BEG ! (1994)

 

Titre français : Beg!
Titre original : Beg!
Réalisateur : Robert Golden
Scénariste : David Glass, Robert Golden, Peta Lily
Musique Stephen W. Parsons, David Pearl
Année : 1994
Pays : Angleterre
Genre : Insolite
Interdiction : /
Avec Peta Lily, Philip Pellew, Julian Bleach, Olegar Fedoro, Jeremy Wilkin...


L'HISTOIRE Un couple en plein ébat amoureux. La belle Penelope Second. L'amant victime d'un meurtre étrange. Tué par un poison, ouvert et recousu d'une étrange façon. Un détective balourd, qui reçoit tout ses ordres par une oreillette. Un hôpital décrépit, où les lits sont en nombre insuffisant. Et la belle Penelope. Trop belle, rattrapée par son passé et la mort de son amant. Là commence une descente aux enfers, une hallucination fantasmagorique rendant toute description vaine...


MON AVISVoici un film acquis par Troma et qui s'avère être une vraiment bonne surprise. Et par surprise, j'entend vraiment SURPRISE.

Tout d'abord je dois vous dire qu'il s'agit d'un film (aussi surprenant que cela puisse paraître) très reposant. Peut-être un peu trop d'ailleurs puisqu'en ce qui me concerne, j'ai eu tendance à avoir les paupières très lourdes. Tout cela du fait de l'utilisation d'un scope de couleurs douces (même le rouge apparaît doux !) et de musiques tranquillisantes. Cependant ne vous laissez pas rebuter par cet aspect car le film est un pur chef-d'oeuvre.

La jaquette annonce c'est Fellini et Argento avec un zeste de Kubrick. Pour ma part Beg! consiste plutôt en un cocktail de Caro et Jeunet avec un zest dépressif, et un penchant singulièrement plus morbide. On pensera donc beaucoup à La Cité des Enfants Perdus pour l'aspect graphique. En effet l'image est toujours travaillée au possible. Les éclairages sont sublimes, créant de nombreux clairs-obscurs, ou travaillant les différentes catégorie de plans. Le premier plan peut être éclairé en rouge alors qu'une partie de l'arrière-plan se trouve noyé dans le bleu.

Au-delà de la colorimétrie, les décors eux aussi recèlent une personnalité. Ils semblent soupirer, transpirent la mélancolie, la douleur aussi. A tout instant l'environnement joue un rôle, il n'est jamais neutre, jamais passif. Il semble parfois même prendre le pas sur les personnages. C'est ce décor qui plonge les protagonistes dans une quête obsessionnelle d'accomplissement, où ils ont tout a perdre. D’où cette importance qui lui est donnée.

Étonnant, puisqu'a l'origine Beg! est une pièce de théâtre écrite par Peta Lily et David Glass. Peta Lily qui est d'ailleurs l'actrice principale du film. De fait si les décors sont si travaillés qu'il est difficile de croire qu'il s'agit originellement d'une oeuvre de scène, le jeu des acteurs est, quant à lui, on ne peut plus théâtral. Leurs mouvements sont très amples, et leur expressions frôlent le caricatural. Si cela contribue fortement à accentuer l'ambiance grotesque du métrage, certains pourront en être gênés, ceux-la même qui ont trouvé les premiers longs de Caro et Jeunet insupportables.

Lorsque vous vous apprêterez à regarder le film, laissez votre sens logique de côté. Il s'agit en effet d'un cauchemar fantasmagorique, les images que vous recevrez renforcent ce sens de l'illusion, de l'impalpable. Laissez-vous donc emporter par ces images, n'essayez pas de tout interpréter à tout prix, cela ferait retomber l'effet hypnotique du métrage de Robert Golden.

Le flot graphique continu que constitue Beg! pourra donc s'avérer difficile à ingurgiter par instant. Cependant, se laisser emporter par son courant empoisonné est comme une douce hallucination. Le métrage est ainsi une réussite flagrante dans la mesure où, sans être réellement cohérent (mais les hallucination peuvent-elles être cohérentes?), il s'avère être une véritable expérience. Une projection dans les fantasmes malades d'(une) autre(s) personne(s).

Au final ce métrage anglais que Troma a acquis s'avère d'une qualité exceptionnelle. Tout est finalisé au millimètre près. Plus particulièrement le son, qui s'avère d'une importance cruciale. Ainsi le détective Stiltskin est guidé à distance par son mentor qui ne peut qu'entendre ce qui se passe autour du détective. Les bruits sont donc amplifiés, et mis en image, de façon onirique. L'atmosphère poisseuse colle à la peau et à l'esprit, et le film terminé, reste un arrière goût de mauvais rêve, comme un réveil en sursaut. 

Une réussite totale donc, pour un métrage qui relève plus de l'essai fantasmatique, de l'expérimental, que réellement du film d'horreur de divertissement.

Colin VETTIER

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