlant thriller et paranormal avec Baba Yaga. Figure du folklore russe/slave, Baba Yaga est une sorcière (voire même un démon d’après certains écrits) qui a déjà eu droit en 1973 à un film éponyme réalisé par Corrado Farina mêlant fantastique, thriller, giallo et érotisme.

Le Baba Yaga version Caradog W. James fait partie de cette poignée de petits films réalisés en 2016 ayant fait pas mal le buzz sur le Web et ce malgré des défauts indiscutables. On peut retrouver dans cette petite liste des films comme The Bye-Bye Man, Dans le Noir, 10 Cloverfield Lane ou encore It Comes at NightCar bien que l’on pense volontiers à Candyman ou Ring quand on regarde Baba Yaga, on n’y retrouve malheureusement pas le talent d’un Bernard Rose ou d’un Hideo Nakata. Mais qu’importe, le film de Caradog W. James possède toutefois quelques atouts non négligeables pour en faire un bon petit divertissement comme nous allons le voir dans les quelques paragraphes suivants !

Certain(e)s reprocheront peut-être à Baba Yaga d’user des codes de films de genre, tels jumpscares, légende urbaine véhiculée par des adolescents, malédiction peu originale etc. et effectivement il est difficile de dire le contraire à ce sujet. Car malgré des petites touches d’originalité parsemées par-ci par-là, le film de Caradog W. James sent tout de même bon le réchauffé et le manque de prise de risque. Par ailleurs, on pourra reprocher à Baba Yaga de ne pas proposer un scénario suffisamment approfondi.

Bien qu’il soit plutôt bien pensé sur certains segments - et le final du film en témoigne - ce dernier possède de trop grosses ficelles qui rendent hautement prévisibles plusieurs séquences dont justement ce final quelque peu gâché par un trop-plein d’indices divulgués au préalable et empêchant de donner au spectateur ce qui aurait pu être une belle surprise de fin.

En plus de raccourcis scénaristiques dommageables constatés à divers moments du récit, des incohérences sont également de la partie, comme ce premier adolescent qui se fait rapidement happé par la sorcière alors que sa copine Chloé parvient systématiquement à échapper au démon, sauvée à chaque fois par le gong. Par ailleurs nous ne comprenons pas bien par exemple cette histoire de portes / trappes aux multiples facettes qui permettent d’accéder au monde de la sorcière et entachent cette histoire qui aurait mérité un meilleur sort que celui qui lui est réservé ici.

Enfin, en ce qui concerne la galerie des personnages et surtout leurs interactions les uns avec les autres, on reste clairement sur sa faim. Les personnages sont en effet peu attachants, on peine à faire preuve d’empathie ici, les personnages sonnant creux pour plus d’un d’entre eux, et cette relation compliquée entre les deux protagonistes féminins principaux (Jess et Chloé) n’est malheureusement pas suffisamment exploitée, avec un manque certain de psychologie dans ce duo fragile mais solidaire face à cette entité démoniaque. Posséder un cadre familial aussi intéressant d’un point de vue psychologique (une mère coupable et triste, une fille refusant de lui pardonner cet abandon) et ne rien développer de particulier tout autour (une fois l’introduction passée, Jess et Chloé ne semblent ensuite plus trop affectées par cette situation, trop occupées à gérer ce problème de sorcière qui les touche), c’est vraiment dommage...

Heureusement, à côté de ces nombreux défauts plus ou moins contraignants cités ci-avant, il faut bien reconnaître que Baba Yaga remplit sa partie du cahier des charges en ce qui concerne l’épouvante.

Certaines séquences sont réellement flippantes et angoissantes et une poignée de jumpscares fonctionnent plutôt bien et surtout ne sont pas abusifs. Une ambiance pesante, bien rendue par moments, avec le trouillomètre qui se met en marche sans grand problème lors de la fameuse séquence où Chloé se retrouve coincée dans une pièce avec notre fameuse sorcière, et une atmosphère sombre / gothique réussie, le tout ponctué par de jolis jeux de lumière, une belle photographie et une musique très axée violons parfaitement maîtrisée et en adéquation totale avec l’ambiance qui règne lors de certaines séquences, voilà du bon travail !

Et que dire de notre fameuse Baba Yaga ? Une sorcière / démon plutôt bien fichue, sorte de pantin longiforme désarticulé à la maigreur excessive, tapie dans l’ombre et se déplaçant lentement à la manière d’une Sadako. Une représentation des plus menaçantes qui, accompagnée de bruitages réussis, fera son petit effet auprès du spectateur.

A la manière de The Machine, le précédent long-métrage de Caradog W. James, nous avons là un film d’honnête facture sur de nombreux plans : rythme plutôt soutenu, ambiance / atmosphère fort réussies et musique appropriée mais qui aurait mérité un petit plus niveau scénario. On notera surtout dans Baba Yaga de sympathiques moments d’effroi car il faut bien le reconnaître : faire frissonner et susciter une tension palpable n’est pas chose facile et s’avère même être aujourd’hui une chose rare dans le cinéma fantastique contemporain.

Au final le film de Caradog W. James ne présente peut-être pas grand chose d’extraordinaire sur le papier mais ce dernier demeure toutefois un assez bon divertissement ! Maladroit dans son scénario mais efficace dans sa façon de nous plonger dans ce monde ténébreux et angoissant de Baba Yaga !




David MAURICE

L'AUTRE ENFER (1980)

 

Titre français : L'Autre Enfer
Titre original : L'Altro Inferno
Titre alternatif : Le Couvent Infernal
Réalisateur : Bruno Mattei, Claudio Fragasso
Scénariste : Claudio Fragasso
Musique : Goblin
Année : 1980
Pays : Usa
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Franca Stoppi, Carlo de Mejo, Franco Garofalo, Andrea Aureli, 
Francesca Carmeno, Susan Forget...


L'HISTOIRE : Un couvent devient le lieu de phénomènes inquiétants, causant la mort de plusieurs religieuses. Un prêtre tente d'exorciser le bâtiment mais sans succès. Un jeune prêtre, qui s'intéresse plus au domaine de la psychologie humaine qu'aux croyances en Satan, est dépêché sur les lieux pour tenter de trouver une solution…


MON AVISLa sortie du film de Ken Russell Les Diables en 1971 va lancer toute une série de long-métrages se déroulant dans une enceinte religieuse, et mettant en scène des nonnes, même si on peut lui trouver un précurseur en 1947 avec Le Narcisse Noir de Michael Powell et Emeric Pressbuger ou bien encore avec La Religieuse de Monza de Eriprando Visconti, réalisé en 1968. Mais c'est bel et bien le chef d'œuvre de Russell qui va servir de détonateur à cette branche spécialisée que les experts vont baptiser Nunsploitation. Parmi les grands classiques de ce genre, on retrouve Le Couvent de la Bête Sacrée, Sinful Nuns of St-Valentine, Les Démons ou bien encore La Petite Sœur du Diable entre autres. Sans compter toute une flopée de films à caractère pornographique mettant en scène des nonnes au comportement plus que libertin…

C'est en 1980 que Bruno Mattéi et Claudio Fragasso vont débuter leur longue collaboration et justement, par un film de nonnes. Mattei doit réaliser Les Novices Libertines, un soft-core se déroulant dans un couvent. Et pourquoi ne pas réaliser également un film d'horreur se déroulant dans le même lieu ? L'idée fait rapidement son chemin et voilà que nos deux réalisateurs se retrouvent à réaliser deux films en même temps ! Mattei se charge principalement des Novices Libertines pendant que Fragasso se voit chargé de L'Autre Enfer. Fragasso revendique 80% de la réalisation du film, malgré le fait qu'il soit toujours attribué à Bruno Mattei, qu'il signa d'ailleurs du pseudonyme de Stefan Oblowski (en référence à Alejandro Jodorowski). Une mise en avant du nom de Mattei qui sera récurrente dans la carrière du duo Mattei Fragasso.

Pur film Bis italien, L'Autre Enfer s'avère une bonne surprise pour le spectateur, généralement apeuré par le nom de Bruno Mattei à un générique. En effet, malgré un côté naïf et daté, le film possède une bonne ambiance et n'est pas inintéressant. Fragasso le dit lui-même, c'est en ayant vu le Carrie au Bal du Diable de Brian de Palma qu'il a eu l'idée de faire un film de possession démoniaque, et de situer l'action dans ce couvent pour en renforcer l'impact. En effet, quoi de plus blasphématoire que de faire pénétrer le démon dans une enceinte sacrée, dans un film italien en plus ! Fragasso jouera avec ces codes de mauvaises conduites religieuses, allant même jusqu'à déposer un crâne à l'endroit où sont généralement placées les hosties (blasphème suprême !), et peut-être pire encore, il fera vomir du sang à une pauvre nonne venant de recevoir l'hostie. Le bien contre le mal, la vertu contre le péché. Le Diable est apparemment au Paradis…

Niveau casting, on retrouve avec plaisir plusieurs figures bien connues des amateurs de films de genre. La Mère Supérieure est interprétée par Franca Stoppi, inoubliable dans le malsain Blue Holocaust de Joe d'Amato. Elle est ici encore une fois particulièrement habitée par son rôle, ses regards nous faisant vite comprendre qu'elle est au courant des secrets cachés dans ce couvent. Le jardinier du couvent est joué par Franco Garofalo, qu'on reverra également dans Virus Cannibale ou bien encore Crimes au Cimetière Étrusque. Le jeune prêtre venant aider les sœurs est joué par Carlo de Mejo, acteur bien connu des fans de Lucio Fulci puisqu'on le verra dans Frayeurs, La Maison près du Cimetière ou encore La Malédiction du Pharaon. Une galerie fort sympathique d'acteurs, qui donnent le meilleur d'eux même.

En ce qui concerne les séquences d'horreurs proprement dîtes, le film n'en est pas avare. Coups de couteau, éviscération, attaque canine à la gorge, torche humaine et j'en passe. C'est rudimentaire mais bien dans l'esprit du film. Un esprit très Bis donc, puisque L'Autre Enfer jongle avec les genres sans aucune retenue, mélangeant nonnes, enfant dissimulé sous un voile et possédant des pouvoirs paranormaux, présence diabolique, et même des zombies !! Un joyeux maelstrom qui ne sacrifie pas tout à la surenchère. En effet, je parlais d'ambiance tout à l'heure. Le passage dans les catacombes, la recherche de preuves par le prêtre, la découverte d'un dessin, le décor avec toutes ces poupées pendues et aux visages brûlés, tous ces éléments confèrent au film une ambiance inquiétante et mystérieuse qui est bienvenue. Une atmosphère étrange renforcée par la musique des Goblin. Mais attention, point de partition originale du célèbre groupe italien, mais juste des morceaux déjà entendus dans d'autres films, pour une question de budget nous dira Fragasso. Pas bien grave, car les musiques procurent toujours leurs petits effets quand elles sont placées là où il faut. Ce qui est le cas ici.

Il serait donc dommage de ne pas se laisser tenter de découvrir cet Autre Enfer. Je pense qu'il s'agit sûrement là d'un des meilleurs films du duo Mattei / Fragasso. Certes, on sent le poids des années mais il reste un divertissement tout à fait correct. Certaines séquences fonctionnent encore très bien, et la réalisation tient la route. Vous aimez les nonnes, les ambiances démoniaques, les meurtres ? Passez donc les portes de ce couvent infernal…




Stéphane ERBISTI

L'AUTOROUTE DE L'ENFER (1991)

 

Titre français : L'Autoroute de l'Enfer
Titre original : Highway to Hell
Réalisateur : Ate de Jong
Scénariste : Brian Helgeland
Musique : Hidden Faces
Année : 1991
Pays : Usa
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Chad Lowe, Kristy Swanson, Patrick Bergin, Adam Stroke, Jarrett Lennon...


L'HISTOIRE : Décidés à se marier malgré l'opposition de leurs familles, Charlie et Rachel se rendent à Las Vegas. Mais la rencontre avec le sergent Bedlam, sorte de flic zombie, bouleverse leurs plans lorsque celui-ci enlève la jeune fille et disparaît. Charlie découvre que pour retrouver sa fiancée, il doit se rendre en enfer...


MON AVISTitre phare des années 90 dans les vidéoclubs, L'Autoroute de l'Enfer du réalisateur Néerlandais Ate de Jong est resté dans les mémoires pour le look détonnant d'un des personnages principaux, à savoir le fameux flic des Enfers, dont le visage est parsemé d'inscriptions gravées à même la chair. Ses lunettes de soleil, vissées à son visage, sont également un élément qui retient toute notre attention. Si on peut penser que le titre original du film, Highway to Hell, renvoie à la célèbre chanson du groupe AC/DC, en fait, il n'en est rien. Absolument aucun rapport entre les deux, ne vous attendez donc pas à entendre ce tube mythique dans le film. Par contre, la lecture du résumé aura sûrement allumé une petite étincelle dans votre cerveau et vous venez de vous écrier mais c'est bien sûr, c'est l'histoire d'Orphée se rendant aux Enfers pour aller chercher sa bien-aimée Eurydice ! Bingo ! Le scénariste Brian Helgeland (récompensé par un Oscar pour le scénario de L.A Confidential en 1997) s'est donc amusé à livrer une version décomplexée, fun et... infernale de la plus bouleversante histoire d'amour de la mythologie grecque !

En résulte une petite série B qui a connu pas mal de souci lors de sa mise en chantier et n'a connu qu'une exploitation ultra-minimaliste dans les salles de cinéma américaines, récoltant au box-office la somme de... 26000$ ! Un échec cuisant, qui a donc bénéficié d'une seconde jeunesse lors de son exploitation vidéo. Nul doute qu'il va en connaître une troisième avec sa sortie en DVD et Blu-Ray chez des éditeurs de divers pays, dont la France ! De quoi satisfaire la communauté de fans du film, qui va pouvoir le redécouvrir avec une image remasterisée. Alors oui, comme déjà dit, L'Autoroute de l'Enfer est une petite série B nantie d'un budget oscillant entre 6 et 7,5 millions de dollars, mais qui se distingue par son casting et par une inventivité de tous les instants. Nos deux tourtereaux, incarnant un Orphée et une Eurydice modernes, sont interprétés respectivement par Chad Lowe, petit frère de Rob Lowe dont il est le quasi sosie, et par la charmante Kristy Swanson. Cette dernière est bien connue des fans puisqu'on la vue entre autres dans L'Amie Mortelle de Wes Craven en 1986 puis en tant que Buffy Summers dans le film Buffy Tueuse de Vampires en 1992, dans A toute Allure au côté de Charlie Sheen en 1994 ou dans Le Fantôme du Bengale en 1996.

Ce couple charmant, désireux de se marier à Las Vegas, va donc croiser la route du flic des Enfers, qui va kidnapper la future mariée, prénommée Rachel, pour l'emmener voir son maître à la queue fourchue. Bien décidé à récupérer sa dulcinée, Charlie va, grâce au conseil et à la voiture d'un vieil homme, parvenir à entrer aux Enfers. Commence alors un road movie pour le jeune homme à travers divers décors, allant des plaines désertiques à un fast-food ou un casino dans lequel on trouve aussi bien Attila, Cléopâtre qu'Adolf Hitler ! Durant son long trajet, Charlie rencontrera de nombreux personnages, comme une bande de bikers, des clones d'Andy Warhol, des flics zombies, un démon féminin lubrique pouvant prendre l'apparence qu'elle désire pour mieux tromper ses proies et, bien sûr... le Diable lui-même. Des décors surréalistes, colorés, des personnages atypiques, déconcertants, où se côtoient des figures mythologiques telles le chien à trois têtes Cerbère ou Charon, le passeur du Styx ! Les plus attentifs remarqueront des tas de clin d'oeil ou d'éléments loufoques disséminés un peu partout dans les plans, à vous d'ouvrir l’œil... et le bon !

Malgré un budget restreint, les décorateurs, les costumiers et l'équipe des effets-spéciaux et de maquillages font du bon boulot et parviennent à rendre attachante cette comédie fantastique qui n'a pour autre ambition que de donner du bon temps à son public. Le film possède même un petit côté Mad-maxien avec de nombreuses courses de voitures à se mettre sous la dent. La mise en scène de Ate de Jong est efficace, le réalisateur s'employant à dynamiser le rythme du film le plus possible pour qu'il ne soit pas ennuyeux. Très rock n' roll dans l'âme, avec un petit côté cheap et nanaresque qui ne lui porte pas préjudice, L'Autoroute de l'Enfer et sa galerie de personnages frappadingues est une petite friandise 90's qu'on prend toujours plaisir à déguster gentiment et nul doute que cette love-story en Enfers saura séduire de nouveaux spectateurs qui veulent passer un bon moment devant leur écran.




Stéphane ERBISTI

AU SERVICE DU DIABLE (1971)

 


Titre français : Au Service du Diable
Titre original : La plus Longue Nuit du Diable
Titre alternatif : La Nuit des Pétrifiés / Le Château du Vice
Réalisateur : Jean Brismée
Scénariste : Jean Brismée, Pierre-Claude Garnier
Musique : Alessandro Alessandroni
Année : 1971
Pays : Belgique, Italie
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Erika Blanc, Jean Servais, Jacques Monseau, Ivana Novak, Lorenzon Terzon...


L'HISTOIRE : En 1945, le Baron von Rhoneberg est témoin de la naissance de sa petite fille, laissant sa femme morte en couches. Afin de conjurer une malédiction antique qui dit que chaque descendante de la famille von Rhoneberg deviendra une succube, il poignarde son enfant. Quelques 25 ans plus tard, les sept occupants d'un car demande l'asile au Baron von Rhoneberg, qui accepte de les héberger dans son château. Une huitième personne, Hilse Muller, s'invite à la nuit tombée. Une nuit qui va s'avérer pleine de dangers pour les invités...


MON AVISProduction Belgo-italienne, Au Service du Diable est l'unique réalisation de Jean Brismée, ancien professeur de mathématiques et de physiques et auteur de plusieurs courts métrages didactiques. Bénéficiant d'un budget assez dérisoire et sans expérience dans le domaine du long métrage, Jean Brismée va pourtant mettre tout en oeuvre pour faire du mieux qu'il peut et offrir au public un film respectueux du genre. 

Flirtant ouvertement avec le fantastique et l'épouvante, Au Service du Diable nous évoque le cinéma de Jean Rollin ou de Jess Franco, avec un rythme qui prend son temps, une bonne utilisation des décors, une atmosphère fantastico-poétique assez réussie, une petite touche d'érotisme bienvenue (jolie scène lesbienne entre deux très belles actrices, la blonde Shirley Corrigan et la brune Ivana Novak) et un casting bien en place qui évolue dans une atmosphère inquiétante et lugubre. 

Cerise sur le gâteau, la présence d'une actrice culte du cinéma Bis, Erika Blanc, dans le rôle de la succube ! La belle italienne augmente le potentiel érotique du film avec des tenues ultra sexy mais jamais vulgaires, qui ne dévoilent rien de ses charmes mais laissent l'imagination du spectateur prendre la relève. La grande originalité du film est qu'une fois Erika Blanc en chasse, ses victimes vont mourir selon les sept péchés capitaux, une idée qui sera reprise des années plus tard par David Fincher pour Seven ! Gourmandise, avarice, envie, paresse etc, tout y passe, avec plus ou moins de réussite mais tout de même, c'est vraiment l'un des points forts du film, avec son casting hétéroclite, allant du Belge Jean Servais au Français Lucien Raimbourg, en passant par le Chilien Daniel Emilfork, acteur au physique étonnant et qui interprète avec une élégance raffinée le Diable lui-même, dans une prestation qu'on n'oubliera pas, de par son visage si particulier et qui ne nécessite aucun maquillage. 

Du maquillage, Erika Blanc va en porter par contre, sublimant sa beauté naturelle ou la transformant en effroyable succube au teint blafard, le jeu de lumière du directeur de la photographie achevant de la rendre soit désirable, soit effrayante. Les différentes morts proposées seront assez soft niveau violence mais on aura tout de même droit à une décapitation à la guillotine ou à un corps transpercé par les piques d'une Vierge de Fer, célèbre élément de torture moyenâgeux, entre autres. 

Hormis l'utilisation des péchés capitaux, il est vrai qu'on ne peut pas vraiment dire que le scénario d'Au Service du Diable soit innovant ou très original, car on a tous les clichés du genre au menu : les touristes qui doivent bifurquer de leur route et atterrissent dans un château peu engageant ; un majordome au faciès peu rassurant et qui aime à raconter les drames sordides qui ont eu lieu dans les chambres de ses hôtes / les jeunes filles déambulant dans les couloirs du château dans des tenues vaporeuses / l'arrivée d'une femme dont on sait très bien qui elle est réellement et j'en passe. 

Il n'en reste que Jean Brismée, totalement novice dans le cinéma de genre, a su jouer de ces clichés, proposant au spectateur un voyage atmosphérique de qualité, servi par une belle mise en scène, que la musique adéquate composée par Alessandro Alessandroni vient rehausser. 

Cette proposition de cinéma gothique belgo-italien a de quoi séduire les amateurs, curieux de découvrir des films autres que ceux en provenance de l'Angleterre, de l'Italie ou de l'Espagne. La scène finale viendra clôturer Au Service du Diable sur une note bien jouissive et amusante, je vous laisse la surprise ! N'ayant pas connu un réel succès à l'époque de sa sortie, le film connût plusieurs carrières sous différents titres, dont Le Château du Vice, Pétrification ou La Nuit des Pétrifiés.  




Stéphane ERBISTI