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BEYOND THE OMEGA (2020)

 

Titre français : Beyond the Omega
Titre original : Il tuo Sepolcro... la Nostra Alcova
Réalisateur : Mattia De Pascali
Scénariste : Mattia De Pascali
Musique : /
Année : 2020
Pays : Italie
Genre : Necrophilie
Interdiction : -16 ans
Avec Lorenzo Lepori, Benedetta Rossi, Alex Lucchesi, Pio Bisanti...


L'HISTOIRE : Après qu'un maniaque ait assassiné Iris, sa fiancée, Aristodemo, un traducteur timide et introverti, s'isole dans une maison de campagne et se coupe du monde. Impuissant sexuellement face à des femmes de chair et d'os, les pulsions et les névroses d'Aris le conduisent à acheter sur le net une poupée sexuelle grandeur nature et à l'apparence cadavérique. Sombrant petit à petit dans une douce folie, Aris s'imagine que la poupée est vivante et qu'elle lui parle. Dans le même temps, le maniaque continue son horrible collection et semble se rapprocher de plus en plus du lieu de vie d'Aris...


MON AVISL'Italie prouve qu'elle est toujours le berceau du cinéma bis déviant et trash avec une nouvelle génération de réalisateurs qui font persévérer cet esprit bis, à l'image d'Ivan Zuccon ou Domiziano Christopharo par exemple. On peut également ajouter Mattia De Pascali qui, avec Beyond the Omega, entre par la grande porte et frappe un grand coup dans le domaine du cinéma extrême. Rien que le titre nous fait comprendre qu'il s'agit d'un hommage (revendiqué) au Buio Omega (Blue Holocaust) de Joe d'Amato mais pas seulement. J'y ai aussi vu des influences de Soupçons de Mort de Lucio Fulci et aussi de Love Object entre autres. 

Le film de Mattia De Pascali, dont il a également signé le scénario, nous entraîne à la suite d'Aristodemo, un traducteur qui devait se marier mais dont la fiancée a été assassiné par un maniaque. Depuis, l'homme se cloître dans sa maison, devenant esclave de ses pulsions sexuelles. On apprend d'ailleurs que sa fiancée était vierge et qu'elle se réservait pour sa nuit de noces, ce qui implique que Aristodemo est sûrement encore puceau, sans que ce soit dit explicitement. On le voit d'ailleurs se masturber souvent, ce qui confirmerait cette hypothèse, surtout qu'il rencontre bien des difficultés lorsqu'il est avec d'autres femmes. Plus le temps passe, plus l'isolement corrompt l'esprit fragile du héros, qui en est devenu impuissant sexuellement, tentant d'avoir des érections en allant dans des clubs privés mais sans succès.

Lorsqu'il commande une poupée de latex grandeur nature sur le net, sa santé mentale va vaciller encore plus, surtout qu'il a choisi une apparence cadavérique pour sa nouvelle amie. Une amie de plastique qui va devenir bien réelle pour notre héros, la poupée cédant sa place à l'actrice Benedetta Rossi qui va donc passer la majeure partie du film entièrement nue et maquillée comme un cadavre, se soumettant totalement aux désirs sexuels de son hôte. 
Le travail sur la séparation de la frontière du réel et du fantasme chez le héros, très bien interprété par l'acteur Lorenzo Lepori, est vraiment bien mis en avant et la mise en scène de De Pascali fait bien plus que le job, parvenant à créer une ambiance malsaine du plus bel effet. Eros et Thanatos se rencontre donc dans Beyond the Omega, d'abord de manière suggérée avec la poupée de plastique puis de manière plus explicite avec la vraie actrice, pour se conclure dans une séquence qui aurait sûrement emballé Jorg Buttgereit, réalisateur des deux Nekromantik.
Parallèlement aux agissements pervers du héros, qui s'enfonce dans une folie omniprésente et destructrice, on suit également les méfaits d'un tueur en série ultra-violent, qui viole, étrangle, découpe ou tronçonne ses victimes féminines sans la moindre hésitation. Les effets gores, à l'ancienne, sont efficaces et très bien conçus et feront la joie des fans. Quant à savoir qui est ce tueur mystérieux et sadique, et quel rapport peut-il y avoir entre lui et Aristodemo, c'est une interrogation que se posera continuellement le spectateur, un peu déboussolé il faut le reconnaître par l'enchaînement des situations. Une chose est sûr en tout cas, c'est que Beyond the Omega ne fait pas dans la demi-mesure et assume totalement son côté trash et révulsif.
Jamais de hors-champ, tout est montré au public de manière frontale, que ce soit les meurtres graveleux, les viols ou les déviances du héros. Le film n'en oublie pas de se montrer parfois poétique, une poésie macabre bien sûr, dérangeante, qui fera détourner le regard des spectateurs non avertis auquel ce film ne s'adresse pas. Réalisé avec classe, possédant une belle photographie et des éclairages travaillés, bénéficiant d'un casting qui a été au bout des demandes du réalisateur et du scénario, Beyond the Omega est un film horrifique qui cherche à choquer et qui y réussi admirablement bien. Les films traitant de la nécrophilie sont rares, celui-ci fait partie des meilleurs !



Stéphane ERBISTI

BAISER MACABRE (1980)

 

Titre français : Baiser Macabre
Titre original : Macabro
Réalisateur : Lamberto Bava
Scénariste : Antonio Avati, Pupi Avati, Lamberto Bava, Roberto Gandus
Musique Ubaldo Continiello
Année : 1980
Pays : Italie
Genre : Nécrophilie
Interdiction : -16 ans
Avec : Bernice Stegers, Stanko Molnar, Veronica Zinny, Roberto Posse…


L'HISTOIRE Mariée et mère de deux enfants, Jane Baker a un amant, Fred Kellerman, chez qui elle se rend dès que son mari a le dos tourné. A sa fille Lucy, elle prétexte à chaque fois qu'elle doit se rendre à son travail, mais la fillette sait parfaitement à quoi s'en tenir. Pour se venger, elle noie le petit frère qu'elle a sous sa garde. Catastrophée par ce qu'elle croit être un drame domestique, Jane se fait raccompagner en voiture par Fred, et c'est l'accident : Fred est tué sur le coup. Un an plus tard, Jane Baker sort de l'hôpital psychiatrique, mais c'est chez son amant défunt qu'elle s'installe directement. Entretenant des rapports ambigus avec Robert, le jeune concierge aveugle qui occupe son temps à réparer des instruments de musique, elle commence à entretenir d'une façon morbide la mémoire de Fred… Mais c'est sans compter sur sa fille Lucy, qui n'a pas dit son dernier mot…


MON AVISMacabro sortit sur les écrans italiens dix jours avant la mort de Mario Bava. Avec ce premier film sensé avoir terrorisé Dario Argento lui-même (il y a des chances que ce soit un mythe, mais pourquoi pas ?), on peut dire que le relais avait été passé avec succès à son fils, dont la carrière prit ensuite la tournure que l'on sait. Doté d'un scénario écrit en collaboration avec Pupi Avati, réalisateur de La Maison aux Fenêtre qui Rient trois ans plus tôt, Baiser Macabre s'inscrit dans la tradition du cinéma d'horreur à l'italienne, tout en recelant déjà les excès et les bizarreries propres à Lamberto Bava.

Macabre, le film ne pouvait pas mériter de titre plus juste, et il est dommage que les traductions française et américaine en aient réduit la portée. Le film est saturé d'une nostalgie morbide qui fait froid dans le dos, celle de Jane Baker (Bernice Stegers) pour son amant défunt. Une nostalgie qui s'exprime de manière obsédante à travers la musique de Ubaldo Continiello, dont les choix instrumentaux surprennent et mettent mal à l'aise : un harmonica plaintif, des trompettes chaleureuses et nonchalantes. On retrouve ce mélange bizarre de torpeur bourgeoise et de hérissement nerveux dans les décors, à la fois luxueux et crasseux, et Lamberto Bava multiplie à l'envie ces différences de tons reflétant l'accointance perverse de l'amour et de la mort.

Ne serait-ce que par le bouche à oreille, on sait déjà ce que cache Jane Baker dans le compartiment à glace de son réfrigérateur, et avec quoi elle fait l'amour. Lamberto Bava ne vise pas l'effet de surprise, mais il retarde la révélation graphique en faisant passer sa découverte à travers les autres personnages : Robert l'aveugle va comprendre auditivement et tactilement de quoi il retourne, et la démoniaque Lucy, sans doute le personnage de petite fille le plus détestable qu'on ait jamais vu, ne manifestera pas d'étonnement considérable en ouvrant le compartiment, toute obsédée qu'elle est par l'idée de faire le plus de mal possible à sa mère.

C'est dire s'il ne faut pas attribuer à Lamberto Bava des intentions qui ne sont pas les siennes. Son but n'est pas de soulever le cœur comme l'a fait Joe d'Amato l'année précédente avec Blue Holocaust ou comme le fera plus tard le moyen Jörg Buttgereït avec Nekromantik. Ce qu'il veut, c'est épouvanter, faire couler un frisson glacé sur notre échine. Oui, nous avons tout deviné avant les personnages eux-mêmes. Seulement, nous ne voulons pas le croire, c'est impossible. Pas ça… Et pourtant si. Tout réside dans ce suspens trouble et malade, qui charge la fin d'une intensité bien plus puissante qu'avec un simple filmage frontal de bout en bout.

Lamberto Bava n'a pas un sens de la mise en scène aussi poussé que celui de son père, c'est un fait. Les cadrages et le montage s'avèrent conventionnels, et quand un type de couleur général est trouvé, c'est en gros la même pour tout le film : un brun glauque qui accable tout le reste de la gamme chromatique. Au niveau des lumières, c'est à peu près la même chose : ténèbres épaisses, éclairages livides... Le spectre est mince, mais parfaitement adéquat au sujet, alors pourquoi chercher plus loin ? L'accent est plutôt mis sur le jeu d'acteurs et sur les événements, qui sont sans doute les éléments les moins coûteux du film. Et ça tombe bien.

Les comédiens ne sont pas des bêtes de scènes, mais les personnages qu'ils incarnent, savant dosage de banalité et d'originalité, font déjà la moitié du travail. Bernice Stegers, en bourgeoise adultère aux yeux cerclés de noir, nous glace avec sa fragilité de désaxée et son érotisme mortifère, errant dans une solitude quasi absolue à travers les tourments de sa passion secrète. Stanko Molnar, en grand dadet sensible, bon et aveugle, nous émeut et nous met mal à l'aise, son regard n'étant pas sans rappeler un certain Christopher Walken. Et quant à Veronica Zinny, le petit singe faussement innocent, malfaisant et vicieux dont elle joue le rôle donnera aux âmes les plus tolérantes une furieuse envie de châtier…

C'est par cette saturation de notes décalées et oppressantes que Lamberto Bava est le plus fidèle à l'esprit de son père, l'image finale annonçant cependant des délires plus personnels. Quand bien même il ne possède pas une maîtrise comparable, il sait comment raconter une histoire, créer une atmosphère, réunir ensemble plusieurs faisceaux susceptibles de provoquer une terreur grandissante et force est de constater qu'il y parvient très bien ! Les perles ne sont pas nombreuses dans son œuvre cinématographique, mais Baiser Macabre, indéniablement, en fait partie.




Stéphane JOLIVET

AFTERMATH (1994)

 

Titre français : Aftermath
Titre original : Aftermath
Réalisateur : Nacho Cerdà
Scénariste Nacho Cerdà
Musique : /
Année : 1994
Pays : Espagne
Genre : Necrophilie
Interdiction : -16 ans
Avec Xevi Collellmir, Jordi Tarrida, Ángel Tarris, Pep Tosar...


L'HISTOIRE Un accident que le spectateur ne verra pas : un chien et une jeune femme succombent. Dans une morgue, on finit d'autopsier deux cadavres : l'un des deux médecins reste, s'occupant alors du corps accidenté de la défunte, mais ce ne sera pas pour une simple autopsie…


MON AVISLa Trilogie de la Mort de l'ibérique Nacho Cerda compte trois courts-métrages, tous hantés par le spectre de la mort : vision de la vie après la mort dans The awakening, métamorphose d'un sculpteur et de son oeuvre dans Genesis ou nécrophilie clinique dans ce Aftermath, sans aucun doute le film nécrophile le plus redoutable de l'histoire du cinéma.

Le court métrage de Cerda, s'étalant alors sur une trentaine de minutes, se scinde en deux parties distinctes : la mise en place de l'ambiance (introduction très classe) et la découpe des deux corps masculins, puis l'acte tabou dans toute sa splendeur malsaine, à savoir le viol d'un cadavre féminin par un infirmier frappé de la carafe.

La première partie en retournera bien l'estomac de certains, quoique les habitués des Guinea Pig n'y verront rien de bien neufs. Les maquillages brillent cependant par leur réalisme (savant mélange de corps factices et d'acteurs maquillés) et il est bien important de signaler qu'aucun véritables macchabées ne fut utilisés pour les besoins du film, contrairement à Camp 731, Départ vers l'Eden ou Mort à Vignole.

Les morceaux de chairs sanguinolents sont malaxés, découpés, s'entassant sur des blocs aussi froids que les hommes qui s'en occupent ; l'un d'eux porte des coups d’œils plus qu'indécents aux corps sans vie et le regard assassin qu'il renvoie au jeune infirmier passant par là ne laisse présager rien de bon : le malaise s'installe…

La comparaison avec les deux classiques du film nécrophile, à savoir Nekromantik et sa suite, en devient inévitable : la rencontre de Eros et Thanatos est poétique, grotesque et même romantique chez Buttgereit ; elle est froide, radicale et torturée avec Cerda.

Mais là où les deux films du réalisateur teuton (tout aussi fasciné par la mort que le prodigue hispanique d'ailleurs) sont particulièrement maladroits et frisent parfois l'amateurisme (ce qui ne les privent pas d'autres qualités), Cerda nous sert son histoire mortifère sur un plateau d'argent, réalisation extrêmement soignée oblige. Musique baroque, rythme lancinant, aucune parole ; les images troublent et dérangent au plus haut point, en particulier lors du fameux dernier acte.

Lent effeuillage du cadavre, mutilation (terrible séquence où le nécrophile passe et repasse la lame de son couteau sur la peau de la morte), tripailles caressées : rien ne nous est épargné jusqu'au passage à l'acte, bien plus abominable que les love scènes des Nekromantik, qui se trouvaient alors noyées dans de beaux accords de piano. La crudité est poussée ici dans ses derniers retranchements, jusqu'aux dernières images, plus sereines (on quitte le décor de la morgue) mais tout aussi inquiétantes.

Une inoubliable et choquante symphonie de mort, et la naissance d'un grand réalisateur.




Jérémie MARCHETTI