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BLACK SHEEP (2006)


L'HISTOIRE : Traumatisé dans son enfance par une mauvaise blague de son frère, Henry a désormais une peur bleue des moutons. Après quinze années d’absence, il décide sur les conseils de sa psy de revenir à la demeure familiale, une vaste ferme d’élevage de moutons où il retrouve la gouvernante Mrs Mac et son frère Angus, qui s’est spécialisé dans l’élevage avec l’aide de la génétique. Au même moment, Grant et Expérience, deux jeunes activistes luttant contre les expériences de laboratoires, dérobent un petit container contenant un embryon issu des nombreuses manipulations génétiques menées par les scientifiques d’Angus. Grant brise accidentellement le container et l’embryon de moutons s’échappe, après avoir préalablement mordu Grant et d’autres moutons. Les conséquences de ces morsures vont vite se révéler catastrophiques, transformant les gentils moutons en bêtes affamées et avides de viande…


MON AVIS : Il fallait oser ! Détourner l’emblème de la Nouvelle-Zélande, à savoir le sympathique mouton, pour le transformer en créature terrifiante et assoiffée de sang, quelle idée ingénieuse et originale ! Originale, pas tant que ça en fait puisqu’un film de 1973 avait déjà fait muter cet animal en un monstre horrible, dans Godmonster of Indian Flats de Fredric Hobbs. Mais bon, comparer au nombre de films mettant en scène des requins ou des serpents par exemple, on peut dire que Black Sheep et ses moutons tueurs demeure bel et bien une pièce d’exception dans la catégorie des films d’agressions animales.

La genèse de Black Sheep repose entièrement sur son réalisateur Jonathan King. Il écrit un premier scénario du film dans lequel se trouvent déjà tous les personnages clés et la plupart des situations présentes dans le film. Après avoir travaillé son scénario de nombreux mois, il décide de le présenter et d’essayer de trouver un producteur qui serait intéressé ainsi que des subventions. Coup de bol, une productrice est enthousiasmée par cette idée farfelue, de même que la commission des films de Nouvelle-Zélande qui décide d’apporter son aide à Jonathan King. Le scénario est retravaillé avec l’aide de spécialistes et nouveau coup de chance en faveur de Jonathan King, la Weta Workshop, société spécialisée dans les effets spéciaux fondée en 1986 par Richard Taylor et à l’origine des effets sur la trilogie du Seigneur des Anneaux et de King Kong (2005) de Peter Jackson entre autres, se montre très réceptive également et propose son aide. Le budget du film n’étant pas celui de la trilogie consacrée à l’univers de Tolkien évidemment, la Weta décide de faire les effets spéciaux à l’ancienne et de ne pas abuser des images de synthèse. On se retrouve donc en présence d’un film qui sent bon les années 80, avec prothèses, faux sang, moutons réalisés en animatronique se mélangeant avec les vrais animaux, maquettes et autres trouvailles délirantes qui augmentent considérablement le capital sympathie de Black Sheep, qui n’est pas sans rappeler les premières œuvres de Peter Jackson justement, et notamment son délirant Bad Taste.

Maintenant, avoir des professionnels à son service, un scénario bien écrit et des idées loufoques ne suffisent pas toujours à faire un bon film. Surtout que Jonathan King n’a réalisé que des clips, des publicités et des courts-métrages jusqu’ici. Mais l’homme est tellement impliqué dans son projet qu’il va rapidement communiquer sa bonne humeur à l’ensemble de l’équipe, qui va donner le meilleur d’elle-même. Et il montre également un talent certain dans la mise en scène, transformant un projet pas gagné d’avance en une très belle réussite de la comédie horrifique, qu’on rangera aisément au côté de classiques du genre tels Le Loup-Garou de Londres, Bad Taste, Evil Dead 2 ou plus récemment Horribilis par exemple.

Dire qu’on se marre devant Black Sheep est ce qu’on appelle une vérité vraie ! Le film est ultra fun, divertissant, et les quelques légers passages moins rythmés n’empêchent pas d’accrocher le spectateur qui en redemande et veut en voir encore plus !

Il faut dire que le spectacle est bien présent et qu’on ne soupçonnait pas nos amis animaux laineux d’être aussi féroces et voraces ! Morsures diverses, gorge arrachée, intestins sortis du ventre et autres joyeusetés gores s’étalent sur l’écran dans une bonne humeur communicative et le mélange des vrais moutons avec les créatures robotisées créées par Weta Workshop est franchement bien géré, même si on devine dans certaines scènes qui sont les vrais des faux. Mais dans un film comme celui-ci, je dirais que ça n’a pas beaucoup d’importance et que le fait d’avoir des animatroniques qu’on devine est même un plus car ça augmente le côté loufoque des situations, les rendant encore plus irréelles et hilarantes.

En bon fan du genre, Jonathan King n’a pas oublié de faire quelques petits clins d’œil aux films cultes du répertoire. Par exemple, le retranchement des personnages principaux dans la maison et le festin anthropophage auquel se livrent les moutons carnassiers et les humains mutants au dehors nous renvoient directement à certaines séquences de La Nuit des Morts Vivants de George Romero. La transformation d’Angus, le frère du héros, en mouton mutant nous rappelle des scènes similaires vues dans Le Loup-Garou de Londres ou dans Hurlements. L’attaque démente de la horde de moutons pendant une conférence en plein air évoquera à l’amateur l’attaque de l’alligator venu faire son repas durant un mariage dans L’incroyable Alligator de Lewis Teague. Toutes ces références jouent en faveur de Black Sheep car elles ne prennent pas le dessus sur les idées originales du film lui-même.

Autre force du métrage, outre le très bon dosage entre humour et gore, les personnages principaux joués par des acteurs quasi inconnus, qui nous apparaissent fort sympathiques et que l’on prend vraiment plaisir à suivre dans leurs sanglantes péripéties. Henry est impayable lorsque sa phobie des moutons prend le dessus, son pote Tucker n’est pas mal non plus dans son genre, et la jolie héroïne du film en sort de bonnes aussi, comme lorsque la vieille dame lui demande en lui présentant un fusil si elle a déjà fait cracher un tromblon et qu’elle répond pas un comme ça. De l’humour décapant, parfois irrévérencieux, mais toujours généreux et fort bien amené dans la majorité des cas. Un humour qui sait aussi se faire discret lorsqu’il le faut. La rivalité et l’antipathie, que se vouent les deux frères, ne prêtent pas à sourire par exemple. Certaines situations font également abstraction de cet humour afin de mieux emmener le spectateur dans un climat de tension. Mais reconnaissons que dans l’ensemble, c’est bien les fous rires qui auront le dernier mot lors de la vision du film. Ce mélange de comédie-horreur a d’ailleurs été fort bien accueilli puisque Black Sheep a reçu le Prix du Jury et le Prix du Public lors du festival de Gérardmer 2007 !

Sous son aspect délirant et gore, Black Sheep n’en oublie pas de dresser un amère constat sur le risque des manipulations génétiques et les conséquences qu’elles peuvent entraîner en cas de non respect des règles d’éthique. Un thème qui avait déjà donné lieu à un très bon film en 2005, Isolation. Le film de Billy O’Brien est un peu le versant sérieux de Black Sheep car son but premier était de terroriser le public avec son animal mutant. Jonathan King n’a pas du tout la même approche mais les deux films méritent plus qu’un simple coup d’œil.

Si vous aimez les situations abracadabrantes, les délires à la Bad Taste et voir des moutons dévorer tout ce qui passe à leur portée dans de très beaux paysages, ruez-vous sur Black Sheep, fou rire et jubilation avec geyser de sang en prime sont garantis !


Titre français : Black Sheep
Titre original : Black Sheep
Réalisateur : Jonathan King
Scénariste Jonathan King
Musique Victoria Kelly
Année : 2006 / Pays : Nouvelle-Zélande
Genre : Attaques animales, comédie horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec Nathan Meister, Danielle Mason, Tammy Davis, Peter Feeney, Oliver Driver...




Stéphane ERBISTI

BLACK FRIDAY (2021)


L'HISTOIRE : Pendant la période des fêtes de fin d'année, les employés d’un magasin de jouets de la franchise We Love Toys doivent, malgré leurs différences évidentes, se protéger mutuellement d'une horde d'acheteurs infectés par un parasite extraterrestre qui les transforme en créatures monstrueuses et semblant toutes reliés entre elles par un lien télépathique. Qui sera alors élu employé du mois ?


MON AVIS : Black Friday est, sur le papier, un film qui a tout pour plaire avec son casting accrocheur (notamment Bruce Campbell, le génial Ash de la saga Evil Dead et le sympathique Devon Sawa vu dans Destination Finale, La main qui tue ou encore 388 Arletta Avenue) et son pitch prometteur faisant penser à une critique du consumérisme à tout-va digne des films de George A. Romero (des employés sont enfermés dans un magasin pendant les fêtes de Noel et doivent faire face à une menace extraterrestre !). D’ailleurs le film ne perd pas de temps, puisque peu après la diffusion d’un bulletin d’information télévisé nous avertissant de l’arrivée imminente d’un météore, une créature alien causera encore plus d’agitation que la future pénurie des jouets incontournables de l’année un jour de soldes ! Les acheteurs seront ainsi transformés en mutants / aliens / zombies mangeurs de chair et le personnel du magasin de jouets n’aura pas d’autre choix que de faire équipe pour tenter de rester en vie.

Malheureusement, passé vingt minutes, la suite va reléguer ce film pourtant bien entamé au rang d’une énième série Z de bas étage ! Déjà, les personnages représentent tous les clichés qu’il est possible de retrouver chez les différents types de vendeurs. Ils ne sont guère développés et en plus, les acteurs sont sous-exploités eu égard à leur potentiel ! On reconnaîtra ainsi Michael Jai White (SpawnMortal Kombat, Black Dynamite), tout en muscles et en cloueuse électrique, mais trop rapidement tué à notre goût ! Devon Sawa est quant à lui assez fade voire transparent. Quant à Bruce Campbell, il est ici affublé d’une coiffure horrible, d’une petite moustache, d’un nœud papillon, d’une chemise à carreaux, d’un pull en laine de mauvais goût, le tout allant bien avec son personnage de peureux et respectueux des conventions, mais bon sang qu’il est barbant ! En même temps, tout ce qu’il débite est inconsistant !

D’une manière générale, on a souvent l’impression que les répliques des protagonistes sont juste balancées comme cela et qu’elles n’ont aucun tranchant ! Ce n’est pas drôle, pas assez irrévérencieux donc pas incisif pour deux sous, si bien qu’on a le sentiment que les membres du casting déclament des banalités pour meubler ou combler un vide scénaristique manifeste ! En même temps, aucun des protagonistes n’est suffisamment brossé pour susciter une quelconque once d’empathie ! C’est dommage car la critique sur l’avidité des entreprises au détriment du bien-être de leurs employés est bien là, mais le commentaire social n’est pas non plus mis en valeur car pas assez humoristique. C’est ainsi trop bavard, hyper long entre deux scènes d’action ou de lutte contre les infectés ou l’entité extraterrestre s’inspirant tout de même largement de Le Blob et de Braindead pour la couleur rose et le boss de fin !

On ne manquera pas néanmoins de constater que les effets visuels et les maquillages sont de qualité. En même temps, avec Robert Kurtzman (ayant officié sur Predator, les deux premiers Evil Dead, Tremors, Scream ou encore L’antre de la folie, excusez du peu !) aux commandes, cela semble logique ! Entre corps purulents, geysers de sang et prothèses en latex du plus bel effet, on sent que le bonhomme a du métier et privilégie avant tout les effets à l’ancienne comme tout bon artisan qui se respecte ! Malheureusement, c’est bien la seule consolation apportée par ce film manquant d’originalité, de tension et n’offrant aucune scène inédite tout en enchaînant poncifs en tous genres et à la métaphore facile sur le consumérisme excessif ne constituant même pas un nanar regardable entre potes avinés car ce n’est même pas marrant !

Parabole sur la surconsommation de nos sociétés occidentales qui font des grandes surfaces de véritables temples où l’unique religion est d’acheter jusqu’à plus soif, ce Black Friday n’a malheureusement pas grand-chose de folichon pour attirer le quidam ! Pourtant, la chose pouvait paraître alléchante si on se fiait au pitch prometteur et à la distribution séduisante. Malheureusement, le réalisateur Casey Tebo, plus enclin à réaliser des clips et documentaires sur Aerosmith, tente - sans grande réussite - de parodier comme beaucoup avant lui le cultissime Zombie en transformant ses clients déjà bien excités par les soldes en morts vivants voraces semblant liés entre eux par une entité venue de l’espace. Toutefois, le film se noie dans ses nombreux bavardages et en plus n’est même pas drôle car les dialogues sont ratés. Et ce ne sont pas quelques SFX assez bien fichus et encore moins la présence de Bruce Campbell en manager moustachu proche de la retraite qui parviendront à rattraper le naufrage cinématographique qui nous est proposé tant son personnage est mou du genou, tout comme le reste du casting n’ayant même pas une punchline mémorable à nous asséner ! Bref, Black Friday n’est ni plus ni moins qu’un film d’horreur qui se cherche sans jamais trouver sa voie et à oublier d’urgence !


Titre français : Black Friday
Titre original : Black Friday
Réalisateur : Casey Tebo
Scénariste Andy Greskoviak
Musique Patrick Stump
Année : 2021 / Pays : Usa
Genre : Comédie fantastique & horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec Bruce Campell, Devon Sawa, Ivana Baquero, Ryan Lee, Michael Jai White...




Vincent DUMENIL

BIO ZOMBIE (1998)

 


L'HISTOIRE : Deux vendeurs de VCD, Woody Invicible et Crazy Bee, travaillent dans un centre commercial. Ils reçoivent un appel de leur patron leur demandant d'aller chercher sa voiture. Lors du trajet, ils ont un accident en percutant un homme. Celui-ci possède un soda qui transforme en zombie quiconque s'en abreuve. Les deux amis justement lui font boire ce soda avant que l'homme rende l'âme. Ils décident alors de le mettre dans le coffre de la voiture et de retourner au centre commercial. Malheureusement, les ennuis vont commencer quand l'homme se transforme en zombie, sort du coffre et débute le carnage...


MON AVISSi l'on regarde de plus près l'historique des films mettant en scènes des morts vivants, on s'aperçoit très vite que les asiatiques ne sont pas très friands du genre. En effet pratiquement aucun film sur le genre. On peut toutefois citer les plutôt sympathiques Stacy, Wild Zero, Versus et Junk venant du Japon. A noter qu'il s'agit de films récents montrant peut-être un plus grand intérêt des asiatiques pour ce genre de films actuellement. Dans l'industrie de Hong-Kong, c'est également très timoré. On se remémorera tout de même le célèbre Kung Fu Zombie datant de 1981. Bio Zombie fait donc partie de ces films très rares de zombies venant de là-bas. Sorti en 1998 ce film mélange habilement horreur et comédie.

Bien évidemment, ne vous attendez pas un film de zombie novateur, vous l'avez déjà bien compris je pense avec le pitch, mais Bio zombie s'apparente à un matériau respectant ses aînés sans tomber dans les confins de la médiocrité. Si le mixte humour et horreur dans le genre du zombie a su donner des petites perles (voir Le Retour des Morts Vivants, Braindead) comme des beaux ratages (Le Retour des Morts Vivants 2), Wilson Yip réussit l'exploit de se hisser vers le niveau du film de Dan O'Bannon en n'hésitant pas à conclure son métrage d'une manière pessimiste tout à fait remarquable.

En plus de cela, Yip semble être un grand fan de Romero comme tout fan de films en zombie cela dit en passant. L'action se déroulant en grande majorité dans un centre commercial rappelle donc sans mal le fameux Zombie. Mais ici point d'œuvre contestataire, Bio Zombie est un film d'exploitation fun et sans prétentions.

L'humour surprend par sa grande présence, ne faisant jamais tomber le film dans le ridicule. Dialogues et situations cocasses sont les forces de cet humour. Le duo des deux jeunes délurés y est pour beaucoup aussi, c'est incontestable. Jeunes branleurs plutôt décérébrés, on assistera à leur intimité à la fois amusante et pathétique. Ayant rencontré deux jeunes et jolies filles, Woody se prend un râteau avec l'une d'elle. Il décide alors avec son compère de l'agresser dans les WC. En résulte une scène totalement absurde et hilarante où nos deux amis passent sans mal pour des nigauds de première.

Il y aussi le jeune serveur du restaurant qui est fou amoureux de l'une de ces deux filles et qui deviendra un gentil zombie aidant à plusieurs reprises nos protagonistes. Le couple est également très amusant avec cet homme qui traite sa femme comme une chienne mais qui dans les moments difficile se révèle être une vraie mauviette. Là encore, on assistera à plusieurs passages croustillants, bien que parfois horribles lorsque ce personnage pousse une des jeunes filles de l'ascenseur pour que celui-ci puisse marcher à cause du poids trop important. On peut donc rapprocher ce personnage avec celui de Cooper dans La Nuit des Morts Vivants.

Qui dit zombies, dit effusions de sangs me direz-vous alors qu'en est-il ici ? Si Bio Zombie est loin de proposer un spectacle gore limite vomitif (comme les films de zombies de Fulci entre autres), il a cependant son lot jouissif de morts (on n'est pas au niveau d'un Resident Evil heureusement). Outre les éternelles balles retentissant dans les corps de nos amis les zombies, on assistera à divers démembrements (les deux branleurs qui tirent sur les bras d'un zombie) mais également quelques règlements de compte à la perceuse électrique. Malgré tout, cela reste plutôt restreint, les plans gores étant assez courts. Mais il y a de quoi s'amuser.

Bio Zombie comporte donc assez peu de défauts même si on est loin d'un chef-d'œuvre. Le manque important d'innovation y joue beaucoup. On assiste plus à un bon trip de fan de films de zombies qui voulaient avant tout se faire plaisir et entre nous, c'est déjà très bien. Mais Yip aurait pu éviter quelques intrusions jeux video's style, lorsque, par exemple, à la fin nous voyons un portrait robot des protagonistes avec leurs points forts et faibles à l'instar des films de bastons avec le choix du personnage mais ce n'est pas non plus aussi risible qu'un House of the Dead.

En bref Bio Zombie est un film de zombie très sympathique alternant horreur et surtout comédie ce qui est plutôt normal vu son pays d'origine. Respectant le genre et ne tombant jamais dans la médiocrité, Yip nous donne à voir un spectacle très divertissant qui vous fera passer à coup sûr un agréable moment.


Titre français : Bio Zombie
Titre original : Sang Faa Sau See
Réalisateur : Wilson Yip
Scénariste : Matt Chow, Siu Man Sing, Wilson Yip
Musique Peter Kam
Année : 1998 / Pays : Hong-Kong
Genre : Morts vivants, Comédie horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec Jordan Chan, Sam Lee, Angela Tong Ying-Ying, Yiu-Cheung Lai...




Anonymous

BIENVENUE AU COTTAGE (2008)

 


L'HISTOIRE Alors qu’ils viennent de kidnapper la fille d’un gros caïd, deux frères et leur otage se réfugient dans un cottage à la campagne en attendant la rançon. Malheureusement pour eux, ce qu’ils pensaient être un coin tranquille pour se cacher et opérer en toute sécurité s’avère être au final le pire endroit qui puisse exister en Grande-Bretagne. Au diable l’otage - de toute façon c’est une garce ! - c’est leur vie qui est en jeu à présent…


MON AVISLa Grande-Bretagne n’en finit plus de nous sortir des comédies horrifiques. Certes, tout n’est pas rose dans la longue liste des films anglais appartenant à ce registre mais certains méritent vraiment d’être vus et c’est le cas de ce fameux Bienvenue au Cottage.

Ecrit et réalisé par un certain Paul Andrew Williams, The Cottage (titre original) est un film sorti dans nos contrées de manière (trop) discrète, sans grande médiatisation. Pourtant, ce dernier s’avère être une réelle bonne surprise pour qui aime les comédies horrifiques : drôle et glauque à la fois, le film de Paul Andrew Williams n’a rien à envier aux piliers du genre.

Même si le film ne révolutionne en rien le genre qui le caractérise, il faut bien admettre que ce dernier est doté d’un scénario efficace. Alors que la première partie de Bienvenue au Cottage lorgne principalement du côté de la comédie avec ses situations gags et ses personnages un brin crétins, la seconde moitié du film va nous plonger en plein survival, nos personnages principaux étant alors aux prises avec un monstre semblant être le fruit de relations consanguines, rappelant notamment la saga des Détour Mortel.

Même si certains trouveront peut-être la première partie du film un peu longue et sans véritable élément horrifique, cette dernière est toutefois suffisamment distrayante pour nous faire oublier la future menace qui va se présenter à nos quatre personnages principaux promise dans le résumé du film. Nos deux frangins kidnappeurs et leur imbécile de complice semblent si mal à l’aise et maladroits dans leur façon de gérer la situation que certaines séquences sont hilarantes. Entre gaffes énormes de la part du frérot binoclard et étourderies du copain complice, on s’amuse à de nombreuses reprises, d’autant plus que l’otage n’est pas ce qu’il y a de plus calme et docile ! (Attention aux coups de boules !)

La seconde partie quant à elle est clairement différente de la première d’un point de vue atmosphère. En effet, même si le film continue d’amuser la galerie avec ses quelques situations ridicules, voire même parfois grand-guignolesques, un basculement radical a été opéré en termes d’ambiance : plus glauque et inquiétante, cette seconde moitié de Bienvenue au Cottage nous plonge dans un univers bien plus sombre. Le survival prend alors rapidement le dessus, nous invitant dans un jeu du chat et de la souris dans des endroits peu hospitaliers (vieille grange, ferme abandonnée, sous-sol lugubre et autres sinistres forêts) avec pour menace un terrifiant personnage doté d’une force surhumaine et atrocement défiguré qui va mener la vie dure à nos chers amis.

Quelque soit la partie considérée, on appréciera en tout cas que le rythme soit toujours fort bien maintenu, grâce notamment à un humour omniprésent, des rebondissements bienvenus et des courses-poursuites haletantes en compagnie de notre monstre. Certes, le film se permet de temps à autres quelques clichés volontaires et deux-trois clins d’œil au cinéma de genre (on pense forcément à Evil Dead avec la fameuse trappe par exemple) mais ce n’est assurément que pour mieux captiver son public.

Concernant le casting, là aussi nous ne sommes pas en reste avec une galerie de personnages divers et variés. Les deux frangins kidnappeurs totalement opposés : l’un est calme et réfléchi tandis que l’autre n’est ni plus ni moins qu’un boulet ! Leur complice est totalement dépassé par les événements et l’otage qui s’avère être une vraie peste ! Bref, un condensé de bonheur et d’éclate qui ne manquera pas de vous faire rire ! A noter, et cela est assez rare de nos jours, que le film propose une VF satisfaisante (même si on préférera toutefois regarder le film en VOSTFR).

Du côté des effets spéciaux, à la manière d’un The Butcher, les quelques scènes sanglantes fort réussies sont originales et prêtent parfois à rire. Les maquillages et autres prothèses faciales utilisés pour confectionner notre monstre difforme sont également de très bonne facture et ne manqueront pas de vous faire frissonner lors de la première vision de ce dernier.

Enfin, la musique elle aussi est l’un des ingrédients non négligeable du film de Paul Andrew Williams. Très cartoon dans la première moitié du long-métrage, cette dernière devient plus sérieuse et inquiétante dans la seconde partie, alors que nous découvrons ce que sera le terrain de chasse de notre monstre.

Au final, Bienvenue au Cottage est une très bonne surprise. Pour ma part dans le haut du panier du registre des comédies horrifiques, ce film british saura vous divertir de part ses situations gags, ses personnages drôles et idiots à la fois et sa partie survival haletante et gore par moments. Un petit bijou à découvrir si ce n’est déjà fait !


Titre français : Bienvenue au Cottage
Titre original : The Cottage
Réalisateur : Paul Andrew Williams
Scénariste : Paul Andrew Williams
Musique Laura Rossi
Année : 2008 / Pays : Angleterre
Genre : comédie horrifique
Interdiction : -12 ans
Avec Andy Serkis, Reece Shearsmith, Steven O’Donnell, Jennifer Ellison...





David MAURICE

BIENVENUE A ZOMBIELAND (2009)

 


L'HISTOIRE : Le monde est totalement infesté de zombies et la population humaine a quasiment été décimée. Columbus, un jeune homme timide mais débrouillard, lutte pour sa survie. En chemin, il rencontre Tallahassee, un chasseur de zombies amoureux fou des biscuits Twinkies. Nos deux gaillards se mettent en chemin et font la connaissance de deux jeunes filles : Witchita et Little Rock. Witchita ne désire qu’une chose : emmener sa petite sœur dans un parc d'attraction. Après quelques coups fourrés, le quatuor décide de s’allier et de lutter ensemble contre les zombies…


MON AVISDécidément, les films de zombies ont toujours le vent en poupe. Les parodies aussi. Le succès de Shaun of the Dead ne s’est jamais démenti et nombreux sont ceux qui ont voulu surfer sur la vague. Le réalisateur Ruben Fleischer n’est pourtant pas un grand fan du genre. Il l’avoue lui-même. Néanmoins, il a accepté de relever le défi qui lui était tendu, après le refus de John Carpenter de réaliser le film, qui était initialement un épisode pilote pour une série télévisée. Ruben Fleischer s’est donc documenté sur les zombie movies, et en a visionnés pas mal afin de ne pas décevoir les fans et de se montrer à la hauteur du projet. A-t-il rempli sa mission ?

Lectrice, lecteur, si ton but en venant voir Bienvenue à zombieland était de t’amuser, de te divertir et de passer un bon moment devant un film comico-horrifique, alors le film de Ruben Fleischer devrait combler tes attentes. Si tu t’attendais par contre à voir un film dans la veine du Zombie de George A. Romero, tu peux faire demi-tour. Il est clair que Zombieland ne joue pas du tout dans ce registre. Bon, maintenant, avec un titre français pareil, on s’en doutait un peu quand même…

L’humour est donc au centre des aventures de Columbus, Tallahassee, Witchita et Little Rock. Un humour bon enfant, pas aussi drôle que celui de Shaun of the Dead, mais dans l’ensemble, on sourit souvent et on rigole franchement de temps en temps. Il y a quelques scènes fort amusantes qui feront leur petit effet à coup sûr. Il faut dire que les personnages principaux humains, qui sont les vraies stars de Bienvenue à Zombieland, ont tous quelque chose qui prête à sourire.

Columbus tout d’abord. Un petit jeune débrouillard (puisque toujours vivant) mais bien froussard au final, qui a rédigé toute une liste de règles afin de rester en vie dans ce monde cauchemardesque. Lors de nombreux passages du film, les différentes règles s’affichent sur l’écran en fonction des actions du personnage et ça nous fait bien rire la plupart du temps. Evidemment, notre grand timide va tomber amoureux d’une jolie fille, ce qui va parfois aller à l’encontre de certains principes qu’il avait si bien établis.

Second personnage, totalement pittoresque celui-ci, Tallahassee, merveilleusement bien incarné par Woody Harrelson, parfait dans ce genre de rôle. Une sorte de Terminator destructeur de zombies, expert dans le maniement de toutes sortes d’armes, mais qui possède aussi ses faiblesses, ce qui nous vaudra une petite séquence émouvante, qu’on n’attendait pas venir de ce personnage. Le spectateur ne pourra qu’être comblé par l’interprétation de Woody Harrelson, vraiment investi dans son personnage, et qui sera être l’élément comique numéro 1 dans le film la majorité du temps.

La jolie Witchita est interprétée par Emma Stone, et sa petite sœur Little Rock par Abigail Breslin. Deux nanas qui, tout comme Columbus, ont un mode de vie bien réglé, et qui savent quoi faire pour assurer leur survie. La rencontre entre ces quatre personnages sera détonante et transformera le film en road movie sanglant et humoristique, leur but étant pour les uns de trouver les derniers biscuits Twinkies, pour d’autres de se rendre dans un parc d’attraction pour s’amuser comme avant. Du comique de situation qui fonctionne bien et qui assure au film un déroulement sans gros temps mort, malgré quelques petites baisses de rythme par-ci, par-là. En effet, le film démarre sur les chapeaux de roues, avant de se ramollir un petit peu au milieu mais c’est pour mieux rebondir vers la fin, dans une séquence haute en couleur et pleine de vie (enfin, façon de parler…).

Niveau zombies, le film n’en est pas avare, même si on aurait aimé en avoir encore plus. Parce qu’une fois nos amis lancés sur les routes, des zombies, ben on en voit plus. Les routes sont quasi désertes, aucune menace à l’horizon. Non, la menace, elle est dans les rues, dans les villes mais pas au dehors. Bon, pourquoi pas après tout. Ce n’est qu’un petit détail qui ne vient pas forcément nuire au film. Juste une constatation. Qui se révèle en fait très plausible puisque les zombies se concentrent principalement dans les villes. Logique.

Par contre, une fois en ville, là, ça défouraille sec. C’est pas L’armée des Morts mais y’a de quoi faire quand même. Nos héros vont pouvoir se défouler avec divers objets contre les morts-vivants, ce qui nous donnera encore une fois quelques séquences franchement marrantes. Les effets spéciaux tiennent la route, et Ruben Flesicher a respecté les codes du genre en nous montrant quelques festins anthropophages, pas mal d’impacts de balles, quelques explosions de têtes, dont une avec un gros maillet sur une tête de clown franchement jouissive. Ça reste du gore rigolo mais c’est vraiment bien foutu. Et la dernière séquence se déroulant dans le parc d’attraction nous en donne vraiment pour notre argent niveau défouloir entre humains et zombies. La scène où Woody Harrelson s’enferme dans une guitoune avec ses deux flingues pour faire un méga carton sur les zombies est mémorable.

Impossible également de passer sous silence la participation de Bill Murray. Incarnant son propre rôle, l’acteur déjanté nous prouve encore une fois qu’il est un vrai troubadour du comique, et sa séquence est à mourir de rire.

On notera aussi pour les amateurs de jolies créatures la présence de la superbe Amber Heard, notre Mandy Lane adorée, baptisée ici 406 par Columbus, chiffre provenant du numéro de l’appartement de sa jolie voisine. Une apparition pas très longue mais comme chaque apparition d’Amber est un plaisir pour les yeux, on n’en voudra pas au réalisateur de l’avoir transformée en zombie dès le début du film pour mieux pouvoir la tuer.

Bref, amateurs de comédie horrifique bien délirante, je ne saurai que trop vous conseiller ce Bienvenue à Zombieland, qui réussit amplement sa mission première : divertir. Pour son premier long-métrage, Ruben Fleischer a vraiment assuré et même si on ne rira pas à s’en décrocher la mâchoire, il faut reconnaître que le film réussit haut la main le mélange de genres et nous propose des situations comiques parfois originales, parfois non, mais qui tiennent la route et assurent le spectacle. Bienvenue à Zombieland s’avère être un film à regarder entre potes pour une bonne partie de rigolade et de détente. Et supportera plusieurs visions, preuve de la réussite du film.


Titre français : Bienvenue à Zombieland
Titre original : Zombieland
Réalisateur : Ruben Fleischer
Scénariste : Rhett Reese, Paul Wernick
Musique David Sardy
Année : 2009 / Pays : Usa
Genre : Comédie Fantastique, Morts vivants
Interdiction : /
Avec Jesse Eisenberg, Woody Harrelson, Emma Stone, Abigail Breslin, Amber Heard...




Stéphane ERBISTI

BIENVENUE A CADAVRES-LES-BAINS (2009)

 

Titre français : Bienvenue à Cadavres-Les-Bains
Titre original : Der Knochenmann
Réalisateur : Wolfgang Murnberger
Scénariste : Wolf Haas, Josef Hader, Wolfgang Murnberger
Musique Sofa Surfers, Wolfgang Frisch
Année : 2009
Pays : Autriche
Genre : comédie fantastique, thriller
Interdiction : /
Avec Josef Hader, Josef Bierbichler, Pia Hierzegger, Birgit Minichmayr...


L'HISTOIRE : Simon Brenner, ancien policier reconverti, est missionné par un concessionnaire viennois pour mettre la main sur les propriétaires de voitures impayées. Alors qu’il doit retrouver un certain Monsieur Horvath, notre ami va se retrouver dans un petit hôtel-restaurant dans la campagne autrichienne. Alors que cela devait être une mission comme tant d’autres vécues jusque-là, celui qui joue quelque peu les détectives privés va vite s’apercevoir qu’il se passe bien des choses étranges dans cet établissement…


MON AVISBienvenue à Cadavres-Les-Bains est un film autrichien sorti en 2009 et nous narrant pour la quatrième fois à l’écran les aventures de Simon Brenner, un personnage fictif créé par l’écrivain Wolf Haas et très connu en Autriche. Toutes ces histoires étant indépendantes les unes des autres, nous ne rencontrons alors aucune difficulté à entrer dans celle-ci, votre rédacteur n’ayant vu à ce jour aucune autre des intrigues de cet ancien flic.

Petite comédie d’humour noir tapant aussi bien dans le fantastique, dans le thriller ou bien encore dans le film policier, le film de Wolfgang Murnberger a beau durer presque 2h, il n’en est aucunement long et ennuyeux. Au contraire, voilà bien un film attachant, certes à des années lumières d’un Shaun of the Dead, dont on peut lire le titre sur l’édition DVD sortie en France ainsi que ceux de Hostel et de Severance, mais c'est un bon petit film bien ficelé qui vous attend là. Alors que votre serviteur s’attendait à une énième comédie plus ou moins drôle, avec ses inspirations douteuses, ses gags souvent foireux et un air de déjà-vu du début à la fin, force est de constater qu’il s’est bien planté…

Le film est doté d’un scénario riche en surprises, bien huilé (un puzzle qui petit à petit se construit, les pièces s’assemblant au fil de l’intrigue avec une certaine justesse) et mêlant moments drôles (n’oublions pas que nous sommes avant tout sur un scénario faisant la part belle à l’humour, que ce soit pour ses personnages parfois hauts en couleurs, ses dialogues balançant humour noir et second degré à tout va ou encore ses séquences un brin loufoques), romantiques (bah oui ça fricote un peu et ça lorgne vite-fait vers l’érotisme même) et horrifiques, avec quelques meurtres perpétrés et notre meurtrier n'y va pas par quatre chemin et fait en fonction de ce qu’il a sous la main : noyade, gorge sectionnée, coups de hachoir…

Le scénario est plein de péripéties et nous n’avons guère le temps de nous ennuyer devant le film de Wolfgang MurnbergerEntre chantages, arnaques, balance, adultère, cannibalisme, police je m'en foutiste, réseau clandestin de prostitution… Bienvenue au pays du vice !

Alors certes, l’aspect horrifique n’est pas le plus présent, l’humour noir étant clairement l’ingrédient le plus mis en avant dans cette histoire. Nous sommes bien plus dans le film policier ou le thriller que dans le fantastique pur, à la différence des films cités sur la jaquette du DVD français, même si plusieurs moments nous rappellent que nous faisons quelques incursions dans le cinéma de genre et plus précisément le cinéma fantastique justement : on a une séquence de cannibalisme où l’une des victimes finit dans le goulache qui remportera un beau succès auprès de notre ancien policier et héros Simon Brenner, des meurtres assez sauvages qui nous renvoient à bien des films de psychopathes et tueurs en série entre autres. Il aurait été d’ailleurs plus logique et franc de citer un C’est arrivé près de chez vous sur le verso de la jaquette plutôt qu’un Shaun of the Dead ou pire un Hostel.

Mais l’histoire n’est pas l’unique chose qui donne à ce film cette sympathie et ce côté reviens-y. En effet, le casting est de plutôt bonne facture : avec son héros parfois un brin naïf (notre ancien policier ne percute pas toujours au quart de tour bien qu’il ait cette envie de tout vouloir comprendre et ne semble rester dans le bled uniquement pour les beaux yeux de la femme du fils du patron de l’hôtel-restaurant où il enquête), ces vilains tout ce qu’il y a de plus bêtes et méchants (le fils du patron qui joue la carte du chantage et du bad boy alors qu’il n’en a pas du tout l’étoffe, les maîtres chanteurs qui rapidement se retrouvent dans une merde pas possible faute d’avoir été trop confiants…) et ces quelques personnages exerçant en quelque sorte le rôle de ciment dans cette intrigue en y apportant notamment humour et bizarrerie (le fameux Horvath que l’on cherche toutes et tous ou encore Berti le concessionnaire) quand ce n’est pas tout simplement un petit zest de romantisme (notre fameuse Birgit, femme du fils du patron, vous l’aurez aisément compris), nous avons là une galerie de personnages qui nous plongent sans grande difficulté et avec beaucoup d’entrain dans cette histoire bien farfelue…

Le seul vrai bémol dans Bienvenue à Cadavres-Les-Bains est que nous ne baignions pas un peu plus dans l’humour noir, les scènes macabres et les meurtres inventifs / amusants. Ce qui aurait encore plus porté en avant l’aspect fantastique, même si nous ne sommes pas hors-sujet ici. Certain(e)s pourront également mettre un petit carton jaune sur la dynamique du film. En effet, le montage n’est pas des plus énergiques mais heureusement, les personnages un brin décalés et les situations farfelues qui se présentent assez couramment permettent sans grand mal à tenir en haleine le spectateur.

Au final, ce polar mêlant humour noir et fantastique est une agréable surprise. Avec son casting de bonne facture et haut en couleur, ses séquences amusantes et parfois totalement barrées et enfin son scénario bien huilé et laissant l’intrigue se dévoiler tel un puzzle, l’irrévérencieux Bienvenue à Cadavres-Les-Bains se suit sans déplaisir et ce malgré certes une dynamique parfois un peu en manque de souffle. Un film qui donne envie à votre rédacteur d’en connaître un peu plus sur ce personnage de Simon Brenner, si connu au pays de Mozart et des chants tyroliens.




David MAURICE

BEETLEJUICE (1988)

 

Titre français : Beetlejuice
Titre original : Beetlejuice
Réalisateur : Tim Burton
Scénariste : Michael McDowell, Warren Skaaren, Larry Wilson
Musique Danny Elfman
Année : 1988
Pays : Usa
Genre : Anticipation, comédie
Interdiction : /
Avec Michael Keaton, Alec Baldwin, Geena Davis, Jeffrey Jones, Winona Ryder...


L'HISTOIRE : Adam et Barbara forment un couple aussi charmant que gnan-gnan et mènent une vie d'un calme et d'une platitude rares. Lors d'une petite escapade en voiture, Adam manque d'écraser un chien et fait tomber la voiture dans une rivière, causant ainsi sa noyade mais aussi celle de son épouse. Le couple revient pourtant comme si de rien n'était dans sa demeure, prenant vite des allures de manoir hanté. Ils découvriront par la suite qu'ils sont devenus instantanément des fantômes, et sont à présent condamnés à hanter leur demeure! Pire encore, de nouveaux occupants débarquent avec un objectif bien précis : refaire la maison de fond en comble. C'en est trop pour les deux tourtereaux qui tentent de faire fuir cette drôle de famille, et par tous les moyens possibles, quitte à faire appelle à Beetlejuice...


MON AVISGros succès aux Etats-Unis mais énorme bide en Europe (et pour cause le personnage n'était connu que chez les ricains), Pee Wee Big Adventure aura du mal à faire connaître le talent du grand Tim Burton au public européen, et il faudra attendre son film suivant pour que son univers se fasse remarquer de manière nettement plus importante aux yeux du public : Beetlejuice, qui possédera d'ailleurs un budget bien plus conséquent que celui de Pee Wee Big AdventureLe succès du film fut tel qu'une série animée du même titre débarquera sur les écrans en 1989. Légèrement édulcorée (le comportement obsédé et grossier de Beetlejuice a été adouci), elle reste toutefois intéressante visuellement parlant puisqu'elle puise son inspiration dans l'univers biscornu et macabre de Burton.

Véritable best of de son univers, Beetlejuice est sans doute la pièce maîtresse de la filmographie de Burton, qui infuse toute la folie, l'inventivité, et les habitudes qui lui sont dues en un seul long-métrage. On retrouve l'humour cartoonesque frôlant à plusieurs reprises le non-sensique hésitant entre comic-book survolté et Looney Tunes sous acide, les délires baroques, gothiques et macabres touchant autant les scènes fantastiques que les décors tortueux, des scènes d'émotions incroyablement touchantes, la musique de Danny Elfman, l'utilisation de la stop motion… Difficile d'échapper au film si on est fan de Tim.

En quelques secondes de générique, Burton frappe (déjà!) son film d'un éclair de génie : la caméra survole un village américain, et s'arrête au final sur une grande maison dominant les environs ; très vite l'aspect général des maisons et l'intrusion d'une araignée nous montre clairement que ce sont ni plus ni moins des maquettes! Pourtant cette maquette existe bien, et elle appartient aux Maitland, un couple à la perfection quasi-utopique, vivant dans ladite maison surplombant la petite ville. Tout y est lumineux, harmonieux, tout le monde y est heureux, et seul cette voisine rapidement collante vient mettre une ombre au tableau. Pour les besoins de leur maquette, le gentil couple devra faire un tour en ville, avant d'être bêtement victime d'un accident de voiture… mortel. Condamnés à hanter leur propre foyer, Adam et Barbara ne peuvent plus retrouver leur monde: une simple échappée de la maison se termine par une virée sur Saturne, planète de sable habitée par des vers géants très voraces !

Vendue par une amie trop fouineuse, la maison est rapidement achetée par une famille de New-Yorkais aussi envahissants que excentriques: la belle-mère est une sculptrice démente suivant les conseils d'un soi-disant spécialiste du paranormal, le père n'a rien à faire (!!) et la gamine est une petite gothique aussi morbide que silencieuse déboulant dans la maison en cercueil noir et tenue d'enterrement !

Rien de rose pour les Maitland, qui réalisent que les vivants ne peuvent les voir malgré leurs apparitions fort grotesques: visage arraché, décapitation, pendaison, déguisement classique de fantômes. L'occasion d'offrir la scène mémorable du placard (voire celle où Adam et Barbara ont bien du mal à faire sursauter la vilaine famille avec des vieux draps) où les nouveaux occupants ne semblent pas se soucier du spectacle affreux qui s'offre sous leur nez. C'est en découvrant un livre réservé uniquement aux morts, que les amoureux découvrent l'autre monde ainsi que l'existence d'un certain Beetlejuice, un mort vivant obscène et hystérique qui se considère comme un bio exorciste : il fait fuir les vivants. Faisant appel à ses services, Adam et Barbara s'en débarrassent aussitôt, sans savoir qu'il va longuement leur coller aux basques et pourquoi pas mettre un boxon monstre dans la maison.

Futur Batman chez le même Burton, Michael Keaton endosse un rôle à contre-emploi stupéfiant, jouant à la fois avec son maquillage lugubre et de multiples effets spéciaux le rendant méconnaissable, mais aussi avec un soupçon d'improvisation dans le comportement et les dialogues. L'occasion pour l'acteur trop cantonné dans les rôles de gentils de se défouler un maximum.

Même chose pour Winona Ryder, ici dans la peau de Lydia, adolescente révélant une nature parfois tourmentée (la tentative de suicide) mais se montrant nettement plus heureuse au contact du couple de fantômes, le couple rêvé qui lui fait oublier des parents snobs et ringards. La petite a beaucoup de répartie et son stock de dialogues atteint une certaine saveur (Je vis dans une grande, longue, grande et profonde chambre noire ou Vous êtes pleins de pus et pleins de veines, comme dans La nuit des morts vivants) jusqu'à cette libération finale, et en musique en plus !

Que ce soit le score de Danny Elfman ou les mélodies de Harry Belafonte, la musique joue un rôle primordial dans le film : Elfman nous sert sa bande sonore la plus tonitruante, la plus enjouée et la plus belle de toute sa carrière (avec celle de Edward aux Mains d'argent bien entendu) et dont le thème musical sera réutilisé à tort et à travers. Là où on s'y attend le moins, Beetlejuice prend des allures de comédie musicale lors d'une scène d'anthologie, pour ne pas dire culte : invitant de nombreux bourgeois et personnalités de la haute société, la belle mère de Lydia va voir son repas se transformer en piste de danse avec une possession générale des convives, les forçant à chanter et danser sur le fameux Day-O. On peut en mourir de rire ou juste esquisser un sourire au choix, mais la scène reste définitivement imparable. Rien que pour elle, on revoit Beetlejuice avec une grande délectation.

Véritable remède contre le blues ou la grise mine, Beetlejuice donne l'occasion à Burton d'étaler son univers dans quelques séquences se déroulant dans le monde des morts, créatures décharnées et burlesques qui possèdent encore les marques de leur décès : requin accroché à une jambe, squelette cramé, os de poulet traversant une gorge, employé de bureau raplapla comme une feuille de papier, pendu distribuant des photocopies, joueurs de rugby n'ayant toujours pas réalisé leur propre mort, et même un chasseur dont le crâne a été rétréci et la bouche cousue !

Très grand amateur d'animation image par image, Burton l'utilise habilement et fréquemment dans son film avec les vers géants, la transformation surréaliste de Adam et Barbara, et certaines animations d'objets comme cette porte béante ou ces sculptures douées de vie. Tim Burton bouillonne d'idées à chaque instant et nous en fait profiter pleinement jusqu'à ce dénouement bordélique et jouissif où l'infâme Beetlejuice laisse libre cours à son cabotinage et à ses mauvais tours. Si on est loin d'Argento, Burton fait néanmoins exploser les couleurs dans certaines parties du décor, en particulier lors de la scène finale ou celle se situant dans l'autre monde. Difficile de ne pas écarquiller les yeux face à ce BeetleSnake, à ce rébus animé, à la vision de la planète Saturne, à ces subites plongées dans les maquettes des Maitland, à la transformation de Beetlejuice en manège… 

L'univers de Burton est là et incontestablement là, il imprègne le film de toute part, reprend des éléments chers à Lewis Carroll, à la Hammer Films, aux bandes dessinées les plus folles, à Chuck Jones, à la peinture surréaliste… 

Un pur bonheur que ce jus de cafard.


Jérémie MARCHETTI