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BLACK PHONE (2021)


L'HISTOIRE : Nous sommes dans les années 1970, dans une petite ville du Colorado de prime abord tranquille où sévit pourtant un kidnappeur insaisissable. Là, réside Finney Shaw, un adolescent intelligent et timide vivant avec sa sœur Gwen, ainsi qu’avec son père légèrement alcoolique sur les bords et ayant subséquemment la main leste quand il a trop bu. A l’école, notre adolescent craintif subit également les agressions d’une bande de sales gosses et perd tous ses moyens quand il croise le regard de sa ravissante voisine de classe, mais il peut toujours compter sur le soutien de Robin, le caïd de son établissement. Bientôt cependant, ce dernier se fait enlever, Finney se retrouve seul. Il est toutefois rapidement kidnappé à son tour par le tueur sadique qui l’enferme dans un sous-sol insonorisé où crier ne lui sera pas d’une grande utilité. Peu de temps après, le jeune garçon se met à recevoir, dans sa geôle, des coups de fil d'un vieux téléphone noir accroché au mur mais dont les fils sont pourtant arrachés...


MON AVIS : Voici donc la nouvelle production des studios Blumhouse que l’on ne présente plus, dix ans pile-poil après le très bon Sinister où l’on trouvait déjà le duo Scott Derrickson à la réalisation et Ethan Hawke dans un des rôles principaux. Alors quand en plus on a affaire à un scénario de base tiré d’une nouvelle de Joe Hill, fils du prolifique Stephen King à la ville mais désormais auteur confirmé avec des œuvres comme NOS4A2 ou encore Locke and Key, on se dit qu’on tient peut-être là un produit bien alléchant pouvant augurer du meilleur.

Black Phone nous présente d'emblée un environnement de violence auquel est confronté notre jeune héros entre un domicile familial où un père tyrannique fait régner la terreur à coups de ceinturon et le collège, où quelques petites frappes viennent le molester, lui le gentil Finney, pas encore assez costaud et ne devant parfois son salut que grâce à sa sœur Gwen venant à sa rescousse où encore Robin, un ami qu’il aide pour les devoirs et véritable dur à cuire auprès des intimidateurs. Ce quotidien pas facile est donc celui d’un adolescent de treize ans très intelligent, mais jugé encore trop tendre. Comme si cela ne suffisait pas, une plus grande menace existe et suscite dans cette ville du Colorado où prend lieu et place l’action, un véritable climat de paranoïa : un kidnappeur sévit et capture tous les enfants passant à sa portée, de préférence des garçons ! Forcément, Finney, proie facile, se fera enlever et séquestrer à son tour. Heureusement, sa survie dépendra peut-être de sa sœur dotée de dons médiumniques, mais également d’une aide extérieure se manifestant par des voix, captées par le combiné pourtant débranché de son cachot, et semblant appartenir aux anciennes victimes du ravisseur…

Si cette ambiance pesante pourra rappeler à certains la saison 1 de l’excellente série True Detective et surtout, si ce script fait clairement penser aux thèmes de prédilection de Joe Hill (des protagonistes pourvus de pouvoirs surnaturels et une enfance maltraitée), c’est pour mieux nous confronter à la peur dès lors que Finney décrochera le téléphone hors d’usage. En effet, dès l’apparition du combiné noir, tout contribuera à rendre l’ambiance anxiogène à son maximum : la tension provoquée par la peur de se faire repérer, la mise en œuvre de tentatives d’évasion, mêlés à la froideur clinique des manipulations sadiques du tueur toujours plus envahissant physiquement et psychologiquement auprès de sa victime. Parallèlement à cela, la jeune Gwen tentera vainement d’avoir des visions lui révélant l’endroit où son frère est détenu et la police ira de piste en piste à la recherche de l’adolescent, sans en avoir une de véritablement concrète.

Avec tous ces éléments finement calculés, Black Phone ne baisse jamais en intensité et nous malmène comme si, nous aussi, nous étions prisonniers dans ce sous-sol où les chances de s’en sortir s’amenuisent d’heure en heure. Tout cela, Scott Derrickson l’a bien compris et dose à merveille son film sans oublier quelques redoutables jump scares, procédé cher utilisé à foison par Blumhouse, pour malmener notre petit cœur fragile ! Mais toute cette angoisse ne serait rien sans son croquemitaine principal car comme le disait si bien Sir Alfred HitchcockPlus réussi est le méchant, plus réussi sera le film ! Ici, notre diable fait de chair et de sang se déguise la plupart du temps en magicien et capture les êtres les plus innocents que le hasard met sur sa route en les engouffrant dans la noirceur de son van et surtout de celle de son sous-sol où on ne sait ce qu’il leur fait subir ! C’est Ethan Hawke qui incarne ce tueur d’enfants aux différents looks terrifiants et arborant toujours un masque voire un maquillage, ce qui le rend impalpable, presque irréel, pourtant le monstre humain est bien là ! On pourra toutefois regretter qu’on n’en sache pas plus sur lui, ses motivations, son passé, afin de mieux comprendre ce personnage, mais ce serait tout de même faire la fine bouche devant une telle performance d’acteur ! Notons également que le duo d’enfants jouant Finney et Gwen est criant de vérité car fragile et dur au mal à la fois !

Black Phone est donc un film avec un scénario original, ne comptant pas uniquement sur des jump scares pour bien fonctionner. En effet, la première partie prend tout son temps pour nous présenter les principaux protagonistes, deux gamins vivant seuls avec leur père alcoolique ayant la main lourde dans une ville des Etats-Unis des années 70, où plusieurs enfants ont disparu mystérieusement. Une fois l’antre du serial killer découverte, tout va s’enchaîner et le film se transformer en survival où chaque coup de téléphone aura une importance capitale. En plus d’un script bien maîtrisé, le métrage dispose d’un casting impeccable, notamment Mason Thames et Madeleine McGraw incarnant le frère et la sœur qui crèvent littéralement l'écran à chaque apparition, ainsi qu’Ethan Hawke, effrayant en croquemitaine pervers. Seul petit bémol : le fait qu’on n’en sache pas assez sur le kidnappeur n’enlevant jamais son masque ou maquillage. Ce manque de background pourrait gêner, comme l’auteur de cette critique, les plus exigeants, mais peut-être en apprendrons-nous plus dans une suite ou un préquel, qui sait ?


Titre français : Black Phone
Titre original : Black Phone
Réalisateur : Scott Derrickson
Scénariste Joe Hill, Scott Derrickson, C. Robert Cargill
Musique Mark Korven
Année : 2021 / Pays : Usa
Genre : Thriller, tueurs fous / Interdiction : -12 ans
Avec Mason Thames, Madeleine McGraw, Ethan Hawke, Jeremy Davies...




Vincent DUMENIL

BEREAVEMENT (2010)

 

Titre français : Bereavement
Titre original : Bereavement
Réalisateur : Stevan Mena
Scénariste : Stevan Mena
Musique : Stevan Mena
Année : 2010
Pays : Usa
Genre : Tueurs fous
Interdiction : -16 ans
Avec Alexandra Daddario, Spencer List, Brett Rickaby, Michael Biehn...


L'HISTOIRE : En 1989 à Minneserville, Pennsylvanie, le petit Martin Bristol, un enfant de six ans souffrant d’une maladie l’empêchant de ressentir la douleur, est kidnappé par Graham Sutter, un redoutable tueur en série. L’emmenant dans un abattoir retranché où il assassine de jeunes filles, le maniaque contraint le garçon à assister à ses horribles agissements. Cinq ans plus tard, Allison Miller, une adolescente de 17 ans ayant perdu ses parents, emménage chez son oncle Jonathan. Fan de longs footings et de courses effrénées, la jeune demoiselle explore son nouvel environnement, découvre son nouveau lycée, fait la rencontre de William, un jeune homme travaillant au garage local et surtout, pense avoir découvert que quelqu’un vivrait dans l’étrange bâtisse se trouvant près de sa nouvelle demeure. Va-t-elle alors vérifier l’adage la curiosité est un vilain défaut ?


MON AVIS Pour la petite histoire, c’est avec un budget malingre que Stevan Mena réalise son premier long-métrage en 2004, un slasher nommé Malevolence (qu’on traduirait par : malveillance), sorti directement en DVD, mais ayant fait parler de lui dans de nombreux festivals, dont notamment celui de New-York, et s’étant de fait forgé une petite réputation. Mais petite hein, car ce film culte pour certains américains, n’a encore jamais dépassé nos frontières. Fort de son expérience et ayant eu un peu plus d’investissement, Mena offre, en 2010, une suite à son film séminal, ou plutôt un préquel, revenant aux origines du mal. 

En revanche, le titre est toujours aussi imprononçable et compliqué à écrire puisque ce sera Bereavement, qu’on traduira par : deuil. Ce dernier relate ainsi l’histoire d’Allison qui s’installe chez son oncle après la perte de ses parents et celle de Martin, un petit garçon enlevé à six ans par un déséquilibré vivant dans un abattoir désaffecté où il massacre, telles de jeunes génisses, des jeunes filles suspendues à des crochets de boucher. Chacun sera donc confronté à un deuil : celui de ses parents pour l’adolescente et celui de son enfance pour le garçonnet. Qui en sortira indemne ? est-on en droit de se demander et c’est d’ailleurs la question à laquelle Mena tentera de répondre à l’issue de son long-métrage.

Bâti sur un scénario très solide, Bereavement s’apparente à un véritable cauchemar éveillé et vraiment intense. D’entrée de jeu, le spectateur est projeté directement dans un univers sordide (un abattoir perdu au milieu de nulle part) où de jeunes victimes sont impassiblement exécutées après avoir été violentées, le tout sous les yeux d’un jeune enfant venant d’être enlevé à ses parents ! Parallèlement à cette histoire, Allison, une jeune ado qui essaie de surmonter un terrible drame familial, vient habiter à proximité. Mais l’on sent bien que sa route va croiser celle du psychopathe, qui semble rôder autour d’elle. On s’inquiète alors de l’issue fatale de cette rencontre semblant inévitable ! Quel climat de tension ! Mais non content de nous confronter à un suspense continuel, Stevan Mena intègre à son film d’horreur des données familiales si profondes et complexes qu’elles font de ce métrage autre chose qu’un simple slasher de pacotille. Ce serait plutôt un drame intimiste mâtiné d’horreur auquel on serait confronté, mais ce, de manière intelligente, avec des références philosophiques. D’ailleurs, à un moment donné du métrage, Allison se trouve au lycée, dans un cours où le professeur compare les biologistes évolutionnistes prétendant que tout est tracé génétiquement à d’autres écoles de pensées comportementalistes pensant que seul l'environnement et les influences durant l'éducation ont un rôle. A-t-on déjà ne serait-ce qu’aperçu de telles vues de l’esprit didactiques dans un film de genre ? J’en doute fortement !

A la qualité scénaristique, se joint une interprétation sans failles. Dans les rôles principaux, on retrouve deux gueules connues : John Savage (The Killing Kind, Carnosaur 2), impeccable en vieil homme bourru, alcoolique et handicapé qui se remet difficilement de la mort de sa femme, puis surtout Michael Biehn (Terminator, Le Sang du Châtiment, Aliens le retour, Planète Terreur ou encore The Divide) qui se démarque tout particulièrement par une interprétation toute en finesse d’un oncle qui essaie de consoler comme il le peut sa nièce ayant perdu subitement ses parents. Aux côtés de ces vieux briscards, on (re)découvre la magnifique Alexandra Daddario dans le rôle d’Allison (Percy Jackson le voleur de foudre ou le récent Texas Chainsaw 3D) vraiment bonne (à tous points de vue !), même s’il est vrai qu’elle ressemble plus à une jeune femme qu’à une adolescente. Spencer List (vu dans la série Fringe) campant Martin Bristol, est formidable d’ambiguïté et de mystère en témoin oculaire d’actes barbares : il ne prononcera pas un mot du début à la fin du film ! Brett Ryckaby (The Crazies, Zodiac) revêt, quant à lui, le costume du psychopathe de service, terrifiant par sa brutalité physique et sa violence morale (ou inversement). Non seulement il exécute froidement de jeunes femmes après les avoir torturées mais en plus, il prive d’enfance un gamin dont il veut faire son légataire universel en termes d’atrocités ! En un mot : effrayant !

A côté de cela, il faut signaler que les décors et la photographie sont également de très bonne facture. Par son ambiance crasse, le film apparaît comme un hommage de plus à Massacre à la Tronçonneuse, le chef d’œuvre en la matière de 1974. Mais c’est bien fait car l’abattoir désaffecté muni d’énormes crochets, l’habitat répugnant du sociopathe, ses habitudes peu communes (comme celle de converser avec le squelette d’une tête de vache ou de buffle pour les connaisseurs) ou encore la campagne perdue, rappellent les meilleurs moments du classique de Tobe Hooper, et ça ce n’était pas forcément gagné d’avance ! Toutefois, on émettra quelques bémols quant à ce petit film marchant sur les mêmes rails que son illustre aîné : quelques longueurs pourraient faire perdre au métrage de sa saveur et d’aucuns pourraient se montrer déçus dès lors que le visage du tueur sera dévoilé, ce qui pourrait amoindrir toute l’aura de mystère du film. Mais bon, ce serait vraiment pinailler, d’autant que l’on sent que le budget n’était pas si incroyable que cela, en atteste la triple casquette réalisateur-scénariste-musicien de Stevan Mena !

Doté d’un casting réussi (avec un Michael Biehn authentique, en tête), d’une qualité d’écriture supérieure à la moyenne et d’une photographie digne des plus grands films jouant dans sa catégorie, Bereavement fait fort. Plongée haletante dans le quotidien sordide d'un tueur en série, un vrai, celui qu'on peut voir s'enliser dans sa folie, Bereavement est aussi le voyage initiatique d'une âme vierge au plus profond de l’horreur sans rémission possible. Tantôt long, tantôt difficile, le métrage se vit pourtant comme une expérience spécifique voire sensorielle. On pardonnera alors les quelques insuffisances du film de Stevan Mena pour n’en retenir que sa conclusion nihiliste au possible. Hyper sombre mais pourtant superbe, Bereavement fait honneur au cinéma de genre. Attention car il n’est pas à mettre devant tous les yeux !




Vincent DUMENIL

BAD BRAINS (2006)

 

Titre français : Bad Brains
Titre original : Bad Brains
Réalisateur : Ivan Zuccon
Scénariste : Ivo Gazzarrini, Ivan Zuccon
Musique AcidVacuum
Année : 2006
Pays : Italie
Genre : Tueurs fous
Interdiction : -16 ans
Avec Emanuele Cerman, Valeria Sannino, Matteo Tosi, Kristina Cepraga, Liliana Letterese...


L'HISTOIRE : Davide et sa fiancée Alice kidnappent et assassinent leurs proies dans un but précis : ils cherchent quelque chose dans les cadavres et s'assurent avant les meurtres que leurs victimes ressentent la sensation de peur. Leur petit monde macabre va être perturbé lorsqu'un certain Mirco fait irruption dans leur maison de l'horreur. Ce dernier ne semble pas ressentir la moindre peur à leur contact et semble en savoir beaucoup sur eux et sur leur passé...


MON AVISPassionné par les récits de H.P. Lovecraft, le réalisateur italien Ivan Zuccon s'est lancé dans une série d'adaptation dès les années 2000, avec des titres tels The Darkness Beyond, Unknown Beyond ou The Shunned House. Des films à petits budgets, réalisés en vidéo, avec les moyens du bord mais surtout de la passion. En 2006, il tente de s'éloigner de son maître à penser avec Bad Brains, tout en lui faisant un clin d'oeil à travers la vision à de multiples reprises d'un ouvrage du maître de Providence. Toujours filmé au format vidéo, Bad Brains nous emmène à la suite de Davide et Alice, deux tueurs en série qui ne font pas dans la dentelle et massacrent à tour de bras de nombreuses victimes. Si de prime abord, les meurtres semblent gratuits, il n'en est rien car Davide semble chercher quelque chose de bien précis à l'intérieur des nombreux cadavres qui s'entassent dans leur maison isolée, transformée en véritable refuge de l'horreur dans lequel seul un esprit totalement dérangé pourrait vivre.

Ça tombe bien, Davide semble totalement cinglé et il en va de même pour sa fiancée Alice, qui n'est autre que sa sœur ! Un couple incestueux et fusionnel, dont les nombreux flashback nous font comprendre que leur folie meurtrière ne date pas d'aujourd'hui, puisque, à l'époque où ils n'étaient que des enfants, ils ont déjà manier du couteau en assassinant leur père et leur mère, tout comme il semblerait qu'ils aient fait mu-muse avec une poussette et son petit occupant, en la poussant dans les escaliers. Sympa ! La question qui nous interroge ici est donc de savoir ce que cherche Davide dans les corps qu'ils charcutent sans remords aucun. Il apparaît clairement que cette quête est le fait de Davide et qu'Alice ne fait que l'aider à trouver ce mystérieux Graal, ce qui ne retire en rien la folie qui habite également la jeune femme. Cette dernière garde en effet une femme prisonnière dans cette lugubre maison, femme qu'elle considère comme sa poupée et à qui elle témoigne une légère affection.

Ce portrait des deux psychopathes et cette recherche dont nous sommes les témoins nous rappellent parfois Martyrs de Pascal Laugier, Davide insistant fortement sur le fait qu'avant de tuer une victime, il faut que celle-ci ressente la peur, la vraie sinon, il ne faut pas encore la tuer. Étrange et intrigant. Si cet aspect quelque peu métaphysique donne son intérêt à Bad Brains, ce n'est pas le seul point positif à mettre à son crédit. Même si le format vidéo peut dérouter et donner une impression d'amateurisme au film, on sent qu'Ivan Zuccon se donne du mal pour apporter de l'ampleur à sa mise en scène, avec de nombreux mouvements de caméra, travelling et autre techniques propres à la réalisation. Le montage est également à mettre en avant, ne respectant pour une traditionnelle linéarité mais faisant de perpétuels aller-retour entre le présent et le passé.

L'arrivée du mystérieux Mirco apporte également une nouvelle source de questionnement car il semble en savoir beaucoup sur les deux tueurs et annonce ouvertement être connecté à Davide, proclamant même à Alice que si il meurt, Davide mourra également ! Comment, pourquoi, qui est-il réellement, pourquoi semble-t-il avoir des stigmates au creux des mains ? Autant de questions qui trouveront bien sûr une résolution à la fin du film. 

Niveau casting, les acteurs font le job correctement pour ce type de petites productions, notamment Emanuele Cerman qui joue Davide. Valeria Sannino se montre également à l'aise avec le personnage d'Alice, sombrant parfois dans une certaine théâtralité mais rien de dommageable. 

Bad Brains se montre assez violent et sanglant, et il bénéficie d'effets spéciaux assez réussis et bien travaillés. Le décor de la maison, son intérieur délabré et bariolé d'effusions sanguinolentes, apporte une touche malsaine bienvenue. Le film est aussi bardé d'éléments symboliques et le scénario est bien plus complexe qu'il n'y paraît, bien plus tortueux, bien plus psychologique, un peu comme les récits de Lovecraft

Bref, Bad Brains se montre intéressant à bien des égards et pour son quatrième film, Ivan Zuccon nous offre un bon film d'horreur italien et prouve qu'il a des choses à raconter. Si vous suivez ce réalisateur, impossible de nier qu'il progresse film après film et qu'il est un de ces nouveaux réalisateurs sur qui il faut compter dans le paysage du cinéma bis horrifique italien.




Stéphane ERBISTI

AUGUST UNDERGROUND'S PENANCE (2007)

 

Titre français : August Underground's Penance
Titre original : August Underground's Penance
Réalisateur : Fred Vogel
Scénariste : Fred Vogel, Cristie Whiles
Musique : Poppa Pill, The Locust
Année : 2007
Pays : Usa
Genre : tueurs fous, cinéma extrême
Interdiction : -16 ans
Avec : Fred Vogel, Critie Whiles, Shelby Vogel, Anthony Matthews...


L'HISTOIRE : Peter et Crusty, un couple de sociopathes, décident de faire un massacre à divers endroit de la région où ils habitent...


MON AVIS : Premier point qui peut déranger ceux qui n'ont pas vu August Underground's Mordum du même Fred Vogel : la façon de filmer. Alors oui, le film prétend toujours être un snuff mettant en scène deux tueurs, du coup on retrouve le côté caméra amateur mais sans aucun filtre pour rendre l'image sale, contrairement aux autres films de la trilogie. Pour le coup l'image est vraiment terrible donc on y voit bien.

Second point qui en a fâché plus d'un : est ce que la caméra bouge toujours autant ? Oui et non ! C'est vrai que ça bouge dans tous les sens encore mais carrément moins je trouve, de plus, à certains moments, elle ne bouge plus du tout puisqu'ils la posent pour vaquer à leurs occupations, pas très saines dans l'ensemble. Le but étant d'avoir ce côté vidéo authentique, le montage est hâché, certaines fois ça passe vraiment d'une chose à une autre comme ça d'un coup, mais justement, ça renforce le réalisme.

Les deux psychopathes nous font suivre leurs vies lorsqu'ils sont calmes et là je me suis bien marré, rien que la tête de Fred Vogel me fait rire, ils font des choses très bêtes comme embêter un clochard, s'amuser avec du ketchup dans la rue en faisant genre pisser du sang, une petite soirée chez des amis... Ça permet au spectateur de bien se mettre dedans, pas trop de violence dès le début.

Ces scènes de vie sont entrecoupées par des scènes sanglantes et autres perversions. Justement puisqu'on y est, August Underground's Penance est-il plus dur que August Underground's Mordum ? Et bien non, Mordum restera l'épisode le plus déviant de la trilogie, par contre la violence et le malsain sont bien présents dans Penance mais d'une autre façon. Il y a quand même du gratiné, Fred Vogel ne s'est pas non plus calmé, il y a toujours autant de coups de marteaux pleine la tronche, mais aussi le massacre d'une famille (viol de la mère, meurtre d'une enfant...) le tout bien sûr le soir de Noël, alors que la famille s'apprêtait à ouvrir les cadeaux, ainsi que de la torture en tout genre.

Pour ce qui est du gore, il y a de l'éviscération, un fœtus sorti manuellement mais ça c'est pour le côté humain, car les animaux font aussi leur rentrée dans cet épisode. Rassurez vous, ce n'est qu'un rat ainsi qu'une biche, mais d'après le commentaire audio, c'est un cadavre ramassé du fait d'un accident de la route. Les FX sont vraiment toujours au top niveau, un énorme bravo à Jerami Cruise qui sera sûrement un des grands dans son domaine. Ça fout les boules tellement c'est réaliste, ça n'est pas trop mais juste ce qu'il faut pour ne pas déceler le trucage, un véritable coup de maître. En ce qui concerne la prestation des acteurs, elle est toujours aussi excellente (Fred Vogel et Crusty baignent dans leurs rôles respectifs) et il y a une complémentarité entre les deux. Rien à redire à ce niveau c'est du tout bon.

Venons-en aux décors, il y a des scènes extérieures, la maison de la famille et le terrain de jeu de nos chers serial-killers, à savoir une sorte de garage, une cave quoi. Pour ce dernier lieu, l'ambiance y est hallucinante, du sang bien noir, bien dégueulasse, qui est en permanence à l'écran, des lieux super crades du fait que les victimes se font pipi et caca dessus, l'odeur doit y être infecte vu ce qu'ils font du grand nombre de cadavres a l'intérieur, c'est poisseux, y'a des images porno collées partout, des bouts de membres et d'autres choses non identifiées qui jonchent le sol. Certains bruitages sont complètement crasseux et particulièrement dans une scène, mais je laisse la surprise.

En conclusion, Une trilogie qui se termine super bien (relatif) et aucun des épisodes n'est à jeter puisque chacun représente un bout de cette histoire de tueurs en série. Je peux même rajouter que cette partie Penance est la partie émotionnelle du fait qu'on entre dans l'intimité de la relation entre les deux protagonistes, une histoire d'amour délurée et meurtrière. Une oeuvre choc à réserver à un public averti.




Thibault Michaud

AUGUST UNDERGROUND'S MORDUM (2003)

 

Titre français : August Underground's Mordum
Titre original : August Underground's Mordum
Réalisateur : Fred Vogel
Scénariste : Fred Vogel, Allen Peters
Musique : /
Année : 2003
Pays : Usa
Genre : Tueurs fous, cinéma extrême
Interdiction : -16 ans
Avec : Fred Vogel, Christie Whiles, Killjoy, Jerami Cruise, Michael T. Schneider...


L'HISTOIRE : Les agissements sanglants et barbares d'un trio de tueurs complètement cinglés, qui se filment eux-mêmes...


MON AVIS Avant toute chose, j'aimerai vous avertir que ce film est à réserver exclusivement à un public très averti, et je déconseille fortement n'importe quelle personne, non habituée de ce genre de cinéma, sensible ou les plus jeunes d'entre vous de le regarder. Voila, ensuite à vous de voir, en tout cas ne me dites pas après que je ne vous ai pas averti.

Film réalisé en 2003 par Fred Vogel, un ancien élève de Tom Savini, August Underground's Mordum nous fait suivre les macabres agissements de trois jeunes tueurs : deux hommes et une femme qui s'auto-filment, ce qui montre d'emblée que la carte du réalisme est posée.

L'image est assez sale, c'est mal filmé (normal me direz-vous), avec, par moments, des zooms approximatifs provoquant des flous. Néanmoins comme vous vous en doutez l'atmosphère malsaine est amplement créée par ce procédé, rajoutez-y des acteurs baignés dans leurs rôles, que ce soit les victimes ou les tueurs, et vous pouvez sans mal vous croire devant un vrai film snuff, soit un film contenant de véritables mises à mort, une légende urbaine jamais prouvée mais le film de Fred Vogel en serait l'une des plus parfaites incarnations.

Nous sommes donc pris comme témoins des actes de ces tueurs, et d'ailleurs quels sont-ils ?

- l'un des tueurs force un homme à se couper le sexe avec un ciseau ; une fois cela fait, la tueuse prend un bout de son sexe, en fait une semi-fellation puis elle s'en sert pour masturber l'amie de la victime.

- la tueuse, accompagnée de deux victimes féminines, se fait vomir sur elles, puis elle nettoie son vomi sur les visages de ces pauvres femmes, pour ensuite les faire vomir à leur tour, en leur enfonçant deux doigts dans la bouche. Le clou de la séquence étant que la tueuse gerbe dans le cul d'une des victimes.

- un des tueurs ouvre le bide d'une des victimes féminines alors enceinte, provoquant la sortie de son fœtus, puis l'homme se met à la pénétrer par le trou qu'il lui a fait dans le bide.

Bref, arrêtons là pour les exemples qui sont bien significatifs de ce que l'on peut endurer en regardant ce film. Si bien sûr, juste à l'idée de lire cela, vous avez envie de vomir, alors ne tentez certainement pas de le visionner. N'oublions pas que toutes ces scènes se trouvent en plan séquence du fait que, comme j'ai déjà pu le faire remarquer, ce sont les tueurs qui se filment. Ces séquences sont bien évidemment insoutenables, d'un réalisme époustouflant, longues (15 à 20 minutes, montre en main), et une folie en constante évolution s'installe. J'ai omis de tout vous dire, mais sachez que la dernière séquence du métrage est certainement la plus horrible que l'on pouvait voir à cette époque dans n'importe quel film.

Maintenant traitons du pourquoi et de l'intérêt. Il est évident que beaucoup vont se poser ces questions. Après la vision de ce film, il est clair que l'on se sent sale, dégoûté et outré par ce que l'on vient de voir, et on se demande pourquoi, pourquoi on a regardé ce film, pourquoi des gens ont fait cela ?

Je pense que l'objectif de base de Vogel était bien sûr de choquer mais en même temps de faire naître chez le spectateur ces notions de dégoût et de se sentir sale, limite insulté par tant de barbarie et de folie. A l'instar de Deodato avec Cannibal Holocaust en quelque sorte.

Ensuite, est-ce encore une réflexion sur l'homme, sur sa folie, ou encore sur nous, spectateurs, ayant ce malin plaisir sadique de voyeurisme qui nous pousse à vouloir regarder des choses horribles ? Ou alors, s'agit-il d'un pseudo film ayant seulement pour but d'aligner des séquences insoutenables, faites par des personnes aussi déviantes que celles misent en fiction ? Voici tant de questions, qu'il me semble impossible d'y répondre, étant donné que je ne peux détenir la vérité. A chacun donc d'y voir ce qu'il veut y voir ou penser.

Néanmoins, August Underground's Mordum a le mérite d'être certainement le film le plus choquant, déviant et horrible que le monde du cinéma ait pu produire, à cette époque du moins. Un programme qui marque, et que l'on n'a aucunement envie de visionner une seconde fois.




Anonymous

AUDITION (2000)

 

Titre français : Audition
Titre original : Oodishon
Réalisateur : Takashi Miike
Scénariste : Daisuke Tengan
Musique : Kôji Endô
Année : 2000
Pays : Japon
Genre : Tueurs fous
Interdiction : -16 ans
Avec : Ryo Ishibashi, Eihi Shiina, Tetsu Sawaki, Jun Kunimura...


L'HISTOIRE : Shigeharu est maintenant veuf depuis sept ans et il a de nouveau envie d'être marié, surtout que son fils semble d'accord pour ce projet. Avec l'aide de son ami Yoshikawa, il organise une fausse audition pour un casting de cinéma afin de pouvoir choisir la femme qu'il désire. Il repère sur les candidatures celle de la jeune Asami. Le lendemain, pendant l'audition, Shigeharu rencontre Asami, une ancienne danseuse et il tombe immédiatement sous le charme. Il lui donne un premier rendez-vous et tout se passe à merveille entre nos deux amoureux. Mais Yoshikawa ne semble pas aussi enthousiaste au sujet d'Asami et il met en garde Shigeharu, qui décide de faire des recherches sur la vie de cette étrange jeune femme...


MON AVIS : Film choc réalisé par Takashi Miike, le réalisateur japonais fou déjà auteur de nombreux films bien barrés tels Ichi the Killer ou la saga des Dead or Alive entre autres,  Audition est assez différent par son traitement des œuvres pré-citées. En effet, Audition se veut avant tout un film d'ambiance, là où les films de Miike joue plus dans la démonstration pure et simple. 

Le film démarre tranquillement et on assiste à la préparation de l'audition ainsi qu'au casting. Apparaît alors Asami, jouée par la sublime Eihi Shiina, et dont le look et les grands cheveux noirs nous font évidemment penser à la Sadako de Ring. C'est là que tout le talent de Miike commence à se faire sentir sur l'écran, car non, nous n'avons pas affaire ici à un film de fantôme japonais.

Par petites touches, il inclue dans une banale love-story un élément de mystère, de suspense, un sentiment d'inquiétude. Le spectateur commence à comprendre qu'Asami cache des choses et que sa beauté et son apparente fragilité et timidité ne sont qu'une facette, et qu'elle en possède une autre, qui semble bien plus obscure et inquiétante.

Miike nous la montre dans son appartement, totalement désert, assise contre un mur, la tête entre les bras, un téléphone à côté d'elle. Lorsque la sonnerie retentit, elle esquisse un sourire qui fait vraiment froid dans le dos. Et que peut bien contenir ce grand sac à patates qui repose près d'elle ? Avec une grande habileté, Miike fait monter progressivement la tension et on devient de plus en plus conscient que le personnage de Shigeharu (Ryô Ishibashiest en train de se faire avoir par cette beauté ténébreuse. 

Le final, qui choqua bon nombre de personnes, nous montrera toute l'horreur de la vérité sur Asami et en tétanisera plus d'un, assurément, tant il est d'une redoutable efficacité.

En clair, Audition n'est sûrement pas le film le plus barge de Miike, du moins au niveau de sa mise en scène, nettement plus posée ici, mais son traitement et la montée de la peur par touches subtiles en font un grand film de terreur. Nul doute que le visage d'Asami, comme celui de Sadako, restera longtemps gravé dans la mémoire des spectateurs.



Stéphane ERBISTI



ATROZ (2015)

 

Titre français : Atroz
Titre original : Atroz
Réalisateur : Lex Ortega
Scénariste : Lex Ortega, Sergio Tello
Musique : /
Année : 2015
Pays : Mexique
Genre : Tueurs fous
Interdiction : -16 ans
Avec : David Aboussafy, Laurette Flores, Aleyda Gallardo, Dana Karvelas...


L'HISTOIRE : Au Mexique, deux individus sont arrêtés pour avoir provoqué un accident de voiture. Mais lorsque l'inspecteur de police en charge de l'affaire fouille leur véhicule, il trouve une caméra. En visionnant le contenu de celle-ci, il va découvrir les exploits morbides des deux hommes qu'il vient d'arrêter. L'enfer ne fait alors que commencer puisqu’au cours de l’enquête, d’autres vidéos narrant les exactions sanglantes des deux ignobles personnages seront trouvées et malheureusement visionnées ! Il s’avère ainsi que l’on a affaire à deux terribles psychopathes en puissance. Jusqu’où sont-ils alors allés dans l’atroce ?


MON AVISUnearthed Films, la boîte de distribution américaine ayant importé, entre autres joyeusetés, Philosophy of a Knife ou encore Where the dead go to die, a la réputation d'offrir certains des films les plus difficiles à regarder. Pourtant, ce n'est pas parce que les métrages proposés sont de mauvaise qualité, bien au contraire ! Les films de cette société sont pour la plupart bien exécutés mais c’est souvent leur contenu et les sujets qu’ils exploitent qui les rend difficiles à terminer côté visionnage dans certains cas. Hyper brutales et graphiques, les œuvres Unearthed Films ne sont pas, pour la plupart, pour les plus raffinés et encore moins pour les cardiaques. Toutefois, si vous pouvez les supporter, vous vous régalerez avec leurs tonnes de gore déversées et certaines scènes d'horreur vraiment hardcore. Ainsi, Unearthed Films est vraiment une entreprise, à l’instar de Necrostorm, sur laquelle on peut donc compter en matière d’atrocités visuelles. Aussi, pas surprenant à ce que Ruggero Deodato, célèbre pour avoir réalisé Cannibal Holocaust, supporte pleinement le long-métrage de Lex Ortega et soit même crédité en tant que producteur associé, car les deux films, séparés par des décennies, se ressemblent un peu finalement avec : leur technique de bande retrouvée et sur laquelle va se greffer une bonne partie de l’intrigue (le désormais célèbre found footage), leurs imitations extrêmement réalistes de séquences de meurtres ou de tortures et leur terrible efficacité vis-à-vis du spectateur malgré les limites d'un budget qu’on devine restreint.

Atroz est donc une trouvaille de Unearthed Films et n’a pas besoin qu’on traduise son titre pour savoir de quoi il en retourne. Sachez juste que c’est un film qui a la réputation sulfureuse d’être le plus violent de l’histoire du cinéma mexicain, rien que ça !

Né en 2012 sous la forme d'un court métrage tout droit sorti du cerveau malade de Lex Ortega (ayant œuvré pour le film omnibus Mexico Barbaro), Atroz a depuis pris la forme d'un long-métrage jusqu'au-boutiste et ultra-violent, qui transcende les deux genres auxquels il s'attaque, à savoir le torture porn et le found footage pour offrir un spectacle vraiment atroce, au sens douloureux du terme. De plus, malgré le manque d’argent initial, toute l’équipe a dû rivaliser d'ingéniosité pour palier l’apport financier conséquent ce qui donne au métrage des allures de mondo (genre cinématographique d'exploitation qui use des codes du documentaire pour montrer des images choquantes) sur le Mexique et c’est sûr qu’après ça, on aura du mal à aller faire du tourisme là-bas !

Dès le début, on assiste à une séquence présentant Mexico de manière très crue où criminalité et misère sociale coexistent et servent alors à introduire la barbarie qui sera celle visible durant tout le film. Celui-ci se scindera alors en deux axes qui ne cesseront de s’entrecroiser : celui avec des policiers qui progressent dans leur enquête et celui avec des scènes rapportées, autrement dit visionnées par lesdits policiers au cours de leurs investigations au fur et à mesure des cassettes et autres bandes qu’ils trouveront. Ces dernières sont toutes centrées sur des meurtres, tortures diverses, humiliations et autres choses du même acabit. Tout cela amené façon found footage sublimé ici par l’utilisation des différents formats que représentent la VHS, le Hi8 ou la MiniDV, chacun ayant ses propres défauts (cadre approximatif, caméra peu stable, hors-champs, etc.) qui, au lieu d’amoindrir l’impact du film, le renforcent en lui donnant un côté snuff movie craspec des plus malsains. La caméra embarquée sera alors le témoin de la vie de ses personnages infects qui ne cessent de filmer leurs méfaits se déroulant, au tout début, dans un cadre familial puis dans de multiples lieux à différentes époques par la suite.

Dans son ensemble, sans pour autant tomber dans l’excès ou la surenchère, le métrage brille par son efficacité formelle et bien qu’on puisse trouver à redire sur certains points, on ne peut que saluer le sérieux de sa fabrication. Lex Ortega a choisi une approche frontale et balance en pleine tronche du spectateur une réalité tangible sans verser dans le pathos. Ici, il n’y a pas de gentils et de méchants : les policiers ont des méthodes brutales et les tueurs sont impitoyables tout en étant maîtres dans l’art de faire subir des sévices et d’occire autrui. Et en l’espèce, Ortega s'est vanté de ne rien cacher avec son film qui est d'un voyeurisme viscéral ne laissant aucun répit à son spectateur pour en faire le premier témoin de l'enfer que les deux tueurs en série font subir à tous ceux croisant leur route. Et c'est réellement la force du métrage, inventif et intelligent qui offre à son public, habitué du genre, de la violence qui montera crescendo jusqu’à un final des plus surprenants mais en définitive logique…

Notons également que les acteurs (au rang desquels figure Lex Ortega himself), sans qu’ils sortent forcément tous de l’Actor’s Studio, s’en tirent plutôt pas mal et semblent en tout cas très impliqués dans ce qu’ils font, c’est déjà pas si mal !

Atroz, avec une trame certes plutôt simpliste, est un film sadique à l'extrême, d'une violence inouïe où rien ne nous est épargné. Il pourra toutefois décevoir les amateurs les plus endurcis de ce genre de métrage pouvant lui reprocher de leur faire le coup du saut d'images quand ça devient réellement gore et qui utilise un peu trop souvent le hors-champ. Mais bon, ça reste quand même un long-métrage efficace et très mordant, parfaitement calibré pour le tout-venant des aficionados de films chocs. Après, il faut effectivement aimer ce type de film pour y trouver son compte…




Vincent DUMENIL

ASSAULT! JACK THE RIPPER (1976)

 

Titre français : Assault! Jack the Ripper
Titre original : Boko Kirisaki Jakku
Réalisateur : Yasuharu Hasebe
Scénariste : Chiho Katsura
Musique : Taichi Tsukimizato
Année : 1976
Pays : Japon
Genre : Tueurs fous
Interdiction : -16 ans
Avec : Yutaka Hayashi, Tamaki Katsura, Yoko Azusa, Midori Mori, Rei Okamoto...


L'HISTOIRE : Rien ne semble réunir ce pâtissier timide et cette serveuse caractérielle qui verront alors leur vie basculer un soir de tempête. Croyant bien faire, voilà que l'homme du couple laisse entrer une auto-stoppeuse trempée et à moitié-folle dans la voiture, faisant comprendre aux deux tourtereaux, par des moyens relativement violents, sa fascination pour l'auto-mutilation. A la suite d'un malencontreux concours de circonstances, la démente y laissera sa vie, obligeant le couple à se serrer les coudes pour planquer le corps, ce qui ne manquera pas de faire naître chez eux des pulsions morbides et incontrôlables...


MON AVIS La firme Nikkatsu et sa tripotée de Pinku n'a pas proposé que du fantasme bondage dans son sillage corrosif : la preuve avec la découverte toute récente de ce Assault ! Jack the Ripper qui s'écarte, avec assez peu de sagesse, des turpitudes SM généralement rencontrées dans ce genre de productions. Ce qui ne veut dire en aucun cas que la romance décrite ici affiche calme plat : depuis le temps, on connaît bien la vision extrême de la passion et de l'amour chez nos amis nippons...

Hasebe emprunte ici vaguement le fait divers à l'origine du culte Les Tueurs de la Lune de Miel, celui de deux amants se plaisant à massacrer des vieilles filles qu'ils contactaient par correspondance pour leur soutirer leur argent. Le motif du couple marginal et assassin est conservé, le reste lui, est tout simplement mis de côté.

Ce n'est pas l'appât du gain qui va créer une nouvelle vocation chez ces deux là, dont on ne connaîtra jamais strictement rien (niet du passé voire même des noms), mais une attirance malsaine pour toute forme de violence, et surtout si elle est exercée sur quelqu'un d'autre. Lorsque, au début de l'histoire, mademoiselle taquine son amant en le forçant à trancher en deux une pièce montée élaborée avec soin, tout semble déjà dit. Ce carnage passionnel n'est d'ailleurs en fait qu'une reproduction de l'étrange rencontre qui scelleront leur passion, ou du moins, une reconstitution d'éléments clefs de cette rencontre : le sang perlant sur la peau, la lame qui la transperce, le corps féminin dévoilé, la mort et... un déchirement vaginal !

Ces deux là ont fusionné avec Eros et Thanatos mais ils ne le savent pas encore : pour combler leur morne vie, le sexe semble être la seule solution; dans leur cas, le meurtre devient alors la clef pour avoir recours à ce sexe bénéfique et surtout pour y prendre enfin du plaisir : en témoigne cette étreinte tristounette où les deux amants boivent une bouteille de Coca pendant l'acte en attendant tranquillement leur orgasme...qui ne viendra jamais.

L'héroïne comprendra même que la jalousie - un 69 dans une voiture avec un vieux ! - ne suscite guère de remous vivaces chez son nouveau compagnon, puis ce sera le déclic, la découverte d'un loisir dangereux qui pourra enfin les unifier...mais bon, tout cela est vite dit. Tempérament de feu et plastique parfaite (et ceci malgré une tête boulotte), Tamaki Katsura mène la danse en formidable grognasse sadique mais découvrira que son triste sire n'est pas aussi timide qu'elle le croit...et nous avec ! L'ombre d'un Jack l'éventreur plane sur ce corps fébrile et introverti, qui ne demande au final qu'à faire couler le sang.

Le film de Hasebe se tourne vers l'exploitation à l'américaine, voire vers le giallo (l'insistance sur les lames phalliques ou la mort de la styliste, propulsée contre une vitre avant de se faire lacérer presque érotiquement), le style et la rigueur du cinéma japonais en plus, et avec tous les débordements qui vont avec : Assault! Jack the Ripper peut se targuer d'être le film contenant le plus de déchirements vaginaux de l'histoire, et l'on parlera bien sûr de ceux, moins orthodoxes et plus mortels, qui se se pratique avec une lame. Mais Hasebe n'est ni Lucio Fulci ni Mario Landi et ne montrera rien en dessous de la ceinture, ce qui ne l'empêche pas de nous faire profiter de petits giclées de sang et de bruitages très évocateurs. Douloureux.

Et par dessus ces visions sauvages et sanglantes, rien de mieux qu'un bande-son obsédante, à la fois niaise et mordante, composée d'inlassables chabadabada ! Complètement cinglé !




Jérémie MARCHETTI