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THE POD GENERATION (2023)

 

Titre français : The Pod Generation
Titre original : The Pod Generation
Réalisateur : Sophie Barthes
Scénariste : Sophie Barthes
Musique Evgueni Galperine, Sacha Galperine
Année : 2023
Pays : Usa, France, Angleterre
Genre : Anticipation, comédie
Interdiction : /
Avec Emilia Clarke, Chiwetel Ejiofor, Rosalie Craig, Vinette Robinson...


L'HISTOIRE : Dans un futur proche où l’intelligence artificielle prend le pas sur la nature, Rachel et Alvy, couple new-yorkais, décident d’avoir un enfant. Un géant de la technologie, vantant les mérites d’une maternité plus simple et plus paritaire, propose aux futurs parents de porter l’enfant dans un POD. Alvy a des doutes, mais Rachel, business-woman en pleine ascension, l’incite à accepter cette expérience…


MON AVISAh le retour de la charmante Emilia Clarke au cinéma ! Absente des écrans depuis 2019 et le joli conte de Noël Last Christmas, impactée par la crise du COVID-19 évidemment, l'actrice a été l'une des héroïnes de la série Secret Invasion en 2023 et on la retrouve donc cette même année dans une comédie d'anticipation réalisée par Sophie Barthes et intitulée The Pod Generation

Anticipation donc car l'histoire se déroule dans un futur proche, où la technologie et l'intelligence artificielle a pris le pas sur tout le reste. La vie des humains est entièrement conditionnée par l'informatique, les maisons sont connectées à l'extrême et vous ne pouvez pas faire un pas sans que la voix d'une IA ne viennent vous questionner sur vos envies du jour ! Idem si vous allez voir un psy, ce sera une IA qui prendra en charge vos séances, sous la forme très curieuse d'un gros œil coloré ! 

Voici donc la vie que mène Rachel, business-woman, et son mari Alvy, professeur-botaniste. Le choix des métiers de deux personnages principaux n'est bien sûr pas anodin : Rachel vit continuellement avec la technologie (c'est son métier d'innover) alors que son mari est resté fidèle à des valeurs plus terre-à-terre, comme le respect de la nature, valeurs qu'il tente de communiquer à des fidèles par forcément réceptifs à ces vieux principes datés. Dans The Pod Generation, la technologie a été poussé très loin puisque désormais, il est proposé aux femmes de mener leur grossesse à l'aide d'un Pod, une capsule recréant l'environnement d'un utérus et dans laquelle l'embryon pourra se développer. Fini les migraines, les nausées, la prise de poids, tout se passe dans le Pod interactif, et vous pouvez l'emmener partout avec vous, et même le mettre dans un système d'attache qui vous donnera l'apparence d'une femme enceinte. Autre intérêt, le partage des tâches puisque le mari peut lui aussi s'occuper du Pod ! Un concept qui intéresse fortement Rachel mais qui ne trouve guère de résonance auprès d'Alvy, qui souhaite évidemment que sa femme ait une grossesse normale.

Le film débute donc comme une comédie romantique avec une grosse pincée d'anticipation, les représentations des innovations technologiques bénéficiant d'effets spéciaux et visuels de qualité. Une fois le couple en possession d'un Pod, l'aspect comédie se renforce un peu plus puisque Alvy, réticent au départ, se prend de passion pour son futur bébé et donc pour cette drôle de capsule blanche dont il ne voulait pas entendre parler au départ. Le duo formé par Emilia Clarke et Chiwetel Ejiofor fonctionne parfaitement bien et les situations proposées font souvent sourires de part leur aspect étrange et inattendu. 

On a parfois l'impression de regarder un épisode de la série Black Mirror, car plus la grossesse avance dans le Pod et plus des restrictions se mettent en marche vis à vis de ce dernier, provenant de la société fondatrice de cette technologie, dont le but principal bien sûr est de faire de l'argent malgré un discours empathique au départ pour inciter les couples à franchir le pas et à utiliser leur invention. 

On notera que le fait que le futur papa devienne gaga et se met à s'occuper plus du Pod que de sa femme se veut une petite critique cinglante de la réalité mais après, est-ce notre faute si nous n'avons pas d'utérus ? Ces petits pics vis à vis de la société sont amusants à défaut de soulever un vrai débat de fond mais ils donnent tout de même à réfléchir. Trop de technologie, trop de dérive informatique représente-t-il un danger pour la société, pour la vie naturelle elle-même ? Le film de Sophie Barthes se veut également une réflexion sur ce sujet ô combien actuel et l'évolution des personnages ainsi que la fin du film mettent en exergue cette réflexion. 

Certains auraient sûrement aimé que le film prenne une direction différente, encore plus anxiogène en montrant les dangers d'une grossesse par Pod interposé, avec un embryon devenant un Alien ou un monstre par exemple, le design du Pod faisant clairement allusion à aux Ovomorphs  du film de Ridley Scott et ses suites. Mais il n'en sera rien, on reste dans la comédie romantique futuriste qui ne s'éloigne jamais de cette ligne directrice. 

The Pod Generation est un joli film sur un avenir pas très réjouissant qui met de côté le principal, à savoir la nature, les relations humaines, au profit d'une technologie de plus en plus envahissante. Ça se laisse gentiment regarder, Emilia Clarke est rayonnante comme à son habitude et elle semble avoir repris quelques kilos, ce qui lui va beaucoup mieux. L'actrice a d'ailleurs reçu le 3 septembre 2023 le Prix Nouvel Hollywood au festival de Deauville !




Stéphane ERBISTI

AVALON (2001)

 

Titre français : Avalon
Titre original : Avalon
Réalisateur : Mamoru Oshii
Scénariste : Kazunori Ito
Musique : Kenji Kawaï
Année : 2001
Pays : Japon, Pologne
Genre : Anticipation
Interdiction : /
Avec Malgorzata Foremniak, Bartlomiej Swiderski, Dariusz Biskupski...


L'HISTOIRE : Dans une Pologne future, le quotidien est devenu si insipide que certains se réfugient totalement dans un jeu vidéo en réseau illégal nommé Avalon. Ce dernier, qui peut permettre aux joueurs confirmés de gagner leur vie, se déroule dans un univers guerrier qui n'est pas sans évoquer l'Europe de la Seconde Guerre Mondiale, et provoque une si forte dépendance qu'il peut provoquer des accidents cérébraux. Ash, joueuse émérite de classe A, convoite à présent une classe spéciale qui lui permettrait de percer le mystère d'Avalon...


MON AVISprès avoir réalisé le désormais célèbre Ghost in the Shell et écrit le scénario de Jin-Rô, tous deux des longs métrages d'animation, Mamoru Oshii s'attaquait au film avec Avalon (ses précédents essais dans le genre, Lunettes rouges, Stray Dogs et Talking Heads, sont indisponibles chez nous). Évoquant de nouveau la possibilité d'une âme dans un contexte qui a priori la nie, il pénétrait cette fois, avec une esthétique unique et stupéfiante, mais non dépourvue d'ambiguïté idéologique, l'univers du jeu vidéo.

Dès son entrée en matière, Avalon nous immerge dans un univers jamais vu au cinéma. Dans un magnifique sépia aux lumières pâles et dorées, aux gris duveteux et aux noirs soyeux, Ash remplit une mission en cavalier solitaire, au milieu des tanks sillonnant les champs et les rues, des hélicoptères et des autres combattants. Faisant la découverte d'un jeu graphiquement plus réaliste encore que ceux d'aujourd'hui, mais qui conserve des signes clairs de sa nature fictive (explosion numérique des victimes, mission complète, etc.), le familier des jeux vidéos trouvera vite ses repères dans la façon qu'a le personnage d'utiliser les décors et les éléments qui l'entourent, ou dans la transition d'un niveau à un autre. Par son utilisation exquise des nuances d'ombres et de lumières, de mouvements de caméras et de flous, Mamoru Oshii excelle à produire un monde fluide, lyrique et autonome, où la violence des combats, particulièrement développée au niveau sonore, jouit visuellement d'une étrange douceur. Douceur paradoxale qui, avec son absence de couleurs, marque la limite du réalisme du jeu. Conjuguée aux perspectives de victoire et d'évolution, on s'expliquerait donc l'attrait insensé de ce dernier sur les joueurs.

Afin de justifier cette addiction, Oshii met en regard une réalité quotidienne exsangue et sans saveur, et c'est à partir de là que le bât commence à blesser. Cette conception rétro-futuriste, aux fondements absents, n'a justement l'air de rien d'autre qu'une justification. On ne pourrait pas ne pas vouloir fuir ce monde verdâtre et sale, aux lumières inconfortables, et où il semble qu'on ne puisse rien faire d'autre que manger à la cantine, prendre le tram et se morfondre dans une chambre vide en compagnie d'un toutou bâfreur. En évacuant tout exposition sociale, politique ou psychologique (pourquoi le monde est-il ainsi, ne peut-on rien y faire, vraiment ?), et donc tout contrechamps à l'obsession de Ash et des autres joueurs, Oshii évite soigneusement de mettre celle-ci en question. Il nous somme de l'accepter et, non sans lourdeur parfois (la scène où Ash regarde manger Stunner), de compatir avec démagogie à cette préférence pour le jeu et la désincarnation. Ce qui n'empêche de constater que Ash, revenue ou pas, est déjà aussi sympathique que le légume (un chou) qu'elle cuisine dans une autre scène sensée émouvoir, et que sa quête est aussi séduisante que l'hallucination saumâtre d'un toxico chronique.

Pire encore. Le film reste relativement ambigu sur le sujet. Personne, même, ne semble avoir relevé cet aspect des choses, comme si véritablement l'éblouissement visuel et la majestueuse lenteur du film avaient fini par provoquer l'aveuglement. On préfère parler de profondeur métaphysique, mais évidemment sans jamais dire rien de précis. C'est bien simple : dès qu'une bêtise reste dans le vague, on parle de profondeur. Cela apparaît pourtant dans le titre même du film, qui est à la fois le nom du jeu et de sa quête ultime. Ce nom est expliqué au cours du récit (on évitera de le faire ici, par égard envers ceux qui ne l'aurait pas encore vu), notamment au travers des chants nostalgiques et élégiaques portés par la musique, de plus en plus grandiloquente, de Kenji Kawaï, experts en nausées doucereuses et rococos. Avalon, le roi Arthur, les Neufs Sœurs… Ash évoquera même Odin et son anneau d'or, dont on retrouve un symbole équivalent sur l'écran de veille de l'ordinateur de Ash. Mais que veut dire ce salmigondis de références mythologiques ?

Il apparaît que cette quête d'âme perdue est axée sur la nostalgie d'un groupe guerrier (les Wizards), qu'elle passe par une guerre aussi implacable que désincarnée, et qu'elle est assimilée, pendant tout le film, à un certain mysticisme celto-germanique, qui n'était pas absent d'une idéologie de sinistre mémoire et accompagne encore aujourd'hui les fantasmes de quelques mouvements extrémistes, régionalistes ou nationalistes. Est-ce profond parce que c'est mystique, ou bien ce culte mélancolique du héros à la sauce post-Wagnérienne, placé sur le territoire Polonais, et qui plus est dans un décor rappelant par bien des aspects la Seconde Guerre Mondiale et ses suites, n'est pas plutôt choquant ? Cela, à aucun moment Oshii ne semble le remettre en cause ni même en prendre conscience. N'a-t-il pas osé formuler de critique, ou bien est-il en phase avec cette mystique entretenue par les joueurs ? Impossible à dire. La séquence finale (dont le retour à une image normale se contente de jouer sur la difficulté à distinguer le réel du fictif, sorte de twist à deux euros), ne démentira pas ce trouble, avec son concert à la Viennoise où, entre parenthèse, le compositeur peut s'auto-admirer (hommage, dira-t-on) avec une étonnante complaisance.

Exploit visuel au service d'une idéologie fumeuse, célébration plutôt que réflexion, tel semble être au bout du compte le cocktail Avalon. Ce ne sera pas la première fois qu'un réalisateur se sert du genre pour développer des idées, c'est même une bonne chose. Mais, d'une façon identique à celle d'Otomo avec Akira, Oshii fuit tout contrepoint, ne cherchant qu'à imposer l'adhésion et la contemplation, et ne faisant qu'illustrer, cette fois c'est bien pire, une mystique sentimentale désuète et rance, qui se voile dans les splendeurs du flou artistique pour ne pas montrer son misérable visage… à moins qu'elle n'en ait pas du tout.




Stéphane JOLIVET

AMERICAN NIGHTMARE 5 - SANS LIMITES (2021)


Titre français : American Nightmare 5 - Sans Limites
Titre original : The Forever Purge
Réalisateur : Everardo Gout
Scénariste James DeMonaco
Musique : The Newton Brothers
Année : 2021
Pays : Usa, Mexique
Genre : Survival, anticipation
Interdiction : -12 ans
Avec Ana de la Reguera, Tenoch Huerta, Josh Lucas, Leven Rambin...


L'HISTOIRE : Adela et son mari Juan habitent au Texas, où Juan travaille dans le ranch de la très aisée famille Tucker. Juan gagne l’estime du patriarche Caleb Tucker, ce qui déclenche la jalousie de Dylan, son fils. La matinée suivant le déchaînement nocturne de violence annuelle, un groupe masqué attaque la famille Tucker, dont la femme de Dylan, et sa sœur, forçant les deux familles à s’unir et organiser une riposte alors que le pays entier sombre dans la spirale du chaos et que les États-Unis se désagrègent petit à petit autour d’eux...


MON AVIS Cinquième volet d'une saga de très bonne qualité, American Nightmare 5 - Sans Limites est réalisé par Everardo Gout, toujours sous la supervision du créateur de la franchise, James DeMonaco, qui signe ici le scénario, comme ce fût le cas pour American Nightmare 4

La fameuse purge, qui prenait la forme d'un huis-clos assez tendu dans le premier chapitre et qui se propageait au dehors au fur et à mesure que sortaient les suites prend encore une nouvelle ampleur ici puisque l'action se déroule cette fois au Texas et, petite nouveautés, ne va pas s'arrêter avec le retentissement de la sirène matinale faisant office de fin des hostilités. D'où le Sans Limites accolé au titre principal ! 

Cette saga a toujours eu un fond politique, dénonçant des inégalités et ce cinquième chapitre n'échappe pas à la règle, avec, cette fois, une virulente critique de la politique de Donald Trump et de son fameux mur anti-migrant qu'il a voulu construire à la frontière mexicaine. Tout comme le jeu vidéo Far Cry 5 a fait polémique auprès des suprémacistes blancs américains, American Nightmare 5 ne devrait pas non plus s'attirer la bénédiction de ces derniers. Le film se focalise donc sur les rivalités et animosités qui règnent entre le peuple américain et les migrants mexicains, à travers l'histoire de Adela et de son mari Juan, qui, au début du film, traversent clandestinement la frontière pour venir aux USA pour échapper aux narco-trafiquants. 

Embauchés dans le ranch de la famille Tucker, les deux héros trouvent rapidement leur place, Adela (Ana de la Reguera) en tant que chef cuisinière et Juan (Tenoch Huerta) en tant que cowboy. De quoi réveiller la jalousie de Dylan (Josh Lucas), le fils de monsieur Tucker, qui ne porte pas vraiment les Mexicains dans son cœur. On se dit que ce dernier va profiter de la nuit de la purge pour faire le ménage et s'en prendre à Adela et Juan. Mais le scénario se montre bien plus malin que ça et va s'orienter dans une direction inattendue. 

Barricadé dans son ranch, Dylan et sa famille attendent patiemment la fin de la purge. Adela et Juan, quant à eux, ont reçu une prime de la part de monsieur Tucker pour pouvoir se réfugier dans un bunker protégé par des mercenaires. Une fois la nuit de terreur et de violence terminée, c'est le retour à la vie normale. Sauf qu'il va y avoir un couac. Les suprémacistes blancs ont décidé que la purge ne s'arrêterait pas et ils vont donc poursuivre leur exaction, mettant le Texas puis l'ensemble des Etats-Unis à feu et à sang. On pense bien sûr à l'intrusion dans le capitole de ces fous furieux refusant de se contraindre à l'ordre public.

Et c'est là que l'originalité du scénario se fait ressentir : la famille Tucker va devoir s'allier avec les Mexicains pour tenter de survivre. Exit les rancœurs, la jalousie, la haine. Dylan et Juan, ensemble face à une même menace. Un joli message de fraternité et un véritable pamphlet politique sont donc à mettre au crédit de cet épisode 5, qui parvient donc à renouveler le concept initié en 2013. Bien sûr, tout film de la saga se doit de nous montrer les violences urbaines et des tarés se baladant avec des masques sur le visage. American Nightmare 5 remplit ce cahier des charges avec des affrontements réalistes et une milice d'extrême-droite circulant dans des véhicules blindés et dispatchant un message enregistré proclamant que les vrais américains traqueront sans répit les migrants. Effrayant. 

Le film joue même avec les codes du film post-apocalyptique dans sa dernière partie, notamment en utilisant le décor désertique mexicain et en filmant ladite milice pourchasser nos héros, qui vont devoir répondre par la force pour s'en sortir. L'originalité du film vient également du fait que cette fois, l'action est présentée en plein jour dans sa majeure partie. Les ultimes images font froid dans le dos et montrent bien quelle dérive pourrait arriver si une telle nuit de la purge existait réellement. Résultat : on ne dirait pas non à un sixième volet.



Stéphane ERBISTI

AMERICAN NIGHTMARE 4 - LES ORIGINES (2018)

 

Titre français : American Nightmare 4 - Les Origines
Titre original : The First Purge
Réalisateur : Gerard McMurray
Scénariste James DeMonaco
Musique : Kevin Lax
Année : 2018
Pays : Usa, Chine, Japon
Genre : Survival, anticipation
Interdiction : -12 ans
Avec Y'lan Noel, Lex Scott Davis, Joivan Wade, Mugga, Rotimi Paul...


L'HISTOIRE : Pour faire passer le taux de criminalité en-dessous de 1% le reste de l’année, les Nouveaux Pères Fondateurs testent une théorie sociale qui permettrait d’évacuer la violence durant une nuit dans une ville isolée. Mais lorsque l’agressivité des tyrans rencontre la rage de communautés marginalisées, le phénomène va s’étendre au-delà des frontières de la ville test jusqu’à atteindre la nation entière...


MON AVIS Après une trilogie débutée en 2013 et poursuivit en 2014 et 2016 sous l'égide du réalisateur James DeMonaco qui dirige les trois opus, voici qu'un quatrième volet voit le jour en 2018. DeMonaco cède sa place de réalisateur à Gerard McMurray mais reste présent en tant que scénariste. Le titre original, tout comme le titre français, ne joue pas sur l’ambiguïté. Ce quatrième chapitre va nous dévoiler les origines de la purge, comment cette idée folle de permettre à la population de commettre n'importe quel méfait durant une nuit entière, sans se soucier des conséquences ou de la loi, en vu d'éradiquer la violence quotidienne le reste de l'année, a vu le jour. Ou comment un simple test est devenu une norme dans une société enclin à la violence, au racisme, à la lutte des classes. 

Car American Nightmare 4 - Les Origines n'est pas autre chose que la représentation (un peu trop caricaturale) de l'éternel luttes des classes. Les minorités, les pauvres, les délaissés sont clairement identifiés comme étant responsable de la décadence de l'Amérique par un gouvernement nouvellement promu dont les fiers représentants se sont baptisés Les Nouveaux Pères Fondateurs. Pour tester la théorie d'une psychologue qui pense que laisser la violence s'exprimer au cours d'une nuit permettra d'endiguer cette même violence le reste de l'année, le gouvernement choisit une petite ville insulaire de Staten Island, représentative de la pauvreté et lieu multiculturel ou chacun essaye de s'en sortir comme il peut. 

Le réalisateur du film étant noir, Gerard McMurray laisse donc s'exprimer ce qu'il pense de l'Amérique voulue par Trump à travers son film et se focalise sur la population latino et noire. Il apparaît clairement que pour Les Nouveaux Pères Fondateurs, le but de cette première purge est de débuter une sorte de nettoyage ethnique visant à faire de la population blanche la grande gagnante au final. Une manœuvre politique inavouable, qu'on cache derrière le terme d'expérimentation pour faire passer la pilule. 

Assez radical dans son propos, American Nightmare 4 ne fait que mettre en lumière les tares de notre société actuelle, rongée par le racisme et l'inégalité sociale. Le réalisateur ne lésine pas sur les attaques frontales, la purge étant clairement soutenue par le NRA, le KKK et autres fascistes suprémacistes de tout bord. Si on peut trouver que l'approche de Gerard McMurray est un peu trop clichée et manichéenne (en quasi majorité et à quelques exceptions près, les gentils du film sont les gens de couleurs, les blancs sont les méchants venant purger et sont habillés soit en militaires soit carrément en officier SS pour ce qui est du chef des mercenaires engagés par le gouvernement pour accentuer la purge), il n'empêche que sa vision n'est pas très éloignée de la réalité des mœurs des USA et cela donne à réfléchir. 

Si la première partie du film se montre assez tranquille, nous laissant le temps de faire connaissance avec les protagonistes principaux (un caïd de la drogue, un jeune un peu perdu, une femme qui veut s'en sortir, un psychopathe du nom de Skeletor...) qui sont interprétés par un casting de qualité, une fois la purge démarré, le film accentue petit à petit son rythme pour finir par dériver du thriller horrifique au pur film d'action. Le héros, tel Bruce Willis ou Sylvester Stallone, va se retrouver seul contre tous dans un immeuble imposant, mitraillant à tout va. Un peu exagéré honnêtement, on se croirait presque dans The Raid vers la fin, mais bon, c'est du cinéma de divertissement. 

Etant donné qu'il s'agit de la première purge de l'histoire, les débuts se font à tâtons, jusqu'au premier meurtre qui va faire s'embrasser la ville. Bien malin, Gerard McMurray choisit de ne pas faire de la population des psychopathes en puissance, la grande majorité se déclarant contre la purge. Le gouvernement se voit donc contraint d'avoir recours à des mercenaires pour déclencher les hostilités. En clair, la purge est née sur un mensonge et sur une malhonnêteté du gouvernement. 

Niveau violence, American Nightmare 4 - Les Origines est dans la bonne moyenne des autres films de la saga, ni plus, ni moins. Une violence assez brutale tout de même, avec des effets spéciaux réussis. Les fameux masques qui ont marqués les épisodes précédents ne sont pas encore de sortie même s'il y en a quelques-uns. Logique vu que c'est les origines de la purge. Bref, un prequel de qualité qui viendra sans souci rejoindre les trois autres chapitres de cette saga intéressante, jusqu'au prochain épisode. A noter que le film est sorti le 4 juillet aux USA (et ailleurs), tout un symbole...




Stéphane ERBISTI

AMERICAN NIGHTMARE 3 - ELECTIONS (2016)

 

Titre français : American Nightmare 3 - Elections
Titre original : The Purge 3 - Election Year
Réalisateur : James DeMonaco
Scénariste James DeMonaco
Musique : Nathan Whitehead
Année : 2016
Pays : Usa, France
Genre : Survival, anticipation
Interdiction : -12 ans
Avec Frank Grillo, Elizabeth Mitchell, Mykelti Williamson, Edwin Hodge...


L'HISTOIRE : Charlie Roan, une sénatrice américaine ayant perdue toute sa famille lors d'une purge, se lance dans la course à l'élection présidentielle en proposant l'arrêt total de la Purge annuelle comme cheval de bataille. Ses opposants, constitués des Nouveaux Pères Fondateurs et d'une partie de la population, décident alors de profiter d'une nouvelle édition de cette nuit où tous les crimes sont permis pour la traquer et la tuer. Elle pourra néanmoins compter sur son fidèle garde du corps, Léo Barnes, ainsi que sur une poignée de rebelles anti-purge très bien organisée et férocement armée pour lui prêter main forte et assurer sa survie...


MON AVISTroisième chapitre de cette saga réalisée par James DeMonaco, American Nightmare 3 - Elections va encore plus loin dans l'aspect politique de cette fable pas si futuriste que ça et qui, vu les événements actuels, notamment l'élection de qui vous savez aux USA, pourrait bien devenir plus concrète malheureusement. 

Certes, le nouveau président de la première puissance mondiale n'en est pas encore à imposer un décret permettant de pouvoir éradiquer les pauvres et les étrangers lors d'une nuit où tout crime est légal mais avouons que les conjectures et le climat nauséabond de ces dernières années n'incitent pas à l'euphorie. Espérons donc que la trilogie The Purge ne soit pas prémonitoire et reste avant tout un simple divertissement cinématographique. 

Un divertissement efficace qui plus est, et ce n'est pas ce troisième chapitre qui viendra inverser la tendance. On retrouve avec plaisir l'acteur héros du second volet, Frank Grillo, devenu garde du corps d'une sénatrice désireuse d'éradiquer la purge annuelle de la constitution. Autre figure présente cette fois dans les trois volets de la saga, l'acteur noir Edwin Hodge, qui, de proie dans American Nightmare, devient membre d'un gang de rebelles anti-purge dans American Nightmare 2 - Anarchy puis carrément chasseur et révolutionnaire dans American Nightmare 3 - Elections. Ces deux héros, au but différent (l'un veut juste que la sénatrice reste vivante, l'autre veut faire une action commando en éradiquant certain membre des Nouveaux Pères Fondateurs) vont bien sûr se rencontrer au cours de l'histoire et vivre ensemble une nuit infernale et ultra-violente. 

D'autres personnages secondaires viendront rejoindre le duo, comme Joe Dixon, propriétaire d'une petite épicerie prise à partie par un trio de jeunes filles totalement déjantées et psychotiques (pour ce qui sera l'une des meilleures séquences du film), Marcos, un jeune Mexicain ami de Joe Dixon qui lui viendra en aide ou Laney Rucker, une jeune femme qui n'hésite pas à aller tenter d'aider les victimes des purgeurs à bord de son camion. Des purgeurs qui débarquent cette fois de tous les pays, attirés par cette promesse de pouvoir éradiquer quiconque sans craindre la justice ! 

Une des bonnes idées du film d'ailleurs, à savoir de jouer sur le tourisme mortuaire en pleine expansion dans le pays ! Comme à l'accoutumée, les purgeurs sont bien souvent affublés de masques d'Halloween et de tenues criardes, à l'image de celui portant le masque, vêtement et haut de forme d'Abraham Lincoln ! 

Bénéficiant d'un soin visuel permanent, American Nightmare 3 - Elections se montre plus ambitieux que les deux précédents volets en terme de mise en scène mais aussi de violence, plus frontale. Les meurtres et les combats aux armes à feu font du dégât et le sang gicle à foison. On se croirait à certain moment dans un bon vieux film de Charles Bronson, surtout que le méchant star du film est une saloperie de gros néo-nazi embauché pour faire le sale boulot des Nouveaux Pères Fondateurs, à savoir capturer la sénatrice et éradiquer tous ceux qui se mettront en travers de sa mission. 

Sans temps morts, cette nouvelle nuit de la mort est généreuse en action et en violence et devrait contenter les fans de la saga. Les autres apprécieront sont côté série B bien bourrin qui n'omet pas de faire réfléchir. Pour ma part, même si j'ai apprécié le spectacle, j'ai trouvé ce troisième épisode un peu en deçà du second, qui reste mon préféré. Il clôture en tout cas une trilogie qui n'a pas besoin d'un quatrième épisode, James DeMonaco ayant, à mon sens, dit tout ce qu'il avait à dire sur le sujet.


Stéphane ERBISTI

AMERICAN NIGHTMARE 2 - ANARCHY (2014)

 

Titre français : American Nightmare 2 - Anarchy
Titre original : The Purge 2 - Anarchy
Réalisateur : James DeMonaco
Scénariste James DeMonaco
Musique : Nathan Whitehead
Année : 2014
Pays : Usa, France
Genre : Survival, anticipation
Interdiction : -12 ans
Avec Frank Grillo, Carmen Ejogo, Zach Gilford, Kiele Sanchez, Zoë Soul...


L'HISTOIRE : Leo, un homme sombre et énigmatique, brigadier de police, est hanté par la disparition de son fils. S'armant d'un arsenal offensif et défensif, cet homme possédé est résolu à se purger de ses démons. Eva, une mère célibataire tentant tant bien que mal de joindre les deux bouts, et sa fille adolescente Cali vivent dans un quartier défavorisé et n'ont pas les moyens de s'offrir une bonne protection. Quand une poignée de purgeurs masqués pénètrent chez elles et les capturent, elles n'ont d'autre choix que de s'en remettre à leur libérateur fortuit, Leo...


MON AVISChangement radical de style pour American Nightmare 2 - Anarchy, toujours réalisé et scénarisé par James DeMarco. Là où le premier volet était un huis clos teinté de survival, se déroulant dans l'enceinte d'une unique maison, cette suite nous propose une transposition du sujet original, à savoir le droit de purge légalement accordé par le gouvernement durant 12h, mais vécu cette fois au dehors, dans les rues. Le huis clos oppressif devient alors une gigantesque partie de chasse à l'homme dans les rues de Los Angeles. Des rues mises à feu et à sang par les purgeurs, allant du simple adepte de la gâchette en manque d'émotions fortes à de véritables gangs organisés et surarmés. Une nouvelle nuit de cauchemar pour ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir se protéger, les principales victimes restant, comme à l'accoutumé, les miséreux, les sans-abris. Éradiquer la pauvreté dans les rues comme solution au chômage et à la criminalité, telle est le but ultime de la purge annuelle. Mais étant donné qu'il n'y a aucune règle, les purgeurs peuvent également devenir les victimes de cette barbarie urbaine. 

En nous faisant suivre le destin croisé d'un homme en quête de vengeance, d'un couple au bord du divorce et d'une mère et de sa fille, qui vont se rencontrer suite à des événements inattendus et vivre ensemble cette nuit de la purge, devenant les proies des purgeurs, American Nightmare 2 - Anarchy m'a fait penser par certains aspects au culte Les Guerriers de la Nuit de Walter Hill, car nos héros vont devoir aller d'un point A à un point B en tentant de circuler à travers la ville tout en évitant les différents gangs ou factions de tueurs à la bestialité sans limite. Des gangs dont certains portent bien sûr des masques terrifiants, nous rappelant les peintures de guerre ou le look de ceux qui traquaient les Warriors. 

A motos, sur un skateboard, dans des camions, avec des fusils-mitrailleurs, des armes blanches et même des lance-flammes, l'attirail des purgeurs nous ramènent même vers les films post-apocalyptiques d'antan, à la différence que le sable et le désert ont fait place au milieu urbain, au béton, au bitume. Sans temps morts, la nuit de l'horreur ne laissera aucun répit à nos cinq protagonistes principaux, qui vont devoir sortir les crocs pour tenter de rester en vie. Comme dans le premier épisode, la critique sociale a la part belle et l’opposition riche / pauvre est peut-être encore plus percutante ici puisque dans American Nightmare 2 - Anarchy, les riches payent les pauvres pour qu'ils se laissent massacrer par eux ou payent les purgeurs pour qu'on leur amène des victimes, faisant faire le sale boulot par d'autres et évitant par la même occasion le moindre risque d'y laisser sa vie. Glauque. 

L'argent peut tout acheter et les pulsions les plus sombres de la nature humaine peuvent se déchaîner. James DeMonaco dérive même vers la saga Hostel lors d'un retournement de situation inattendu que je vous laisse découvrir si vous n'avez pas vu le film. Plus rythmé, plus dynamique que American Nightmare, ce second opus opte donc pour une approche différente et évite la simple redite en changeant le lieu de l'action. La violence est bien au rendez-vous et si les fans de gore seront déçus de ne pas en voir plus, les autres apprécieront cette nouvelle nuit des masques divertissante et bien mise en scène, correctement interprétée et qui n'ennuie jamais.




Stéphane ERBISTI

AMERICAN NIGHTMARE (2013)

 

Titre français : American Nightmare
Titre original : The Purge
Réalisateur : James DeMonaco
Scénariste James DeMonaco
Musique : Nathan Whitehead
Année : 2013
Pays : Usa, France
Genre : Survival, anticipation
Interdiction : -16 ans
Avec Ethan Hawke, Lena Headey, Max Burkholder, Rhys Wakefield, Edwin Hodge...


L'HISTOIRE : Dans un futur proche, les États-Unis ont adopté un nouveau système politique obligeant une purge annuelle afin d'annihiler le taux de criminalité qui grandit de jour en jour ainsi que le niveau élevé du taux de chômage. Et le pire c'est que ça marche, en effet l’Amérique ne s’est jamais aussi bien portée tant économiquement que socialement. Mais qu'est-ce que la purge ? C'est simplement une nuit de douze heures, une fois par an, où il est possible de tuer et de faire du mal à qui l'on veut dans le but de décharger ses pulsions de destructions et de se défouler et où aucun service d'aide médicale ni policière n'ont le droit d'intervenir...


MON AVISLe film débute sur la présentation d'une famille bourgeoise vivant dans un lotissement de maisons individuelles friquées. Le père tient une boîte spécialisée dans la vente d'alarmes ultra sophistiquées ayant le vent en poupe. Cet homme ainsi que sa famille se préparent à vivre cloîtrés dans leur demeure durant cette fameuse nuit de la purge, seulement des événements vont faire basculer leur nuit dans un cauchemar profond.

Ahhh les joies de la traduction. Connu sous son nom original depuis un petit paquet de mois, American Nightmare cache en fait The Purge. À l'évocation de ce titre, on peut se poser trois questions : The Purge est-il un film d'horreur ? The Purge en est-elle une ? The Purge est-elle l'histoire d'un mec constipé coincé sur ses toilettes durant une heure et demi ? Heureusement la réponse est non à ces trois questions. Ce film mal vendu n'est pas un film d'horreur mais plutôt un thriller d'anticipation à suspense mêlant survival et action. Ce n'est pas un chef d’œuvre mais il n'en demeure pas moins qu'on passe un bon moment devant son écran. Et enfin ici, pas de problème gastrique.

Après son expérience sur Sinister, Ethan Hawke s'associe à la même maison de production ainsi qu'au réalisateur James DeMonaco pour signer cette bande. Mais alors quel est verdict ? Disons que je n'y allais pas confiant et qu'au final je fus surpris par quelques petites qualités inattendues. 

Tout d'abord le scénario, plus malin qu'il n'en a l'air, présente un double niveau de lecture qui peut faire froid dans le dos. En effet, dès le départ, si la famille se prépare à se protéger, certains voisins, eux, se préparent à l'éradication de masse civile. Oui, grâce à ce postulat original, le réalisateur installe le doute et la méfiance partout. Ici tout le monde peut durant cette nuit être à la fois bourreau et victime. Les personnages sont croqués certes un peu de manière artificielle, mais les caractères de ceux-ci sont assez marqués pour qu'on s'y attache.

Le film a aussi un léger côté politiquement incorrect tout à fait bienvenue. L'Amérique que l'on rencontre ici est à la fois fascinante et terrifiante car elle justifie ses génocides urbains en se galvanisant de leur réussite économique. Flippant, d'autant plus que cela est dépeint de façon très réaliste. Le film démarre fort avec cette ambiance délétère où la folie des hommes est au service de leurs réussites.

Puis, le film se vautre dans le survival plus classique, là où on aurait préféré plus d'ampleur, néanmoins la tension persiste et on s'immerge auprès de cette famille et du cauchemar qu'elle vit. Mais bon, ne soyons pas dupes, de nombreux clichés demeurent. Puis avec un tel sujet, un énorme regret revient à la charge dans notre esprit : pourquoi un si bon concept scénaristique se limite-t-il à faire du survival ultra balisé ? Dommage car si cette nuit de purge avait été filmée en pleine ville avec des enjeux plus fédérateurs et originaux cela aurait sans aucun doute plus intéressant.

Seulement voilà, à la vision du film, force est de constater qu'on ne peut s'empêcher de se dire que le scénariste à jouer un peu la carte de la facilité alors qu'un tel concept aurait pu être exploité avec plus d'ambitions.

American Nightmare reste malgré tout un film fort sympathique qui, si il est un peu facile, réserve de bons moments bien nerveux, riches en suspense et en action, le tout dans une ambiance froide et faussement lisse qui possède en plus un deuxième niveau de lecture tout à fait effrayant. En ces temps où l'originalité se meurt, il est donc fort agréable de regarder American Nightmare.

C'est drôle mais je suis en train de me dire que faire un film sur un mec constipé coincé sur ses chiottes pendant une heure et demi pourrait être très original et pourquoi pas intéressant. Avis aux scénaristes...


Romain DESHAYES

A LA POURSUITE DE DEMAIN (2015)

 

Titre français : A La Poursuite de Demain
Titre original : Tomorrowland
Réalisateur : Brad Bird
Scénariste : Brad Bird, Damon Lindelof
Musique : Michael Giacchino
Année : 2015
Pays : Usa, Espagne
Genre : Anticipation
Interdiction : /
Avec : George Clooney, Hugh Laurie, Britt Robertson, Raffey Cassidy...


L'HISTOIRE : Casey, une adolescente brillante et optimiste, douée d’une grande curiosité scientifique et Frank, un homme qui fut autrefois un jeune inventeur de génie avant de perdre ses illusions, s’embarquent pour une périlleuse mission. Leur but : découvrir les secrets d’un lieu mystérieux du nom de Tomorrowland, un endroit situé quelque part dans le temps et l’espace, qui ne semble exister que dans leur mémoire commune. Ce qu’ils y feront changera à jamais la face du monde… et leur propre destin !


MON AVISOn a parfois l'impression que Disney se fout un peu de ses productions, les lançant sans grande conviction, et avec une campagne promotionnelle très limitée. Ainsi, on avait très peu entendu parler de ce Tomorrowland, pourtant réalisé par l'excellent Brad Bird (Les Indestructibles, Ratatouille, Mission : Impossible - Protocole Fantôme), avec George Clooney (Gravity, Monuments Men...). Un traitement qui appelle un peu celui réservé à John Carter ou à Lone Ranger : c'est sûr que quand on produit des monstres de rentabilité comme les Avengers ou les futurs Star Wars, on n'a pas sans doute pas besoin de s'emmerder à mettre en avant les autres productions. Dommage.

Dommage oui, car A la Poursuite de Demain méritait une bien meilleure exposition. A l'image des précédents films de Brad Bird, il est en effet d'une incroyable générosité, brassant avec intelligence et humour des thèmes d'actualité, le tout avec un magnifique univers visuel lors des passages à Tomorrowland ou lors de passages très réussis, comme l'affrontement dans la boutique de produits dérivés ou le siège de la maison où se terre George Clooney.

Les relations entre les personnages sont également très réussies, avec des échanges vifs et jubilatoires entre Clooney, Robertson et Raffey Cassidy, ancrant encore davantage le film dans le divertissement familial qui semble issu des meilleures œuvres que le genre avait à offrir dans les années 80. Brad Bird renoue ainsi avec une anticipation intelligente et généreuse, faussement naïve, et réimplante une certaine magie (le film cite d'ailleurs ouvertement Jules Verne, Georges Méliès ou Nikola Tesla) que le film d'aventures semble avoir perdu ces dernières années, à l'exception de quelques films comme Hugo Cabret.

Passée une première partie un peu longue, A la Poursuite de Demain se révèle être un film d'aventures et d'anticipation enthousiasmant et intelligent comme on n'en fait plus assez, et une passerelle étonnante entre l'univers Disney et celui de Brad Bird. On ne regrettera en fait que quelques touches de manichéisme un peu malvenues (pourquoi faire de Hugh Laurie un méchant ?), mais ne boudons pas notre plaisir devant cette oeuvre riche, drôle et touchante que l'on adorera sans doute revoir en famille.




Steeve RAOULT

8TH WONDERLAND (2010)

 

Titre français : 8th Wonderland
Titre original : 8th Wonderland
Réalisateur : Nicolas Alberny, Jean Mach
Scénariste : Nicolas Alberny, Jean Mach
Musique : Nicolas Alberny
Année : 2010
Pays : France
Genre : Anticipation
Interdiction : /
Avec : Matthew Géczy, Alain Azerot, Robert William Bradford, Eloïssa Florez...


L'HISTOIRE : Pourquoi subir les conséquences de décisions auxquelles nous n'avons pris aucune part ? C'est à cette principale question que tentent de répondre des millions de personnes dispersées aux quatre coins du globe et déçues de la manière dont celui-ci évolue et est gouverné. Toutes guidées par le même désir d'améliorer les choses et de ne plus subir l'actualité sans réagir, elles décident de s'unir et par le biais d'Internet, créent le premier pays virtuel : 8th Wonderland. Ainsi, petit à petit, plusieurs individus se joignent au projet et décident de prendre en main leur futur, de le transformer, sans chef et sans hiérarchie, mais seulement un représentant choisi par tous, David, porte-parole de 8th Wonderland face aux médias. Ainsi, chaque semaine, tous ses habitants votent par référendum une proposition différente, afin de résister contre l'ultra-capitalisme et de faire face à la cupidité des politiques, guidés par des intérêts financiers obscurs. Mais au fur et à mesure que l'événement prend de l'ampleur et que les actions de cette communauté virtuelle deviennent de plus en plus nombreuses et sujettes à questionnements au sein même de ses membres, leurs interventions de par le monde commencent à inquiéter les gouvernements, qui vont essayer d'agir. Mais comment peut-on combattre un pays qui n'existe pas ?


MON AVISJuste parce que c'est trop hallucinant pour ne pas vous le dire et qu'après j'ai peur de l'oublier, dans ce film où aucun acteur n'est connu, ce qui ne facilite pas l'empathie vous le conviendrez, on a quand même et ce, dans leur propre rôle : Amanda Lear, Julien Lepers et … Nikos Aliagas ! Si ça ce n'est pas du casting ma bonne dame ! Mais bon, comme je l'ai dit plus haut, l'identification est difficile, puisqu'aucun protagoniste majeur n'émerge et cette absence de personnage saillant peut rendre le film artificiel pour certains, autrement dit peu crédible, ce qui est dommage car les messages qu'il véhicule nous concernent tous tant ils sont d'actualité !

Plutôt que de subir les décisions de dirigeants politiques qui n'ont en tête que le pouvoir et faire des bénéfices, mais aussi afin de cesser d'accepter sans bouger les lois absurdes et souvent liberticides au nom de la mondialisation et du profit à tout va, il faut se révolter. Il faut arrêter d'être passif et lutter avec ses moyens propres. C'est ça la démocratie directe : réagir maintenant et en nombre. 8th Wonderland (le pays de la huitième merveille) devient ainsi le point de départ de la résistance de ceux qui ne veulent plus qu'on leur impose ce à quoi ils n'ont pas souscrit. 8th Wonderland, c'est un pays virtuel né sur Internet et qui regroupe des hommes et des femmes de nationalités différentes refusant d'accepter la logique du profit au détriment des peuples. Comment agissent-ils ? Eh bien comme un pays démocratique, en débattant et en votant des lois toutes les semaines, entérinées à la majorité. Ils militent également sous d'autres formes passives : conférences, connexions, concertations, échanges et solidarité, mais aussi de manière plus active par le biais de grèves, manifestations, happenings, luttes festives et autres actions directes plus musclées (notamment le fait d'armes de poser des distributeurs de préservatifs sur les colonnes de la Place Saint-pierre, en plein centre du Vatican !).

8th Wonderland c'est aussi le film inventif de Jean Mach et Nicolas Alberny, deux jeunes réalisateurs français quasi inconnus, parlant de l'outil Internet comme facteur de démocratie directe afin de lutter contre le système et de redonner le pouvoir de décision au peuple afin d'échanger et agir sur des sujets aussi importants que les lois, l'écologie, le nucléaire, les dictatures, la condition des femmes, le travail des enfants, les inégalités sociales et de revenus, etc. 8th Wonderland c'est également le long-métrage de deux cinéastes voulant nous alerter sur les dérives que le Web peut engendrer. En effet, comment ne pas voir certains activistes de 8th Wonderland comme des terroristes qui en refusant de se soumettre à la norme et acquérir un pouvoir de décision certain peuvent, par leurs actions directes, dévier vers le terrorisme lorsqu'ils vont trop loin pour assouvir leurs idées (cf. la scène avec le clochard et celle avec les avions bombardant l'Iran) ? Maîtrise-t-on vraiment toujours ce que l'on crée ? Pour changer le monde, faut-il obligatoirement en arriver au crime, aux actes terroristes et par là même, se faire remarquer des médias ? Toutes ces interrogations, le film nous les assène en pleine face en dénonçant intelligemment les dérivations d'un tel phénomène qu'à la fin on peine à maîtriser et il nous met également en garde sur l'extension non contrôlée d'un réseau informatique.

8th Wonderland semble donc être (tout du moins en apparence) le pays idéal sur Internet : sans frontières, sans hiérarchie, sans dieu ni maître ! Toutefois, à un moment donné apparaît John MCLane (hommage au Bruce Willis de Die Hard ?). Qui est-il vraiment ? Le webmaster introuvable de 8th Wonderland ? Un usurpateur agissant en son nom ou au nom d'un quelconque Etat afin de discréditer la nouvelle puissance informatique mondiale ? On ne le saura jamais, à moins que…

Seul film français avec L'autre monde à parler de l'influence et des méfaits du Net sur les individus, 8th Wonderland se rapprocherait cependant plus de V pour vendetta par son côté anarchiste et sa population qui se montre de plus en plus subversive en se rebellant face au gouvernement en place. Peut-être qu'au fond, pour reconstruire et partir sur de nouvelles bases, rien ne vaut mieux qu'une bonne révolution ou une petite guerre civile des familles ? Et si c'était cela la solution !?

Parlons maintenant des quelques petits soucis de cohérences de cette première œuvre innovante. Comment se fait-il que personne ne connaisse ou n'arrive à rentrer en contact avec le webmaster du site ? Comment est-ce possible encore qu'aucun hacker, aucun service secret n'ait pu entrer sur le site en crackant les codes de protection ? Et comment font certaines personnes pour rejoindre le chalet perdu en pleine montagne suisse sans être inquiétées le moins du monde ? Que de questions, et j'en oublie sûrement, qui viennent ternir notre compréhension mais en aucun cas diminuer notre intérêt pour ce long-métrage pour le moins créatif et ô combien d'actualité !

Ainsi, en créant des liens informatisés à travers le monde et par-delà les frontières, les cultures, nous pouvons influer sur les débats et les grandes questions que se pose le Nouvel ordre mondial, résister ainsi aux dirigeants sous l'emprise des intérêts financiers et de la géopolitique capitaliste. Mais après, cela ne se fait pas sans heurts si l'on veut vraiment changer les choses en place. C'est le message primordial que 8th Wonderland semble vouloir transmettre. Plutôt qu'un film-choc, on parlera d'un film-prise de conscience : tout cela existe et on peut changer le futur, à nous d'agir. Malgré quelques incohérences scénaristiques, un manque de moyens évident mais pas pénalisant et l'absence d'une tête d'affiche suscitant une certaine identification, le film tient néanmoins la corde car tellement réaliste et proche de nous qu'il ne peut que titiller notre lucidité et nous pousser à réagir. Alors inscrivez-vous sur www.8thwonderland.com !




Vincent DUMENIL