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BLACK DEVIL DOLL (2007)

 


L'HISTOIRE : Un homme noir, Mubia Abul-Jama, est condamné pour avoir assassiné quinze jeunes femmes blanches. Un soir, Heather teste son Ouija et finit par ramener le tueur à la vie à travers une poupée de ventriloque. Les deux protagonistes vivront une belle et heureuse histoire d'amour jusqu'au jour où la poupée réclame plus de fesses blanches et les paires de seins qui vont avec. Mais le sexe n'est pas suffisant et la marionnette retrouvera ses pulsions meurtrières pour commettre un massacre...


MON AVIS : Produit par la société Rotten Cotton, spécialisé dans la vente de T-shirt de films de genre, Black Devil Doll est le remake inavoué du film fauché des années 80 Black Devil Doll From Hell. Une relecture vulgaire et portée sur la perversion, l'absurdité volontaire et l'humour potache, les intellectuels pourront vite passer leur chemin car ici, les seuls éléments principaux du film tiennent entre une bonne paire de boobs, des Fuck à tout va et notre poupée black afro s'avérant être une véritable bête de sexe enragée.

Rien de sérieux évidemment, rien qu'à voir la présentation animée hilarante faisant un gros doigt d'honneur au comité de censure (tenu par des blancs) et le très bon générique monté à la James Bond n'ayant certes aucun rapport avec le thème du film mais annonçant la couleur en ce qui concerne l'absurdité assumée omniprésente pendant les 60 minutes (environ) du film. Inutile de vous cacher que ce métrage n'est qu'une simple curiosité à voir si on est amateur du mauvais goût et des blagues grasses sexuelles pour poivrots traînant au bistrot toute une après-midi avec leur bière à la main, leur bide sorti et une main posée sur la paire de baloches.

En termes de vulgarité, de grossièreté et d'insultes en tous genres, Black Devil Doll se place au même niveau que le slasher Gutterballs de Ryan Nicholson, de même pour l'humour bas de gamme et loufoque. La subtilité c'est trop compliqué ? Et bien pourquoi ne pas se contenter de balancer quelques nichons pour attirer l'attention du spectateur masculin ? On imagine bien la bande de vieux potes qui passent leur temps à ricaner et à grogner face à chaque plan-nichon qu'offre ce film underground aussi volontairement mauvais que Gingerdead Man 2. Même si le ridicule du film pourra en faire sourire plus d'un, sa longueur et son rythme ralenti pourront en ennuyer d'autres.

Après la présentation d'Heather Murphy et de sa grosse paire de seins alléchante, cette dernière s'adonnera au jeu du Ouija qui fera directement revivre Mubia dans une de ses poupées de ventriloque pour ensuite vivre une formidable histoire d'amour avant de passer à l'acte torride. Une des séquences de sexe avec Natasha Talonz, une blonde à forte poitrine, rappelle d'ailleurs sans hésitation une des meilleures scènes de Team America et qui montre que derrière cette poupée de petite taille se cache un étalon black queutard déboîtant tout ce qui bouge quand il veut et où il veut. Rassurez-vous, les scènes de sexe ne sont pas pornographiques mais elles sont aussi gratuites que les fabuleux monologues vulgaires, racistes et sexistes de la marionnette. Chucky pourra d'ailleurs aller se rhabiller car celui qui à la plus grosse, c'est évidemment Mubia !

Quant aux autres personnages, on ne nage pas dans l'intelligence et la construction soignée. Partie de twister, lavage de voiture en mode grosses cochonnes, comparaison de seins etc. les demoiselles en tenue (très) courte seront là pour le plus grand plaisir des hommes quel que soit le vide scénaristique qui pèse sur le film ou encore l'amateurisme inévitable des acteurs. On s'en fout, on est là pour les fesses, les gros-mots et le sang !

Totalement assumé, sans prétention, tourné dans un esprit de je-m'en-foutisme flagrant, Black Devil Doll se moque de lui-même et est à considérer comme un divertissement grossier sans réel intérêt plutôt et non comme une oeuvre innovante aux buts artistiques et tentant de devenir la nouvelle référence de poupée tueuse. Mais inutile de l'affirmer sachant que les premières minutes du film dévoilent directement sa forme grotesque et perverse de film raté.

En plus de ce lot rempli d'immaturité délirante, quelques meurtres sanglants s'enchaîneront sans vouloir être entièrement convaincants dans les effets gore. Tous les ingrédients sont minimalistes mais offrent un cocktail savoureux d'images trash débiles sans se soucier de la moindre touche de moralité.

Après quelques coups de couteau, un défonçage de crâne à la batte de baseball, un étranglement etc. la poupée black ne se privera pas non plus de violer chaque corps après leur mise à mort (que ce soit sur une femme ou sur un homme) histoire de lâcher sa purée là où il peut (en revanche les éjaculations montrées donnent l'impression d'avoir été effectuées avec un dentifrice). On n'oubliera pas non plus l'ouverture d'une porte en la faisant fondre avec un jet acide d'excréments. Bienvenu dans un monde riche en poésie, bon goût et subtilité. Dommage que ce soit le genre d'humour auquel on s'habitue vite, surtout quand le film en question dure aussi longtemps.

Black Devil Doll aurait très bien pu réduire certaines scènes de dialogues inutiles pour se concentrer uniquement sur ses débilités. Une demi-heure aurait été largement suffisante pour un concept de ce genre surtout quand derrière les grossièretés faciles de toutes formes ne cachent pas la moindre inventivité. Au moins, le réalisateur aura su comment amuser son public sans se prendre la tête et avec des idées aussi limitées que ses moyens et aura livré, au milieu de tout ces nibards, une petite poignée de séquences gore en particulier dans un final qui conclut le film en beauté avec plusieurs éclaboussures de sang. Pour finir, on se retrouve devant un film qui penche plus sur le comico-gore que l'érotico-gore bien que la nudité soit l'élément dominant.

Réalisé pour la facilité de fournir un objet filmique bête, stupide, vulgaire, provocateur, drôle et sanglant, Black Devil Doll reste une petite curiosité sans importance mais qu'on ne peut pas détester pour ses idioties osées mais amusantes.


Titre français : Black Devil Doll
Titre original : Black Devil Doll
Réalisateur : Jonathan Lewis
Scénariste Shawn Lewis, Mitch Mayes
Musique The Giallos Flame
Année : 2007 / Pays : Usa
Genre : Jouet meurtrier / Interdiction : -16 ans
Avec Heather Murphy, Natasha Talonz, Martin Boone, Erika Branich...




Nicolas BEAUDEUX

BENNY T'AIME TRÈS FORT (2019)

 

Titre français : Benny t'aime très fort
Titre original : Benny loves You
Réalisateur : Karl Holt
Scénariste : Karl Holt
Musique Karl Holt
Année : 2019
Pays : Angleterre
Genre : Jouet meurtrier
Interdiction : -12 ans
Avec Claire Cartwright, George Collie, Darren Benedict, Anthony Styles...


L'HISTOIRE Alors qu’il vivait jusque là avec ses parents, Jack se retrouve soudain seul suite à leurs décès et décide enfin de tourner la page, quitter cette vie d’éternel adolescent dans laquelle il s’était enfermé. A 36 ans, il est en effet temps de se séparer de ses vieux jouets et surtout de ses vieux doudous d’enfance, dont un certain Benny que sa mère lui avait offert étant jeune pour le protéger de ses cauchemars nocturnes. Mais, contre toute attente, ce fameux Benny va prendre vie et continuer d’aider son ami : armé d’un couteau, il va s’en prendre à tous ceux qui n’apprécient pas son grand copain Jack…


MON AVIS Après avoir réalisé en 2006 un court-métrage intitulé Eddie loves you qui mettait en scène un jouet tueur, Karl Holt décide de se lancer sept ans plus dans le long-métrage avec Benny loves you, renommé chez nous Benny t’aime très fort.

Un long-métrage qui est passé par quelques sympathiques festivals tels que Sitges, Frightfest mais également notre cher Festival de l’Alpe d’Huez en 2021. Car peut-être ne le savez-vous pas pour ce dernier mais chaque année les festivaliers sont invités à découvrir une comédie d’horreur durant ce qui est appelé la séance de minuit et cette année c’était Karl Holt qui était choisi pour amuser et faire frissonner le public. Et ce que l’on peut dire c’est que notre homme porte le film sur ses épaules : à la fois producteur, scénariste, monteur et réalisateur, ce dernier y joue également le rôle principal (Jack) et signe les effets spéciaux et la musique du film. Et quand nous voyons le résultat final, nous pouvons dire qu’il s’agit là d’un beau défi relevé. Sans être exceptionnel et dépourvu de défauts, ce dernier s’avère très plaisant à visionner comme nous allons le voir dans ces quelques paragraphes qui suivent.

Impossible de ne pas penser à des films tels que Ted, Chucky ou autres Dolls et Puppet Master quand nous regardons Benny t’aime très fort, même si nous relevons de très nombreux autres clins d’œil : Les Griffes de la Nuit, Matrix, Evil Dead, Gremlins ou encore Toy Story 3 et Maman j’ai raté l’avion. La catégorie que nous appelons chez horreur.com jouet meurtrier comporte en effet son petit lot de bonnes surprises et le film de Karl Holt ne déroge pas à la règle. Amusements et frissons au programme, voici ce que réserve ce Benny t'aime très fort. Avec ses personnages un brin décalés pour la plupart, son personnage principal qui se donne enfin une vie d’adulte à 36 ans et bien évidemment notre cher Benny, nous n’avons pas le temps de nous ennuyer devant ce petit film au rythme de bonne facture et à l’humour bien présent et faisant très souvent mouche.

Du côté des personnages, comment ne pas s’amuser devant ce duo de policiers totalement barré qui semblent bien plus intéressés par les petits gâteaux crémeux au fond du meuble mural de la cuisine de Jack que par ce qui motive chacune de leurs visites. Des représentants des forces de l’ordre aux dialogues bêtes au possible mais tellement savoureux que nous ne pouvons nous empêcher de sourire à la moindre de leur apparition, certains que nous allons de nouveau avoir droit à de petits moments de débilité bienvenus. Mais ce n’est pas tout bien évidemment, à ces deux personnages décalés vous pourrez rajouter un banquier aussi tordu que profiteur, un collègue totalement perché et fan incontesté de Prince qui saura également bien vous faire marrer avec ses mimiques, ou encore un patron peu sympathique mais amoureux fou de son chien (forcément il va lui arriver quelque chose, on le devine aisément, à la manière d’un Mary à tout prix mais à la sauce gore) et quelque peu gaga quand il se retrouve avec ses filles.

Face à tous ces personnages hauts en couleur, nous retrouvons ce cher Jack, en proie à toutes ces personnes qui lui mènent la vie dure. Un banquier qui le ruine, un patron qui le rétrograde et un collègue qui s’avère être un concurrent déloyal : il en faut peu pour Benny qui s’est donné pour mission d’aider son ami et donc de se débarrasser de toutes ces menaces. Et même si cela facilitait la vie de Jack au départ, cette accumulation de cadavres va commencer à être un sacré problème pour notre malheureux éternel ado en pleine reconversion qui va devoir à présent affronter des policiers qui lui tournent de plus en plus autour tout en cachant la cruelle vérité à cette belle femme qui lui fait de l’œil depuis quelques temps. Le problème est qu’outre le fait d’aider son ami en dézinguant ses ennemis, Benny veut également retrouver sa place de numéro 1 dans le cœur de Jack, lui qui avait été jeté à la poubelle en début de long-métrage. Et le voilà donc, comme nous pouvions nous y attendre alors, en compétition avec cette belle collègue de travail qui tourne autour de son meilleur ami…

Comment parler de Benny t’aime très fort sans dire un mot de notre star du film ? Avec ses gros yeux ronds donnant un air d’ahuri, Benny a tout de la peluche sympathique et rigolote à la fois. Sa façon de déambuler (des effets spéciaux quelque peu loupés mais cela donne un ton comique bienvenu), ses tadaaaam après chaque meurtre perpétré ou encore ses sauts à répétition façon ninja amusent beaucoup la galerie quand ce dernier ne décide pas de faire gicler l’hémoglobine sur la caméra. Car oui, derrière cette image juvénile et sympathique que dégage Benny se cache un véritable tueur sans pitié ! Coups de couteau en pagaille, éviscérations, décapitation, empalement avec le piquet du panneau Maison à vendre, égorgements, veines tailladées… Notre ami-peluche ne fait pas dans la dentelle, massacre humains comme animaux et nous offrira même une tuerie de masse assez jubilatoire il faut l’avouer. Dans les meilleurs moments du film, je retiens notamment cette scène dans laquelle Jack découvre toutes ses peluches tuées, Benny les ayant décapitées ou simplement abîmées tout en les aspergeant de spaghettis à la bolognaise pour donner l’impression de viscères et autres abats extirpés ! Sans oublier un de ses jouets préférés qui finit dans l’eau bouillante…

Alors oui, nous pourrions reprocher pas mal de petites chose à Benny t’aime très fort, à commencer par quelques effets spéciaux fort moyens, budget oblige. Certains effets numériques sont moins bons que d’autres, comme lors de cette bagarre entre Benny et un robot qui s’avère un brin trop longue. D’ailleurs le final vire un peu trop au grand n’importe quoi alors que l’humour était mieux distillé jusque là.  Le petit côté Maman j’ai raté l’avion,,avec confection des pièges contre Benny est un peu le truc de trop également qui pourra déplaire à certains. Mais n’allons pas bouder notre plaisir, les défauts sont toutefois mineurs et ne gênent en rien la bonne lecture du film et surtout le plaisir procuré quand nous le visionnons.

Alors oui, Benny t’aime très fort sera probablement oublié dans quelques mois / années mais nous avons vu là un film au capital sympathie indéniable. Drôle, gore et dynamique, le film de Karl Holt est une belle prouesse pour cet homme qui a presque tout fait sur son long-métrage. Un film que je recommande sans grande hésitation. Ah oui, restez jusqu’au bout du générique de fin pour découvrir ce qu’est devenu un personnage dont nous avions perdu la trace pendant le film...




David MAURICE

ANNABELLE 2 - LA CRÉATION DU MAL (2017)

 

Titre français : Annabelle 2 - la Création du Mal
Titre original : Annabelle : Création
Réalisateur : David F. Sandberg
Scénariste : Gary Dauberman
Musique : Benjamin Wallfisch
Année : 2017
Pays : Usa
Genre : jouet meurtrier, diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Anthony LaPaglia, Samara Lee, Miranda Otto, Talitha Eliana Bateman...


L'HISTOIRE : Encore traumatisés par la mort tragique de leur petite fille, un fabricant de poupées et sa femme recueillent une bonne sœur et les toutes jeunes pensionnaires d'un orphelinat dévasté. Mais ce petit monde est bientôt la cible d'Annabelle, créature du fabricant possédée par un démon…


MON AVISRéalisateur remarqué avec son premier film Dans le Noir en 2016, David F. Sandberg s'est montré des plus courageux avec son second long métrage puisqu'il a accepté le défi de faire une suite à Annabelle, film que je n'ai pas vu mais qui s'est fait littéralement démonter et conspuer par la sphère des cinéphiles experts en frissons, qui avait pourtant acclamés Conjuring - les Dossiers Warren, dont Annabelle est un spin-off. Etant donné qu'Annabelle 2 se déroule avant Annabelle, je me suis rendu au ciné sans avoir vu ce dernier, ce qui ne devait pas posé de souci de compréhension. Ce fut le cas. Qu'en est-il du film lui-même ? 

Quand vous avez commencé à visionner des films d'horreurs depuis 1986, ce qui est donc mon cas, il n'est plus facile d'être surpris ou d’éprouver quelques doux frissons vu que les recettes pour faire peur, je les connais sur le bout des doigts. Annabelle 2 ne m'a donc pas fait peur, ce qui n'est pas le cas de la majorité des spectateurs présents hier dans la salle, dont une copine, Carole Caron pour la nommer, qui a fait deux ou trois bonds sur son fauteuil ! L'ambiance a bien fonctionné sur elle, ce qui n'était pas gagné au départ, les bouffeurs de pop-corn (qu'il faudrait interdire durant le film !) n'aidant pas à y entrer, dans l'ambiance justement !

Si j'ai trouvé les jump-scares assez téléphonés et prévisibles, il n'en reste que j'ai bien apprécié le film dans son ensemble et que je comprends parfaitement qu'il puisse foutre la pétoche à une large majorité du public. Il faut dire que David F. Sandberg connaît bien ses classiques et qu'il maîtrise totalement les ficelles pour faire peur. Annabelle 2 puise son inspiration dans des thématiques classiques et parfaitement huilées pour que ça fonctionne : une pincée de Ring avec la présence du puits, une pincée de L'Orphelinat pour son décor aux multiples portes et cloisons amovibles, une pincée de films de possession, une pincée de films à base de démons auxquelles s'ajoute tous les codes du film de maisons hantées (portes qui claquent, meubles qui bougent, lumières qui s'allument ou s'éteignent toutes seules, ombre maléfique etc). Secouez le tout, rajoutez une partition musicale puissante et stressante qui n'hésite pas à forcer le trait, voire même à se montrer un peu trop envahissante (composée par Benjamin Wallfisch), une bonne poignée de jump-scares comme précédemment évoqué et vous obtiendrez au final un film de trouille plutôt efficace et qui fait le job.

Bien sûr, ce n'est pas l'originalité qui prône ici, on peut même dire qu'on nage dans le classicisme absolu, mais on ne peut nier le savoir-faire du réalisateur et de son équipe, tout comme on sera assez épaté par le casting et notamment les deux petites héroïnes du film : Talitha Eliana Bateman et Lulu Wilson. La mise en scène se révèle de plus vraiment bonne, tout comme la photographie. On sent que le film n'a pas été fait à la va-vite et qu'il a bénéficié d'un soin particulier. L'histoire est des plus correctes et nous donne l'explication sur les événements ayant amenés cette poupée à devenir l'incarnation du Mal. La scène d'introduction est assez admirable et nous rappellera l'une des séquences phares du film de Mary Lambert : Simetierre.

Si le final verse un peu dans l'aspect théâtral, l'ultime séquence a l'intelligence de faire le lien avec Annabelle premier du nom d'après ce qu'on m'a dit et vous savez quoi, eh bien ça m'a donné envie de le voir malgré les avis plus que mitigés. Défi réussi pour David F. Sandberg en ce qui me concerne. Annabelle 2 est un bon film d'épouvante et on voit bien que tout a été mis en oeuvre pour faire flipper le spectateur. Sans chercher à renouveler le genre ou à s'affranchir des codes balisés, Annabelle 2 s'en sert de bien belle manière et tire son épingle du jeu grâce à son approche respectueuse du genre.




Stéphane ERBISTI

ANNABELLE (2014)

 

Titre français : Annabelle
Titre original : Annabelle
Réalisateur : John. R Leonetti
Scénariste : Gary Dauberman
Musique : Joseph Bishara
Année : 2014
Pays : Usa
Genre : jouet meurtrier, diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec : Annabelle Wallis, Ward Horton, Tony Amendola, Alfre Woodward...


L'HISTOIRE : John Form vient de trouver pour sa femme, Mia, un cadeau plutôt original : une poupée ancienne, très rare. Enceinte, Mia, est aux anges. Ce bonheur va être écourté par le massacre de leurs voisins par une secte, qui s'en prend à eux. Ce que Mia et John ignorent alors, c'est qu'ils vont aller au-delà du simple fait divers, ils vont donner vie à la poupée...


MON AVISSuite au succès mérité de Conjuring - Les Dossiers Warren, l'un des rares films vraiment flippant de ces dernières décennies, il était tentant de rentabiliser le filon. Alors qu'on s'attendait à un Conjuring 2, c'est sur une autre enquête du couple Warren (qui ne revient pas dans ce spin-off!) que les producteurs mettent l'accent, la poupée Annabelle. Alors que le rendu de cette dernière était particulièrement flippant dans le film de James Wan, il est étrange que dans le film qui lui est consacrée, elle n'arrive à aucun moment à mettre la trouille méritée. On est bien loin du clone de Chucky tel qu'il a été vendu.

Plutôt que d'insister sur le thème de la poupée possédée, le film de John R. Leonetti (réalisateur de Mortal Kombat, destruction finale et de L'effet papillon 2) plonge en pleine démonologie, mais avec une rare finesse, enfilant les lieux communs du genre, jusqu'à nous asphyxier de morale chrétienne bien pensante.

Pourtant, la reconstitution de l'ambiance du début des années 70 démarrait plutôt bien avec cette famille typique de la middle-class dans une atmosphère plus décontractée que la décennie précédente, avec la montée des mouvements hippies. Il y plane aussi l'ombre de Rosemary's Baby, ne serait-ce que le fait que l'héroïne (Annabelle Wallis vu dans la série Les Tudors) y soit montrée enceinte. Mais sans la subtilité inquiétante qui émanait du chef d'œuvre de Roman Polanski

Préférant avoir recours aux criailleries incessantes, Leonetti confond immanquablement la peur avec le gros bruit et apparitions de démons. Des effets tellement mal amenés qu'on ne pourra s'empêcher d'esquisser de larges sourires. A l'exception d'un court passage angoissant en sous-sol, on ne compte pas les effets ratés et les jump scares inutiles.

A cela s'ajoute une réalisation à la ramasse et un manque de style, se contentant de poser la caméra au lieu de distiller la peur sourde. On a droit à des gros plans sur Mia en train de coudre (un suspense palpitant), tout cela pour nous amener à rien, car ce n'est jamais explicité dans le scénario : pourquoi la poupée se trouverait possédée ? En plus on ne la voit jamais bouger.

Avec sa tête de DTV, Annabelle a de la chance de connaître les joies d'une sortie en salles. On ne pourra pas dire que c'était un film extrêmement attendu mais le résultat est clairement indigne de son sujet, absolument sous-traité car la poupée est souvent mise de côté au profit d'apparitions démoniaques, et beaucoup de sceptiques de la foi chrétienne (dont votre aimable serviteur) risquent de sourire ou d'hocher la tête devant autant de naïveté. On sentait poindre le risque dans la dernière partie de Conjuring mais là, le scénario fonce tête baissée dans la morale chrétienne très premier degré. Peut-être que trop occupé sur son Fast and Furious 7, James Wan n'a pas assez surveillé ce qui se passait...




Gérald GIACOMINI