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BARRICADE (2007)

 

Titre français : Barricade
Titre original : Barricade
Réalisateur : Timo Rose
Scénariste : Timo Rose, Ted Geoghegan
Musique : Timo Rose
Année : 2007
Pays : Usa, Allemagne
Genre : Gore
Interdiction : -16 ans
Avec : Raine Brown, Joe Zaso, André Reissig, Manoush, Timo Rose...


L'HISTOIRE : Trois amis, Michael, David et Nina, décident de partir faire une petite randonnée dans la campagne allemande. La journée qui s’annonce calme et romantique, notamment pour Michael qui à la joie d’être en compagnie de Nina, dont il est secrètement amoureux depuis plusieurs années, va rapidement devenir un véritable cauchemar quand le petit groupe se fait agresser par une famille de dégénérés cannibales, déjà à l’origine de nombreux carnages dans la région…


MON AVISTimo Rose n’est pas un débutant dans le domaine du film gore. On peut même dire que ce réalisateur allemand serait à ranger aux côtés de ses compatriotes que sont Andréas Bethmann, Olaf Ittenbach, Jörg Buttgereit ou Andréas Schnaas pour ne citer qu’eux. Pourtant le nom de Timo Rose est bien moins connu que ceux mentionnés précédemment. Il a pourtant à son actif une petite filmographie de plus de 15 long-métrages qui ont tous trait à l’horreur, le fantastique, la science-fiction ou aux trois en même temps. Et tout comme les autres réalisateurs teutons qu’on vient d’évoquer, ses films sont des productions indépendantes à faible budget, qui respirent la passion et l’envie de faire de son mieux pour satisfaire les spectateurs et les fans malgré les contraintes.

Timo Rose possède également plusieurs cordes à son arc : en plus d’être réalisateur, il est aussi acteur, producteur, scénariste, compositeur, et s’occupe même des effets-spéciaux ! Un touche-à-tout débrouillard donc, et dont la notoriété va enfin franchir les limites de son pays grâce au film dont on va parler : Barricade, dont la réputation d’œuvre extrême a traversé les frontières et a même conquit l’éditeur français Uncut Movies qui nous donne la possibilité de voir le film avec des sous-titres français et de nombreux bonus.

La lecture de l’histoire nous annonce clairement que le film ne fera pas dans l’originalité. Un groupe d’amis, un endroit perdu en pleine forêt, et une famille de rednecks cannibales. Des références nous viennent immédiatement à l’esprit, de Massacre à la Tronçonneuse à Détour Mortel en passant par La Colline a des Yeux par exemple. Des spécimens typiques de survival bien violents qui ont marqué les esprits. Evidemment, Barricade souffrira de la comparaison avec ses illustres aînés, que ce soit en termes de réalisation, de rendu d’images, de suspense, d’ambiance. Attention, le film de Timo Rose n’est pas mauvais, bien au contraire, mais il ne peut prétendre rivaliser avec les titres évoqués précédemment. Maintenant, oublions les références et prenons le film pour ce qu’il est : un survival méchamment gore à faible budget.

Méchamment gore, Barricade l’est effectivement, sans toutefois atteindre les sommets promis par sa réputation. Des films comme Black Past ou The Burning Moon restant d’un niveau encore supérieur en termes d’horreur visuelle. Mais on en aura quand même pour notre argent, rassurez-vous ! Acide versé dans les yeux qui vient ronger un visage, viscères sortis du ventre et dégustés à pleine bouche, explosion de tête au fusil, découpage d’un téton et même un plan où vous vous retrouverez à l’intérieur d’un ventre pour mieux voir la main saisir les entrailles de la victime ! Le film vous réserve bien d’autres délires sanglants, et les effets spéciaux sont franchement réussis. L’amateur de barbaque sortira content et repu de la vision du film. La famille de dégénérés est également assez démonstrative et réjouira les fans de personnages exubérants et disgracieux, en particulier la mère de famille, incarnée par l’étrange actrice Manoush, qui n’est pas très rassurante, même lors d’une interview hors film…

Bien sûr, on pourrait comparer Barricade à un simple étalage de scènes gores entrecoupées de séquences de dialogues. Pourtant, on sent que Timo Rose aime ses personnages et ne les a pas mis de côté pour se consacrer uniquement à l’horreur et aux effets spéciaux. La petite romance qu’il installe entre Michael et Nina est très fleur bleue mais s’avère assez touchante, surtout lorsqu’on voit le gabarit de bodybuilder de Joe Zaso, qui joue les grands timides face à une excellente Raine Brown, totalement investie dans son rôle. Raine est, tout comme dans 100 Tears, la révélation de Barricade. Son jeu naturel, sa jovialité, son visage d’ange la rendent parfaitement crédible, passant du statut de jeune femme meurtrie par la vie (divorce et perte de la garde de son enfant) à celui de victime pour enfin prendre son destin en main et retourner la situation à son avantage.

Le reste du casting n’est pas toujours à la hauteur et l’aspect amateur se ressent parfois mais dans l’ensemble, et pour qui sait à quoi s’en tenir lors de l’insertion du film dans le lecteur DVD, ça passe néanmoins assez bien et reste dans la bonne moyenne des films de ce type.
Quant à la réalisation de Timo Rose, elle ne restera pas dans les annales, c’est sur mais il sait tenir une caméra, s’essaie à quelques mouvements sympas, s ‘amuse à mettre des effets sur l’image de types griffures ou stries, donnant une impression de vieille pellicule usée et abîmée, renforçant le côté malsain et sale de l’œuvre. Aucune originalité dans ces procédés certes, mais on sent vraiment une réelle passion pour le genre derrière tout ça, qu’un manque de budget ne parvient pas à transcender. Mais si on ne peut pas enlever quelque chose à Barricade, c’est bien sa sincérité.

Pour qui aime les films à petits budgets qui semblent tournés entre potes mais de manière consciencieuse, pour qui aime voir une belle héroïne crier, hurler, être recouverte de sang et de boue, pour qui aime les excès gores et la tripaille bien étalée au premier plan, le film de Timo Rose vous conviendra parfaitement. Généreux, distrayant, barbare quand il le faut et bénéficiant de la présence radieuse de Raine Brown, Barricade tient la plupart de ses promesses et saura marquer les esprits des plus goreux d’entre vous !




Stéphane ERBISTI

BAD TASTE (1987)

 

Titre français : Bad Taste
Titre original : Bad Taste
Réalisateur : Peter Jackson
Scénariste : Peter Jackson, Tony Hiles, Ken Hammon
Musique Michelle Scullion, Jay Snowfield
Année : 1987
Pays : Nouvelle-Zélande
Genre : Gore
Interdiction : -12 ans
Avec : Terry Potter, Pete O'Herne, Craig Smith, Mike Minett, Peter Jackson…


L'HISTOIRE : Une petite ville côtière de Nouvelle-Zélande est le théâtre d'une invasion extraterrestre. Les Aliens, sous apparence humaine, ont décidé d'utiliser les habitants comme viande de première qualité pour leur fast-food spatial. Heureusement, une bande de copains va tenter de les stopper par tout les moyens...


MON AVISQu'il est étonnant le parcours de Peter Jackson ! Comme Sam Raimi, qui a suivi la même évolution de carrière, le jeune Peter, qui habite en Nouvelle-Zélande, dispose d'un talent inné pour la mise en scène, est passionné par la caméra et les effets-spéciaux depuis son plus jeune âge, a débuté par le cinéma d'horreur indépendant à très petit budget avant de se voir offrir des ponts d'or par les studios afin de réaliser des blockbusters ! Dès que ses parents ont eu un caméra 8mm, Peter Jackson s'est mis à réaliser des tas de petits courts métrages inventifs avec ses copains. Il s'achète ensuite une caméra Bolex 16mm et décide de transformer un de ses courts métrages en film. Il réunit des amis, qui seront tout aussi bien acteurs que techniciens, et pendant quatre longues années, il filme chaque week-end, avec parfois des pauses de cinq mois, ce qui deviendra Bad Taste

Gonflé en 35mm, Peter Jackson part proposer son film au marché du film à Cannes en 1988, sans grande conviction, et revient au pays ravi, le film ayant été acheté dans divers pays dont la France ! Bad Taste gagnera petit à petit ses galons de film gore culte à travers ses diverses diffusions dans des festivals (il récoltera le prix du Gore au festival du Rex) et va acquérir une horde de fans à travers le monde lors de son exploitation en VHS puis en DVD. Quand on voit la saga du Seigneur des Anneaux et qu'on se rappelle de Bad Taste, on peut vraiment dire que Peter Jackson est parti de loin, de très loin même. 

Car ce premier film possède un côté vraiment amateur, notamment dans le jeu des acteurs (tous des potes du réalisateur, qui ont juste voulu l'aider dans son projet et qui n'ont pas poursuivi dans la voie du cinéma ensuite pour la majorité). Mais derrière cet aspect amateur se cache bien d'autres choses qui font de Bad Taste une expérience peu ordinaire dans laquelle le système D est le maître-mot. Il suffit de regarder le making-of du film pour se rendre compte du génie créatif de Peter Jackson

Avec trois bouts de ficelles, des tubes d'acier, du bois, du latex et un max de débrouillardise, Jackson et ses amis ont construit une grue pour leur caméra, des rails pour les travelling, une steadycam de fortune mais qui fonctionne à merveille, des maquettes réalistes et surtout des effets spéciaux gores et de maquillage qui fonctionnent encore très bien aujourd'hui et qui sont réellement d'une ingéniosité à toute épreuve. On le sait, Peter Jackson voue un culte aux artisans des effets spéciaux et notamment à ceux qui utilisent la stop-motion, comme Willis O'Brien ou Ray Harryhausen. Il a puisé dans son imagination mais aussi dans les nombreux films qu'il a vu pour imaginer et concevoir le look de ses extraterrestres, leurs masques et prothèses animés par des câbles, les armes du film (toutes factices et bricolées mais c'est quasiment indétectable à l'écran !) et les effets gores bien sûr. 

Un talent fou au service d'une histoire d'invasion extraterrestre rigolote donc, dans laquelle un groupe de quatre personnes au service du gouvernement va devoir tout faire pour sauver le monde. Quatre héros qui vont bien nous faire rire à travers des péripéties souvent loufoques, déjantées et dans lesquelles l'humour noir côtoie un gore décomplexé qui n'hésite pas à verser dans le répugnant et le vomitif. Mais toujours dans la bonne humeur, ce qui permet à Bad Taste de marquer des points et d'amuser plus qu'il ne dégoûte en fin de compte, même si certaines scènes donnent parfois la nausée, comme cette dégustation de vomi d'un vert peu appétissant (la petite Regan MacNeil de L'Exorciste à là un sérieux concurrent !) mais qui semble tout à fait au goût d'un de nos quatre héros ! A se pisser dessus ! 

Explosions de cervelles, tête coupée, bras arraché, corps coupé en deux et j'en passe, Peter Jackson nous offre un véritable festival de gore festif qui font de Bad Taste, en 1988, le film le plus gore jamais fait. Une consécration qui sera pulvérisée en 1992 par le même Peter Jackson et son génial Braindead

En l'état, Bad Taste est un pur film récréatif, qui souffre tout de même d'une certaine répétitivité dans ses rebondissements, de scènes d'action réalisées avec les moyens du bord et qui, il faut bien le reconnaître, font un peu nanar, d'un rythme pas toujours enlevé mais comme déjà dit, c'est cet aspect bricolage qui fait tout le charme du film. 

Si vous n'avez jamais vu Bad Taste mais que vous connaissez la majorité des films de Peter Jackson, nul doute que vous allez avoir la mâchoire qui va se détacher devant le résultat. A noter que le réalisateur interprète deux personnages dans son propre film, celui de l'hilarant Derek et son bout de crâne qui tombe, et celui de Robert l'extraterrestre ! 




Stéphane ERBISTI

BABY BLOOD (1989)

 

Titre français : Baby Blood
Titre original : Baby Blood
Réalisateur : Alain Robak
Scénariste : Alain Robak, Serge Cukier
Musique : Carlos Acciari
Année : 1989
Pays : France
Genre : Gore
Interdiction : -12 ans
Avec : Emmanuelle Escourrou, Christian Sinniger, Jean-François Gallotte, Thierry Le Portier...


L'HISTOIRE : Vivant avec son compagnon dans un cirque malfamé, la belle Yanka s'ennuie. Lors de son sommeil, un parasite africain ayant voyagé dans un tigre, la féconde. Elle se retrouve donc enceinte et s'enfuit de son foyer actuel, et par la même occasion des griffes de son amant. Quand celui-ci la retrouve, il se fait sauvagement poignarder par la jeune femme, découvrant que sa future progéniture est douée de parole, mais réclame aussi du sang frais. Ne pouvant qu'accepter, sans quoi le bébé la tuerait, la jeune femme sillonne la France en dégommant les mâles se présentant à elle...


MON AVISLe gore en France serait une rareté ? En tout cas plus maintenant, grâce à la nouvelle génération de courts-métrages et de films cultes horrifiques tels que Haute Tension ou Calvaire. Pourtant le cas du gore en France était sérieusement remis en question vers la fin des années 80, avec une flopée de films barjots et talentueux. Seul Jean Rollin avec ces belles vampires dénudées ou son film Les Raisins de la Mort, Raphaël Delpard et son duo de films saignants La Nuit de la Mort / Clash, et même Franju avec quelques scènes des Yeux sans visage avaient fait preuve d'une belle utilisation du gore, quoique jamais poussé dans ses derniers retranchements. En clair, le gore français a du mal à faire le poids face à celui des Américains, des Italiens voire à celui des Allemands (puisque Buttgereit a commencé sa brochette de films déviants vers la fin des années 80).

Surprenant déjà son monde avec le très méchant sketch Corridor, visible dans la compile Adrénaline le film(s), Alain Robak frappe le cinéma d'horreur français d'un coup de hache dégoulinante de sang avec son trashissime Baby Blood, qui prouve non seulement que les Français restent assez maladroits dans le genre horrifique, mais peuvent se montrer aussi trash que leur homologues américains ou européens.

Concrètement, le film de Robak se trouve plus proche du cinéma de Frank Hennenlotter que de Jean Rollin. Pourquoi ? Sûrement parce que Robak brosse une vision de la France assez inconfortable, met en place des protagonistes tous plus frappés les uns que les autres, multiplie les meurtres sauvages, mais dresse une relation surprenante (voire touchante) entre l'héroïne et la créature qui l'accompagne, comme Hennenlotter l'a fait pour Frère de sang (Duane et Bélial, le monstre difforme et sauvage) ou Elmer le Remue-Méninges (Brian et Elmer, l'étron bavard bouffeur de cervelles).

Ce qui change bien entendu, c'est le personnage principal, cette fois une femme, contrairement aux héros des films de Hennenlotter. Une femme seule, aux rondeurs appétissantes, Yanka. Une appétissante et fragile louve qui tient un véritable conflit avec sa progéniture mutante. Le thème de la grossesse cauchemardesque est encore utilisé donc, faisant du film une rencontre entre Elmer le Remue-Méninges (il faut donner à manger au monstre, qui parle comme un véritable être humain), Le monstre est vivant (les instincts violents et cannibales du monstre) et Rosemary's Baby (l'attente de l'accouchement et l'angoisse qui l'accompagne).

On ne saura rien de l'origine du monstre qui féconde Yanka, si ce n'est qu'il vient d'Afrique. On apercevra quelques tentacules verdâtres, point barre ! Yanka s'apercevra de sa grossesse petit à petit, jusqu'à que sa progéniture se mette à parler d'une voix aiguë, lui suppliant de trouver du sang sous peine de mort. Yanka s'habitue peu à peu à la chasse aux hommes, qu'elle séduit avant de tuer. Le sexe est omniprésent, histoire de dévoiler les formes de la singulière Emmanuelle Escourrou qui semble se dévoiler sans trop de problèmes devant la caméra, surtout lors d'une scène de toilette très troublante. Déçue par les hommes (son amant trop agressif ou le routier qui l'abandonne lâchement enfonceront inévitablement le clou), elle profite de l'opportunité de tuer des mâles pour faire place à une certaine vengeance personnelle.

La vision qu'offre Robak vis-à-vis des hommes est loin d'être reluisante : cons, buveurs, obscènes, dragueurs, bœufs, obsédés, ratés, homos repentis, trouillards, magouilleurs, jamais vraiment beaux, grossiers… Une lecture carrément caricaturale qu'il vaut mieux éviter de prendre sérieusement, mais qui contribue à développer cette facette trash voire littéralement idiote. Un coté trivial proche de certaines bandes dessinées (Fluide glacial, Reiser…) comme le prouve la séquence des infirmiers, des abrutis finis qui ne peuvent communiquer qu'en s'envoyant des insultes. Elle est belle la France !

Humour noir et personnages grossiers oblige, Robak multiplie aussi les énormités (et les clins d'oeil) comme ce bus rempli de footballeurs en manque de jolies filles (se jetant pour l'occasion sur la pauvre Yanka), cette mémé gâteau gentille comme tout se faisant étrangler avec un fil de téléphone (eh oui, Robak a osé !), la présence d'un certain Roger Placenta crédité au générique pour la voix du bébé (il s'agit en fait d'Alain Robak), l'apparition de l'affiche de Baby Blood 2 et les apparitions de Jean-Yves Lafesse, d'Alain Chabat (scène culte où il crève en haletant comme un chien, et dans le sang en prime) et de... Baxter !

De passage chez Michele Soavi, Raphaël Delpard, Jean Rollin ou Frank Hennenlotter justement, le jeune maquilleur Benoît Lestang supervise les très nombreux effets gores du film, qui ont fait bien sûr sa renommée. Fonçant tête baissée dans l'excès et le grand guignol (voir ces coups de couteaux provoquant un geyser d'une abondance vertigineuse !), Baby Blood appuie à fond sur le champignon du gore : tête fracassée à coups de voiture et de matraque, coup de couteau bien placé avec baiser sanglant en sus, corps explosé, bonbonne de gaz dans la gueule… et surtout clou du spectacle : un meurtre au ciseau du point de vue de l'arme, et un autre profitant de la vue subjective d'une roue ! Âmes frileuses s'abstenir naturellement.

Quant au fameux bébé, sa forme finale déçoit quelque peu (on pense beaucoup trop au face-hugger d'Alien) et passe trop vite à l'écran malgré une idée ingénieuse prolongeant le suspense de manière inhabituelle. La scène finale semble arriver comme un cheveu sur la soupe, celle-ci se montre trop rapide, voire too much, un peu bâclée même. On n'oubliera cependant pas de sitôt l'accouchement onirique aussi fulgurant qu'inattendu ou cette plongée cradingue et inédite dans le corps de Yanka. Autant dire qu'on n'avait pas l'habitude de voir ça dans le cinoche français des années 80-90 !

Alain Robak n'est jamais adroit il est vrai, mais se montre franc dans sa réalisation et son style, à savoir une entreprise qui a l'énergie suffisante pour fignoler un jeu de massacre jubilatoire, cynique et qui tache un max !




Jérémie MARCHETTI

ANTHROPOPHAGOUS 2000 (1999)

 

Titre français : Anthropophagous 2000
Titre original : Anthropophagous 2000
Réalisateur : Andreas Schnaas
Scénariste : Karl-Heinz Geisendorf
Musique : Marc Trinkhaus
Année : 1999
Pays : Allemagne
Genre : Cannibale, gore
Interdiction : -16 ans
Avec : Oliver Sauer, Cornelia de Pablos, Andreas Stoeck, Achim Kohlhase...


L'HISTOIRE : Une bande d'amis se retrouvent dans une bourgade italienne isolée afin d'y passer des vacances. Mais lorsque le camping-car tombe en panne, c'est le drame. La femme enceinte du groupe se foule la cheville en tentant de descendre du véhicule. Le guitariste va alors se dévouer pour veiller sur la future mère pendant que les autres se rendent au village. A leur grande surprise, la petite commune est totalement déserte. Les trois amis décident donc de pénétrer dans une maison. Grand mal leur en prend, les habitants ont été massacrés sauvagement et laissés aux asticots et à la poussière. Sur le sol traîne un journal mentionnant une ville entière massacrée par un maniaque...


MON AVISEn 1999 le réalisateur culte Joe D'amato décède. Il n'en faut pas plus à Andreas Schnaas pour attraper sa caméra pour un hommage au réalisateur trash italien. Malheureusement Joe D'Amato n'a pas vraiment brillé pour son savoir faire et a, tout au long de sa carrière, accumulé les navets douteux (Porno Holocaust

Parmi les films qui se détachent plus particulièrement de la masse : Anthropophagous, réalisé en 1980. Célèbre grâce à une seule scène, celle dans laquelle le spectateur voit le monstre joué par George Eastman dévorer un fœtus. C'est un peu léger. Les mauvaise langues pourront dire que la multitude de titres sous laquelle le métrage se cache expliquerait de façon plus rationnelle la renommée du film.

Mais retournons à notre cher Andreas Schnaas, et à son hommage baptisé tout simplement Anthropophagous 2000. l'Allemand avoue que le matériau original, malgré son statut culte, manque cruellement d'énergie. Ainsi il va tenter d'insuffler à la bobine poussiéreuse un peu de mordant, ce qui pour le cinéaste allemand se traduit par Vas-y Andy, lésines pas sur le sang !

Pour être sanglant, Anthropophagous 2000 l'est ! Les tripes et les membres volent, les hurlements des protagonistes se transforment rapidement en gargouillis gorgés de sang… Mais est-ce réellement ce que vous désiriez ? En effet le film n'en a pas pour autant acquis une énergie transcendante qui va coller mémé aux accoudoirs du fauteuil et envoyer votre chat taquiner le plafond. Il serait en fait raisonnable de soutenir le contraire. Schnaas s'égare dans une bouillie sanglante sans personnalité et présente un métrage gore sans charme.

Les effets spéciaux cheap n'y sont pas étrangers. Au lieu d'être dégoûté (ou même amusé) l'amoureux de splatter ne va trouver ici que matière a déception. Pour se consoler le spectateur pourra se dire que Schnaas lui a fait grâce d'effets numériques douteux. Mais les pauvres mannequins coiffés de façon à ressembler à la victime ne font pas illusion. Certes certaines prothèses remplissent leurs rôles - particulièrement lors des éventrements - mais rien d'exceptionnel.

Pourtant le plus navrant reste à venir : afin de rendre un hommage comme il se doit à l'original, Schnaas a fait appel pour la première fois a des acteurs professionnels. Bien. Certes. Hum. Étrangement, la différence ne saute pas aux yeux. Ça sent toujours autant l'amateurisme à plein nez.

Ce qu'il manque à ce film pour être satisfaisant ? Des effets dignes de ce nom et des acteurs crédibles de A à Z. Le sujet ne prête pas à l'humour, et l'ambiance est sensée être poisseuse et malsaine au possible, ces deux ingrédients sont donc indispensables.

Pour pinailler encore un peu plus, j'ajouterais qu'une musique plus pesante aurait été la bienvenue. Toutefois, le cinéma indépendant – particulièrement lorsqu'il lorgne du côté du gore – étant ce qu'il est, on pardonnera aisément le manque de moyens. C'est d'autant plus dommage qu'avec des moyens à la hauteur de ses ambitions, Schnaas ferait des merveilles de gore. Là, son film donne largement à rehausser le Anthropophagous de d'Amato, nettement plus réussi il faut bien l'avouer !




Colin VETTIER

AMERICAN GUINEA PIG - THE SONG OF SOLOMON (2017)


Titre français : American Guinea Pig - The Song of Solomon
Titre original : American Guinea Pig - The Song of Solomon
Réalisateur : Stephen Biro
Scénariste Stephen Biro
Musique Kristian Day, Scott Gabbey, Gene Palubicki, Jimmy ScreamerClauz
Année : 2017
Pays : Usa
Genre : Gore
Interdiction : -16 ans
Avec Jessica Cameron, Scott Gabbey, David E. McMahon, Gene Palubicki...


L'HISTOIRE : L'Eglise catholique tente de sauver une âme innocente des ravages de la possession satanique. Vague après vague, de saints hommes sont envoyés pour affronter la possédée. Le Vatican aurait-il un secret qui se cache derrière la mission de ces hommes religieux prêts à tout pour se débarrasser du Mal ?


MON AVISIl est curieux de voir le thème de la possession envelopper un des volets de la saga American Guinea Pig qui a pour but de revisiter la série japonaise originelle. Stephen Biro a fait le choix d'écarter complètement les films auquel il rend hommage pour façonner lui-même une histoire pour son deuxième film et ainsi personnaliser la saga. Il nous avait bluffé avec sa première boucherie American Guinea Pig - Bouquet of Guts and Gore, à présent il revient à la charge suite au décevant American Guinea Pig - Bloodshock de Marcus Koch, pour tester une nouvelle sauce.

American Guinea Pig - The Song of Solomon a vu le jour et ne se cache pas d'être une pâle copie (à quelques litres de sang près...) du combat final du célèbre L'Exorciste de William Friedkin qu’il est évidemment inutile de présenter au vu de sa réputation toujours aussi sulfureuse encore aujourd'hui et pour très longtemps encore. Depuis ces dernières années, combien de films de possession ont vu le jour ? Beaucoup. Et parmi eux, seule une petite pincée peut se vanter d'avoir offert quelque chose d'honorable avec une dose de frayeur et d'originalité. Mais là où The Song of Solomon se démarque de toute cette pagaille, c'est bel et bien grâce au sous-genre qu'il entreprend d'exploiter : le gore. De la part du directeur d'Unearthed Films, il n'est pas surprenant que l'hémoglobine soit la force principale du film qui mérite sa place dans la saga.

Si des fans de la série japonaise n'acceptent pas l'idée d'un Exorciste gore dans la saga American Guinea Pig, rappelez-vous qu'il existait pourtant une copie étrange de Re-Animator dans la saga que vous adorez tant (mentionnons bien-entendu Guinea pig 5 : Android of Notre Dame). Et puis la liberté est un atout majeur du cinéma underground. Que ce soit le contenu des films, la promo, la méthode de réalisation ou le mode d'exploitation, la seule règle du mouvement underground est qu'il n'y a aucune règle et aucun code à respecter. Un esprit libertaire, dépolitisé et indépendant que beaucoup devraient se mettre dans la tête pour comprendre ce qu'est réellement le cinéma underground.

Penchons-nous maintenant sur ce qui alimente ce troisième opus si intriguant ; il ne suffira que de quelques minutes pour comprendre que le film n'ira pas de main morte avec son public. Après une introduction particulièrement impressionnante rappelant, pour celles et ceux qui connaissent, une des scènes emblématiques du fake-snuff The Gateway Meat de Ron DeCaro, on comprend par la suite que la construction scénaristique est absente et que la confrontation entre le Bien et le Mal sera l'unique enjeu du film.

Aucune installation et aucun développement n'est fait, Mary (interprétée par Jessica Cameron, étonnante dans son rôle) est déjà possédée et les séquelles physiques sont déjà apparues. Les hommes religieux viendront ensuite tomber les uns après les autres devant la puissance du Mal qu'ils tentent d'expulser de la pauvre femme.

Là où le film est généreux avec les attentes du spectateur c'est bel et bien dans les scènes d'exorcismes étonnamment convaincantes et effectuées dans une ambiance particulièrement malsaine (mais peut-être pas assez sombre) et prenant la peine de déverser plusieurs litres de sang avec une certaine maîtrise des maquillages gores. Beaucoup plus gore et plus brutal qu'il n'y paraît, American Guinea Pig - The Song of Solomon ne faiblit pas lors des exorcismes répétés et prend soin de ne pas ennuyer le spectateur malgré les quelques phases de dialogues qui servent de transition entre chaque exorcisme, mais qui sont assez courtes pour ne pas perdre l'attention du public.

Quant au jeu d'acteur, tant il peut se montrer surprenant, tant on peut parfois remarquer une légère retenue. Les quelques faiblesses de moyens rendent certains passages imparfaits malgré la bonne intention de proposer une idée audacieuse (on pensera notamment à la trop longue scène de vomissement proche de celle de Frayeurs de Fulci bien qu'essayant d'aller un peu plus loin dans le dégoût). Et les clins d'oeil à certaines références du gore, il y en a quelques unes... De légers rappels à Street Trash, A l'intérieur ou Braindead feront plaisir aux fidèles serviteurs du cinéma gore.

Bien que les démonstrations sanglantes soient de bonne qualité, il reste fortement dommage que l'absence d'une construction scénaristique soit la cause d'un certains sentiment de vide derrière le carnage. Malgré un petit twist évident et légèrement gratuit, on aurait apprécié avoir une explication un peu mieux développée ou une base énigmatique dans les instants de dialogues dépourvus d'intérêt. Mais si on ne s'en tient qu'aux exorcismes offerts par nos prêtres envoyés un par un (mention spéciale au prêtre Corbin interprété par le charismatique Gene Palubicki du groupe de blackened death metal Angelcorpse), on a suffisamment de matière pour se divertir et se régaler devant de bonnes scènes généreusement gores et dévastatrices. Il est rare de tomber sur un film d'exorcisme plongeant dans la boucherie totale, alors profitez-en !

Honnête, extrêmement sanglant, visuellement classieux et un rythme plutôt bien géré. De quoi lui accorder tout notre sympathie malgré son imperfection.




Nicolas BEAUDEUX

AMERICAN GUINEA PIG - SACRIFICE (2017)

 

Titre français : American Guinea Pig - Sacrifice
Titre original : American Guinea Pig - Sacrifice
Réalisateur : Poison Rouge
Scénariste Samuel Marolla
Musique Alexender Cimini
Année : 2017
Pays : Italie
Genre : Gore
Interdiction : -16 ans
Avec Flora Giannattasio, Roberto Scorza...


L'HISTOIRE : Un homme retourne dans la maison de son défunt père pour se suicider à son tour. Dans son processus d'auto-destruction, des traumatismes du passé resurgissent et il découvre un livre de magie...


MON AVISVoilà que pour clôturer la tétralogie American Guinea Pig devenue à présent une bonne référence du cinéma extrême moderne, Stephen Biro a pris l'initiative d'inclure dans la saga un film italien initialement prévu pour être indépendant à toute franchise.

Sacrifice s'était seulement fait remarquer par une petite poignée de personnes lors de sa diffusion en France au festival Sadique-Master 2017 et n'était pas encore devenu un volet de la franchise. Quelques mois plus tard, c'est au BUT Films Festival 2017 que l'oeuvre marquera à nouveau les esprits des amateurs de sensations fortes sous le titre de American Guinea Pig - Sacrifice.

Le film présenté aujourd’hui est produit par Domiziano Cristopharo (Doll Syndrome, Red Krokodil), un réalisateur aussi talentueux qu'amical qui n'a malheureusement pas encore conquis le public français malgré une filmographie bien gratinée. On retrouve la touche personnelle de cet italien charismatique dans la réalisation de Sacrifice; que ce soit la direction artistique irréprochable ou les phases d'auto-mutilation (y compris les parties génitales) très récurrentes dans ses films. Il est conseillé à ceux qui ont été comblés par Sacrifice de vivement se pencher sur les films de Cristopharo. Et c'est ce dernier qui a permis au directeur d'Unearthed Films de se pencher sur le contenu de l'oeuvre de la belle Poison Rouge (apercevable dans House of Flesh Mannequins, Phantasmagoria et son sympathique court-métrage No, not in my mouth).

Au vu de sa légère ressemblance à Guinea Pig 3 : He Never Dies, le moyen-métrage italien y sera assimilé dans une version finale pour justifier sa présence dans la saga et aura donc la chance de se dévoiler enfin à un dense public plus étendu. Penchons-nous donc un peu plus sur son contenu.

Démarrant comme un drame porté sur un personnage ravagé par l'envie de se donner la mort, nous le suivons quelques minutes jusqu'à la salle de bain (unique lieu de l'action) avant d'assister à un déroulement d'auto-mutilations plutôt sévères. La beauté des images et les cadrages minutieux surprennent toujours dans les œuvres appuyées par Domiziano Cristopharo et Poison Rouge, ils apporteront toujours cette pincée du sublime pour apprécier pleinement le visionnage avant de plisser nos yeux de douleur devant les scènes prévues à cet effet.

Une fois la première goutte de sang déversée, le spectateur sera plongé dans une montée à crescendo qui le mettra face à des séquences particulièrement corsées et très insistantes sur le gore. De nombreuses occasions nous sont offertes pour grincer des dents, détourner nos regards, souffrir mentalement avec le personnage de Daniel (merveilleusement interprété par Roberto Scorza) et être témoins d'un processus sacrificiel dont l'enjeu tient d'une inspiration théologique mésopotamienne.

Malgré une étape d'auto-mutilation frontale légèrement longue et redondante, le film ne lâchera pas son but d’écœurer et de piquer certaines parties sensibles du corps humain pour profiter des nombreux gros plans et accentuer la souffrance illusoire provoquée chez le spectateur. Si on écarte quelques discours malheureusement absurdes qui font de Daniel un personnage crachant gratuitement sa haine sur le monde moderne à cause d'événements politiques (élection de Trump) et de l'ampleur des réseaux sociaux (au point de jouer aussi avec les selfies pour anticiper les éventuels buzz) qui n'ont rien à faire au milieu d'un rituel occulte à part le décrédibiliser, on pourra se contenter de ce gore démonstratif sublimé par l'atmosphère désenchantée et presque mélancolique.

La crédibilité de l'action sera surtout due aux séquences graphiques incroyablement réalistes et si crues qu'il serait impossible de rester indifférent face à certaines mutilations. American Guinea Pig - Sacrifice pointe là où ça fait mal et c'est tout ce qu'on en retire. Seulement, il est dommage que d'autres parties du corps n'aient pas été mutilées car ça aurait permis de remplacer la longueur de certaines scènes.

Evidemment, lorsqu'on a déjà vu certains films de Domiziano Cristopharo, rien ne surprend vraiment. Les mêmes éléments reviennent toutefois sous un ton différent. Mais les personnes qui n'ont pas encore assisté à l'érotisme de l'image, la radicalité des scènes gores et à la torture mentale des personnages impliqués pourront découvrir ces ingrédients majeurs à travers American guinea pig - Sacrifice qui poussera son concept à fond jusqu'à un dénouement efficace confirmant le sens mythologiques des auto-mutilations (qui, en réalité, n'ont strictement aucune correspondance avec l'histoire de la déesse Ishtar).

Bien entendu, il s'agit d'un American Guinea Pig : la totalité du film n'est évidemment que démonstratif et aucun scénario n'accompagne l'action (au cas où certains continueraient de se poser bêtement la question à propos du contenu narratif des volets de la saga, bien que American Guinea Pig - Song of Solomon tentait une approche différente sur le développement scénaristique). Les amateurs de gore ressortiront donc de cette expérience plutôt ravis d'avoir visualisé un opus à la hauteur de leurs espérances. Il faut dire que ça faisait longtemps que la souffrance n'avait pas été aussi délicieuse devant un film gore.

C'est confirmé : la saga American Guinea Pig, dont certains se méfient encore, mérite finalement toute la reconnaissance des cinéphiles avides d'expériences extrêmes et ne fait aucunement honte à la saga japonaise ascendante. 




Nicolas BEAUDEUX

AMERICAN GUINEA PIG - BLOODSHOCK (2015)

 

Titre français : American Guinea Pig - Bloodshock
Titre original : American Guinea Pig - Bloodshock
Réalisateur : Marcus Koch
Scénariste Stephen Biro
Musique Kristian Day
Année : 2015
Pays : Usa
Genre : Gore
Interdiction : -16 ans
Avec Norm J. Castellano, Barron Christian, Dan Ellis...


L'HISTOIRE : Un homme se retrouve dans un hôpital psychiatrique et va subir de nombreuses tortures et sévices pour une raison inconnue. Il découvre que dans la cellule d'à côté, une femme subit le même sort que lui...


MON AVISAprès le grand succès de American Guinea Pig - Bouquet of Guts and Gore, Stephen Biro confie la réalisation au talentueux spécialiste des effets gores Marcus Koch (réalisateur de l'ultra-gore 100 Tears) pour donner naissance à American Guinea Pig - Bloodshock.

Si le premier volet se portait sur l'épisode culte Guinea Pig 2 - Flowers of Flesh and Blood, ce second morceau a l'air de s'écarter de la sélection et change de direction pour construire lui-même sa propre intrigue, bien que le concept soit toutefois assez proche de Guinea Pig - The Devil's Experiment.

Le maquilleur professionnel qui s'occupe de la réalisation conserve l'esprit démonstratif qui faisait la force des Guinea Pig originaux : absence de scénario, succession de séquences gores, choquantes, surréalistes, malsaines etc... sans justification particulière et tout en restant dans la simple attractivité de contemplation.

Néanmoins, un choix douteux s'ajoute à la direction artistique : l'intégralité du film est en noir et blanc (ou presque, mais j'y reviendrai plus tard). Le problème c'est qu'étant donné que le but principal était de verser du sang et extirper de la chair gratuitement, Marcus Koch tente bizarrement de jouer sur un impact psychologique et sur une ambiance clinique plus glaciale, ce qui s'avère être un échec.

L'image est laide, les éclairages sont parfois mal gérés, et le contraste cache les détails des matières anatomiques et nous empêche, nous amateurs de gore, de savourer correctement certaines séquences qui auraient pu être particulièrement éprouvantes.

Tout d'abord, le démarrage se fait sur le retrait d'une langue au scalpel à un homme inconnu séquestré et à la merci de plusieurs médecins qui s'adonneront à plusieurs expériences horribles sur lui avant de l'enfermer dans une pièce isolée en attendant les expériences suivantes.

Ce qui devient problématique c'est l'irrégularité du rythme, car ayant tendance à laisser traîner les séquences dans la cellule d'isolement afin d'essayer de dégager un certains malaise à la vue de l'état désemparé du cobaye humain, Marcus Koch oublie le principal et gère mal la torture psychologique et physique au point de rendre les deux formes inoffensives. Le manque d'empathie éprouvée par le spectateur à l'égard de la victime fera également partie de ce problème.

La redondance des scènes de torture se feront sentir au bout de la 3ème ou 4ème ouverture d'un membre jusqu'à l'os pour rompre ce dernier. Après ça, le film jongle entre la cellule d'isolement et les opérations atroces (sans être marquantes) jusqu'à l'apparition d'un personnage féminin retrouvé dans le même état que notre pauvre homme. L'intrigue va ensuite tenter de se construire autour de ses deux protagonistes enchaînés sans le moindre dialogue et apportera une petite nouveauté intéressante dans le domaine du gore expérimental.

S'il y a bien une chose que le noir et blanc puisse apporter c'est bien la scène d'apogée de la relation fusionnelle des deux cobayes complètement désordonnés par la folie et mentalement évadés. Certainement la meilleure et seule scène originale de ce film qui n'est à découvrir que pour cette séquence impressionnante devenant de plus en plus intense et montant la vitesse des effets de montage proportionnellement à la quantité de sang versé dans cette fresque orgiaque sanguinolente. Malheureusement une scène efficace de 10 minutes sur 1h25 c'est loin d'être suffisant pour qu'on ait l'impression d'être face à un film innovateur.

Certes, les FX sont plus que convaincants dans leur réalisme, certains plans sont esthétiquement réussis malgré cette absence de couleurs décevante et American Guinea Pig - Bloodshock n'est pas avare en gore pour autant même s'il a l'air de vouloir se concentrer sur les épreuves mentales. Mais entre le rythme mal géré, le manque de profondeur et d'attachement pour le personnage principal et l'inefficacité de l'impact psychologique du tourment (censé s'avérer pesant grâce à l'atmosphère oppressante qui l'accompagne), Marcus Koch se plante légèrement dans beaucoup trop d'éléments n'étant pas assez relevés pour faire de ce second opus une réussite. S'attendant peut-être à faire une sorte de Philosophy of a Knife, le résultat paraît bâclé et trop brouillon pour égaler les tortures du film d'Iskanov. Une tentative qui cependant reste intéressante et audacieuse mais qui manque cruellement de peaufinage.

Nous attendrons donc si les deux prochains volets de la franchise remonteront le niveau. Attendons la venue d'un film d'exorcisme gore avec American Guinea Pig - Song of Solomon avec le retour de Stephen Biro derrière la caméra, ainsi que l'hommage italien à Guinea pig 3 - He Never Dies de Poison Rouge qui se déclinera dans American Guinea Pig - Sacrifice.

Même si ces deux films ont l'air d'être de qualité, est-ce suffisant pour massacrer l'esprit de la saga originelle ? Espérons que cette franchise américaine réussira à se démarquer suffisamment de la série dont elle s'inspire pour extraire son propre charme. Affaire à suivre...




Nicolas BEAUDEUX