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AUDITION (2000)

 

Titre français : Audition
Titre original : Oodishon
Réalisateur : Takashi Miike
Scénariste : Daisuke Tengan
Musique : Kôji Endô
Année : 2000
Pays : Japon
Genre : Tueurs fous
Interdiction : -16 ans
Avec : Ryo Ishibashi, Eihi Shiina, Tetsu Sawaki, Jun Kunimura...


L'HISTOIRE : Shigeharu est maintenant veuf depuis sept ans et il a de nouveau envie d'être marié, surtout que son fils semble d'accord pour ce projet. Avec l'aide de son ami Yoshikawa, il organise une fausse audition pour un casting de cinéma afin de pouvoir choisir la femme qu'il désire. Il repère sur les candidatures celle de la jeune Asami. Le lendemain, pendant l'audition, Shigeharu rencontre Asami, une ancienne danseuse et il tombe immédiatement sous le charme. Il lui donne un premier rendez-vous et tout se passe à merveille entre nos deux amoureux. Mais Yoshikawa ne semble pas aussi enthousiaste au sujet d'Asami et il met en garde Shigeharu, qui décide de faire des recherches sur la vie de cette étrange jeune femme...


MON AVIS : Film choc réalisé par Takashi Miike, le réalisateur japonais fou déjà auteur de nombreux films bien barrés tels Ichi the Killer ou la saga des Dead or Alive entre autres,  Audition est assez différent par son traitement des œuvres pré-citées. En effet, Audition se veut avant tout un film d'ambiance, là où les films de Miike joue plus dans la démonstration pure et simple. 

Le film démarre tranquillement et on assiste à la préparation de l'audition ainsi qu'au casting. Apparaît alors Asami, jouée par la sublime Eihi Shiina, et dont le look et les grands cheveux noirs nous font évidemment penser à la Sadako de Ring. C'est là que tout le talent de Miike commence à se faire sentir sur l'écran, car non, nous n'avons pas affaire ici à un film de fantôme japonais.

Par petites touches, il inclue dans une banale love-story un élément de mystère, de suspense, un sentiment d'inquiétude. Le spectateur commence à comprendre qu'Asami cache des choses et que sa beauté et son apparente fragilité et timidité ne sont qu'une facette, et qu'elle en possède une autre, qui semble bien plus obscure et inquiétante.

Miike nous la montre dans son appartement, totalement désert, assise contre un mur, la tête entre les bras, un téléphone à côté d'elle. Lorsque la sonnerie retentit, elle esquisse un sourire qui fait vraiment froid dans le dos. Et que peut bien contenir ce grand sac à patates qui repose près d'elle ? Avec une grande habileté, Miike fait monter progressivement la tension et on devient de plus en plus conscient que le personnage de Shigeharu (Ryô Ishibashiest en train de se faire avoir par cette beauté ténébreuse. 

Le final, qui choqua bon nombre de personnes, nous montrera toute l'horreur de la vérité sur Asami et en tétanisera plus d'un, assurément, tant il est d'une redoutable efficacité.

En clair, Audition n'est sûrement pas le film le plus barge de Miike, du moins au niveau de sa mise en scène, nettement plus posée ici, mais son traitement et la montée de la peur par touches subtiles en font un grand film de terreur. Nul doute que le visage d'Asami, comme celui de Sadako, restera longtemps gravé dans la mémoire des spectateurs.



Stéphane ERBISTI



3 EXTRÊMES (2004)

 

Titre français : 3 Extrêmes
Titre original : Sam Gang 2
Réalisateur : Takashi Miike, Fruit Chan, Park Chan-Wook
Scénariste : Haruko Fukushima, Lilian Lee, Park Chan-Wook
Musique : Bok-sung-a, Kwong Wing Chan, Kôji Endô, Byung-hoon Lee
Année : 2004
Pays : Japon, Hong-Kong, Corée du Sud
Genre : Film à sketches, horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Miriam Yeung, Bai Ling, Tony Leung Ka-Fai, Lee Byung-Hun, Im Won-Hee...


L'HISTOIRE Après le succès à la fois artistique et commercial en 2002 de 3 Histoires de l'au-delà, il semblait logique qu'une suite voit le jour. Cette nouvelle coproduction asiatique, qui a toujours pour but de faire découvrir ses talentueux réalisateurs, s'est donc portée garante d'une suite, baptisée 3 Extrêmes. Les trois histoires proposées ici s'appellent La Boîte, Nouvelle Cuisine et Coupez !


MON AVIS : Le film à sketches 3 Extrêmes permet d'intégrer le Japon, grand absent du premier volet, ce qui était d'ailleurs étrange étant donné que le renouveau du genre vient du pays du soleil levant. Qu'importe puisque son représentant dans 3 Extrêmes n'est autre que notre Takashi Miike préféré, le stakhanoviste de la caméra toujours prêt à nous émerveiller et nous prendre à revers là où on l'attend le moins. C'est ainsi que Miike surprend dans son segment qui est d'une rare maîtrise et maturité mais voyons déjà l'histoire de son segment intitulé La Boîte.

Traumatisée par un passé douloureux, une romancière s'enferme continuellement chez elle et peine à communiquer avec l'extérieur. Malheureusement pour elle, son passé troublant la hante de plus en plus et le retour à la réalité va être un choc.

Le mieux est d'en dévoiler le moins possible, Miike reprend ici plusieurs de ses thèmes chers. Le plus important est celui de la famille, dans la plupart de ses films il traite ainsi de la famille qu'elle soit unie (voir Happiness of katakuri) ou désunie (Visitor Q). La confrontation du temps est également très importante dans se segment et lors du premier visionnage, il est simple de s'y perdre. Retour dans le passé mélangé avec le présent, flashback amené d'une manière très réfléchie mais non explicité directement. Miike fait perdre son spectateur dans une histoire troublante. Pourquoi le segment s'appelle-t-il une boîte ? Je ne vous dirai rien mais la réflexion se posant sur cette boîte et son symbolisme, est d'une rare pertinence.

Au niveau de la réalisation, je crois qu'il s'agit ici du Miike le plus maîtrisé qui prouve ainsi que c'est un grand metteur en scène, ne se limitant pas à des débordements allant dans tous les sens. Non, Miike sait parfaitement conter une histoire et il nous le prouve encore une fois. C'est lent, travaillé, il y a une ambiance froide, peu de dialogues. Miike nous emporte ailleurs et réussit pleinement son segment. Décidément l'homme n'a pas fini de nous surprendre.

C'est maintenant au tour du Hongkongais Fruit Chan que l'on connaît surtout pour Made in Hong Kong, The longest summer et Little Cheung, une trilogie sur la rétrocession. Son segment s'intitule Nouvelle cuisine.

Une femme de quarante ans (Mme Li) veut garder sa jeunesse pour plaire encore à son mari qui la trompe, décide d'aller voir une chinoise du continent (Tante Mei) réputée pour ses plats qui seraient d'essence régénératrice. Problème, ses plats sont des raviolis mais des raviolis à base de fœtus humains.

Si le segment de Chan n'est pas mauvais en tant que tel, on peine néanmoins à comprendre ce qu'il fait dans ce film étant donné qu'il ne rentre jamais à un seul moment dans le fantastique. Ici, on assiste surtout à une critique propre au réalisateur. Une critique intéressante entre les points de vue de la Chine continentale et Hong Kong, certes, mais qui à aucun moment ne s'apparente à un film fantastique. Quelques débordements graphiques tout de même, dont un accouchement pas très propre effectué par Tante Lei qui va laisser des séquelles mais rien n'y fait, on s'ennuie plus qu'autre chose. Pas de tensions, pas de peur et en fin de compte peu d'intérêt pour cette histoire, qui bascule d'ailleurs dans un ton dramatique pour finir. Chan le dit lui-même, il n'avait pas pour objectif de faire un film d'horreur. Preuve donc que l'intérêt de ce segment est ici très limité.

Pour ceux qui cela intéresse, il faut savoir que le film est sorti seul en DVD à Hong Kong, dans une version de 90 minutes.

Après un Miike surprenant, voici la seconde surprise du film, le segment du coréen Park Chan-Wook. Reconnue aujourd'hui mondialement grâce à son film Old boy qui, rappelons-le, a gagné le prix du Jury à Cannes en 2004 (présidé par Quentin Tarantino, important à préciser). Je vous recommande d'ailleurs de voir JSA et Sympathy for Mr. Vengeance qui sont incontestablement des grands films. Venons-en maintenant plus précisément à l'histoire du segment de Park, nommé : Coupez !

Ryu est un réalisateur à succès habitant dans une demeure somptueuse. Il rentre de son travail et est assommé. A son réveil, il découvre qu'il est attaché et il voit un homme qui lui explique un deal. Celui-ci a attaché la femme de Ryu sur son instrument, à savoir un piano, et propose de la relâcher si Ryu tue un enfant qu'il a enlevé. Si Ryu ne veut pas, toutes les cinq minutes l'homme coupera un doigt de la femme.

Par le biais de ce pitch, vous vous rendez compte comme le segment de Park est méchant. Cynique et à la fois empli d'un humour noir extrême, Park joue à chaque instant avec les nerfs du spectateur. De plus la réalisation est d'une rare maîtrise à l'instar d'un Old Boy malgré le peu de lieu d'action (l'intégralité du segment en gros se situe chez le metteur en scène). Park a eu l'air de s'amuser et n'hésite pas à frapper dans le gore par instant. Il va au bout des choses en soi.

En outre, il propose aussi une critique. Critique de la condition des classes sociales entre une personne riche et un homme pauvre relégué en tant que simple figurant. On retrouve aussi la vengeance et les décisions sans équivoques des personnages, propres au cinéma de Park. En somme, un excellent segment.

3 Extrêmes est sans conteste un très bon divertissement qui comme son homologue 3 Histoires de l'au-delà offre deux très bons moyens métrage et un beaucoup moins bon, bien qu'ici il ne soit pas pour autant raté. Le métrage de Chan n'aurait juste pas dû faire partie du lot, c'est tout. Mais la vision du film se vaut rien que pour le travail de Miike et Park, qui prouvent qu'ils sont parmi les réalisateurs les plus doués du moment.




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