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BLACK PHONE (2021)


L'HISTOIRE : Nous sommes dans les années 1970, dans une petite ville du Colorado de prime abord tranquille où sévit pourtant un kidnappeur insaisissable. Là, réside Finney Shaw, un adolescent intelligent et timide vivant avec sa sœur Gwen, ainsi qu’avec son père légèrement alcoolique sur les bords et ayant subséquemment la main leste quand il a trop bu. A l’école, notre adolescent craintif subit également les agressions d’une bande de sales gosses et perd tous ses moyens quand il croise le regard de sa ravissante voisine de classe, mais il peut toujours compter sur le soutien de Robin, le caïd de son établissement. Bientôt cependant, ce dernier se fait enlever, Finney se retrouve seul. Il est toutefois rapidement kidnappé à son tour par le tueur sadique qui l’enferme dans un sous-sol insonorisé où crier ne lui sera pas d’une grande utilité. Peu de temps après, le jeune garçon se met à recevoir, dans sa geôle, des coups de fil d'un vieux téléphone noir accroché au mur mais dont les fils sont pourtant arrachés...


MON AVIS : Voici donc la nouvelle production des studios Blumhouse que l’on ne présente plus, dix ans pile-poil après le très bon Sinister où l’on trouvait déjà le duo Scott Derrickson à la réalisation et Ethan Hawke dans un des rôles principaux. Alors quand en plus on a affaire à un scénario de base tiré d’une nouvelle de Joe Hill, fils du prolifique Stephen King à la ville mais désormais auteur confirmé avec des œuvres comme NOS4A2 ou encore Locke and Key, on se dit qu’on tient peut-être là un produit bien alléchant pouvant augurer du meilleur.

Black Phone nous présente d'emblée un environnement de violence auquel est confronté notre jeune héros entre un domicile familial où un père tyrannique fait régner la terreur à coups de ceinturon et le collège, où quelques petites frappes viennent le molester, lui le gentil Finney, pas encore assez costaud et ne devant parfois son salut que grâce à sa sœur Gwen venant à sa rescousse où encore Robin, un ami qu’il aide pour les devoirs et véritable dur à cuire auprès des intimidateurs. Ce quotidien pas facile est donc celui d’un adolescent de treize ans très intelligent, mais jugé encore trop tendre. Comme si cela ne suffisait pas, une plus grande menace existe et suscite dans cette ville du Colorado où prend lieu et place l’action, un véritable climat de paranoïa : un kidnappeur sévit et capture tous les enfants passant à sa portée, de préférence des garçons ! Forcément, Finney, proie facile, se fera enlever et séquestrer à son tour. Heureusement, sa survie dépendra peut-être de sa sœur dotée de dons médiumniques, mais également d’une aide extérieure se manifestant par des voix, captées par le combiné pourtant débranché de son cachot, et semblant appartenir aux anciennes victimes du ravisseur…

Si cette ambiance pesante pourra rappeler à certains la saison 1 de l’excellente série True Detective et surtout, si ce script fait clairement penser aux thèmes de prédilection de Joe Hill (des protagonistes pourvus de pouvoirs surnaturels et une enfance maltraitée), c’est pour mieux nous confronter à la peur dès lors que Finney décrochera le téléphone hors d’usage. En effet, dès l’apparition du combiné noir, tout contribuera à rendre l’ambiance anxiogène à son maximum : la tension provoquée par la peur de se faire repérer, la mise en œuvre de tentatives d’évasion, mêlés à la froideur clinique des manipulations sadiques du tueur toujours plus envahissant physiquement et psychologiquement auprès de sa victime. Parallèlement à cela, la jeune Gwen tentera vainement d’avoir des visions lui révélant l’endroit où son frère est détenu et la police ira de piste en piste à la recherche de l’adolescent, sans en avoir une de véritablement concrète.

Avec tous ces éléments finement calculés, Black Phone ne baisse jamais en intensité et nous malmène comme si, nous aussi, nous étions prisonniers dans ce sous-sol où les chances de s’en sortir s’amenuisent d’heure en heure. Tout cela, Scott Derrickson l’a bien compris et dose à merveille son film sans oublier quelques redoutables jump scares, procédé cher utilisé à foison par Blumhouse, pour malmener notre petit cœur fragile ! Mais toute cette angoisse ne serait rien sans son croquemitaine principal car comme le disait si bien Sir Alfred HitchcockPlus réussi est le méchant, plus réussi sera le film ! Ici, notre diable fait de chair et de sang se déguise la plupart du temps en magicien et capture les êtres les plus innocents que le hasard met sur sa route en les engouffrant dans la noirceur de son van et surtout de celle de son sous-sol où on ne sait ce qu’il leur fait subir ! C’est Ethan Hawke qui incarne ce tueur d’enfants aux différents looks terrifiants et arborant toujours un masque voire un maquillage, ce qui le rend impalpable, presque irréel, pourtant le monstre humain est bien là ! On pourra toutefois regretter qu’on n’en sache pas plus sur lui, ses motivations, son passé, afin de mieux comprendre ce personnage, mais ce serait tout de même faire la fine bouche devant une telle performance d’acteur ! Notons également que le duo d’enfants jouant Finney et Gwen est criant de vérité car fragile et dur au mal à la fois !

Black Phone est donc un film avec un scénario original, ne comptant pas uniquement sur des jump scares pour bien fonctionner. En effet, la première partie prend tout son temps pour nous présenter les principaux protagonistes, deux gamins vivant seuls avec leur père alcoolique ayant la main lourde dans une ville des Etats-Unis des années 70, où plusieurs enfants ont disparu mystérieusement. Une fois l’antre du serial killer découverte, tout va s’enchaîner et le film se transformer en survival où chaque coup de téléphone aura une importance capitale. En plus d’un script bien maîtrisé, le métrage dispose d’un casting impeccable, notamment Mason Thames et Madeleine McGraw incarnant le frère et la sœur qui crèvent littéralement l'écran à chaque apparition, ainsi qu’Ethan Hawke, effrayant en croquemitaine pervers. Seul petit bémol : le fait qu’on n’en sache pas assez sur le kidnappeur n’enlevant jamais son masque ou maquillage. Ce manque de background pourrait gêner, comme l’auteur de cette critique, les plus exigeants, mais peut-être en apprendrons-nous plus dans une suite ou un préquel, qui sait ?


Titre français : Black Phone
Titre original : Black Phone
Réalisateur : Scott Derrickson
Scénariste Joe Hill, Scott Derrickson, C. Robert Cargill
Musique Mark Korven
Année : 2021 / Pays : Usa
Genre : Thriller, tueurs fous / Interdiction : -12 ans
Avec Mason Thames, Madeleine McGraw, Ethan Hawke, Jeremy Davies...




Vincent DUMENIL

BIENVENUE A CADAVRES-LES-BAINS (2009)

 

Titre français : Bienvenue à Cadavres-Les-Bains
Titre original : Der Knochenmann
Réalisateur : Wolfgang Murnberger
Scénariste : Wolf Haas, Josef Hader, Wolfgang Murnberger
Musique Sofa Surfers, Wolfgang Frisch
Année : 2009
Pays : Autriche
Genre : comédie fantastique, thriller
Interdiction : /
Avec Josef Hader, Josef Bierbichler, Pia Hierzegger, Birgit Minichmayr...


L'HISTOIRE : Simon Brenner, ancien policier reconverti, est missionné par un concessionnaire viennois pour mettre la main sur les propriétaires de voitures impayées. Alors qu’il doit retrouver un certain Monsieur Horvath, notre ami va se retrouver dans un petit hôtel-restaurant dans la campagne autrichienne. Alors que cela devait être une mission comme tant d’autres vécues jusque-là, celui qui joue quelque peu les détectives privés va vite s’apercevoir qu’il se passe bien des choses étranges dans cet établissement…


MON AVISBienvenue à Cadavres-Les-Bains est un film autrichien sorti en 2009 et nous narrant pour la quatrième fois à l’écran les aventures de Simon Brenner, un personnage fictif créé par l’écrivain Wolf Haas et très connu en Autriche. Toutes ces histoires étant indépendantes les unes des autres, nous ne rencontrons alors aucune difficulté à entrer dans celle-ci, votre rédacteur n’ayant vu à ce jour aucune autre des intrigues de cet ancien flic.

Petite comédie d’humour noir tapant aussi bien dans le fantastique, dans le thriller ou bien encore dans le film policier, le film de Wolfgang Murnberger a beau durer presque 2h, il n’en est aucunement long et ennuyeux. Au contraire, voilà bien un film attachant, certes à des années lumières d’un Shaun of the Dead, dont on peut lire le titre sur l’édition DVD sortie en France ainsi que ceux de Hostel et de Severance, mais c'est un bon petit film bien ficelé qui vous attend là. Alors que votre serviteur s’attendait à une énième comédie plus ou moins drôle, avec ses inspirations douteuses, ses gags souvent foireux et un air de déjà-vu du début à la fin, force est de constater qu’il s’est bien planté…

Le film est doté d’un scénario riche en surprises, bien huilé (un puzzle qui petit à petit se construit, les pièces s’assemblant au fil de l’intrigue avec une certaine justesse) et mêlant moments drôles (n’oublions pas que nous sommes avant tout sur un scénario faisant la part belle à l’humour, que ce soit pour ses personnages parfois hauts en couleurs, ses dialogues balançant humour noir et second degré à tout va ou encore ses séquences un brin loufoques), romantiques (bah oui ça fricote un peu et ça lorgne vite-fait vers l’érotisme même) et horrifiques, avec quelques meurtres perpétrés et notre meurtrier n'y va pas par quatre chemin et fait en fonction de ce qu’il a sous la main : noyade, gorge sectionnée, coups de hachoir…

Le scénario est plein de péripéties et nous n’avons guère le temps de nous ennuyer devant le film de Wolfgang MurnbergerEntre chantages, arnaques, balance, adultère, cannibalisme, police je m'en foutiste, réseau clandestin de prostitution… Bienvenue au pays du vice !

Alors certes, l’aspect horrifique n’est pas le plus présent, l’humour noir étant clairement l’ingrédient le plus mis en avant dans cette histoire. Nous sommes bien plus dans le film policier ou le thriller que dans le fantastique pur, à la différence des films cités sur la jaquette du DVD français, même si plusieurs moments nous rappellent que nous faisons quelques incursions dans le cinéma de genre et plus précisément le cinéma fantastique justement : on a une séquence de cannibalisme où l’une des victimes finit dans le goulache qui remportera un beau succès auprès de notre ancien policier et héros Simon Brenner, des meurtres assez sauvages qui nous renvoient à bien des films de psychopathes et tueurs en série entre autres. Il aurait été d’ailleurs plus logique et franc de citer un C’est arrivé près de chez vous sur le verso de la jaquette plutôt qu’un Shaun of the Dead ou pire un Hostel.

Mais l’histoire n’est pas l’unique chose qui donne à ce film cette sympathie et ce côté reviens-y. En effet, le casting est de plutôt bonne facture : avec son héros parfois un brin naïf (notre ancien policier ne percute pas toujours au quart de tour bien qu’il ait cette envie de tout vouloir comprendre et ne semble rester dans le bled uniquement pour les beaux yeux de la femme du fils du patron de l’hôtel-restaurant où il enquête), ces vilains tout ce qu’il y a de plus bêtes et méchants (le fils du patron qui joue la carte du chantage et du bad boy alors qu’il n’en a pas du tout l’étoffe, les maîtres chanteurs qui rapidement se retrouvent dans une merde pas possible faute d’avoir été trop confiants…) et ces quelques personnages exerçant en quelque sorte le rôle de ciment dans cette intrigue en y apportant notamment humour et bizarrerie (le fameux Horvath que l’on cherche toutes et tous ou encore Berti le concessionnaire) quand ce n’est pas tout simplement un petit zest de romantisme (notre fameuse Birgit, femme du fils du patron, vous l’aurez aisément compris), nous avons là une galerie de personnages qui nous plongent sans grande difficulté et avec beaucoup d’entrain dans cette histoire bien farfelue…

Le seul vrai bémol dans Bienvenue à Cadavres-Les-Bains est que nous ne baignions pas un peu plus dans l’humour noir, les scènes macabres et les meurtres inventifs / amusants. Ce qui aurait encore plus porté en avant l’aspect fantastique, même si nous ne sommes pas hors-sujet ici. Certain(e)s pourront également mettre un petit carton jaune sur la dynamique du film. En effet, le montage n’est pas des plus énergiques mais heureusement, les personnages un brin décalés et les situations farfelues qui se présentent assez couramment permettent sans grand mal à tenir en haleine le spectateur.

Au final, ce polar mêlant humour noir et fantastique est une agréable surprise. Avec son casting de bonne facture et haut en couleur, ses séquences amusantes et parfois totalement barrées et enfin son scénario bien huilé et laissant l’intrigue se dévoiler tel un puzzle, l’irrévérencieux Bienvenue à Cadavres-Les-Bains se suit sans déplaisir et ce malgré certes une dynamique parfois un peu en manque de souffle. Un film qui donne envie à votre rédacteur d’en connaître un peu plus sur ce personnage de Simon Brenner, si connu au pays de Mozart et des chants tyroliens.




David MAURICE

BATES MOTEL (1987)

 

Titre français : Bates Motel
Titre original : Bates Motel
Réalisateur : Richard Rothstein
Scénariste :  Richard Rothstein
Musique : J. Peter Robinson
Année : 1987
Pays : Usa
Genre : Thriller
Interdiction : /
Avec : Bud Cort, Lori Petty, Moses Gunn, Gregg Henry, Khrystyne Haje...


L'HISTOIRE Suite à son procès, le tueur en série Norman Bates est envoyé dans un asile psychiatrique. Là, il fait la connaissance du jeune Alex, interné pour avoir tué son père qui le maltraitait. Norman tient vite un rôle de père de substitution pour Alex qui lui voue une véritable admiration. Au décès de Norman, Alex hérite du motel familial de ce dernier, lieu où ont été perpétrés de nombreux crimes. Avec l’aide de Willie, une jeune fille en fugue, il décide de remettre la propriété sur pied et part habiter dans l’ancienne maison de la famille Bates. Mais tout ne va pas se dérouler comme prévu et des événements étranges vont se produire...


MON AVISNon, je ne vais pas vous parler de l'excellente série en cinq saisons baptisée elle aussi Bates Motel et datant de 2013. Mais je vais quand même vous parler d'une série-télévisée ou, du moins, de ce qui aurait du devenir une série-télévisée. Car le Bates Motel qui nous intéresse ici date de 1987 et a été réalisé par Richard Rothstein, qu'on connaît plus en tant que producteur et scénariste. Ce monsieur a une idée pas plus bête qu'une autre : il veut créer une série-télévisée qui se déroulerait dans le célèbre motel de Norman Bates, immortalisé en 1960 dans le Psychose d'Alfred Hitchcock bien sûr. Le cadre du motel servirait donc à diverses histoires fantastiques et le Bates Motel qui nous intéresse ici est donc l'épisode pilote de cette série qui ne vit jamais le jour, en raison du rejet total de ce premier épisode justement. Car oui, l'accueil du public fut plus que glacial et, cerise sur la gâteau, enfin si on peut dire, même Anthony Perkins, Norman Bates en personne, s'est fendu de sa critique virulente sur cet épisode et sur l'idée même de la série, refusant catégoriquement de venir faire une apparition en tant que Norman au début de l'épisode. Bref, le projet a été tué dans l’œuf comme on dit, ce qui n'empêcha pas cet épisode pilote de débarquer en VHS en France et de connaître une relative reconnaissance lors des années vidéoclubs.

Bates Motel version 1987 méritait-il la volée de bois vert qu'il a subi à l'époque de sa sortie ? Très honnêtement, je répondrais par la négative. Attention, on est à des années lumières de Psychose et à plusieurs milliers de kilomètres de Psychose 2 et Psychose 3. On se rapproche plus de Psychose 4 - Les Origines mais j'avoue que la vision de la création de Richard Rothstein m'a fait passer un moment agréable alors que je m'attendais à bien pire. 

Déjà, le fait de retrouver la célèbre demeure et les chambres d'hôtes sacralisées par Hitchcock procure un plaisir bien sympathique. Qui plus est, Richard Rothstein s'amuse à jouer avec les références et nous balance des tas de clins d'oeil, comme la lumière de la fenêtre de la chambre de la défunte madame Bates qui est allumée, nous faisant comprendre que l'ombre maléfique de cette dernière plane toujours dans ce lieu inquiétant et lugubre. Le réalisateur / scénariste possède également un bon sens de l'humour noir, n'hésitant pas, lors des travaux d'aménagement du domaine, à faire découvrir aux ouvriers le cercueil de ladite madame Bates contenant son corps squelettique et son visage momifié, lors d'un coup de pelleteuse par exemple. D'autres événements étranges se produisent et le passé de la maison semble prendre le dessus sur la réalité.

Si Norman Bates est évoqué lors de la séquence introductive, il laisse rapidement la place à Alex West, jeune enfant interné dans le même asile psychiatrique que Norman, ce dernier devenant son meilleur ami. Interprété par Bud Cort, Alex est un personnage attachant, qui voue une admiration sans borne envers Norman, conserve précieusement l'urne funéraire contenant ses cendres et décide de redonner éclat et santé au motel Bates en sa mémoire. Pour l'aider, on trouvera une jeune fille délurée interprétée par la non moins déjantée Lori Petty. L'actrice apporte sa fraîcheur et sa bonne humeur au film et joue la carte de l'humour de manière très décontractée. Car il ne faut pas s'attendre à des scènes de suspense ou de meurtres dans Bates Motel. Format télé oblige, il n'y a quasiment pas de violence et si l'atmosphère est parfois un peu inquiétante, l'ensemble reste tout à fait grand public et ne fera même pas frémir les enfants. 

Pendant une bonne heure, on navigue donc au côté d'Alex West qui fait des mains et des pieds auprès des banquiers et autres chef de chantier pour redonner du cachet à son héritage et faire à nouveau marcher la rentabilité du motel. Rien de bien mémorable à se mettre sous la dent mais quand on sait que c'est le pilote d'une série-télévisée, ça passe tout de suite mieux et on se laisse prendre par la main, le spectacle n'étant pas extraordinaire mais pas non plus catastrophique, les touches d'humour et les références faisant le job. Et puis arrive les 30 dernières minutes.

Et là, on ne comprend plus trop ce qui se passe. Enfin, si on sait que c'est l'épisode pilote d'une future série-télévisée et quelle était son but (proposer des histoires fantastiques dans l'univers du motel Bates), on finit par comprendre le concept qui aurait du être celui des prochains épisodes. En effet, voilà que débarque la première cliente suite à la réouverture du motel. Une jeune femme qui vient louer une chambre dans le seul but d'être tranquille pour se suicider, sa vie étant un échec. Au moment du passage à l'acte intervient une jeune fille qui tente de lui redonner espoir et l'invite à faire la fête avec la dizaine de ses amis qui viennent de s'installer au motel. L'histoire dévie donc vers une autre intrigue, dans laquelle on trouve toujours le personnage d'Alex West et dont on comprend que ce dernier aurait été l'hôte qui viendra nous présenter les histoires et accueillir les personnages dans les prochains épisodes de la série si celle-ci avait perduré. 

Cette seconde intrigue verse ouvertement dans le fantastique façon Quatrième Dimension et une fois terminée, on revient au sein du motel Bates pour le dernier coup de théâtre que n'aurait pas renié un épisode de Scooby-Doo. L'épisode se termine par Alex West nous invitant à revenir dans son motel. Je ne sais pas si cette hypothétique série allait être de qualité et si l'idée de base allait pouvoir la démarquer de la concurrence en la matière, sans que ça devienne une copie des Contes de la Crypte par exemple. On ne le saura jamais mais voilà, cet épisode pilote n'est pas aussi mauvais qu'on veut nous le faire croire, surtout si on le prend pour ce qu'il est vraiment. Après, c'est sûr qu'il ne soutient pas la comparaison avec l'excellente série de 2013.




Stéphane ERBISTI

BASIC INSTINCT 2 (2006)

 

Titre français : Basic Instinct 2
Titre original : Basic Instinct 2
Réalisateur : Michael Caton-Jones
Scénariste :  Leora Barish, Henry Bean
Musique : John Murphy
Année : 2006
Pays : Usa, Angleterre, Allemagne, Espagne
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Sharon Stone, David Morrissey, David Thewlis, Charlotte Rampling...


L'HISTOIRE : La voiture dans laquelle se trouve Catherine Tramell et son compagnon, le footballeur Kevin Franks, fait une embardée et plonge dans la Tamise. Suspectant la romancière d'être directement responsable de la mort de son passager, le commissaire Roy Washburn, demande une évaluation psychiatrique au docteur Michael Glass. Celui-ci se rend compte que Catherine est accroc aux risques. Néanmoins, elle est acquittée. Peu de temps après, elle se rend au cabinet du docteur Glass, lui disant avoir pris conscience de son comportement dangereux. Entre eux d'eux commence un jeu de séduction...


MON AVIS Faire une suite au thriller sulfureux et violent de Paul Verhoeven était une gageure. Le premier film était tellement chargé en sexualité (d'après le scénario du spécialiste du genre, l'obsédé Joe Eszterhas qui signa Sliver, ShowgirlsJade) que forcément la comparaison est de prime abord peu flatteuse pour ce Basic Instinct 2

Sur le plan formel, la réalisation de Michael Caton-Jones se contente du minimum syndical et est très en deçà de la hargne du réalisateur hollandais. Fort heureusement, le scénario et les dialogues sont plus alambiqués qu'à l'accoutumée et viennent à la rescousse d'un film que la plupart des critiques se sont empressés d'incendier. On n'est guère surpris que le réalisateur canadien, David Cronenberg se soit intéressé à ce projet, tant le film est rempli de symboles chers à ce grand artiste.

Dès la scène d'introduction, on retrouve le thème de l'acte sexuel commis dans une voiture qui roule à grande vitesse (n'étant pas sans rappeler le thème de Crash). Par la suite, la toujours sexy Sharon Stone s'amuse à manipuler un psy sous le charme d'une personnalité aussi forte et envahissante. Malgré les mises en garde de sa collègue, la psy Milena Gardosh (Charlotte Rampling, impériale dans un second rôle), le Docteur Michael Glass [note : remarquez le jeu de nom faisant référence au partenaire de Sharon dans le premier opus, Michael Douglas] va progressivement lâcher prise et se laisser aller dans un univers plus trouble et sombre.

Chaque apparition de Catherine Tramell fait monter la pression d'un cran. Elle apparaît omniprésente. L'interprétation de David Morrisey est plus que satisfaisante, correspondant bien à ce que sont les psy. Sa froideur apparente est donc logique, et il n'est à aucun moment envisagé de copier le personnage volcanique de Michael Douglas. Cette suite se démarque donc par une ambiance moins hitchcockienne et par la découverte d'un milieu interlope (partouzes, scènes SM, vendeur de drogue) et aussi une influence post Seven lors de la découverte des meurtres.

Excessivement pervers et manipulateur, le scénario est largement plus évolué que celui du premier volet, mais comme Hannibal l'a été pour Le Silence des Agneaux, il aurait certainement été de l'intérêt des producteurs de lui trouver un autre titre : Risk Addiction par exemple. Car le spectateur lambda s'attend logiquement à retrouver du cul et de la violence, avec même de la surenchère comme l'exige les suites habituelles. Sur ces deux points, il s'avérera déçu : une seule scène véritablement graphique, et des scènes de fesses éparpillées dans le film et qui ne s'éternisent pas. L'échec du film au box-office n'est donc pas une énorme surprise, vu la promotion faites à base de scènes coupées (visionnables aisément sur Internet) .Pourquoi avoir aussi coupé la scène de triolisme incluant la française Anne Caillon ? Autant d'erreurs commises dans la promotion du film, sans oublier la frilosité des producteurs dans une époque marquée sous le sceau du puritanisme.

Les dialogues se révèlent volontairement drôles où fortement chargés d'humour noir [Ex : le psy qui dit à Catherine : Ce n'est pas moi qui vais être inculpé pour meurtres.La réponse de Catherine est ambiguë : Pas encore.] Placée au début du film, cette réplique trouve une réponse dans la conclusion finale qui peut être aboutir à deux conclusions différentes. Plein de clins d'œil sont faits au premier Basic Instinct :on trouve des jeux de miroirs avec le film de Verhoeven : la scène de l'interrogatoire, le pic à glace…

L'idée de mélanger la fiction du dernier roman de la romancière dans la dernière partie de Basic Instinct 2 avec des événements réels provoque pas mal d'interrogations, jouant sur la manipulation du spectateur comme prisonnier d'un labyrinthe : Quels sont les faits réels ? Ceux racontés par Catherine Tramell dans son livre ? Ou ce que suppose le docteur Glass ? Ce dernier est peu aidé par un entourage aux comportements peu recommandables : un flic qui manipule les indices, un journaliste prêt à tout pour dénicher un scoop, une ex femme trop bavarde…

Si le jeu de Sharon Stone oscille entre la caricature et d'autres passages où son jeu se fait plus animal, Basic Instinct 2 vaut d'abord pour un scénario incroyablement bien écrit. Ainsi qu'à des décors choisis pour refléter la personnalité de leurs propriétaires: un cabinet lumineux pour le Docteur Glass aux antipodes de l'antre de Catherine Tramell plus sombre et torturé.

Placer l'action de cette séquelle dans l'univers de la jet-set londonienne et de la psychanalyse (le bâtiment phallique du docteur Glass !) était une bonne idée. Pas forcément exploité de manière satisfaisante, la faute à un manque de rythme évident, mais qui contentera les amateurs de manipulation mentale. Ceux qui s'attendent à un nouveau thriller érotique devront par contre passer leur chemin ou attendre l'inévitable version non censurée lors de la sortie du DVD.




Gérald GIACOMINI

BASIC INSTINCT (1992)

 

Titre français : Basic Instinct
Titre original : Basic Instinct
Réalisateur : Paul Verhoeven
Scénariste : Joe Eszterhas
Musique : Jerry Goldsmith
Année : 1992
Pays : Usa
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Sharon Stone, Michael Douglas, Jeanne Tripplehorn, George Dzundza...


L'HISTOIRE : A San Francisco, un ex-chanteur de rock, Johnny Boz, est sauvagement assassiné à coups de pic à glace. L'enquête s'avère délicate car la victime avait aidé à l'élection du maire. C'est donc avec une certaine inquiétude que les supérieurs de la police voient débarquer sur les lieux du crime l'inspecteur Nick Curran. Ce dernier est surveillé par l'IGS depuis qu'il a tué des touristes dans d'étranges circonstances. Les soupçons se portent rapidement sur Catherine Tramell, une ravissante jeune femme, qui a d'ailleurs écrit un roman où elle décrit un meurtre identique. Un jeu de fascination se met en place entre la jeune femme et l'inspecteur Curran...


MON AVISSexe et violence. Un mélange détonnant dont ne raffole pas Hollywood mais c'est compter sans Paul Verhoeven. Réalisateur hollandais, qui a réussi son passage aux Etats-Unis en réalisant des œuvres importantes et qui sont devenues des classiques (La Chair et le Sang, RoboCop, Total Recall), Verhoeven était fait pour s'entendre avec le scénariste Joe Eszterhas. Le scénario de Basic Instinct est particulièrement génial et troublant, ménageant de nombreux coups de théâtre déboussolants. Qui est le véritable tueur ? Les suspects sont légions. A commencer par la romancière, Catherine Tramell, une femme séductrice et manipulatrice, interprétée par une Sharon Stone au sommet de sa gloire et de sa beauté. Mais aussi, une psy (Jeanne Tripplehorn), des femmes qui gravitent autour de Tramell au passé criminel chargé. Seule l'identité sexuelle du criminel est évidente.

A sa sortie, les critiques ont mis en avant le côté sulfureux du film. Certes, cet aspect fait partie intégrante de ce classique de Verhoeven, mais s'arrêter juste à cela serait passer à côté de nombreux éléments qui en ont fait un des meilleurs thrillers de ces dernières années. A commencer par des références à l'univers d'Alfred Hitchock.

Sharon Stone semble tout droit sortie d'un des films du maître du suspens, on pense bien sûr à Kim Novak dans Sueurs Froides. La première fois que nous la découvrons, c'est assise au bord de la mer, dans sa villa de campagne. Sublimée par le directeur de la photo, Jan De Bont, miss Stone semble tout droit sortie d'un rêve tout en ayant un côté dangereux qui la rend si attirante. Elle arrive ainsi à séduire l'inspecteur Curran (excellent Michael Douglas), qui est pris entre son amour pour elle et la volonté de découvrir l'identité du tueur. Il n'est qu'à voir comment Catherine Tramell a réponse à tout durant la séquence de l'interrogatoire où elle n'a rien à cacher. Les femmes dans l'ensemble apparaissent extrêmement dangereuses. Outre la belle écrivain, la psy Beth Garner semble en savoir bien plus qu'elle n'avoue. Un trio amoureux se forme entre Curran et la psy d'un côté, et Trammel et Curran de l'autre. L'inspecteur en vient à douter de l'une puis de l'autre au fur et à mesure de ses découvertes.

La musique du regretté Jerry Goldsmith constitue l'une de ses meilleures compositions, se mariant parfaitement aux images. Dès le générique, nous voilà plongés dans un monde sensuel avec le thème principal envoûtant et une ouverture du film sur un miroir révélant un couple en train de faire l'amour. Une sensualité qui ne quittera pas le film jusqu'au final, nous donnant un indice sur l'identité du tueur. Sans pour autant lever les nombreuses zones d'ombre.

Basic Instinct montre une réelle fascination pour le Mal. Chaque personnage a d'ailleurs ses défauts, ses mensonges, ses secrets, ses morts. L'intrigue lève des tabous que l'hypocrisie de la morale petite-bourgeoise essaie de cacher. Une part du mal se trouvant en chacun de nous. A noter une référence à Hellraiser 2 lorsque le film est diffusé à la télé alors que Nick Curran s'est endormi après avoir abusé de l'alcool.

Porté par un couple en adéquation avec le sujet, Basic Instinct constitue la rencontre réussie entre Eros (pour les scènes érotiques) et Thanatos (des meurtres sordides et sanglants). Là où se trouve le plaisir, la souffrance et la mort ne sont pas loin, voilà un adage qui s'applique à merveille à ce thriller. Un joyau qui n'a pas fini de briller au firmament du 7eme Art.




Gérald GIACOMINI

BABYPHONE (2023)

 

Titre français : Babyphone
Titre original : Babyphone
Réalisateur : Ana Girardot
Scénariste Ana Girardot, Mahault Mollaret
Musique /
Année : 2023
Pays : France
Genre : Thriller, insolite
Interdiction : -12 ans
Avec Ana Girardot, Félix Moati, Lyna Khoudri, Niseema Theillaud, Hippolyte Girardot...


L'HISTOIRE : Fraîchement installée dans une maison à la campagne avec son mari Noah et leur fils Sol, âgé de six mois, Agathe fait la découverte, derrière une cloison, d'une chambre d'enfant jusque-là condamnée mais dont l’intérieur est intact, comme si rien ne semblait avoir bougé depuis des années. Là, elle y trouve un vieux babyphone abandonné dans un tiroir et toujours en état de marche. Réticente au début mais portée par l'enthousiasme de son mari, la jeune maman accepte d'installer leur fils dans la pièce jusque-là close, l’oreille collée à l'appareil, à l'affût du moindre bruit. Toutefois, quand d’étranges sons et autres sensations viendront semer le doute et la confusion dans l’esprit d’Agathe, cette dernière devra faire la part des choses entre un nouvel environnement qu’elle connait encore mal, sa fatigue légitime et ses angoisses de nouvelle maman...


MON AVISMalgré un scénario un peu convenu pour qui a déjà vu pas mal de films de genre (on pense en effet à Evil Dead et Rosemary’s Baby pour ne citer que deux des plus connus), c'est la présentation et le format de ce métrage qui en font un objet à part ! En effet, en moins d'une heure environ, on n'aura que du son à se mettre sous la dent ou plutôt dans les oreilles avec seulement quelques plans fixes nous indiquant dans quelle pièce de la maison on se trouve et avec qui ! Babyphone est effectivement une fiction audio enregistrée grâce à une drôle de tête binaurale, un dispositif encore relativement rare (sorte de casque porté sur la tête), qui restitue tous les dialogues et bruits à 360 degrés, ce qui nous plonge totalement dans la peau des personnages. Et ce sentiment d’immersion est également renforcé par le fait que Babyphone a été capté dans des décors naturels – maison qui grince et arbres de la forêt avoisinante qui craquent – et non en studio comme la plupart des projets de ce genre. Celui-ci en tout cas est l’œuvre de l’actrice Ana Girardot (vue récemment dans Ogre) devenue mère récemment et qui ici, dans ce thriller mâtiné de jumpscares, partage avec nous une réflexion sur les difficultés de la maternité actuellement, inspirée de sa propre expérience.

Ainsi, pendant une cinquantaine de minutes, Ana Girardot se glissera dans la peau d’Agathe, une jeune mère qui vient d’emménager avec son compagnon Noah (Félix Moati) et leur bébé Sol au fin fond de la campagne, dans une vieille maison typique des films d’horreur classiques, avec le parquet qui grince, les croix sur les murs et les arbres qui bruissent étrangement. Entre un mari très absent car s’occupant du restaurant qu’il a ouvert dans un proche village, une reprise difficile d’activité en freelance car il faut s’occuper très souvent du bébé, une voisine envahissante et flippante (Niseema Theillaud), le maire du coin (Hippolyte Girardot) qui semble cacher des choses sur l’histoire de cette maison et l’absence de son psy (Cédric Klapisch) resté à Paris, Agathe est en pleine dépression post-partum et n’a pas de quoi se rassurer !

Et ça ne va pas s’arranger car après avoir découvert une chambre d’enfant cachée derrière un mur, le jeune couple décide d’y installer leur fils, malgré l’atmosphère très oppressante de la pièce. On pressent bien que quelque chose de grave s’est passé ici, mais quoi ? Heureusement ou pas, un babyphone encore en état de marche se trouve toujours dans la pièce et permet à Agathe d’épier les moindres bruits en provenance de la chambre de son fils, à moins que tout cela ne soit qu’un piège…

Ainsi, à travers cette histoire, Ana Girardot évoque donc des problématiques très actuelles comme la charge mentale qui pèse principalement sur les jeunes mamans, soumises comme Agathe à la pression d’être performantes dans tous les aspects de leur vie et qui craignant d’être de mauvaises mères, se retrouvent complètement submergées et épuisées par leur rôle de mère, de femme active et d’amante. Elles se retrouvent donc en pleine dépression post-partum ou en plein burn-out parental, comme on dit dans un jargon plus psychiatrique.

Au final, on aura assisté à un beau tour de force de la part d’Ana Girardot car arriver à transmettre autant d'émotion par l’ouïe, c'est vraiment fort ! Alors quand en plus on arrive à ressentir toute la solitude et la détresse de cette mère qui connaît une grosse dépression post-partum, on se dit qu'on a tout gagné car ce sujet est très actuel ! Toutefois, on restera un peu sur notre faim devant une fin un peu trop énigmatique à notre goût, mais en tout cas, quelle belle expérience sensorielle et immersive ! Il ne vous reste donc plus qu’à vous isoler dans une pièce, enfiler un bon casque sur les oreilles et à fermer les yeux pour vous plonger dans ce thriller plus sérieux qu’il n’en a l’air et français ma bonne dame !




Vincent DUMENIL

BABYCALL (2011)

 

Titre français : Babycall
Titre original : Babycall
Réalisateur : Pal Sletaune
Scénariste Pal Sletaune
Musique Fernando Velázquez
Année : 2011
Pays : Norvège, Allemagne, Suède
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec Noomi Rapace, Kristoffer Joner, Vetle Qvenild Werring, Stig R. Amdam...


L'HISTOIRE : En Norvège, après avoir fui un mari et père brutal, Anna et son jeune fils Anders emménagent à une adresse tenue secrète, un appartement situé dans une barre d’immeubles lugubre comme il en existe tant dans ce pays glacial. Là, pétrifiée à l’idée que son ex-mari puisse les retrouver elle et son rejeton, Anna limite tous leurs déplacements et évite même de mettre son fils à l’école. Pourtant, elle se ravise et scolarise sa progéniture sur les exhortations insistantes des personnes des services sociaux, venant régulièrement la contrôler. Elle en profite également pour acheter un baby phone afin d’être sûre qu’Anders est en sécurité pendant son sommeil et se lie d’amitié avec Helge, un vendeur en électroménager. Mais d’étranges bruits comme des plaintes et des cris viennent parasiter le baby-phone. Est-ce le fruit de l’imagination d’Anna ou bien il y a-t-il véritablement quelqu’un en souffrance dans l’immeuble ?


MON AVISThriller norvégien signé Pal Sletaune, le réalisateur du déjà très sordide Next Door, Babycall se distingue par l’atmosphère sombre qu’il dégage, donnant, à l’instar de Morse pour la Suède, une image bien peu reluisante de la Norvège. Ainsi, sur fond d’histoire de violence domestique, on suit Anna et son fils, au cœur d’une cité dortoir froide où les personnages tristes à en mourir, s’y déplacent comme des spectres incapables d’évoluer dans le monde réel. 

Pal Sletaune nous dépeint alors de manière très réaliste le quotidien de cette jeune mère terrorisée par son ex-mari et qui surprotège son fils. Il réussit grâce à une réalisation adroite à nous entraîner dans une spirale de folie paranoïaque anxiogène. On en vient alors à douter de l’état mental de cette maman armée pourtant de bonnes intentions. Anna entend des cris étranges sur le baby phone qu’elle a acheté pour surveiller son fils. D’où viennent-ils ? Sont-ils réels ou proviennent-ils de son imagination ? Est-elle mentalement dérangée ou au contraire a-t-elle réellement des raisons de s’inquiéter ? 

Le film joue sur cette ambivalence et c’est là son point fort. Tout comme dans les huis clos schizophréniques que sont Le locataire, Rosemary’s Baby ou encore Sueurs Froides, références ultimes en la matière, Babycall dissémine tout le long de l’histoire des indices pour faire perdre, aussi bien aux personnages qu’aux spectateurs, le sens des réalités et ainsi nous faire douter en permanence. On voit en effet des événements à travers les yeux d’Anna et on finit par se dire que ce n'est pas forcément la réalité, mais plus tard on voit d’autres scènes à travers les yeux de Helge (l’ami que s'est fait Anna et qui travaille dans un magasin d’électroménager) étant a priori plus sain d’esprit, et on doute tout aussi bien quant à la véracité des actes se déroulant à l’écran ! On tergiverse donc constamment dans ce film, ce qui est tout de même inquiétant avouons-le, mais pour notre plus grand plaisir. Même si on ne comprend pas tout à fait ce qui se passe…

Au cœur de décors aseptisés et d’une ambiance glauque au possible, évolue cette mère protectrice et torturée, la formidable Noomi Rapace (la trilogie séminale de Millenium, Prometheus, Seven Sisters) qui réussit là encore un tour de force remarquable dans son rôle ambigu de maman trop aimante, trop angoissée, trop inadaptée socialement, trop dépressive, trop tout quoi ! Il y a de quoi cela dit, quand on a été une victime d’un mari trop abusif, enfin…

A côté d’elle, coexistent son fils et son copain d’école bien étrange avec lequel Anders s’enferme des heures dans sa chambre, les personnes des services sociaux dont un des membres s’avère très entreprenant et le très touchant Helge (interprété par Kristoffer Joner vu dans Next door et Skjult), un vendeur en électroménager dont la mère est à l’article de la mort et à travers lequel Anna cherche un brin de réconfort.

C’est avec tout ce petit monde que Pal Sletaune nous plonge dans un univers norvégien morne et dépressif à la fois en nous faisant naviguer entre le drame social (la fuite d’un ex-mari violent, la cohabitation avec un enfant dont la relation quasi fusionnelle paraît sur le point d’exploser à tout moment) et le thriller fantastique (un baby-phone qui capte les cris d'un voisin que seul Anna paraît percevoir). 

Le film semble être parfaitement en place et plus on avance plus on se dit qu’il y a une explication logique à tout cela. Seulement voilà, Babycall, comme certains films de genre récents, souffre de l’absence de dénouement véritable ou bien donne l'impression qu'on nous a leurré pour finalement nous rouler dans la farine et n'avoir aucune explication plausible à nous fournir sur ce que l'on vient de voir. Ou plutôt, en nous laissant seuls conclure par rapport a ce qui a été vu, ressenti et ça, c’est encore pire, car ça sent le réalisateur/scénariste (c’est le cas ici pour Sletaune endossant cette double casquette) en mal d’inspiration qui ne savait pas comment parachever son oeuvre et nous sort un twist final de derrière les fagots maintes fois utilisé au cinéma. Et ce, après pourtant nous avoir fait miroiter des choses intéressantes. 

Un sentiment d'inachevé et de frustration prédomine donc au final à la fin du visionnage qu’irrémédiablement, on ne trouve plus du tout original, dommage ! On a le sentiment que Sletaune nous refait le même coup qu’avec le surcoté Next Door avec son côté huis clos en appartement et un aboutissement quasi similaire si on est un habitué des films de genre et un fin observateur et ce, dès les premières minutes du métrage…

Grand prix au festival de Gérardmer de 2012, Babycall s’annonce, tout du moins au début, comme un thriller horrifique de bonne facture, avec la réalisation froide mais maîtrisée de Sletaune et surtout l’interprétation habitée de son actrice principale (Noomi Rapace est parfaite). Toutefois, le scénario qui essaie de se la jouer Cluedo avec ses pistes multiples, ne répond pas totalement au mystère originel et la fin devient alors le gros point faible de ce long-métrage. Elle se veut en effet trop énigmatique (alors que si on est attentif au début du film, on la sent venir de loin…) et arrive comme un cheveu sur la soupe, tout en étant saupoudrée d’effets grand-guignolesques mal venus car n’allant pas de pair avec l’ambiance du métrage. 

En définitive, ce film alternant des idées de mise en scène intéressantes et des pistes éculées pour certaines ou qui restent peu explorées pour les autres, est une déception à cause de sa fin, ce dont la rétine se rappellera le plus longtemps. Tant pis !




Vincent DUMENIL

ATM (2012)

 

Titre français : ATM
Titre original : ATM
Réalisateur : David Brooks
Scénariste : Chris Sparling
Musique : David Buckley
Année : 2012
Pays : Usa, Canada
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec : Alice Eve, Josh Peck, Brian Geraghty, Robert Huculak, Ernesto Griffith...


L'HISTOIRE : Trois collègues de bureau s’arrêtent au distributeur bancaire sur le parking désert d’un centre commercial afin de retirer de l’argent avant d’aller au restaurant. Alors qu’ils s’apprêtent à sortir du local qui abrite le distributeur, un inconnu les fixe depuis l’extérieur. Son visage est dissimulé par la capuche de son anorak qui le protège du froid. C’est un psychopathe et il vient d’assassiner sous leurs yeux une personne qui s’approchait. Terrifiés, sans moyen de communication, les trois jeunes gens se barricadent pour échapper au tueur mais le chauffage est coupé et la température avoisine -15°C...


MON AVISPour son premier long métrage, David Brooks s’est associé au scénariste Chris Sparling, célèbre pour être l’auteur de l’histoire de l’excellent Buried de Rodrigo Cortès. Il semble que Chris Sparling aime vraiment les huis clos puisqu’après avoir placé le personnage principal de Buried sous terre dans un cercueil, il enferme les trois protagonistes de ATM dans un local à distributeurs automatiques de billets de banque. Il corse un peu la chose en ajoutant deux éléments perturbateurs : le froid glacial et un tueur monolithique…

Avec cette idée de départ plutôt simple, il fallait bien meubler l’histoire pour obtenir une durée de film correcte. On assiste donc durant les vingt premières minutes à la présentation des trois personnages qui vont devenir les proies du mystérieux tueur : trois personnes qui travaillent dans la même société, des courtiers en bourse qui jouent avec de grosses sommes d’argent. Si David nous apparaît vite comme sympathique et humain, regrettant d’avoir fait perdre de l’argent à un vieux monsieur et faisant le grand timide face à Emily, jeune et jolie femme dont c’est le dernier jour de travail pour qui il craque secrètement, il en va tout autrement pour le troisième larron, Corey Thompson, véritable tête à claques qu’on a envie de baffer tellement il est énervant et imbu de sa personne. Soyons honnête, cette première partie du long métrage, avant que ne démarre véritablement l’intrigue une fois les personnages bloqués dans le local à distributeurs, n’est pas franchement intéressante et s’avère même ennuyeuse. On n’accroche pas vraiment à ce qui se passe sur l’écran et on a juste hâte de voir le tueur leur mener la vie dure.

Une fois bloqués, les personnages vont vivre un vrai calvaire puisqu’en plus du tueur dont on ne connaîtra finalement jamais les motivations (défi personnel de ne pas se faire arrêter par la police ? On le voit tracer des plans et des emplacements en fonction des caméras dispersées dans l’ATM afin de ne pas être filmé lui-même. Un mystère total dont au aurait aimé avoir plus d’indices ou de précisions…), le froid vient s’inviter dans la macabre partie de jeu du chat et de la souris. Malheureusement, si la réalisation est bonne, rien ne vient vraiment nous tenir en éveil ou nous apporter notre dose de suspense. Quelques situations semblent on ne peut plus clichées, les réactions des protagonistes ne sont pas des plus crédibles et on a, au final, l’impression de regarder un simple téléfilm qui ne tient en fait pas toutes les promesses de son affiche avec cette tagline Nerveux. Suffocant. Impitoyable.

Déception pour ATM qui aurait mieux fait de bifurquer réellement vers le néo-slasher movie à la rigueur, ce qui aurait permis de nous en donner pour notre argent. Au lieu de ça, on a un banal thriller claustrophobique qui ne transcende jamais son sujet et se laisse voir d’un œil distrait. Un DTV de plus qui ne laissera pas de trace indélébile dans ma cinéphilie…




Stéphane ERBISTI