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BABA YAGA (1973)

 

Titre français : Baba Yaga
Titre original : Baba Yaga
Réalisateur : Corrado Farina
Scénariste : Corrado Farina
Musique : Piero Umiliani
Année : 1973
Pays : Italie, France
Genre : Insolite
Interdiction : -12 ans
Avec : Carroll Baker, George Eastman, Isabelle De Funès, Ely Galleani...


L'HISTOIRE : Alors qu’elle rentre seule d’une soirée, la photographe de mode Valentina fait la connaissance d’une femme mystérieuse prénommée Baba Yaga. Peu de temps après, Valentina semble comme envoûtée par l’image de Baba Yaga et des événements curieux se produisent autours d’elle. La jeune femme a des visions, la réalité semble irréelle…


MON AVISBaba Yaga. Un nom bien connu des enfants puisqu’elle représente souvent une sorcière, issue du folklore slave. Le film ci-présent va la mettre en scène de manière originale. Il faut d’abord rappeler que ce film est l’adaptation d’un fumetto, équivalent d’un comic américain mais en Italie. C’est le dessinateur Guido Crepax qui a inventé le personnage de Valentina, dont le look rappellera la superbe Louise Brooks, et qui lui a fait vivre de nombreuses aventures érotico-fantastiques, dont une où la photographe se confrontait à la sorcière Baba Yaga, dans l’album bien nommé Valantina et Baba Yaga. Les fumetti de Crepax ont la particularité d’être graphiquement très avant-gardistes, ce qui les a rapidement différencié des bandes dessinées au design plus enfantin, mais également très ciné-génique, avec un découpage des images qui peut rappeler un story-board.

Le réalisateur Corrado Farina est un grand admirateur de l’œuvre de Crepax et c’est donc tout naturellement qu’il choisit d’adapter les aventures de Valentina au cinéma pour son second et dernier long métrage. Les actrices qu’il désire pour interpréter les deux personnages principaux ne sont pas disponibles et il doit se rabattre sur Carroll Baker (la Baby Doll d’Elia Kazan, vue également dans Si Douce, Si Perverse d’Umberto Lenzi ou bien encore dans L’Adorable Corps de Deborah de Romolo Guerrieri) qui jouera Baba Yaga et sur Isabelle de Funès (nièce du célèbre Louis !) pour interpréter Valentina. On appréciera de retrouver au casting le non moins célèbre George Eastman, acteur culte des fans de Bis italien, qui joue le compagnon de Valentina. 

Ces différents personnages vont donc se rencontrer et se télescoper dans un univers très étrange, mélange de rêve éveillé nonsensique et de trip hallucinatoire décadent et déroutant. Car s’il y a bien un terme qui définit le film Baba Yaga, c’est bien étrange. Je préviens de suite les lecteurs, ne vous attendez pas à un film dans les normes, Corrado Farina nous propose en effet un voyage hors norme, s’aventurant au-delà des frontières de l’onirisme et qui pourra dérouter voire rebuter certains spectateurs privés de repères tangibles.

Si le film a bien une ligne conductrice, la plupart des séquences proposées versent dans l’imaginaire ou le rêve. On ne sait plus bien si Valentina devient folle ou si elle est littéralement possédée par Baba Yaga. Les scènes où elle semble mettre en péril la vie des gens qu’elle photographie ou plus encore, celle où la poupée offerte par Baba Yaga prend soudainement vie sous une forme humaine (ce qui constitue à mes yeux la meilleure séquence du film !) nous projettent dans un univers tellement décalé, voire même expérimental, qu’on a parfois du mal à rester accroché ou à ne pas éprouver une certaine distanciation vis-à-vis de l’histoire elle–même. Possédant de plus un rythme lent, contemplatif, Baba Yaga nous évoque à de nombreuses reprises le cinéma de Jean Rollin ou de Jess Franco. L’érotisme est aussi présent mais de manière assez soft et n’a au final que peu d’intérêt si ce n’est de voir les jolies courbes d’Isabelle de Funès.

Plus qu’un film, Baba Yaga est une expérience visuelle qui demande un certain effort de la part du spectateur et une attention de tous les instants. C’est une sorte de thriller-érotico-mystico-giallesque-fantastico-onirico-expérimental plus que singulier et qui se démarque largement de la plupart des films que j’ai vus. Lorsque démarre le générique de fin, on a du mal à savoir où on se situe par rapport au film, si on a aimé réellement ou pas ; Une impression curieuse de naviguer entre deux eaux, ce qui nous rapproche de la situation que vient de vivre Valentina. Étrange, lancinant, fascinant parfois mais trop hermétique pour m’avoir totalement convaincu. Une seconde vision s’impose sûrement…




Stéphane ERBISTI

ATOMIC CYBORG (1986)

 

Titre français : Atomic Cyborg
Titre original : Vendetta dal Futuro
Réalisateur : Sergio Martino
Scénariste : Elisa Briganti, Sergio Martino, Saul Sasha, John Crowther
Musique : Claudio Simonetti
Année : 1986
Pays : Italie
Genre : Robots et cyborgs
Interdiction : /
Avec : Daniel Greene, Janet Agren, Claudio Cassinelli, George Eastman, John Saxon...


L'HISTOIRE : Le dirigeant d'un mouvement écologiste est victime d'une tentative d'assassinat. Son agresseur, Paco, prend la fuite et se réfugie en Arizona, dans un petit motel tenu par Linda. L'endroit sert de lieu de rencontre pour les amateurs de bras de fer. Paco accepte un défi lancé par un habitué des lieux et parvient à gagner, provoquant l'incrédulité des personnes présentes et de Linda. Ce que cette dernière ignore, c'est que Paco est un cyborg qui a été programmé pour tuer le leader écologiste. Une anomalie a empêché Paco de mener à bien sa mission et ses employeurs sont à sa recherche pour le récupérer et comprendre d'où vient le dysfonctionnement...


MON AVISOn le sait, ce n'est un secret pour personne, l'Italie est passée maître dans la contrefaçon et la copie de films américain à succès. En 1984, James Cameron envoie une bombe sur les écrans avec Terminator. Il n'en fallait pas plus pour que le feu vert soit donné aux pays des spaghettis pour lancer le projet d'un film contenant un cyborg et c'est le talentueux Sergio Martino qui écope de ce projet baptisé Vendetta dal Futuro, qui sera intitulé Atomic Cyborg par chez nous, ce qui est quand même plus percutant il faut bien l'avouer. Bien sûr, Martino n'écope par contre pas du budget de Cameron pour faire le film et il lui faut donc se débrouiller avec les faibles moyens qu'on lui a alloué.

Pour interpréter Paco le cyborg, c'est le musclé Daniel Greene qui est retenu, un acteur qui a un visage assez monolithique et surtout très peu expressif. Linda est jouée par la blonde Janet Agren, qu'on a pu voir dans La Secte des Cannibales, Frayeurs ou Kalidor entre autres. Le célèbre George Eastman, qu'on ne présente plus aux amateurs de cinéma Bis, interprète quant à lui un mauvais garçon adepte du bras de fer mais qui va trouver adversaire à sa taille avec Paco, ce qui ne va pas lui plaire du tout. John Saxon et Claudio Cassinelli viennent enrichir le casting avec des rôles secondaires. A noter que Cassinelli a trouvé la mort durant le tournage d'une scène en hélicoptère sur ce film.

Assez peu spectaculaire durant sa première-heure, Atomic Cyborg se voudrait presque un Over the Top avant l'heure, le film avec Stallone ne sortant que l'année suivante. On assiste en effet à plusieurs combats de bras de fer, qui seront les seuls moments d'action du film avant la dernière demi-heure, nettement plus nerveuse et dynamique. Le film voulant surfer sur le succès de Terminator, on retrouve à un moment une séquence copiée-collée, avec Daniel Greene réparant son bras tel que le fait Arnold Schwarzenegger dans le classique de 1984. 

Hormis cela, on ne peut pas vraiment dire que Atomic Cyborg soit très passionnant dans ce qu'il propose : on a un policier aidé d'une scientifique qui tentent de trouver avec quelle arme le leader écolo a été frappée ; on a John Saxon, commanditaire du meurtre, qui envoie ses hommes de main traquer notre cyborg ; on a Linda, qui tombe amoureuse de cet homme virile et bien charpenté et on a donc notre cyborg qui fait des séances de bras de fer ou coupe du bois plus vite que n'importe quel bûcheron professionnel.

On a connu plus palpitant de la part de Sergio Martino, qui doit composer avec ce qu'il a sous le bras encore une fois. Heureusement, les trente dernières minutes se dynamisent d'un coup, deviennent véritablement Bis, avec un cyborg féminin dotée d'une belle force physique, un arrachage de tête bionique, un écrasement de casque à la force des mains ou un poing défonçant un casque pour un résultat sanguinolent et pas mal de fusillades et de courses-poursuites. Le tout saupoudré d'une petite pincée de réflexion métaphysique, notre cyborg se demandant si on peut le considérer comme un être humain malgré tout. Les beaux paysages de l'Arizona sont également à mettre dans la plus-valus du film. 

S'il frôle souvent le nanar, Atomic Cyborg parvient à se maintenir sur la corde raide, qu'il franchit parfois lors de dialogues assez drôles. Après, on prend un certain plaisir à visionner cette petite série B de science-fiction qui reste tout de même divertissante et qui a pas mal cartonné à l'époque de sa sortie et surtout en VHS.




Stéphane ERBISTI

ANTHROPOPHAGOUS (1980)

 

Titre français : Anthropophagous
Titre original : Anthropophagous
Réalisateur : Joe d'Amato
Scénariste : Joe d'Amato, George Eastman
Musique : Marcello Giombini
Année : 1980
Pays : Italie
Genre : Cannibale
Interdiction : -16 ans
Avec : Tisa Farrow, Saverio Vallone, George Eastman, Serena Grandi...


L'HISTOIRE : De jeunes amis se rendent sur une île grecque pour se divertir. Ils découvrent un village vide de tout occupant. Une de leurs amies disparaît. Après l'avoir recherchée, ils décident de passer la nuit dans une maison apparemment abandonnée. Dans la cave de la maison, ils découvrent une jeune fille complètement terrifiée cachée dans un tonneau. La jeune fille leur raconte qu'elle tente d'échapper à un homme qui aurait mangé tous les habitants de l'île. La peur commence à gagner le groupe...


MON AVISL’homme qui se mange lui-même. Si ça ce n’est pas de l’accroche publicitaire choc ! J’ai longtemps fantasmé sur la jaquette de la VHS quand j’étais adolescent, me demandant quelles sortes d’horreurs pouvait proposer ce film. Un film qui a subi le syndrome Massacre à la Tronçonneuse, à savoir se coltiner une réputation d’œuvre hyper gore et scandaleuse par des personnes qui soit ne l’ont pas vu, soit sont vraiment hyper émotives et se mettent à tomber dans les pommes devant une légère entaille au couteau qui laisserait surgir une petite goutte de sang. Classé parmi les Vidéos Nasties en Angleterre, interdit dans de nombreux pays, Anthropophagous laissait planer une odeur de souffre sur sa pellicule de la même manière que le film de Tobe Hooper ou le Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato. Qu’en est-il au final ?

Aristide Massaccesi, plus connu sous le pseudo de Joe d’Amato, était plutôt spécialisé dans les films érotiques, notamment ceux mettant en scène son égérie Laura Gemser dans la série des Black Emanuelle avant de se lancer dans le film d’horreur pur et dur. Il avait déjà inclus des éléments horrifiques dans ses films, comme dans Emanuelle et les derniers Cannibales en 1977 par exemple, mais c’est réellement en 1979 qu’il va s’affirmer dans le genre horrifique avec son chef d’œuvre Blue Holocaust. Fort de ce succès, il récidive l’année suivante avec Anthropophagous, puis avec Horrible en 1981 avant d’ajouter d’autres cordes à son arc avec des films post-nuke ou d’héroïc-fantasy (2020 Texas Gladiator, Ator l’invincible, Le Gladiateur du Futur) pour finir par replonger dans les délices du cinéma érotique et pornographique, lui permettant d’avoir une imposante filmographie d’environ 200 films, faisant de lui une référence du cinéma Bis italien.

Vers la fin des années 70, les films de cannibales ont le vent en poupe en Italie, avec les succès de Le Dernier Monde Cannibale ou de La Montagne du Dieu Cannibale par exemple. Ruggero Deodato réalise Cannibal Holocaust en 1980 qui sera suivi l’année suivante par Cannibal Ferox de son confrère Umberto Lenzi. Joe d’Amato, après avoir confronté Emanuelle aux cannibales en 1977 décide de revenir au genre lui aussi en 1980 mais de manière originale et différente. En effet, point de forêt vierge ou d’enfer vert dans son célèbre Anthropophagous, ni de peuplade cannibale d’ailleurs. Non, juste un anthropophage dans une petite île de Grèce. Pas évident dès lors de rivaliser en horreur avec les autres films du genre quand on n’a qu’un seul cannibale à filmer me direz-vous. Détrompez-vous, en habile artisan, Joe d’Amato a réussi son coup et nous livre un film d’horreur très réussi, mais qu’il faut remettre dans son contexte d’époque car il faut quand même avouer que celui-ci a bien vieilli, même s’il reste assez efficace.

S’il est bien un élément qui fait que le film semble très daté, c’est indiscutablement la musique qui accompagne les images. On peut même se demander si elle n’était déjà pas en retard à la sortie du film en salle. Mais pour être plus précis, ce n’est pas toute la partition sonore qui est datée mais seulement certaines parties car lors des quelques séquences de terreur, elle joue parfaitement son rôle.

Du côté des acteurs, on retrouve Tisa Farrow, sœur de Mia, qui n’a pas trop de chance avec les mangeurs de chairs humaines puisqu’elle était déjà confrontée à des morts vivants l’année précédente dans L’Enfer des Zombies de Lucio Fulci. Egalement au casting, la blonde Rubina Rey, qu’on retrouvera pendue par les seins dans Cannibal Ferox en 1981. Chez les garçons, mis à part George Eastman, point de visage connu si ce n’est Mark Bodin que les fans de cinéma italien ont pu voir dans Le Monstre Attaque la même année. Dans l’ensemble, les prestations ne resteront pas dans les annales et s’avèrent d’un niveau moyen.

Par contre, celui qui tire son épingle du jeu, c’est incontestablement George Eastman, qui incarne l’anthropophage. Sa silhouette de géant et son look dans ce film (crâne dégarni avec de longues mèches de cheveux sur les côtés, marche lente, dentition pourrie, visage abîmé par le soleil et regard halluciné) en font une figure emblématique du cinéma fantastique, un monstre au vrai sens du terme. Sa première apparition, après plus de 40 minutes de film environ, restera à jamais gravée dans les mémoires. Un peu comme la première apparition de Leatherface dans Massacre à la Tronçonneuse. D’ailleurs, la structure narrative d’Anthropophagous n’est pas sans rappeler celle du film d’Hooper, avec un long préambule permettant de découvrir les personnages, mise en place d’une ambiance malsaine et horrifiante par petites touches successives avant le déferlement d’horreur, sans toutefois concéder au gore, si ce n’est par deux scènes chocs pour le film de d’Amato, scènes qui lui valurent cette réputation de monument du gore. Mais soyons réalistes, Anthropophagous joue dans la même cour que le film de Tobe Hooper, à savoir le film d’ambiance et de terreur.

En effet, après une introduction choc sur une plage qui nous met bien dans l’ambiance et qui n’est pas sans rappeler celle du Maniac de William Lustig (pourtant réalisé la même année, c’est marrant ça…), on assiste donc à une longue présentation des personnages et à des situations somme toute banales mais qui procèdent à amener progressivement un sentiment oppressant chez le spectateur et à faire monter la tension de ce dernier. Déambulation des protagonistes dans le petit village qui semble désespérément abandonné. Meurtre du capitaine du bateau et enlèvement d’une femme enceinte restée à bord pour cause de foulure de cheville. Découverte d’une vaste demeure dans laquelle une femme se pend sous les yeux de notre petit groupe. Découverte également dans une cave d’une jeune fille aveugle complètement terrorisée (scène excellente dans sa réalisation et dans l’effet choc qu’elle procure !). Petit à petit, et malgré des invraisemblances typiques à ce genre de films (pourquoi les protagonistes ne s’inquiètent pas davantage quand ils voient leur bateau au large au lieu d’être amarré ? Pourquoi ne dorment-ils pas tous ensembles dans la maison au lieu de se séparer dans des pièces voisines ?), Joe d’Amato instaure un vrai climat angoissant, renforcé par un violent orage et par l’absence d’éclairage dans la maison, ce qui nous vaut des déplacements uniquement éclairés par des bougies qui installent le suspense et la peur.

L’ambiance morbide qui s’installe et se dégage du film est également amplifiée par les scènes où l’on visite le repaire du cannibale, où sont entreposés de nombreux corps en état de décomposition ou sous la forme de squelettes, ou lorsqu’une des héroïnes découvre une pièce cachée dans la maison où des corps sans vie sont recouverts d’un drap.

Bien malin également le fait que Joe d’Amato nous explique le pourquoi du comportement de l’anthropophage, sous la forme d’un flashback qui nous ferait presque prendre en pitié cette créature dévoreuse de chair. Qui sait si nous n’aurions pas agi de la même façon dans pareille situation ?

Terminons cette critique en parlant des deux scènes chocs qui ont valu au film sa réputation toujours bien installée dans les mémoires, même aujourd’hui, et surtout pour ceux qui n’ont jamais vu le film. La première, celle de tous les excès, nous montre le cannibale extirper le fœtus de la femme enceinte pour le dévorer. Même si une telle scène, sûrement irréalisable de nos jours, a tout de la scène choc gratuite et faite pour écœurer le public, il n’en reste qu’elle apparaît comme bien sobre, du fait qu’elle se déroule dans une crypte pas très éclairée et qu’elle ne dure pas très longtemps non plus. Mais pour les estomacs fragiles, elle peut faire son petit effet.

La seconde scène choc et culte, c’est bien sûr celle où notre pauvre anthropophage se prend un coup de pioche dans le ventre et ne peut se refréner à porter à sa bouche ses viscères encore toutes chaudes qui sortent de son ventre et qui justifie donc ce slogan de L’homme qui se mange lui-même !

Au final, Anthropophagous de par son rythme plutôt lent et son peu de scènes gores, pourra décevoir le public contemporain, qui lui préférera peut-être le remake Anthropophagous 2000 réalisé par Andreas Schnaas. Pour ma part, je trouve que le film de Joe d’Amato a beaucoup de charme et que, malgré un petit côté vieillot, il fonctionne encore assez bien, notamment grâce au jeu de George Eastman, particulièrement terrifiant (la scène où il sort lentement du puits, brrrr, à frémir d’effroi !). Bref, si vous êtes amateurs de film d’ambiance, où la terreur pointe petit à petit le bout de son nez, vous aimerez sûrement cet Anthropophagous !




Stéphane ERBISTI

2019 APRES LA CHUTE DE NEW YORK (1983)

 

Titre français : 2019 après la Chute de New York
Titre original : 2019 dopo la Caduta di New York
Réalisateur : Sergio Martino
Scénariste : Ernesto Gastaldi, Sergio Martino, Gabriel Rossini
Musique : Guido & Morizio De Angelis
Année : 1983
Pays : Italie, France
Genre : Post-Nuke
Interdiction : -12 ans
Avec : George Eastman, Michael Sopkiw, Valentinne Monnier, Anna Kanakis...


L'HISTOIRE : 2019, après une guerre nucléaire. Les femmes sont devenues stériles et la race humaine menace de s’éteindre. Les survivants ont formé deux groupes : d’un côté les Euraks, soldats armés à la solde de tyrans, n’hésitant pas à détruire toute vie humaine contaminée ; de l’autre, la Fédération, composée de rebelles refusant la soumission aux Euraks. Les hommes de la Fédération ont appris qu’une femme non stérile vivrait à New York, ville sous contrôle des Euraks. Ils décident alors de faire appel à Parsifal, aventurier réputé pour sa bravoure et sa résistance, et l’obligent à se rendre à New York, accompagné par deux de leurs hommes, afin de retrouver la jeune femme, dernier espoir de l’Humanité…


MON AVISAvec le succès du Mad Max 2 de George Miller, les films mettant en scène des univers post-apocalyptiques, avec combats de guerriers, courses de voitures blindées, chasse au gasoil et autres réjouissances, allaient débarquer comme un essaim d’abeilles sur les écrans avec plus ou moins de bonheur, venant de tous pays, comme le Néo-Zélandais Le Camion de la Mort ou le Philippin Stryker. Toujours prompts à exploiter le succès d’un film, l’Italie et ses réalisateurs de cinéma Bis allaient bien sûr devenir le fer de lance de cette vague de films dits Post-nuke. Même la France va s’essayer à ce genre fort prisé des amateurs. Mais revenons à 2019 après la Chute de New York

Ce qui frappe à la vision du film de Sergio Martino, qu'il a mis en scène sous son pseudo américain de Martin Dolman, c’est qu’il ne copie pas uniquement Mad Max 2. Les références au film culte de Miller sont très peu nombreuses en fait, si on excepte une course de voitures vers le début du film, customisées façon voitures de gladiateurs. Avouons-le tout net, les poursuites de Mad Max 2 sont mille fois supérieures en vitesse et en intensité que la course de "2019…". En fait, Sergio Martino pompe allègrement sur un autre succès récent, datant de 1981 et réalisé par John Carpenter, j’ai nommé le fameux New York 1997. Dans ce dernier, un aventurier anarchiste était envoyé dans un New York devenu lieu de non-droit afin de sauver le Président. Il était bien plus facile d’entrer dans la ville sinistrée que d’en sortir. Tout comme dans "2019 après la Chute de New York ! Le Président est remplacé par la dernière femme féconde, Snake Plissken par Parsifal et le tour est joué ! Malin non ? Pour corser le tout, on injecte un cyborg menant une double mission (référence à Alien) et des hommes singes (référence à La planète des Singes). Un bien beau melting-pot d’influences donc, pour un résultat plutôt bancal, pas désagréable mais pas renversant non plus, pourtant souvent considéré comme l’un des meilleurs Post-nuke rital mais qui, au final, n’est pas bien transcendant.

Pour interpréter Parsifal, Martino a choisi l’acteur Michael Sopkiw, dont c’est le premier film. Son physique n’impressionnera pas grand monde puisqu’il ne tournera par la suite que dans trois autres métrages au cours de sa courte carrière (Blastfighter et Apocalypse dans l’Océan Rouge en 83 et Massacres dans la Vallée des Dinosaures en 84). Ce n’est pas qu’il soit mauvais ce Michael Sopkiw mais bon, si on compare son personnage dans le film de Martino à celui de Snake Plissken, on se rend compte de suite qu’il est loin d’avoir le charisme de Kurt Russell. En clair, Parsifal, c’est Snake à la sauce Bis rital.

Pendant son périple dans les égouts de New York, Parsifal tombera sur une bande de contaminés, dont fait partie la jolie Giara et dont il tombera amoureux. Giara, c’est l’actrice française Valentine Monnier, qu’on a pu voir dans Elle voit des nains partout l’année précédente et qui retrouvera Michael Sopkiw dans Apocalypse dans l’Océan Rouge de Lamberto Bava. Rien de spécial dans son jeu, elle remplie sa fonction de femme guerrière avec le minimum syndical.

Nos deux héros tomberont également sur des hommes singes, menés d’une main de fer par Big Ape, leur chef. Si certains de ces hommes singes arborent un maquillage rappelant celui de La planète des Singes en moins réussi, Big Ape lui n’a rien d’un singe et son visage n’a rien de simiesque non plus. La déception est donc fort grande quand on regarde la magnifique affiche française du film sur laquelle est présent un homme singe maniant le sabre. Déception atténuée par le fait que Big Ape est joué par George Eastman ! Monsieur Anthropophagous ! Comble du ridicule, on l’a affublé d’une pilosité abondante (ah, c’est pour le côté simiesque donc…) et d’une tenue digne d’un tsar. Franchement, c’est à mourir de rire ! Voir George Eastman dans la peau de ce personnage et fringué comme ça, c’est quand même un grand moment et rien que pour ça, la vision de 2019 après la chute de New York s’impose !

Bon sinon, niveau péripéties, y’a quoi dans ce film ? La course de voitures, on en a déjà parlé. Ça c’est fait. Quoi d’autre ? Ah oui, on a l’attaque des contaminés par l’Ordre Noir, soldats qui ont des pistolets lasers qui font pchiou, pchiou. On trouve aussi quelques combats qui feraient pâlir Jet Li de jalousie et qui renvoient les combats du film de Walter Hill Les Guerriers de la Nuit aux oubliettes. A moins que ce ne soit l’inverse. Sûrement d’ailleurs.

Film italien oblige, on a droit à quelques scènes de sadisme comme lors de l’interrogatoire d’un des compagnons de Parsifal, qui se fait un peu écarteler par ses tortionnaires. On retiendra aussi la crevaison des deux yeux d’un des dirigeants de l’Ordre Noir, qui s’en fout en fait puisqu’on lui en greffera deux autres ! C’est beau le futur non ?

Autre grand moment, le final du film qui voit Parsifal affronter son dernier compagnon, un cyborg. Seulement Parsifal, il lui aura quasiment fallu tout le film pour deviner que son pseudo pote était un androïde, alors que nous, spectateurs intelligents, on s’en doute depuis belle lurette, les indices étant outrageusement présentés de façon claire et nette à l’écran (la scène du bruit qui fait super mal aux oreilles de nos héros, mais qui ne semble avoir aucun effet sur notre ami cyborg justement, sauf qu’on sait pas encore que c’est un cyborg mais là, on s’en doute un peu quand même…vous suivez ? D’ailleurs, le cyborg il sait qu’on risque d’avoir des soupçons, donc dès que Parsifal, qui a super mal aux oreilles, le regarde d’un air étonné, hop, il met ses deux mains sur ses oreilles et feint d’avoir super mal lui aussi ! Malin les cyborgs, faut pas croire…)

Bref, en fait, il se passe grand chose à l’écran, c’est assez mou du genou tout ça, même si c’est pas non plus déplaisant à regarder. Je ne vous dis pas si nos héros trouveront la dernière femme féconde, je préfère laisser le suspense…

2019 après la chute de New York est donc un Post-Nuke moyen mais pas désagréable. Le côté charmant du bis rital opère, même si on trouvera bien mieux dans cette catégorie de films post-apocalyptiques. Reste surtout une très belle affiche française, mensongère mais qui donne vraiment envie de voir le film. Le résultat n’est pas forcément à la hauteur mais ça se laisse voir sans déplaisir...


Stéphane ERBISTI