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BLACK WATER : ABYSS (2020)


L'HISTOIRE : Deux couples d'amis, Eric et Jen ainsi que Viktor et Yolanda, s'en vont rejoindre Cash, un ami d'Eric, qui a découvert l'entrée d'une caverne inexplorée en plein cœur de la forêt australienne. Féru de spéléologie, Eric a choisi de faire de cette découverte le thème du week-end et propose au reste du groupe de s'aventurer dans les profondeurs de la grotte. A plusieurs mètres sous terre, les cinq camarades découvrent un immense lac qui pourrait mener vers d'autres galeries souterraines. Lorsqu'un violent orage se déclare à la surface, Eric et ses amis sont surpris par une brusque montée des eaux à l'intérieur de la grotte, qui va rendre compliquée le chemin du retour. La situation va virer au cauchemar quand le groupe découvre qu'un crocodile a élu domicile dans les eaux du lac...


MON AVIS : Andrew Traucki est un réalisateur qui semble s'être spécialisé dans les films d'agressions animales, sous-catégorie très apprécié des fans de cinéma de genre. En 2007, il s'illustre avec le crocodile movie dans Black Water puis bifurque vers le shark movie avec l'excellent The Reef en 2010, s'éloigne de son domaine de prédilection avec son segment G is for Gravity de l'anthologie ABC's of Death en 2012 pour y revenir sous forme de found-footage en 2013 avec The Jungle. Après une longue pause, il revient en 2020 avec ce Black Water : Abyss et retrouve donc notre ami le saurien. Evidemment, passer après le Crawl d'Alexandre Aja n'est pas aisé, de dernier ayant proposé un film dans lequel les attaques de sauriens étaient légion. Andrew Traucki s'éloigne de ce concept de film fun et ultra dynamique pour proposer un film d'ambiance, dans lequel la notion de suspense, d'attente, de stress joue un rôle bien plus important, et dissémine avec une grande parcimonie ses quelques attaques de crocodile au sein des 94 minutes qui font la durée de Black Water : Abyss.

Le film reprend les éléments déjà vus dans des œuvres telles The Descent ou La Crypte par exemple, à savoir une expédition souterraine qui va mal se dérouler et un groupe d'amis dont certains ont des secrets inavouables à dissimuler. Après une séquence introductive nous présentant deux touristes étrangers perdus en pleine forêt australienne et qui tombe par mégarde dans la grotte qui va servir de lieu principal de l'action du film et qui vont être victime du crocodile, on passe dans la phase de présentation des cinq protagonistes de l'histoire. Deux couples d'amis donc, plus une pièce rapportée. L'une des filles, Yolanda (Amali Golden), est enceinte mais ne l'a pas encore dit à son petit ami Viktor (Benjamin Hoetjes), qui est en phase de rémission d'un cancer. L'autre fille, Jennifer (Jessica McNamee) semble chercher des informations compromettantes sur son chéri Eric (Luke Mitchell) puisqu'elle trifouille dans le téléphone portable de ce dernier. Rapidement, les couples rejoignent un ami d'Eric, surnommé Cash (Anthony J. Sharpe) et qui a découvert l'entrée de la fameuse grotte vu au début. Ce qui est bien ici, ce que cette présentation des héros ne s'éternise pas et on arrive assez rapidement à la phase de spéléologie. L'exploration de la grotte se fait également de manière assez rapide, jusqu'à la découverte du lac, une pièce circulaire souterraine immense, qui laisse peu d'endroits où avoir les pieds au sec. Un paysage enchanteur de prime abord, sauf que le spectateur sait déjà ce qui se cache sous les eaux opaques. Le suspense peut débuter.

Aidée par un orage qui provoque une brusque montée des eaux, l'ambiance anxiogène s'installe peu à peu, la progression des personnages étant grandement ralenti, de même que leur possibilité de rebrousser chemin. Pas d'alternative, il va falloir aller dans l'eau. La musique stressante , angoissante, à base de violons peut entrer en jeu et accompagner les images. On frissonne quand les corps entrent dans l'eau, et on scrute l'écran pour voir d'où va surgir notre ami le crocodile. Andrew Traucki est toujours aussi efficace en terme d'attaque animale, évitant la surenchère pour mieux se focaliser sur l'aspect réaliste de la situation.

Seulement, là où ça fonctionnait plein pot dans le premier Black Water, le réalisateur ne parvient pas à égaler son modèle, la faute à des attaques trop peu nombreuses et à une certaine lassitude qui s'installe en cours de route. Pourtant, le suspense n'est pas mauvais et fonctionne assez bien la plupart du temps, comme lorsque les héros s'immergent sous l'eau et que leur lampe fait apparaître la tête du crocodile à quelques mètres d'eux. Mais trop de scènes débutent en faisant monter l'attente du spectateur pour se clore de manière stérile et sans avoir montré le nez de notre super prédateur. Andrew Traucki ne se sert pas non plus de son décor comme il aurait pu le faire et c'est bien dommage. On aurait aimé voir notre crocodile pourchasser ses futures proies dans les galeries étroites de la grotte par exemple, chose qui ne se produit pas alors que deux personnages les empruntent pour tenter de trouver une sortie. Dommage !

Il est vrai qu'il n'y a que cinq protagonistes et qu'il faut bien les faire durer sur la longueur pour ne pas à avoir à conclure le film trop tôt. Soit. Concernant les protagonistes du film, on devinera assez rapidement ce qui cloche dans leur relation, tout étant un peu trop téléphoné pour réussir à surprendre son monde. La charmante Jessica McNamee est celle qui s'en sort le mieux et elle se montre convaincante, même lors du final qui vire dans le pur film de divertissement festif, aspect que Black Water : Abyss avait su éviter jusqu'ici. 

Au final, et même si la mise en scène est très correcte et que les images sont belles, on est un peu déçu lorsque le générique de fin se met à défiler devant nos yeux. On aurait vraiment aimé voir plus d'attaques, que le crocodile soit plus mis en avant et que cette sensation d'ennui ne prenne pas le pas face à nos attentes. Pour un crocodile movie, ça reste dans la bonne moyenne du genre mais ça aurait pu être plus transcendant je pense. On verra si Andrew Traucki relève le niveau et se montre plus inspiré dans la suite de The Reef qu'il doit mettre en scène prochainement...


Titre français : Black Water - Abyss
Titre original : Black Water - Abyss
Réalisateur : Andrew Traucki
Scénariste : John Ridley, Sarah Smith
Musique Michael Lira
Année : 2020 / Pays : Australie, Usa
Genre : Attaques animales / Interdiction : -12 ans
Avec Jessica McNamee, Luke Mitchell, Amali Golden, Benjamin Hoetjes, 
Anthony J. Sharpe...




Stéphane ERBISTI

BLACK PHONE (2021)


L'HISTOIRE : Nous sommes dans les années 1970, dans une petite ville du Colorado de prime abord tranquille où sévit pourtant un kidnappeur insaisissable. Là, réside Finney Shaw, un adolescent intelligent et timide vivant avec sa sœur Gwen, ainsi qu’avec son père légèrement alcoolique sur les bords et ayant subséquemment la main leste quand il a trop bu. A l’école, notre adolescent craintif subit également les agressions d’une bande de sales gosses et perd tous ses moyens quand il croise le regard de sa ravissante voisine de classe, mais il peut toujours compter sur le soutien de Robin, le caïd de son établissement. Bientôt cependant, ce dernier se fait enlever, Finney se retrouve seul. Il est toutefois rapidement kidnappé à son tour par le tueur sadique qui l’enferme dans un sous-sol insonorisé où crier ne lui sera pas d’une grande utilité. Peu de temps après, le jeune garçon se met à recevoir, dans sa geôle, des coups de fil d'un vieux téléphone noir accroché au mur mais dont les fils sont pourtant arrachés...


MON AVIS : Voici donc la nouvelle production des studios Blumhouse que l’on ne présente plus, dix ans pile-poil après le très bon Sinister où l’on trouvait déjà le duo Scott Derrickson à la réalisation et Ethan Hawke dans un des rôles principaux. Alors quand en plus on a affaire à un scénario de base tiré d’une nouvelle de Joe Hill, fils du prolifique Stephen King à la ville mais désormais auteur confirmé avec des œuvres comme NOS4A2 ou encore Locke and Key, on se dit qu’on tient peut-être là un produit bien alléchant pouvant augurer du meilleur.

Black Phone nous présente d'emblée un environnement de violence auquel est confronté notre jeune héros entre un domicile familial où un père tyrannique fait régner la terreur à coups de ceinturon et le collège, où quelques petites frappes viennent le molester, lui le gentil Finney, pas encore assez costaud et ne devant parfois son salut que grâce à sa sœur Gwen venant à sa rescousse où encore Robin, un ami qu’il aide pour les devoirs et véritable dur à cuire auprès des intimidateurs. Ce quotidien pas facile est donc celui d’un adolescent de treize ans très intelligent, mais jugé encore trop tendre. Comme si cela ne suffisait pas, une plus grande menace existe et suscite dans cette ville du Colorado où prend lieu et place l’action, un véritable climat de paranoïa : un kidnappeur sévit et capture tous les enfants passant à sa portée, de préférence des garçons ! Forcément, Finney, proie facile, se fera enlever et séquestrer à son tour. Heureusement, sa survie dépendra peut-être de sa sœur dotée de dons médiumniques, mais également d’une aide extérieure se manifestant par des voix, captées par le combiné pourtant débranché de son cachot, et semblant appartenir aux anciennes victimes du ravisseur…

Si cette ambiance pesante pourra rappeler à certains la saison 1 de l’excellente série True Detective et surtout, si ce script fait clairement penser aux thèmes de prédilection de Joe Hill (des protagonistes pourvus de pouvoirs surnaturels et une enfance maltraitée), c’est pour mieux nous confronter à la peur dès lors que Finney décrochera le téléphone hors d’usage. En effet, dès l’apparition du combiné noir, tout contribuera à rendre l’ambiance anxiogène à son maximum : la tension provoquée par la peur de se faire repérer, la mise en œuvre de tentatives d’évasion, mêlés à la froideur clinique des manipulations sadiques du tueur toujours plus envahissant physiquement et psychologiquement auprès de sa victime. Parallèlement à cela, la jeune Gwen tentera vainement d’avoir des visions lui révélant l’endroit où son frère est détenu et la police ira de piste en piste à la recherche de l’adolescent, sans en avoir une de véritablement concrète.

Avec tous ces éléments finement calculés, Black Phone ne baisse jamais en intensité et nous malmène comme si, nous aussi, nous étions prisonniers dans ce sous-sol où les chances de s’en sortir s’amenuisent d’heure en heure. Tout cela, Scott Derrickson l’a bien compris et dose à merveille son film sans oublier quelques redoutables jump scares, procédé cher utilisé à foison par Blumhouse, pour malmener notre petit cœur fragile ! Mais toute cette angoisse ne serait rien sans son croquemitaine principal car comme le disait si bien Sir Alfred HitchcockPlus réussi est le méchant, plus réussi sera le film ! Ici, notre diable fait de chair et de sang se déguise la plupart du temps en magicien et capture les êtres les plus innocents que le hasard met sur sa route en les engouffrant dans la noirceur de son van et surtout de celle de son sous-sol où on ne sait ce qu’il leur fait subir ! C’est Ethan Hawke qui incarne ce tueur d’enfants aux différents looks terrifiants et arborant toujours un masque voire un maquillage, ce qui le rend impalpable, presque irréel, pourtant le monstre humain est bien là ! On pourra toutefois regretter qu’on n’en sache pas plus sur lui, ses motivations, son passé, afin de mieux comprendre ce personnage, mais ce serait tout de même faire la fine bouche devant une telle performance d’acteur ! Notons également que le duo d’enfants jouant Finney et Gwen est criant de vérité car fragile et dur au mal à la fois !

Black Phone est donc un film avec un scénario original, ne comptant pas uniquement sur des jump scares pour bien fonctionner. En effet, la première partie prend tout son temps pour nous présenter les principaux protagonistes, deux gamins vivant seuls avec leur père alcoolique ayant la main lourde dans une ville des Etats-Unis des années 70, où plusieurs enfants ont disparu mystérieusement. Une fois l’antre du serial killer découverte, tout va s’enchaîner et le film se transformer en survival où chaque coup de téléphone aura une importance capitale. En plus d’un script bien maîtrisé, le métrage dispose d’un casting impeccable, notamment Mason Thames et Madeleine McGraw incarnant le frère et la sœur qui crèvent littéralement l'écran à chaque apparition, ainsi qu’Ethan Hawke, effrayant en croquemitaine pervers. Seul petit bémol : le fait qu’on n’en sache pas assez sur le kidnappeur n’enlevant jamais son masque ou maquillage. Ce manque de background pourrait gêner, comme l’auteur de cette critique, les plus exigeants, mais peut-être en apprendrons-nous plus dans une suite ou un préquel, qui sait ?


Titre français : Black Phone
Titre original : Black Phone
Réalisateur : Scott Derrickson
Scénariste Joe Hill, Scott Derrickson, C. Robert Cargill
Musique Mark Korven
Année : 2021 / Pays : Usa
Genre : Thriller, tueurs fous / Interdiction : -12 ans
Avec Mason Thames, Madeleine McGraw, Ethan Hawke, Jeremy Davies...




Vincent DUMENIL

BLACK FRIDAY (2021)


L'HISTOIRE : Pendant la période des fêtes de fin d'année, les employés d’un magasin de jouets de la franchise We Love Toys doivent, malgré leurs différences évidentes, se protéger mutuellement d'une horde d'acheteurs infectés par un parasite extraterrestre qui les transforme en créatures monstrueuses et semblant toutes reliés entre elles par un lien télépathique. Qui sera alors élu employé du mois ?


MON AVIS : Black Friday est, sur le papier, un film qui a tout pour plaire avec son casting accrocheur (notamment Bruce Campbell, le génial Ash de la saga Evil Dead et le sympathique Devon Sawa vu dans Destination Finale, La main qui tue ou encore 388 Arletta Avenue) et son pitch prometteur faisant penser à une critique du consumérisme à tout-va digne des films de George A. Romero (des employés sont enfermés dans un magasin pendant les fêtes de Noel et doivent faire face à une menace extraterrestre !). D’ailleurs le film ne perd pas de temps, puisque peu après la diffusion d’un bulletin d’information télévisé nous avertissant de l’arrivée imminente d’un météore, une créature alien causera encore plus d’agitation que la future pénurie des jouets incontournables de l’année un jour de soldes ! Les acheteurs seront ainsi transformés en mutants / aliens / zombies mangeurs de chair et le personnel du magasin de jouets n’aura pas d’autre choix que de faire équipe pour tenter de rester en vie.

Malheureusement, passé vingt minutes, la suite va reléguer ce film pourtant bien entamé au rang d’une énième série Z de bas étage ! Déjà, les personnages représentent tous les clichés qu’il est possible de retrouver chez les différents types de vendeurs. Ils ne sont guère développés et en plus, les acteurs sont sous-exploités eu égard à leur potentiel ! On reconnaîtra ainsi Michael Jai White (SpawnMortal Kombat, Black Dynamite), tout en muscles et en cloueuse électrique, mais trop rapidement tué à notre goût ! Devon Sawa est quant à lui assez fade voire transparent. Quant à Bruce Campbell, il est ici affublé d’une coiffure horrible, d’une petite moustache, d’un nœud papillon, d’une chemise à carreaux, d’un pull en laine de mauvais goût, le tout allant bien avec son personnage de peureux et respectueux des conventions, mais bon sang qu’il est barbant ! En même temps, tout ce qu’il débite est inconsistant !

D’une manière générale, on a souvent l’impression que les répliques des protagonistes sont juste balancées comme cela et qu’elles n’ont aucun tranchant ! Ce n’est pas drôle, pas assez irrévérencieux donc pas incisif pour deux sous, si bien qu’on a le sentiment que les membres du casting déclament des banalités pour meubler ou combler un vide scénaristique manifeste ! En même temps, aucun des protagonistes n’est suffisamment brossé pour susciter une quelconque once d’empathie ! C’est dommage car la critique sur l’avidité des entreprises au détriment du bien-être de leurs employés est bien là, mais le commentaire social n’est pas non plus mis en valeur car pas assez humoristique. C’est ainsi trop bavard, hyper long entre deux scènes d’action ou de lutte contre les infectés ou l’entité extraterrestre s’inspirant tout de même largement de Le Blob et de Braindead pour la couleur rose et le boss de fin !

On ne manquera pas néanmoins de constater que les effets visuels et les maquillages sont de qualité. En même temps, avec Robert Kurtzman (ayant officié sur Predator, les deux premiers Evil Dead, Tremors, Scream ou encore L’antre de la folie, excusez du peu !) aux commandes, cela semble logique ! Entre corps purulents, geysers de sang et prothèses en latex du plus bel effet, on sent que le bonhomme a du métier et privilégie avant tout les effets à l’ancienne comme tout bon artisan qui se respecte ! Malheureusement, c’est bien la seule consolation apportée par ce film manquant d’originalité, de tension et n’offrant aucune scène inédite tout en enchaînant poncifs en tous genres et à la métaphore facile sur le consumérisme excessif ne constituant même pas un nanar regardable entre potes avinés car ce n’est même pas marrant !

Parabole sur la surconsommation de nos sociétés occidentales qui font des grandes surfaces de véritables temples où l’unique religion est d’acheter jusqu’à plus soif, ce Black Friday n’a malheureusement pas grand-chose de folichon pour attirer le quidam ! Pourtant, la chose pouvait paraître alléchante si on se fiait au pitch prometteur et à la distribution séduisante. Malheureusement, le réalisateur Casey Tebo, plus enclin à réaliser des clips et documentaires sur Aerosmith, tente - sans grande réussite - de parodier comme beaucoup avant lui le cultissime Zombie en transformant ses clients déjà bien excités par les soldes en morts vivants voraces semblant liés entre eux par une entité venue de l’espace. Toutefois, le film se noie dans ses nombreux bavardages et en plus n’est même pas drôle car les dialogues sont ratés. Et ce ne sont pas quelques SFX assez bien fichus et encore moins la présence de Bruce Campbell en manager moustachu proche de la retraite qui parviendront à rattraper le naufrage cinématographique qui nous est proposé tant son personnage est mou du genou, tout comme le reste du casting n’ayant même pas une punchline mémorable à nous asséner ! Bref, Black Friday n’est ni plus ni moins qu’un film d’horreur qui se cherche sans jamais trouver sa voie et à oublier d’urgence !


Titre français : Black Friday
Titre original : Black Friday
Réalisateur : Casey Tebo
Scénariste Andy Greskoviak
Musique Patrick Stump
Année : 2021 / Pays : Usa
Genre : Comédie fantastique & horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec Bruce Campell, Devon Sawa, Ivana Baquero, Ryan Lee, Michael Jai White...




Vincent DUMENIL

SEANCE (2021)

 


L'HISTOIRE : Dans un lycée privé pour filles, un groupe d'amies s'amuse à faire peur à une des nouvelles élèves, Kerry, en jouant avec une incantation censée faire apparaître une jeune élève décédée quelques années plus tôt. Terrorisée, Kerry s'enfermer dans sa chambre. Ses camarades la retrouvent défenestrée. Suite à cette mort tragique, Camille Meadows intègre l'école à la place de Kerry. Elle subit la pression d'Alice et de son petit groupe de pestes, ne trouvent une alliée qu'en la personne d'Hélina. Après quelques altercations leur valant d'être toutes retenues en colle, les filles décident de pratiquer une séance de spiritisme afin d'entrer en contact avec Kerry et de comprendre les raisons de son geste. Peu de temps après la séance, les filles sont victimes de mort violente. Le spectre de Kerry serait-il revenu pour se venger ?


MON AVIS La vision de la bande-annonce de Seance m'avait donné envie de découvrir ce film réalisé par Simon Barrett. Ce dernier est plus connu en tant que scénariste puisqu'on lui doit les scénarios de Frankenfish, Red Sands, A horrible way to die, de certains sketches des anthologies ABC's of death ou V/H/S, de Blair Witch version 2016 et surtout du très bon You're Next d'Adam Wingard en 2011. Il s'essaye à la réalisation dès 2000 avec des courts-métrages puis il met en scène un épisode dans V/H/S 2 en 2013. Il attendra 2021 et ce Seance pour retenter l'expérience d'être derrière la caméra.

Une fois le film terminé, on peut se demander si Simon Barrett ne devrait pas se contenter d'être scénariste. Déjà que niveau originalité, son scénario pour Seance sent le réchauffé à plein nez comme on va le voir par la suite, mais niveau réalisation, c'est plutôt mou du genou et pas vraiment renversant. Rien de déshonorant bien sûr mais rien de marquant non plus ou qui nous fasse s'extasier pour qu'on ait envie de crier voilà un réalisateur à suivre ! La mise en scène recycle tous les poncifs et les clichés déjà vus maintes et maintes fois auparavant et aucun vent de fraîcheur ne vient titiller notre visage.

Avec son académie pour filles (bonjour Suspiria), ses séances de spiritisme (bonjour Dangereuse Alliance / The Craft), son ambiance film de fantôme revanchard dans laquelle on trouve même des codes du slasher et du giallo, puisqu'on a un tueur masqué qui vient éradiquer une partie du casting, Seance brasse large, à tel point qu'on a du mal à y trouver une once de la personnalité de son réalisateur, qui semble ici recycler ses diverses influences. Pourquoi pas après tout, tant que le résultat final tienne la route et procure du plaisir au public.

La question qui taraude le public de Seance, c'est bien évidemment de savoir s'il se trouve en présence de phénomènes rationnels ou irrationnels. En clair, les séances de spiritisme pratiquées par le casting féminin ont-elles réellement réveillé le spectre de Kerry, revenu d'entre-les-morts pour se venger de la mauvaise blague que ses camarades lui ont fait subir ou bien la série de meurtre est-elle en rapport avec la mort de Kerry, ce qui signifierait qu'une personne bien réelle soit derrière tout ça ? Les hypothèses vont bon train et les coupables potentiels sont légion, à commencer par l'héroïne elle-même, Camille Meadows, interprétée par l'actrice trentenaire Suki Waterhouse, un peu trop âgée pour jouer les étudiantes, même si ça passe à peu près tout de même. Quelques petits détails, que vous ne manquerez pas de remarquer logiquement, viendront éveillés notre attention sur ce personnage. Les autres filles du groupe ne sont pas en reste et on essaye de comprendre leur motivation si on est bel et bien dans un film de machination plutôt que dans un vrai film de fantômes.

Niveau flippe, Seance ne procurera pas d'arrêt cardiaque à quiconque, malgré quelques petits jump-scares disséminés ici et là. On aurait espéré que les séances de spiritisme soient plus tétanisantes et provoquent des montées de tension mais au final, ce n'est pas vraiment le cas. Il en va de même pour les rares meurtres du film, qui sont d'une sobriété à toute épreuve. Le film donne l'impression d'être un teen-movie horrifique tout public et il faudra attendre les vingt dernières minutes pour avoir enfin un peu de spectacle à se mettre sous la dent.

On ne sait pas pourquoi Simon Barrett décide d'un coup d'un seul de passer à la vitesse supérieure lors du final de Seance. La vérité tant attendue, mais qu'on avait envisagé depuis belle lurette, est dévoilée, sans que ça provoque un grand remous chez le spectateur d'ailleurs. D'autres révélations se joignent à la fête et surtout, on assiste, toujours sans savoir pourquoi, à deux morts bien gores qui donnent la banane et font qu'on se dit qu'on a bien fait de tenir jusqu'au bout de ce film pas franchement réussi mais qui se clôture sur une note d'intention positive.

Méli-mélo de genres divers et variés, Seance maque d'ampleur et n'atteint pas vraiment son but, n'apportant rien de neuf au public aguerri qui en a vu d'autre. Plutôt déçu en ce qui me concerne...


Titre français : Seance
Titre original : Seance
Réalisateur : Simon Barrett
Scénariste Simon Barrett
Musique Tobias Vethake
Année : 2021 / Pays : Usa
Genre : Fantômes et spectres, Slasher / Interdiction : -12 ans
Avec Suki Waterhouse, Madisen Beaty, Inanna Sarkis, Ella-Rae Smith, 
Stephanie Sy, Seamus Patterson...





Stéphane ERBISTI

I AM LISA (2020)

 


L'HISTOIRE : Après le décès de sa grand-mère, la jeune Lisa revient dans sa ville natale pour s'occuper de la boutique de livres d'occasion de la défunte. Elle redevient rapidement la cible des moqueries de Jessica, dont la mère et le frère sont shérif et shérif-adjoint et ont une drôle de façon de faire régner l'ordre, entre corruption, trafic de drogue et intimidation. Suite à une plainte de Lisa envers Jessica, la famille mafieuse séquestre la jeune libraire et la passe à tabac, la laissant pour morte au milieu de la forêt. Lisa, agonisante, est mordue par un loup puis est recueillie par Mary qui vit dans les bois. Rapidement remise sur pied, Lisa se sent différente suite à la morsure. Mary lui explique qu'elle a été mordue par un loup-garou...


MON AVIS : Le réalisateur Patrick Réa oeuvre depuis 2001 dans le cinéma indépendant, avec plus de 74 entrées dans sa filmographie en 2023. Nombreux courts-métrages et films se partagent l'affiche, dont Hell Week (2011), Nailbiter (2013), The Invoking 2 (2015), Monsterland 2 (2019), Monster Killer (2020), Strange Events 3 (2020) ou bien encore They Wait in the Dark (2022). En 2020, il tourne I am Lisa, un film qui joue dans le registre du film de loup-garou, ce qui ne manquera pas de m'intriguer, étant assez fan du monstre poilu que j'ai découvert au milieu des 80's avec Hurlements et Le Loup-Garou de Londres

Petite production indépendante à faible budget, I am Lisa ne rivalisera pas avec les deux titres précités, ni même avec d'autres werewolf movies, surtout en ce qui concerne ce qui doit logiquement être le clou du spectacle de ce genre de film, à savoir les effets de transformation. On se souvient du choc ressenti à la vision des transformations vues dans le classique de Joe Dante et dans celui de John Landis. Dans I am Lisa, l'actrice Kristen Vaganos se verra juste munie de lentilles de contact jaune, d'ongles plus long et plus aiguisés et d'une paire de canines acérées. Point barre. Vous me direz, au lieu de se ridiculiser avec des maquillages ou prothèses pourris, ne vaut-il mieux pas faire comme Patrick Réa et se contenter d'effets discrets mais corrects ? La question mérite d'être posée !

I am Lisa va donc se focaliser sur la jeune Lisa, une jeune fille sympa, qui doit gérer la bouquinerie tenue par sa grand-mère suite au décès de cette dernière. La boutique se trouve dans sa ville natale et son retour ne va pas provoquer que des réjouissances. Si elle peut compter sur le soutien de sa meilleure amie Sam, elle va devoir affronter de vieilles connaissances, à savoir Jessica et sa bande de pestes, qui semble ne pas la porter dans leur cœur. Le scénario en rajoute une couche puisque la mère et le frère de Jessica sont les chefs de la police et qu'ils ne se privent pas d'utiliser leur fonction pour pratiquer la corruption et laisser Jessica mener à bien bien son trafic de drogue entre autres. Lisa redevient donc le souffre-douleur de cette famille corrompue et le film prend des airs de teen-movie fantastique, la majorité du casting étant assez jeune. De plus, une fois Lisa mordue par un loup-garou, l'histoire va essayer de s'intéresser à ce que son nouveau statut de créature mythologique va provoquer en elle, un peu à la manière de Ginger Snaps par exemple. Sauf que dans I am Lisa, tout n'est que surligné et on est bien loin de la qualité d'écriture du film de John Fawcett réalisé en 2000. 

Le seul truc un tant soit peu sympa dans I am Lisa, c'est cette tentative de mêler film de loup-garou et rape & revenge. Car une fois laissée pour morte et mordue, notre charmante Lisa va pouvoir mener à bien sa vengeance envers ses agresseurs. Sauf que la aussi, ça tombe un peu à l'eau et qu'on aura pas grand-chose à se mettre sous la dent niveau meurtre, ce qui est un peu dommage pour un film de loup-garou, non ?

Que ce soit en tant que werewolf movie, que rape & revenge ou en tant qu'étude psychologique de son héroïne, I am Lisa rate le coche sur tous les tableaux et devrait décevoir bon nombre de spectateur au final. Si la prestation de Kristen Vaganos reste correcte, elle ne peut sauver le film à elle toute seule, ni dynamiser un rythme au abonné absent. 

Petit point à mettre en avant tout de même, les références cinéphiliques incluses dans le film, comme lorsque Lisa et Sam regardent The Last Man on Earth au cinéma ou Le Loup-Garou de Washington à la télé. A réserver aux néophytes du genre... et encore...


Titre français : I am Lisa
Titre original : I am Lisa
Réalisateur : Patrick Réa
Scénariste : Eric Winkler
Musique Natalia Perez
Année : 2020 / Pays : Usa
Genre Loup-garou / Interdiction /
Avec Kristen Vaganos, Jennifer Seward, Manon Halliburton, Carmen Anella...




Stéphane ERBISTI

BEYOND THE OMEGA (2020)

 

Titre français : Beyond the Omega
Titre original : Il tuo Sepolcro... la Nostra Alcova
Réalisateur : Mattia De Pascali
Scénariste : Mattia De Pascali
Musique : /
Année : 2020
Pays : Italie
Genre : Necrophilie
Interdiction : -16 ans
Avec Lorenzo Lepori, Benedetta Rossi, Alex Lucchesi, Pio Bisanti...


L'HISTOIRE : Après qu'un maniaque ait assassiné Iris, sa fiancée, Aristodemo, un traducteur timide et introverti, s'isole dans une maison de campagne et se coupe du monde. Impuissant sexuellement face à des femmes de chair et d'os, les pulsions et les névroses d'Aris le conduisent à acheter sur le net une poupée sexuelle grandeur nature et à l'apparence cadavérique. Sombrant petit à petit dans une douce folie, Aris s'imagine que la poupée est vivante et qu'elle lui parle. Dans le même temps, le maniaque continue son horrible collection et semble se rapprocher de plus en plus du lieu de vie d'Aris...


MON AVISL'Italie prouve qu'elle est toujours le berceau du cinéma bis déviant et trash avec une nouvelle génération de réalisateurs qui font persévérer cet esprit bis, à l'image d'Ivan Zuccon ou Domiziano Christopharo par exemple. On peut également ajouter Mattia De Pascali qui, avec Beyond the Omega, entre par la grande porte et frappe un grand coup dans le domaine du cinéma extrême. Rien que le titre nous fait comprendre qu'il s'agit d'un hommage (revendiqué) au Buio Omega (Blue Holocaust) de Joe d'Amato mais pas seulement. J'y ai aussi vu des influences de Soupçons de Mort de Lucio Fulci et aussi de Love Object entre autres. 

Le film de Mattia De Pascali, dont il a également signé le scénario, nous entraîne à la suite d'Aristodemo, un traducteur qui devait se marier mais dont la fiancée a été assassiné par un maniaque. Depuis, l'homme se cloître dans sa maison, devenant esclave de ses pulsions sexuelles. On apprend d'ailleurs que sa fiancée était vierge et qu'elle se réservait pour sa nuit de noces, ce qui implique que Aristodemo est sûrement encore puceau, sans que ce soit dit explicitement. On le voit d'ailleurs se masturber souvent, ce qui confirmerait cette hypothèse, surtout qu'il rencontre bien des difficultés lorsqu'il est avec d'autres femmes. Plus le temps passe, plus l'isolement corrompt l'esprit fragile du héros, qui en est devenu impuissant sexuellement, tentant d'avoir des érections en allant dans des clubs privés mais sans succès.

Lorsqu'il commande une poupée de latex grandeur nature sur le net, sa santé mentale va vaciller encore plus, surtout qu'il a choisi une apparence cadavérique pour sa nouvelle amie. Une amie de plastique qui va devenir bien réelle pour notre héros, la poupée cédant sa place à l'actrice Benedetta Rossi qui va donc passer la majeure partie du film entièrement nue et maquillée comme un cadavre, se soumettant totalement aux désirs sexuels de son hôte. 
Le travail sur la séparation de la frontière du réel et du fantasme chez le héros, très bien interprété par l'acteur Lorenzo Lepori, est vraiment bien mis en avant et la mise en scène de De Pascali fait bien plus que le job, parvenant à créer une ambiance malsaine du plus bel effet. Eros et Thanatos se rencontre donc dans Beyond the Omega, d'abord de manière suggérée avec la poupée de plastique puis de manière plus explicite avec la vraie actrice, pour se conclure dans une séquence qui aurait sûrement emballé Jorg Buttgereit, réalisateur des deux Nekromantik.
Parallèlement aux agissements pervers du héros, qui s'enfonce dans une folie omniprésente et destructrice, on suit également les méfaits d'un tueur en série ultra-violent, qui viole, étrangle, découpe ou tronçonne ses victimes féminines sans la moindre hésitation. Les effets gores, à l'ancienne, sont efficaces et très bien conçus et feront la joie des fans. Quant à savoir qui est ce tueur mystérieux et sadique, et quel rapport peut-il y avoir entre lui et Aristodemo, c'est une interrogation que se posera continuellement le spectateur, un peu déboussolé il faut le reconnaître par l'enchaînement des situations. Une chose est sûr en tout cas, c'est que Beyond the Omega ne fait pas dans la demi-mesure et assume totalement son côté trash et révulsif.
Jamais de hors-champ, tout est montré au public de manière frontale, que ce soit les meurtres graveleux, les viols ou les déviances du héros. Le film n'en oublie pas de se montrer parfois poétique, une poésie macabre bien sûr, dérangeante, qui fera détourner le regard des spectateurs non avertis auquel ce film ne s'adresse pas. Réalisé avec classe, possédant une belle photographie et des éclairages travaillés, bénéficiant d'un casting qui a été au bout des demandes du réalisateur et du scénario, Beyond the Omega est un film horrifique qui cherche à choquer et qui y réussi admirablement bien. Les films traitant de la nécrophilie sont rares, celui-ci fait partie des meilleurs !



Stéphane ERBISTI

THE POD GENERATION (2023)

 

Titre français : The Pod Generation
Titre original : The Pod Generation
Réalisateur : Sophie Barthes
Scénariste : Sophie Barthes
Musique Evgueni Galperine, Sacha Galperine
Année : 2023
Pays : Usa, France, Angleterre
Genre : Anticipation, comédie
Interdiction : /
Avec Emilia Clarke, Chiwetel Ejiofor, Rosalie Craig, Vinette Robinson...


L'HISTOIRE : Dans un futur proche où l’intelligence artificielle prend le pas sur la nature, Rachel et Alvy, couple new-yorkais, décident d’avoir un enfant. Un géant de la technologie, vantant les mérites d’une maternité plus simple et plus paritaire, propose aux futurs parents de porter l’enfant dans un POD. Alvy a des doutes, mais Rachel, business-woman en pleine ascension, l’incite à accepter cette expérience…


MON AVISAh le retour de la charmante Emilia Clarke au cinéma ! Absente des écrans depuis 2019 et le joli conte de Noël Last Christmas, impactée par la crise du COVID-19 évidemment, l'actrice a été l'une des héroïnes de la série Secret Invasion en 2023 et on la retrouve donc cette même année dans une comédie d'anticipation réalisée par Sophie Barthes et intitulée The Pod Generation

Anticipation donc car l'histoire se déroule dans un futur proche, où la technologie et l'intelligence artificielle a pris le pas sur tout le reste. La vie des humains est entièrement conditionnée par l'informatique, les maisons sont connectées à l'extrême et vous ne pouvez pas faire un pas sans que la voix d'une IA ne viennent vous questionner sur vos envies du jour ! Idem si vous allez voir un psy, ce sera une IA qui prendra en charge vos séances, sous la forme très curieuse d'un gros œil coloré ! 

Voici donc la vie que mène Rachel, business-woman, et son mari Alvy, professeur-botaniste. Le choix des métiers de deux personnages principaux n'est bien sûr pas anodin : Rachel vit continuellement avec la technologie (c'est son métier d'innover) alors que son mari est resté fidèle à des valeurs plus terre-à-terre, comme le respect de la nature, valeurs qu'il tente de communiquer à des fidèles par forcément réceptifs à ces vieux principes datés. Dans The Pod Generation, la technologie a été poussé très loin puisque désormais, il est proposé aux femmes de mener leur grossesse à l'aide d'un Pod, une capsule recréant l'environnement d'un utérus et dans laquelle l'embryon pourra se développer. Fini les migraines, les nausées, la prise de poids, tout se passe dans le Pod interactif, et vous pouvez l'emmener partout avec vous, et même le mettre dans un système d'attache qui vous donnera l'apparence d'une femme enceinte. Autre intérêt, le partage des tâches puisque le mari peut lui aussi s'occuper du Pod ! Un concept qui intéresse fortement Rachel mais qui ne trouve guère de résonance auprès d'Alvy, qui souhaite évidemment que sa femme ait une grossesse normale.

Le film débute donc comme une comédie romantique avec une grosse pincée d'anticipation, les représentations des innovations technologiques bénéficiant d'effets spéciaux et visuels de qualité. Une fois le couple en possession d'un Pod, l'aspect comédie se renforce un peu plus puisque Alvy, réticent au départ, se prend de passion pour son futur bébé et donc pour cette drôle de capsule blanche dont il ne voulait pas entendre parler au départ. Le duo formé par Emilia Clarke et Chiwetel Ejiofor fonctionne parfaitement bien et les situations proposées font souvent sourires de part leur aspect étrange et inattendu. 

On a parfois l'impression de regarder un épisode de la série Black Mirror, car plus la grossesse avance dans le Pod et plus des restrictions se mettent en marche vis à vis de ce dernier, provenant de la société fondatrice de cette technologie, dont le but principal bien sûr est de faire de l'argent malgré un discours empathique au départ pour inciter les couples à franchir le pas et à utiliser leur invention. 

On notera que le fait que le futur papa devienne gaga et se met à s'occuper plus du Pod que de sa femme se veut une petite critique cinglante de la réalité mais après, est-ce notre faute si nous n'avons pas d'utérus ? Ces petits pics vis à vis de la société sont amusants à défaut de soulever un vrai débat de fond mais ils donnent tout de même à réfléchir. Trop de technologie, trop de dérive informatique représente-t-il un danger pour la société, pour la vie naturelle elle-même ? Le film de Sophie Barthes se veut également une réflexion sur ce sujet ô combien actuel et l'évolution des personnages ainsi que la fin du film mettent en exergue cette réflexion. 

Certains auraient sûrement aimé que le film prenne une direction différente, encore plus anxiogène en montrant les dangers d'une grossesse par Pod interposé, avec un embryon devenant un Alien ou un monstre par exemple, le design du Pod faisant clairement allusion à aux Ovomorphs  du film de Ridley Scott et ses suites. Mais il n'en sera rien, on reste dans la comédie romantique futuriste qui ne s'éloigne jamais de cette ligne directrice. 

The Pod Generation est un joli film sur un avenir pas très réjouissant qui met de côté le principal, à savoir la nature, les relations humaines, au profit d'une technologie de plus en plus envahissante. Ça se laisse gentiment regarder, Emilia Clarke est rayonnante comme à son habitude et elle semble avoir repris quelques kilos, ce qui lui va beaucoup mieux. L'actrice a d'ailleurs reçu le 3 septembre 2023 le Prix Nouvel Hollywood au festival de Deauville !




Stéphane ERBISTI

BECKY (2020)

 

Titre français : Becky
Titre original : Becky
Réalisateur : Jonathan Milott, Cary Murnion
Scénariste : Nick Morris, Ruckus Skye, Lane Skye
Musique Nima Fakhrara
Année : 2020
Pays : Usa
Genre : Survival, Home invasion
Interdiction : -12 ans
Avec Lulu Wilson, Kevin James, Joel McHale, Robert Maillet, Amanda Brugel...


L'HISTOIRE : La vie de Becky, 13 ans, vient de basculer avec la mort de sa mère. Contrariée par devoir passer son week-end avec son père et sa nouvelle compagne, elle va devoir affronter de nouvelles épreuves quand la famille est prise en otage par un groupe de prisonniers évadés, emmenés par le cruel néo-nazi Dominick, qui est à la recherche d'une clé. Les malfaiteurs sont loin de se douter que Becky peut renverser le rapport de forces et faire d'eux ses proies...


MON AVIS En 2014, le duo Jonathan Milott / Cary Murnion réalisent Cooties, l'histoire farfelue d'un mystérieux virus qui frappe une école primaire isolée et transforme les enfants en véritables sauvages. Ce premier film bénéficiait de la présence d'Elijah Wood et d'Alison Pil. Ils enchaînent avec Bushwick et sur 4 épisodes de la série Off Season en 2017 puis reviennent en 2020 avec Becky, un home invasion teinté de survival qui met en vedette une jeune ado de 13 ans qui va devoir gérer un groupe d'évadés de prison qui viennent squatter dans la maison de campagne de son père, résidence secondaire perdue dans les bois évidemment. Il semblerait que les détenus, dont deux gros néo-nazis, connaissent l'endroit puisqu'ils cherchent une clé censée leur ouvrir une cachette a priori. Une cachette dont on ne sait pas du tout ce qu'elle contient au final.

La jeune Becky est interprétée par Lulu Wilson, vue dans Annabelle - la création ou dans la série The Haunting of Hill House entre autres. Les deux méchants néo-nazis sont joués quant à eux par Kevin James et le géant Robert Maillet, ancien catcheur devenu acteur. Un casting plutôt bien en place et qui fait le job pour un film assez banal au final et qui, même s'il remplit agréablement son contrat, ne vient jamais nous transcender. On ne peut pas dire que le scénario fasse en effet dans une grande originalité. La seule subtilité vient du fait que l'héroïne a 13 ans et va se montrer des plus matures pour faire face à une situation dans laquelle la majorité des gens se feraient dessus sans broncher. OK, l'instinct de survie peut faire faire des prouesses mais quand même. Le week-end de Becky va donc devenir un vrai cauchemar et ça démarrait déjà mal quand son père fait débarquer sans la prévenir sa nouvelle compagne accompagnée de son jeune fils.

Car la mère de Becky est décédée d'un cancer il y a un an et la jeune fille n'arrive toujours pas à faire son deuil. Un background un peu larmoyant, qui explique la rage intérieure dont fait preuve la jeune fille. Une fois les détenus ayant pris en otage son père, sa nouvelle compagne et son fils, le film bifurque du drame au home invasion et va s'amuser à distiller une ambiance un peu oppressante tout en malmenant son casting. 

Kevin James, croix gammée tatouée sur le derrière du crâne, la joue gros dur insensible et ne lésine pas sur de petites tortures envers le père de Becky pour que cette dernière lui dise où est cette foutue clé qu'il recherche. La violence graphique apporte un peu de piment et les deux réalisateurs n'ont pas peur d'en faire trop, comme lors de cette séquence un peu too much dans laquelle le néo-nazi en chef se sectionne le nerf optique au ciseau puis au couteau après que Becky lui ai crevé l’œil. Et tout ça sans tomber dans les pommes ! Balèze la race aryenne !

Franchement, même si les effets gores sont bien répugnant ici, j'ai trouvé cette scène assez hilarante vue son manque de crédibilité. La suite se la joue un peu Maman j'ai raté l'avion avec Becky qui utilise tout ce qui lui tombe sous la main pour se débarrasser des méchants. Le coup du gros pistolet à eu rempli d'essence est assez bien trouvé. 

Alors oui, Becky bénéficie souvent d'une belle mise en scène, de bonnes idées visuelles, d'un casting correct et de scènes violentes plutôt sympathiques. Mais à part ça, on ne peut pas dire qu'il y a du nouveau à l'ouest. Rien qui nous fasse nous ébahir, rien qui ne fasse avoir des frissons d'extase. Juste un petit film divertissant en somme, bien foutu mais qui recycle du déjà vu.




Stéphane ERBISTI

BARBARE (2022)

 

Titre français : Barbare
Titre original : Barbarian
Réalisateur : Zach Cregger
Scénariste : Zach Cregger
Musique : Anna Drubich
Année : 2022
Pays : Usa
Genre : Home invasion
Interdiction : -16 ans
Avec : Georgina Campbell, Bill Skarsgard, Justin Long, Matthew Patrick Davis...


L'HISTOIRE : Tess se rend loin de chez elle pour un entretien d’embauche. Arrivée à son Air B’n’B, elle se rend compte que sa location est déjà occupée par un certain Keith, homme affable - voir trop - prêt à l’accueillir. Malgré ses craintes et n’ayant pas d’autres choix, la jeune femme va accepter de cohabiter avec cet étranger. C’est le début d’une descente aux enfers pleine de surprises…


MON AVIS Bonne nouvelle ! Entre deux films d’horreur calibrés pour le public adolescent et autres Marvelleries copiées / collées, le cinéma de genre peut encore arriver à nous surprendre. Preuve en est, ce Barbare réalisé par Zach CreggerLa première surprise vient d’ailleurs du réalisateur en question. Souvenons-nous qu’il est le co-responsable de la teen-comédie Miss March en 2009, dans lequel un jeune homme (joué par Zach, himself) part à la recherche de son ex-copine devenue égérie du magazine Playboy. Si le film n’avait rien de honteux (Queue-de-cheval-méga-bite restera à jamais dans nos cœurs), avouons que le grand écart avec Barbare, film d’horreur à l’état pur, est digne de celui d’un Jean-Claude Van Damme de la grande époque.

Autre surprise, si le titre peut laisser croire aux aventures d’un héros musculeux portant une épée autant qu’à un torture-porn bas du front, le résultat final est pourtant loin de tout ça. D’ailleurs, mieux vaut avoir vu le film avant de lire les lignes qui suivent, tant il est compliqué de parler du film sans le spoiler. Surtout, le plaisir de le découvrir vierge de toute information rend la chose plus intense.

Maintenant que c’est dit et que vous êtes prévenus, rentrons dans le vif du sujet : Barbare se découpe en plusieurs parties liées entre elles, mais aux tonalités différentes. Les ruptures de tons, sont d’ailleurs perturbantes et diminuent parfois la tension, notamment à la fin d’une première heure captivante et tendue dans laquelle une jeune femme se retrouve à devoir cohabiter avec un illustre inconnu suite à une hypothétique erreur de l’agence de location. Tess (Georgina Campbell, impeccable), la jeune femme en question, va donc passer une nuit avec le charismatique, mais énigmatique et un peu flippant, Keith (Bill Skarsgard, impeccable, lui aussi). Si le film semble, de prime abord, suivre la trajectoire de ces deux personnages, le scénario va donc prendre un virage à 90° lorsque (attention, spoiler de chez spoiler) Keith va se faire massacrer par un troisième résidant à l’aspect difforme.

Suite à ce premier twist, le film va nous présenter un nouveau héros en la personne de A.J, comédien qui trempe dans une sale affaire de viol, et qui doit se rendre dans la maison du drame (dont il n’a pas connaissance) pour tenter de la vendre afin de payer ses frais d’avocat. Si Georgina Campbell et Bill Skarsgard sont impeccables (oui, j’insiste), c’est un réel plaisir de retrouver Justin Long dans un rôle (celui d’A.J) aussi ambiguë et angoissant (son meilleur depuis Tusk de Kevin Smith). Finalement, pas étonnant que Zach Cregger ait décidé de le recruter tant la direction du réalisateur ressemble, à un certain niveau, à celle de Smith, réalisateur de comédies (Clerks) et de films d’horreur barrés et dérangeants (Red State, Tusk).

A partir de là, le film ne va jamais retrouver son atmosphère oppressante du début, mais proposer quelques bons moments de flippes et de malaises à partir du moment où A.J va découvrir Tess dans les souterrains de la maison. Le sous-sol, lieu de toutes les horreurs, est sordide comme il faut et les péripéties haletantes. Si certains effets (empruntés à Rec ou Le Sous-Sol de la Peur et à mille autres films du genre) manquent d’originalité, le tout tient la route et arrive à nous transporter dans son atmosphère glauque.

Dans les semi-déceptions, on peut regretter qu’une fois le monstre dévoilé, à la mort de Keith, ses apparitions n’ont plus la même saveur angoissante. Les autres points qui peuvent faire tiquer sont certaines invraisemblances scénaristiques (le film est parfois too much, notamment dans sa manière d’isoler les personnages), ainsi que les réactions étranges de plusieurs protagonistes face à la menace. Si celles de Tess sont plutôt bien amenées, transformant ses choix stupides en décisions courageuses ou altruistes de manière convaincante, celles des personnages masculins sont, elles, beaucoup moins compréhensibles. Leurs choix étant dictés par la curiosité, potentiellement logique, mais loin d’un certain bon sens.

Toutefois, rien qui viendrait gâcher la fête d’un spectacle éprouvant dont je m’abstiendrais de dévoiler la teneur profonde (en me retenant de vous parler plus en détail du monstre et de ses motivations profondes) et qui, au-delà du roller-coaster horrifique, nous propose une caractérisation de personnages très réussie conduisant à une morale jubilatoire que n’aurait pas renié un épisode de la fameuse série Les Contes de la Crypte.

Enfin, si le film perd de sa tension à mi-parcours, difficile de lui reprocher tant les choix surprenants et originaux l’emportent sur ce qui aurait pu être un simple home invasion inversé. Il faut parfois faire des sacrifices et il est difficile de gagner à tous les niveaux quand on veut sortir des chemins trop souvent balisés de l’horreur moderne. Et loin de l’avoir fait comme un petit malin prenant son public de haut, on peut dire que Cregger a réalisé une démonstration de force tout en montrant un grand respect au genre.




Sylvain GIB