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AVATAR - LA VOIE DE L'EAU (2022)

 

Titre français : Avatar - La Voie de l'Eau
Titre original : Avatar : Way of Water
Réalisateur : James Cameron
Scénariste : James Cameron, Rick Jaffa, Amanda Silver
Musique : Simon Franglen
Année : 2022
Pays : Usa
Genre : Science-fiction
Interdiction : /
Avec : James Worthington, Sigourney Weaver, Kate Winslet, Zoe Saldana...


L'HISTOIRE : Jake et Neytiri ont désormais une famille et vivent heureux avec leur quatre enfants. Mais les hommes venus du ciel et un ancien ennemi de Jake n'entendent pas les laisser tranquilles et reviennent sur Pandora pour tout détruire. Conscient que le peuple de la forêt ne sera jamais en sécurité tant qu'il vivra parmi eux, Jake, accompagné de sa famille, décident de fuir et vont rejoindre le peuple de l'eau. Là, ils vont devoir apprendre les coutumes de ce nouveau peuple et se mettre en symbiose avec l'eau. Mais les hommes venus du ciel continuent leur traque et se rapprochent dangereusement...


MON AVISRetour sur Pandora pour James Cameron et ses équipes, treize ans après le premier voyage qui a marqué la conscience collective et fait du premier Avatar le flm le plus rentable au monde. Treize ans pour que les prouesses technologiques permettent au réalisateur visionnaire de livrer un second voyage encore plus immersif, encore plus beau, encore plus grandiose. Et à ce petit jeu, James Cameron enterre la concurrence, même Steven Spielberg ou Peter Jackson. C'est simple : personne ne peut rivaliser avec James Cameron quant à l'association cinéma / technologie.

Comme sur le premier volet, Avatar - La Voie de l'Eau bénéficie d'un scénario qui n'a rien de magistral ou de très poussé, même si de nombreuses thématiques sont présentes et parleront au public sans souci, puisque traitant de problèmes contemporains : écologie toujours, respect de l'environnement et de ses richesses, souffrance animale mais aussi lien familial ou difficulté d'être un paria et de trouver sa place dans la société par exemple viennent étoffer l'apparente simplicité de l'histoire. Mais comme souvent : simplicité = efficacité. Et puis il y a l'enrobage. Et là, c'est juste vertigineux. Avatar 2, c'est Avatar puissance 1000, que ce soit au niveau visuel, fluidité des scènes d'action, détail sur la faune et la flore, réalisme des effets spéciaux (c'est bien simple, on a l'impression que tout existe pour de vrai), jeu de lumière et j'en passe.

Difficile de faire plus féerique que ces expéditions dans les profondeurs de l'océan de Pandora, qui relèguent toutes les cartes postales de voyage aux oubliettes, se parant d'une poésie de tous les instants qui marquent encore plus les esprits. Le mot émerveillement semble avoir été créé pour la saga Avatar. Bien sûr, les haters de tous bord pourront vous dire que James Cameron a fait ici un condensé de son cinéma, puisqu'on y trouve un résistant poursuivi par un méchant (Terminator), beaucoup d'eau et des créatures fantastiques (Abyss), des Na'Vi hybrides considérés comme des Aliens et un final dantesque sur un bateau futuriste qui sombre dans la mer (Titanic). Ce à quoi on répondra un c'est pas faux. Mais devant la virtuosité et la beauté des images proposées et la richesse de l'univers créé, on répondra aussi mais on s'en fout.

Spectacle virtuose relevant à nouveau du jamais vu, Avatar - La Voie de l'Eau redéfini la notion même de grand spectacle au cinéma. Et si on y regarde bien, on à l'impression que ce film n'est pas seulement une suite mais une sorte d'épisode transitoire qui a posé les bases, les personnages et qui annonce Avatar 3. Rendez-vous dans deux ans pour confirmation.




Stéphane ERBISTI

AVATAR (2009)

 

Titre français : Avatar
Titre original : Avatar
Réalisateur : James Cameron
Scénariste : James Cameron
Musique : James Horner
Année : 2009
Pays : Usa
Genre : Science-fiction
Interdiction : /
Avec : James Worthington, Sigourney Weaver, Michelle Rodriguez, Zoe Saldana,...


L'HISTOIRE : Malgré sa paralysie, Jake Sully, un ancien marine immobilisé dans un fauteuil roulant, est resté un combattant au plus profond de son être. Il est recruté pour se rendre à des années-lumière de la Terre, sur Pandora, où de puissants groupes industriels exploitent un minerai rarissime destiné à résoudre la crise énergétique sur Terre. Parce que l'atmosphère de Pandora est toxique pour les humains, ceux-ci ont créé le Programme Avatar, qui permet à des " pilotes " humains de lier leur esprit à un avatar, un corps biologique commandé à distance, capable de survivre dans cette atmosphère létale. Ces avatars sont des hybrides créés génétiquement en croisant l'ADN humain avec celui des Na'vi, les autochtones de Pandora...


MON AVISDouze ans. Douze ans depuis que James Cameron n'avait pas réalisé de long-métrage. Depuis Titanic, récompensé de 11 Oscars, dont ceux du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur, et devenu un des plus gros succès de l'Histoire du cinéma. Douze ans durant lesquels il s'est concentré sur des documentaires comme Expédition : Bismarck, Les Fantômes du Titanic ou Aliens of the deep. Evidemment, une telle absence après un tel succès n'est pas sans provoquer une attente certaine. Notamment chez les fans de science fiction, genre dans lequel Cameron n'a plus officié depuis 1991 et Terminator 2 : Le Jugement Dernier. Il faut dire qu'en quelques films, il s'est imposé comme un des maîtres du cinéma d'action de science fiction, avec des œuvres aussi réussies que Terminator ou Aliens le Retour. Alors quand en plus les chiffres les plus astronomiques sont évoqués, Avatar devient logiquement le film le plus attendu depuis fort longtemps.

La genèse du film, on la connaît presque tous : autour de 1995, James Cameron rédige un scénario d'une centaine de pages pour un long métrage destiné à être produit dans la foulée du succès de Titanic. Mais sa vision demande des progrès techniques tels que le film est alors inenvisageable. Le projet va alors dormir quelques années, jusqu'à ce que Cameron tombe sur Les Deux Tours, le deuxième volet de la saga du Seigneur des anneaux de Peter Jackson. Selon Cameron, c'est lors du monologue de Gollum que la possibilité d'enfin tourner son œuvre lui paraît possible. Mais pour cela, il doit néanmoins innover. Et l'innovation, ça coûte cher, d'autant que le réalisateur veut provoquer une nouvelle avancée de l'image avec la 3D. En effet, depuis Jurassic Park et Terminator 2 qui ont banalisé l'utilisation du numérique, les progrès sont restés assez faibles. Pour cette révolution, il va notamment créer sa propre caméra à double objectif avec un système permettant de reproduire fidèlement l'œil humain. Il va également se servir des derniers progrès de la technologie numérique (comme la performance capture de Zemeckis) pour réussir à capter la moindre subtilité des visages : l'équipe de Cameron met au point un système de caméra qu'ils fixent sur le crâne des acteurs, pour un système baptisé E-Motion Capture, laissant un maximum de liberté d'action aux acteurs tout en permettant au réalisateur de voir les effets spéciaux finis sur le moniteur au tournage alors que les comédiens sont sur fond vert. Tout cela a un prix, et la facture s'avère rapidement salée : on parle du film le plus cher de l'Histoire du cinéma, et d'un budget dépassant les 300 millions de dollars, voire même les 500 millions !

Une démesure au service d'une histoire assez simple, voire même simpliste : en 2154, Jake Sully (incarné par l'australien Sam Worthington, l'acteur que l'on a pu voir dans Solitaire de Greg McLean, et qui a le vent en poupe en ce moment à Hollywood, entre Terminator Renaissance et le remake du Choc des Titans) est envoyé sur la planète Pandora, dans le système stellaire d'Alpha Centauri, pour remplacer son frère jumeau décédé dans le programme avatar. Le programme est destiné à envisager une solution pacifique à un conflit né de la volonté des humains d'exploiter un minéral rarissime, l'unobtanium, se trouvant sur le territoire d'un peuple autochtone : les Na'vi. Ces créatures humanoïdes, de couleur bleue, mesurent environ trois mètres de haut, et vivent en tribus sur Pandora, en symbiose avec la nature et l'esprit de la planète, Eywa. Le projet avatar permet de transférer l'esprit humain dans un corps hybride, facilitant ainsi les déplacements sur la planète, où l'homme ne peut respirer sans masque, tout en tenter d'apaiser la méfiance des Na'vi. En parallèle de ce projet, des militaires, emmenés par le Colonel Miles Quaritch (Stephen Lang), se tiennent prêt à intervenir en cas d'échec des négociations. Lors de sa première mission dans la forêt de Pandora, Jake Sully se perd, et rencontre alors une autochtone, Neytiri (Zoë Saldaña). Interprétant les signes de Eywa, elle décide de le ramener à son village, au sein d'un arbre gigantesque. Rapidement, Jake Sully doit se faire accepter par la tribu Omaticaya, tout en rapportant ses observations aux scientifiques du projet avatar...ainsi que le Col. Quaritch, qui a bien compris l'intérêt d'avoir un homme infiltré chez ce qu'il considère comme un peuple inférieur et un ennemi potentiel. Rapidement, les doutes de Jake naissent, en même temps que ses sentiments pour Neytiri et sa reconnaissance par la tribu.

Lorsque l'on découvre le scénario, on ne peut s'empêcher de penser à plusieurs épisodes historiques. Si on peut penser à la guerre du Golfe, avec cette course permanente au minéral, le plus flagrant est sans doute celui du génocide des Indiens, auxquels les Na'vi empruntent beaucoup de traits : le respect de la nature, la fierté, la connaissance parfaite de leur environnement, les rites mystiques et même certains éléments vestimentaires et certaines pratiques quotidiennes. Les Na'vi chassent à l'arc, se déplacent à dos de créatures, interprètent les signes de la nature par le biais d'une chamane. Ce n'est sans doute pas un hasard si le film de Cameron ressemble tant sur le fond à la légende de Pocahontas, jusque dans l'histoire d'amour entre deux représentants d'ethnies différentes. Une histoire qui ne brillera donc jamais par son originalité, ni dans celle de sa symbolique, riche de stéréotypes et d'archétypes. Dans Avatar, les scientifiques sont les gentils, et n'aiment pas les militaires, qui sont les méchants et son juste là pour dégommer l'innocent peuple autochtone, opposant des missiles à leurs flèches. Evidemment, le concept même de l'avatar renvoi à Internet, avec cette possibilité de revêtir une autre identité, de faire des choses qu'on ne pourrait faire dans le monde réel...jusqu'à risquer une identification abusive à l'avatar, ou préférer être dans ce monde virtuel. Ainsi, sous sa forme d'avatar, Jake Sully peut enfin remarcher, et en éprouve rapidement une immense euphorie. Rapidement, ce nouveau corps lui offre une liberté qu'il ne peut plus ressentir dans son fauteuil, voire même qu'il n'a jamais ressentie. Là encore, la symbolique n'est pas des plus subtiles, mais franchement : est-ce vraiment pour ça qu'on va voir avatar ? Car heureusement, ce manichéisme un peu désuet et ce scénario un peu simplet ne pèse pas bien lourd face à ce pour quoi le film a été conçu : en foutre plein la tronche.

Avouons que pendant 30 minutes, Cameron prend surtout soin de nous habituer à son procédé en 3D, qui ressemble pendant cette introduction à un gadget friqué plus qu'à autre chose. On nous présente les personnages, de la scientifique un peu rigide incarnée par Sigourney Weaver à la bidasse au grand cœur incarnée par Michelle Rodriguez (dont la moitié de la présence à l'écran se fera dans des plans de 2 secondes où elle se contente de sourire, et dont je perçois difficilement la pertinence). Puis enfin, nous arrivons dans la forêt de Pandora. Le film bascule alors d'un univers classique de base militaire et scientifique à un environnement complètement inédit, créé par l'esprit de James Cameron. Et là, la magie opère. L'ensemble grouille de vie, les créatures les plus étonnantes se côtoient au milieu d'une végétation luxuriante, les insectes passent devant nous tandis qu'au second plan, un animal titanesque se déplace. Le spectacle visuel est éblouissant, la flore réagissant même au contact des personnages. Les paysages sont grandioses, de l'arbre foyer de la tribu Omaticaya aux montagnes suspendues dans les airs, des vallées de Pandora aux sanctuaires Na'vi. Cameron tire complètement partie de son univers, réservant des scènes à couper le souffle (le premier vol de Jake Sully) dans un univers parfaitement cohérent et représenté. Au milieu de cette faune et de cette flore, les avatars et les Na'vi sont également parfaitement recrées et intégrés. Ayant chacun leurs caractéristiques propres, ils sont reconnaissables au premier coup d'œil...surtout si l'on connaît l'acteur incarnant la créature. Et force est de constater que Sam Worthington, Joel Moore et surtout Sigourney Weaver sont instantanément reconnaissables dans leur immense corps bleu et, plus fort encore, on reconnaît leurs expressions particulières d'acteurs, et le résultat est vraiment bluffant : ce sont vraiment eux qui jouent leurs (doubles) rôles, et ils le font sans surprise de façon parfaite. Evidemment, le film sera principalement centré sur Jake Sully, de son parcours initiatique pour adopter les mœurs Na'vi, et de son dilemme : doit-il fournir les informations qu'il détient sur eux, contre la promesse d'enfin récupérer l'usage de ses jambes, ou rester fidèle au peuple qui l'a adopté et où il a trouvé l'amour...et des jambes ? Evidemment, pas vraiment de suspense, mais le "choix" du personnage sera la conclusion d'un portrait très bien défini et d'une évolution crédible, ce qu'il faut saluer. Ce choix sera l'élément central du film, jusqu'à l'inéluctable guerre qui se profilera entre les deux peuples pendant la dernière partie du film.

Une dernière partie décrite par James Cameron comme la mère de toutes les batailles : il nous emmène directement au cœur de l'affrontement, opposant la technologie avancée des humains aux moyens traditionnels de Na'vi. Que ce soit sur terre ou dans les airs, à distance ou au corps à corps, sur des machines ou sur des créatures, les deux peuples se battent, et on aura rarement eu une impression si forte d'assister à une véritable guerre. Les victimes sont nombreuses, les personnages principaux loin d'être épargnés et surtout, on voit vraiment ce qu'il s'y passe. Parce que Cameron ne cède pas à la mode de la réalisation clipesque ou épileptique, l'action est d'une lisibilité totale et d'une fluidité remarquable. Peut-être même parfois trop : par moments, il se passe tellement de choses à l'écran qu'on est un peu agressé par tant d'informations ; sentiment d'ailleurs renforcé par la 3D, avec le besoin, heureusement rare, qu'a parfois notre œil de réaliser une mise au point forcée sur un élément passant devant l'objectif.

Avatar était donc le film de toutes les promesses, et forcément de toutes les craintes. Surtout après avoir vu comment Emmerich avait dépensé son budget pour 2012. Mais Cameron n'est pas le réalisateur allemand, et renvoi nos doutes au placard au bout d'une demi-heure, quand il nous offre sa vision de Pandora. Dès lors, il va, entre de multiples références, du manga Gunnm  au Magicien d'Oz ("vous n'êtes plus au Kansas"), de son Aliens le Retour à son Titanic, nous submerger d'émotions diverses, nous développer une histoire simple mais terriblement efficace, et nous imprimer sur la rétine un univers inédit, d'une beauté confondante. Les 2h40 du film semblent en faire 50 minutes de moins, et le cinéma semble alors revenir à sa fonction première : Avatar, c'est tout simplement de la magie. Reste dès lors à se laisser emporter, à passer outre un fond assez naïf, pour apprécier pleinement le film. Une révolution cinématographique ? Il est encore bien trop tôt pour le dire, même si des réalisateurs comme Steven Spielberg ou Peter Jackson semblent bien décidés à emboîter le pas à Cameron. Mais assurément un film qui fera date, si vous voulez mon Na'vi...




Steeve RAOULT

ALIENS LE RETOUR (1986)

 

Titre français : Aliens le Retour
Titre original : Aliens
Réalisateur : James Cameron
Scénariste James Cameron
Musique : James Horner
Année : 1986
Pays : Usa
Genre : Extraterrestre, Science-fiction
Interdiction : -12 ans
Avec Sigourney Weaver, Michael Biehn, Paul Reiser, Lance Henriksen, Bill Paxton...


L'HISTOIRE : Le Lt. Ripley est accueillie sur la station spatiale Gateway et apprend que son module de survie était à la dérive depuis 57 ans. Suite à une audience avec des huiles de la Compagnie, elle découvre que la planète LV-426, où son équipage avait jadis découvert le vaisseau échoué des aliens, est habitée par des colons depuis une vingtaine d'années. Elle accepte d'y retourner en compagnie d'un peloton de Marines, sous l'expresse condition que la mission concernera l'éradication totale des créatures. Mais peut-elle vraiment faire confiance à la Compagnie ?


MON AVISJames Cameron n'est pas un génie. James Cameron est un piètre observateur des êtres humains et ne sait donc pas composer de personnages crédibles. James Cameron n'écoute jamais parler les gens autour de lui et n'écrit alors que des dialogues tout à fait dispensables. Mais James Cameron sait faire toujours plus : plus grand, plus beau, plus bruyant, plus spectaculaire - et il n'y a qu'à revoir Terminator 2, Abyss ou Titanic pour se convaincre qu'il le fait surtout très bien. Aliens le Retour est un film vraiment impressionnant, à première vue. Qui n'est pas resté bouche-bée devant la sauvagerie des combats Marines-aliens ? Qui n'est pas resté scotché à son siège à l'apparition magistrale de la Reine dans son repaire glauque et poisseux ? Et qui n'a ressenti aucune montée d'adrénaline (et de testostérone...) durant le combat final entre les deux mères du film ?

Mais suite à de nombreux visionnages, le vernis commence à se fissurer. On aperçoit alors l'envers du décor, pas toujours bien crédible. La première chose que l'on remarque est le thème qui infuse également Stargate de Roland Emmerich : Ce qu'on ne connaît pas nous fait peur. Tentons alors de dominer l'inconnu/l'intrus par la force militaire. Etant donné que le monde entier craint la nôtre, alors par extension, les extraterrestres aussi. Y'a pas de raison. Effectivement, vu sous cet angle...

Ensuite, on remarque que chaque Marine incarne une émotion particulière : le courage, la trouille, la lâcheté, l'indifférence, le machisme et ainsi de suite. Aucun n'a de dialogue significatif et on peut soit rire soit rouler des yeux en entendant leurs one-liners d'un cliché exemplaire. Et pourtant, ça marche. Parce que chacun occupe une place bien définie au sein d'un groupe consolidé comme s'il était un être entier. Mais individuellement, aucun ne possède une humanité à plusieurs dimensions. Ceci freine notre solidarité à leur égard et on se prend presque à encourager les aliens et à regretter de les voir exploser sous les balles et les grenades! Et des aliens, en veux-tu, en voilà ! Ça grouille de partout ce qui en rajoute à notre claustrophobie, ils sont rapides et vicieux comme des requins affamés, et magnifiques de beauté luisante et gracieuse, avec une pensée toute particulière pour les crocs translucides (merci, Stan Winston !).

Le tour de force du film réside bien sûr en la découverte de la Reine dans son nid par Ripley. Et c'est là que le deuxième thème du film apparaît dans toute sa splendeur, là où avant, il n'était que suggéré : le rapport mère-enfant ou plus précisément, l'instinct maternel. Lorsque les Marines explorent les baraquements de LV-426, ils découvrent une petite fille, Newt, qui a perdu toute sa famille. Ripley l'adopte immédiatement, ce qui n'étonne personne puisqu'au début du film, on apprend que deux ans avant que ne soit découvert son module de survie, sa propre fille est morte à l'âge de 65 ans. Le réveil de son instinct maternel est donc tout à fait normal et compréhensible. Le parallèle (un peu gros...) est alors fait avec la Reine alien dont l'existence ne consiste qu'en la ponte d'œufs. Celle-ci est complètement vulnérable à cause de l'énorme sacs d'œufs attaché à son abdomen, et prête à tout afin de protéger sa progéniture. Tout comme Ripley avec sa fille adoptée.

Sigourney Weaver est d'ailleurs la seule actrice du film qui réussit à insuffler de l'humanité à son personnage. Même le Caporal Hicks, qui incarne l'aspect romantique du film, a du mal à nous convaincre de sa sincérité, surtout au vu d'un échange plutôt douteux car plein de sous-entendus à propos d'une mitraillette/lance-flammes et grenades (Prenez-le bien en main ; Montrez-moi tout, etc). Hicks possède d'ailleurs une faiblesse incroyable et doit rapidement s'en remettre à Ripley pour avoir une chance de s'en sortir (à ce propos, il est intéressant de noter que le Commandant en charge est le plus inexpérimenté et lâche de tous. Il ne démontrera du courage que lors de son auto-sacrifice en compagnie d'un de ses soldats afin de ne pas le laisser seul face à l'ennemi...).

Avant même que l'idylle entre Hicks et Ripley ait une chance de se développer, elle est abandonnée... Hmmm... Cameron n'aimerait-il pas les femmes ? Lui feraient-elles peur ? On peut se permettre de le penser, en particulier au moment où les Marines découvrent des facehuggers mis en bocal par les colons. Leur côté ventral ressemble à s'y méprendre aux organes génitaux féminins, avec en plus une sorte de trompe qui en sort pour violer la victime par la bouche (...) et pondre un embryon d'alien dans l'estomac (Giger, le créateur des aliens, ne s'est d'ailleurs jamais caché de cet aspect ouvertement sexuel, qu'il aurait même voulu amplifier davantage). Et comment réagissent-ils face à ces créatures terrifiantes ? Par la violence. Le discours est certes un peu léger (ou lourd, dépendant d'où l'on se place...), caché sous la xénophobie galopante de l'armée américaine, mais visible si on y fait attention. Ce n'est pas de la psychologie de bas-étage de dire que ce sont les femmes qui dominent le film, et par extension, les hommes présents.

Ce qui ne m'empêche pas d'apprécier, voire même adorer, ce film qui, pour moi, est un divertissement époustouflant et beau à crever. Et lorsqu'à la fin du film on repense à la brève intro de Cameron nous présentant cette édition spéciale de 2h40 comme étant la version qu'il avait toujours voulu nous montrer, on se dit que c'est aussi la seule qu'on avait envie de voir.




Marija NIELSEN

ABYSS (1989)

 

Titre français : Abyss
Titre original : The Abyss
Réalisateur : James Cameron
Scénariste : James Cameron
Musique : Alan Silvestri
Année : 1989
Pays : Usa
Genre : Science-fiction
Interdiction : /
Avec Ed Harris, Mary Elizabeth Mastrantonio, Michael Biehn, Leo Burmester, Todd Graff...


L'HISTOIRE : Au large de Cuba, un sous-marin américain coule après avoir été frôlé par un objet non identifié. En surface, une mission de repérage se met aussitôt en place pour récupérer les éventuels survivants, mais surtout les ogives nucléaires… Une équipe de gros bras débarque donc dans le Benthik Explorer, plate-forme pétrolière submersible installée dans les fonds marins. Et au grand dam de Bud Brigman, chef d'équipe de la plate-forme, sa future ex-femme Lindsey, qui est aussi la propriétaire du bâtiment, accompagne les militaires. Sur ordre du gouvernement, l'équipe des foreurs pétroliers doit en effet collaborer avec ces derniers afin d'explorer l'épave du "Montana". Les conflits d'intérêt et d'autorité font rapidement monter la tension, tandis qu'à la surface approche l'ouragan "Frédéric" et que la présence américaine près de Cuba déclenche une crise internationale. L'exploration du sous-marin commence… Et au-delà des frictions et des dangers, les plongeurs ne vont pas tarder à être confrontés à une présence pour le moins inattendue…


MON AVISAmoureux des fonds marins et fan de science-fiction, James Cameron rêvait de réaliser un équivalent aquatique de ce qu'avaient fait Stanley Kubrick dans l'espace ou Spielberg avec son diptyque extra-terrestre. Ce fut chose presque faite avec Abyss, doté d'un budget très confortable de 50 millions de dollars, et qu'on pourrait un peu considérer comme un Rencontres du 3ème type sous-marin.

Le message moral du film, plein de bonnes intentions, est en effet très proche de celui du film de Spielberg. Et bien que ponctué lui aussi de séquences spectaculaires et d'effets qui vont annoncer l'importance du numérique dans le cinéma des années suivantes, il s'agit avec Titanic du film d'Iron Jim le plus axé sur l'atmosphère et les personnages. L'un des plus longs également, si on prend la version longue comme définitive.

Abyss est un peu comme une toile d'Yves Klein : un bleu unique, qui ne pourra plus jamais vous sortir de la rétine. Même le bleu Cousteau (qu'admire Cameron), et à plus forte raison le bleu Besson, n'atteignent pas une telle profondeur d'envoûtement. Si une science du bleu marin existait, il faudrait l'appeler caméronisme ou abyssisme. Ce n'est pas un grand bleu sentimental et idéaliste, puisqu'il semble au contraire d'une inquiétante neutralité, et qu'il est le produit très concret des éclairages technologiques humains (projecteurs, spots et diverses lampes).

En fait, aussi paradoxal que cela puisse paraître, on ne peut même pas dire que ce bleu est celui de l'océan. D'abord parce qu'on le retrouve dans pratiquement toute la filmographie de Cameron, comme une signature, sans qu'il soit forcément lié avec les grands fonds. Mais aussi parce qu'il n'y a pas de volonté naturaliste chez le réalisateur. Le choix des profondeurs ne coïncide avec le réel que de façon désincarnée. Il permet au tournage de se dérouler dans un grand bassin artificiel, sans que l'on puisse s'étonner de la singulière absence de vie des lieux. Pas une algue, pas un crustacé ou cétacé… A se demander s'il s'agit vraiment d'eau…

L'élément liquide, lorsqu'il intervient en tant que tel, est plutôt grisâtre (la surface tempétueuse), blanc ou translucide. L'eau, dans Abyss, est une épouvante en mouvement : elle bouscule, envahit, monte ou se retire, donnant la mort ou accordant la vie. C'est elle qui engendre les séquences du film les plus effrayantes ou les plus émouvantes. Sans elle, le film serait d'ailleurs d'un rare ennui. Après une scène d'introduction coup de poing comme sait bien les faire Cameron, le quotidien du Benthik Explorer n'a en lui-même rien de très excitant.

Malgré toute la technologie présente, c'est bien à des ouvriers au travail que nous avons affaire, et contrairement à ce qu'on pourrait penser, la station sous-marine ne dégage à l'origine aucune claustrophobie : c'est une bulle à l'ambiance familière et familiale, où une certaine routine s'est installée. L'isolement a provoqué le rapprochement entre chaque membre de l'équipe, jusqu'à l'arrivée des militaires, de Lindsey et des événements qui vont s'ensuivre. Alors, et alors seulement, l'irruption de l'eau (jusqu'à la sueur du psychotique et fiévreux Coffey, génialement interprété) révélera tout ce que les longs couloirs, les habitacles et les équipements high-tech peuvent avoir d'angoissant. C'est également sa présence menaçante, destructrice ou au contraire amicale (comme le ver anamorphique simulant leurs visages et leurs expressions) qui sera le vecteur de la réconciliation entre Bud et Lindsey…

Mais le bleu, lui, est immobile et serein. L'épave du Montana y repose comme un gigantesque enfant qui dort. On s'y déplace avec lenteur et avec mille précautions, comme dans un rêve ou dans une cérémonie.

Et finalement, si on voulait vraiment définir le bleu Abyss, peut-être faudrait-il dire qu'il s'agit d'un bleu initiatique, mystique, sacré (funèbre, diront même les mauvaises langues, qui n'auront pas tout à fait tort…).

Le bleu Abyss a un point commun avec le bleu Hellraiser : c'est un signe vers l'inconnu, vers les ténèbres d'un monde qui va bientôt se révéler. Une sorte de sas chromatique que va devoir franchir Virgil Bud Brigman dans une scène à juste titre anthologique. Cependant là où le bleu Hellraiser amène l'immoralité, la souffrance et le sang, le bleu Abyss, lui, après les ténèbres, mène… à l'amour et à la joie d'une créature rose stupéfiante, qui, du jour au lendemain, on ne sait pas pourquoi, a décidé d'adresser à l'humanité toute entière un sermon tout bonnement édifiant de bon sens. Vous, humains, vilains-vilains, pas bien, mais pas bien du tout. Moi donner dernière chance, mais attention. En gros, c'est ça…

Et après plus de deux heures et demie de film, nous voilà abasourdis devant le plus gros jouet en plastique rose bonbon que la Terre ait jamais porté. Une sacrée déception pour maints spectateurs, qui explique sans doute qu'en dépit de son statut de film culte, Abyss n'ait pas été un franc succès. Trop lourdement asséné, le discours plombe le film et rend les nouveaux visionnages pénibles malgré une esthétique somptueuse et une réalisation impeccable : on sait qu'on a eu peur pour pas grand-chose. Cameron prendra une colossale revanche avec Titanic. Mais… quel est le nom de l'héroïne, déjà, dans Titanic? Rose.


Stéphane JOLIVET