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BLANCHE NEIGE : LE PLUS HORRIBLE DES CONTES (1997)

 


L'HISTOIRE : Des cheveux aussi noirs que l'ébène, une peau blanche comme de la neige, des lèvres aussi rouges que le sang…Vous connaissez la suite ! En tout cas plus ou moins. Enceinte de celle qu'elle avait hâte de surnommer blanche-neige, Lady Lilliana Hoffman meurt dans un accident de carrosse, ce qui ne l'empêchera pas d'accoucher d'une adorable enfant. Son mari s'occupe alors de sa fille, seul durant de longues années, jusqu'au jour ou il prend une nouvelle épouse, l'élégante et mystérieuse Lady Claudia. La petite subit alors ce remariage comme un affront et voit du mauvais œil sa marâtre, qui semble cacher de bien lourd secrets…


MON AVIS : Il est bon de rappeler que l'on se plaît à raconter les contes de Grimm à nos chères têtes blondes depuis des décennies alors que ceux-ci n'ont finalement rien de très innocents. Bien que le rythme souvent alerte, une certaine naïveté, et une grande part de féerie prédomine, les visions effroyables, elles, ne manquent pas. L'on sera surpris d'apprendre par exemple que le supplice du tonneau aperçu dans 2000 Maniacs faisait déjà ses premières armes dans l'un des innombrables contes des frères Grimm !

Dommage donc que ces récits merveilleux et cruels furent édulcorés au cinéma par l'Empire Disney, et que les occasions de leur donner leur sens premier n'attire pas les foules. Neil Jordan adoptera cependant cet audacieux concept le temps de son splendide La Compagnie des Loups, pervertissant le conte de Perrault avec grand talent, tout comme le fera plus tard Jan Kounen dans son malsain et kitch Le Dernier Petit Chaperon Rouge. Et Grimm, ça n'intéresse personne ? Gilliam oui, livrant alors un blockbuster assez impersonnel mettant en scène les deux frangins. Mouais…

Il faut alors jeter un coup d'œil dans certains rayons de vidéos clubs en 1997 pour dénicher un petit bijou du genre, se vantant d'être la véritable histoire de Blanche Neige ; ce qui n'est pas tout à fait exact à la vue du résultat final.

L'inconnu Michael Cohn s'évertue non pas à respecter le conte, mais à le corrompre au point de rajouter des éléments nouveaux, assez séduisants avouons-le. On est donc assez loin des frasques kitchs de La Caverne de la Rose d'or, voire des excursions onirico-psychanalistes de La Compagnie des Loups ; Cohn livre là un sacré bon film d'aventure horrifique, assez unique en son genre il est vrai.

Ce Blanche Neige - le plus Horrible des Contes veut jouer dans la cour des gros budgets sans y arriver vraiment, (un soin visuel évident, deux stars en tête d'affiche) et déçoit un peu par son rythme hésitant, mais réserve tout de même de bonnes surprises ! La meilleure d'entre elles ? Sans aucun doute la prestation de Sigourney Weaver, pour une fois moins sage qu'à l'habitude. Contrairement au dessin animé de Disney par exemple, plus focalisé sur les facéties des sept nabots, le film de Cohn semble entièrement reposer sur la reine noire, figure ici plus ambiguë que chez Tonton Mickey.

Si on ne connaît rien au départ des intentions de Lady Claudia (c'est la petite Liliana qui, ô surprise, déclare la guerre), la mort de son enfant sera le déclic de son penchant pour le mal, avec intervention du miroir maléfique, crise de jalousie envers blanche-neige et tout le tintouin.

Personnage tourmenté mais déterminé, Lady Claudia s'adonne à toutes sortes de rites magiques jusque là inédits dans le conte (la spectaculaire chute des arbres), et les tentatives de meurtre via le peigne empoisonné ou le corsage ne sont finalement pas retenues (le coup de la pomme empoisonnée, légendaire, est bien présent évidemment). Si cela aurait été le cas, on aurait trouvé alors la jeune Liliana bien sotte, à force de faire entrer des inconnues dans la chaumière malgré les avertissements des nains !

Les nains, parlons-en justement : ceux là ont été évincés, remplacés alors par un groupe de brigands pas attachants pour un sou (l'un des sept est un nain cependant… mais on s'en fout), bien que Liliana trouvera l'amour parmi eux ; drôle de Prince Charmant !

Ce clash princesse/sales brigands renvoie alors à La Chair et le Sang, mais en moins hardcore et en moins intéressant… hélas.

Sam Neill, dont la filmo est finalement assez portée sur le fantastique, s'en tire avec les honneurs, face à une Sigourney Weaver lui en faisant voir de toutes les couleurs, la jeune femme s'adonnant ainsi au meurtre, à la magie noire, au fratricide, à l'adultère voire même à l'inceste ! Tout l'érotisme et la monstruosité du personnage trouve grâce à travers le film de Cohn, au point que la charmante Monica Keena devient transparente, bouffée toute crue par le monstre Weaver. Eh ouais…



Titre français : Blanche Neige - le plus Horrible des Contes
Titre original : Snow White - a Tale of Terror
Réalisateur : Michael Cohn
Scénariste : Tom Szollosi, Deborah Serra
Musique : John Ottman
Année : 1997 / Pays : Usa
Genre : Sorcellerie, conte horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec Sigourney Weaver, Sam Neill, Gil Bellows, Taryn Davis, Brian Glover, 
David Conrad, Monica Keena...




Jérémie MARCHETTI

BLADE (1998)



L'HISTOIRE : 1967. Dans un hôpital, une jeune femme gravement blessée à la gorge meurt en accouchant de son fils. De nos jours, tandis que la nuit tombe sur la ville, un jeune homme se laisse conduire dans une boîte de nuit branchée située dans un abattoir. Rejeté par les danseurs avec lesquels il essaie de nouer contact, il est carrément agressé lorsque les extincteurs de secours arrosent de sang frais des vampires amateurs de techno. Rampant afin de prendre la fuite, il se retrouve aux pieds d'un homme revêtu d'une cuirasse et d'une cape noires, armé d'un fusil à pompe, de pieux d'argent et d'un sabre : Blade. Entre ce dernier et les vampires, un combat acharné s'engage, au terme duquel le guerrier cuirassé immole Quinn. Le cadavre calciné atterit dans l'hôpital où travaille Karen Jenson, mais Quinn est encore vivant. Alors que Blade surgit de nouveau pour lui régler son compte, il a le temps de mordre la jeune hématologue avant de s'enfuir. Troublé par la ressemblance de Karen avec sa mère, Blade décide de tenter de la sauver, et l'emmène avec lui dans le repaire secret qu'il partage avec son coéquipier Abraham Whistler…


MON AVIS : Pour ce film de vampires à grand spectacle, dans la lignée des Comics chers à David Goyer (Dark City ou encore Ghost Rider), on pouvait s'étonner a priori du choix de Stephen Norrington à la réalisation. A l'époque, ce dernier était en effet essentiellement connu comme spécialiste des effets spéciaux, que ce soit en tant que technicien ou producteur (Aliens le retour ou plus récemment L'exorciste : au commencement) tandis que son premier film, Death Machine, était passé quasiment inaperçu. Crainte principale : celle d'assister à un métrage purement axé sur la volonté d'en mettre plein la vue, comme cela a d'ailleurs fini par arriver à Norrington avec La Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Mais, fort heureusement, Blade tient la route, et sans révolutionner de fond en comble le genre des homini nocturni, inaugure avec efficacité cette désormais trilogie, qui aura fait passer nos amis vampires à l'âge du sang techno-numérique.

Règle obligatoire de ce genre de film, la scène d'introduction donne d'emblée le ton général. Avec cette excellente idée d'une boîte de nuit hype dispensant à ses habitués une douche sanglante au lieu du bain de mousse traditionnel, scène qui fait la aprt belle à la belle Traci Lords d'ailleurs, puis un combat nerveux chorégraphié avec talent (Wesley Snipes, également producteur du film, pratique la capoeira depuis des années), Norrington administre une séquence graphique assez enthousiasmante. Lumières froides, décor épuré, sang rouge vif, mouvements de caméra rapides et tournoyants, les vampires nouvelle génération paraissent sacrément excités (art martial, crochets, pistolets mitrailleurs) et sont envoyés ad patres avec autant d'entrain (contemporains en cela des morts vivants à haut-débit de Danny Boyle et Zack Snyder). Quoique d'une bonne définition, les effets spéciaux n'interviendront pas toujours avec autant de réussite. Les éclatements organiques de la seconde partie du film prennent par exemple un tour artificiel et grotesque tranchant maladroitement avec le reste, l'ambiance Comics virant au comique tout court. Mais ce n'est là qu'une exception au passage, sans doute commandée par le souci de ne pas faire verser Blade dans l'horreur pure, et le rituel fantastique de la Magra rétablira convenablement les choses.

De même, si Blade use de clins d'œil distanciateurs et de mimiques viriles un peu lourdes, c'est sans compromettre l'atmosphère d'ensemble, comme ce sera au contraire le cas avec le Faust de Brian Yuzna. Il s'agit ici de conserver la ligne directrice du projet : un film d'action fantastique et divertissant avant toute chose. En fait, quelques années plus tôt, un obscur Jake West avait atteint les sommets du ridicule en essayant de réaliser une chose équivalente (Razor Blade). Mais là, aucun doute : tout en choisissant un ton light, Blade reste efficace, et Norrington remporte aisément la mise.

Les héros de Comics sont la plupart du temps partagés entre une identité civile officielle et leur nature de justicier, occasionnant des troubles schizophréniques (Batman, Faust) et/ou des quiproquos affectifs (Superman, Spiderman) qui s'intègrent à la trame narrative et la compliquent. Ici, rien de tel : si Blade possède bel et bien un nom et un prénom d'origine (Eric Brooke), personne ne s'en soucie. Dans un monde d'ores et déjà envahi par les vampires, ce sont ces derniers qui dissimulent leur véritable nature, tandis que le héros, obligé de vivre caché, ne se départira jamais de ses attributs guerriers. Et pour cause : la dichotomie qui s'instaure d'ordinaire entre l'apparence du héros et sa vérité est ici balayée pour laisser place à un conflit biologique. Blade porte en lui les gènes spécifiques des créatures qu'il affronte, et son coéquipier Whistler doit régulièrement lui administrer un sérum pour éviter une mutation complète. Cette originalité, tout en inscrivant le film dans un contexte résolument contemporain, permet aussi de simplifier la narration… au détriment de toute psychologie, celle-ci demeurant superficielle et cantonnant les personnages dans des clichés très orthodoxes. Si vous cherchez de l'émotion et de l'originalité dans le dessin des caractères, ce n'est donc pas dans Blade que vous les trouverez…

A vrai dire, les personnages les plus intéressants du film sont les méchants (qui a dit comme d'habitude ?), c'est-à-dire les vampires assumés. Divisés entre notables du cercle d'Erebus et arrivistes à la solde de Deacon Frost (Stephen Dorff), le monde des vampires reprend ici les éléments initiés par Anne Rice, tout en les débarrassant une fois pour toute de tout argument dix-neuviémiste, et en faisant de leur opposition un certain reflet de la réalité contemporaine. 

D'un côté les conservateurs bien établis dirigés par Gaétano (Udo Kier), qui souhaitent jouir de leurs privilèges en toute discrétion. Et de l'autre, les ambitieux aux dents longues, cyniques, agressifs et à la pointe de la mode, ne souhaitant renouer avec leurs origines ancestrales que pour instaurer leur pouvoir mondial d'une façon définitive et déclarée (la thématique du vampire pur et impur évoquant tout à fait celle d'une race aryenne). Au beau milieu, on trouve Pearl, gardien des archives assez incongru semblant sortir tout droit de Star Wars, et donnant lieu à un supplice bien sadique de la part de Karen Jenson. Mais entre modernisme high-tech, glyphes kabbalistiques et complots somme toute classiques, Stephen Dorff incarne un Deacon Frost impétueux qui n'est pas sans rappeler les personnages de Roméo+Juliette de Baz Luhrmann, .et c'est sans doute lui qui remporte la palme des interprètes de Blade.

Avec ses défauts par-ci par-là et son ambition mesurée, Blade remplit donc son objectif principal : accommoder les vampires à la sauce Comics branchée, et Norrington peut se féliciter de nous avoir fourni un film plus qu'honnête. Une agréable mise en bouche avant le deuxième opus réalisé par Guillermo Del Toro, qui allait prendre une toute autre envergure.


Titre français : Blade
Titre original : Blade
Réalisateur : Stephen Norrington
Scénariste : David Goyer
Musique Mark Isham
Année : 1998 / Pays : Usa
Genre : Vampires, super-héros / Interdiction : -12 ans
Avec : Wesley Snipes, Stephen Dorff, Kris Kristofferson, N'Bushe Wright...




Stéphane JOLIVET

BIO ZOMBIE (1998)

 


L'HISTOIRE : Deux vendeurs de VCD, Woody Invicible et Crazy Bee, travaillent dans un centre commercial. Ils reçoivent un appel de leur patron leur demandant d'aller chercher sa voiture. Lors du trajet, ils ont un accident en percutant un homme. Celui-ci possède un soda qui transforme en zombie quiconque s'en abreuve. Les deux amis justement lui font boire ce soda avant que l'homme rende l'âme. Ils décident alors de le mettre dans le coffre de la voiture et de retourner au centre commercial. Malheureusement, les ennuis vont commencer quand l'homme se transforme en zombie, sort du coffre et débute le carnage...


MON AVISSi l'on regarde de plus près l'historique des films mettant en scènes des morts vivants, on s'aperçoit très vite que les asiatiques ne sont pas très friands du genre. En effet pratiquement aucun film sur le genre. On peut toutefois citer les plutôt sympathiques Stacy, Wild Zero, Versus et Junk venant du Japon. A noter qu'il s'agit de films récents montrant peut-être un plus grand intérêt des asiatiques pour ce genre de films actuellement. Dans l'industrie de Hong-Kong, c'est également très timoré. On se remémorera tout de même le célèbre Kung Fu Zombie datant de 1981. Bio Zombie fait donc partie de ces films très rares de zombies venant de là-bas. Sorti en 1998 ce film mélange habilement horreur et comédie.

Bien évidemment, ne vous attendez pas un film de zombie novateur, vous l'avez déjà bien compris je pense avec le pitch, mais Bio zombie s'apparente à un matériau respectant ses aînés sans tomber dans les confins de la médiocrité. Si le mixte humour et horreur dans le genre du zombie a su donner des petites perles (voir Le Retour des Morts Vivants, Braindead) comme des beaux ratages (Le Retour des Morts Vivants 2), Wilson Yip réussit l'exploit de se hisser vers le niveau du film de Dan O'Bannon en n'hésitant pas à conclure son métrage d'une manière pessimiste tout à fait remarquable.

En plus de cela, Yip semble être un grand fan de Romero comme tout fan de films en zombie cela dit en passant. L'action se déroulant en grande majorité dans un centre commercial rappelle donc sans mal le fameux Zombie. Mais ici point d'œuvre contestataire, Bio Zombie est un film d'exploitation fun et sans prétentions.

L'humour surprend par sa grande présence, ne faisant jamais tomber le film dans le ridicule. Dialogues et situations cocasses sont les forces de cet humour. Le duo des deux jeunes délurés y est pour beaucoup aussi, c'est incontestable. Jeunes branleurs plutôt décérébrés, on assistera à leur intimité à la fois amusante et pathétique. Ayant rencontré deux jeunes et jolies filles, Woody se prend un râteau avec l'une d'elle. Il décide alors avec son compère de l'agresser dans les WC. En résulte une scène totalement absurde et hilarante où nos deux amis passent sans mal pour des nigauds de première.

Il y aussi le jeune serveur du restaurant qui est fou amoureux de l'une de ces deux filles et qui deviendra un gentil zombie aidant à plusieurs reprises nos protagonistes. Le couple est également très amusant avec cet homme qui traite sa femme comme une chienne mais qui dans les moments difficile se révèle être une vraie mauviette. Là encore, on assistera à plusieurs passages croustillants, bien que parfois horribles lorsque ce personnage pousse une des jeunes filles de l'ascenseur pour que celui-ci puisse marcher à cause du poids trop important. On peut donc rapprocher ce personnage avec celui de Cooper dans La Nuit des Morts Vivants.

Qui dit zombies, dit effusions de sangs me direz-vous alors qu'en est-il ici ? Si Bio Zombie est loin de proposer un spectacle gore limite vomitif (comme les films de zombies de Fulci entre autres), il a cependant son lot jouissif de morts (on n'est pas au niveau d'un Resident Evil heureusement). Outre les éternelles balles retentissant dans les corps de nos amis les zombies, on assistera à divers démembrements (les deux branleurs qui tirent sur les bras d'un zombie) mais également quelques règlements de compte à la perceuse électrique. Malgré tout, cela reste plutôt restreint, les plans gores étant assez courts. Mais il y a de quoi s'amuser.

Bio Zombie comporte donc assez peu de défauts même si on est loin d'un chef-d'œuvre. Le manque important d'innovation y joue beaucoup. On assiste plus à un bon trip de fan de films de zombies qui voulaient avant tout se faire plaisir et entre nous, c'est déjà très bien. Mais Yip aurait pu éviter quelques intrusions jeux video's style, lorsque, par exemple, à la fin nous voyons un portrait robot des protagonistes avec leurs points forts et faibles à l'instar des films de bastons avec le choix du personnage mais ce n'est pas non plus aussi risible qu'un House of the Dead.

En bref Bio Zombie est un film de zombie très sympathique alternant horreur et surtout comédie ce qui est plutôt normal vu son pays d'origine. Respectant le genre et ne tombant jamais dans la médiocrité, Yip nous donne à voir un spectacle très divertissant qui vous fera passer à coup sûr un agréable moment.


Titre français : Bio Zombie
Titre original : Sang Faa Sau See
Réalisateur : Wilson Yip
Scénariste : Matt Chow, Siu Man Sing, Wilson Yip
Musique Peter Kam
Année : 1998 / Pays : Hong-Kong
Genre : Morts vivants, Comédie horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec Jordan Chan, Sam Lee, Angela Tong Ying-Ying, Yiu-Cheung Lai...




Anonymous

BENNY'S VIDEO (1992)

 

Titre français : Benny's Video
Titre original : Benny's Video
Réalisateur : Michael Haneke
Scénariste : Michael Haneke
Musique Johann Sebastian Bach
Année : 1992
Pays : Autriche, Suisse
Genre : Insolite
Interdiction : -16 ans
Avec Arno Frisch, Angela Winkler, Ulrich Mühe, Ingrid Stassner, Stéphanie Brehme...


L'HISTOIRE : Benny n'est pas un adolescent comme tous les autres. Il est beaucoup plus renfermé, faute d'avoir eu des parents présents. Il se passionne alors pour la vidéo, comblant ainsi ce manque d'affection. Mais parfois la réalité et la fiction se confondent. Certains ados ne sont pas aptes à gérer et finissent par ne plus du tout voir la différence. Benny sera victime de cela, et se verra commettre l'irréparable…


MON AVISBenny's Video ? Quel est ce déroulé d'images dénuées de sentiments et d'émotions ? Et bien, voici encore un film signé de notre mythique Michael Haneke et la mise en image de son talent à nous envoyer dans le monde saugrenu de la violence gratuite est encore bien présent ici ! Précédent Funny Games, voici une autre expérience mise en place par ce réalisateur n'ayant pas peur des tabous !

L'histoire de Benny's Video, me dira t-on n'a pas de grands rapports avec celle de Funny Games si ce n'est le meurtre commun filmé sans que le moindre sentiment humain ne crève l'écran. Notre homme est connu pour cela, alors pourquoi arrêter lorsqu'il le fait si bien ? Cela peut en déranger plus d'un et c'est là toute la force de ses films…

Ici, ce n'est pas la violence entre adulte mais la violence d'un enfant. Qu'est-ce qu'il y a de plus cruelle que l'innocence d'un enfant aimant expérimenter et découvrir la vie, lorsque celui-ci dépasse les limites ?

Haneke nous conte donc l'histoire d'un adolescent atypique, effacé et pétant un câble dans un calme froid à vous glacer le sang ! Le personnage de Ricky Fitts dans American Beauty nous fait furieusement penser à Benny mais bien sûr en beaucoup moins cruel et dérangeant. Cloîtré dans une chambre à l'aspect froid, exigu, coupée de toute lumière si ce n'est celle de son matériel vidéo, Benny mène une vie tranquille dans un monde mêlant réalité et fiction.

Arrive alors le petit détail qui va tout faire dégénérer : il tombe amoureux d'une jeune fille, mais va la tuer de manière glaciale. Il continue ensuite tranquillement sa petite vie de cinéaste amateur totalement siphonné. Et qui ramasse les pots cassés ? Les parents. Sûrement par culpabilité, le père tente d'effacer ce drame par n'importe quel moyen en envoyant sa femme et son fils loin, pour effacer toutes preuves afin de sauver la peau de celui-ci.

Haneke filme avec une teinte principalement bleutée et foncée dans l'appartement pour renforcer le côté froid des scènes et des dialogues, ceux-ci étant courts, expéditifs et totalement inexistants parfois. Il commence son film par le visionnage de l'abattage d'un cochon, lui-même filmé par notre adolescent. Il regarde, rembobine, et regarde de nouveau au ralenti cette scène. Les cris de l'animal deviennent ainsi beaucoup plus atroces qu'au naturel. L'image se brouille, et Benny's Video s'inscrit en lettres rouges. Nous sommes de suite mis en condition. Ce film sera dur à supporter psychologiquement. Nous jonglons donc entre la vie de l'ado et ses vidéos. Une vie d'ado apparemment normale et pourtant quelque chose cloche. Il prend un malin plaisir à déranger. Et sa pauvre victime subira une mort lente et atroce. Abattue comme un animal. Filmée jusqu'au bout.

Nous vivons le meurtre à travers la fameuse caméra de Benny. L'agonie de la jeune fille se traînant sur le sol, puis plus rien, seulement ses cris de douleur. Puis le silence. Un silence pesant mais libérateur de ces cris de souffrance. Et après ? Benny continue sa petite vie comme si cela n'avait été qu'un de ses petits films. Son deuxième personnage se libère, et nous connaissons le vrai Benny : un dérangé. Il se met nu et se caresse avec un peu de sang et bien sûr, toujours en filmant. Il change radicalement d'attitude, se rebelle, se sent comme maître de la situation, de tout. Nous étions en face d'un adolescent renfermé au début, nous sommes maintenant en face d'un ado rebelle, impassible et bien plus malin qu'avant. Il a plus d'un tour dans son sac !

Avec une fin inattendue, Haneke nous signe un film froid, implacable, malsain et glauque à souhait. Bref, un film à voir absolument si l'on aime le travail psychologique sur la violence gratuite qui, ma foi, est bien plus cruel et dérangeant qu'une tonne d'hémoglobine ! A ne pas laisser entre n'importe quelle main tout de même…




Stéphanie AVELINE

BEG ! (1994)

 

Titre français : Beg!
Titre original : Beg!
Réalisateur : Robert Golden
Scénariste : David Glass, Robert Golden, Peta Lily
Musique Stephen W. Parsons, David Pearl
Année : 1994
Pays : Angleterre
Genre : Insolite
Interdiction : /
Avec Peta Lily, Philip Pellew, Julian Bleach, Olegar Fedoro, Jeremy Wilkin...


L'HISTOIRE Un couple en plein ébat amoureux. La belle Penelope Second. L'amant victime d'un meurtre étrange. Tué par un poison, ouvert et recousu d'une étrange façon. Un détective balourd, qui reçoit tout ses ordres par une oreillette. Un hôpital décrépit, où les lits sont en nombre insuffisant. Et la belle Penelope. Trop belle, rattrapée par son passé et la mort de son amant. Là commence une descente aux enfers, une hallucination fantasmagorique rendant toute description vaine...


MON AVISVoici un film acquis par Troma et qui s'avère être une vraiment bonne surprise. Et par surprise, j'entend vraiment SURPRISE.

Tout d'abord je dois vous dire qu'il s'agit d'un film (aussi surprenant que cela puisse paraître) très reposant. Peut-être un peu trop d'ailleurs puisqu'en ce qui me concerne, j'ai eu tendance à avoir les paupières très lourdes. Tout cela du fait de l'utilisation d'un scope de couleurs douces (même le rouge apparaît doux !) et de musiques tranquillisantes. Cependant ne vous laissez pas rebuter par cet aspect car le film est un pur chef-d'oeuvre.

La jaquette annonce c'est Fellini et Argento avec un zeste de Kubrick. Pour ma part Beg! consiste plutôt en un cocktail de Caro et Jeunet avec un zest dépressif, et un penchant singulièrement plus morbide. On pensera donc beaucoup à La Cité des Enfants Perdus pour l'aspect graphique. En effet l'image est toujours travaillée au possible. Les éclairages sont sublimes, créant de nombreux clairs-obscurs, ou travaillant les différentes catégorie de plans. Le premier plan peut être éclairé en rouge alors qu'une partie de l'arrière-plan se trouve noyé dans le bleu.

Au-delà de la colorimétrie, les décors eux aussi recèlent une personnalité. Ils semblent soupirer, transpirent la mélancolie, la douleur aussi. A tout instant l'environnement joue un rôle, il n'est jamais neutre, jamais passif. Il semble parfois même prendre le pas sur les personnages. C'est ce décor qui plonge les protagonistes dans une quête obsessionnelle d'accomplissement, où ils ont tout a perdre. D’où cette importance qui lui est donnée.

Étonnant, puisqu'a l'origine Beg! est une pièce de théâtre écrite par Peta Lily et David Glass. Peta Lily qui est d'ailleurs l'actrice principale du film. De fait si les décors sont si travaillés qu'il est difficile de croire qu'il s'agit originellement d'une oeuvre de scène, le jeu des acteurs est, quant à lui, on ne peut plus théâtral. Leurs mouvements sont très amples, et leur expressions frôlent le caricatural. Si cela contribue fortement à accentuer l'ambiance grotesque du métrage, certains pourront en être gênés, ceux-la même qui ont trouvé les premiers longs de Caro et Jeunet insupportables.

Lorsque vous vous apprêterez à regarder le film, laissez votre sens logique de côté. Il s'agit en effet d'un cauchemar fantasmagorique, les images que vous recevrez renforcent ce sens de l'illusion, de l'impalpable. Laissez-vous donc emporter par ces images, n'essayez pas de tout interpréter à tout prix, cela ferait retomber l'effet hypnotique du métrage de Robert Golden.

Le flot graphique continu que constitue Beg! pourra donc s'avérer difficile à ingurgiter par instant. Cependant, se laisser emporter par son courant empoisonné est comme une douce hallucination. Le métrage est ainsi une réussite flagrante dans la mesure où, sans être réellement cohérent (mais les hallucination peuvent-elles être cohérentes?), il s'avère être une véritable expérience. Une projection dans les fantasmes malades d'(une) autre(s) personne(s).

Au final ce métrage anglais que Troma a acquis s'avère d'une qualité exceptionnelle. Tout est finalisé au millimètre près. Plus particulièrement le son, qui s'avère d'une importance cruciale. Ainsi le détective Stiltskin est guidé à distance par son mentor qui ne peut qu'entendre ce qui se passe autour du détective. Les bruits sont donc amplifiés, et mis en image, de façon onirique. L'atmosphère poisseuse colle à la peau et à l'esprit, et le film terminé, reste un arrière goût de mauvais rêve, comme un réveil en sursaut. 

Une réussite totale donc, pour un métrage qui relève plus de l'essai fantasmatique, de l'expérimental, que réellement du film d'horreur de divertissement.

Colin VETTIER

LA BAZAAR DE L’ÉPOUVANTE (1993)

 

Titre français : Le Bazaar de l'épouvante
Titre original : Needful Things
Réalisateur : Fraser C. Heston
Scénariste : W.D. Richter
Musique Guy Blackwell, Otis Blackwell, Patrick Doyle, Rick Giles
Année : 1993
Pays : Etats-Unis, Canada
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec Max von Sydow, Ed Harris, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, J.T. Walsh...


L'HISTOIRE : Les habitants de la petite ville côtière de Castle Rock vivent paisiblement et malgré quelques frictions entre riverains, le shérif Alan Pangborn n'a jamais l'occasion de faire usage de la force. L'annonce de l'ouverture d'une nouvelle boutique dans la ville est le centre de toutes les attentions. Le propriétaire, Leland Gaunt, nouvellement installé, va procurer aux habitants l'objet de leurs rêves les plus fous, en échange d'une somme modique et d'un petit service. Peu à peu, le shérif note que les frictions deviennent rivalités et que les habitants qu'il connaît bien semblent céder à la folie collective. La boutique du charmant Leland Gaunt aurait-elle quelque-chose à voir dans ce changement d'attitude ?


MON AVISDepuis le succès de Carrie au Bal du Diable en 1976 et de Shining en 1980, chaque roman de Stephen King, le maître de l'épouvante, se voit automatiquement adapter, soit pour le cinéma, soit pour la télévision, avec plus ou moins de réussite et de succès. Parmi les adaptations notables du célèbre romancier, on peut citer SimetierreStand by MeLa Ligne VerteMiseryLes évadés ou Christine entre autres. 

En 1991, Stephen King sort un nouveau roman, Bazaar. L'histoire d'une petite ville tranquille dont les habitants vont développer un comportement violent et irrationnel suite à l'ouverture d'une nouvelle boutique tenu par un certain Leland Gaunt. Se classant rapidement dans les trois meilleures ventes de livres, Bazaar intéresse bien sûr le monde du cinéma et un projet d'adaptation voit le jour. Un premier scénariste tente de condenser le pavé du King pour une durée cinéma, puis un second scénariste est engagé, W.D. Richter, qui parvient à garder l'essence du roman tout en effectuant pas mal de modifications, les écrits ne se prêtant pas toujours à une mise en image à l'identique. 

Un premier réalisateur est choisi, Peter Yates, le metteur en scène de Bullit ou de Krull. Il sera remplacé par Fraser C. Heston, le fils de Charlton Heston lui-même ! D'une durée de deux heures, le film sort au cinéma en 1993 et n'obtient pas un grand succès, malgré la présence de très bons acteurs, comme Ed Harris dans le rôle du shérif ou Max Von Sydow dans celui de Leland Gaunt par exemple. Mais le roman est trop long et la durée du film retenue ne lui permet pas de développer assez les personnages et les événements présentés, tout comme il oblige le monteur a faire des cuts assez radicaux, qui plombent le rythme du film au final. 

Dans sa version cinéma, Le Bazaar de l'épouvante reste divertissant bien sûr mais ne dégage pas non plus un enthousiasme très relevé. Fort heureusement, face aux maigres recettes que rapporte le film lors de sa distribution en salles, les producteurs ont l'idée de le proposer à la chaîne de télévision TBS sous un nouveau format : une mini-série de deux fois 90 minutes. Le film de 2H devient donc une mini-série de 3H ! Et forcément, on y gagne ! Les personnages et leurs interactions sont nettement plus développés, on passe plus de temps avec eux et les manigances de Leland Gaunt y gagnent également en intensité et machiavélisme. 

Une longue introduction est rajoutée également, nous montrant ce diabolique personnage au volant de sa voiture noire comme les ténèbres et pourchassé par le shérif. Une longue scène introductive, qui ne cache pas la dimension réelle de Leland Gaunt. Plusieurs personnages voient leur temps de présence à l'écran être accrue, et il faut bien avouer que cette version longue de 3H bonifie considérablement la version cinéma, qui devient quasiment obsolète face à la minisérie, bien plus ambitieuse et convaincante. 

Max Von Sydow est impeccable dans le rôle de ce personnage diaboliquement charismatique et dont le but inavouable est de créer le chaos parmi les habitants des villes dans lesquelles il vient s'installer. Car oui, Castle Rock n'est pas le premier lieu de ses méfaits, comme le stipule ce petit carnet où il note le nom des villes et des personnes qu'il a réussi à détourner du droit chemin. Le fantastique s'insinue lentement dans le récit, par petites doses, et vient contaminer la population dans manière insidieuse, sans grand déferlement d'effets-spéciaux ou de séquences spectaculaires. 

Quelques scènes chocs ponctuent le récit, comme cette violente bagarre entre deux femmes ou la vision d'un pauvre chien entièrement dépecé et pendu. L'humour, noir évidemment, est également aux abonnés présents et certaines répliques de Leland Gaunt nous feront bien sourire. Sur un thème un peu similaire à celui du roman Salem (un inconnu vient semer le désordre dans la ville où il vient de prendre place), Le Bazaar de l'épouvante intrigue et se suit sans ennui, le format mini-série étant vraiment ce qui lui convenait le mieux. 

L'aspect téléfilm n'est pas dérangeant, le jeu d'acteurs est plutôt bon et les changements apportés par le scénariste vis à vis du roman ne sont pas trop gênants pour ceux qui n'ont jamais lu ce dernier. Bref, n'hésitez pas à passer trois heures en compagnie de l'étrange Leland Gaunt, le marchand de vos rêves trop gentil pour être honnête...




Stéphane ERBISTI

LA NUIT DES CHAUVES-SOURIS (1999)


Titre français : La Nuit des Chauves-Souris
Titre original : Bats
Réalisateur : Louis Morneau
Scénariste : John Logan
Musique : Graeme Revell
Année : 1999
Pays : Usa
Genre : Attaques animales
Interdiction : -12 ans
Avec Lou Diamond Phillips, Dina Meyer, Bob Gunton, Carlos Jacob...


L'HISTOIRE Deux jeunes ados sont retrouvés morts dans le Texas des suites d'une agression de chauves-souris. Sheila Capser, une experte dans le domaine des chiroptères, et son assistant Jimmy sont appelés en urgence pour venir enquêter sur cette attaque des plus inhabituelles. Arrivés sur les lieux, ils apprennent que des chauves-souris se sont échappées suite à des expériences scientifiques menées par le professeur Mc Cabe. Alors qu'elles étaient de simples chauves-souris frugivores, ce savant les a rendues omnivores et celles-ci sont à présent en liberté. Les heures sont comptées : il faut réagir vite face à ce fléau avant que ces bestioles génétiquement modifiées ne fassent de nos braves texans des festins nocturnes...


MON AVISAlors que le cinéma de genre nous propose moult films de crocodiles, de requins ou de serpents, il est déjà beaucoup plus rare de voir des longs métrages traitant des chauves-souris. En effet, mis à part quelques titres comme Morsures (1979), Fangs (2001), Vampire Bats (2005) ou encore The Roost (2006), les films mettant en scène nos petites bêtes ailées ne sont pas légion. Alors, quand l'un de ces petits films sort, il ne passe forcément pas inaperçu auprès des amateurs de films d'agressions animales.

Et ce La Nuit des Chauves-Souris en est la preuve même : remarqué en France grâce au Festival Fantastic'Arts de Gérardmer, le film fut cependant un échec au cinéma outre Atlantique mais refit surface rapidement dans les bacs, en VHS puis DVD. Bénéficiant d'une pochette très aguicheuse (lugubre à souhait avec cette maison isolée en pleine nuit autour de laquelle tournent des chauves-souris), le film n'est pas passé inaperçu dans les commerces et s'est même refait une jeunesse lors de la parution d'un DVD collector à prix plus qu'abordable en France. Quatre ans plus tard, en 2007, une suite verra même le jour sous le nom peu recherché mais très explicite Bats 2, la Nuit des Chauves-Souris 2.

Mais alors, que vaut réellement cette petite série B sur nos vilaines bébêtes génétiquement modifiées ? Voyons cela de suite dans cette chronique plus courte que d'habitude il est vrai...

Le moins que l'on puisse tout d'abord dire, c'est que le film de Louis Morneau (Retroaction, The Hitcher 2 : retour en Enfer, Une Virée en Enfer 2) ne s'embête pas à nous présenter un scénario des plus originaux, celui-ci pompant sans réfléchir sur du déjà vu, mais malheureusement pas dans ce qui se fait de mieux. Une histoire de bébêtes génétiquement modifiées par un scientifique désireux de faire avancer la science toujours plus loin et qui réussissent à se retrouver hors de leurs cages, provoquant ainsi la panique mais surtout la mort de nombreuses personnes. Heureusement, de valeureux experts en chiroptères (et là vous vous dites diable, qu'est-ce qu'il est cultivé ce David) vont venir à la rescousse de nos chers texans ! 

Partir de ce type de scénario n'est pas encore une mauvaise chose, même si une petite touche d'originalité n'aurait pas été de refus, encore faut-il cependant réussir à y camper quelques petites touches personnelles. Et là ce n'est pas gagner non plus : le film de Louis Morneau accumule les clichés à la vitesse de l'éclair. En effet, alors que le scénario est déjà l'exemple même de la banalité absolue, le reste suit la même direction : l'ensemble du casting regorge de clichés flagrants (la scientifique intello, l'assistant afro rigolo, le shérif courageux et dragueur, le vilain professeur tout méchant qui a créer les méchantes bébêtes, sans oublier l'Armée qui aime se mêler de tout) et le film se paye même des clins d'œil à certains films cultes, on pense notamment au film d'Hitchcock Les Oiseaux pour l'attaque des chauves-souris en pleine ville ou encore à Alien, le Huitième Passager pour la dernière partie du film, histoire de combler un scénario dépourvu d'originalité.

Ajoutez à cela des moments lourds et pompeux, des dialogues creux ainsi qu'un manque d'explications au final (mais comment se sont-ils retrouvés dans la nature nos vilains rats ailés ?) et vous obtenez là une série B d'agressions animales des plus communes, le genre de film que l'on regarde lors d'une fin de soirée quand il nous reste encore un peu de vivacité pour ne pas aller dormir tout de suite.

Vraiment dommage de constater un travail aussi bâclé, surtout quand on voit qui se trouve dans le casting principal du film : Lou Diamond Phillips dans le rôle du shérif, toujours aussi bon devant la caméra, et Dina Meyer qui, pour le coup, incarne un personnage sans trop de saveur mais réussit tout de même à apporter à celui-ci le minimum syndical. Ajoutons à ce duo de héros l'acteur Bob Gunton dans le rôle du scientifique à l'origine de l'apparition de ces chauves-souris sanguinaires et vous obtenez un casting plutôt soigné, bien loin des castings de la plupart des productions Corman traitant d'agressions animales. Ha oui, parce que je vous l'ai pas dit : Louis Morneau est issu de l'école Corman ! Les deux hommes se connaissent d'ailleurs très bien, Roger ayant permis à son élève de réaliser le médiocre Carnosaur 2.

Par ailleurs, on retiendra comme bon point le fait que le film regorge de scènes d'action, les chauves-souris étant particulièrement voraces. D'ailleurs, on retiendra surtout la scène de l'attaque des oiseaux en pleine ville avec tous ces gens qui courent partout, se réfugient dans les commerces de proximité, sous les voitures. Voilà certainement LE point positif du film : le rythme, malgré quelques séquences de dialogues lourdes et ennuyeuses, réussit à nous tenir en haleine grâce à ces nombreuses attaques de chauves-souris. On regrettera par contre la façon qu'a Louis Morneau de filmer les agressions en gros plans en secouant la caméra comme un allumé, (peut-être est-ce pour cacher l'esthétisme misérable des chauves-souris...

Car oui, parlons-en de nos chères vilaines bébêtes. Une grosse déception que celles-ci : véritables fruits du croisement entre un rat et un Ghoulie (si si !), nos chiroptères nous poussent plus à rire qu'à frissonner ! Et il faut les voir en train de ramper d'un pas décidé vers leurs victimes et ensuite attendre sagement jusqu'au moment fatidique où elles vous sautent dessus et vous plaquent au sol tel un Chabal voulant manger du All Black ! Tellement ridicule que c'en devient drôle ! Ah, et puis l'équipe des effets spéciaux vous laisse même le choix entre l'animatronique et la bébête numérique, aussi laide l'une que l'autre !

Par contre, soit dit en passant, ne vous attendez pas trop à des scènes sanguinolentes ou autres passages gores : à part un corps dévoré à la morgue et deux-trois morsures de chauves-souris (merci les studios KNB), il n'y a quasi rien à se mettre sous la dent.

Au final, ce La Nuit des Chauves-Souris déçoit énormément. Bourré de clichés jusqu'à la moelle, le film de Louis Morneau semble ne pas vouloir jouer la carte (même infime) de l'originalité et nous livre ici une histoire bateau dans laquelle on ne retiendra que les nombreuses attaques de chauves-souris qui permettent de donner un rythme plutôt énergique au long-métrage. Une série B à voir un soir de pluie quand il n'y a rien de bien intéressant dans le programme télé…

Dans les films de chauves-souris, au risque peut-être d'en choquer plus d'un, je vous conseille à la rigueur plutôt Fangs, ne serait-ce que pour son scénario plus original - même si là non plus, sans vouloir faire un jeu de mots, ça ne vole pas haut - ainsi que quelques-uns de ses personnages plus approfondis que dans le film de Louis Morneau.




David MAURICE

BATMAN LE DÉFI (1992)

 

Titre français : Batman le Défi
Titre original : Batman Returns
Réalisateur : Tim Burton
Scénariste : Sam Hamm, Daniel Waters
Musique : Danny Elfman
Année : 1992
Pays : Usa, Angleterre
Genre : Super-héros
Interdiction : /
Avec Michael Keaton, Danny DeVito, Michelle Pfeiffer, Christopher Walken...


L'HISTOIRE : C'est Noël à Gotham City, et une organisation secrète sème la terreur et la discorde dans la ville. Celle-ci est dirigée par le Pingouin, être monstrueux vivant reclus dans les égouts, s'alliant avec l'ambitieux et dangereux Max Shreck pour conquérir la cité et se débarrasser de Batman. Batman, qui se retrouve d'ailleurs bien ennuyé face à une imprévisible ennemie : Catwoman, curieuse créature de la nuit comptant bien faire payer ce que lui a fait subir Max Shreck. Il va avoir du pain sur la planche…


MON AVIS Avec Batman premier du nom, Tim Burton préfère délaisser le matériau d'origine et d'avantage imposer SA vision, son style, ses personnages et son univers. Simple et tourmenté, son Batman se faisait rapidement dévorer par un Joker coloré et déchaîné, assassin et grimaçant. Le scénario se montre classique, de même que les scènes d'actions : tout est dans les décors, les idées, la musique, les plans souvent superbes (la Batwing s'imprimant sur la Lune), Burton offre un spectacle honnête, que certains fans de l'homme chauve-souris trouvèrent bien décevant. Le grand Tim remet le couvert trois ans plus tard, peu après ce qui restera son plus grand film : Edward aux Mains d'argent. Mais ce qui surprend encore plus, c'est que Batman le Défi fera lui aussi parti des plus grands films de son auteur. Une expérience qui renvoie pour beaucoup le premier film aux oubliettes.

Entre le New York des années 30 et l'expressionnisme allemand, Gotham City avait déjà été planté dans le premier film, grâce au talent de Anton Furst. Burton relooke à nouveau la ville, donne un cachet nettement plus gothique (anges de pierre, cimetière, toits biscornus…), la rend plus étouffante, la parsème de neige et amplifie par la même occasion sa beauté morbide, parfois même ses couleurs, Noël étant, on aura droit à un gigantesque arbre de Noël et quelques boutiques bien garnies de jouets ne tardant pas à brûler.

Après le pimpant et burlesque Joker, ce sont Catwoman et le Pingouin qui rejoignent instantanément la clique de méchants batmanienne. Mais pas seulement, puisqu'ils rejoignent aussi la troupe des personnages burtonniens, et plus particulièrement le Pingouin. Freak de son état, il est rejeté par des parents de la haute société (reconnaîtrez-vous Paul Pee Wee Reubens dans le rôle du pater ?) qui tel Moïse, l'envoient sur les flots, non pas purs d'une rivière, mais ceux, verdâtres des égouts. Se constituant une famille de saltimbanques inquiétants, à base de clowns sinistres et de pantins décharnés, il se réfugie avec une poignée de pingouins dans un antre dissimilé sous un zoo abandonné.

Ce zoo au look particulièrement burtonnien (statues grisâtres, neige, grillages tordus, ombres mystérieuses, arbres morts…), renvoi à une version dark du jardin gourmand du récent Charlie et la chocolaterie et surtout à une habitude toute burtonnienne d'attacher LE personnage burtonnien à un lieu reflétant parfaitement son univers mental : les recoins les plus sombres de l'imagination dans Vincent, le château dans Edward aux Mains d'argent, la maison farfelue dans Pee Wee Big Adventure, le cimetière dans L'étrange Noël de Monsieur Jack

Alors que Batman devient un personnage quasi-transparent (il fallait oser, Burton l'a fait !), le réalisateur se concentre sur ses deux bad guy, avant tout monstrueux, mais aussi humains. Si le Pingouin se révèle être tout le long du film un être repoussant, sadique, sale et difforme, il se montre également comme un Freak tout simplement rejeté de la société, cherchant une certaine reconnaissance, et pourquoi pas une véritable identité.

Quand à Selina Kyle / Catwoman, elle se montre comme une version féminine de Batman et bien plus bad. Semant l'ambiguïté, Catwoman est le résultat de la fulgurante transformation d'un esprit inexistant et frustré, celui de la pauvre Selina Kyle: secrétaire timide malmenée par une vie glauque et sans joie, Selina se fera malheureusement défenestrer par son patron Max Shreck (costume qu'endosse Christopher Walken, très à l'aise en véritable magouilleur / manipulateur, empruntant pour son personnage le nom de l'acteur ayant incarné Nosferatu) après avoir malencontreusement fouiné dans les affaires de celui-ci.

En quelques instants de folie furieuse, Burton ressuscite la fragile Selina pour aboutir à une douloureuse naissance. Un esprit tortueux et dérangé naît en quelques instants sous nos yeux, grâce au jeu tétanisant de Michelle Pfeiffer, qui ne retrouvera jamais un rôle aussi puissant. Séduite dans sa vie de nouvelle femme par Bruce Wayne, elle se jette dans une liaison dangereuse avec Batman, aux accents SM, lorsqu'elle redevient une implacable féline (hallucinante scène du saccage et de l'explosion du supermarché). Griffes, fouets, cuir : entre fantasme et folie, Burton croque sur pellicule une femme chat sensuelle et inoubliable, maniant un érotisme magnétique et inattendu, et n'oubliant pas au passage quelques sous-entendus bienvenus. Mais au final, les méchants et les gentils vus par Burton dans cette suite, sont tout aussi faibles et délabrés (voire "usés") les uns que les autres.

Tim Burton esquisse la personnalité de ces trois animaux, qui ne peuvent s'entendre car radicalement et définitivement différents (voire incompatibles) dans leur nature (vous verrez vous, un pingouin, un chat et une chauve-souris traîner ensemble ?) Batman le Défi refuse sèchement sa transformation en pur produit pop-corn: à la manière de Edward aux Mains d'argent, il fait surgir une cruauté et une violence inattendues (l'explosion d'émotion finale est à couper le souffle) et cultive une ambiguïté extrême.

Et même au-delà des trois personnages cités, Burton soigne son esthétisme jusque dans des plans affolants de beauté, fait preuve évidemment d'une inventivité visuelle sans précédent (la présentation des parapluies gadgets, le canard géant surgissant dans la salle de bal, Catwoman surgissant devant le néon Hell here…) et fait preuve d'une très grande habilité à manier la caméra.

Nettement plus sombre que le premier volet, que ce soit d'ordre esthétique ou scénaristique, Batman le Défi ne s'autorise que rarement à l'utilisation de la lumière du jour (voir lumière tout court), et préfère s'afficher comme une œuvre blafarde et pessimiste. Un Batman dépassé, un Pingouin qui ne trouvera jamais sa place parmi les hommes (tout comme Edward, Pee Wee, Beetlejuice, Ed Wood…) car trop différent et une Catwoman rongée par le bien et le mal. Dans un monde éclairé entre la noirceur de l'encre et la pâleur d'un fantôme, Burton se montre plus anticonformiste que jamais avec ce chef-d'œuvre certes bien loin du Batman originel, mais bel et bien au cœur de l'univers Burtonnien.




Jérémie MARCHETTI