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BLACK RAINBOW (1989)


L'HISTOIRE : Martha Travis est médium et elle sillonne les Etats-Unis en compagnie de son père, un alcoolique qui la met en scène dans des shows dans lesquels elle "parle avec les esprits des défunts" devant une foule de croyants crédules. Une vie monotone pour la jeune femme, qui n'a aucun amis ni personne à qui parler à part son père. Lors d'un show, elle entre en contact avec un défunt qui a été assassiné par un tueur à gages. Problème : le défunt est actuellement en vie. Mais quelques jours plus tard, il est effectivement victime d'un tueur à gages. Pour Martha, la vie se complique quand elle comprend qu'elle a des visions qui ne se sont pas encore produites. Connaissant l'identité du tueur à gages, elle devient une cible potentiel pour ce dernier. Elle trouve du réconfort auprès d'un journaliste qui décide de l'aider...


MON AVIS : Vu au cinéma à l'époque de sa sortie, je n'avais plus aucun souvenir de ce Black Rainbow et c'est donc avec plaisir que je l'ai revu via le Blu-Ray édité par Arrow Vidéo. Le film a été réalisé en 1989 par Mike Hodges, le célèbre metteur en scène du kitsch Flash Gordon (1980) et du rigolo Les Débiles de l'espace en 1985. Il met en scène Rosanna Arquette, un an après le succès du Grand Bleu, ainsi que Jason Robards et Tom Hulce. L'actrice joue donc une jeune médium, ayant acquis une certaine sensibilité de sa mère qui avait aussi un don. Elle est sous la coupe de son père, qui gère sa vie et sa carrière en organisant des shows à travers tout le pays. Ce dernier a un sérieux penchant pour l'alcool mais aussi pour le jeu d'argent, perdant les sommes gagnées par sa fille, comme celle-ci l'apprendra à un moment dans le film.

Rosanna Arquette et Jason Robards s'en sortent vraiment bien dans leur rôle respectif et cette relation père / fille est bien mise en avant par l'histoire, une relation compliquée, Martha se sentant prisonnière de son statut de médium et restant impuissante face à l'alcoolisme de son père. Mais le plus intéressant dans Black Rainbow est évidemment la capacité de Martha à entrer en contact avec les défunts dans l'autre monde. Comme le dit son père, il s'agit d'un show et le public doit en avoir pour son argent. La question qu'on se pose tous est bien sûr : a-t-elle réellement un don, parle-t-elle réellement avec les défunts ou tout n'est-il que mascarade, trucage, théâtralité ? Les personnes dans l'assistance sont-elles de mèches, ont-elles été payées pour apporter de la crédibilité à cette entreprise familiale de spectacle ?

On sait que le crédulité des gens ne demandent qu'à être assouvis et les prestations de Martha Travis leur apporte ce qu'il faut pour y croire, le jeu d'actrice de Rosanna Arquette faisant le reste. L'approche du réalisateur est ici bien éloigné de ses deux films cités plus haut. Il n'y a pas d'humour ou de parodie, c'est filmé de manière sérieuse, et si le réalisateur ne lésine pas à inclure un chœur gospel ou un pianiste comme élément du show de Martha, comme le ferait tout prédicateur ou charlatan d'ailleurs, il ne le fait pas dans le but d'amuser ou de démystifier le propos du film. 

La séquence dans laquelle un petit grain de sable vient endommager le rouage pourtant bien huilé mis en place par le père de Martha fait monter la tension et le film prend une dimension plus dramatique, avant de basculer carrément dans le thriller fantastique. Cette séquence, dans laquelle Martha entre en contact avec un défunt qui ne l'est pas encore, marque un tournant dans le récit, celui-ci aurait d'ailleurs très bien pu être écrit par Stephen King car le fantastique intervient par petite touche avant de clairement devenir un élément capital de l'intrigue.

Black Rainbow étant avant tout un film d'ambiance, il ne faut pas s'attendre à de l'action tout azimut. Non, ici, le rythme est très posé, rien ne verse dans le sensationnel ou le démonstratif. La condition de médium de Martha donne tout son intérêt au film, et ses nouvelles visions, prophétiques cette fois-ci, viennent fragiliser un personnage qui l'est déjà beaucoup et Rosanna Arquette apporte une vraie sensibilité à Martha, qu'on a envie d'aider, de soutenir, comme le fera le journaliste joué par Tom Hulce

Si on devine assez facilement un des twists finaux, on est tout de même assez surpris voire même déconcerté par l'idée finale du film, qui ne nous apparaît pas logique et pénalise pour ma part le film. Si Black Rainbow n'est pas exempt de défauts, et notamment ce final inattendu, le film distille une atmosphère assez soignée, qu'on aurait aimé être encore plus perturbante, effrayante, il y avait matière à le faire. Mais dans l'ensemble, et pour qui aime les films qui prennent leur temps, Black Rainbow fait le job et se révèle attachant, sans pour autant nous subjuguer.


Titre français : Black Rainbow
Titre original : Black Rainbow
Réalisateur : Mike Hodges
Scénariste Mike Hodges
Musique John Scott
Année : 1989 / Pays : Angleterre
Genre : Fantômes et spectres / Interdiction : /
Avec Rosanna Arquette, Jason Robards, Tom Hulce, Mark Joy, Ron Rosenthal...




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Stéphane ERBISTI

SEANCE (2021)

 


L'HISTOIRE : Dans un lycée privé pour filles, un groupe d'amies s'amuse à faire peur à une des nouvelles élèves, Kerry, en jouant avec une incantation censée faire apparaître une jeune élève décédée quelques années plus tôt. Terrorisée, Kerry s'enfermer dans sa chambre. Ses camarades la retrouvent défenestrée. Suite à cette mort tragique, Camille Meadows intègre l'école à la place de Kerry. Elle subit la pression d'Alice et de son petit groupe de pestes, ne trouvent une alliée qu'en la personne d'Hélina. Après quelques altercations leur valant d'être toutes retenues en colle, les filles décident de pratiquer une séance de spiritisme afin d'entrer en contact avec Kerry et de comprendre les raisons de son geste. Peu de temps après la séance, les filles sont victimes de mort violente. Le spectre de Kerry serait-il revenu pour se venger ?


MON AVIS La vision de la bande-annonce de Seance m'avait donné envie de découvrir ce film réalisé par Simon Barrett. Ce dernier est plus connu en tant que scénariste puisqu'on lui doit les scénarios de Frankenfish, Red Sands, A horrible way to die, de certains sketches des anthologies ABC's of death ou V/H/S, de Blair Witch version 2016 et surtout du très bon You're Next d'Adam Wingard en 2011. Il s'essaye à la réalisation dès 2000 avec des courts-métrages puis il met en scène un épisode dans V/H/S 2 en 2013. Il attendra 2021 et ce Seance pour retenter l'expérience d'être derrière la caméra.

Une fois le film terminé, on peut se demander si Simon Barrett ne devrait pas se contenter d'être scénariste. Déjà que niveau originalité, son scénario pour Seance sent le réchauffé à plein nez comme on va le voir par la suite, mais niveau réalisation, c'est plutôt mou du genou et pas vraiment renversant. Rien de déshonorant bien sûr mais rien de marquant non plus ou qui nous fasse s'extasier pour qu'on ait envie de crier voilà un réalisateur à suivre ! La mise en scène recycle tous les poncifs et les clichés déjà vus maintes et maintes fois auparavant et aucun vent de fraîcheur ne vient titiller notre visage.

Avec son académie pour filles (bonjour Suspiria), ses séances de spiritisme (bonjour Dangereuse Alliance / The Craft), son ambiance film de fantôme revanchard dans laquelle on trouve même des codes du slasher et du giallo, puisqu'on a un tueur masqué qui vient éradiquer une partie du casting, Seance brasse large, à tel point qu'on a du mal à y trouver une once de la personnalité de son réalisateur, qui semble ici recycler ses diverses influences. Pourquoi pas après tout, tant que le résultat final tienne la route et procure du plaisir au public.

La question qui taraude le public de Seance, c'est bien évidemment de savoir s'il se trouve en présence de phénomènes rationnels ou irrationnels. En clair, les séances de spiritisme pratiquées par le casting féminin ont-elles réellement réveillé le spectre de Kerry, revenu d'entre-les-morts pour se venger de la mauvaise blague que ses camarades lui ont fait subir ou bien la série de meurtre est-elle en rapport avec la mort de Kerry, ce qui signifierait qu'une personne bien réelle soit derrière tout ça ? Les hypothèses vont bon train et les coupables potentiels sont légion, à commencer par l'héroïne elle-même, Camille Meadows, interprétée par l'actrice trentenaire Suki Waterhouse, un peu trop âgée pour jouer les étudiantes, même si ça passe à peu près tout de même. Quelques petits détails, que vous ne manquerez pas de remarquer logiquement, viendront éveillés notre attention sur ce personnage. Les autres filles du groupe ne sont pas en reste et on essaye de comprendre leur motivation si on est bel et bien dans un film de machination plutôt que dans un vrai film de fantômes.

Niveau flippe, Seance ne procurera pas d'arrêt cardiaque à quiconque, malgré quelques petits jump-scares disséminés ici et là. On aurait espéré que les séances de spiritisme soient plus tétanisantes et provoquent des montées de tension mais au final, ce n'est pas vraiment le cas. Il en va de même pour les rares meurtres du film, qui sont d'une sobriété à toute épreuve. Le film donne l'impression d'être un teen-movie horrifique tout public et il faudra attendre les vingt dernières minutes pour avoir enfin un peu de spectacle à se mettre sous la dent.

On ne sait pas pourquoi Simon Barrett décide d'un coup d'un seul de passer à la vitesse supérieure lors du final de Seance. La vérité tant attendue, mais qu'on avait envisagé depuis belle lurette, est dévoilée, sans que ça provoque un grand remous chez le spectateur d'ailleurs. D'autres révélations se joignent à la fête et surtout, on assiste, toujours sans savoir pourquoi, à deux morts bien gores qui donnent la banane et font qu'on se dit qu'on a bien fait de tenir jusqu'au bout de ce film pas franchement réussi mais qui se clôture sur une note d'intention positive.

Méli-mélo de genres divers et variés, Seance maque d'ampleur et n'atteint pas vraiment son but, n'apportant rien de neuf au public aguerri qui en a vu d'autre. Plutôt déçu en ce qui me concerne...


Titre français : Seance
Titre original : Seance
Réalisateur : Simon Barrett
Scénariste Simon Barrett
Musique Tobias Vethake
Année : 2021 / Pays : Usa
Genre : Fantômes et spectres, Slasher / Interdiction : -12 ans
Avec Suki Waterhouse, Madisen Beaty, Inanna Sarkis, Ella-Rae Smith, 
Stephanie Sy, Seamus Patterson...





Stéphane ERBISTI

LE BATEAU DE LA MORT (1980)

 

Titre français : Le Bateau de la Mort
Titre original : Death Ship
Titre alternatif : Cauchemar Nazi
Réalisateur : Alvin Rakoff
Scénariste : John Robins
Musique : Ivor Slaney
Année : 1980
Pays : Angleterre, Canada
Genre : Fantômes et spectres
Interdiction : -12 ans
Avec George Kennedy, Richard Crenna, Nick Mancuso, Victoria Burgoyne...


L'HISTOIRE Le capitaine Ashland et son équipage effectue son dernier voyage aux commandes d'un paquebot de croisière, l'heure de la retraite ayant sonnée. Alors qu'il s'en va participer à contre-cœur à la fête des passagers, son second vient l'avertir qu'un navire fonce droit sur eux. Le capitaine ne peut éviter la collision et le paquebot sombre aux fond des eaux. Seul neuf passagers survivent au drame, dont la capitaine Ashland, l'officier Trevor Marshall, la femme et les deux enfants de ce dernier ainsi que Lori, Sylvia et deux membres de l'équipage. Ils parviennent à se hisser sur le navire qui les a percuté. Ils découvrent qu'il n'y a pas âme qui vive sur ce bateau d'apparence ancienne. Pourtant, ce dernier se met en marche et des incidents mortels commencent à avoir lieu. Les rescapés doivent se rendre à l'évidence : les histoires de vaisseau fantôme ne sont pas un simple mythe et ce bateau cache un terrible secret, hérité de la seconde guerre mondiale...


MON AVISAvec sa superbe affiche qui fît rêver bon nombre de personnes ayant vécu la période bénie des vidéoclubs, Le Bateau de la Mort possède une certaine aura parmi la communauté des aficionados du cinéma fantastique, surtout chez ceux qui ne l'ont pas vu d'ailleurs ! Réalisé en 1980 par Alvin Rakoff, metteur en scène spécialisé dans les épisodes de séries-télévisées et totalement novice dans le genre fantastique / horreur, Le Bateau de la Mort est un petit budget dont l'histoire a été imaginée par Jack Hill (scénariste de The Terror, Spider Baby, The Big Bird Cage, Coffy, Foxy Brown...) puis scénarisée par John Robins

Pour donner un cachet à son film, Alvin Rakoff fait appel à plusieurs acteurs dont la carrière ne brille plus vraiment, à l'image de George Kennedy, Richard Crenna (qui relancera sa carrière deux ans plus tard avec le personnage du colonel Trautman bien sûr), Nick Mancuso, Sally Ann Howes ou Kate Reid par exemple. Des têtes bien connues du public, qui se retrouvent donc prises au piège dans un bateau vivant ! Le début du film nous fait irrémédiablement penser à la série La Croisière s'amuse (si, si) avant de bifurquer vers l'épouvante une fois le bateau fantôme entrant en scène et envoyant par les fonds le paquebot de croisière. 

L'ambiance se fait plus pesante et le look du bateau fantôme, vieux et décrépi, fait son petit effet quand il apparaît juste derrière le canot de sauvetage contenant les rescapés. Une fois montés à bord de ce navire peu accueillant, ces derniers vont vite s'apercevoir que quelque chose cloche : personne à l'horizon, de la poussière et des toiles d'araignées à foison, l'eau des robinets à une couleur rouille, bref, ça sent le bateau abandonné et pourtant, il avance ! La salle des machines nous est montrée à l'écran à de nombreuses reprises, avec ces roulements et ces pistons qui fonctionnent à plein régime, sans aucune intervention humaine ! Bruits étranges, cliquetis, voix spectrales en allemand et incidents se mettent alors à avoir lieu, ce qui permet au réalisateur de distiller ses effets et d'instaurer une atmosphère lugubre assez réussie mais qui ne va malheureusement pas empêcher le film de tourner en rond. 

En effet, Le Bateau de la Mort devient un huis-clos mais aussi un film de couloir (bah oui, on est dans un navire en pleine mer hein), l'impression que l'histoire ne progresse pas énormément s'empare de nous, tout comme une certaine lassitude à voir et revoir ces plans de la salle des machines. De plus, les personnages sont à peine esquissés et on ne s'intéresse franchement pas à eux, si bien que lorsque la mort frappe, on s'en fout un peu. Toutefois, les acteurs semblent assez investit pour la plupart, surtout Richard Crenna, qui court partout pour trouver une échappatoire, et la jolie Victoria Burgoyne qui nous offrira la meilleure scène du film : voulant prendre une douche, elle se retrouve nue (un bon point pour le film !) et se voit arroser de la tête au pied avec du sang qui s'échappe du pommeau de douche. L'actrice gigote dans tous les sens et hurle tout ce qu'elle peut, la porte de la cabine de douche restant inlassablement fermée. Elle connaîtra juste après une fin peu enviable. 

Les autres manifestations mortelles, façon Destination Finale avec vingt ans d'avance, sont également assez sympathiques, voire même cruelles et sadiques comme ce pauvre homme attaché par les pieds à un cordage lui-même relié à un système de poulie et qui va être lentement plongé tête la première dans la mer ! Sympa comme torture non ? 

Plus le film avance, plus le capitaine interprété par George Kennedy semble sombrer dans la folie, le bateau voulant apparemment qu'il devienne le nouveau chef de bord. Une idée déjà vue mais avec le contexte nazi, ça marche pas trop mal, dommage que l'acteur se contente de faire une tête bizarre et ne se soit pas plus impliqué dans le rôle. Rassurez-vous, je ne vous dévoile en rien un pot-aux-roses, on le sait depuis belle lurette que le bateau est un ancien navire nazi qui écumait les mers dans les années 40. C'est d'ailleurs ce contexte qui fait tout le sel du film et lui donne son intérêt. 

La découverte d'une caméra projetant des images de défilés nazis, d'un poste radio diffusant de vieilles chansons militaires allemandes, d'une salle entièrement dédiée à la gloire d'Adolf Hitler, d'une chambre froide contenant les cadavres de prisonniers pendus au croc de boucher ou d'une cale dont le filet est rempli de squelettes, dont on imagine qu'ils ont été victimes des expériences morbides des officiers nazis, augmentent l'aspect malsain du film et rehaussent notre attention et notre attrait pour cette petite production au rythme peu enlevé et à la mise en scène assez passive. 

Très honnêtement, Le Bateau de la Mort n'est pas dénué d'intérêt mais son côté un peu cheap fait qu'à mon avis, il était déjà daté en 1980 ! De plus, il a un rendu très téléfilm et je pense qu'il aurait bien mieux fait d'en être un, on aurait pu le ranger à côté du classique Le Triangle du Diable de Sutton Roley, avec lequel il partage pas mal de point commun en terme de mise en scène et de rendu. A noter que Le Vaisseau de l'Angoisse est un pseudo-remake de ce film, en plus grand-guignolesque et spectaculaire.




Stéphane ERBISTI

L'AVENTURE DE MME MUIR (1947)


Titre français : L'Aventure de Mme Muir 
Titre original : The Ghost and Mrs. Muir
Réalisateur : Joseph L. Mankiewicz
Scénariste : Philip Dunne
Musique : Bernard Herrmann
Année : 1947
Pays : Usa
Genre : Fantômes et spectres
Interdiction : /
Avec : Gene Tierney, Rex Harrison, George Sanders, Edna Best, Natalie Wood...


L'HISTOIRE : Après la mort de son mari, Lucy Muir désire s'émanciper de sa belle famille et part avec sa fille et sa gouvernante s'installer au bord de mer. Elle veut louer un ravissant cottage inhabité depuis quatre ans mais le loueur lui déconseille, la rumeur voulant que la demeure soit hantée par son ancien propriétaire, le capitaine Gregg. Ne croyant pas à ces superstitions, Lucy Muir emménage dans le cottage. Peu de temps après, il lui faut se rendre à l'évidence : le fantôme du capitaine Gregg existe bel et bien. D'abord houleuse, la relation entre Lucy Muir et son drôle de fantôme va prendre une tournure inattendue...


MON AVISDieu que ce film est magnifique. Un pur bijou, de ceux qui font aimer le cinéma. Réalisateur du somptueux Le Château du Dragon en 1946, dans lequel il faisait déjà jouer Gene Tierney, le talentueux Joseph L. Mankiewicz livre avec L'Aventure de Mme Muir la plus parfaite des romances fantastiques. Avec un sujet somme toute assez banal (une veuve tombe amoureuse, et réciproquement, du fantôme qui hante sa maison), Mankiewicz transcende le scénario de Philip Dunne (adaptation du roman de Josephine Leslie) et offre au spectateur une oeuvre touchante et émouvante.

Il faut dire qu'il a bénéficié du talent et du charisme de ses deux acteurs principaux, à savoir la sublime Gene Tierney (que votre hôte n'hésite pas à mettre dans son Top 5 des plus belles actrices du cinéma) et le classieux Rex Harrison. La performance des deux comédiens et l'alchimie quasi divine qu'ils développent entre eux sont assurément la pièce maîtresse de L'Aventure de Mme Muir. Il est tout simplement impossible d'imaginer deux autres acteurs une fois la vision du film terminée.

Gene Tierney interprète donc Lucy Muir, une veuve qui n'a jamais vraiment été touché par la flèche de Cupidon et qui avouera que son mariage ne lui a pas donné satisfaction, la réalité ayant pris le pas sur les romans d'amour qu'elle lisait. Sa rencontre avec un fantôme bougon, à l'ego surdimensionné mais au cœur tendre, va venir chambouler sa vie et refaire naître la flamme dans tout son être. Une romance vouée à l'échec bien sûr puisqu'on ne peut pas avoir une relation avec un fantôme. Une situation compliquée pour Lucy Muir, qui finira par succomber au charme d'un écrivain pour enfant, interprété par un George Sanders un peu fade il faut bien le reconnaître. Une nouvelle liaison qui mettra fin à l'existence du capitaine Gregg lors d'une scène absolument magnifique dans laquelle Rex Harrison, contemplant Gene Tierney endormie, s'avoue vaincu face à ce nouveau prétendant fait de chair et de sang et offre à sa dulcinée la possibilité de vivre pleinement sa nouvelle vie en lui faisant croire que tout ce qui s'est passé entre eux n'était qu'un rêve.

Une séquence (parmi tant d'autre) qui confine au sublime, élevant le romantisme dans une dimension de pureté insoupçonnée. Si L'Aventure de Mme Muir est transfigurée par ses deux interprètes, elle l'est aussi par la photographie éblouissante et par la mise en scène de Mankiewicz qui fait des merveilles. La première journée dans la maison du capitaine Gregg permet au réalisateur de s'amuser avec les codes du cinéma d'épouvante et de créer une ambiance gothique que n'aurait pas renié les futurs classiques du genre. Eclairage à la bougie, orage violant, éclair faisant apparaître des ombres et présence invisible vont venir effrayer la pauvre Gene Tierney, qui, bien qu'apeurée, se montrera forte et ne se laissera pas intimider par le capitaine Gregg. Les premiers dialogues entre les deux personnages sont savoureux et laissent présager quelques confrontations épiques, chacun ayant un caractère bien trempé.

Le film devient donc ensuite une comédie romantique au charme certain, n'ennuyant jamais, et surtout, ne sombrant jamais la mièvrerie qui aurait pu rendre ridicule cette love-story irréelle. L'aspect dramatique interviendra vers la fin du métrage et on se prend d'une réelle empathie pour Mme Muir, être solitaire qui vieillie sans avoir trouvé l'amour. L'ultime séquence viendra alors nous rendre le sourire et c'est bien la seule fin envisageable qu'on puisse accepter, concluant de manière parfaite ce poème romantique qui nous a bercé durant 104 minutes, accompagné par une partition musicale due à Bernard Hermann en parfaite adéquation avec les images qu'elle illustre. Lyrique, mélancolique, inspiré, passionné, L'Aventure de Mme Muir est assurément l'un des plus beaux films que le cinéma nous a offert. Une série télévisée a vu le jour en 1968, avec Hope Lange et Edward Mulhare dans les rôles principaux. 



Stéphane ERBISTI

AU-DELÀ DE DEMAIN (1940)

 

Titre français : Au-Delà de Demain
Titre original : Beyond Tomorrow
Réalisateur : A. Edward Sutherland
Scénariste : Adele Comandini
Musique : Frank Tours
Année : 1940
Pays : Usa
Genre : fantômes et spectres, conte fantastique
Interdiction : /
Avec : Harry Carey, C. Aubrey Smith, Charles Winninger, Jean Parker, Richard Carlson...


L'HISTOIRE : Un soir de réveillon, trois hommes d’affaires fortunés mais sans famille décident d’inviter trois étrangers à leur table. Seuls James et Jean, jeunes gens dans la précarité, acceptent. Cette soirée va changer le cours de leur vie. Ils tombent amoureux l’un de l’autre et James devient crooner à succès. Les trois protecteurs disparaissent dans un accident d’avion et leurs fantômes vont bientôt mettre tout en œuvre pour reformer le couple qui s’est séparé...


MON AVISLe film de Noël est un genre très prisé aux Etats-Unis. On se souvient de Scrooge (1935), A Christmas Carol (1938), Miracle sur la 34ème Rue (1947), A Christmas Carol (1951), Noël Blanc (1954) ou bien encore La Vie est Belle (1946) de Frank Capra, l'exemple le plus célèbre. Des films se déroulant peu de temps avant la venue du Père-Noël et qui sont pétris de bons sentiments afin de redonner goût à la vie et au bonheur aux spectateurs déprimés. D'autres films ont suivis cette tradition par la suite mais certain ont pris le pied inverse en faisant de Noël une période cauchemardesque, n'hésitant pas à transformer le gros monsieur aux habits rouges et à la barbe blanche en un tueur psychotique, ce qui a fait hurler de rage les ligues de vertus ! En 1940, le réalisateur A. Edward Sutherland apporte sa pierre à l'édifice avec un pur film de Noël, tombé dans l'oubli : Au-delà de Demain.

On connait un peu ce réalisateur grâce à des films tels Murders in the Zoo (1933), Laurel et Hardy conscrits (1939) ou La Femme Invisible (1940). Film de Noël oblige, Au-delà de Demain est lui aussi pétri de bons sentiments. Trop irais-je même à dire car dans le cas présent ici, on frôle (on plonge dans ?) l'indigestion. Je sais bien, c'est avant tout un conte féerique, une belle histoire qui n'a que faire des aléas de la réalité. On a tout de même un peu de mal à s'y laisser prendre en 2017. Comment trouver crédible que trois hommes d'affaires plus que fortunés proposent hospitalité à des étrangers démunis afin de passer Noël en bonne compagnie ? Après tout, pourquoi pas, il existe peut-être encore des philanthropes dans notre monde actuel, qui sait ? Admettons que le postulat de départ est tout de même assez extravagant mais nous sommes en 1940, rappelons-le. La suite sera du même acabit et l'ambiance fleur bleue attendra son paroxysme quand les deux invités, James Houston (Richard Carlson) un Texan rêvant d'un carrière de chanteur et Jean Lawrence (Jean Parker) une infirmière dévouée, tombent comme par miracle amoureux l'un de l'autre. Bienvenu au pays des Bisounours.

On nage vraiment en pleine guimauve et même si j'aime bien les jolies histoires, j'ai eu du mal à accrocher parce qu'en plus, il ne se passe pas grand chose à l'écran et que l'ennui a vite pris le dessus. Dans son milieu, le film bifurque vers le fantastique puisque nos trois hommes riches périssent dans un accident d'avion mais leurs âmes restent pour un temps sur Terre afin, tel Michael Landon dans Les Routes du Paradis, de venir en aide aux personnes dans le besoin. La tâche principale de l'un des fantôme sera de faire se rabibocher James et Jean, séparés depuis que James est devenu un crooner réputé et qu'une chanteuse avide et manipulatrice a jeté son dévolu sur lui. Les scènes avec les fantômes sont plutôt bien réalisées, l'aspect translucide fonctionne correctement. Mais la guimauve reprend malheureusement ses droits avec une approche biblique qui nous achève.

Car Dieu, représenté par des éclats de lumière divine, rappelle à lui les âmes des fantômes errants. Leur mission n'étant pas terminé, ils demandent un peu de temps pour la parachever. Ce que Dieu autorise, on est la veille de Noël tout de même ! Il faut être dans de bonnes dispositions pour apprécier pleinement Au-delà de Demain. Le Bien, la gentillesse, la bonté sont les maîtres-mots du film qui assume à 100% son aspect conte de Noël. Pour ma part, j'ai trouvé ça trop mou, pas assez dynamique, trop mièvre et cette belle histoire n'a pas réussi à m'emballer plus que ça, malgré un casting bien en place. A découvrir tout de même car c'est un film assez rare.




Stéphane ERBISTI

ASYLUM (2008)


Titre français : Asylum
Titre original : Asylum
Réalisateur : David R. Ellis
Scénariste : Ethan Lawrence
Musique : David L. Hamilton
Année : 2008
Pays : Usa
Genre : Fantômes et spectres
Interdiction : -12 ans
Avec : Sarah Roemer, Mark Rolston, Jake Muxworthy, Randall Sims, Cody Kasch...


L'HISTOIRE : Tout fraîchement arrivés sur leur campus, un petit groupe d’étudiants apprennent que le dortoir était anciennement un hôpital psychiatrique dans lequel un médecin quelque peu dérangé, pour ne pas dire sadique, torturait ses patients pour les libérer de leur folie. Rapidement, nos jeunes étudiants vont se rendre compte que le fantôme de ce médecin sévit dans les couloirs du bâtiment et n’a qu’un seul souhait : se venger suite à la rébellion de ses patients autrefois…


MON AVISAncien cascadeur et coordinateur de cascades dans le milieu du cinéma, David R. Ellis (1952 - 2013) est ensuite passé à la réalisation. On lui doit principalement Destination finale 2, opus souvent considéré comme le meilleur de la saga, et Destination finale 4, Shark 3D, Des Serpents dans l’Avion ou encore Cellular.

C’est en 2008 qu’il réalise Asylum dont il est question aujourd’hui. Un long-métrage qui montre que le réalisateur américain n’a pas fait que des bons films ou au pire des films sympas, ce dernier étant sans conteste le plus mauvais que votre rédacteur ait pu voir de notre homme. Vous voilà prévenu(e)s, vous qui vous apprêtez à lire les quelques paragraphes qui suivent. 

Une chose est sûre, Asylum ne brille pas par son scénario. Souvent prévisible - nous comprenons vite que les protagonistes vont se retrouver confrontés à leurs propres démons et leurs mises à mort sont déjà en grande partie devinées - et ce jusque dans son final, dans lequel l’identité des survivants est d’une banalité sans pareil. Le film sent bon le réchauffé sur de nombreuses séquences, tells l’excursion nocturne dans la partie condamnée du bâtiment qui en est un exemple des plus flagrants. Cette histoire mêlant film de fantômes et film de savant fou s’avère bien peu haletante et rate l’une des choses que nous attendions le plus : frissonner dans ce dortoir hanté.

Hé oui, on s’ennuie ferme dans ce Asylum. Bien trop bavard pour ne finalement pas dire grand-chose, le script tenant sur le recto d’une feuille de papier toilette mais le scénariste semble vouloir broder avec des dialogues inutiles et des séquences vues et revues, le film regorge de clichés et ce dès les premières minutes, avec la sempiternelle mise en garde par un gars du coin, ici en l’occurrence le mec de la maintenance, pour finir par ce que j’appelle l’habituelle découverte de la salle aux cadavres et dans laquelle on retrouve tous les personnages morts dans le film avec, en prime, les cris et les yeux écarquillés de nos valeureux survivants à ce moment mais je n’en dirai bien évidemment pas plus pour éviter tous spoilers.

Passés quelques jumpscares ratés et de nombreuses séquences nocturnes qui ne vous feront dresser aucun poil, le tout censé nous faire grincer les dents et griffer les accoudoirs de nos fauteuils / canapés, nous arrivons au bout d’1h25 (au moins le film est court, un bon point au vu du résultat) à un générique de fin qui nous confirme ce que nous pensions depuis le début : la musique ne colle vraiment pas par moment - voire cette musique énergique dégueulasse dans la course-poursuite finale en pleine forêt ou cette balade qui signe le clap de fin du film et qui est détestable au possible, venant définitivement confirmer les fautes de goût du compositeur. Et que dire des décors ? Là aussi ça sonne souvent faux, ça transpire les fausses cloisons et les studios dès que l’on entre dans cette partie du bâtiment interdite au public…

Et les personnages ? me demanderez-vous.  Hé bien là aussi pas de grande surprise car nous continuons dans le cliché, le grand déjà-vu. En plus d’être stéréotypés - un jeune crack en informatique et geek souffre-douleur de ses camarades, le beau gosse de service musclé et écervelé à qui l’on a implanté une bite à la place de la cervelle, la belle blonde chaudasse de service ou encore la belle brune dont toute drague est vouée à l’échec et l’héroïne sans grand caractère dont l’on se fiche éperdument sauf lors de sa scène de nu sous la douche - les personnages sont sans profondeur, chacun raconte son lourd passé sans aucune réelle émotion retranscrite et pour être franc on se moque complètement de ce qu’ils vont devenir dans le film, ne s’attachant à aucun d’entre eux, survivants chanceux comme futures victimes.

En ce qui concerne notre vilain méchant médecin, là aussi c’est du beau gâchis. Un fantôme qui apparaît très humain et qui se prend pour Alan Feinstone dans Le Dentiste ou encore Evan Rendell dans Dr. Rictus et qui peine fortement à convaincre, à faire frissonner le spectateur. Notre spectre vengeur apparaît sans grande surprise avec des jeux de lumières, des gros plans éclairés sur son visage et des phrases débiles qui gâchent tout des confrontations.

Restent quelques effets visuels saignants sympas qui, sans être exceptionnels pour autant, ont le mérite d’exister et de témoigner du caractère dangereux du fantôme. Mais ce que l’on retiendra le plus dans ce film finalement, c’est une fracture d’un pénis en érection (lol) et les flashbacks sur les expériences menées autrefois dans l’hôpital psychiatrique, dont une sympathique scène de rébellion des patients, avec des couleurs cliniques bleu et blanc bienvenues pour faire ressortir cette ambiance glaciale. Ce n’est pas là encore du jamais-vu mais ces séquences sont ce que l’on retient du film finalement.

Asylum est finalement le genre de film bateau et sans intérêt. Avec son scénario simpliste et maladroit qui joue la carte des clichés, des personnages stéréotypés sans profondeur et des dialogues inutiles à gogo, ce film de David R. Ellis est finalement un beau gâchis et l’on préférera revoir son Destination finale 2 ou Shark 3D ou Des serpents dans l’avion car même si ces deux derniers étaient loin d’être parfaits, au moins ils se laissaient bien regarder...




David MAURICE

ANTARCTIC JOURNAL (2005)

 

Titre français : Antarctic Journal
Titre original : Antarctic Journal
Réalisateur : Yim Phil-Sung
Scénariste : Chang Kang-Hee, Bong Joon-Ho
Musique : Kenji Kawai
Année : 2004
Pays : Corée du sud
Genre : Fantômes et spectres
Interdiction : -12 ans
Avec : Song Kang-ho, Yu Ji-tae, Kim Kyeong-ik, Park Hee-soon...


L'HISTOIRE : Une équipe coréenne, composée de six hommes et dirigée par l'expérimenté capitaine Choi Do-yung, a décidé d'atteindre l'endroit le plus reculé de l'Antarctique. Plus les hommes se rapprochent de leur but, plus la fatigue et les tensions se font ressentir. Et lorsqu'ils trouvent le journal de bord d'une expédition anglaise menée quatre-vingts ans auparavant, des événements étranges se produisent. Des hommes tombent mystérieusement malades, d'autres deviennent fous, d'autres encore disparaissent. L'expédition semble compromise, mais étrangement, le capitaine semble prêt à tout pour atteindre ce point le plus reculé de l'Antarctique...


MON AVISIci, pas de prologue interminable à l'américaine où l'on verrait les aventuriers préparer leur périple et dire adieux à leur famille pendant de longues minutes. Le film commence dans le vif de l'action : six hommes en train de marcher au milieu d'une immensité blanche qui parait infinie. Au cours de la marche, les personnalités se révèlent. On apprend petit à petit à connaître les personnages. On voit les conditions difficiles de leur entreprise : le froid, la marche forcée, leur coupure avec le reste du monde. Puis, par petites touches croissantes, des événements étranges se produisent, jusqu'à un basculement dans le fantastique avec la découverte du fameux journal.

La direction d'acteur, qui est d'une finesse rare pour un film fantastique, contribue grandement à la réussite du métrage. Une grande partie du film est basée sur les tensions et les failles psychologiques des personnages et lorsque les éléments fantastiques entrent en scène, le spectateur ne sait plus à quoi s'en tenir. Ajouter à cela les paysages désertiques immaculés et le silence y régnant, confère une atmosphère envoûtante et bizarrement dérangeante, de telle sorte que le moindre bruit devient une agression pour les personnages comme pour le spectateur.

Avec la découverte du journal, commence alors un jeu de massacre intriguant, lors duquel disparaissent un à un les protagonistes. Les éléments fantastiques entrent en jeu. Eléments fantastiques au sens propre du terme puisqu'il est à ce stade du film, impossible de discerner ce qui est réel et ce qui ne l'est pas. Le spectateur aura son quota d'images impressionnantes et effrayantes, avec deux petites incursions dans le gore. Difficile d'en dire plus à ce sujet sans dévoiler la fin. Les solutions seront en partie données dans un final légèrement décevant comparée à la tension qui règne sur tout le film.

Souvent comparé à tort au The Thing de John Carpenter, Antarctic Journal ne lui ressemble que par le choix des décors (encore qu'une grande partie du film de Big John se déroule en intérieur). Le film de Yim Phil-Sung n'est ni un film de monstre, ni un film s'axant sur la paranoïa mais un film qui s'attache à montrer de manière imagée les faiblesses psychologiques de l'homme et la détérioration de son mental confronté à des situations extrêmes. Phénomène qu'il parvient même à faire entrapercevoir au spectateur qui sort de la salle quelque peu déboussolé...




Cédric FRETARD

ABÎMES (2002)

 

Titre français : Abîmes
Titre original : Below
Réalisateur : David Twohy
Scénariste : David Twohy, Lucas Sussman, Darren Aronofski
Musique : Graeme Revell, Tom Simonec
Année : 2002
Pays : Usa
Genre : Fantômes et spectres
Interdiction : /
Avec Bruce Greenwood, Olivia Williams, Matthew Davis, Holt McCallany...


L'HISTOIRE : Août 1943, quelque part dans l'Atlantique. Le sous-marin américain Tiger Shark, commandé par le lieutenant Brice, reçoit l'ordre de secourir les survivants d'un bateau coulé par une torpille. Tandis qu'ils s'exécutent, des navires allemands approchent, obligeant une immersion rapide. Les rescapés sont trois, dont une femme médecin, Claire Paige. Le silence complet établi afin d'échapper à la détection des sonars ennemis est soudain rompu par la musique d'un tourne-disque en cabine jouant du Benny Goodman. Repéré, le Tiger Shark subit une attaque. Qui a mis en péril le navire et son équipage ? Une menace insidieuse sévit à bord du sous-marin, et le danger ne vient plus seulement de l'extérieur…


MON AVIS :Après les surprises que constituèrent The Arrival et Pitch Black, on aurait pu penser que David Twohy allait devenir une référence du genre, et que la confiance des distributeurs et du public lui serait acquise. Il n'en alla pas du tout ainsi. Aux USA, la promotion de Abîmes fut quasi inexistante, et le film ne resta à l'affiche que quelques jours ; et ce ne fut guère mieux en France, où le DVD n'est enfin sorti qu'en 2004. Pourquoi ? Sans doute en raison d'une réalisation trop sobre pour les mangeurs de grand spectacle. Pourtant, sans se hisser au niveau d'un chef-d'œuvre, Abîmes est dans sa catégorie une petite perle à découvrir d'urgence.

Nul doute que David Twohy en aura contrarié plus d'un ! En situant son histoire durant la seconde Guerre Mondiale, à bord d'un sous-marin comme dans A la poursuite d'Octobre Rouge ou le récent U571, le réalisateur de Pitch Black laissait augurer des scènes de guerre et d'action spectaculaires… qui n'auront pas lieu. Ici l'atmosphère et l'angoisse priment, et les attaques, peu nombreuses, auxquelles nous assistons dans Abîmes, sont celles que subit l'USS Tiger Shark, Twohy nous faisant d'ailleurs découvrir des méthodes d'agression pour les sous-marins que sans doute peu de spectateurs connaissaient auparavant. L'une des qualités du film réside dans cette façon d'exploiter les particularités de la vie militaire sous-marine. Au-delà de la lumière rouge bien connue, Twohy utilise des aspects inédits, sans toutefois s'y attarder, car il ne s'agit pas d'un techno-thriller.

Tout comme les rescapés, nous découvrons un univers clos régi par des lois et des habitudes bien définies, déjà en soi propice à l'inquiétude… Et rien ne va plus si les habitués eux-mêmes s'avèrent dépassés par le cours des événements !

Un spectre mystérieux cherchant à mettre le navire en péril, une culpabilité inavouée, on pourra dire que le sujet, en définitive, est très classique, surtout au moment du renouveau (pas très nouveau…) du thème des fantômes. Et de fait, la découverte du fin mot de l'histoire n'aura pas de quoi vous clouer au fauteuil. Tout réside donc dans la manière de raconter l'histoire, de la mettre en scène. Sur ce point, Twohy est vraiment étonnant. Sa réalisation fluide n'appuie pas sur le trait. Aucune esbroufe, mais en quelques plans et angles bien choisis, le doute, la peur ou l'effroi vous sautent à la figure. Ajoutez-y une direction d'acteurs remarquable, des dialogues sans lourdeur, et une photographie splendide qui restitue parfaitement la froide obscurité de cet univers sous-marin, et vous pardonnerez aisément à Abîmes de ne pas être un monument d'originalité.

Compte tenu que ce manque d'originalité est souvent accompagné d'une réalisation bien moins aboutie dans la plupart des films de fantômes récents, on se demande bien en quel honneur Abîmes n'a pas reçu les éloges qu'il méritait. Toujours est-il qu'en s'offrant ce détour qu'on pourrait qualifier de Quiet Horror, David Twohy indique à qui le voudra que son registre est loin d'être épuisé, faisant preuve d'une maîtrise que bien d'autres pourraient lui envier.




Stéphane JOLIVET

7 JOURS A VIVRE (2000)

 

Titre français : 7 Jours à Vivre
Titre original : 7 Days to Live
Réalisateur : Sebastian Niemann
Scénariste : Dirk Ahner
Musique : Egon Riedel
Année : 2000
Pays : Allemagne, République Tchèque, USA
Genre : Fantômes et spectres
Interdiction : -12 ans
Avec : Amanda Plummer, Sean Pertwee, Nick Brimble, Gina Bellman, Sean Chapman...


L'HISTOIRE Ellen et Martin Shaw ne supportent plus la vie en ville depuis que leur enfant unique est mort en s'étouffant devant eux, c'est pourquoi ils décident de s'installer à la campagne. Ils achètent donc une vieille maison afin que lui, écrivain en mal d'inspiration, puisse rédiger au calme et qu'elle, sortant d'une longue période de dépression, s'évade intellectuellement en restaurant la demeure. Mais dès le premier jour, le couple commence à sentir de drôles de choses émanant de la maison. Ellen reçoit même d'étranges messages qui l'informent qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre alors que son mari devient de plus en plus irritable et ne cesse de la harceler moralement tout en la prenant pour une folle.Quelle est alors l'étrange vérité qui semble hanter tragiquement les murs de cette bâtisse ?


MON AVISÇa commence comme un vulgaire film de maison hantée, possédée par une puissance maléfique, dans le genre Amytiville La Maison du Diable (visions, fantômes, meurtre mystérieux...) et on se rend progressivement compte qu'on à affaire à un remake de Shining avec les poncifs de : l'écrivain, la maison isolée, la folie, le passé qui resurgit, les apparitions...

Contre toute attente, tout n'est pas à jeter dans ce petit film sans prétention, en particulier l'atmosphère, assez bien gérée dans l'ensemble. La pression monte peu à peu, et réussit à mettre le spectateur mal à l'aise. Malheureusement, cela ne se fait pas tellement en douceur mais plutôt de manière hachée, le tout accompagné d'une bande sonore des plus classiquement insipides et d'un sentiment général de déjà-vu.

Le duo d'acteurs, quant à lui, reste honnête. Amanda Plummer (Pulp Fiction entre autres) joue parfaitement le rôle de la dépressive en rechute; Sean Pertwee reprend sans effusion un rôle très proche de celui de Jack Nicholson dans Shining, mais n'est pas Nicholson qui veut ! Surtout quand l'acteur a une voix de canard dans la version originale, ce qui gâche en partie pas mal d'effets dramatiques du métrage.

7 jours à vivre nous laisse donc sur notre faim, en nous remâchant assez maladroitement et timidement des segments de films que l'on a déjà vus une centaine de fois que ce soit au cinéma ou à la télévision. C'est dommage, car l'idée principale du scénario (les signes montrant les jours qui passent, représentés sous des aspects différents) sur laquelle le titre du film est d'ailleurs basé, est curieusement assez vite oubliée pour finalement laisser place à une caricature de fin ressemblant trait pour trait à celle de Poltergeist. Et ce, même si pour le scénario, le réalisateur, habitué des courts-métrages, dit s'être inspiré en grande partie d'un mythe populaire allemand selon lequel au Moyen Age, les criminels étaient jetés vivants dans des marécages, et que, la nuit, leurs âmes venaient hanter les lieux. On aurait ainsi aimé voir autre chose que du réchauffé, des images plus fortes et moins d'effets de synthèse à deux euros pour rendre le film plus authentique et inédit. Seule la morale du film reste sauve : laissons le passé là où il est.

Mais un réalisateur peu habitué aux longs métrages et des restrictions budgétaires, expliqueront peut-être ce manque d'inventivité. A ce propos, le film, tourné avec un budget de 2 millions de dollars, s'est réalisé en République Tchèque. Les extérieurs de la maison ont été filmés sur une ancienne base militaire russe, et pour les intérieurs, un studio a été monté sur la patinoire de l'équipe Tchèque de Hockey.

Ce condensé de films d'horreur classiques est donc à voir pour les fans du genre les plus endurcis désirant parfaire leurs connaissances de cinéphiles ou pour ceux qui n'ont vu aucun des films précités, les autres passeront leur chemin sans demander leur reste.




Vincent DUMENIL