Titre français : L'Au-Delà
Titre original : E tu vivrai nel terrore! L'Aldilà
Réalisateur : Lucio Fulci
Scénariste : Dardano Sacchetti, Giorgio Mariuzzo, Lucio Fulci
Musique : Fabio Frizzi
Année : 1981
Pays : Italie
Genre : morts vivants
Interdiction : -16 ans
Avec : David Warbeck, Sarah Keller, Catriona MacColl, Veronica Lazar, Al Cliver...
L'HISTOIRE : Liza Merril hérite d'un vieil hôtel abandonné à la Nouvelle-Orléans. Elle décide de le faire rénover mais très vite, d'étranges incidents et accidents se produisent. Elle fait la rencontre d'Emily, une jeune fille aveugle qui la met en garde contre les dangers inhérents au passé de l'hôtel, et du docteur John McCabe, qui va tenter de l'aider à résoudre le mystère entourant cette vieille bâtisse et la chambre 36. Liza et John vont découvrir l'existence du livre d'Eibon, un ouvrage de sorcellerie qui prétend que sept portes menant aux Enfers seraient disséminées sur Terre. L'hôtel dont a hérité Liza serait l'une d'entre-elles...
MON AVIS : Après une carrière prolifique dans la comédie, le western, le film d'aventure ou le giallo, Lucio Fulci accède au stade supérieur de la popularité en 1979 avec L'Enfer des Zombies. Face au succès mondial de cet excellent film d'horreur, le réalisateur transalpin poursuit dans ce registre dès l'année suivante avec Frayeurs, puis en 1981 avec Le Chat Noir, L'Au-Delà et La Maison près du Cimetière. Pour beaucoup de fans du maestro italien, L'Au-Delà est son chef-d'oeuvre absolu. Un avis que je ne partage pas, lui préférant largement Frayeurs (qui est à mes yeux SON chef-d'oeuvre) et peut-être même La Maison près du Cimetière. Toutefois, impossible de nier pour votre serviteur les qualités évidentes de L'Au-Delà, qui n'en reste pas moins un pur classique du genre.
Dès la scène d'introduction, Fulci frappe fort. Il surprend d'entrée de jeu le spectateur en réalisant cette séquence introductive dans un très beau noir et blanc / sépia, où un jeune peintre va subir les foudres des villageois qui l'accusent d'être un sorcier au vu des peintures qu'il réalise. D'abord fouetté par des chaînes qui lacèrent ses chairs, le peintre sera ensuite crucifié sur un mur avant d'avoir le visage recouvert de chaux brûlante. Une mise à mort éprouvante pour une première séquence, qui nous fait penser qu'on va avoir droit à un vrai film d'horreur sans concession par la suite. Ce qui sera effectivement le cas, les scènes gores de L'Au-Delà étant certainement ce qui se faisaient de plus horribles à l'époque de sa sortie. La suite du récit se situe au même endroit où le peintre a été lynché (un hôtel en Louisiane) mais des années plus tard. L'immeuble abandonné a une nouvelle propriétaire, Liza (ravissante Catriona MacColl), qui veut le rénover. Une équipe se charge des travaux. Des événements étranges vont alors se produire. Un des ouvriers découvre une entrée dans un mur et se fait tuer par une main aux doigts griffus. C'est le début d'une série de morts horribles et surnaturelles. Ayant été marqué par le Inferno de Dario Argento sorti l'année précédente et par la structure non-sensique de ce dernier, Fulci va faire de même dans L'Au-Delà : le film enchaîne en effet les séquences abominables sans véritable lien entre-elles.
Les effets spéciaux et les maquillages sont dus aux talentueux Gianetto de Rossi et Maurizio Trani, qui se sont surpassés dans le domaine de l'horrible. Laissant libre court à leur imagination, les deux artistes nous révulsent avec deux énucléations, un visage totalement liquéfié par de l'acide liquide, une boîte crânienne qui explose, une gorge déchiquetée par un chien, une impressionnante attaque d'araignées dont les mandibules iront jusqu'à dévorer une langue (et ce, malgré le fait qu'on devine sans peine les deux araignées mécaniques dissimulées parmi quelques vraies tarentules) et un final cauchemardesque avec des zombies (figures imposées par le producteur), avec moult explosions de têtes et impacts de balles. Le rouge est donc à l'honneur dans L'au-Delà et les amateurs de gore seront aux anges. Comme dit précédemment, la structure narrative du film de Fulci est assez confuse et ne respecte pas un schéma classique. L'histoire est elle-même n'a pas de réelle logique et pourra apparaître comme fouillis ou décousue par les spectateurs n'ayant jamais vu le film. Une histoire qui emprunte de nombreuses références à une multitude de films (Shining, Inferno, Suspiria, La sentinelle des Maudits, Les Diaboliques et surtout Carnival of Souls) ainsi qu'au célèbre écrivain Lovecraft avec le livre d'Eibon qui apparaît dans quatre nouvelles du maître de Providence.
Quelques défauts sont à signaler, comme le héros qui a compris qu'il fallait tirer dans la tête des zombies pour les tuer mais qui continue néanmoins à mettre quelques balles dans leur ventre. Un détail qui peut même faire sourire lors de la sublime séquence finale. Mais qu'importe, le spectacle horrifique est bien là et on assiste à une œuvre baroque, où tout respire la pourriture et la mort. La mise en scène est classieuse, la photographie somptueuse. Certaines scènes sont surprenantes, comme l'apparition brutale de la jeune aveugle Emily au milieu d'un pont qui surplombe l'océan, le cadavre du peintre qui remonte à la surface de l'eau dans une baignoire et bien sûr la représentation live de la mer des ténèbres, d'une beauté picturale indécente. Le tout magnifié une nouvelle fois par la musique de Fabio Frizzi. Reste que, en ce qui me concerne, l'absence de linéarité dans le scénario, ce côté décousu dans l'enchaînement des séquences, des transitions, le fait qu'on ne comprenne pas toujours pourquoi tel ou tel acte a lieu et pourquoi il a lieu, m'empêche de d'apprécier L'Au-Delà à 100%.
Certes, ce manque de repère permet au film d'affirmer pleinement un côté onirique et fantastique dans lequel la rationalité n'a pas lieu d'être. Mais j'ai parfois l'impression de regarder un catalogue de séquences gores sans qu'une vraie ambiance palpable s'en dégage. L'Au-Delà ne fait jamais peur, à contrario de Frayeurs qui dégage une puissance morbide à nul autre pareil, que la partition tétanisante de Frizzi vient augmenter. Allez, je suis un peu tatillon car j'aime évidemment beaucoup L'Au-Delà, que je revois régulièrement. Mais ce n'est pas le chef-d'oeuvre de Fulci.
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