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BERLIN UNDEAD (2010)

 

Titre français : Berlin Undead
Titre original : Rammbock
Réalisateur : Marvin Kren
Scénariste : Benjamin Hessler
Musique : Marco Dreckkôtter, Stefan Will
Année : 2010
Pays : Allemagne
Genre : Infection
Interdiction : -12 ans
Avec Michael Fuith, Theo Trebs, Anka Graczyk, Emily Cox, Steffen Münster...


L'HISTOIRE Michael revient à Berlin afin de recoller les morceaux avec son ancienne petite amie Gabi. Mais, alors qu’il franchit la porte de son appartement, il tombe nez-à-nez avec un plombier devenu comme fou enragé qui va soudainement se jeter sur lui. Après l’avoir jeté dans la cage d’escaliers, Michael va se barricader avec un apprenti plombier dans l’appartement. Très vite, ils vont tous deux apprendre qu’un virus s’est répandu dans toute la ville et transforme les gens en bêtes enragées avides de chair fraîche. Un terrible virus qui a déjà semé le trouble dans une grande partie de l’immeuble : Michael et le jeune Harper vont devoir faire preuve de courage et d’astuces pour échapper à leurs assaillants…


MON AVISDepuis leurs études en Allemagne, Marvin Kren et Benjamin Hessler sont devenus deux complices qui travaillent pour des chaînes publiques nationales en réalisant de petits films. L’un est réalisateur (Marvin Kren) et l’autre est scénariste (Benjamin Hessler) : c’est comme ça qu’ils fonctionnent nos deux germaniques et, après avoir vu leur Rammbock, devenu Berlin Undead en France et aux Etats-Unis, force est de constater que ce duo devrait faire parler de lui par la suite.

Né d’une demande de la chaîne publique allemande ZDF, le moyen-métrage (59min) Berlin Undead a été réalisé avec un budget très mince mais avec indéniablement beaucoup de talents et de bonnes idées. Loin des films de zombies contemporains, dont il ne fait d’ailleurs pas partie étant donné que nous sommes face ici à des gens contaminés par un virus les rendant fous enragés, à la manière de 28 jours plus tard, le film du tandem Kren / Hessler préfère offrir à son public un huis-clos horrifique au réalisme parfois saisissant plutôt que de miser sur les gerbes de sang et les scènes d’action en veux-tu en voilà. Retour sur ce petit film à ne pas louper !

Intelligent, poignant et original, Berlin Undead l’est et le prouve sans perdre de temps. Dès les premières minutes, nous sommes en effet plongés dans une chasse à l’homme où les quelques résidents d’un immeuble, pris pour cibles par une meute d’infectés sanguinaires, vont se barricader dans de petits appartements qui rendraient dingues plus d’un claustrophobe. S’ensuivent alors des allers et venues de contaminés dans les cages d’escaliers (qui rappelleront un certain [Rec]) et des percées de ces derniers dans certains appartements, poussant alors les résidents encore sains à se réfugier dans de petites salles, réduisant alors leur espaces vitaux et renforçant une fois de plus cette claustrophobie instaurée depuis les premières minutes du film. Une claustrophobie donc de plus en plus intense, permise par ce huis-clos qui se rétrécit au fur et à mesure que nous avançons dans l’histoire (les contaminés occupant de plus en plus de place, poussant les personnes saines à s’entasser dans des espaces de plus en plus restreints pour leur échapper), qui atteindra son summum quand notre héros n’aura plus le choix que de s’enfermer dans un débarras au fond d’une cuisine tandis que son compère sera recroquevillé en l’air à quelques centimètres du plafond.

Un rythme fort soutenu car nos deux héros n’auront que peu de temps pour reprendre haleine, ces derniers ne pouvant résider trop longtemps au même endroit car les contaminés parviennent à pénétrer tôt ou tard dans la pièce où ils se trouvent. Pas de remplissage sans intérêt ni de dialogues longs et inutiles, Marvin Kren et Benjamin Hessler veulent rapidement parvenir à leurs fins : mettre l’être humain face à une catastrophe et tenter de montrer comment ce dernier pourrait réagir devant pareille situation. Et ce qui marque justement dans ce film, c’est que le réalisme est parfois saisissant : on ne pourra s’empêcher, à divers moments, de se dire moi aussi j’aurais fait ça à sa place !, les personnages ayant des réactions non tirées par les cheveux, chaque décision semblant mûrement réfléchie, et ne cherchant pas à jouer les héros.

Une ambiance oppressante, des décors sombres et tristes (en référence entre autres à cette superbe vue d’un Berlin miné par ce terrible virus quand Michael se retrouve sur le toit de l’immeuble) ainsi qu’une musique à mi-chemin entre le poétique et le mélancolique, qui n’empêche pas pour autant au film de jouer la carte du tragi-comique. En effet, Marvin Kren et Benjamin Hessler ont beau nous offrir un cadre des plus désolants et stressants avec quelques passages quelques peu émouvants, ils arrivent également à nous sortir par moments un sourire par le biais du personnage central, Michael, et son insatiable amour pour son ex-petite amie. Sa chère Gabi pour qui il se ferait dévorer dans les escaliers juste pour répondre à son appel, pour qui il refuserait de se servir de ses fourchettes pour se défendre par peur de lui abîmer et par conséquent de la fâcher, pour qui il refuse d’uriner dans son évier alors que les WC sont inaccessibles. Michael Fuith, l’acteur incarnant notre drôle de héros, est vraiment très bon dans ce rôle d’amoureux à côté de la plaque, dépassé par les événements mais ne manquant pourtant pas de bonnes idées quand celui-ci se décide à penser à autre chose qu’à sa Gabi. Encore une fois, pour profiter pleinement de Berlin Undead, la vision en VOST est indispensable, car la VF est déplorable, ne serait-ce que pour la voix et les intonations de Michael justement.

Au final, Berlin Undead est une très bonne surprise. Ce moyen-métrage de 59min mêle habilement horreur, oppression, tragédie et humour, le tout à un rythme effréné bienvenu. Encore la preuve qu’un surplus de scènes d’action, une quantité importante d’hémoglobine versée et une longueur formatée d’1h30 / 1h45 ne sont pas indispensables pour constituer un vrai bon divertissement.




David MAURICE

L'AVION DE L'APOCALYPSE (1980)

 

Titre français : L'Avion de l'Apocalypse
Titre original : Incubo sulla Citta Contaminata
Réalisateur : Umberto Lenzi
Scénariste : Antonio Cesare Corti, Luis Maria Delgado, Piero Regnoli
Musique : Stelvio Cipriani
Année : 1980
Pays : Italie, Mexique, Espagne
Genre : Infection
Interdiction : -16 ans
Avec : Hugo Stiglitz, Laura Trotter, Mel Ferrer, Maria Rosaria Omaggio...


L'HISTOIRE : Sur l'écran de contrôle d'un aéroport, un avion militaire non identifié est repéré. Malgré la demande répétée de la tour, l'engin refuse de décliner son identité. De ce fait l'armée est appelée à la rescousse sur le tarmac, où se trouve déjà un journaliste venu pour interviewer un professeur réputé. A l'atterrissage de l'avion, le professeur apparaît, avec derrière lui une nuée d'hommes et de femmes assoiffés de sang…


MON AVISBien avant L'Armée des Morts, certains zombies avaient déjà choisi de sortir de leur léthargie gestuelle. C'est ici le cas, avec, en prime quelques explications indispensables. L'Avion de l'Apocalypse n'est pas à proprement parler un film de morts vivants : le scénario nous dévoile rapidement qu'il s'agit ici d'hommes et de femmes exposés au nucléaire, donc irradiés, infectés. Les choses sont maintenant plus claires. 

Umberto Lenzi (Cannibal Ferox, La Secte des Cannibales), l'un des rois du Bis italien, est aux commandes de cet ovni cinématographique. Délirant : voilà l'adjectif qui qualifie le mieux Nightmare City (titre américain). Nul besoin d'être un spécialiste du genre pour se rendre compte que le budget du film fût dérisoire. Qu'importe ! Quand bien même les maquillages des créatures sont plus que sommaires, le dynamisme de la réalisation relève largement la situation.

Réalisé à la toute fin des 70's, le film déploie tous les clichés propres à cette décennie : ton décalé, couleurs psychédéliques, musique hypnotique. Un esthétisme primaire, coloré, et efficace dans ce cas précis. Il existe dans le discours du film une dénonciation sous-jacente des pratiques et du comportement de l'armée, même constat concernant l'église. A ce propos, une scène particulièrement trash au sein de l'église comblera tous les aficionados du blasphème dans le film de genre.

Les contaminés, parlons-en. Certes, le maquillage est sommaire et frise le ridicule, mais comme cité précédemment, la cause en est qu'il s'agit d'une contamination, le propos étant axé sur la folie des protagonistes, à l'image de La Nuit des Fous Vivants de George A. Romero et non sur leur désir de chair.

D'ailleurs, il convient également de noter que nos monstres sont certes assoiffés de sang, mais uniquement de ça. Leurs délires meurtriers se résument à des morsures et autres succions ; exit donc les éventrations et autres joyeusetés spécifiquement gore. Nous sommes donc plus proches du vampirisme que du cannibalisme à l'état pur.

Cependant, la brutalité est bien présente. Nos créatures sont déterminées, réfléchissent et sont organisées. Détail amusant : ils sont propres sur eux, tirés à quatre épingles. La violence est leur maître-mot. Témoin l'invasion du plateau télé où se tourne une émission kitsch dédiée à la danse. Un ersatz de Fame sous tranquillisants à mourir de rire. Une occasion en or pour un délire sanglant très visuel. Nos contaminés s'en donnent à cœur joie. Un véritable carnage, prétexte à des meurtres brutaux (couteaux, haches...) et des scènes pseudos-érotiques (morsures et palpations mammaires) sur de jolies danseuses effarouchées et légèrement vêtues.

Alors oui, le scénario n'est pas vraiment folichon, les acteurs pas franchement bons. Même Mel Ferrer ne semble pas convaincu de sa propre présence. Le casting manque cruellement de consistance, et seul Umberto Lenzi semble s'être véritablement amusé. Paradoxalement sans grande conséquence, puisque ce sont les créatures, qui, indiscutablement, éclaboussent l'écran.

Une mise en scène tonique, un rythme qui ne faiblit jamais, en bref une petite perle de la comédie horrifique, classée tout de même R aux USA, int –18 en Angleterre et Allemagne de l'Ouest, –16 en France et tout bonnement interdite en Islande ! Voici le voyage qui vous attend. Embarquement immédiat !

Ah oui, petite précision sur le DVD édité par Néo Publishing : il comporte la version censurée mais aussi la version uncut. Pour voir la censurée, choisir le film en VF (1h18), pour voir la version uncut, choisir le film en Italien ou en anglais (1h28).




Christophe JAKUBOWICZ

AUTUMN - FIN DU MONDE (2009)

 

Titre français : Autumn - Fin du Monde
Titre original : Autumn of the Living Dead
Réalisateur : Steven Rumbelow
Scénariste : Steven Rumbelow, David Moody
Musique : 615 Music, Craig McConnell
Année : 2009
Pays : Usa
Genre : morts vivants, infection
Interdiction : -12 ans
Avec Dexter Fletcher, Dickon Tolson, Lana Kamenov, Anton Brejak, David Carradine...


L'HISTOIRE : Alors qu’un mystérieux virus a soudain contaminé la quasi-totalité de la population américaine, un groupe de survivants se réunit pour s’entraider et éviter à leur tour d’être infectés. Trois d’entre eux vont alors décider de se réfugier dans une petite ferme isolée, suffisamment éloignée de ces personnes contaminées pour ne pas être à leur contact et éviter la contagion. Mais rapidement, nos survivants vont se rendre compte que ce virus transforme petit à petit les êtres humains en une sorte de zombie. Des monstres qui acquièrent avec le temps des facultés nouvelles et deviennent de plus en plus menaçants. Surtout quand ils trouvent la route menant à la petite ferme pourtant si tranquille jusque là…


MON AVISParce que c’est également un devoir pour nous de vous avertir en cas de danger, cette chronique se devait d'exister. Car effectivement, je ne vais pas vous cacher cela plus longtemps : Autumn - Fin du Monde ou Autumn of the Living Dead en titre original, est tout simplement un raté en la matière.

Adapté d’un roman de David Moody, écrivain britannique spécialisé dans le milieu du fantastique, Autumn - Fin du Monde nous est parvenu en France par la petite porte du DTV, très discrètement il est vrai mais avec toutefois un visuel attrayant. Une jaquette plutôt jolie avec au verso des captures d’images bien choisies (un clown menaçant, une ville dévastée et bien-entendu une photo de David Carradine, la star du film…) et un résumé certes sans grande originalité mais réussissant à nous aguicher. Car oui, les films de contamination / infection et de zombies ont le vent en poupe depuis de nombreuses années maintenant. Bref, tout est fait d’un point de vue marketing pour nous pousser à nous procurer ce que nous espérons être un petit bijou de DTV comme il arrive encore (et heureusement) d’en trouver de temps à autres.

Hé bien cette fois-ci, votre rédacteur s’est sacrément fait avoir (bande d’enfoirés !) et s’est tout simplement fait refiler l’un des plus mauvais films fantastiques vus ces cinq dernières années ! Alors que le début du film de Steven Rumbelow (paix à son âme) semblait prometteur, ce dernier va rapidement montrer ses (importantes) faiblesses et sombrer dans la médiocrité.

Car oui, même si Autumn - Fin du Monde ne flatte pas nos rétines - c’est très mal filmé, les cadrages sont ratés en grande partie, les couleurs parfois trop éclatantes et le son est de très mauvaise qualité -  ce dernier démarre plutôt bien d’un point de vue scénaristique. Certes, cette histoire d’infection soudaine sent bon le réchauffé mais il est appréciable toutefois de constater que les personnages ont un minimum de cervelle cette fois-ci : des questions se posent au sein du petit groupe de survivants au sujet de ce virus et ses modes de transmission, une réflexion plutôt aboutie sur la survie nous est livrée, personne ne semble avoir des idées saugrenues et non réfléchies. Petites engueulades, deux-trois désaccords et hop nous voilà ensuite embarqués avec trois personnes, direction une petite ferme loin de la ville !

Et là, les minutes vont commencer à ressembler à des heures, le peu d’intérêt que nous portions à ce long-métrage au départ s’estompe à la vitesse grand V.

Long, redondant et mou du genou (tout comme nos zombies), l’histoire n’est guère palpitante et ennuie énormément en raison d’un manque indéniable de péripéties principalement. Il ne se passe clairement rien ! Déjà que la réalisation ne s’est pas améliorée entre-temps, les rares scènes d’action se voient pourries par des zooms grossiers, des ralentis ridicules ou des vibrations parkinsoniennes de la caméra alors que nous ne sommes pourtant pas dans un found-footage.

N’oublions pas de citer des incohérences scénaristiques parfois ridicules (une portière de fourgonnette non calée ou encore une sorte de canisse installée sans grand renfort qui empêchent les zombies de passer ou bien encore avoir peur d’aller chercher des vivres dans un supermarché alors que les zombies sont d’une lenteur affligeante et surtout inoffensifs pendant une grande partie du film car ils n’ont pas encore mutés au stade du cannibalisme…) qui viennent faire sourire, voire grimacer le spectateur et semblent apporter comme un coup de grâce au film de Steven Rumbelow. Mince, c’est tout de même rageant de voir autant de gâchis !

Pourtant, notre trio de protagonistes demeure assez crédible dans l’ensemble (je ne parlerai pas de David Carradine que nous ne verrons qu’une vingtaine de minutes, hum hum…), les contaminés sont plutôt bien fichus, du moins, pour les quelques-uns que nous parvenons à voir nettement, à défaut d’être très menaçants (ils dévorent leur premier humain à deux-trois minutes du générique de fin) et cette idée de vouloir axer le film sur l’évolution des zombies est très intéressante, même si déjà vue auparavant dans Le Mort Vivant de Bob ClarkZombie Honeymoon ou Moi Zombie : Chronique de la Douleur. Mais alors quelle déception en ce qui concerne tout le reste : rythme soporifique, réalisation amateur, décors quasi aux abonnés absents, incohérences scénaristiques douteuses…

Autumn - Fin du Monde est, vous l’aurez compris, un film à rapidement oublier (ne pas le voir est d’ailleurs une bonne solution pour vous aider à l’oublier plus facilement). De ce long-métrage casse-gueule, nous en retiendrons uniquement une certaine crédibilité chez une petite poignée d’acteurs et surtout cette idée d’axer l’histoire sur l’évolution de l’être humain au zombie, bien que déjà vue dans d’autres productions. Énorme déception donc…




David MAURICE

ANTIVIRAL (2012)

 

Titre français : Antiviral
Titre original : Antiviral
Réalisateur : Brandon Cronenberg
Scénariste : Brandon Cronenberg
Musique : E.C. Woodley
Année : 2012
Pays : Canada
Genre : Infection
Interdiction : -12 ans
Avec : Caleb Landry Jones, Sarah Gadon, Malcolm McDowell, Joe Pingue...


L'HISTOIRE : La communion des fans avec leurs idoles ne connait plus de limites. Syd March est employé d’une clinique spécialisée dans la vente et l’injection de virus ayant infecté des célébrités. Mais il vend aussi ces échantillons, pour son propre compte, à de puissantes organisations criminelles. Sa méthode pour déjouer les contrôles de la clinique : s’injecter les virus à lui-même. Mais ce procédé va s’avérer doublement dangereux : porteur du germe mortel ayant contaminé la star Hannah Geist, Syd devient une cible pour les collectionneurs...


MON AVISCronenberg. Un nom bien connu des amateurs de cinéma d'horreur et même de cinéma tout court, tant la filmographie du canadien David Cronenberg a évolué au fil du temps et s'est mis à toucher un public bien plus large avec ses dernières œuvres. Antiviral est le premier long métrage de son fils, Brandon Cronenberg. La lecture du synopsis nous fait dire immédiatement que le fiston a bien ingurgité la première partie de l'oeuvre de son père (Rage, Chromosome 3, Frissons, Vidéodrome, Scanners) et que les centres d'intérêt de ce dernier (la chair, la mutation, l'oganique, la dégénérescence physique) se retrouvent dans Antiviral. Ce n'est pas faux mais Brandon Cronenberg ne se contente pas d'être un David Cronenberg Bis.

Il nous propose avec Antiviral un film assez difficile d'accès, au rythme particulièrement lent, contemplatif et il faudra être dans de bonnes dispositions pour le visionner. Le scénario est vraiment très intéressant et cette satire du monde des célébrités est bien trouvée. Imaginez un peu : les fans vont jusqu'à s'injecter des virus de maladies contractés par leurs idoles, afin d'être en phase avec elles, de ressentir ce qu'elles ressentent. 

De la science-fiction réaliste qui apparaît en fait peu éloigné de la réalité puisqu'un fan a été jusqu'à acheter le mouchoir de Britney Spears dans lequel la star s'était mouchée. Pourquoi pas alors aller jusqu'à s'injecter le rhume de tel star ou l'herpès labial contracté par une autre ? Avec une mise en scène sobre, épurée, avec un sens du décorum particulier, très froid, très médical, Antiviral parvient à nous intéresser à ce drôle de phénomène de mode et à la vie du personnage principal, particulièrement bien interprété par l'acteur Caleb Landry Jones, dont la blancheur de peau et les tâches de rousseur font qu'il n'a pas à aller chercher bien loin pour nous faire croire qu'il est malade et contaminé.

D'autres idées incroyables parsèment le film, comme cette viande fabriquée avec l'aide des cellules des stars ! L'anthropophagie n'est pas loin ! Antiviral est donc un voyage plus expérimental que cinématographique, âpre et assez glacial, glauque et dérangeant, qui ne tente jamais de satisfaire le plus grand nombre et qui risque vraiment de faire fuir la plupart des spectateurs. C'est l'antithèse totale d'un blockbuster. 

Le film est certes imparfait, ennuie quelquefois avec des longueurs qui ne font pas avancer l'histoire. L'ombre de David Cronenberg pèse également sur les épaules du jeune réalisateur, mais en utilisant approximativement les mêmes thèmes, la comparaison était inévitable. En tout cas, Antiviral est un film courageux, méritant, visuellement très soigné et qui laisse espérer un beau futur pour Brandon Cronenberg s'il parvient à s'extraire des influences de papa.




Stéphane ERBISTI

ALONE (2015)

 

Titre français : Alone
Titre original : Don't Grow Up
Réalisateur : Thierry Poiraud
Scénariste Marie Garel Weiss
Musique Jesus Diaz, Fletcher Ventura
Année : 2015
Pays : France, Espagne
Genre : Infection
Interdiction : /
Avec Fergus Riordan, Madeleine Kelly, David Mckell, Darren Evans, Natifa Mai...


L'HISTOIRE : Un matin, six adolescents en difficulté se retrouvent seuls, sans surveillance, dans leur centre situé sur une île. D’abord heureux d’être livrés à eux-mêmes, ils vont se rendre compte, lors d’une expédition dans une station service, qu’un virus semble contaminer les habitants uniquement adultes de l’île et les rendre agressifs. Face à cette menace, nos jeunes héros vont devoir être solidaires pour survivre, pour quitter l’île et surtout pour ne pas grandir trop vite…


MON AVIS Voici donc le nouveau film de Thierry Poiraud, l’homme à qui l’on doit (avec son frère Didier) le truculent Atomik Circus sorti en 2004, et qui disparut ensuite du grand écran avant de revenir en 2014 pour tourner le deuxième segment de l’excellent Goal of the Dead sous l’impulsion de Benjamin Rocher, le réalisateur de la première partie, et du frère de ce dernier, Raphaël, producteur. C’est d’ailleurs lors de discussions sur la production de Don’t Grow Up, renommé Alone, que les frères Rocher ont décidé d’embaucher Thierry Poiraud pour réaliser une partie de Goal of the Dead en attendant qu’ils trouvent des sous pour le film qui nous intéresse aujourd’hui. En 2014, dans une interview réalisée pour Horreur.com, Benjamin Rocher affirmait que cela faisait depuis Atomik Circus qu’il avait envie de revoir un film de Thierry Poiraud. Après la seconde partie de Goal of the Dead, voici donc le vrai nouveau film personnel de Poiraud et aussi sa première réalisation en solo. Après cette introduction historique, entrons dans le vif du sujet.

Don’t Grow Up (que j’appellerai ainsi et non pas Alone car plus cohérent avec le contenu du film) est, à l’instar de Goal of the Dead, un film d’infectés. Sauf que le traitement est complètement différent. Ici, point de rigolade et de football mais six adolescents seuls dans un pensionnat sur une île perdue et on sent tout de suite que ça ne va pas être fun. Même si le premier quart d’heure du film nous montre des jeunes libérés de la pression parentale et adulte s’amusant tel Kevin McCallister dans Maman j’ai raté l’avion, ils vont rapidement déchanter en se rendant compte que la plupart de la population de l’île s’est transformé en zombie ou quelque chose d’approchant.

La première chose que l’on remarque lors de ces premières séquences, c’est le soin apporté à l’ambiance, à la photographie et aux décors. Les paysages de l’île sont somptueux, la musique est prenante et le climat lourd se fait bien ressentir. On est tout de suite imprégné de l’atmosphère avant d’être totalement perturbé lors d’une séquence choc qui va vraiment lancer le film et faire comprendre ce qu’il se passe sur l’île : seuls les enfants ne sont pas contaminés par l’étrange virus. Toute la difficulté étant de savoir quand et sous quelles conditions on arrête d’être un enfant. On se rendra compte qu’il ne s’agit pas simplement d’une question d’âge mais aussi de maturité…

A partir de là, la question devient : Comment éviter de murir (et donc de mourir) trop vite lorsque l’on est confronté à une situation dramatique ? Une question qui permet au film de tenir sur la longueur et de laisser s’interroger le spectateur sur qui sera le prochain à se transformer. En plus de cette façon subtile d’intégrer la menace au sein du groupe des six adolescents et donc de craindre pour eux, on peut ajouter que l’on s’attache aux personnages grâce à de jeunes acteurs talentueux et impliqués. Bien qu’interprété par des adolescents, le film impose une radicalité et une violence sans concession qui apporte le poids nécessaire à son propos.

Parabole sur l’adolescence et le passage à l’âge adulte, le film est d’une justesse rare appuyé par une réalisation classieuse et poétique de Thierry Poiraud, dans un décor dépaysant mêlant réalisme et imaginaire. Une belle réussite qui nous fait regretter que le film n’ait pas eu une rallonge financière.

En effet, si ce budget qu’on suppose plutôt réduit ne se voit pas techniquement tant la réalisation est réussie, il se remarque surtout au niveau d’un certain manque d’idées qu’on imagine irréalisables. Réduit à une heure et vingt minutes, le film aurait mérité d’être allongé d’une petite vingtaine de minutes afin de pouvoir y intégrer des séquences et des rebondissements en plus. A l’arrivée du générique, on quitte cette co-production franco-espagnole avec un léger goût d’inachevé.

Malgré cela, pas de quoi bouder son plaisir et profitons de tout ce que le film a à nous donner plutôt que de regretter ce qu’il n’a pas car tout ce qu’il propose, autant dans la thématique, la technique, le traitement et le casting est réussi. Même s’il a été tourné en anglais et co-produit avec nos amis espagnols, Alone (allez, je l’appelle par son nom officiel pour finir !) est une preuve supplémentaire que notre petit pays peut faire émerger des réussites dans le milieu du fantastique contrairement à ce que la rumeur populaire (et professionnelle) à tendance à dire. Alors oui, on en a peut-être qu’un ou deux par an : raison de plus pour en profiter.




Sylvain GIB

LES AFFAMÉS (2017)


Titre français : Les Affamés
Titre original : Les Affamés
Réalisateur : Robin Aubert
Scénariste Robin Aubert
Musique : Pierre-Philippe Côté
Année : 2017
Pays : Canada
Genre : Infection
Interdiction : -12 ans
Avec Marc-André Grondin, Monia Chokri, Charlotte St-Martin, Brigitte Poupart...


L'HISTOIRE : Au nord du Québec, une mystérieuse épidémie ravage les campagnes. Certains canadiens ne sont plus ce qu’ils étaient et semblent avoir été infectés par une sorte de virus les transformant en êtres cannibales. Appelés les affamés, ces derniers sont semblables à des morts-vivants et s’en prennent aux malheureux qui croisent leurs chemins. Une poignée de survivants font en sorte de leur échapper...


MON AVISAprès Saints-Martyrs-Des-Damnés (2005) ayant reçu le Prix de la Meilleure Réalisation à Fantasporto 2006 et A l’origine d’un Cri (2010), drame social plébiscité par la critique et ayant fait le tour des festivals internationaux, le réalisateur Robin Aubert revient avec un cinquième film intitulé Les Affamés.

Les Affamés peut être vu comme un film d’auteur mêlant avec pas mal de réussite aspect horrifique, puisque nous sommes purement dans le film de contamination / infection avec des personnes dévorant leurs victimes, et aspect dramatique, avec cette famille séparée, bon ami décédé, petite fille devenue orpheline et récupérée par un duo mixte de survivants, le tout saupoudré d’une bonne touche d’humour en prime.

Je parle ici de film d’auteur car Robin Aubert semble vouloir clairement se détacher de ce que l’on voit habituellement dans des films d'infection, ce dernier apportant une touche personnelle bienvenue, même si cette dernière ne plaira peut-être pas forcément à tout le monde, avec des séquences plus ou moins métaphoriques dont certaines interpellent, plus particulièrement dans la seconde partie, et font appel à votre imagination. Il n’était d’ailleurs pas rare durant le festival vosgiens d’entendre des what the fuck ? au sujet de certains passages en toute fin du film.

Film d’auteur car, comme je le disais, ici on essaye de sortir des sentiers battus à de nombreuses reprises. Exit donc la partie découverte dirons-nous (vous savez, celle où on commence à constater des symptômes chez certaines personnes et où la population commence à s’affoler pendant que les médias balancent à tout-va des flashs infos au sujet de cette épidémie grandissante...) car dans Les Affamés, le cadre post-apocalyptique est déjà en place, si on fait exception de la séquence servant d’amorce pour le titre. La contamination a en effet déjà bien commencé quand nous arrivons au Québec. Les terres sont désertiques, les personnes encore saines semblent déjà habituées à vivre dans cet univers ravagé par cette mystérieuse contamination, deux amis se racontent des petites blagues en regardant brûler un cadavre de contaminé comme si de rien n’était, une dame se promène avec sa machette, rien de plus normal, et s’arrête pour zigouiller de temps à autres un infecté...

Dans le film de Robin Aubert, nous suivons des personnages fuyant ces infectés qui parcourent la campagne, en solo ou en petits groupes, et vont se retrouver tous ensemble à un moment donné. Un scénario formé au départ de petits segments, avec des sous-histoires dirons-nous et dont les pièces du puzzle vont progressivement s’assembler, après quelques péripéties bienvenues, des rencontres inattendues, pour donner un noyau dur de survivants. Car nous le savons bien : dans ce genre de scénario, film d’auteur ou pas, l’unité est primordiale car se séparer est la meilleure solution pour se faire décimer au final.

Et même si le côté film d’auteur se ressent même dans ses spécificités les moins appréciées généralement par le Grand Public – ce rythme lent dans la narration pouvant gêner certaines personnes, avec des scènes sont parfois très longues, entre l’exploration d’une ferme et des scènes de contemplation - au moins aucun doute là-dessus : nous sommes bien loin du blockbuster américain où tout est déjà convenu à l’annonce même du résumé et c’est tant mieux ! Cependant, Les Affamés n’oublie pas les codes du genre : une morsure qui est fatale pour la victime, les longues visites de maisons abandonnées, les courses-poursuites dans les bois, cette fâcheuse habitude de se diviser dans les mauvais moments et j'en passe.  

Mais ce qui fit mouche lors de sa projection à Gérardmer chez de nombreux festivaliers interrogés sur place, c’est sans conteste ce mélange entre horreur, drame et humour. Un savant mélange bien dosé par Robin Aubert qui parvient à nous tenir en haleine du début à la fin grâce à cet aspect dramatique teinté d’humour, noir de préférence. Bien dosé disais-je car oui l’objectif ici n’est pas de tomber dans un Shaun of the Dead, Mad Zombies, Zombieland, Cockneys vs Zombies et autres comédies zombiesques mais bien de rester avant tout dans cet aspect dramatique, d’ailleurs le final viendra le confirmer.

C’est amusant de dire cela mais c’est donc avec parcimonie que Robin Aubert parvient toutefois paradoxalement à faire la part belle à l'humour tout en conservant en priorité le côté dramatique de la situation. Petites blagues de derrière les fagots distillées par un Marc-André Grondin très juste dans son interprétation, dialogues pétillants, situations quelque peu absurdes (une Brigitte Poupart qui dézingue à tout-va de l'infecté comme une acharnée, des cornichons en guise de repas quelque peu frugal...) et répliques flashs faisant mouche, comme cette scène hilarante où Marc-André Grondin part en plein discours face à une Monia Chokri qui finit par lui annoncer au bout d’un certain temps qu’elle n’a rien entendu car elle a des boules Quies.

Un casting d’ailleurs très convaincant, parvenant tantôt à nous faire rire tantôt à nous attendrir (la pauvre petite Zoé jouée par une jeune mais déjà talentueuse Charlotte St-Martin), chacun essayant de s’échapper à sa manière de ce monde ravagé (les blagues pour Bonin ou l’accordéon pour Tania comme échappatoire, pendant que d’autres préfèrent, comme Zoé, s’isoler par la pensée et l’imaginaire). Une galerie de personnages assez atypiques qui forcément donne envie : entre un pauvre gars roi de la blague, héros malgré lui et au final très attachant, des femmes fortes qui n’hésitent pas à buter tout ce qui bouge, un garçon-soldat ou encore une petite brune un brin fofolle par moments et maladroite à souhait, difficile de s’ennuyer devant le film de Robin Aubert !

Ajoutez à cela des infectés plutôt convaincants (hargneux, vifs et avides de chair fraîche), même si leur identité n’est pas vraiment dévoilé, ce qui reste probablement LE grand mystère du film. Mais qu’est-ce donc ? On les surnomme des choses tout au long du film. On pense par moment à des humains aux prises avec des extraterrestres, en raison de ces moments d’absence qu’ils ont, comme s’ils étaient en communication avec une entité, et ces étranges montagnes d’objets impossibles à confectionner à mains nues et semblables à des autels qu’ils construisent, comme pour signaler leur présence à quelque chose dans le ciel, ou encore à des zombies qui auraient gardé une part d’humanité (car ils communiquent entre eux par des cris et tendent des pièges aux gens normaux).

Et même si pas mal de meurtres sont hors-champs (manque de budget ou réelle volonté du réalisateur ? Restent les bruits de machettes, les détonations et les cris pour témoigner de toute la sauvagerie de certaines séquences), si l’on fait exception d’une bataille finale (où l’une des héroïnes interprétée par Brigitte Poupart joue les Azumi / Michonne sur un champs de bataille façon Braveheart ou Kill Bill), les maquillages et effets spéciaux sont simples mais efficaces.

Que demander de plus à ce petit film ? Peut-être quelques attaques d’infectés supplémentaires, histoire de pimenter encore un peu plus le film qui décroit un peu en rythme par moments. Mais bon, une fois de plus, n’oublions pas que nous sommes clairement face ici à un film d’auteur d’où la non-surenchère de gore, l’utilisation non abusive de clichés du genre ou encore un rythme parfois lent...

Sympa, amusant et évitant les écueils du déjà-vu, Les Affamés demeure un bon petit film d'infectés ! Le film de Robin Aubert ne répondra pas à toutes nos interrogations et Dieu seul sait combien il y en a suite au visionnage de son long-métrage (mais qui sont exactement ces êtres sanguinaires ? Comment sont-ils devenus ce qu’ils sont ? Pourquoi donc ces personnes infectées amassent-elles des tonnes d'objets pour en faire des petites montagnes? Et d’ailleurs comment s’y prennent-elles pour confectionner celles-ci ? Et pourquoi restent-elles parfois immobiles dans les champs en fixant au loin ?) Mais bon réjouissons-nous et laissons donc libre cours à notre imagination, le cinéma actuel ultra-formaté ne nous en laissant que très peu de fois l’occasion...




David MAURICE

#ALIVE (2020)

 

Titre français : #Alive
Titre original : #Saraitda
Réalisateur : Cho Il
Scénariste : Cho Il, Matt Naylor
Musique : Kim Tae-Seong
Année : 2020
Pays : Corée du Sud
Genre : Horreur, Infection
Interdiction : -16 ans
Avec : Yoo Ah-in, Park Shin-hye, Lee Hyeon-woo, Lee Shae-kyeong, Jeon Bae-soo...


L'HISTOIRE : Joon-woo s’aperçoit avec stupeur qu’une partie de la population dans les rues s’est transformée en bêtes sanguinaires, provoquant le chaos en bas de son immeuble dans lequel il décide rapidement de se réfugier. Enfermé dans son appartement, le jeune homme va devoir survivre à cette horde de personnes contaminées par une sorte de virus qui peuplent son quartier et arpentent les couloirs de son immeuble à la recherche de proies humaines. Alors qu’il vit terré dans son appartement, Joon-woo va faire la rencontre de Yoo-bin, une jeune fille habitant l’immeuble d’en face. Ensemble ils vont faire face aux attaques des contaminés qui sont de plus en plus nombreux dans le quartier...


MON AVISLong-métrage sud-coréen, #Alive fera environ 2 millions d’entrées au cinéma dans son pays d’origine, ce qui ne lui permettra malheureusement pas d’être rentabilisé et ce qui lui vaudra alors une sortie dans le reste du Monde sur la plateforme Netflix.

Les films d’infectés et de zombies (oui ce n’est pas pareil même si nous y trouvons de nombreuses similitudes…), nous en connaissons un rayon et nous continuons d’en voir fleurir un paquet chaque année avec plus ou moins de réussite. Chaque partie du globe y va de ses petites ou grosses productions et du côté de la Corée du Sud, nous ne sommes pas en reste avec notamment ce gros succès que fut Dernier train pour Busan et sa suite Peninsula, le très bon Rampant et ce fameux #Alive pour ne citer que ceux-là ces dernières années.

Lumière donc sur #Alive de Cho Il qui nous offre des ribambelles de personnes contaminées par un virus et qui vont donner du fil à retordre à nos deux protagonistes piégés dans leurs appartements respectifs. Alors que nous redoutions au départ de tomber sur un film avec comme unique contenu un jeune homme et un appartement dans lequel il vit retranché (je pense à des films comme La nuit a dévoré le monde ou Berlin undead), le film de Cho Il va heureusement s’ouvrir à d’autres environnements et à d’autres personnages, certes pas beaucoup plus mais cela casse une lenteur de narration et un ennui qui commençaient déjà à se ressentir au bout d’une grosse vingtaine de minute seulement.

L’histoire ne casse pas trois pattes à un canard et s’avère très linéaire mais les quelques petites péripéties, plus ou moins téléphonées, et les scènes d’action éparpillées dans le film permettent sans grand mal de nous faire passer un bon petit moment devant notre téléviseur. Heureusement dirons-nous car il peinait à démarrer et c’est surtout une fois passée la première demie heure que l’on décide donc de sortir enfin de cet appartement que l’on imaginait déjà être la tombe de notre protagoniste.

Le personnage de Joon-woo est plutôt bien travaillé dans la première partie du film dans laquelle on nous présente un jeune homme bien oisif préférant visiblement passer son temps sur ses jeux vidéo plutôt que de travailler ou ne serait-ce aller chercher des courses pour la famille. Après quelques moments douloureux dus à l’anxiété et à la solitude (visions et hallucinations auditives où il croit entendre ses parents se faire dévorer), Joon-woo va vouloir mettre fin à ses jours jusqu’à ce qu’il fasse la rencontre d’une autre survivante habitant dans l’immeuble d’en face qui va lui redonner goût à la vie et lui donner l’envie de se battre.
Exit le jeune homme fragilisé qui, malgré quelques élans fougueux en début de film (il avait tenu tête à un voisin contaminé en le sortant de chez lui avant de tuer ensuite un contaminé dans le couloir de son immeuble), avait sombré dans la mélancolie et la détresse : place à présent à un homme-courage prêt à se battre contre des hordes de contaminés pour aider sa copine de galère et trouver refuge loin de ces êtres sanguinaires.

A l’inverse, le personnage de Yoo-bin est relativement creux. Nous ne savons pas grand-chose d’elle mis à part qu’elle semble bien débrouillarde (elle vit seule depuis un bon moment sans jamais avoir été mordue), maline (elle confectionne des pièges avec ce qu’elle trouve autour d’elle) et combative (sa petite silhouette et son agilité dans les combats font indéniablement penser à une certaine Hit-Girl dans Kick Ass). Mais voilà, nous ne savons que peu de choses à son sujet et cette dernière semble là avant tout dans le script pour redonner du peps à notre héros et mettre en scène des séquences de bagarres et autres courses-poursuite. Bon, c’est toujours cela de pris mais un petit travail d’écriture à son sujet aurait peut-être pu être sympathique car dans ce style de film où tout semble tourner autour de 2-3 protagonistes le soin apporté aux personnages est important.

Le film n’est pas avare non plus en petites incohérences (le manque de réseau dans l’immeuble qui semble revenir une fois dehors quand on tend son portable au bout d’une perche, la facilité pour se sortir d’une horde de contaminés en pleine rue…) ou maladresses dans le scénario (cette séquence sans réel intérêt où Joon-woo et Yoo-bin cuisinent des pâtes, les trente premières minutes quelque peu soporifiques une fois passée l’introduction avec l’altercation avec le voisin contaminé…) mais ce qui fait clairement la différence avec bien des films de contaminés sur ces dernières année se trouve ailleurs, ni dans le scénario et les personnages mais bien dans l’ambiance et les infectés eux-mêmes !

Car oui, l’ambiance, une fois passées les trente premières minutes de film, est palpable. Les excursions hors de l’appartement, arpentant les couloirs de l’immeuble aux murs tachés de sang à la recherche d’un appartement ouvert, de nourriture ou tout simplement de survivants font leur petit effet, surtout que nous savons les contaminés jamais bien loin, prêts à accourir au moindre bruit.

Avec leur démarche de pantins désarticulés et leurs regards vides et vitreux, ces êtres démoniaques font froid dans le dos et il ne fait aucun doute que nous sommes face à ce qui se fait de mieux en termes de contaminés au cinéma. Rien que cela.

Capables de se renverser tels des dominos mais capables aussi de courir (certes moins vite que des zombies de L'Armée des Morts mais avec toutefois beaucoup de vivacité et d’énergie) bien que leurs mouvements demeurent quelque peu saccadés, nos contaminés s’avèrent des plus menaçants et sont suffisamment convaincants pour que nous soyons happés lors des scènes de course-poursuite dans les couloirs de l’immeuble où sont réfugiés nos deux jeunes survivants.

La technique est là et c’est indéniable : une ambiance pesante par moments, des scènes d’altercations et de course-poursuites haletantes, des contaminés saisissants et réalistes. Mais malheureusement, le scénario manque d’originalité et s’avère bien trop linéaire pour réellement marquer les esprits. Voilà ce que l’on pourrait dire de #Alive en quelques mots.




David MAURICE

28 JOURS PLUS TARD (2002)

 

Titre français : 28 Jours plus Tard
Titre original : 28 Days Later
Réalisateur : Danny Boyle
Scénariste : Alex Garland
Musique : John Murphy
Année : 2002
Pays : Angleterre
Genre : Horreur, Infection
Interdiction : -12 ans
Avec : Cilian Murphy, Naomi Harris, Christopher Eccleston, Megan Burns...


L'HISTOIRE : Londres, de nos jours. Un groupe d'activistes écologiques libère des singes contaminés par des savants qui testent sur eux un virus. Vingt-huit jours plus tard, la "Fureur" a fait des ravages, plongeant l'ensemble de la Grande-Bretagne dans le chaos. Jim, un coursier, se réveille dans l'hôpital, après plusieurs jours passés dans le coma suite à un accident de la route. Il ne sait donc pas ce qui se passe. Attaqué par des infectés, il doit son salut à Jim et Marc, qui lui apprennent les règles de survie...


MON AVISLa bande-annonce du nouveau film de Danny Boyle saute aux yeux en offrant à voir un Londres dévasté. Nous voyons un individu, arpentant des rues désertes, où les bus sont renversés et les journaux jonchent le sol. Avec 28 jours plus tard, le réalisateur de Trainspotting et de Petits meurtres entre amis, aborde de plein pied le cinéma de genre. Pour l'occasion, il retrouve le scénariste Alex Garland (La Plage).

Passé le prologue expliquant les raisons de l'extension d'un virus risquant d'aboutir à la contamination de la planète, 28 Jours plus Tard démarre là où le film Résident Evil s'achevait : la découverte d'une ville déserte dans un silence de mort. La quasi absence de la musique renforçant une impression de malaise palpable. La musique ne redémarre véritablement qu'à l'approche du danger.

L'on peut diviser le film en deux parties plus ou moins distinctes. Durant la première heure, Jim (Cilian Murphy), découvre qu'il y a peu de survivants. Et que les habitants sont devenus des contaminés, des infectés. Mainte fois comparé aux films de zombies de George A. Romero, de par sa thématique proche, il faut pourtant faire une différence. Il s'agit ici d'être humains encore vivants qui sont transformés en bêtes enragées, contaminant par l'intermédiaire de leur sang. Une peur bien moderne puisque l'allusion à certaines maladies (le SIDA) est flagrante.

Le choix d'un tournage en Dv numérique pouvait faire redouter le pire, ce type de technique n'ayant pas donné jusqu'alors des résultats concluants. Miraculeusement, cela s'avère un choix judicieux, conférant au film une touche esthétique indéniable. Que ce soit dans les rues désertes de Londres ou lors de l'escapade dans la campagne.

On constate un grand soin apporté à la psychologie des personnages. Jim se soucie ainsi de ce qu'il est advenu de ses parents. Il est donc ancré dans un monde réel. Combien de film ne se préoccupent pas de ce type de détail ? Des tas. Les relations intimes entre un père et une fille qui se retrouvent seuls, sont parfaitement restituées. Même si Séléna finira par prendre la fillette sous son aile protectrice. Une fois sortis de Londres, pour aller se mettre sous la protection de l'armée installée à Manchester, c'est là que débute la seconde partie de 28 jours plus tard. Car le petit groupe se jette dans la gueule du loup. Sans présence féminine, les soldats vont se laisser aller à leurs plus vils instincts, prêts à violer Séléna et la petite Hannah. Finalement, c'est à se demander si l'homme n'est finalement pas un danger pour lui-même autant que la maladie elle-même. La réaction de Jim est d'ailleurs brutale à l'image des militaires. Violente et bestiale.

Seul petit bémol à cette véritable oeuvre, témoignant du renouveau du cinéma de genre britannique, à l'instar de Dog Soldiers ou My Little Eye par exemple, la présence d'une fin optimiste, qui tranche avec le reste du long-métrage. Avec un budget de 10 millions de dollars, Danny Boyle livre là son film le plus abouti, et qui plus est, original.




Gérald GIACOMINI