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BLADE TRINITY (2004)



L'HISTOIRE : A l'aide d'une manipulation d'image, les vampires ont piégé Blade : sur un document vidéo, on le découvre en train de massacrer un humain. Pour le FBI, Blade devient l'ennemi à capturer. Ce dernier va devoir se battre sur tous les fronts...


MON AVISAprès deux opus de bonne facture, un premier volet réussi signé Stephen Norrington en 1998 et un deuxième volet impressionnant réalisé par Guillermo Del Toro en 2002, c'est au tour de David S.Goyer (scénariste entre autres de Blade et Blade 2) de mettre sur pellicule en 2004 le troisième épisode du désormais célèbre chasseur de vampires Blade. A la fois scénariste et réalisateur, David S.Goyer refait donc appel à l'acteur Wesley Snipes pour de nouvelles aventures, cette fois-ci bien plus soft et plus axées vers l'humour que ce que nous avaient offert les deux premiers volets de cette trilogie vampirique contemporaine. La sauce prend-elle encore malgré ces quelques déviations volontaires? La réponse dans les lignes qui suivent…

Ce que l'on peut tout de suite dire à propos de cet opus, c'est qu'il tranche net avec le deuxième volet qui, lui, était bien plus sombre et horrifique (du grand art que nous avait encore montré Guillermo Del Toro) que les deux autres. C'est justement peut-être ce qui fait la force de cette trilogie : chaque épisode a un style différent et tout le monde peut donc y trouver son bonheur, selon le ou les opus concerné(s). En ce qui concerne ce troisième volet, David S.Goyer semble vouloir reconquérir un public plus large avec cet épisode très hollywoodien, à l'humour excessif par moment et sans véritable grand débordement sanglant. En effet, le film contient son lot de scènes d'action et de courses poursuites en tout genre (à pied, d'immeubles en immeubles, en voiture…) : l'entrée en scène de Blade est assez efficace bien que très hollywoodienne (cascades de voitures, gun-fights à tout va…) et nous montre clairement que cet opus est destiné à (presque) toute la famille.

Par contre, là où le film prêche singulièrement, et excusez-moi mais je risque d'être un brin méchant et moqueur avec ce qui suit, c'est sur son casting déplorable. Même si Wesley Snipes reste toujours bien ancré dans son personnage charismatique, ce n'est malheureusement pas le cas des autres personnages qui ne sont en rien attrayants. Au programme, nous avons droit à un certain Ryan Reynolds (Amityville 2005) dans le rôle d'un jeune chasseur de vampires arrogant, orgueilleux et à l'humour au ras des pâquerettes, et une certaine Parker Posey (ConeheadsScream 3) dans la peau d'une cheftaine vampire qui ne cesse de surjouer, ce qui en devient vite énervant. Le pire pour ces deux acteurs cités précédemment, c'est quand vous les mettez ensemble dans une scène : vous obtenez alors une séquence complètement loupée, mal interprétée, aux dialogues qui tournent en rond et qui se limitent à des injures de gosses (je ne sais plus combien de fois on entend le mot "bi**"). A ces deux phénomènes de foire, ajoutons les acteurs Dominic Purcell (Equilibrium) dans le rôle de Drake, un méchant qui ne dégage guère de crainte et parait peu malin sous ses faux airs de grosse brute (heureusement que l'on peut le voir sous deux formes : sa forme humaine que je viens de décrire rapidement, et sa forme vampirique qui est nettement plus intéressante : un monstre rouge et noir avec une mâchoire de Predator et un visage tout droit sorti des flammes de l'Enfer) ainsi que Triple H (catcheur américain) dans la peau d'un vampire baraqué un brin naïf et bagarreur du nom de Jarko Grimwood. Cependant, on prend plaisir à revoir le sympathique Kris Kristofferson (BladeBlade 2) dans le rôle de Whistler, l'ami de Blade (même si sa prestation ne dure guère longtemps), et David S.Goyer nous gratifie de la présence de la très belle Jessica Biel (Massacre à la tronçonneuse 2003) dans un rôle plutôt convaincant de chasseuse de vampires (notons par ailleurs que c'est la fille de Whistler dans le film).

Pour ce qui est du scénario à proprement parlé, c'est certes simple et très commun mais c'est efficace et parfois c'est tout ce qu'on demande à une seconde suite. Cependant, un scénario un peu plus fignolé n'aurait pas été un mal mais bon, passons ce point et prenons ce troisième opus comme pour ce qu'il est avant tout : un pur divertissement.

Parmi les touches d'humour dont le film nous gratifie, on retiendra surtout deux séquences. La première est la scène où des jeunes vampires s'en prennent à la fille de Whistler et tombent dans un piège consistant à mettre en guise d'appât un poupon avec écrit dessus fuck you et aspergeant de l'ail au visage de ses ravisseurs. La deuxième est la scène où Drake entre dans un magasin satanique où l'on vend, sous son regard perdu, des articles un peu olé olé tels que des vibromasseurs vampires, une boisson appelée dracola… Bref, la petite boutique des horreurs quoi !

Mis à part le casting fort moyen qui accompagne notre cher Wesley Snipes et ces quelques touches d'humour bien lourdes par moments, Blade Trinity reste un bon petit divertissement. Le rythme du film ne s'essouffle à aucun moment, ceci grâce à des scènes de combat assez nombreuses et dont les chorégraphies sont plus que correctes (surtout les combats dans le quartier général de nos amis suceurs de sang). Ajoutons à cela quelques cascades de voitures, des défenestrations à tout va et des courses poursuites à gogo et vous obtenez un film au rythme bien dosé, voire même survitaminé par moments, même si, comme je l'ai déjà dit plus haut, c'est typiquement hollywoodien et donc parfois un brin exagéré…

En ce qui concerne l'aspect visuel du long-métrage de David S.Goyer, là non plus on ne remarque pas de véritable défaut mis à part quelques ralentis peu esthétiques (notamment la scène où la vitre teintée du commissariat explose suite à la défenestration de l'un des vampires : une scène que le réalisateur choisit de montrer très, voire trop, lentement, ce qui gâche incontestablement la scène).

Les couleurs restent toujours assez sombres, dans les teintes bleutées, violettes et noires à la Underworld, et certaines séquences rendent particulièrement bien dans des nuances jaunes et noires (la scène où Hannibal King se fait taper dessus par les vampires et se retrouve par terre, ensanglanté).

Concernant les effets spéciaux, nous avons encore droit à des vampires qui partent en cendres comme le veut la tradition dans la saga mais on nous livre ici quelques métamorphoses vraiment sympathiques (merci le numérique) comme celle de Drake en monstre ou encore celle de Danica Talos (alias Parker Posey) qui se voit dépérir suite à un virus ravageur (des veines bleues surgissent tout à coup sur son visage horrifié). Soulignons également l'apparition de chiens vampires plutôt bien réussis mais qui malheureusement disparaîtront assez rapidement de nos écrans.

Mais une des grandes nouveautés de ce Blade reste la panoplie d'armes mises à disposition de nos chasseurs de vampires : au programme, des arcs à UV, des mini-roquettes, des pistolets électroniques qui crachent des balles explosives sources d'UV. Bref, un éventail d'armes sorties tout droit d'un épisode de Quake ou Unreal Tournament ! Ces armes hyper sophistiquées témoignent bel et bien d'une volonté de vouloir faire de cet opus un film pour tous publics : le Blade nouveau et futuriste est arrivé!

Enfin, finissons par la bande originale de Blade Trinity. Là encore, on retrouve une tête figurant déjà sur l'opus précédent : je parle bien entendu de l'excellent RZA, membre du Wutang Clan. Bien plus axée sur les musiques électroniques (seul le générique de fin nous propose du hip hop), la bande originale s'avère être plutôt rafraîchissante même si l'on peut toutefois déplorer que certaines scènes souffrent d'un trop-plein de musiques. Pour les intéressés, on distinguera entre autres du trip hop, de la dance, de l'électronique, du hardcore et des musiques de club assez diverses.

Au final, Blade Trinity s'avère être un pur divertissement, délaissant l'horreur et l'angoisse du deuxième opus pour jouer la carte de l'humour et de l'action à gogo. Malgré de bons effets spéciaux et des chorégraphies de combat fort sympathiques et bien orchestrées, ce dernier opus de la trilogie des Blade déçoit terriblement par son casting déplorable (mis à part quelques acteurs qui s'en sortent bien tels que Wesley Snipes et Jessica Biel) et par ses touches d'humour qui s'avèrent très lourdes et puériles qui donnent à cet opus un sentiment d'inachevé, voire de gâchis. Dommage diront certains car le film possédait d'indéniables qualités…


Titre français : Blade Trinity
Titre original : Blade Trinity
Réalisateur : David S. Goyer
Scénariste : David S. Goyer
Musique : Ramin Djawadi, RZA
Année : 2004 / Pays : Usa
Genre : Vampire, Super-héros / Interdiction : /
Avec Wesley Snipes, Kris Kristofferson, Jessica Biel, Ryan Reynolds, 
Parker Posey, Dominic Purcell...




David MAURICE

BLADE 2 (2002)


L'HISTOIRE : République Tchèque. Un SDF appelé Nomak se rend dans une banque du sang, laquelle semble peu regardante sur la façon de s'approvisionner en donneurs. Toutefois, son phénotype semblant curieux, c'est à une véritable séance de torture que les laborantins vampires le destinent. Et là, une méchante surprise les attend. Pendant ce temps, Blade met fin à deux longues années de quête pour arracher son coéquipier Whistler aux griffes des vampires qui l'ont fait muter. Mais à peine les choses semblent-elles revenues dans l'ordre que deux émissaires d'Eli Damaskinos, chef suprême des vampires, pénètrent son repaire afin de lui transmettre une demande de trêve. Créature mutante véhiculant le virus du Faucheur, Nomak est en effet devenue la menace numéro un, car lui et ses victimes contaminées se nourrissent aussi bien d'êtres humains que de vampires. Blade accepte alors de prendre la tête du Peloton Sanguin, entraîné au départ pour l'éliminer...


MON AVIS : Blade premier du nom ayant avantageusement posé les bases, le deuxième se devait forcément d'aller plus loin: meilleurs effets numériques, combats plus nombreux, esprit Comics encore plus affirmé... Mais ce n'est pas tout. Car avec Guillermo Del Toro aux commandes, c'est également sous le signe du mélange des genres, de la richesse picturale et de l'horreur que Blade II se place. Le réalisateur espagnol, d'ailleurs écarté par les producteurs dans un premier temps, n'aura en effet cessé de batailler tout au long du tournage afin d'imposer la touche d'effroi qui faisait défaut au premier volet (les efforts de conviction qu'il aura dû déployer envers les producteurs lui ont d'ailleurs inspiré une blague sarcastique, inscrite au bas du générique de fin: No real reapers were hurt during the making of this film).

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Guillermo Del Toro n'est pas homme avare en idées excitantes et heureuses. Autant le premier opus de Blade pouvait sembler monolithique dans sa façon de présenter les particularités d'une nouvelle histoire, autant ici le foisonnement semble être la règle, quitte à donner au bout du compte la sensation d'assister à un patchwork de style et de genre pas toujours abouti.

L'hybridation, après tout, s'imposait au vu de l'argument principal de Blade II, avec cette nouvelle race de sur-vampire aux gènes mutants (ou mutés) et l'obligation pour le héros de pactiser avec ses ennemis attitrés. Même au niveau de la bande originale, la quasi totalité des scores est composée de rencontres entre des groupes dont les styles n'auraient pas pu coïncider à première vue. Remarque identique pour les combats qui essaiment le film, variant les techniques selon la tonalité désirée grâce à trois chorégraphes différents (dont Wesley Snipes lui-même et Donnie Yen, qui joue l'un des membres du Peloton Sanguin). Arts martiaux avec ou sans arme, gunfights, combat de rue, boxe et même catch, tout l'art de la guerre défile sous nos yeux, avec tantôt avec un entrain joueur, tantôt une sombre sauvagerie, jusqu'au final d'une brutalité impressionnante, mixant couleur flamboyante et nervosité de la caméra portée.

Tout n'est pas parfait dans ces scènes d'action d'une durée et d'une inventivité pourtant bien supérieures à celle du film de Stephen Norrington. Les effets spéciaux ne sont pas en cause, même si certains sont encore visibles (à la fin du combat ninja, par exemple). Mais on a parfois l'impression que Del Toro n'est pas convaincu de leur pertinence et qu'à défaut d'y croire, il s'amuse à remplir la scène imposée de figures de styles brillantes et superficielles. Une impression qui disparaît complètement lors des affrontements entre Blade et Jared Nomak, chacun des deux combattants étant chargé d'un enjeu dramatique qui donne du corps, de l'émotion et du sens à chacun des coups qu'ils échangent.

Au niveau du graphisme et des ambiances, la bonne nouvelle est que nous sommes bel et bien sur la planète Guillermo Del Toro. Dès la première scène, on constate que la sophistication de Blade a aussi fait place à un univers plus sombre, moins propre, distillant angoisse et épouvante. Et il n'est que de voir la bataille orgiaque de la boîte de nuit des vampires masochistes, ou celle des égouts remplis d'ossements, pour constater que le high-tech côtoie cette fois le glauque et le macabre. L'innovation majeure reste bien sûr celle des Faucheurs: crânes chauves, déplacements simiesque, brutalité sans frein, leur floraison buccale est d'une hideur impressionnante. Le chef suprême des vampires, Damaskinos, avec sa fille Nyssa est une occasion pour Del Toro de développer, de façon malheureusement très brève, un graphisme somptueux (le bain de sang, le bureau rempli d’œuvres d'art, la colonne des bocaux...). Personnellement, je rêve déjà d'un space opera signé Del Toro...

Malgré les figures imposées (la pseudo-histoire sentimentale entre Blade et Nyssa) auxquelles il fallait s'attendre avec ce qui reste tout de même une commande, il est donc stupéfiant de constater à quel point le réalisateur a pu transporter avec lui tant d'éléments présents dans ses précédents films, et qui sont les marques de son univers. De près ou de loin, on saisit par exemple des lignes de filiation entre le dépliage organique des Faucheurs et ceux des insectes de Mimic, entre les expériences de Damaskinos et l'histoire de Cronos... 

On retrouve aussi le jeu des couleurs cobalt et ambrées, ou encore la présence de Ron Perlman, qui reviendra en force dans Hellboy. Inutile de préciser, d'ailleurs, l'argument de poids qu'a dû jouer Blade II pour décider les producteurs à financer le rêve de Guillermo Del Toro !

Voilà en somme un divertissement de haute volée, même si le héros principal n'y est toujours pas le plus intéressant ! Car si Wesley Snipes est bien sympathique, son charisme est tout de même bien pâle à côté de celui que dégage Luke Goss, d'une énergie et d'une conviction proprement stupéfiantes... Peut-être aurait-il mieux valu faire un Nomak II qu'un Blade III ?


Titre français : Blade 2
Titre original : Blade 2
Réalisateur : Guillermo del Toro
Scénariste : David Goyer
Musique Marco Beltrami
Année : 2002 / Pays : Usa, Allemagne
Genre : Vampires, super-héros / Interdiction : -12 ans
Avec : Wesley Snipes, Luke Goss, Ron Perlman, Kris Kristofferson, Leonor Varela, 
Norman Reedus...




Stéphane JOLIVET

BLADE (1998)



L'HISTOIRE : 1967. Dans un hôpital, une jeune femme gravement blessée à la gorge meurt en accouchant de son fils. De nos jours, tandis que la nuit tombe sur la ville, un jeune homme se laisse conduire dans une boîte de nuit branchée située dans un abattoir. Rejeté par les danseurs avec lesquels il essaie de nouer contact, il est carrément agressé lorsque les extincteurs de secours arrosent de sang frais des vampires amateurs de techno. Rampant afin de prendre la fuite, il se retrouve aux pieds d'un homme revêtu d'une cuirasse et d'une cape noires, armé d'un fusil à pompe, de pieux d'argent et d'un sabre : Blade. Entre ce dernier et les vampires, un combat acharné s'engage, au terme duquel le guerrier cuirassé immole Quinn. Le cadavre calciné atterit dans l'hôpital où travaille Karen Jenson, mais Quinn est encore vivant. Alors que Blade surgit de nouveau pour lui régler son compte, il a le temps de mordre la jeune hématologue avant de s'enfuir. Troublé par la ressemblance de Karen avec sa mère, Blade décide de tenter de la sauver, et l'emmène avec lui dans le repaire secret qu'il partage avec son coéquipier Abraham Whistler…


MON AVIS : Pour ce film de vampires à grand spectacle, dans la lignée des Comics chers à David Goyer (Dark City ou encore Ghost Rider), on pouvait s'étonner a priori du choix de Stephen Norrington à la réalisation. A l'époque, ce dernier était en effet essentiellement connu comme spécialiste des effets spéciaux, que ce soit en tant que technicien ou producteur (Aliens le retour ou plus récemment L'exorciste : au commencement) tandis que son premier film, Death Machine, était passé quasiment inaperçu. Crainte principale : celle d'assister à un métrage purement axé sur la volonté d'en mettre plein la vue, comme cela a d'ailleurs fini par arriver à Norrington avec La Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Mais, fort heureusement, Blade tient la route, et sans révolutionner de fond en comble le genre des homini nocturni, inaugure avec efficacité cette désormais trilogie, qui aura fait passer nos amis vampires à l'âge du sang techno-numérique.

Règle obligatoire de ce genre de film, la scène d'introduction donne d'emblée le ton général. Avec cette excellente idée d'une boîte de nuit hype dispensant à ses habitués une douche sanglante au lieu du bain de mousse traditionnel, scène qui fait la aprt belle à la belle Traci Lords d'ailleurs, puis un combat nerveux chorégraphié avec talent (Wesley Snipes, également producteur du film, pratique la capoeira depuis des années), Norrington administre une séquence graphique assez enthousiasmante. Lumières froides, décor épuré, sang rouge vif, mouvements de caméra rapides et tournoyants, les vampires nouvelle génération paraissent sacrément excités (art martial, crochets, pistolets mitrailleurs) et sont envoyés ad patres avec autant d'entrain (contemporains en cela des morts vivants à haut-débit de Danny Boyle et Zack Snyder). Quoique d'une bonne définition, les effets spéciaux n'interviendront pas toujours avec autant de réussite. Les éclatements organiques de la seconde partie du film prennent par exemple un tour artificiel et grotesque tranchant maladroitement avec le reste, l'ambiance Comics virant au comique tout court. Mais ce n'est là qu'une exception au passage, sans doute commandée par le souci de ne pas faire verser Blade dans l'horreur pure, et le rituel fantastique de la Magra rétablira convenablement les choses.

De même, si Blade use de clins d'œil distanciateurs et de mimiques viriles un peu lourdes, c'est sans compromettre l'atmosphère d'ensemble, comme ce sera au contraire le cas avec le Faust de Brian Yuzna. Il s'agit ici de conserver la ligne directrice du projet : un film d'action fantastique et divertissant avant toute chose. En fait, quelques années plus tôt, un obscur Jake West avait atteint les sommets du ridicule en essayant de réaliser une chose équivalente (Razor Blade). Mais là, aucun doute : tout en choisissant un ton light, Blade reste efficace, et Norrington remporte aisément la mise.

Les héros de Comics sont la plupart du temps partagés entre une identité civile officielle et leur nature de justicier, occasionnant des troubles schizophréniques (Batman, Faust) et/ou des quiproquos affectifs (Superman, Spiderman) qui s'intègrent à la trame narrative et la compliquent. Ici, rien de tel : si Blade possède bel et bien un nom et un prénom d'origine (Eric Brooke), personne ne s'en soucie. Dans un monde d'ores et déjà envahi par les vampires, ce sont ces derniers qui dissimulent leur véritable nature, tandis que le héros, obligé de vivre caché, ne se départira jamais de ses attributs guerriers. Et pour cause : la dichotomie qui s'instaure d'ordinaire entre l'apparence du héros et sa vérité est ici balayée pour laisser place à un conflit biologique. Blade porte en lui les gènes spécifiques des créatures qu'il affronte, et son coéquipier Whistler doit régulièrement lui administrer un sérum pour éviter une mutation complète. Cette originalité, tout en inscrivant le film dans un contexte résolument contemporain, permet aussi de simplifier la narration… au détriment de toute psychologie, celle-ci demeurant superficielle et cantonnant les personnages dans des clichés très orthodoxes. Si vous cherchez de l'émotion et de l'originalité dans le dessin des caractères, ce n'est donc pas dans Blade que vous les trouverez…

A vrai dire, les personnages les plus intéressants du film sont les méchants (qui a dit comme d'habitude ?), c'est-à-dire les vampires assumés. Divisés entre notables du cercle d'Erebus et arrivistes à la solde de Deacon Frost (Stephen Dorff), le monde des vampires reprend ici les éléments initiés par Anne Rice, tout en les débarrassant une fois pour toute de tout argument dix-neuviémiste, et en faisant de leur opposition un certain reflet de la réalité contemporaine. 

D'un côté les conservateurs bien établis dirigés par Gaétano (Udo Kier), qui souhaitent jouir de leurs privilèges en toute discrétion. Et de l'autre, les ambitieux aux dents longues, cyniques, agressifs et à la pointe de la mode, ne souhaitant renouer avec leurs origines ancestrales que pour instaurer leur pouvoir mondial d'une façon définitive et déclarée (la thématique du vampire pur et impur évoquant tout à fait celle d'une race aryenne). Au beau milieu, on trouve Pearl, gardien des archives assez incongru semblant sortir tout droit de Star Wars, et donnant lieu à un supplice bien sadique de la part de Karen Jenson. Mais entre modernisme high-tech, glyphes kabbalistiques et complots somme toute classiques, Stephen Dorff incarne un Deacon Frost impétueux qui n'est pas sans rappeler les personnages de Roméo+Juliette de Baz Luhrmann, .et c'est sans doute lui qui remporte la palme des interprètes de Blade.

Avec ses défauts par-ci par-là et son ambition mesurée, Blade remplit donc son objectif principal : accommoder les vampires à la sauce Comics branchée, et Norrington peut se féliciter de nous avoir fourni un film plus qu'honnête. Une agréable mise en bouche avant le deuxième opus réalisé par Guillermo Del Toro, qui allait prendre une toute autre envergure.


Titre français : Blade
Titre original : Blade
Réalisateur : Stephen Norrington
Scénariste : David Goyer
Musique Mark Isham
Année : 1998 / Pays : Usa
Genre : Vampires, super-héros / Interdiction : -12 ans
Avec : Wesley Snipes, Stephen Dorff, Kris Kristofferson, N'Bushe Wright...




Stéphane JOLIVET

BATWOMAN (1968)

 

Titre français : Batwoman
Titre original : La Mujer Murcielago
Titre alternatif : Batwoman l'Invincibile Superdonna
Réalisateur : René Cardona
Scénariste : Alfredo Salazar
Musique : Leo Acosta
Année : 1968
Pays : Mexique
Genre : Super-héros
Interdiction : /
Avec Maura Monti, Roberto Cañedo, Héctor Godoy, David Silva, Armando Silvestre...


L'HISTOIRE : Un savant fou décide ce créer un être mi-homme, mi-poisson, en se servant de la glande pinéale de lutteurs mexicains. Ces derniers sont retrouvés morts suite à l'opération et la police peine à remonter jusqu'au coupable. Sur place, Mario Robles décide d'appeler son amie justicière à la rescousse : Batwoman. Cette dernière va devoir affronter les hommes de main du docteur Eric Williams mais aussi sa curieuse créature...


MON AVISEntre 1966 et 1968, la série télévisée Batman, avec Adam West dans le rôle du justicier masqué, est très populaire. Il n'en fallait pas plus pour que des copies fleurissent sur les écrans et c'est au Mexique qu'on trouve la plus curieuse et divertissante variation des aventures de l'homme chauve-souris avec Batwoman de René Cardona. On pourrait penser que cette Batwoman mexicaine s'inspire également du personnage de Batgirl, qui apparaît dans la série télévisée en 1967 sous les traits d'Yvonne Craig. Mais les couleurs de son costume, notamment quand elle s'adonne à sa discipline favorite sur un ring ou en salle de sport, à savoir la lutte (ou le catch), ne trompe pas : costume gris, ceinture jaune, cape et masque bleu : tout l'attirail d'Adam West !

J'ai précisé sur un ring ou en salle de sport car la séduisante justicière oublie de mettre son costume gris quand elle part en mission et se retrouve uniquement affublé d'un slip, d'un soutien-gorge, d'une cape et d'un masque bleu, ce qui, vous vous en doutez, ne posera aucun souci à la gent masculine qu'elle croisera durant ses aventures, ni aux spectateurs d'ailleurs ! Il faut dire que cette drôle de Batwoman est interprétée par la charmante Maura Monti, ex-mannequin italien devenue actrice. Une brune sculpturale, qui a la particularité de se promener parfois sans son masque et de nous faire profiter de son joli visage, ce que ne font jamais les autres super-héros mexicains tels Santo, Blue Demon ou Mil Mascaras.

Ce qui est très sympa dans Batwoman, c'est que ce film de René Cardona, réalisateur à la filmographie impressionnante de plus de 140 titres à son actif, mélange plusieurs genres : vous voulez de l'aventure, avec de jolis paysages et plein de séquences sous-marines ? Vous en aurez ! Vous voulez de l'action, avec des bagarres et des courses-poursuites en voitures ? Vous en aurez ! Vous voulez de l'espionnage, avec de l'infiltration dans le repaire des méchants et utilisation de quelques gadgets façon James Bond ? Vous en aurez ! Vous voulez de la science-fiction, avec un savant aussi fou que le docteur Frankenstein, un assistant prénommé Igor et des expériences médicales dont le but est de créer des monstres amphibies destinés à gouverner le monde ? Vous en aurez ! Vous voulez voir une charmante demoiselle en bikini bleu être au prise avec de méchants machos ou faire face à une créature monstrueuse ? Vous y aurez droit aussi ! Le tout dans une ambiance kitsch à souhait, fun et colorée ! Que demandez de plus ?

Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à voir un chef-d'oeuvre du cinéma avec Batwoman mais ça, vous vous en seriez doutés. C'est un pur film Bis qui ne se prend jamais au sérieux et en donne pour son argent aux amateurs de films psychédéliques qui n'ont pas peur d'en faire trop. Si les scènes de bagarres sont un peu mollassonnes, il faut bien le reconnaître, l'aventure surréaliste proposée par René Cardona et Maura Monti vaut son pesant de cacahuètes. 

Si la tenue ultra sexy de Batwoman est pour beaucoup dans le plaisir ressenti à la vision du film, les expériences du scientifique fou ne sont pas en reste. Bien après L'étrange Créature du Lac Noir mais bien avant Le Continent des Hommes-Poissons, le mad doctor du film nous offre une bien jolie créature marine, certes pas mal caoutchouteuse puisqu'il s'agit d'un acteur dans une combinaison, mais au look très réussi, façon homme-homard sans les pinces mais avec pas mal d'écailles. La naissance de ce craignos monster ne s’embarrasse guère de réalisme, tout comme le reste du film d'ailleurs, et c'est bien ce qui fait tout le charme de cette production mexicaine. 

Il faudrait être sacrément difficile pour bouder son plaisir, mais je pourrais comprendre que ceux qui ne jurent que par les films d'auteurs soient un peu déstabilisés devant les exploits de cette Batwoman ! Pour les autres, n'hésitez pas à prendre part à cette aventure bien délirante.




Stéphane ERBISTI

BATMAN VS SUPERMAN - L'AUBE DE LA JUSTICE (2016)

 

Titre français : Batman vs Superman - L'Aube de la Justice
Titre original : Batman vs Superman - Dawn of Justice
Réalisateur : Zack Snyder
Scénariste : Chris Terrio, David S. Goyer
Musique : Hans Zimmer
Année : 2012
Pays : Usa
Genre : Super-héros
Interdiction : /
Avec : Ben Affleck, Henri Cavill, Jess Eisenberg, Amy Adams, Diane Lane, Gal Gadot, 
Jeremy Irons, Holly Hunter, Laurence Fishburne...


L'HISTOIRE : Alors que Batman assiste au combat destructeur auquel participe Superman à Métropolis, il se rend compte que le super-héros de Krypton est doté d’une puissance qui pourrait, s’il décidait de ne plus faire le bien, anéantir l’humanité. Pour éviter de prendre ce risque, l’homme chauve-souris décide de l’affronter. De son côté, le jeune Lex Luthor, est bien décidé à percer les secrets de la vie extraterrestre et à en récupérer la puissance...


MON AVISBatman Vs Superman. Deux héros d’anthologie mais aussi deux personnages aux pouvoirs et à la puissance de destruction complètement différente. Bien que l’on connaisse le talent de Zack Snyder, il était légitime de se demander comment il allait rendre cohérent et crédible la rencontre et surtout le conflit entre un extra-terrestre capable de voler et de détruire la terre d’un claquement de doigt et un simple homme équipé de gadget et adepte des arts martiaux. Du point de vue de la confrontation physique, Snyder a été plutôt malin et a trouvé une bonne façon d’équilibrer les forces et de rendre le combat intéressant et incertain.

Notre bon vieux Bruce Wayne, interprété par un Ben affleck vieilli, utilise la faille de Superman pour le mettre en difficulté. Superman, quant à lui, peu belliqueux d’origine, tentera de son mieux de ramener Batman à la raison avant de se décider à se battre. Niveau réalisation, le duel annoncé dans le titre aura donc bien lieu (parmi d’autres) et le talent de Snyder pour ce genre d’exercice ne démérite pas, proposant une action violente, rapide et spectaculaire qui manquait cruellement aux combats de l’homme chauve-souris dans la trilogie de Christopher Nolan

En parlant de Nolan, Snyder s’est inspiré de ce qu’il avait fait sur les films du Dark Knight. Affleck, très convaincant, interprète le personnage d’une manière proche de Christian Bale et Bruce Wayne garde l’aspect très torturé, solitaire et désabusé du personnage vieillissant et blasé de The Dark Knight Rises. Face à l’obscurité de Batman, Snyder a fait de Superman un être lumineux et qui, bien qu’extra-terrestre, croit en l’espèce humaine ou, tout du moins, agit par empathie et ne peut s’empêcher d’aller au secours de la veuve, de l’orphelin et de la jouvencelle en détresse. Bien interprétés, par Affleck et Cavill, et bien caractérisés, les deux super-héros font vraiment bonnes figures.

Même si les deux protagonistes principaux occupent souvent l’écran, ils ne sont pas les seuls et le film recèle d’une multitude de personnages plus ou moins secondaires quitte à dépasser le trop-plein. Si aucun des personnages n’est inintéressant, ils sont maladroitement amenés et souvent bancals : Si Loïs Lane (Amy Adams) s’en sort plutôt bien, Lex Luthor (Jesse Eisenberg), bien que jubilatoire, est trop caricatura l; Wonder Woman (ravissante Gal Gadot) introduite de façon pachydermique, tombe comme un cheveu sur la soupe dans les dernières séquences ; l’abomination finale, bien qu’efficace et au cœur d’un affrontement impressionnant, ressemble à un personnage de jeu vidéo. Dommage, tout cela à tendance à dégrader le fragile équilibre que Snyder a réussi à instaurer entre Batman et Superman.

Esthétiquement réussi, autant dans l’architecture de Métropolis et de Gotham que dans les costumes et les super pouvoirs de ses héros, Batman vs Superman - L’aube de la justice a de la gueule et arrive aussi à en imposer par son scénario et ses séquences chocs. Malgré tout cela et toutes les qualités du film, la magie n’opère pas autant que dans la trilogie de Nolan faute à des changements de tons pas assez bien combinés, à des personnages inégaux et à une surenchère d’éléments qui viennent, par instant, plomber l’intensité et l’impact émotionnel du récit bien que celui-ci soit intéressant et ancré dans une réalité effrayante. Toutefois, ce qu’il perd en narration, le film le gagne en nervosité et garde quand même une belle prestance, certes un cran en dessous des derniers films DC mais bien au dessus, en réalisation, en audace et en narration, de la majeure partie des films Marvel.

Déséquilibré et trop généreux, Batman Vs Superman n’en reste pas moins un film à grand spectacle de très bon standing. Porté au dessus de la masse des blockbusters par la réalisation inspiré de Zack Snyder et les prestations de Ben Affleck et Henri Cavill, le métrage arrive surtout à faire ce qui semblait difficilement possible : réussir à rendre cohérent, crédible et intéressant la rencontre de deux icônes aux pouvoirs, aux caractères, aux univers et aux lieux de résidences différents. D’ailleurs, y’a combien de kilomètres entre Gotham et Métropolis ?




Sylvain GIB

BATMAN - THE DARK KNIGHT RISES (2012)


Titre français : Batman - The Dark Knight Rises
Titre original : Batman - The Dark Knight Rises
Réalisateur : Christopher Nolan
Scénariste : Jonathan Nolan, Christopher Nolan, David S.Goyer
Musique : Hans Zimmer
Année : 2012
Pays : Usa, Angleterre
Genre : Super-héros
Interdiction : /
Avec : Christian Bale, Tom Hardy, Gary Oldman, Joseph Gordon-Levitt, Anne Hathaway, Marion Cotillard, Morgan Freeman, Michael Caine, Matthew Modine, Cillian Murphy...


L'HISTOIRE : Cela fait huit ans que Batman a pris sa retraite et que Gotham City a vu la criminalité éradiquée grâce aux lois répressives d'Harvey Dent. L'image de ce dernier a été préservée, mais cela repose sur un mensonge qui a vu Le Chevalier noir prendre sur lui les crimes du procureur-adjoint. Mais voilà, l'irruption dans la ville d'un nouvel adversaire, Bane, risque de chambouler ce fragile équilibre. Batman sera-t-il de taille à l’affronter ?


MON AVISEnfin, le voilà qui arrive sur nos écrans le tant attendu dernier volet de la trilogie Batman vu sous le regard de Christopher Nolan, épaulé au scénario par son propre frère, Jonathan, et par David S. Goyer. Une équipe créative en osmose totale, mais après le niveau d'excellence atteint par son prédécesseur, The Dark Knight, la barre semblait bien haute à atteindre. Et c'est d'autant plus surprenant que Nolan, faisant fi des modes des blockbusters, préfère s'attarder sur les émotions de ses personnages, que ce soit Bruce Wayne, Bane ou même Sélina Kyle (Catwoman qui n'est d'ailleurs jamais surnommée ainsi dans cette adaptation). Beaucoup d’embûches attendaient le réalisateur, qui les a presque toutes surmontées.

Dans chacun de ses Batman, Nolan s'inspire de réalisateurs et de styles différents. Si le polar urbain et l'ombre de Michael Mann planaient sur le second opus, cette fois-ci il métamorphose son film en film de guérilla urbaine où le chaos règne en maître. Au risque de décontenancer plus d'un spectateur, mais pour mieux finalement nous surprendre en tout cas dans la forme- les scènes d'action prennent place ici plus aisément en pleine lumière du jour-, car le synopsis ne devrait pas réserver d'immenses surprises. Ce 3ème volet démarre de manière tonitruante avec la découverte du personnage de Bane, présenté alors comme un mercenaire redoutable. Une entrée en matière qui en impose.

D'emblée, cela contraste avec l'ambiance au manoir Wayne, où le propriétaire des lieux vit reclus comme un ermite. C'est l'irruption dans ses appartements privés d'une voleuse très agile qui va le faire sortir de sa torpeur. Le scénario est d'ailleurs d'une exemplarité remarquable, avec certainement le complot le plus abouti pour détruire Gotham City. Mais tout ceci nous est dévoilé progressivement et en prenant son temps. Nolan n'ayant pas peur de faire afficher près de 2h45 au compteur de son film. Ici, pas de fantaisie burlesque, Nolan maintient le cap de son héros vraiment désabusé. Ce qui au final fait de ce The Dark Knight Rises le plus sombre de tous. Chaque protagoniste se trouve confronté à des désillusions; même le fidèle Albert qui décide de dévoiler les intentions amoureuses de l'ex-petite amie de Bruce Wayne - Rachel qui avait été tuée - au risque de détruire la relation d'amitié qu'ils avaient ensemble. Et ce n'est pas le seul, l'inspecteur Gordon doit reconnaître aussi au jeune Blake, qui est sous ses ordres, qu'il a maintenu l'illusion du mythe Harvey Dent !

Autant de relations brisées et finalement de déceptions. C'est bien le mensonge et le rapport à la vérité qui tient le haut du pavé. Et quand Bruce Wayne se trouve prisonnier dans une fosse d'où seul dit-on un enfant aurait réussi à s'en sortir, là aussi ne cesse de se poser la question de savoir si cela est vrai ou s'il s'agit encore d'un leurre. Et d'évidence, sur le plan politique, Nolan inscrit son film dans le contexte actuel où la manipulation médiatique est la règle. Et c'est en cela que Bane intervient pour faire péter le système en place (voir son attaque de la Bourse, même si cela peut sembler démagogique de prime abord, il y a une vraie logique à tout cela).

On retrouve toujours les fidèles Christian Bale, Gary Oldman, Michael Caine et Morgan Freeman, qui répondent à l'appel. S'y rajoutent des nouveaux venus mais dont certains font partie de la sphère Nolan déjà, à commencer par Joseph Gordon-Levitt (Inception) qui confirme tout le bien qu'on pensait de lui auparavant, ou la frenchie Marion Cotillard et Tom Hardy. Christopher Nolan aime travailler avec des acteurs qu'il connaît et qu'il appréhende. Faisant figure d'exception, celle dont tout le monde redoutait le pire, Anne Hathaway (Alice au Pays des Merveilles version Burton), et qui s'avère différente du rôle plus félin de Michelle Pfeiffer, réussissant le tour de force d’être assez convaincante. Pour une fois, Nolan rend justice à la gent féminine. Car on lui a toujours reproché de la rendre fade. Bon, reste la grosse erreur de casting en la personne de Marion Cotillard, qui n'est absolument pas crédible.

Certainement que Bane est un peu trop bavard, mais la révolution chaotique qu'il met en place est vraiment démentielle. Il est évident qu'il fallait oser et avoir une maîtrise totale sur son projet pour y parvenir. La mise en place d'un tribunal d'exception avec ses projets expéditifs n'étant pas sans rappeler certaines heures sombres de l'Histoire du 20eme siècle ou de la Terreur en France. On est avant tout devant un film visuellement froid et peu chaleureux, prenant de plus son temps pour nous impliquer dans un tourbillon d'émotions. Mais malgré tout, Nolan n'en oublie pas dans ses dernières 30 minutes d'y inclure la bonne dose d'adrénaline qu'il convient.

Et impossible de quitter ce grand spectacle sans penser aux larmes d'Alfred, fidèle parmi les fidèles, qui reste le fil conducteur entre les deux identités de son maître.

The Dark Knigt Rises est un film d'une telle richesse que plusieurs visions s'avéreront nécessaires. Il conclut en tout cas fort bien cette trilogie très sombre et ancrée dans le réalisme, même si Bane n'a pas la folie euphorisante du Joker du précédent opus.




Gérald GIACOMINI

BATMAN - THE DARK KNIGHT (2008)

 

Titre français : Batman - The Dark Knight
Titre original : Batman - The Dark Knight
Réalisateur : Christopher Nolan
Scénariste : Jonathan Nolan, Christopher Nolan
Musique : Hans Zimmer, James Newton Howard
Année : 2008
Pays : Usa, Angleterre
Genre : Super-héros
Interdiction : /
Avec : Christian Bale, Heath Ledger, Aaron Eckhart, Maggie Gyllenhaal, Gary Oldman, Michael Caine, Morgan Freeman, Cillian Murphy...


L'HISTOIRE Batman, justicier légendaire de Gotham City, entreprend d'éradiquer complètement la criminalité des rues de la ville. Pour se faire, il compte sur l'aide précieuse du lieutenant de police Jim Gordon, un des seuls pouvant le contacter à tout moment à l'aide d'un projecteur envoyant l'image d'une chauve-souris dans le ciel étoilé de Gotham et du procureur Harvey Dent, fervent partisan du démantèlement total des criminels en tous genres. La machine est bien huilée et tout fonctionne parfaitement pour la nouvelle association puisque les parrains et autres caïds sont incarcérés illico presto bien souvent lors d'arrestations plutôt musclées de la part du vengeur masqué. Toutefois, le trio justicier ne tarde pas à se heurter au nouveau génie du crime qui fait parler de lui en ville notamment par ses hold-up à grande échelle et ses méthodes criminelles peu orthodoxes : le Joker, étrange personnage grimé en clown au sourire inquiétant incrusté en permanence sur son visage et semeur d'anarchie et de chaos…


MON AVIS Film représentant la vision de Christopher Nolan au sujet de la rencontre entre le justicier masqué et le Joker après qu'il nous ait donné sa version des origines de l'homme chauve-souris dans Batman Begins, le nouveau Batman est certainement le film le plus attendu de cet été 2008 et un énorme buzz flotte au-dessus du métrage. Plusieurs raisons à cela : le film est en train de battre tous les records au box-office américain et menace même le Titanic de James Cameron, les premières minutes du long-métrage sont visibles sur le Web et surtout, le tournage a été endeuillé en septembre 2007 par la mort accidentelle du cascadeur Conway Wickliffe et en janvier 2008 par le décès de Heath Ledger, l'interprète du Joker qui avait déjà tourné l'intégralité de ses scènes et dont c'est là le dernier rôle au cinéma. Il n'en fallait donc pas moins pour bâtir la légende du dernier opus de la série, le sixième sur grand écran. Mais à part ça, il est comment ce nouvel épisode de notre chauve-souris préférée ? avez-vous envie de me demander impatiemment. Ben il déchire grave en fait !

Jusqu'à maintenant je pensais que Batman Begins était le meilleur de la franchise mais celui-ci, est tout bonnement phénoménal ! Il y a de l'action à couper le souffle, le script est super bien élaboré, la psychologie des protagonistes est également très soignée pour un film de ce genre car les personnages ne sont pas fades mais entiers justement, mais c'est également sombre, violent et super bien joué.

C'est Christian Bale (déjà présent dans les très bons The Machinist et Equilibrium) qui endosse encore une fois le costume du Chevalier Noir/  Bruce Wayne et tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il joue bien le lascar ! Son personnage est sans cesse tiraillé entre la folie et le bon sens si bien que sa perception de la justice lui cause d'énormes doutes, qu'il soit un homme riche en costard malade de voir tant d'injustices dans la ville de Gotham ou bien un justicier en costume combattant le crime et décidant de donner à tous ces psychopathes ce qu'ils méritent. A cause justement de cette lisière ténue entre la loyauté et l'envie de tout écraser violemment à la fois dérangeante mais nécessaire car elle maintient Batman/ Bruce Wayne sur le qui-vive, Bale arrive à nous captiver beaucoup plus que les Keaton, Kilmer et autres Clooney par son jeu tout en nuances et sur le point d'exploser à tout moment.

Bon évidemment, la star du film c'est le regretté Heath Ledger qui possède littéralement toutes les scènes dans lesquelles il joue tellement sa présence est impressionnante. Le Joker, c'est lui, même si Jack Nicholson était très bon déjà dans le premier opus, feu Heath le ferait presque passer pour un acteur de seconde zone tant il est bluffant. Il a d'ailleurs passé pas mal de temps seul dans une chambre d'hôtel pour s'immerger dans la peau du plus célèbre psychopathe de Gotham City. Le personnage en lui-même est vil, sarcastique, psychotique et terrifiant par moments (notamment dans les scènes où il joue avec son couteau près de la bouche de ses proies). Mais tout ça, c'est grâce à l'interprétation de Ledger, complètement habité par son perso et qui montre que le Joker est la Némésis de Batman tout en étant proche de lui puisque le justicier masqué est aussi un monstre (a freak en version originale) aux yeux de l'opinion publique. Ce ne fut néanmoins pas gagné d'avance pour l'acteur décédé il y a peu, puisque Sean Penn, Adrien Brody et Robin Williams furent un temps pressentis pour incarner ce personnage insaisissable et destructeur. Je suis donc d'accord avec la majorité des critiques de cinéma quand ils prétendent que la performance d'Heath Ledger deviendra légendaire et qu'il mérite à coup sûr un Oscar à titre posthume, il le mérite. On verra bien...

Le reste du casting est excellent et rempli de stars. Aaron Eckart est superbe également en procureur dont la soif de justice est insatiable. Maggie Gyllenhaal remplace au pied levé Katie Holmes (qui officiellement était indisponible pour jouer dans cette suite) et se montre peut-être un peu plus sensible que madame Cruise dont l'interprétation était un peu plate. Michael Caine (le fidèle serviteur Alfred), Gary Oldman (l'incorruptible lieutenant Gordon) et Morgan Freeman (travaillant dans les coulisses des entreprises Wayne) sont également très crédibles et servent de conscience à Bruce / Batman en le conseillant sur certains de ses choix. Enfin, on peut aussi mentionner la présence de Michael Jai White (Spawn), d'Eric Roberts (en parrain de la mafia) et de William Fichtner (Mahone dans la série Prison Break) dont les caméos sont de très bonne facture. Seul petit bémol, le personnage de l'épouvantail (incarné par Cillian Murphy, déjà vu dans 28 Jours plus tard) n'est pas assez exploité à mon goût car n'apparaît que très peu de temps à l'écran, enfin bon, ça c'est pour faire la fine bouche !

Côté partition musicale on retrouve le même duo de choc qui officiait déjà sur le premier opus, à savoir : Hans Zimmer et James Newton Howard. Deux compositeurs de nationalités différentes (un européen et un américain), donc deux visions distinctes, un tandem de dualités si l'on peut dire, un peu comme dans The Dark Knight avec la paire Batman / Joker pour, si l'on schématise à l'extrême car c'est en fait beaucoup plus compliqué que cela : le Bien / le Mal ou bien, pour les schizos : Bruce Wayne / Batman, couple plus compliqué que le précédent à mon sens, puisque le Chevalier Noir est sans cesse tiraillé entre sa soif de justice et ses propres émotions. Mais revenons-en au score, plutôt que de faire de la psychanalyse de comptoir. Le fait qu'il y ait deux arrangeurs musicaux rend la bande-son du métrage très atypique puisque nous ne rencontrons pas, ici, de musique dite classique de films de super-héros avec les envolées héroïco-lyriques habituelles. En effet, on a affaire là, à un subtil mélange d'effets sonores à base de synthétiseurs modernes et de musiques d'ambiance plus conventionnelles avec une mention spéciale pour le thème principal du film centré sur le Joker, personnage ô combien torturé et imprévisible, et bon sang ça marche bien tellement tout semble réglé au millimètre près si bien qu'on imagine mal une autre bande originale derrière chaque scène ! Bref, du travail de pros.

Si Batman Begins renouvelait une franchise qui s'essoufflait au fil des épisodes, The Dark Knight sonne le glas des précédents opus en révolutionnant totalement la série avec force effets spéciaux stupéfiants. Avec Nick Davis (ayant opéré sur quelques Batman et Harry Potter) aux commandes, les effets visuels sont somptueux et hyper réalistes. Les innovations techniques sont également légion. Que ce soit l'utilisation de maquettes reconstituant certaines infrastructures, quelques images d'animation en 3D afin de remplacer virtuellement des personnages lors de scènes d'action invraisemblables, l'usage du format Imax pour tourner certains plans, le maquillage des protagonistes (notamment celui d'un super-vilain dont je tairai le nom mais les fans du Comics auront deviné !) ou bien encore les nouveaux gadgets usités (le sky hook, un procédé d'extraction réellement crée par la CIA, le Batpod, un nouveau véhicule de la chauve-souris masquée ainsi que le perfectionnement du costume de Batman), tout est époustouflant et crédible au plus haut point. Mention spéciale toutefois à la cascade du camion effectuant un tonneau en pleine rue : un pur chef-d'œuvre ! C'est encore plus surprenant quand on sait que la scène a été tournée dans Chicago avec un véritable camion !

Mais ce n'est pas tout visuellement puisque même les décors et les costumes ont été étudiés sous toutes les coutures, si je puis me permettre ce jeu de mots un peu foireux ! Notre chauve-souris adorée joue en effet la touriste puisque le tournage s'est à la fois déroulé à Chicago (dont la ville de Gotham City est inspirée), à Hong Kong et à Londres. Quant aux accoutrements, ils sont magnifiques, que ce soit les toilettes des dames lors de réceptions mondaines chez le sieur Wayne, le costume de Batman plus sophistiqué que jamais ou bien la tenue du Joker, à la fois dandy et grunge avec ses chaussures de clown, l'ensemble est très éclectique mais divinement bien étudié et a dû demander, en amont, un travail plus que considérable tant cela semble parfait.

Le script quant à lui (écrit majoritairement par le frère de Nolan, Jonathan) est hyper riche. Les protagonistes sont très dépouillés et l'histoire ne souffre d'aucune faiblesse. Pour une adaptation de Comics, le résultat sonne très réaliste : tout en effet est très crédible, malgré la longueur du film (plus de 2h30 tout de même). On a même parfois l'impression d'assister à une saga épique digne de la trilogie Le Parrain et autres Les Incorruptibles et ça, c'est un sacré tour de force de la part du réalisateur qui réussit à nous passionner et à nous tenir en haleine avec son film de super-héros !

Ainsi, rien ne serait aussi parfait si Christopher Nolan ne savait y faire. Depuis le très remarqué Memento, il a su nous montrer qu'il savait réaliser un film. Les scènes dramatiques ne sont pas convenues et celles d'action sont parfois tellement saisissantes qu'elles vous colleront sur vos sièges tant elles ont un côté vériste et qu'elles apparaissent réalisables.

En résumé, c'est le meilleur opus d'une franchise partie pour durer puisqu'un troisième épisode est prévu pour 2010 avec, selon les rumeurs, Angelina Jolie dans le rôle de Catwoman, mais par la force du destin sans Heath Ledger dans le rôle du Joker dont ce dernier segment devait parler et devait se centrer sur le procès de l'ennemi numéro un de Batman. M'enfin, gageons que les frères Nolan sauront lui trouver un remplaçant à la hauteur. En attendant, allez voir leur dernier film, je vous le recommande vivement !




Vincent DUMENIL

BATMAN : THE KILLING JOKE (2016)

 

Titre français : Batman - The Killing Joke
Titre original : Batman - The Killing Joke
Réalisateur : Sam Liu
Scénariste : Brian Azzarello
Musique : Kristopher Carter, Michael McCuistion, Lolita Ritmanis
Année : 2016
Pays : Usa
Genre : Super-héros, animation
Interdiction : /
Avec /


L'HISTOIRE : Batman et Bat Girl doivent arrêter le neveu d'un parrain de la mafia qui en pince pour cette dernière et se montre prêt à tout pour attirer l'attention de la belle justicière masquée. Peu de temps après la fin de cette affaire, Batman découvre que le Joker s'est échappé de l'asile d'Arkham. Le clown au sourire terrifiant veut prouver qu'une simple mauvaise journée peut rendre quelqu'un complètement fou. Il se remémore sa triste vie et le jour où tout a basculé pour lui...


MON AVISBatman The Killing Joke est considéré, à juste titre, comme étant l'un des meilleurs comics au monde sur le Chevalier Noir, que l'on doit au duo Alan Moore et Brian Bolland. Cette adaptation au format animé d'une durée de 73 minutes sera l'occasion de se replonger avec délice dans le sombre passé du Joker et de pouvoir admirer toute la folie du personnage, ainsi que la noirceur de Batman. Le scénariste Brian Azzarello a eu la bonne idée d'inclure au récit original une introduction d'environ 25 minutes se focalisant sur la relation de Batman et de Bat Girl et ce, afin de nous faire prendre en empathie cette dernière avant qu'elle ne subisse la folie du Joker. Sur une histoire assez classique dans laquelle le neveu d'un mafieux tente de se faire sa place dans le grand banditisme, le scénariste appuie sur l'amour non déclaré que Batman porte à Bat Girl et vice-versa.

En effet, le malfrat en pince pour Bat Girl, ce qui rend jaloux Batman qui va tout faire pour écarter sa justicière de collègue de l'affaire. Mais têtue comme une femme, celle-ci ne se laissera pas dicter sa loi par son mentor et prendra quelques risques mal calculées qui mettront les nerfs du Chevalier Noir à rude épreuve. Courageux, le scénariste et le réalisateur Sam Liu laisseront les sentiments des deux héros masqués prendre le dessus lors d'une scène qui ne jouera pas cette fois sur la suggestion. Le spectateur est donc en parfaite connaissance de cause en ce qui concerne la relation des deux protagonistes principaux et l'histoire peut donc bifurquer sur la pièce majeure de ce dessin-animé, à savoir la reproduction en image et avec une fidélité à toute épreuve du monument que représente The Killing Joke. Ou comment une mauvaise journée peut vous rendre fou pour toute votre vie.

La jeunesse du Joker est représenté en noir et blanc quand l'histoire actuelle est en couleur, comme dans le comic culte. Le dessin et l'animation sont corrects, sans être géniaux. En version originale, les voix sont excellentes : Mark Hamill est le Joker, Kevin Conroy est Batman, Tara Strong est Bat Girl et Ray Wise (Twin Peaks) est le commissaire Gordon. Ce dernier va vivre un véritable cauchemar, une journée en Enfer. Kidnappé par le Joker après que celui-ci est tiré à bout portant sur sa fille Barbara (alias Bat Girl), Gordon va est mis à nu, au propre comme au figuré, et entraîné dans une vieille fête foraine, devenu le repaire du Joker, plus cinglé que jamais. 

Très noir, très sombre, très cruel, le récit ne s'adresse pas vraiment au jeune public fan du Chevalier Noir. Le côté psychotique de Batman est également bien présent et l'intrigue est très intéressante. La fidélité par rapport au comic est total, on a même l'excellente blague final qui fait hurler deux rires les deux ennemis pour la vie.

Tragique, sadique, d'une noirceur totale, The Killing Joke est un récit adulte, mature, doté d'une vraie tension dramatique et psychologique et sa version animé ne décevra pas les fans du récit d'Alan Moore. Bien sûr, l'effet de surprise ne joue pas si vous connaissez le comic sur le bout des doigts. Pour les néophytes, c'est une adaptation hautement recommandée, qui vous fera très certainement courir acheter le comic pour l'avoir dans votre collection. On rêve toujours d'une version live de ce roman graphique saisissant et qui, plus qu'une histoire de Batman, est véritablement un récit centré sur le Joker.




Stéphane ERBISTI