ALONE (2015)

 

Titre français : Alone
Titre original : Don't Grow Up
Réalisateur : Thierry Poiraud
Scénariste Marie Garel Weiss
Musique Jesus Diaz, Fletcher Ventura
Année : 2015
Pays : France, Espagne
Genre : Infection
Interdiction : /
Avec Fergus Riordan, Madeleine Kelly, David Mckell, Darren Evans, Natifa Mai...


L'HISTOIRE : Un matin, six adolescents en difficulté se retrouvent seuls, sans surveillance, dans leur centre situé sur une île. D’abord heureux d’être livrés à eux-mêmes, ils vont se rendre compte, lors d’une expédition dans une station service, qu’un virus semble contaminer les habitants uniquement adultes de l’île et les rendre agressifs. Face à cette menace, nos jeunes héros vont devoir être solidaires pour survivre, pour quitter l’île et surtout pour ne pas grandir trop vite…


MON AVIS Voici donc le nouveau film de Thierry Poiraud, l’homme à qui l’on doit (avec son frère Didier) le truculent Atomik Circus sorti en 2004, et qui disparut ensuite du grand écran avant de revenir en 2014 pour tourner le deuxième segment de l’excellent Goal of the Dead sous l’impulsion de Benjamin Rocher, le réalisateur de la première partie, et du frère de ce dernier, Raphaël, producteur. C’est d’ailleurs lors de discussions sur la production de Don’t Grow Up, renommé Alone, que les frères Rocher ont décidé d’embaucher Thierry Poiraud pour réaliser une partie de Goal of the Dead en attendant qu’ils trouvent des sous pour le film qui nous intéresse aujourd’hui. En 2014, dans une interview réalisée pour Horreur.com, Benjamin Rocher affirmait que cela faisait depuis Atomik Circus qu’il avait envie de revoir un film de Thierry Poiraud. Après la seconde partie de Goal of the Dead, voici donc le vrai nouveau film personnel de Poiraud et aussi sa première réalisation en solo. Après cette introduction historique, entrons dans le vif du sujet.

Don’t Grow Up (que j’appellerai ainsi et non pas Alone car plus cohérent avec le contenu du film) est, à l’instar de Goal of the Dead, un film d’infectés. Sauf que le traitement est complètement différent. Ici, point de rigolade et de football mais six adolescents seuls dans un pensionnat sur une île perdue et on sent tout de suite que ça ne va pas être fun. Même si le premier quart d’heure du film nous montre des jeunes libérés de la pression parentale et adulte s’amusant tel Kevin McCallister dans Maman j’ai raté l’avion, ils vont rapidement déchanter en se rendant compte que la plupart de la population de l’île s’est transformé en zombie ou quelque chose d’approchant.

La première chose que l’on remarque lors de ces premières séquences, c’est le soin apporté à l’ambiance, à la photographie et aux décors. Les paysages de l’île sont somptueux, la musique est prenante et le climat lourd se fait bien ressentir. On est tout de suite imprégné de l’atmosphère avant d’être totalement perturbé lors d’une séquence choc qui va vraiment lancer le film et faire comprendre ce qu’il se passe sur l’île : seuls les enfants ne sont pas contaminés par l’étrange virus. Toute la difficulté étant de savoir quand et sous quelles conditions on arrête d’être un enfant. On se rendra compte qu’il ne s’agit pas simplement d’une question d’âge mais aussi de maturité…

A partir de là, la question devient : Comment éviter de murir (et donc de mourir) trop vite lorsque l’on est confronté à une situation dramatique ? Une question qui permet au film de tenir sur la longueur et de laisser s’interroger le spectateur sur qui sera le prochain à se transformer. En plus de cette façon subtile d’intégrer la menace au sein du groupe des six adolescents et donc de craindre pour eux, on peut ajouter que l’on s’attache aux personnages grâce à de jeunes acteurs talentueux et impliqués. Bien qu’interprété par des adolescents, le film impose une radicalité et une violence sans concession qui apporte le poids nécessaire à son propos.

Parabole sur l’adolescence et le passage à l’âge adulte, le film est d’une justesse rare appuyé par une réalisation classieuse et poétique de Thierry Poiraud, dans un décor dépaysant mêlant réalisme et imaginaire. Une belle réussite qui nous fait regretter que le film n’ait pas eu une rallonge financière.

En effet, si ce budget qu’on suppose plutôt réduit ne se voit pas techniquement tant la réalisation est réussie, il se remarque surtout au niveau d’un certain manque d’idées qu’on imagine irréalisables. Réduit à une heure et vingt minutes, le film aurait mérité d’être allongé d’une petite vingtaine de minutes afin de pouvoir y intégrer des séquences et des rebondissements en plus. A l’arrivée du générique, on quitte cette co-production franco-espagnole avec un léger goût d’inachevé.

Malgré cela, pas de quoi bouder son plaisir et profitons de tout ce que le film a à nous donner plutôt que de regretter ce qu’il n’a pas car tout ce qu’il propose, autant dans la thématique, la technique, le traitement et le casting est réussi. Même s’il a été tourné en anglais et co-produit avec nos amis espagnols, Alone (allez, je l’appelle par son nom officiel pour finir !) est une preuve supplémentaire que notre petit pays peut faire émerger des réussites dans le milieu du fantastique contrairement à ce que la rumeur populaire (et professionnelle) à tendance à dire. Alors oui, on en a peut-être qu’un ou deux par an : raison de plus pour en profiter.




Sylvain GIB

0 comments:

Enregistrer un commentaire