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BLANCHE NEIGE ET LE CHASSEUR (2012)



L'HISTOIRE : Dans une réécriture du conte des frères Grimm, le chasseur supposé tuer Blanche Neige dans les bois devient son protecteur et son mentor afin de monter une armée pour reconquérir le royaume, et libérer le peuple du joug de l'impitoyable Reine Ravenna...


MON AVIS : L’année 2012 voit apparaître au cinéma deux films narrant les aventures de Blanche Neige, tirés tous deux du célèbre conte des frères Grimm. Alors que le premier, mettant en scène Julia Roberts, est destiné à un public plutôt jeune, le second est quant à lui bien plus sombre et s’apparente bien plus à un film d’heroïc-fantasy.

Réalisé par un certain Rupert Sanders, qui jusqu’alors n’a travaillé que dans la publicité audiovisuelle, ce second film intitulé Blanche-Neige et le Chasseur a fait un joli score au box-office américain et siège fièrement à la seconde place du box-office français en cette fin de juin 2012, derrière un certain Madagascar 3, bons baisers d’Europe. Fort d’une bande-annonce énergique, rappelant entre autres la saga culte de Peter Jackson Le Seigneur des Anneaux, ce premier film de Rupert Sanders ne passe pas inaperçu et fait rapidement oublier le premier film mettant en scène la belle Blanche Neige en cette année 2012. Mais qu’en est-il réellement de cette nouvelle adaptation du conte des frères Grimm ?

Comme dit avant, cette nouvelle version du conte de Blanche Neige est assez sombre, bien plus proche d’un Seigneur des Anneaux que du dessin animé de Disney. Mélange d’heroïc fantasy et de film épique, Blanche-Neige et le Chasseur nous gratifie donc de jolis monstres, certes très rares mais bien modélisés (un Troll un poil énervé, des monstres ailés dans une forêt des plus menaçantes, des guerriers sombres venus des Enfers…), mais également de scènes de bataille, de siège de château…

Mais, alors que la bande-annonce pouvait laisser espérer un rythme des plus haletants, il s’avère que le film de Rupert Sanders en manque cruellement par moments. Les scènes dites spectaculaires demeurent en effet peu nombreuses et sont séparées par des séquences de dialogues un brin trop longues, même si l’on demeure très loin du désastreux et soporifique épisode de La Boussole d’Or avec Nicole Kidman. Par ailleurs, on reprochera aux scènes d’action de pas être assez étoffées, notamment les scènes de batailles qui sont bien communes et dont le manque de créativité fait que le long-métrage critiqué ici souffre immanquablement de la comparaison avec des films épiques bien meilleurs sortis antérieurement. Un manque d’originalité qui lasse par moments le spectateur parfois trop (très) habitué à ce genre de cinéma.

Ne boudons cependant pas notre plaisir devant cette sympathique aventure, certes simple mais reprenant avec quelques touches fantastiques (un Troll terrifiant et des êtres imaginaires de toutes tailles), humoristiques (les nains à la retraite) et sentimentales (le lien qui se crée entre le chasseur et Blanche Neige) le conte des frères Grimm. Certes, le conte original est fortement remanié ici mais les idées de base demeurent encore présentes tout au long du film, même si ces dernières n’ont pas forcément les mêmes finalités. On appréciera par contre que le film de Rupert Sanders ne tombe pas trop rapidement dans la facilité, notamment en ce qui concerne le fameux baiser entre Blanche Neige et son prince charmant que beaucoup attendent forcément.

Notons également que le casting n’est pas en reste et s’avère être de très bonne facture. Et pour donner vie à son aventure épique et fantastique, Rupert Sanders et son équipe engagent des têtes biens connues du cinéma contemporain avec notamment la très jolie Kristen Stewart (découverte dans Panic Room où elle donnait la réplique à Jodie Foster, et vue ensuite dans la saga Twilight où elle campe le rôle de la petite amie de Robert Pattinson) dans le rôle de Blanche Neige ou encore le beau gosse Chris Hemsworth (le fameux Thor au cinéma) dans la peau du chasseur. Il est d'ailleurs intéressant de voir comment le personnage du chasseur est mis en valeur dans le film de Rupert Sanders. N’oublions pas évidemment celle qui clôture le trio d’acteurs principaux : Charlize Theron, qui joue ici le rôle de la sorcière Ravenna, un personnage qui lui va comme un gant.

Il est  amusant de voir comment les personnages ont évolué entre le conte des frères Grimm et le film de Rupert Sanders. Outre des nains sans emploi depuis le règne de la sorcière et un chasseur bel homme ne laissant pas de marbre notre héroïne, l’exemple le plus flagrant est sans conteste celui de Blanche Neige. Passée du statut de jeune et jolie princesse fragile à celui de femme guerrière prête à tout pour sauver son peuple et venger la mort de son père (une scène où elle sort de la forteresse du Duc à cheval avec derrière elle toute une armée de cavaliers fait étrangement penser à Jeanne d’Arc), Blanche Neige s’avère être une redoutable combattante, n’hésitant pas à partir au front et à affronter la magie de la sorcière.

Qui dit heroïc fantasy dit également magie, fantastique, monstres, etc. Et le pari est en parti réussi. En effet, malgré un bestiaire assez maigre au final et des scènes de grand spectacle peu étoffées, on peut saluer l’effort de l’équipe du film pour nous donner quelques monstres sympathiques à l’écran, des transformations faciales très réussies (vieillissement, rajeunissement de la peau, métamorphose de la sorcière) ainsi que des décors variés (forteresse, forêt obscure…), plaisants et parfois fourmillant de petits détails appréciables, à l'image du sanctuaire, alias le domaine des fées, où vivent nombreux animaux et êtres imaginaires. Les musiques quant à elles collent parfaitement à chaque endroit que nous découvrons au fur et à mesure que l’aventure avance.

Au final, Blanche Neige et le chasseur est une adaptation du conte des frères Grimm à l’allure d’heroïc fantasy, sombre dans son approche et remaniée à de nombreux niveaux. Certes simple et peu original dans ses scènes d’action, le film de Rupert Sanders s’avère toutefois plaisant à regarder. Simple mais agréable dirons-nous !


Titre français : Blanche Neige et le Chasseur
Titre original : Snow White and the Huntsman
Réalisateur : Rupert Sanders
Scénariste : Evan Daugherty, John Lee Hancock, Hossein Amini
Musique : James Newton Howard
Année : 2012 / Pays : Usa, Angleterre
Genre : conte fantastique, heroic fantasy / Interdiction : /
Avec Kristen Stewart, Chris Hemsworth, Charlize Theron, Sam Claflin, Ian McShane...




David MAURICE

BLANCHE NEIGE (2012)

 


L'HISTOIRE : Lorsque son père, le Roi, meurt, Blanche Neige est en danger. Sa belle-mère, cruelle et avide de pouvoir, l’évince pour s’emparer du trône. Quand la jeune femme attire malgré tout l’attention d’un Prince aussi puissant que séduisant, l’horrible marâtre ne lui laisse aucune chance et la bannit. Blanche Neige se réfugie alors dans la forêt… Recueillie par une bande de nains hors-la-loi au grand cœur, Blanche Neige va trouver la force de sauver son royaume des griffes de la méchante Reine. Avec l’aide de ses nouveaux amis, elle est décidée à passer à l’action pour reconquérir sa place et le cœur du Prince…


MON AVIS : Du Blanche Neige et les Sept Nains de Disney au futur «Blanche Neige et le Chasseur, en passant par Blanche Neige - le plus horrible des contes, on ne compte plus les adaptations de l’histoire popularisée par les frères Grimm. Aussi, avec ce Blanche Neige de Tarsem Singh, on peut légitimement se demander s’il y a encore quelque chose à tirer de cet univers que tout le monde connaît. La présence derrière la caméra du réalisateur indien intrigue néanmoins, apportant notamment l’espoir d’un visuel très travaillé après The Cell, The Fall et Les Immortels.

Dès les premières minutes et une sublime scène d’introduction, cette attente est pleinement comblée. Les images sont magnifiques, les décors fabuleux et les costumes seront particulièrement soignés pendant tout le film. Mais ce qui marque surtout, c’est l’aspect gentiment parodique de l’introduction, racontée par la Reine elle-même avec un certain sens du cynisme et du bon sens, critiquant le nom de Blanche Neige, s’étonnant du fait que la population ne fasse que chanter et danser (ne travaillent-ils donc jamais ?) et soulignant à de nombreuses reprises sa grande beauté. Tarsem s’amusera d’ailleurs avec les clichés largement répandus par l’oeuvre de Disney, n’hésitant pas à présenter le Prince comme arrogant et les nains (répondant aux noms très classes de Crado, Glouton, Demi-Pinte, Napoléon, Boucher, l’Instit’ et Loup) comme des voleurs. Même Blanche Neige, si elle ne perd pas totalement cette espèce d’ingénuité agaçante, se transformera peu à peu en guerrière.

Malheureusement, si la mise en place du récit et de ces écarts est plutôt agréable, le film va peu à peu revenir à une formule plus classique, au gentil conte bien propre à l’humour souvent puéril. On pardonnera ainsi difficilement ces passages où Armie Hammer (The Social Network) se comporte comme un chien, ou le comportement général de Brighton, le serviteur de la reine interprété par Nathan Lane. Tarsem Singh enveloppe peu à peu son film sous une lourde nappe d’eau de rose dans laquelle Julia Roberts voit son personnage rapidement relégué au rôle de reine un peu folle mais rigolote, loin de l’image menaçante qu’elle donnait au début du récit.

Aussi ce Blanche Neige peine-t-il vraiment à convaincre sur la durée, malgré une première partie plutôt réussie, notamment grâce à une Julia Roberts parfaite dans son rôle de Reine garce. Hélas, le film se vautre dans une seconde partie clairement destiné à un public d’adolescente, entre romance niaise et humour navrant, qui atteint son sommet dans l’immonde bouillie sonore et visuelle faisant office de générique de fin.


Titre français : Blanche Neige
Titre original : Mirror, Mirror
Réalisateur : Tarsem Singh
Scénariste : Marc Klein, Jason Keller
Musique : Alan Menken
Année : 2012 / Pays : Usa
Genre : Conte fantastique / Interdiction : /
Avec Lily Collins, Julia Roberts, Armie Hammer, Nathan Lane, Mare Winningham, 
Michael Lerner, Sean Bean...




Steeve RAOULT

BLAIR WITCH (2016)

 


L'HISTOIRE : James, petit frère d’une des disparues du Projet Blair Witch, croit reconnaître sur une vidéo Youtube, sa sœur. Pour en avoir le cœur net, il se rend avec quelques ami(e)s, à la rencontre des personnes qui ont posté la vidéo sur le site. Une fois arrivé là bas, tout ce petit groupe va se rendre dans la forêt de Blair afin d’essayer de retrouver la demoiselle. Bien sûr, la sorcière ne va pas les laisser camper sans leur jouer quelques mauvais tours...


MON AVIS : Voici donc la suite du fameux Le Projet Blair Witch, film précurseur de la mode du found-footage et qui fit sensation lors de sa sortie sur les écrans en 1999. A l’époque, le film avait surpris par sa réalisation aux caméscopes, en vue subjective et par une campagne de promotion très bien manigancée qui vendait le film comme un montage de réelles vidéos retrouvées. Aujourd’hui, pour cette suite faisant abstraction du deuxième volet officiel à savoir Blair Witch - Le Livre des Ombres, difficile de faire croire au moindre quidam qu’il s’agit de vraies bandes et à recréer l’effet d’annonce du premier volet mais les producteurs ont tout de même eu l’idée d’un nouveau coup marketing, certes moins spectaculaire, en annonçant le vrai titre, à savoir Blair Witch, à seulement quelques jours des premières projections. Avant cela, le métrage que l’on savait réalisé par Adam Wingard portait le nom de code The Woods. Cette petite anecdote passée, venons-en au film qui se veut donc une suite directe du Projet Blair Witch et qui narre l’histoire de James, frère d’une disparue du premier film, qui part avec quelques amis à la recherche de sa sœur suite à un indice trouvé sur une vidéo youtube. On comprend aisément avec ce speech qu’Adam Wingard semble vouloir mixer les anciens éléments et recettes à l’ancienne avec la nouvelle technologie. Ce sera effectivement le cas puisque, bien que réalisé entièrement en found footage comme à la grande époque, cette fois, au revoir caméra DV et bonjour nouvelles technologies, GPS et autres drones.

Dans sa première partie, le film tente de coller à ce qui faisait le succès de l’original. Les scènes des préparatifs pour le départ, les questionnements de chacun des protagonistes, la recherche du lieu, la rencontre avec les autochtones locaux, l’arrivée dans la forêt, tout y passe et ce n’est pas forcément glorieux. Pas navrant non plus mais très classique et peu passionnant. Ce qui est plus navrant est ce qu’il va se passer une fois l’apparition des premiers signes avertissant de la présence de la sorcière. On passera sur les farandoles de cailloux et de grigris en bois qui ne gênent pas outre mesure et qui font partis du folklore blairwitchien mais on pestera sur l’utilisation outrancière de jump scares ridicules et surtout identiques. A de multiples reprises, un des personnages va arriver et en surprendre un autre occasionnant un bruitage fracassant inutile et surtout malvenu dans un found footage. A côté de ça, pas une once d’angoisse ou de frayeur. Passé plus de la moitié du film, il faut bien avouer que ça commence à craindre !

Puis, après ces moments pénibles, le petit miracle se produit. Rien de dingue mais des séquences beaucoup mieux emballées et des vrais moments d’angoisse. A partir de l’instant où la sorcière commence à manifester ses pouvoirs de manière frontale, Wingard retrouve ses capacités d’antan. Celui que l’on a connu redoutablement efficace avec You’re Next ou des segments de V/H/S, se lâche et, comme libéré d’un fardeau de mise en place et de respect de l’œuvre de Sanchez et Myrick, exprime son cinéma : pas fin mais jouissif et prenant. C’est ainsi qu’il emballe et enchaîne des séquences tantôt malsaines, tantôt violentes mais toujours bien trouvés. De la scène de l’escalade de l’arbre, aux tentes qui volent en passant par la découverte de l’intérieur de la maison du premier volet jusqu’à des moments de claustrophobie, Wingard semble prendre un malin plaisir à concocter un final en montagne russes ponctué par une conclusion bien sentie.

Certes, ces exubérances de réalisation et les incohérences qu’elles engendrent tant dans l’histoire que dans le montage viennent mettre à mal le style found footage réaliste du film et anéantir le côté viscéral du premier opus mais permettent de donner un second souffle à l’ensemble et surtout d’enfin proposer du rythme, des moments angoissants, d’exposer des décors macabres et de donner quelques frissons aux spectateurs.

Projet casse gueule par essence, ce Blair Witch, bien que pas totalement enthousiasmant, est sauvé par la maîtrise d’un Adam Wingard qui a su injecter son art du cinéma plus traditionnel dans l’univers Blair Witch. En cassant la première partie et en la rendant moins convenu, le film aurait certainement gagné en qualité. A défaut de cela, on se réjouira d’une seconde partie bien troussée. Ah et sinon, c’est bien beau de mettre un drone mais faut-il encore qu’il serve le scénario, non ?


Titre français : Blair Witch
Titre original : Blair Witch
Réalisateur : Adam Wingard
Scénariste : Simon Barrett
Musique /
Année : 2016 / Pays : Usa
Genre : Found-footage / Interdiction : -12 ans
Avec Corbin Reid, Wes Robinson, Valorie Curry...



Sylvain GIB

BLACKARIA (2010)


L'HISTOIRE : Angela, une élégante jeune femme, passe ses nuits à fantasmer sur sa sensuelle voisine Anna Maria, une diseuse de bonne aventure au charme envoûtant. Un soir, Angela retrouve son cadavre sauvagement mutilé. Sous le choc, elle brise accidentellement la boule de cristal de cette dernière. Un cristal qui a la réelle faculté de lire l’avenir. Mais saura-t-elle utiliser son nouveau don pour échapper à la mort violente qui lui est promise?


MON AVIS : Le giallo serait-il de retour dans nos contrées ? Alors qu'Amer sort bientôt sur les écrans de cinéma, voilà un film indépendant s'inscrivant lui aussi dans le genre giallesque et tourné par deux jeunes réalisateurs de Montpellier (là où les filles sont belles comme la mer dans le soleil couchant). 

Non, le cinéma de genre made in France ne se résume pas à reprendre les bonnes vieilles recettes issues de la culture horrifique américaine et qui n'arrivent que rarement à la cheville des œuvres auxquelles elles rendent plus ou moins hommages. D'autres se tournent vers d'autres cieux. En l'occurrence ceux tourmentés et érotiques du giallo italien des années 70. Là où les femmes sont belles à se damner, les meurtres graphiquement soignés, les fantasmes récurrents et l'érotisme classieux. Blackaria est donc un giallo fantasmé et fétichiste, qui convoque autant les grands classiques du genre que l'horreur graphiquement plus intense d'un Lucio Fulci.

Si la volonté des auteurs de Blackaria est clairement de s'approprier les codes narratifs du giallo, de parsemer leur film de références à quelques scènes clefs et archétypes de ce genre (on y reviendra) , ils réussissent brillamment à éviter le piège de l'hommage servile et vain. Blackaria emprunte, mais ne copie pas, ou plutôt il se sert à foison de sa connaissance du giallo pour mieux la mettre au service de son atmosphère et de son intrigue. C'est un hommage certes, mais un hommage qui a sa vie propre.

Comme dans tout bon giallo qui se respecte, l'intrigue en elle-même n'a finalement que peu d'importance, elle n'est qu'un fil rouge destiné à relier entre elles la substantifique moelle du métrage, l'érotisme, l'onirisme et l'horreur. Blackaria pervertit donc le schéma habituel du whodunit, en ne se concentrant pas sur l'identité de l'assassin, mais sur la ritualisation des actes du meurtrier. Un spectacle qui donne toute latitude au voyeurisme du spectateur.

La fétichisation du corps de la femme, les rêves d'Anna qui s'entrechoquent avec la réalité, les nombreuses scènes de raffinement dans la cruauté, tout cela interpelle et ravit l'amateur de giallo. L'impression de retrouver une symbolique, un style que l'on a plus vus sur pellicule depuis des âges immémoriaux ou presque.

Bien entendu, les acteurs ne sont pas professionnels, certains s'en tirent mieux que d'autres, les dialogues sont un peu sur-écrits, l'enquête policière manque d'attrait également, c'est probablement le prix à payer de l'indépendance et d'un budget réduit à la portion congrue. Mais la sincérité de l'ensemble des participants ne saurait être mise en cause.

De manière consciente, les deux réalisateurs parsèment donc leur métrage de références évidentes à quelques grandes œuvres de la culture giallesque. On peut citer (de manière non exhaustive) Six Femmes pour l'Assassin, Torso, La Dame Rouge tua 7 fois, Ténèbres, et surtout une visible fascination pour l'oeuvre de Lucio Fulci La Longue Nuit de l'Exorcisme, Le Venin de la Peur mais aussi et bien que cela sorte du cadre strict du giallo La Guerre des Gangs ou encore L'au-delà. Imprégnés de ces films, les deux comparse les réinterprètent et les mettent au service de leurs propres lectures du genre.

Blackaria distille une atmosphère onirique qui renvoie expressément au grand Mario Bava et plus tard à Dario Argento. Pour pallier une certaine absence de moyens, la directrice de la photo Anna Naigeon (qui interprète également le rôle d'Anna Maria, la voisine libérée) joue la carte d'un certain vintage qui sied à merveille à l'ensemble. Photographie que l'on croirait tout droit sortie des années 70, recours substantiels à des éclairages colorés jaunes, bleus ou rouges, et travail exigeant sur la composition des cadres.

Les décors recèlent de nombreux détails sur lesquels la caméra s'arrête parfois, comme pour mieux arrêter le temps avant la mise à mort d'un protagoniste. Les miroirs et ce qui s'y passe de l'autre côté sont également utilisés de manière judicieuse, renforçant le caractère légèrement fantasmé de Blackaria. Du travail qui n'a bien souvent pas grand-chose à envier à celui d'une grosse équipe professionnelle.

David Scherer est un excellent maquilleur et il le prouve une fois de plus ici. Les nombreuses scènes de meurtres violents frappent là où ça fait mal : énucléation, rivière de larmes sanglantes, coups de couteaux, de rasoirs, tout cela culmine dans deux magnifiques séquences, l'une dans un ascenseur (utilisation du miroir, meurtrier masqué, rasoir et érotisme) et l'autre dans un sauvage moment où l'utilisation d'une grosse chaîne sur une pauvre malheureuse est excessivement douloureuse à regarder et rappellera aux aficionados une des célèbres scènes de "La Longue Nuit de l'Exorcisme, le giallo rural de maître Fulci.

Les auteurs ont également retenu l'autre versant des thrillers italiens des années 60-70, l'érotisme suggestif. Dans Blackaria, les femmes sont toutes plus belles les unes que les autres, elles sont fétichisés, voluptueuses, ne daignent pas non dévoiler quelques parties de leurs ravissantes anatomies. Bas noirs, habits sexys, objets meurtriers phalliques, nudités sulfureuses, poses affriolantes, jeux de transparence. Un érotisme qui sans jamais sombrer dans le graveleux et le vulgaire, parvient in fine à refléter les fantasmes plus ou moins refoulés du personnage féminin principal.

Enfin, que serait le giallo sans sa musique ? Quasi personnage en soi, elle est d'une nécessité vitale pour mettre en exergue le climat si particulier de ce genre. Une musique en inadéquation avec les images et c'est toute la structure du film qui est mise à mal. Heureusement dans Blackaria, la partition musicale et les sonorités rendent justice à l'ensemble. Composée par le groupe Double Dragon, elle est une sorte de compromis entre les partitions électros des Goblin, de Fabio Frizzi auxquelles aurait été ajoutée une touche de modernité bienvenue. Et s'il y a pire comme référence, cela n'en reste pas moins une belle réussite, surtout qu'elle s'adapte très souvent avec harmonie à ce que l'on peut voir à l'écran.

Original, indépendant, cohérent, respectueux des codes et fait avec beaucoup de sincérité et de talent, Blackaria fera à n'en pas douter le bonheur des fans de gialli et pourquoi pas des autres ? Que les dieux qui règnent dans les hautes sphères de l'édition et de la distribution de films daignent jeter un œil à Blackaria. Il le mérite bien plus que beaucoup de films de genre qui sortent dans les salles.


Titre français : Blackaria
Titre original : Blackaria
Réalisateur : François Gaillard, Christophe Robin
Scénariste : François Gaillard, Christophe Robin
Musique Double Dragon
Année : 2010 / Pays : France
Genre : Giallo / Interdiction : -16 ans
Avec : Clara Vallet, Anna Naigeon, Aurélie Godefroy, Julie Baron, Guillaume Beylard...




Lionel JACQUET

BLACK SWAN (2010)



L'HISTOIRE :Danseuse au New York Ballet, Nina Meyers tient la chance de sa vie lorsque le casting pour une représentation du Lac des Cygnes ouvre ses portes. Pourtant, ses essais ne renversent pas Thomas Leroy, le metteur en scène du ballet : celui-ci choisit de faire incarner le cygne blanc et le cygne noir de l'histoire par la même personne, obligeant la danseuse visée à livrer une performance bien plus complexe. Nina obtient pourtant le rôle le jour où Thomas perçoit une rage insoupçonnée chez elle ; mais la jeune fille voit très vite sa vie se métamorphoser dès les premières répétitions...


MON AVIS : Pas de doute, Aronofsky est devenu définitivement un auteur hype, ses objets filmiques entraînant à la fois flops et engouements sur leurs passages : du paradoxe, et du bruit, beaucoup de bruit, comme on peut le constater à la suite de la sortie de Black Swan dont le passage sur grand écran laisse une traînée de plumes noires étincelantes. Vu l'antécédent surestimé et pompeux qui le précède, l'effet Aronofsky titille malgré tout la curiosité.

Ce dont l'on parle le plus, outre la performance de Natalie Portman, c'est la cascade de références qui nourrissent, irriguent (voire desservent légèrement) le film : du cadre évoquant tour à tour Argento et Michael Powell, en passant par des allusions concrètes à De Palma (Phantom of the Paradise et Carrie au Bal du Diable, entre autres), du trouble schizophrène hérité de Perfect Blue et de Polanski à la danse d'introduction renvoyant à celle de Legend, jusqu'au souffre de Verhoeven et l'approche organique à la Cronenberg, on frôle parfois le quizz cinéphile. Plus rassurant : tous ses clins d'œil et ses références n'empêchent jamais au film d'avoir une âme propre, que certains rapporteront (décidément !) comme la rencontre entre le tourbillon Requiem for a Dream et le parcours déchu de The Wrestler.

Ce qui est le plus visible n'est pourtant pas le plus troublant : Jennifer Connely (curieux hasard) était frappée elle aussi d'une malédiction en jouant dans le ballet du Lac des Cygnes dans le méconnu (et très ennuyeux) Étoile de Peter Del Monte.

On imagine la danse comme glamour, Black Swan se l'approprie comme une torture gracieuse, une épopée extatique, et la décrit comme un milieu fermé et cruel (l'ex starlette incarnée – ironie ? - par Winona Ryder, s'enfonçant dans l'ombre). Le savoir-faire d'Aronofsky et son goût pour les mises en scènes viscérales (image proche du documentaire, caméra près des corps) sert à merveille ce parcours d'étoile martyr et de petite fille en décomposition ; de jouer avec la jeunesse quasi virginale de Natalie Portman était une idée à s'approprier, et une manière salvatrice de crever définitivement l'écran pour la jeune actrice.

Dans une toile cinématographique fan du twist à gogo, Black Swan suit sa voie et résume ses enjeux dans la légende même qui compose Le lac des cygnes : pour incarner le cygne noir et le cygne blanc, Nina devra aller loin, très loin, et même jusqu'à la mort pour épouser son personnage et voler de ses propres ailes (au sens figuré comme au propre, pour le coup...). La petite fille (chambre d'enfant, vie privée à néant, image de la mère omniprésente et envahissante) devra devenir femme, et bien plus encore. Il ne s'agit plus d'un simple rôle à accomplir ou de quelques entrechats, mais d'une quête absolue visant la perfection et la transcendance du corps et de l'âme.

Aronofsky joue sur les tableaux anxiogènes, de l'appartement hanté par le figure maternelle (une Barbara Hersey dont le lifting monstrueux la rend encore plus inquiétante) aux planches où l'on sue sang et eau, le tout supervisé par un Vincent Cassel un brin vicelard. Et il y a aussi Lily, la furieuse, la brûlante, la rivale... ou l'amie, que Nina perçoit aussi bien comme le danger que comme un fantasme. De cette fascination trouble pour la figure masculine (Thomas) et la figure féminine (Lily), Aronofsky gère habilement les rapprochements, les doutes et les tensions érotiques multiples.

On le savait capable de filmer la misère et la dégradation physique, il n'y a rien donc rien d'étonnant à ce que Black Swan fonctionne de ce côté là, filmant un chemin de croix avec tout ce qu'il faut de viscéral, de l'horreur au compte-goutte aux transformations physiques parfois digne de La Mouche. Le ballet final prend inévitablement à la gorge, de libération en apocalypse intérieur, jusqu'à un plan séquence qui commence déjà à hanter les esprits. Le tout très bien épaulé par un Clint Mansell au sommet, revitalisant une musique ultra rebattue. Une sacré symphonie pour une sacré expérience.


Titre français : Black Swan
Titre original : Black Swan
Réalisateur : Darren Aronofsky
Scénariste : Mark Heyman, Andres Heinz, John J. McLaughlin
Musique Clint Mansell
Année : 2010 / Pays : Usa
Genre : Drame horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec : Natalie Portman, Mila Kunis, Vincent Cassel, Barbara Hershey, 
Winona Ryder, Benjamin Millepied...





Jérémie MARCHETTI

THE BLACK ROOM (2017)


L'HISTOIRE : Jennifer et Paul emménagent dans une maison de banlieue chic et pas chère. Seul bémol, quelques temps auparavant, une jeune fille a été gravement brûlée suite à un accident de chaudière et l’ancienne propriétaire semble avoir disparue. S’ils mettent ça sur le dos de la malchance, ils vont bientôt se rendre compte que le vrai responsable se trouve dans une pièce au fond de la cave...


MON AVIS : Alors que j’allumais Netflix, ce dernier me proposa, en page d’accueil, The Black Room, sorti quelque jours auparavant. Le résumé indiquant une pièce secrète, un esprit lubrique et, en bonus, Natasha Henstridge, la star de La Mutante, je ne pus résister à la tentation et lança le film au lieu de perdre une heure à flâner devant le menu comme je fais habituellement.

L’introduction donne le ton. Une vieille dame (interprétée par la truculente Lin Shaye déjà à l’œuvre dans la saga Insidious) tente de combattre un démon pervers et invisible qui s’en prend sexuellement à son adolescente de petite fille. La scène, rappelant involontairement mais plus sérieusement celle du viol de Tori Spelling dans Scary movie 2, apporte quelques plans cocasses comme celui du téton tortillé par le fantôme, du sortilège ou encore des mains ensanglantées et gluantes qui sortent du mur pour happer sa victime. Ça fait un peu sourire mais ça reste premier degré, pas cynique pour un sou et c’est généreux.

Passé ce démarrage en fanfare, les deux héros, Jennifer et Paul, interprétés par Natasha Henstridge et Lukas Hassel, arrivent dans leur nouveau logement. Tout comme le démon du sous-sol, Le couple est plutôt porté sur le sexe et veut faire l’amour dans toutes les pièces. Mais avant cela, ils vont devoir faire réparer leur chaufferie par Oscar, l’homme à tout faire, qui semble plus intéressé par la poitrine de Jennifer que par son boulot. Vous l’aurez compris, le film tourne beaucoup autour de la chose et encore plus à partir du moment où le démon prend possession du corps de Paul, ce dernier devenant graveleux et inquiétant. Mention spéciale à Lukas Hassel qui tient bien le rôle du possédé. Il se montre plutôt convaincant et semble prendre grand plaisir à jouer ce personnage capable de faire jouir à distance jusqu’à la mort.

Le métrage va tout du long jouer sur les pouvoirs du démon/Paul et sur ses pulsions. Les différents protagonistes en auront pour leur grade et à la manière d’un slasher paranormal finiront souvent dans un bain de sang. Les effets spéciaux gores, réalisés sur plateau avec latex et faux sang, sont par ailleurs très convaincants. Mâchoire arrachée, crâne fracassé, transformation en démon : tout est réussi et rappelle aux bonnes heures des années 80. A l’inverse, les effets spéciaux numériques sont complètement ratés et plutôt risibles et semblent faits par un débutant sur After Effects.

Si le film est loin d’être un chef d’œuvre (et il n’en a pas la prétention) et se trouve être plutôt bancal à différents niveaux, il faut surtout retenir son envie de livrer une série B dynamique, rigoureuse et ne se moquant pas de son public malgré un sujet qui prête facilement à la moquerie. D’ailleurs, il risque de passer pour un simili-nanar pour beaucoup mais, passé le générique, je suis resté sur le sentiment d’une pellicule bien ficelée et divertissante ponctuée de touches un peu Z. Et franchement, c’est aussi ça qui m’a plu.


Titre français : The Black Room
Titre original : The Black Room
Réalisateur : Rolfe Kanefsky
Scénariste Rolfe Kanefsky
Musique Savant
Année : 2017 / Pays : Usa
Genre : Diable et démons / Interdiction : -12 ans
Avec Natasha Henstridge, Lin Shaye, Lukas Hassel, Tiffany Shepis, Caleb Scott...




Sylvain GIB

THE BLACK FABLES (2015)

 


L'HISTOIRE : Après Mexico Barbaro en provenance du Mexique, voici cette fois-ci The Black Fables, une anthologie d'horreur composée de cinq courts-métrages noirs, tous basés sur le folklore classique du Brésil. Le film a été réalisé avec divers réalisateurs (dont le célèbre José Mojica Marins !), un budget évidemment assez faible, mais surtout, avec beaucoup de cœur et d'âme, ce qui est bien le principal...


MON AVIS : Comme dans tous les métrages omnibus, la qualité des segments individuels varie un peu, la faute à un financement rachitique susmentionné par ailleurs faisant passer le tout pour de l’indépendant très amateur. Pourtant, The Black Fables réunit des noms importants de la terreur brésilienne dont le plus connu d'entre eux : José Mojica Marins. Alors en route pour des segments horrifiques avec du gore, du sang, des excréments et des monstres, tous faits maison, avec pour résultante un bazar joliment mixte, idéal pour passer une soirée exotique loin des favelas tristounettes et autres carnavals chamarrés !

On commence par Crianças na Mata (qu’on pourrait traduire par : Les enfants dans les bois), réalisé par Rodrigo Aragão et qui sera le court-métrage servant de fil conducteur entre toutes les histoires. Ici, quatre jeunes garçons en costumes traversant les bois, jouent avec des armes en plastique et s’amusent à se faire peur en se racontant des récits d'horreur basés sur les légendes urbaines et le folklore brésiliens. Même si la fin de ce segment laisse à désirer, c’était assez intelligent comme dispositif d'encadrement. Et parce que ce sont des enfants, cela excuse immédiatement certains des éléments les plus incroyables, farfelus voire bruts des histoires individuelles ainsi que certaines incohérences narratives. Sympa pour débuter.

Arrive ensuite O Monstro do Esgoto (Le monstre de l’égout), encore réalisé par Rodrigo Aragão, dans lequel un maire refuse d'investir de l'argent dans un nouveau système d’égout et qui va laisser pas mal d’individus dans la merde, aussi bien littérale que figurative. Si l'humour fécal n’est pas votre truc, il est clair que ce segment ne sera probablement pas pour vous. Même si c'est correct niveau maquillage, l'histoire est la plus faible du lot car l'humour, est ras des pâquerettes, ce n'est pas effrayant, les performances des acteurs sont moyennes, et la fin est très terne. On attend mieux pour la suite.

Vient ensuite le tour de Pampa Feroz (Prairie féroce), réalisé par Petter Baiestorf qui met en images une énième variation du thème universel du loup-garou prenant lieu et place dans un village où une bête tue les hommes du général, sorte de personnage important du coin. C'est peut-être celui qui est amoureux de la fille du général, à moins que ce ne soit quelqu’un d’autre ? Cette deuxième histoire est beaucoup mieux que la précédente car les dialogues sont sympas (Quoi qu'il en soit, nous allons le résoudre avec des balles !) et la séquence de transformation de fin est absolument excellente car inhabituelle. L'image est donc bonne, les costumes également, tout comme les maquillages qui sont suffisants pour effrayer un minimum. En revanche, le point faible c’est que l'identité du lycanthrope est assez prévisible. Mais bon, c’était assez divertissant.

Suit alors O Saci (Le Saci), l’épisode le plus attendu car réalisé par le légendaire José Mojica Marins (la franchise Coffin Joe). Il montre ainsi une jeune fille qui se déplace à travers la forêt afin d’aller chercher du lait pour ses parents dans une ferme lointaine. Mais en dépit d'avoir été avertie, elle prend un raccourci pour s’y rendre plus vite et forcément, elle rencontrera non pas le loup, mais le Saci, légende urbaine locale, qui ne la laissera plus jamais tranquille. Ici, les racines folkloriques de base étaient intéressantes car peu connues à l’international et les scènes dans les bois étaient assez atmosphériques. Quant à l’idée de savoir si le monstre existe vraiment ou si la jeune fille est devenue folle était très pertinente. D’ailleurs Mojica Marins - et c’est sa signature habituelle – convoquera des évangéliques pour résoudre le problème. Ce qui est dommage, en revanche, c’est que le réalisateur semblait n'avoir aucune idée de quoi faire avec le Saci, et donc au lieu de se concentrer sur cette créature étrange, il a décidé de se focaliser sur un couple de personnages (les parents) qui sont soit ennuyeux, soit complètement antipathiques, au choix. De plus, et on ne sait pas si c’est c’était voulu, mais le Saci apparaît comme un stéréotype raciste car il a le visage d'un homme noir et est super-connecté à la nature mais meurtrier. Dans l'ensemble, c'était assez correct et puis, tout comme dans Pampa Feroz, on y voit une paire de seins, mais était-ce vraiment nécessaire ?

Après cet entremets assez savoureux, lui succède A Loira do Banheiro (La blonde de la salle de bain) réalisé par Joel Caetano et dans lequel on se retrouve dans un internat pour jeunes filles, où on y croise une directrice particulière, découvre une salle de bain mystérieuse, un miroir et la fameuse blonde du titre. Cette quatrième histoire est celle qui montre le plus d'équilibre, en particulier dans la construction du suspense. Cherchant l'inspiration dans un cinéma de genre plus moderne, comme les métrages asiatiques du type Deux sœurs ou encore Ring, ce segment contient pourtant tous les clichés du genre mais Caetano parvient à le rendre effrayant, sanglant et tendu la plupart du temps, ce qui livre un ensemble parfaitement agréable à visionner.

On termine par A Casa de Lara (La maison de Lara), réalisé une nouvelle fois par Rodrigo Aragão racontant les malheurs de Lara qui décide de punir son mari après avoir découvert qu’il la trompait pour une autre. C’est le plus court récit, rattaché à celui servant de fil rouge avec les enfants. Même s’il n’est pas incroyable narrativement, on notera que le maquillage du démon qui apparaît est vraiment très bon et que la fin est très étrange. Sinon, il n’y a pas grand-chose d’autre à se mettre sous les yeux à part une nouvelle paire de protubérances mammaires qui pour une fois sert le film, et l’on reste carrément sur sa faim. Dommage alors de finir ainsi une anthologie horrifique !

The Black Fables est en définitive un film d'horreur de facture moyenne, avec de bonnes histoires mais surtout des mauvaises. Le maquillage, malgré un budget malingre, n’est finalement pas trop mal, mais c’est surtout les scénarii des segments qui laissent à désirer tant ils donnent l’impression qu’ils auraient pu être plus fouillés. Dans l'ensemble, au regard des productions horrifiques bon marché qui pullulent, vous obtiendrez néanmoins une anthologie d'horreur variée qui offre une incursion singulière dans le folklore brésilien et ce n’est déjà pas si mal...


Titre français : The Black Fables
Titre original : As Fabulas Negras
Réalisateur : Rodrigo Aragão, Petter Baiestorf, Joel Caetano, Marcelo Castanheira, 
José Mojica Marins
Scénariste : Rodrigo Aragão, Petter Baiestorf, Joel Caetano, Cesar Coffin Souza
Musique ?
Année : 2015 / Pays : Brésil
Genre : Film à sketches / Interdiction : -12 ans
Avec Carol Aragon, Milena Bessa, Walderrama dos Santos, James Ferri, 
José Mojica Marins, Leonardo Magalhães, Cesar Souza...




Vincent DUMENIL

BLACK DEATH (2010)

 


L'HISTOIRE : 1348 : la peste noire frappe l'Europe toute entière, dévaste les villes et les campagnes, laissant derrière elle des montagnes de corps endoloris et putréfiés. Un jeune moine, Osmund, soupçonné d'être malade, profite du chaos pour aider sa bien-aimée à fuir le village. Pour la rejoindre, il intègre une escouade de guerriers au service de Dieu, qu'il est chargé de conduire dans un village perdu dans les marécages. Celui-ci, curieusement épargné par la peste, serait ainsi le lieu de cérémonies macabres et de pratiques magiques, organisées par de mystérieux nécromanciens...


MON AVIS A présent chef de file (avec Neil Marshall et Michael J.Basset) d'un cinéma anglais aussi enragé qu'un punk de la belle époque, Christopher Smith se voit aligner les séries B toutes plus malignes les unes que les autres, jamais esclave d'un quelconque sous-genre. Il faudra malheureusement souligner la distribution désastreuse de son Triangle, trip maritime digne d'un épisode de La Quatrième Dimension, après les passages remarqués de Creep (finalement bien meilleur que son comparse Midnight Meat Train) et de Severance.

Avec Black Death, il ne fait que souligner davantage le réveil d'une dark-fantasy jusque là assoupie : voilà que ce succède des titres plus ou moins encourageants tels que 300, Solomon Kane, La Légende de Beowulf, Wolfhound, sans parler de la tournure adoptée par des sagas tels que Harry Potter ou Underworld. On abandonne volontiers le merveilleux pour des relectures plus guerrières et adultes des mondes féeriques d'autrefois : on ne rit plus ; les veines se gonflent, les regards s'assombrissent, les épées se salissent, on transpire, on saigne, on meurt. La barbarie a fait son grand retour dans la grande toile du septième art. Et ce n'est pas la tendance actuelle qui prétendra le contraire...

Cependant, si Black Death impressionne malgré tout, c'est plus dans son fond que dans sa forme : on ne pourra hélas pas beaucoup s'extasier sur le triste visuel du film, radical mais cheap, dû à une absence d'ampleur dans les décors et une caméra à l'épaule envahissante. Un petit budget prégnant, hélas...

Si l'assaut de ce village de nécromanciens aurait pu donner un grand film épique, il n'en est rien. Dans une logique déceptive, Christopher Smith macule son écran de boue et de chair sanguinolente tout en détournant son film de l'éventuelle image qu'on pouvait se figurer dès lors : pas de grandes batailles (mais les quelques prises de gueules sont tout de même salement gores), pas de sorcières ultra-sexy ou de sorciers infernaux, encore moins d'armée de morts-vivants en putréfaction. On aura vite fait de tirer la tronche sauf que le virage adopté n'a pas dit son dernier mot.

Il faut déjà saluer la toile de fond désespérée (déjà vu certes) choisie par Smith, à savoir une Europe sans dessus-dessous enchylosée par la grande peste et la terreur sourde qu'elle fait régner : ce ne serait ni plus ni moins que le châtiment de Dieu à entendre les badauds, les moines et les soldats parcourant ces charniers interminables, lointain reflet des paysages déjà bien marqués de La chair et le Sang et de Le Nom de la Rose. Plus que la déconfiture, c'est la décomposition généralisée, la mortification redoutable des êtres et des terres. Des âmes aussi.

Au même titre que la réaction des guerriers menés par le solide et rocailleux Sean Bean quand ceux-ci découvrent le village redouté, le spectateur se voit proposer un spectacle bien moins tapageur que prévu. La préoccupation de Smith n'était pas de tourner un film de zombies dans un contexte moyen-âgeux (vous n'en verrez pas de toute façon), mais plutôt une fable torturée et ultra-violente sur la religion et ses conséquences néfastes. La rencontre entre les soldats de Dieu (tous meurtris et meurtriers) et les païens (dirigés par la superbe Carice Van Houten, faussement diaphane et charismatique à souhait) fera donc plus d'une étincelle...

Le comic-book dégénéré désiré se mue en tragédie à la noirceur vertigineuse, portant durement sur ses épaules toutes les ténèbres qui imprègnent le décor de la première à la dernière image : sur le chemin, tout n'est que pêchés mal digérés, paysanne promise au bûcher, procession morbide et croyances démentes. 

Le tableau ne semble offrir aucun repentir, aucun espoir possible ; les hommes sont trompés par leurs blessures, et la religion se fait alors vecteur de maux sans noms ; parole assassine et toute puissante justifiant à tour de bras le mal qu'elle engendre, trouvant enfin le salut en éradiquant les hérétiques, hélas trop vite jugés. Un propos que Smith éludera dans un dernier acte ébouriffant de pessimisme (hallucinant Eddie Redmayne, déjà fort inquiétant en adolescent incestueux dans Savage Grace), faisant ainsi fi de tout manichéisme (les notions de bien et de mal voltigent au fil des tueries). Puissant, intelligent, et forcement moins bourrin que les carnages à l'écran le laissent penser. Et donc tout à fait surprenant.


Titre français : Black Death
Titre original : Black Death
Réalisateur : Christopher Smith
Scénariste Dario Poloni
Musique Christian Henson
Année : 2010 / Pays : Allemagne, Angleterre
Genre : sorcellerie / Interdiction : -12 ans
Avec Sean Bean, Carice van Houten, Eddie Redmayne, Kimberley Nixon...





Jérémie MARCHETTI

NINJA APOCALYPSE (2014)

 


L'HISTOIRE : Après une guerre nucléaire, des clans se sont formés, composés principalement de guerriers et de ninjas. Le grand Maître Fumikata décide d'organiser une grande réunion afin d'unir tous les clans pour se protéger d'un puissant agresseur. Lors de la réunion, il est assassiné. Cage, leader du Clan Perdu, est accusé du meurtre. Tous les autres clans vont alors le prendre en chasse, lui et ses quatre compagnons...


MON AVIS Un film Post-Nuke avec des Ninjas ? Cool ! Reste à voir si ce Ninja Apocalypse va bien nous offrir ce qu'on attend et tenir ses promesses. Le film date de 2014 et a été réalisé par Lloyd Lee Barnett, un spécialiste des effets visuels digitaux, qui a bossé sur Underworld 2MortuarySpeed Racer et même Avatar ! L'homme s'est essayé à la réalisation avec, en 2012, I Love you to Death puis ce Ninja Apocalypse en 2014 donc. Honnêtement, je pense qu'il doit être plus doué dans les effets visuels. A sa décharge, je suppose que Ninja Apocalypse n'a pas du bénéficier d'un gros budget, ce qui explique sûrement ses CGI bas de gamme la plupart du temps.

La lecture du résumé de l'histoire a certainement dû éveiller en vous un sentiment de déjà vu ou déjà lu. Bah oui, c'est la même histoire que celle du culte Les Guerriers de la Nuit de Walter Hill. Des gangs, un leader qui fait une réunion pour les unifier et qui se fait assassiner et un chef de gang à qui on fait porter le chapeau et qui va se trouver traqué lui et ses hommes. OK. Niveau originalité, on repassera. Et si les emprunts ne se limitaient qu'à la base du scénario, ça irait encore mais non, comme vous allez le voir, Ninja Apocalypse brasse large au niveau de ses influences et pompe allègrement de-ci de-là dans d'autres films. Faute de budget, ne vous attendez pas à voir des Ninjas et autres guerriers s'affronter dans des décors post-apocalyptiques façon Mad Max 2

La réunion ayant lieu au sein d'un gigantesque bunker, le réalisateur va utiliser ce dernier comme lieu principal de l'action. Pratique puisqu'il y a plusieurs étages dans ce bunker, on va pouvoir traquer le gang du Clan Perdu à travers plusieurs niveaux, un peu à la manière du final du classique avec Bruce LeeLe Jeu de la Mort. Et oui, il y aura bien quelques Ninjas habillés avec la tenue traditionnelle parmi les traqueurs. C'est un peu léger à ce niveau pour un film s'appelant Ninja Apocalypse mais bon, y'a des Ninjas, c'est déjà ça. 

Un truc sympa par contre, c'est que les radiations nucléaires ont développé des aptitudes extraordinaires chez les membres des différents clans. Ce n'est pas explicité tel quel mais on peut le penser. Par exemple, le gang du Clan perdu possède la faculté d'emmagasiner de l'énergie et de la restituer sous forme d'arc électrique. Un autre gang peut enflammer de la poudre et lancer ainsi des boules de feu. Des spécificités qui viennent dynamiser les combats et donnent un plus au travail des chorégraphes. Et là, vous me dites : mais ça ressemblerait pas un peu à Mortal Kombat par hasard ? Difficile de le nier, surtout que le leader assassiné n'est autre que l'acteur Cary-Hiroyuki Tagawa, alias Shang Tsung dans le Mortal Kombat de 1995 et le Mortal Kombat Legacy de 2013 ! 

Les Guerriers de la NuitLe Jeu de la MortMortal Kombat, on en est déjà à trois influences repérées dans le film de Lloyd Lee Barnett. Ne nous arrêtons pas en si bon chemin et signalons la présence de morts vivants au dernier étage du sous-sol du bunker. Bunker + morts vivants = Le Jour des Morts Vivants, bingo ! Et une référence de plus ! Le gore n'est évidemment pas autant au rendez-vous que dans le classique de George A. Romero mais les combats dans Ninja Apocalypse sont souvent ponctués de quelques éclaboussures sanguinolentes, malheureusement sous forme de CGI pas très convaincants. Dommage.

Niveau casting, rien de transcendant, hormis l'acteur précité, on n'a pas grand chose à se mettre sous la dent. Cage est joué par le non-charismatique Christian Oliver, on a Isaac C. Singleton Jr. qui joue un grand noir musclé sourd et muet ou la charmante Antoinette Kalaj qui joue le gang des Sirènes à elle toute seule. Que des acteurs de seconde zone donc, qui font ce qu'ils peuvent pour apporter un semblant de crédibilité au film, ce qui n'est pas une mince affaire. 

Ninja Apocalypse sera perçu comme un gros nanar chez la majorité des spectateurs et on ne peut pas vraiment leur donner tort. Décors anémiques, casting peu séduisant, combats correctement chorégraphiés mais qui manquent tout de même de punch malgré l'ajout de super-pouvoirs, effets visuels qui ne font guère illusions, on a parfois l'impression de regarder un film d'action fantastique tourné entre potes.  Ça passe le temps si vous n'êtes pas trop exigeant mais sinon, c'est largement dispensable. Ah oui, lors du combat final, les deux adversaires ont chacun une épée spéciale, éclairée en bleu pour le gentil et en rouge pour le méchant. Vous avez dit Star Wars ? 


Titre français : Ninja Apocalypse
Titre original : Ninja Apocalypse
Réalisateur : Lloyd Lee Barnett
Scénariste : Ashely Scott Meyers
Musique Tim Montijo
Année : 2014 / Pays : Usa
Genre : Post-nuke
Interdiction : /
Avec Christian Oliver, Les Brandt, Tara Mocken, Cary-Hiroyuki Tagawa...




Stéphane ERBISTI