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THE AMUSEMENT PARK (1973)

 

Titre français : The Amusement Park
Titre original : The Amusement Park
Réalisateur : George A. Romero
Scénariste Wally Cook
Musique : Phil Mahoney
Année : 1973
Pays : Usa
Genre : Insolite, drame horrifique
Interdiction : /
Avec Lincoln Maazel, Harry Albacker, Phyllis Casterwiler, Pete Chovan, Marion Cook...


L'HISTOIRE : Alors qu'il pense passer une journée paisible et ordinaire, un vieil homme se rend dans un parc d'attractions pour y découvrir un véritable cauchemar...


MON AVISLorsqu'il y a presque 50 ans, l'Eglise Luthérienne commande à George A. Romero un film destiné à alerter sur les conditions de vie des personnes âgées dans le pays, afin d'attirer les bénévoles, ils ne s'attendaient certainement pas à voir le réalisateur de La Nuit des Morts Vivants leur livrer une oeuvre aussi politique qu'expérimentale. Le film, tourné en 1973, ne fut par conséquent pas exploité, et oublié jusqu'en 2018, où une copie fut retrouvée, restaurée, et enfin exploitée en salles. Le résultat risque d'en déstabiliser plus d'un, mais il s'inscrit parfaitement dans la filmographie de Romero et résonne de façon troublante avec l'actualité.

Car le réalisateur va nous plonger, aux côtés de son vieillard (Lincoln Maazel, seul comédien professionnel du film, que l'on retrouvera dans Martin), dans un parc d'attraction cauchemardesque où rien ne sera épargné aux plus âgés. Ostracisés (surtout si, en plus d'être âgés, ils sont pauvres et / ou noirs), infantilisés, volés, exploités, violentés, ridiculisés, oubliés plus ou moins volontairement, sans soins adaptés... Romero use à merveille de son talent pour la métaphore et de son humour noir pour nous faire saisir l'horreur du traitement réservé aux anciens, dans toute sa banalité, son cynisme et son caractère inéluctable. Comme il le rappelle (de façon, il faut bien l'avouer, un peu lourde) lors de son introduction et de sa conclusion, la vieillesse n'est finalement que l'avenir, plus ou moins éloigné, des spectateurs, et une séance de divination indiquera sans ambiguïté que ce destin est celui qui nous attend tous, dans l'indifférence ou l'hostilité des plus jeunes. Un destin sur lequel plane constamment l'ombre de la mort, mais aussi de la démence.

Au-delà du message sous-jacent, le réalisateur parvient à faire naître une ambiance particulièrement anxiogène en nous plongeant au cœur de ce parc d'attraction. Cacophonie permanente, promiscuité inquiétante, le personnage principal et le spectateur sont harcelés en permanence par des parasites. A l'image de ce qu'il sublimera quelques années plus tard dans Zombie, Romero utilise un lieu unique (le parc d'attractions préfigure le centre commercial) et le pervertit pour symboliser son pays et ses dérives, chaque attraction illustrant les différentes dérives. On ne s'étonnera pas non plus de voir que le film date de 1973, année où sortiront également Season of the Witch ou La Nuit des Fous Vivants, deux films tout aussi politiques sur les dérives de la société américaine - mais pas seulement. Là encore, entre la place de la femme d'un côté et les errances gouvernementales de l'autre, l'écho avec l'actualité est troublant.

Romero parvient donc à faire d'une oeuvre de commande un film assez terrifiant, faisant naître un réel malaise chez le spectateur qu'il plonge peu à peu dans un véritable cauchemar qu'il ne semble que pouvoir répéter indéfiniment. Un cauchemar qui démontre une nouvelle fois le talent du réalisateur pour mettre en images les dérives les plus cruelles de la société, dérives qui sont encore aujourd'hui particulièrement présentes : il suffit d'observer le traitement réservé aux plus âgés dans certaines maisons de retraites ou pendant la pandémie de Covid-19. Un cauchemar que l'on conseillera surtout aux fans purs et durs du réalisateurs. Les autres risquent, comme les commanditaires du film en 1973, de vite vouloir oublier ce trip aussi expérimental qu'intelligent auquel ils n'étaient pas préparés.




Steeve RAOULT