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BLACK FRIDAY (2021)


L'HISTOIRE : Pendant la période des fêtes de fin d'année, les employés d’un magasin de jouets de la franchise We Love Toys doivent, malgré leurs différences évidentes, se protéger mutuellement d'une horde d'acheteurs infectés par un parasite extraterrestre qui les transforme en créatures monstrueuses et semblant toutes reliés entre elles par un lien télépathique. Qui sera alors élu employé du mois ?


MON AVIS : Black Friday est, sur le papier, un film qui a tout pour plaire avec son casting accrocheur (notamment Bruce Campbell, le génial Ash de la saga Evil Dead et le sympathique Devon Sawa vu dans Destination Finale, La main qui tue ou encore 388 Arletta Avenue) et son pitch prometteur faisant penser à une critique du consumérisme à tout-va digne des films de George A. Romero (des employés sont enfermés dans un magasin pendant les fêtes de Noel et doivent faire face à une menace extraterrestre !). D’ailleurs le film ne perd pas de temps, puisque peu après la diffusion d’un bulletin d’information télévisé nous avertissant de l’arrivée imminente d’un météore, une créature alien causera encore plus d’agitation que la future pénurie des jouets incontournables de l’année un jour de soldes ! Les acheteurs seront ainsi transformés en mutants / aliens / zombies mangeurs de chair et le personnel du magasin de jouets n’aura pas d’autre choix que de faire équipe pour tenter de rester en vie.

Malheureusement, passé vingt minutes, la suite va reléguer ce film pourtant bien entamé au rang d’une énième série Z de bas étage ! Déjà, les personnages représentent tous les clichés qu’il est possible de retrouver chez les différents types de vendeurs. Ils ne sont guère développés et en plus, les acteurs sont sous-exploités eu égard à leur potentiel ! On reconnaîtra ainsi Michael Jai White (SpawnMortal Kombat, Black Dynamite), tout en muscles et en cloueuse électrique, mais trop rapidement tué à notre goût ! Devon Sawa est quant à lui assez fade voire transparent. Quant à Bruce Campbell, il est ici affublé d’une coiffure horrible, d’une petite moustache, d’un nœud papillon, d’une chemise à carreaux, d’un pull en laine de mauvais goût, le tout allant bien avec son personnage de peureux et respectueux des conventions, mais bon sang qu’il est barbant ! En même temps, tout ce qu’il débite est inconsistant !

D’une manière générale, on a souvent l’impression que les répliques des protagonistes sont juste balancées comme cela et qu’elles n’ont aucun tranchant ! Ce n’est pas drôle, pas assez irrévérencieux donc pas incisif pour deux sous, si bien qu’on a le sentiment que les membres du casting déclament des banalités pour meubler ou combler un vide scénaristique manifeste ! En même temps, aucun des protagonistes n’est suffisamment brossé pour susciter une quelconque once d’empathie ! C’est dommage car la critique sur l’avidité des entreprises au détriment du bien-être de leurs employés est bien là, mais le commentaire social n’est pas non plus mis en valeur car pas assez humoristique. C’est ainsi trop bavard, hyper long entre deux scènes d’action ou de lutte contre les infectés ou l’entité extraterrestre s’inspirant tout de même largement de Le Blob et de Braindead pour la couleur rose et le boss de fin !

On ne manquera pas néanmoins de constater que les effets visuels et les maquillages sont de qualité. En même temps, avec Robert Kurtzman (ayant officié sur Predator, les deux premiers Evil Dead, Tremors, Scream ou encore L’antre de la folie, excusez du peu !) aux commandes, cela semble logique ! Entre corps purulents, geysers de sang et prothèses en latex du plus bel effet, on sent que le bonhomme a du métier et privilégie avant tout les effets à l’ancienne comme tout bon artisan qui se respecte ! Malheureusement, c’est bien la seule consolation apportée par ce film manquant d’originalité, de tension et n’offrant aucune scène inédite tout en enchaînant poncifs en tous genres et à la métaphore facile sur le consumérisme excessif ne constituant même pas un nanar regardable entre potes avinés car ce n’est même pas marrant !

Parabole sur la surconsommation de nos sociétés occidentales qui font des grandes surfaces de véritables temples où l’unique religion est d’acheter jusqu’à plus soif, ce Black Friday n’a malheureusement pas grand-chose de folichon pour attirer le quidam ! Pourtant, la chose pouvait paraître alléchante si on se fiait au pitch prometteur et à la distribution séduisante. Malheureusement, le réalisateur Casey Tebo, plus enclin à réaliser des clips et documentaires sur Aerosmith, tente - sans grande réussite - de parodier comme beaucoup avant lui le cultissime Zombie en transformant ses clients déjà bien excités par les soldes en morts vivants voraces semblant liés entre eux par une entité venue de l’espace. Toutefois, le film se noie dans ses nombreux bavardages et en plus n’est même pas drôle car les dialogues sont ratés. Et ce ne sont pas quelques SFX assez bien fichus et encore moins la présence de Bruce Campbell en manager moustachu proche de la retraite qui parviendront à rattraper le naufrage cinématographique qui nous est proposé tant son personnage est mou du genou, tout comme le reste du casting n’ayant même pas une punchline mémorable à nous asséner ! Bref, Black Friday n’est ni plus ni moins qu’un film d’horreur qui se cherche sans jamais trouver sa voie et à oublier d’urgence !


Titre français : Black Friday
Titre original : Black Friday
Réalisateur : Casey Tebo
Scénariste Andy Greskoviak
Musique Patrick Stump
Année : 2021 / Pays : Usa
Genre : Comédie fantastique & horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec Bruce Campell, Devon Sawa, Ivana Baquero, Ryan Lee, Michael Jai White...




Vincent DUMENIL

BIO ZOMBIE (1998)

 


L'HISTOIRE : Deux vendeurs de VCD, Woody Invicible et Crazy Bee, travaillent dans un centre commercial. Ils reçoivent un appel de leur patron leur demandant d'aller chercher sa voiture. Lors du trajet, ils ont un accident en percutant un homme. Celui-ci possède un soda qui transforme en zombie quiconque s'en abreuve. Les deux amis justement lui font boire ce soda avant que l'homme rende l'âme. Ils décident alors de le mettre dans le coffre de la voiture et de retourner au centre commercial. Malheureusement, les ennuis vont commencer quand l'homme se transforme en zombie, sort du coffre et débute le carnage...


MON AVISSi l'on regarde de plus près l'historique des films mettant en scènes des morts vivants, on s'aperçoit très vite que les asiatiques ne sont pas très friands du genre. En effet pratiquement aucun film sur le genre. On peut toutefois citer les plutôt sympathiques Stacy, Wild Zero, Versus et Junk venant du Japon. A noter qu'il s'agit de films récents montrant peut-être un plus grand intérêt des asiatiques pour ce genre de films actuellement. Dans l'industrie de Hong-Kong, c'est également très timoré. On se remémorera tout de même le célèbre Kung Fu Zombie datant de 1981. Bio Zombie fait donc partie de ces films très rares de zombies venant de là-bas. Sorti en 1998 ce film mélange habilement horreur et comédie.

Bien évidemment, ne vous attendez pas un film de zombie novateur, vous l'avez déjà bien compris je pense avec le pitch, mais Bio zombie s'apparente à un matériau respectant ses aînés sans tomber dans les confins de la médiocrité. Si le mixte humour et horreur dans le genre du zombie a su donner des petites perles (voir Le Retour des Morts Vivants, Braindead) comme des beaux ratages (Le Retour des Morts Vivants 2), Wilson Yip réussit l'exploit de se hisser vers le niveau du film de Dan O'Bannon en n'hésitant pas à conclure son métrage d'une manière pessimiste tout à fait remarquable.

En plus de cela, Yip semble être un grand fan de Romero comme tout fan de films en zombie cela dit en passant. L'action se déroulant en grande majorité dans un centre commercial rappelle donc sans mal le fameux Zombie. Mais ici point d'œuvre contestataire, Bio Zombie est un film d'exploitation fun et sans prétentions.

L'humour surprend par sa grande présence, ne faisant jamais tomber le film dans le ridicule. Dialogues et situations cocasses sont les forces de cet humour. Le duo des deux jeunes délurés y est pour beaucoup aussi, c'est incontestable. Jeunes branleurs plutôt décérébrés, on assistera à leur intimité à la fois amusante et pathétique. Ayant rencontré deux jeunes et jolies filles, Woody se prend un râteau avec l'une d'elle. Il décide alors avec son compère de l'agresser dans les WC. En résulte une scène totalement absurde et hilarante où nos deux amis passent sans mal pour des nigauds de première.

Il y aussi le jeune serveur du restaurant qui est fou amoureux de l'une de ces deux filles et qui deviendra un gentil zombie aidant à plusieurs reprises nos protagonistes. Le couple est également très amusant avec cet homme qui traite sa femme comme une chienne mais qui dans les moments difficile se révèle être une vraie mauviette. Là encore, on assistera à plusieurs passages croustillants, bien que parfois horribles lorsque ce personnage pousse une des jeunes filles de l'ascenseur pour que celui-ci puisse marcher à cause du poids trop important. On peut donc rapprocher ce personnage avec celui de Cooper dans La Nuit des Morts Vivants.

Qui dit zombies, dit effusions de sangs me direz-vous alors qu'en est-il ici ? Si Bio Zombie est loin de proposer un spectacle gore limite vomitif (comme les films de zombies de Fulci entre autres), il a cependant son lot jouissif de morts (on n'est pas au niveau d'un Resident Evil heureusement). Outre les éternelles balles retentissant dans les corps de nos amis les zombies, on assistera à divers démembrements (les deux branleurs qui tirent sur les bras d'un zombie) mais également quelques règlements de compte à la perceuse électrique. Malgré tout, cela reste plutôt restreint, les plans gores étant assez courts. Mais il y a de quoi s'amuser.

Bio Zombie comporte donc assez peu de défauts même si on est loin d'un chef-d'œuvre. Le manque important d'innovation y joue beaucoup. On assiste plus à un bon trip de fan de films de zombies qui voulaient avant tout se faire plaisir et entre nous, c'est déjà très bien. Mais Yip aurait pu éviter quelques intrusions jeux video's style, lorsque, par exemple, à la fin nous voyons un portrait robot des protagonistes avec leurs points forts et faibles à l'instar des films de bastons avec le choix du personnage mais ce n'est pas non plus aussi risible qu'un House of the Dead.

En bref Bio Zombie est un film de zombie très sympathique alternant horreur et surtout comédie ce qui est plutôt normal vu son pays d'origine. Respectant le genre et ne tombant jamais dans la médiocrité, Yip nous donne à voir un spectacle très divertissant qui vous fera passer à coup sûr un agréable moment.


Titre français : Bio Zombie
Titre original : Sang Faa Sau See
Réalisateur : Wilson Yip
Scénariste : Matt Chow, Siu Man Sing, Wilson Yip
Musique Peter Kam
Année : 1998 / Pays : Hong-Kong
Genre : Morts vivants, Comédie horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec Jordan Chan, Sam Lee, Angela Tong Ying-Ying, Yiu-Cheung Lai...




Anonymous

BIENVENUE A ZOMBIELAND (2009)

 


L'HISTOIRE : Le monde est totalement infesté de zombies et la population humaine a quasiment été décimée. Columbus, un jeune homme timide mais débrouillard, lutte pour sa survie. En chemin, il rencontre Tallahassee, un chasseur de zombies amoureux fou des biscuits Twinkies. Nos deux gaillards se mettent en chemin et font la connaissance de deux jeunes filles : Witchita et Little Rock. Witchita ne désire qu’une chose : emmener sa petite sœur dans un parc d'attraction. Après quelques coups fourrés, le quatuor décide de s’allier et de lutter ensemble contre les zombies…


MON AVISDécidément, les films de zombies ont toujours le vent en poupe. Les parodies aussi. Le succès de Shaun of the Dead ne s’est jamais démenti et nombreux sont ceux qui ont voulu surfer sur la vague. Le réalisateur Ruben Fleischer n’est pourtant pas un grand fan du genre. Il l’avoue lui-même. Néanmoins, il a accepté de relever le défi qui lui était tendu, après le refus de John Carpenter de réaliser le film, qui était initialement un épisode pilote pour une série télévisée. Ruben Fleischer s’est donc documenté sur les zombie movies, et en a visionnés pas mal afin de ne pas décevoir les fans et de se montrer à la hauteur du projet. A-t-il rempli sa mission ?

Lectrice, lecteur, si ton but en venant voir Bienvenue à zombieland était de t’amuser, de te divertir et de passer un bon moment devant un film comico-horrifique, alors le film de Ruben Fleischer devrait combler tes attentes. Si tu t’attendais par contre à voir un film dans la veine du Zombie de George A. Romero, tu peux faire demi-tour. Il est clair que Zombieland ne joue pas du tout dans ce registre. Bon, maintenant, avec un titre français pareil, on s’en doutait un peu quand même…

L’humour est donc au centre des aventures de Columbus, Tallahassee, Witchita et Little Rock. Un humour bon enfant, pas aussi drôle que celui de Shaun of the Dead, mais dans l’ensemble, on sourit souvent et on rigole franchement de temps en temps. Il y a quelques scènes fort amusantes qui feront leur petit effet à coup sûr. Il faut dire que les personnages principaux humains, qui sont les vraies stars de Bienvenue à Zombieland, ont tous quelque chose qui prête à sourire.

Columbus tout d’abord. Un petit jeune débrouillard (puisque toujours vivant) mais bien froussard au final, qui a rédigé toute une liste de règles afin de rester en vie dans ce monde cauchemardesque. Lors de nombreux passages du film, les différentes règles s’affichent sur l’écran en fonction des actions du personnage et ça nous fait bien rire la plupart du temps. Evidemment, notre grand timide va tomber amoureux d’une jolie fille, ce qui va parfois aller à l’encontre de certains principes qu’il avait si bien établis.

Second personnage, totalement pittoresque celui-ci, Tallahassee, merveilleusement bien incarné par Woody Harrelson, parfait dans ce genre de rôle. Une sorte de Terminator destructeur de zombies, expert dans le maniement de toutes sortes d’armes, mais qui possède aussi ses faiblesses, ce qui nous vaudra une petite séquence émouvante, qu’on n’attendait pas venir de ce personnage. Le spectateur ne pourra qu’être comblé par l’interprétation de Woody Harrelson, vraiment investi dans son personnage, et qui sera être l’élément comique numéro 1 dans le film la majorité du temps.

La jolie Witchita est interprétée par Emma Stone, et sa petite sœur Little Rock par Abigail Breslin. Deux nanas qui, tout comme Columbus, ont un mode de vie bien réglé, et qui savent quoi faire pour assurer leur survie. La rencontre entre ces quatre personnages sera détonante et transformera le film en road movie sanglant et humoristique, leur but étant pour les uns de trouver les derniers biscuits Twinkies, pour d’autres de se rendre dans un parc d’attraction pour s’amuser comme avant. Du comique de situation qui fonctionne bien et qui assure au film un déroulement sans gros temps mort, malgré quelques petites baisses de rythme par-ci, par-là. En effet, le film démarre sur les chapeaux de roues, avant de se ramollir un petit peu au milieu mais c’est pour mieux rebondir vers la fin, dans une séquence haute en couleur et pleine de vie (enfin, façon de parler…).

Niveau zombies, le film n’en est pas avare, même si on aurait aimé en avoir encore plus. Parce qu’une fois nos amis lancés sur les routes, des zombies, ben on en voit plus. Les routes sont quasi désertes, aucune menace à l’horizon. Non, la menace, elle est dans les rues, dans les villes mais pas au dehors. Bon, pourquoi pas après tout. Ce n’est qu’un petit détail qui ne vient pas forcément nuire au film. Juste une constatation. Qui se révèle en fait très plausible puisque les zombies se concentrent principalement dans les villes. Logique.

Par contre, une fois en ville, là, ça défouraille sec. C’est pas L’armée des Morts mais y’a de quoi faire quand même. Nos héros vont pouvoir se défouler avec divers objets contre les morts-vivants, ce qui nous donnera encore une fois quelques séquences franchement marrantes. Les effets spéciaux tiennent la route, et Ruben Flesicher a respecté les codes du genre en nous montrant quelques festins anthropophages, pas mal d’impacts de balles, quelques explosions de têtes, dont une avec un gros maillet sur une tête de clown franchement jouissive. Ça reste du gore rigolo mais c’est vraiment bien foutu. Et la dernière séquence se déroulant dans le parc d’attraction nous en donne vraiment pour notre argent niveau défouloir entre humains et zombies. La scène où Woody Harrelson s’enferme dans une guitoune avec ses deux flingues pour faire un méga carton sur les zombies est mémorable.

Impossible également de passer sous silence la participation de Bill Murray. Incarnant son propre rôle, l’acteur déjanté nous prouve encore une fois qu’il est un vrai troubadour du comique, et sa séquence est à mourir de rire.

On notera aussi pour les amateurs de jolies créatures la présence de la superbe Amber Heard, notre Mandy Lane adorée, baptisée ici 406 par Columbus, chiffre provenant du numéro de l’appartement de sa jolie voisine. Une apparition pas très longue mais comme chaque apparition d’Amber est un plaisir pour les yeux, on n’en voudra pas au réalisateur de l’avoir transformée en zombie dès le début du film pour mieux pouvoir la tuer.

Bref, amateurs de comédie horrifique bien délirante, je ne saurai que trop vous conseiller ce Bienvenue à Zombieland, qui réussit amplement sa mission première : divertir. Pour son premier long-métrage, Ruben Fleischer a vraiment assuré et même si on ne rira pas à s’en décrocher la mâchoire, il faut reconnaître que le film réussit haut la main le mélange de genres et nous propose des situations comiques parfois originales, parfois non, mais qui tiennent la route et assurent le spectacle. Bienvenue à Zombieland s’avère être un film à regarder entre potes pour une bonne partie de rigolade et de détente. Et supportera plusieurs visions, preuve de la réussite du film.


Titre français : Bienvenue à Zombieland
Titre original : Zombieland
Réalisateur : Ruben Fleischer
Scénariste : Rhett Reese, Paul Wernick
Musique David Sardy
Année : 2009 / Pays : Usa
Genre : Comédie Fantastique, Morts vivants
Interdiction : /
Avec Jesse Eisenberg, Woody Harrelson, Emma Stone, Abigail Breslin, Amber Heard...




Stéphane ERBISTI

THE BATTERY (2012)

 

Titre français : The Battery
Titre original : The Battery
Réalisateur : Jeremy Gardner
Scénariste : Jeremy Gardner
Musique : Ryan Winford
Année : 2012
Pays : Usa
Genre : Morts vivants
Interdiction : -12 ans
Avec Jeremy Gardner, Adam Cronheim, Niels Bolle, Alana O'Brien...


L'HISTOIRE : Survivants d'une catastrophe qui a dépeuplé la planète et transformé les individus en dangereux morts vivants, Ben et Mickey, deux ex-joueurs de baseball, tentent de survivre au jour le jour...


MON AVISRéalisé avec un budget d'environ 6000$ seulement, le film de Jeremy Gardner, qui est aussi scénariste, producteur et comédien dans The Battery, a bénéficié d'un bon bouche à oreille ainsi que de critiques plutôt élogieuses, en provenance des Etats-Unis ou lors des diverses projections dans différents festivals, et notamment au Toronto After Dark Film Festival où il est reparti en 2013 avec les prix du meilleur film, meilleur scénario et meilleure musique, rien que ça ! Petit film indépendant sans le sou donc, The Battery bénéficie en contrepartie de l'investissement et de l'énergie de son réalisateur multi-tâches, qui s'est lancé à bras le corps dans ce projet pour le mener à son terme. Il nous offre un road movie campagnard dans lequel les pérégrinations de deux joueurs de baseball composent l'essentiel du scénario.

Basé sur un concept proche de la saga The Walking Dead, c'est à dire les morts vivants représentent moins une menace que les humains eux-même, The Battery nous présente donc le parcours de Ben et Mickey, deux survivants qui passent leur temps à parcourir routes et chemins, coupant à travers bois car les morts vivants sont moins nombreux. La relation entre ces deux héros anti-héros est le gros point positif du film. Ben est le débrouillard du duo, celui sur qui on peut compter en qu'à d'attaque, celui sur qui incombe la tâche de survivre. Mickey est son antagoniste total. Trouillard, peureux, il se coupe du monde qui l'entoure grâce à son lecteur de CD portable, la musique diffusée via ses écouteurs lui offrant une barrière mentale face à la situation dramatique qui l'entoure. On apprendra par la suite qu'ils ne sont pas vraiment amis mais juste partenaire de jeu au baseball, l'un étant batteur, l'autre lanceur. D'où le titre ambigu du film, qui évoque autant les piles nécessaire au bon fonctionnement du lecteur de CD de Mickey que la paire qu'il faisait ensemble au baseball. 

Passant tout leur temps ensemble, leur relation se transforme, évolue au fil du temps, Ben devenant une sorte de grand-frère protecteur. A ce niveau, les deux acteurs s'en sortent admirablement bien, parvenant à nous faire ressentir toute la complexité de leur duo mais également toute la lassitude, toute l'ingratitude de leur situation : n'ayant plus de chez eux, devant arpenter sans cesse les routes, ne pouvant se poser dans les maisons découvertes en chemin de peur d'être assaillis par les morts, n'ayant plus aucune relation avec d'autres personnes à part eux-même, n'entretenant plus de relation avec l'autre sexe. Les journées et les nuits sont longues, il n'y a rien à faire à part manger, dormir, combattre ou jouer un peu au baseball. Un quotidien peu enviable, monotone au possible, dont seule la présence d'un mort-vivant vient apporter un peu de nouveauté ou d'action.

Cette monotonie, cette langueur omniprésente, Jeremy Gardner nous en propose une bonne tranche tout au long du déroulement de The Battery. Forcément, vu le budget accordé au film, pas possible de refaire Zombie ou L'armée des Morts. Les amateurs de films de morts vivants en seront donc pour leur frais à ce niveau car ils n'auront pas grand chose à se mettre sous la dent. Les très rares attaques de zombies finissent généralement en hors champ afin de pallier le manque d'argent et l'absence d'effets spéciaux. Quand Ben massacre un zombie à coup de batte de baseball, la scène est suggérée, ne montre rien. Idem quand Mickey doit se débrouiller pour en liquider un autre, la scène se déroule derrière une porte fermée et on découvre juste le résultat final. The Battery se focalise donc sur les deux protagonistes principaux et hormis leur relation, il faut bien avouer qu'il ne se passe vraiment pas grand chose dans le film. Certes, cela lui apporte une certaine crédibilité car si la situation devenait réelle, nulle doute que ça pourrait se passer ainsi et que les journées seraient looonnngguuueesss et inintéressantes. Malheureusement, sur 1h30 de film, ce manque flagrant d'action, cette absence réel d'enjeu scénaristique, a pour défaut de nous assoupir à notre tour, de nous faire sombrer dans une certaine torpeur que rien ne viendra vraiment dynamiser.

Très (trop ?) contemplatif, The Battery m'a souvent ennuyé et j'attendais le petit quelque chose qui allait faire passer le film à la vitesse supérieure. Mais rien n'est jamais vraiment venu. L'apparition d'un individu voulant voler la voiture de Ben et Mickey, puis de deux membres d'un autre groupe de survivants, a néanmoins apporté un petit souffle bienvenu et revigorant. Le final, transformant ce road movie en huis-clos dans une voiture, était lui aussi assez intéressant. Mais en fin de compte, on se dit que The Battery aurait certainement été mieux adapté à un format court ou moyen-métrage et aurait gagné en efficacité ce qu'il perdait en durée. 

Heureusement que la bande originale du film se montre on ne peut plus capitale. Comme déjà dit, la musique est un élément essentiel de la vie de Mickey et on entend bien souvent ce qu'il écoute à travers son casque. Les musiques et chansons choisies sont particulièrement bien en place et parviennent souvent à nous transporter dans le monde de Ben et Mickey, créant une ambiance légère voire mélancolique qui sied parfaitement bien aux images qui défilent à l'écran. 

Nanti de bonnes intentions, bien filmé, bien joué, comportant une scène rarement vu dans un film de zombie (je vous laisse la surprise, ça se passe entre Mickey et une zombie...) et possédant de bonnes idées, The Battery est un film indépendant qu'on a envie d'aimer, qu'on a envie de défendre pour remercier le réalisateur et son équipe de tous leurs efforts mais qui pèche à cause de son scénario étriqué, son manque d'enjeu narratif et sa durée trop longue pour un sujet aussi anémique. On pourrait même dire que la présence des zombies n'était en rien nécessaire car c'est bien les vivants qui sont ici les protagonistes principaux et qui tirent leur épingle du jeu. En tout cas, Jeremy Gardner est un réalisateur à suivre, et on lui souhaite de pouvoir s'exprimer à nouveau, avec un budget plus conséquent et surtout plus de choses à raconter.




Stéphane ERBISTI

AUTUMN - FIN DU MONDE (2009)

 

Titre français : Autumn - Fin du Monde
Titre original : Autumn of the Living Dead
Réalisateur : Steven Rumbelow
Scénariste : Steven Rumbelow, David Moody
Musique : 615 Music, Craig McConnell
Année : 2009
Pays : Usa
Genre : morts vivants, infection
Interdiction : -12 ans
Avec Dexter Fletcher, Dickon Tolson, Lana Kamenov, Anton Brejak, David Carradine...


L'HISTOIRE : Alors qu’un mystérieux virus a soudain contaminé la quasi-totalité de la population américaine, un groupe de survivants se réunit pour s’entraider et éviter à leur tour d’être infectés. Trois d’entre eux vont alors décider de se réfugier dans une petite ferme isolée, suffisamment éloignée de ces personnes contaminées pour ne pas être à leur contact et éviter la contagion. Mais rapidement, nos survivants vont se rendre compte que ce virus transforme petit à petit les êtres humains en une sorte de zombie. Des monstres qui acquièrent avec le temps des facultés nouvelles et deviennent de plus en plus menaçants. Surtout quand ils trouvent la route menant à la petite ferme pourtant si tranquille jusque là…


MON AVISParce que c’est également un devoir pour nous de vous avertir en cas de danger, cette chronique se devait d'exister. Car effectivement, je ne vais pas vous cacher cela plus longtemps : Autumn - Fin du Monde ou Autumn of the Living Dead en titre original, est tout simplement un raté en la matière.

Adapté d’un roman de David Moody, écrivain britannique spécialisé dans le milieu du fantastique, Autumn - Fin du Monde nous est parvenu en France par la petite porte du DTV, très discrètement il est vrai mais avec toutefois un visuel attrayant. Une jaquette plutôt jolie avec au verso des captures d’images bien choisies (un clown menaçant, une ville dévastée et bien-entendu une photo de David Carradine, la star du film…) et un résumé certes sans grande originalité mais réussissant à nous aguicher. Car oui, les films de contamination / infection et de zombies ont le vent en poupe depuis de nombreuses années maintenant. Bref, tout est fait d’un point de vue marketing pour nous pousser à nous procurer ce que nous espérons être un petit bijou de DTV comme il arrive encore (et heureusement) d’en trouver de temps à autres.

Hé bien cette fois-ci, votre rédacteur s’est sacrément fait avoir (bande d’enfoirés !) et s’est tout simplement fait refiler l’un des plus mauvais films fantastiques vus ces cinq dernières années ! Alors que le début du film de Steven Rumbelow (paix à son âme) semblait prometteur, ce dernier va rapidement montrer ses (importantes) faiblesses et sombrer dans la médiocrité.

Car oui, même si Autumn - Fin du Monde ne flatte pas nos rétines - c’est très mal filmé, les cadrages sont ratés en grande partie, les couleurs parfois trop éclatantes et le son est de très mauvaise qualité -  ce dernier démarre plutôt bien d’un point de vue scénaristique. Certes, cette histoire d’infection soudaine sent bon le réchauffé mais il est appréciable toutefois de constater que les personnages ont un minimum de cervelle cette fois-ci : des questions se posent au sein du petit groupe de survivants au sujet de ce virus et ses modes de transmission, une réflexion plutôt aboutie sur la survie nous est livrée, personne ne semble avoir des idées saugrenues et non réfléchies. Petites engueulades, deux-trois désaccords et hop nous voilà ensuite embarqués avec trois personnes, direction une petite ferme loin de la ville !

Et là, les minutes vont commencer à ressembler à des heures, le peu d’intérêt que nous portions à ce long-métrage au départ s’estompe à la vitesse grand V.

Long, redondant et mou du genou (tout comme nos zombies), l’histoire n’est guère palpitante et ennuie énormément en raison d’un manque indéniable de péripéties principalement. Il ne se passe clairement rien ! Déjà que la réalisation ne s’est pas améliorée entre-temps, les rares scènes d’action se voient pourries par des zooms grossiers, des ralentis ridicules ou des vibrations parkinsoniennes de la caméra alors que nous ne sommes pourtant pas dans un found-footage.

N’oublions pas de citer des incohérences scénaristiques parfois ridicules (une portière de fourgonnette non calée ou encore une sorte de canisse installée sans grand renfort qui empêchent les zombies de passer ou bien encore avoir peur d’aller chercher des vivres dans un supermarché alors que les zombies sont d’une lenteur affligeante et surtout inoffensifs pendant une grande partie du film car ils n’ont pas encore mutés au stade du cannibalisme…) qui viennent faire sourire, voire grimacer le spectateur et semblent apporter comme un coup de grâce au film de Steven Rumbelow. Mince, c’est tout de même rageant de voir autant de gâchis !

Pourtant, notre trio de protagonistes demeure assez crédible dans l’ensemble (je ne parlerai pas de David Carradine que nous ne verrons qu’une vingtaine de minutes, hum hum…), les contaminés sont plutôt bien fichus, du moins, pour les quelques-uns que nous parvenons à voir nettement, à défaut d’être très menaçants (ils dévorent leur premier humain à deux-trois minutes du générique de fin) et cette idée de vouloir axer le film sur l’évolution des zombies est très intéressante, même si déjà vue auparavant dans Le Mort Vivant de Bob ClarkZombie Honeymoon ou Moi Zombie : Chronique de la Douleur. Mais alors quelle déception en ce qui concerne tout le reste : rythme soporifique, réalisation amateur, décors quasi aux abonnés absents, incohérences scénaristiques douteuses…

Autumn - Fin du Monde est, vous l’aurez compris, un film à rapidement oublier (ne pas le voir est d’ailleurs une bonne solution pour vous aider à l’oublier plus facilement). De ce long-métrage casse-gueule, nous en retiendrons uniquement une certaine crédibilité chez une petite poignée d’acteurs et surtout cette idée d’axer l’histoire sur l’évolution de l’être humain au zombie, bien que déjà vue dans d’autres productions. Énorme déception donc…




David MAURICE

AUTOMATON TRANSFUSION (2006)

 

Titre français : Automaton Transfusion
Titre original : Automaton Transfusion
Réalisateur : Steven C. Miller
Scénariste : Steven C. Miller
Musique : Jamey Scott
Année : 2006
Pays : Usa
Genre : Morts vivants
Interdiction : -16 ans
Avec : Garrett Jones, Ashley Elizabeth Pierce, Juliet Reeves, Rowan Bousaid...


L'HISTOIRE : Trois étudiants ont prévu d'aller à un concert dans un bar. En arrivant, ils vont découvrir un centre-ville désert et silencieux. Ils vont vite se rendre compte que la ville est infestée de morts vivants avides de chairs humaines. Dans ce chaos qui se veut apocalyptique, ils vont tenter de survivre en combattant des zombies affamés, anéantissant et dévorant tout sur leur passage...


MON AVISIl est de bon ton, dans les cercles concentriques des fans du cinoche de genre, de ne pas tirer à boulets rouges sur un film quand celui-ci est indépendant, financé avec l'assurance-vie de la grand-mère qui a enfin cassée sa pipe et qui repose pratiquement tout entier sur quelques passages gores ou sanguinolents. Cet Automaton Transfusion ayant été tourné en neuf jours, avec un budget de 30.000 dollars, il entre donc de plein pied dans le cas énoncé, avec un brio déroutant. Si l'on ne peut qu'applaudir des deux mains, ou des deux pieds pour les manchots, ceux qui se lancent dans une production horrifique, on est parfois surpris du peu d'audace de pas mal de ces petites séries M (à mi-chemin entre la série B et la série Z © Horreur.com). Il semble que pour émerger de la masse grouillante du DTV d'horreur, un poil de différence ne serait pourtant pas superflu. Horreur.com fourmillant, par ailleurs, de petites perles d'inventivités, de subversions, d'intelligences et de talents, nous vous invitions donc à passer vos longues soirées d'hiver à les rechercher sur le site.

Car, clairement, ce n'est pas Automaton Transfusion qui risque de donner du plaisir, même coupable, tant il est formaté - un comble pour une production indépendante - sans originalité aucune et visuellement moche. La mise en scène est digne d'un parkinsonien de la caméra qui pense que pour donner du rythme, il suffit de faire vomir le spectateur en lui assénant des images instables et totalement illisibles. Il faudra probablement être extrêmement charitable pour y trouver son compte.

Après une séquence pré-générique assez efficace (ce sera presque la seule) se déroulant dans une morgue, le film tente de prendre son envol en nous proposant une énième vision de l'univers universitaire de l'Amérique des djeunz au travers de quatre de ses représentants : Jackie, Chris, Tim et Scott. C'est passionnant, certes, mais heureusement c'est suffisamment court pour ne pas que l'on se mette à mâchonner sa télécommande par ennui. L'intrigue se scinde alors en deux à la manière d'une cellule protozoaire se reproduisant par scissiparité (rien à voir cependant avec l'impératrice d'Autriche). D'un côté, la brave Jackie se rend à une fête composée d'alcool, de drogue et de fifilles, tandis que les trois autres taillent la route pour se rendre à un concert dans un bar du centre-ville.

Tout occupés qu'ils sont à évoquer le conflit du Moyen-Orient, la théorie des cordes en physique quantique et la poésie des troubadours, nos trois joyeux comparses ne se rendent que tardivement compte et avec stupeur, qu'ils se trouvent sur une route d'habitude fort fréquentée, alors que pourtant ils n'ont croisé personne depuis de longues minutes. A la manière des chiens, cela aurait dû leur mettre la puce à l'oreille ! Pensez-vous ! Tranquille, ils pénètrent dans la ville, la découvre déserte et n'ont que le temps de s'enfermer dans un bar afin d'éviter une attaque impromptue de zombies. Jackie, elle, se rend à sa soirée et patatras les zombies déboulent tout pareil. Elle réussit cependant à s'enfermer dans les gogues. Que l'on se rassure ! Nos quatre compères se retrouveront bien vite et tenteront de rejoindre leur lycée pour y trouver du secours (pourquoi le lycée ? Si quelqu'un à la réponse, qu'il nous écrive). La fin sera évidemment ouverte, histoire de pouvoir faire une suite... on ne sait jamais, sur un malentendu le film pourrait avoir son petit succès.

Les auteurs sont certainement des fans de zombie-movie, cela ne fait même aucun doute tant ils copient servilement une large palette de classiques du genre : Le Jour des Morts Vivants, L'Armée des Morts, Shaun of the Dead pour n'en citer que trois. C'est tellement vrai que l'on peut facilement anticiper ce qui va arriver aux protagonistes. Du coup, aucun effet de surprise à attendre dans cette péloche roborative comme une tourte de grand-mère à moustache.

Les personnages ressemblent à ceux que l'on peut voir dans une myriade de métrages à destination de la belle jeunesse de notre pays. Stéréotypés jusqu'à l'excès, avec le beau, le moche, le sportif, la bombasse (qui ne prend même pas une douche pendant 1 h 20, alors que c'est tout ce qu'on lui demande !), les gentils, les méchants et tout le toutim. Passons rapidement sur une poignée de dialogues aussi incisifs et passionnants qu'un débat entre une raie-manta et une baguette de pain. Les acteurs font ce qu'ils peuvent avec leurs maigres bagages de comédiens… Mais attardons-nous deux secondes sur ce qui rend ce film si pénible à regarder : la mise en scène globale.

Vouloir donner du rythme, c'est bien, vouloir être dynamique, c'est encore mieux. Mais confondre vitesse et précipitation, c'est oublier tout de même que le rythme s'impose plus par un montage adéquat que par une propension à faire des mouvements de caméras saccadés lors de chaque scène d'action ! TOUTES les attaques de zombies sont dès lors totalement illisibles, ce qui réduit à zéro la portée d'effroi de ces dernières. C'est tellement vrai que l'on ne peut même pas dire si les maquillages sont réussis ou non, on ne fait que les entrapercevoir. Pour tenter de donner une idée de la frénésie spasmophile de la caméra, les attaques d'infestés de 28 Semaines plus tard ont la lenteur d'un plan séquence Tarkovskien ou Bergmanien !

Reste les deux ou trois scènes gores à peu près déchiffrable lors d'une légère pause du tremblement de l'image, notamment une mâchoire arrachée avec amour et un fœtus délicatement prélevé du ventre maternel. Assez efficace, malgré un inévitable côté cheap. Cela fait quand même peu, très peu pour 1h15 de bobine !

Cumulant tous les défauts de ce type de productions fauchées, le film ne tente jamais de sortir ne serait-ce qu'un peu des sentiers battus, il va même jusqu'à s'y complaire lourdement, sans recul, sans humour, sans second degré. C'est peut-être rigolo de faire un film avec ses potes, obliger les autres à le regarder beaucoup moins.




Lionel JACQUET

L'AUBE DES ZOMBIES (1981)

 


L'HISTOIRE : Egypte, 3000 ans avant Jésus-Christ. Le cruel pharaon Safiraman sème la terreur. Il est épaulé par ses fidèles serviteurs, tout aussi avides de sang. Mais chaque règne a une fin, et lors de sa mort, Safiraman sera invité par une prêtresse à continuer sa mission même durant la mort, à la condition ultime que son tombeau soit profané. De nos jours, un trio de bandits ne trouve rien de mieux que de piller le tombeau, avides d'or et de luxure. Au même instant débarque une troupe de mannequins et un photographe à la recherche de somptueux décors…


MON AVISSouhaitant surfer sur la vague des production italiennes de l'époque, Frank Agrama, le réalisateur/producteur, tente sa chance dans le film de momies et de zombies. Car le film va jouer sur les deux tableaux, malgré le titre original Dawn of the Mummy. Mais à la fin, il y aura bel et bien quelques zombies. Bref. Revenons à nos moutons. On parlait de surf et on peut dire que la vague est haute. En plus, comme il ne sait pas surfer, Frank Agrama se noie. Pas complètement pourtant, étant donné la prétention du film à ne satisfaire que les fans de cinéma Bis, voire Z. A ce stade, on peut éplucher et chercher l'argumentaire de cette production, non sans prendre le risque de faire débander la momie.

La réalisation est somme toute acceptable, en ce sens qu'elle n'est pas gâtée. Les acteurs traînent la savate et servent tantôt de figurants tantôt de premiers rôles. Pourtant on ne leur demandera pas plus (surtout pas !) que de se faire zigouiller un par un de manière fort imagée. Les répliques du style personne ne s'intéresse à tes pieds aux ahhhhh rituels viennent servir une histoire simple et ennuyeuse, qui n'est pas aidée par des décors naturellement ballants qui serviront à remplir une bonne moitié du film. A noter qu'il faut impérativement éviter le doublage français (comme souvent) qui plombe encore plus la maigreur du dialogue, avec pour preuve : - Je me marie demain - Ah bon, toi, tu en es bien sûr ?

Fort heureusement, la splendide momie tombera à pic et mettra fin à cet interminable sablier. Et pour aller plus vite, elle appellera ses disciples à l'aide, qui vont en profiter pour grignoter deux trois villageois, parce que, après 5000 ans, faut pas déconner ils crèvent la dalle.

Les maquillages sont plutôt moyens, mais restent à des millions d'années lumières des trucages à la gouache en vogue à ce moment-là. Les trois maquilleurs n'ont pas du voir Zombie, ou bien si ils l'ont vu c'est encore pire : l'imitation de la machette dans la tête qu'inflige la momie à un acteur est à se fendre de rire. Et le comédien armé d'un fusil à silex (au chargeur illimité) qui décoche des balles dignes d'un bazooka japonais nous laisse penser que le tournage a eu lieu un 14 juillet. Reste à espérer que les techniciens étaient équipés d'extincteurs. C'est ainsi sur une musique extrêmement agaçante (quand il y en a) que nous verrons déambuler les zombies, qui sont les soldats du pharaon que la momie va faire revenir d'entre-les-morts ! Les maquillages de ces derniers sont ma foi plutôt convaincants, conçus par Luigi Batistelli.

En définitive, il n'y a pas grand-chose à dire sur cette production moyenne qui aurait gagné à se doter d'un scénario et de vrais acteurs sinon qu'elle apporte une pierre de plus à l'effigie du bis momiesque et zombièsque, non sans copier de près L'Abîme des Morts Vivants en légèrement plus soutenable. Une expérience à tenter tout de même pour les fans purs et durs ! En tout cas, l'affiche donne envie, elle est superbe...


Titre français : L'Aube des Zombies
Titre original : Dawn of the Mummy
Réalisateur : Frank Agrama / 
Scénariste : Daria Price, Ronald Dobrin, Frank Agrama
Musique : Shuki Levy
Année : 1981 / Pays : Usa, Italie
Genre : Momie / Interdiction : -12 ans
Avec :Brenda Siemer Scheider, Barry Sattels, George Peck, Laila Nasr, John Salvo...

 


Lionel COLNARD

L'AU-DELÀ (1981)

 

Titre français : L'Au-Delà
Titre original : E tu vivrai nel terrore! L'Aldilà
Réalisateur : Lucio Fulci
Scénariste : Dardano Sacchetti, Giorgio Mariuzzo, Lucio Fulci
Musique : Fabio Frizzi
Année : 1981
Pays : Italie
Genre : morts vivants
Interdiction : -16 ans
Avec : David Warbeck, Sarah Keller, Catriona MacColl, Veronica Lazar, Al Cliver...


L'HISTOIRE : Liza Merril hérite d'un vieil hôtel abandonné à la Nouvelle-Orléans. Elle décide de le faire rénover mais très vite, d'étranges incidents et accidents se produisent. Elle fait la rencontre d'Emily, une jeune fille aveugle qui la met en garde contre les dangers inhérents au passé de l'hôtel, et du docteur John McCabe, qui va tenter de l'aider à résoudre le mystère entourant cette vieille bâtisse et la chambre 36. Liza et John vont découvrir l'existence du livre d'Eibon, un ouvrage de sorcellerie qui prétend que sept portes menant aux Enfers seraient disséminées sur Terre. L'hôtel dont a hérité Liza serait l'une d'entre-elles...


MON AVISAprès une carrière prolifique dans la comédie, le western, le film d'aventure ou le giallo, Lucio Fulci accède au stade supérieur de la popularité en 1979 avec L'Enfer des Zombies. Face au succès mondial de cet excellent film d'horreur, le réalisateur transalpin poursuit dans ce registre dès l'année suivante avec Frayeurs, puis en 1981 avec Le Chat Noir, L'Au-Delà et La Maison près du Cimetière. Pour beaucoup de fans du maestro italien, L'Au-Delà est son chef-d'oeuvre absolu. Un avis que je ne partage pas, lui préférant largement Frayeurs (qui est à mes yeux SON chef-d'oeuvre) et peut-être même La Maison près du Cimetière. Toutefois, impossible de nier pour votre serviteur les qualités évidentes de L'Au-Delà, qui n'en reste pas moins un pur classique du genre.

Dès la scène d'introduction, Fulci frappe fort. Il surprend d'entrée de jeu le spectateur en réalisant cette séquence introductive dans un très beau noir et blanc / sépia, où un jeune peintre va subir les foudres des villageois qui l'accusent d'être un sorcier au vu des peintures qu'il réalise. D'abord fouetté par des chaînes qui lacèrent ses chairs, le peintre sera ensuite crucifié sur un mur avant d'avoir le visage recouvert de chaux brûlante. Une mise à mort éprouvante pour une première séquence, qui nous fait penser qu'on va avoir droit à un vrai film d'horreur sans concession par la suite. Ce qui sera effectivement le cas, les scènes gores de L'Au-Delà étant certainement ce qui se faisaient de plus horribles à l'époque de sa sortie. La suite du récit se situe au même endroit où le peintre a été lynché (un hôtel en Louisiane) mais des années plus tard. L'immeuble abandonné a une nouvelle propriétaire, Liza (ravissante Catriona MacColl), qui veut le rénover. Une équipe se charge des travaux. Des événements étranges vont alors se produire. Un des ouvriers découvre une entrée dans un mur et se fait tuer par une main aux doigts griffus. C'est le début d'une série de morts horribles et surnaturelles. Ayant été marqué par le Inferno de Dario Argento sorti l'année précédente et par la structure non-sensique de ce dernier, Fulci va faire de même dans L'Au-Delà : le film enchaîne en effet les séquences abominables sans véritable lien entre-elles.

Les effets spéciaux et les maquillages sont dus aux talentueux Gianetto de Rossi et Maurizio Trani, qui se sont surpassés dans le domaine de l'horrible. Laissant libre court à leur imagination, les deux artistes nous révulsent avec deux énucléations, un visage totalement liquéfié par de l'acide liquide, une boîte crânienne qui explose, une gorge déchiquetée par un chien, une impressionnante attaque d'araignées dont les mandibules iront jusqu'à dévorer une langue (et ce, malgré le fait qu'on devine sans peine les deux araignées mécaniques dissimulées parmi quelques vraies tarentules) et un final cauchemardesque avec des zombies (figures imposées par le producteur), avec moult explosions de têtes et impacts de balles. Le rouge est donc à l'honneur dans L'au-Delà et les amateurs de gore seront aux anges. Comme dit précédemment, la structure narrative du film de Fulci est assez confuse et ne respecte pas un schéma classique. L'histoire est elle-même n'a pas de réelle logique et pourra apparaître comme fouillis ou décousue par les spectateurs n'ayant jamais vu le film. Une histoire qui emprunte de nombreuses références à une multitude de films (Shining, Inferno, Suspiria, La sentinelle des Maudits, Les Diaboliques et surtout Carnival of Souls) ainsi qu'au célèbre écrivain Lovecraft avec le livre d'Eibon qui apparaît dans quatre nouvelles du maître de Providence.

Quelques défauts sont à signaler, comme le héros qui a compris qu'il fallait tirer dans la tête des zombies pour les tuer mais qui continue néanmoins à mettre quelques balles dans leur ventre. Un détail qui peut même faire sourire lors de la sublime séquence finale. Mais qu'importe, le spectacle horrifique est bien là et on assiste à une œuvre baroque, où tout respire la pourriture et la mort. La mise en scène est classieuse, la photographie somptueuse. Certaines scènes sont surprenantes, comme l'apparition brutale de la jeune aveugle Emily au milieu d'un pont qui surplombe l'océan, le cadavre du peintre qui remonte à la surface de l'eau dans une baignoire et bien sûr la représentation live de la mer des ténèbres, d'une beauté picturale indécente. Le tout magnifié une nouvelle fois par la musique de Fabio Frizzi. Reste que, en ce qui me concerne, l'absence de linéarité dans le scénario, ce côté décousu dans l'enchaînement des séquences, des transitions, le fait qu'on ne comprenne pas toujours pourquoi tel ou tel acte a lieu et pourquoi il a lieu, m'empêche de d'apprécier L'Au-Delà à 100%.

Certes, ce manque de repère permet au film d'affirmer pleinement un côté onirique et fantastique dans lequel la rationalité n'a pas lieu d'être. Mais j'ai parfois l'impression de regarder un catalogue de séquences gores sans qu'une vraie ambiance palpable s'en dégage. L'Au-Delà ne fait jamais peur, à contrario de Frayeurs qui dégage une puissance morbide à nul autre pareil, que la partition tétanisante de Frizzi vient augmenter. Allez, je suis un peu tatillon car j'aime évidemment beaucoup L'Au-Delà, que je revois régulièrement. Mais ce n'est pas le chef-d'oeuvre de Fulci.




Stéphane ERBISTI