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BENNY'S VIDEO (1992)

 

Titre français : Benny's Video
Titre original : Benny's Video
Réalisateur : Michael Haneke
Scénariste : Michael Haneke
Musique Johann Sebastian Bach
Année : 1992
Pays : Autriche, Suisse
Genre : Insolite
Interdiction : -16 ans
Avec Arno Frisch, Angela Winkler, Ulrich Mühe, Ingrid Stassner, Stéphanie Brehme...


L'HISTOIRE : Benny n'est pas un adolescent comme tous les autres. Il est beaucoup plus renfermé, faute d'avoir eu des parents présents. Il se passionne alors pour la vidéo, comblant ainsi ce manque d'affection. Mais parfois la réalité et la fiction se confondent. Certains ados ne sont pas aptes à gérer et finissent par ne plus du tout voir la différence. Benny sera victime de cela, et se verra commettre l'irréparable…


MON AVISBenny's Video ? Quel est ce déroulé d'images dénuées de sentiments et d'émotions ? Et bien, voici encore un film signé de notre mythique Michael Haneke et la mise en image de son talent à nous envoyer dans le monde saugrenu de la violence gratuite est encore bien présent ici ! Précédent Funny Games, voici une autre expérience mise en place par ce réalisateur n'ayant pas peur des tabous !

L'histoire de Benny's Video, me dira t-on n'a pas de grands rapports avec celle de Funny Games si ce n'est le meurtre commun filmé sans que le moindre sentiment humain ne crève l'écran. Notre homme est connu pour cela, alors pourquoi arrêter lorsqu'il le fait si bien ? Cela peut en déranger plus d'un et c'est là toute la force de ses films…

Ici, ce n'est pas la violence entre adulte mais la violence d'un enfant. Qu'est-ce qu'il y a de plus cruelle que l'innocence d'un enfant aimant expérimenter et découvrir la vie, lorsque celui-ci dépasse les limites ?

Haneke nous conte donc l'histoire d'un adolescent atypique, effacé et pétant un câble dans un calme froid à vous glacer le sang ! Le personnage de Ricky Fitts dans American Beauty nous fait furieusement penser à Benny mais bien sûr en beaucoup moins cruel et dérangeant. Cloîtré dans une chambre à l'aspect froid, exigu, coupée de toute lumière si ce n'est celle de son matériel vidéo, Benny mène une vie tranquille dans un monde mêlant réalité et fiction.

Arrive alors le petit détail qui va tout faire dégénérer : il tombe amoureux d'une jeune fille, mais va la tuer de manière glaciale. Il continue ensuite tranquillement sa petite vie de cinéaste amateur totalement siphonné. Et qui ramasse les pots cassés ? Les parents. Sûrement par culpabilité, le père tente d'effacer ce drame par n'importe quel moyen en envoyant sa femme et son fils loin, pour effacer toutes preuves afin de sauver la peau de celui-ci.

Haneke filme avec une teinte principalement bleutée et foncée dans l'appartement pour renforcer le côté froid des scènes et des dialogues, ceux-ci étant courts, expéditifs et totalement inexistants parfois. Il commence son film par le visionnage de l'abattage d'un cochon, lui-même filmé par notre adolescent. Il regarde, rembobine, et regarde de nouveau au ralenti cette scène. Les cris de l'animal deviennent ainsi beaucoup plus atroces qu'au naturel. L'image se brouille, et Benny's Video s'inscrit en lettres rouges. Nous sommes de suite mis en condition. Ce film sera dur à supporter psychologiquement. Nous jonglons donc entre la vie de l'ado et ses vidéos. Une vie d'ado apparemment normale et pourtant quelque chose cloche. Il prend un malin plaisir à déranger. Et sa pauvre victime subira une mort lente et atroce. Abattue comme un animal. Filmée jusqu'au bout.

Nous vivons le meurtre à travers la fameuse caméra de Benny. L'agonie de la jeune fille se traînant sur le sol, puis plus rien, seulement ses cris de douleur. Puis le silence. Un silence pesant mais libérateur de ces cris de souffrance. Et après ? Benny continue sa petite vie comme si cela n'avait été qu'un de ses petits films. Son deuxième personnage se libère, et nous connaissons le vrai Benny : un dérangé. Il se met nu et se caresse avec un peu de sang et bien sûr, toujours en filmant. Il change radicalement d'attitude, se rebelle, se sent comme maître de la situation, de tout. Nous étions en face d'un adolescent renfermé au début, nous sommes maintenant en face d'un ado rebelle, impassible et bien plus malin qu'avant. Il a plus d'un tour dans son sac !

Avec une fin inattendue, Haneke nous signe un film froid, implacable, malsain et glauque à souhait. Bref, un film à voir absolument si l'on aime le travail psychologique sur la violence gratuite qui, ma foi, est bien plus cruel et dérangeant qu'une tonne d'hémoglobine ! A ne pas laisser entre n'importe quelle main tout de même…




Stéphanie AVELINE

LES ANGES DE LA MORT (2009)

 

Titre français : Les Anges de la Mort
Titre original : Les Anges de la Mort
Réalisateur : Joël Pfister
Scénariste : Joël Pfister, Adrien Schopfer, Loïc Valceschini
Musique : Xurxo-Adrián Entenza
Année : 2009
Pays : Suisse
Genre : Vampire, Court-métrage
Interdiction : /
Avec : Maryke Oosterhoff, Camille Goy, Sibylle Thévenaz, MC Casal...


L'HISTOIRE : Sous un paysage automnal, une femme en assassine une autre. Mais ce meurtre semble cacher de bien étranges motivations...


MON AVISLes Anges de la Mort, une féerie morbideC'est avec ce titre et ce sous-titre présents sur l'affiche que nous faisons connaissance avec le premier court-métrage réalisé par le Suisse Joel Pfister. Un court d'une durée de 4 minutes et 32 secondes, réalisé dans le cadre d'un concours de court-métrage, celui de la 3ème édition du Festival de Courgemétrage. Le court est en noir et blanc, et ne contient aucun dialogue. Seule une musique viendra accompagner les images.

Première constatation, le noir et blanc est tout simplement somptueux. La luminosité, le contraste, tout est parfait et les images ont vraiment un superbe rendu.

Le court démarre de manière assez abrupte, par les images d'une femme vêtue de blanc, armant un pistolet et abattant froidement une femme vêtue de noir. Le coup de feu provoque le départ d'une musique assez criarde, relevant le caractère glacial de ce crime. Quelles sont donc les motivations d'un tel acte ? Un zoom arrière nous fait découvrir le corps sans vie de cette femme, bientôt entouré de plusieurs autres femmes qui se ruent d'un coup sur elle pour la dévorer et boire son sang. Une introduction efficace, rapide et concise, qui atteint son but : donner de l'intérêt aux images et nous donner envie d'en savoir plus.

La suite du court marquera clairement ses références. Le décor de l'Eglise collégial de Neuchâtel, avec ses ruines, ses vieilles pierres, ainsi que les ravissantes demoiselles habillées entièrement de blanc ou de noir qui vont parcourir ce décor, font baigner Les Anges de la Mort dans une atmosphère poético-gothique que n'aurait pas renié le Jean Rollin de La Rose de Fer ou Le Viol du Vampire par exemple.

Bien que jamais clairement signifié (on ne voit quasiment jamais les dents de ces étranges jeunes femmes filmés en gros plan, même si elles ont bien des canines proéminentes, comme nous le montre des photos de plateaux...), le thème du vampirisme semble bien présent dans Les Anges de la Mort. La féerie morbide est effectivement au rendez-vous, la plupart des images étant accompagné par une très jolie partition musicale jouée au piano, ce qui renforce le côté gothique et triste de l'œuvre. Certains plans sont très réussis, comme celui où une jolie brune est accroupie en haut d'un muret et semble attendre sa prochaine proie, ou la séquence montrant une femme assise sur un banc lisant ce qui semble être une lettre d'adieu et d'où on aperçoit derrière elle les autres femmes vampires.

Les actrices incarnant ces dernières sont charmantes, notamment Sibylle Thevenaz, la jolie blondinette qui commet le second crime, et leurs prestations, leurs poses, leurs garde-robes, donnent vraiment une Jean Rollin's Touch au court-métrage. Le final du court est très intéressant, astucieux et donne un petit côté humour noir bienvenue.

Je ne sais pas si Joel Pfister a été limité niveau durée du court dans le cadre du concours. En tout cas, j'aurai vraiment aimé pour ma part qu'il dure beaucoup plus longtemps pour en apprendre plus sur ces demoiselles avides de sang mais qui possèdent quand même un côté fleur bleue malgré les actes qu'elles commettent. Un très joli conte macabre pour ma part, dont le seul défaut est sa courte durée.


Stéphane ERBISTI