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31 (2016)

 

Titre français : 31
Titre original : 31
Réalisateur : Rob Zombie
Scénariste : Rob Zombie
Musique : John 5
Année : 2016
Pays : Usa
Genre : Survival, tueurs fous
Interdiction : -16 ans
Avec : Sheri Moon Zombie, Lawrence Hilton-Jacobs, Meg Foster, Malcom McDowell...


L'HISTOIRE : Le 30 octobre 1975, Charly, Roscoe, Panda, Venus et Levon, cinq forains itinérants choisis au hasard, sont enlevés et retenus en otages dans un endroit appelé « Le monde du crime ». Durant la nuit d'Halloween, donc celle du 31 (d’où le titre du film), ils vont devoir survivre douze heures durant contre des protagonistes violents prêts à tout pour les éliminer. Ces derniers sont tous d’apparence et de profil psychologique bien distincts mais ont pour dénominateur commun d’être grimés en clown. Qui est derrière ce jeu sadique et brutal ? Mais surtout, en sortiront-ils tous indemnes ?


MON AVISLe dernier rejeton de Rob Zombie s'ouvre sur une citation énigmatique de Kafka : Un premier signe d'un début de connaissance, c'est le désir de mourir. Comprenne qui pourra ! Peu après, dans un noir et blanc épuré, une porte s'ouvre et apparaît une silhouette dans la lumière. Le public fait ainsi la connaissance de Doom-Head, un homme au maquillage de clown blanc, celui qui est supposé être triste, au regard halluciné discutant avec volubilité et une verve plutôt inspirée avec un homme assis et ligoté en face de lui, apparemment un révérend, avant de le massacrer à coups de hache. Puis, suit le générique du début avec nos cinq personnages principaux présentés partiellement à travers des films tournés en Super 8. Suivront des scènes prenant lieu et place dans leur camion de tournée où ils conversent et échangent leurs idées comme dans un métrage de Tarantino jusqu’à la scène d’enlèvement et la plongée dans le jeu de survie organisé par quelques vieux fortunés en quête de sensations fortes ayant loué les services de tueurs sans pitié…

On soulignera également une distribution colorée et éclectique pour un film dit de genre Bis avec surtout : la toujours ravissante Sheri Moon Zombie campant ici une incontestable survivante, Malcom McDowell (l’inoubliable Alex de Orange mécanique et ayant cachetonné dans un nombre incalculable de série B) interprétant l’organisateur du jeu mortel, sorte de vieux dandy tout défraîchi et sur la fin et surtout Richard Brake (une authentique sale tronche vue notamment dans Batman begins, Outpost, The incident), réellement impressionnant dans le rôle de Doom-Head, un psychopathe maniant le cran d’arrêt et les punchlines chocs comme personne, véritable star du film.

Il faut également noter que le père Rob, en tant que musicien, dote toujours ses films d’une bande originale chatoyante et variée. Une fois n’est donc pas coutume puisque l’on retrouvera, parmi de nombreuses joyeusetés et pour notre plus grand plaisir, du Beethoven (!), le savoureux California Dreamin’ des Mamas and Papas et surtout le morceau Dream On d’Aerosmith lors de la scène finale proprement dantesque. Ajoutons à cela une affiche magnifique et des bad guys complètement barrés et bien distincts, dont un nain psychopathe adepte du Troisième Reich mais parlant espagnol (!), un colosse allemand porté sur Le lac des cygnes et deux clowns munis de tronçonneuses (en hommage à Tobe Hooper ?) aux répliques hyper triviales, avouez que ça donne l’eau à la bouche, non ?

Ainsi, lorsque l’on évoque Rob Zombie, on reste sur les souvenirs de ses premiers longs-métrages, et l’on se dit qu’il a toujours quelque chose à apporter avec son ton si particulier et qu’il peut encore surprendre et déranger le spectateur. Malheureusement, avec 31, le père Robert semble vouloir faire un film peu risqué, malgré son passif d’indépendant génial et un superbe casting, avec des dialogues assez creux au final, mais surtout des scènes d’action vues et revues trop de fois d’autant qu’elles sont hyper prévisibles pour ceux qui ont vu au moins une dizaine de survivals dans leur vie ! On sent bien toutefois que Zombie veut faire peser sur son film une certaine amoralité et faire un métrage différent des standards américains à travers les idées, les décors, les costumes et certains protagonistes hauts en couleurs, mais la mayonnaise ne prend pas : certaines transitions sont plutôt hasardeuses et inutiles, quelques ressorts dramaturgiques n’ont pas lieu d’être, le tout est assemblé tant bien que mal et ce qu’il y a de plus triste, c’est qu’aucun des personnages ne suscite de véritable empathie car ils semblent tous destinés à se faire occire piteusement.

Certes, comme dans La Maison des 1000 Morts, Rob Zombie nous offre une sorte de bal sanglant grand-guignolesque où le morbide côtoie le grotesque, où les dialogues vulgaires se heurtent aux saillies bien senties, mais ce n’est pas son premier film, et compte tenu de ses antécédents, nous étions en droit d’attendre d’un réalisateur confirmé qu’il se transcende au lieu de nous offrir un survival basique nanti de quelques facilités scénaristiques, laissant par moments l’impression de perdre le fil mais surtout, qui ne s’élèvera jamais à la hauteur de ses deux premiers longs-métrages hautement subversifs ! On pourra toutefois sauver les séquences d'ouverture et de fermeture qui nous feront regretter qu'il n'ose plus se lâcher. Serait-il devenu trop sage ?

Ainsi, 31 s'avère être un survival version Running Man peu original qui se présente comme un jeu vidéo avec des personnages qui enchaînent les lieux et ennemis à chaque fois plus armés et plus déterminés que les précédents. C'est violent et sanglant mais finalement pas très gore et mieux vaut donc revoir les premiers métrages de Zombie pour plus d’outrances et de souffrances ! Reste toutefois deux superbes scènes et une magnifique bande-originale, c'est toujours mieux que rien en attendant la suite !





Vincent DUMENIL

3 FROM HELL (2019)

 

Titre français : 3 from Hell
Titre original : 3 from Hell
Réalisateur : Rob Zombie
Scénariste : Rob Zombie
Musique : Chris "Zeuss" Harris
Année : 2019
Pays : Etats-Unis
Genre : Tueurs fous
Interdiction : -12 ans
Avec : Sheri Moon Zombie, Bill Moseley, Richard Brake, Jeff Daniel Phillips, Bill Moseley...


L'HISTOIRE : Baby et Otis Firefly ainsi que le Captain Spaulding ont miraculeusement survécu à leur fusillade et sont jugés pour leurs exactions sanglantes. Largement couvert par les médias, leur procès devient célèbre à travers tous les États-Unis, le public affirmant que leurs crimes ont été commis afin de lutter contre le système ! Malgré cela, ils sont tous trois reconnus coupables de leurs forfaits. Alors que le Captain Spaulding est condamné à mort par injection létale, Otis et Baby ont pris perpète, mais vont-ils rester longtemps incarcérés ?


MON AVISCela fait environ une quinzaine d’années maintenant que nous suivons avec le plus vif intérêt la carrière de Rob Zombie, rocker reconverti dans le cinéma horrifique qui s’est construit, jusqu’en 2016, une filmographie incontournable avec, excusez du peu : La Maison des 1000 Morts, The Devils Rejects, Halloween 2007, Halloween 2 (2009) et The Lords of Salem. Puis en 2016, il sortait un long-métrage sobrement intitulé 31 et commettait là sa première fausse note car malgré une bande-originale littéralement sublime, deux, trois belles séquences et la présence au casting de Richard Brake, interprète formidable du clown Doom-Head et véritable révélation du film, ce projet s’était avéré son plus faible. Trois ans plus tard, l’annonce de la sortie du nouveau métrage de l’ami Rob était par conséquent attendue au tournant : allait-il retrouver de sa superbe ou bien resterait-il sur la pente descendante amorcée par 31 ?

C’est donc avec étonnement que l’on apprit la sortie d’un nouveau volet des aventures de la famille Firefly. Effectivement, pourquoi vouloir faire une suite à The Devils Rejects, le chef-d’œuvre crépusculaire de Zombie tellement culte, d’autant que les Rebuts du Diable avaient été laissés pour morts dans le film de 2005 !? Toutefois, l’excitation nous gagnait également de revoir ces serial-killers complètement barrés et même quand on sut que Sid Haig était malade, Zombie rassura les fans en garantissant l’intégration d’un nouveau personnage, Winslow Foxworth Coltrane alias Foxy, l’homme-loup de minuit, le demi-frère d’Otis et Baby, interprété par le fameux Richard Brake ! Que donne alors ce long-métrage suscitant des attentes diverses mais relativement élevées ?

Pour commencer, il faut préciser que ce dernier est divisé en trois parties malheureusement inégales. La première nous raconte la condition actuelle des Rejects à travers des extraits de journaux et autres émissions télévisées racoleuses avec force interviews. On apprend donc ce qu’il s’est passé après l’assaut clôturant le film précédent, les journalistes montrant bien à quel point le fait que la famille Firefly soit encore en vie, vu le nombre de balles qu’ils se sont pris dans le buffet, est totalement improbable. Tu m’étonnes ! Pour ne rien vous cacher, c’est clairement moyen comme partie, d’une part à cause du remplacement de Sid Haig qu’on ne voit que quelques minutes (mais quelles minutes, et quel monologue !) et qui a suscité la réécriture de plusieurs séquences mais d’autre part, à cause de scènes d’introduction et de développements trop longues. Bref, c’est bancal et décousu !

La seconde partie nous raconte l'évasion des personnages ainsi qu'une scène de home invasion faisant fortement penser à celle du motel du précédent opus mettant en scène les Firefly. C'est d'ailleurs l'un des plus gros défauts de ce film : la trop forte ressemblance avec son aîné ! Ce qui laisse à penser que Zombie est en manque d’inspiration totale et ce, même si la violence est toujours là et que les dialogues crus sont parfois drôles. Et ce n’est pas une gonzesse à poil qui se fait poignarder avec un gros couteau, une autre qui s’est faite scalpée le visage ou encore des tirs dans la tête à bout portant qui y changeront grand-chose : ça reste du déjà-vu !

Enfin, arrive la troisième partie, celle-ci se déroulant à Mexico. Ici, malgré des décors neufs, des partis-pris osés (Baby tuant des catcheurs mexicains avec un arc !) et l’apparition de nouveaux protagonistes tels que le nain coopératif, le barman retors ou les sympathiques prostituées, ça ressemble à un remake de The Devils Rejects et tombe rapidement dans la caricature. La structure est la même et Zombie pousse le vice de transférer les rôles d'anciens personnages à de nouveaux ! On retrouvera, en plus, une mise en scène quasi identique, des ralentis similaires et peu ou prou les mêmes chansons !

Alors certes, côté originalité, on a bien le droit à une escale, celle de Baby dans une prison pour femmes, cependant ça sent trop l’hommage appuyé au genre Women In Prison. Mais surtout, voir Sheri Moon Zombie exploser tout le monde, fille de deux mètres et matonnes comprises, en deux secondes et à mains nues ne semble gêner personne ! Alors quand on assistera à l’évasion d’Otis, on se rendra bien compte que Rob Zombie fait du n’importe quoi : comment, en effet, l’ennemi public numéro un fait des travaux d'intérêt général en plein air avec un seul gars armé derrière lui !?

Côté casting, on est à peine mieux loti entre un Sid Haig amoindri physiquement et uniquement présent les premières minutes, une Sheri Moon Zombie cabotinant à outrance, ce qui la rend complètement ridicule et un Bill Moseley moins fringuant qu’à l’accoutumée, on ne peut pas dire qu’on ait là de quoi s’extasier ! Même Richard Brake est sous-exploité et semble se contenter de donner la réplique mais il faut dire à sa décharge qu’être une pièce rapportée de dernière minute ne doit pas être facile ! Toutefois, certains spectateurs seront ravis de retrouver, parfois pour seulement quelques poignées de minutes seulement, pas mal de têtes connues dans des seconds rôles : Danny Trejo (l’incontournable Machete), Emilio Rivera (celui qui joue le méchant latino de service dans plein de séries), Clint Howard (vu dans une centaine de séries B comme Ticks Attack et complètement méconnaissable dans le rôle d’un clown débarquant au mauvais moment !), le nain Pancho Moler et Jeff Daniel Phillips en directeur de prison au look improbable (tous deux vus dans 31), Dee Wallace (La Colline a des Yeux, Hurlements) en gardienne sadique, mais c’est une bien maigre consolation !

Passant souvent d’un genre à l’autre en peu de temps, Rob Zombie semble ici expérimenter son savoir-faire ce qui rendra malheureusement l’ensemble incohérent et déséquilibré. Cela pourrait ne pas être si dérangeant que cela si le film avait des choses à raconter. Or, il n’en est rien ! L’ami Rob semble plagier ses précédents métrages, les acteurs sont devenus soit insipides, soit hystériques au possible et l’on assiste, impuissants, à la destruction d’une mythologie que le cinéaste saborde lui-même. On espère néanmoins, au vu de ce qu’il a pu réaliser auparavant, que Rob Zombie saura se reprendre rapidement, c’est tout le mal qu’on lui souhaite !




Vincent DUMENIL