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BARBAQUE (2021)

 

Titre français : Barbaque
Titre original : Barbaque
Réalisateur : Fabrice Eboué
Scénariste : Fabrice Eboué, Vincent Solignac
Musique : Guillaume Roussel
Année : 2021
Pays : France
Genre : Cannibale
Interdiction : /
Avec : Fabrice Eboué, Marina Foïs, Jean-François Cayrey, Virginie Hocq...


L'HISTOIRE : Un couple de bouchers voit leur commerce péricliter, tout comme leur vie intime qui commence à se ternir. Un jour, une bande de militants vegans s’en prennent à leur boutique mais Vincent ne va pas se laisser faire et va tuer accidentellement l’un d’eux devant sa femme Sophie. Afin de cacher le corps, notre meurtrier va le transformer en jambon que sa compagne va vendre par erreur. Et c’est un véritable succès : tout le quartier réclame cette viande extraordinaire ! En cette période financièrement compliquée, ce phénomène semble tomber à pic…


MON AVISQuatrième film de Fabrice Eboué,  Barbaque est clairement celui qui nous intéresse le plus à Horreur.com dans la filmographie de l’humoriste-acteur-réalisateur et pour cause, ce dernier traite du cannibalisme, met en scène un couple de tueurs en série et rappelle d’ailleurs un certain Les Bouchers Verts, film danois d’Anders Thomas Jensen sorti en 2003, soit presque 20 ans après le film français dont il est question ici. Impossible en effet de ne pas penser à cette comédie noire dont Fabrice Eboué s’est très probablement inspiré.

Les films de cannibales, cela nous connait à Horreur.com mais pas de jungle et d’indigènes ici : nous sommes en plein milieu urbain, avec un peu de rural quand-même pour les chasses à l’homme, histoire de moins se faire repérer, et surtout dans une comédie noire. Exit les Cannibal Holocaust, Cannibal Ferox et autres bisseries transalpines et place à une comédie française ayant pas mal fait parler d’elle.

En effet, le film de Fabrice Eboué a été très médiatisé, grâce notamment au nom de son réalisateur et à son pitch qui avait de quoi émoustiller le grand public. Peut-être un peu moins les fantasticophiles que nous sommes pour la plupart mais nous laissions toutefois traîner nos oreilles derrière les premiers échos. Hé oui, le cannibalisme dégoûte mais intrigue / fascine / attire également, en témoigne un certain Grave de Julia Ducournau qui, après une énorme tournée en festivals, a su se faire connaître de bon nombre de cinéphiles et notamment certains n’approchant que très rarement le cinéma de genre.

Et même si nous ne rions pas non plus aux éclats devant Barbaque, force est de constater que cette histoire, assez simple sur le papier, fonctionne plutôt bien et nous amuse assez souvent. Nous prenons en effet beaucoup de plaisir à suivre ce couple passé de simples bouchers de quartier à des serial-killers faisant fructifier le capital de leur établissement en laissant derrière eux de nombreux cadavres transformés en jambons, travers, sautés et autres saucisses pour leurs fidèles clients venus en masse déguster cette viande sans équivalent sur le marché.

Et même si nous pourrons reprocher au scénario de rapidement tourner en rond et de devenir un brin répétitif (les meurtres se succèdent et les bouchers font et refont des découpes pour leur clientèle), les quelques péripéties bienvenues, plus ou moins prévisibles toutefois, sauront nous maintenir en haleine jusqu’au final quelque peu soudain il faut le reconnaître également. Bref, une histoire qui ne casse pas trois pattes à un canard mais qui fait le job et nous fait passer un agréable moment grâce à cet humour noir omniprésent et c’est si rare dans les comédies françaises d’aujourd’hui dont les très bonnes surprises se comptent sur les doigts d’une seule main chaque année.

Bon, il faut bien dire aussi que l’une des thématiques abordées, le veganisme, qui est au cœur du métrage au même titre que le cannibalisme, est d’actualité et cela est à prendre en compte dans le petit succès du film sur le territoire. Enfin, le duo d’acteurs principaux n’est pas en reste et participe grandement à la petite réussite du film.

Car outre un Fabrice Eboué himself dans le rôle de Vincent le boucher, nous avons à ses côtés une Marina Foïs en grande forme. A eux deux, ils forment un duo amusant, maladroit mais déterminé et prêt à tout pour sauver leur commerce et leur couple. Et même si l’idée, dont le point de départ est un meurtre accidentel, vient de Vincent, c’est bel et bien sa femme Sophie qui tire les ficelles et pousse son mari à faire empirer la situation et à se transformer en l’un de ces serial-killers dont elle écoute les méfaits dans son émission télé préférée axée sur ces barbares sanguinaires. On retrouve d’ailleurs Christophe Hondelatte dans une version parodique de Faites entrer l’accusé. Un rapport de force qui semble parfois vouloir s’inverser mais non : on en revient presque toujours à une Sophie forte et véritable tête pensante décisionnaire dans notre binôme de tueurs en série tandis que Vincent joue plus le rôle du bon soldat, celui qui se tape la sale besogne (meurtre, découpage et transformation du corps) même si ses sauts d’humeur font bien souvent mouche auprès d’un public friand de gags, d’humour noir et de situations prêtant à sourire.

Et nos serial-killers en herbe ne font pas dans la dentelle et ont un protocole bien huilé : la cible idéale est l’homme vegan, bien grassouillet pour donner une viande persillée plus savoureuse forcément, et surtout en pleine forme ! Ne surtout pas stresser la proie ou choisir une personne anxieuse risque de donner de la viande dure et moins appréciable ! Nous suivons donc notre duo de tueurs dans le milieu des militants vegan, se joignant à leurs manifestations / rassemblements ou cherchant à les rallier en faisant de la propagande en faveur du veganisme dans la rue. La suite est toujours la même : suivre la proie choisie, l’exécuter loin des regards et ramener le corps à la boucherie familiale. On s’amusera notamment devant un passage où l’on compare Vincent à de nombreux prédateurs terrestres/aquatiques animaux, mimant ces derniers au moment d’attaquer ses malheureuses proies.

Et que dire de nos vegan, cibles privilégiées de nos deux bouchers tueurs ? Des personnages parfois hauts en couleurs, dont le vegan transgenre, qualifié de Graal par notre duo de tueurs, et qui vaut son pesant de cacahuètes ! La course-poursuite avec ce dernier demeurera l’un des meilleurs moments du film, tout comme la mise à mort de l’homosexuel pratiquant du yoga en plein air ! Des personnages sacrément perchés pour certains et on retiendra le savoureux moment où le gendre de Vincent et Sophie les remballe à tours de bras lors de chaque plat d’un repas de famille qui tourne au cauchemar éveillé pour les hôtes.

Alors oui, encore une fois on dira que le film devient répétitif dans sa seconde période mais on continue malgré tout à prendre un malin plaisir à voir notre duo Eboué Foïs s’attaquer sans répit à la population vegan de leur ville, sans que cela ne semble perturber l’un des gendarmes de la ville mis sur l’enquête mais qui semble bien plus intéressé par la viande de vegan de Vincent et Sophie que par ce mystère qui entoure la disparition de toutes ces personnes. Encore un personnage amusant qui ne manquera pas de vous faire sourire de par son manque indéniable de professionnalisme et son désintérêt vis-à-vis de l’enquête.

Et l’humour noir et trash n’en finit plus au fil des nouvelles proies de notre duo de tueurs : du vegan toujours bien évidemment mais on s’en prend à des gros, des noirs, des homosexuels, des transgenres et on en vient même à parler de juif et de petit enfant. Et les pieds, mains ou encore pénis coupés volent dans les seaux quand ce n’est pas dans la bouche du clébard ! Et que tu sois pro-vegan ou au contraire amateur de viandes et ami des bouchers, tu y trouveras ton compte car Fabrice Eboué tape aussi bien sur l’un que sur l’autre comme il prend partie aussi bien pour l’un que pour l’autre, au moins il ne se mettra personne à dos, malin le gaillard.

Fabrice Eboué aime la comédie et les serial-killers, il est d’ailleurs un très grand fan du film C’est Arrivé près de chez Vous. Son film Barbaque est donc un projet qui lui tenait à cœur et ce dernier est dans l’ensemble plutôt réussi. Drôle et moqueur sur bien des courants de pensées, son film est un vrai condensé d’humour noir qui vous fera passer un agréable moment. De l’humour noir de ce type, j’en redemande et encore plus quand c’est français comme ici tiens !




David MAURICE

ANTHROPOPHAGOUS 2000 (1999)

 

Titre français : Anthropophagous 2000
Titre original : Anthropophagous 2000
Réalisateur : Andreas Schnaas
Scénariste : Karl-Heinz Geisendorf
Musique : Marc Trinkhaus
Année : 1999
Pays : Allemagne
Genre : Cannibale, gore
Interdiction : -16 ans
Avec : Oliver Sauer, Cornelia de Pablos, Andreas Stoeck, Achim Kohlhase...


L'HISTOIRE : Une bande d'amis se retrouvent dans une bourgade italienne isolée afin d'y passer des vacances. Mais lorsque le camping-car tombe en panne, c'est le drame. La femme enceinte du groupe se foule la cheville en tentant de descendre du véhicule. Le guitariste va alors se dévouer pour veiller sur la future mère pendant que les autres se rendent au village. A leur grande surprise, la petite commune est totalement déserte. Les trois amis décident donc de pénétrer dans une maison. Grand mal leur en prend, les habitants ont été massacrés sauvagement et laissés aux asticots et à la poussière. Sur le sol traîne un journal mentionnant une ville entière massacrée par un maniaque...


MON AVISEn 1999 le réalisateur culte Joe D'amato décède. Il n'en faut pas plus à Andreas Schnaas pour attraper sa caméra pour un hommage au réalisateur trash italien. Malheureusement Joe D'Amato n'a pas vraiment brillé pour son savoir faire et a, tout au long de sa carrière, accumulé les navets douteux (Porno Holocaust

Parmi les films qui se détachent plus particulièrement de la masse : Anthropophagous, réalisé en 1980. Célèbre grâce à une seule scène, celle dans laquelle le spectateur voit le monstre joué par George Eastman dévorer un fœtus. C'est un peu léger. Les mauvaise langues pourront dire que la multitude de titres sous laquelle le métrage se cache expliquerait de façon plus rationnelle la renommée du film.

Mais retournons à notre cher Andreas Schnaas, et à son hommage baptisé tout simplement Anthropophagous 2000. l'Allemand avoue que le matériau original, malgré son statut culte, manque cruellement d'énergie. Ainsi il va tenter d'insuffler à la bobine poussiéreuse un peu de mordant, ce qui pour le cinéaste allemand se traduit par Vas-y Andy, lésines pas sur le sang !

Pour être sanglant, Anthropophagous 2000 l'est ! Les tripes et les membres volent, les hurlements des protagonistes se transforment rapidement en gargouillis gorgés de sang… Mais est-ce réellement ce que vous désiriez ? En effet le film n'en a pas pour autant acquis une énergie transcendante qui va coller mémé aux accoudoirs du fauteuil et envoyer votre chat taquiner le plafond. Il serait en fait raisonnable de soutenir le contraire. Schnaas s'égare dans une bouillie sanglante sans personnalité et présente un métrage gore sans charme.

Les effets spéciaux cheap n'y sont pas étrangers. Au lieu d'être dégoûté (ou même amusé) l'amoureux de splatter ne va trouver ici que matière a déception. Pour se consoler le spectateur pourra se dire que Schnaas lui a fait grâce d'effets numériques douteux. Mais les pauvres mannequins coiffés de façon à ressembler à la victime ne font pas illusion. Certes certaines prothèses remplissent leurs rôles - particulièrement lors des éventrements - mais rien d'exceptionnel.

Pourtant le plus navrant reste à venir : afin de rendre un hommage comme il se doit à l'original, Schnaas a fait appel pour la première fois a des acteurs professionnels. Bien. Certes. Hum. Étrangement, la différence ne saute pas aux yeux. Ça sent toujours autant l'amateurisme à plein nez.

Ce qu'il manque à ce film pour être satisfaisant ? Des effets dignes de ce nom et des acteurs crédibles de A à Z. Le sujet ne prête pas à l'humour, et l'ambiance est sensée être poisseuse et malsaine au possible, ces deux ingrédients sont donc indispensables.

Pour pinailler encore un peu plus, j'ajouterais qu'une musique plus pesante aurait été la bienvenue. Toutefois, le cinéma indépendant – particulièrement lorsqu'il lorgne du côté du gore – étant ce qu'il est, on pardonnera aisément le manque de moyens. C'est d'autant plus dommage qu'avec des moyens à la hauteur de ses ambitions, Schnaas ferait des merveilles de gore. Là, son film donne largement à rehausser le Anthropophagous de d'Amato, nettement plus réussi il faut bien l'avouer !




Colin VETTIER

ANTHROPOPHAGOUS (1980)

 

Titre français : Anthropophagous
Titre original : Anthropophagous
Réalisateur : Joe d'Amato
Scénariste : Joe d'Amato, George Eastman
Musique : Marcello Giombini
Année : 1980
Pays : Italie
Genre : Cannibale
Interdiction : -16 ans
Avec : Tisa Farrow, Saverio Vallone, George Eastman, Serena Grandi...


L'HISTOIRE : De jeunes amis se rendent sur une île grecque pour se divertir. Ils découvrent un village vide de tout occupant. Une de leurs amies disparaît. Après l'avoir recherchée, ils décident de passer la nuit dans une maison apparemment abandonnée. Dans la cave de la maison, ils découvrent une jeune fille complètement terrifiée cachée dans un tonneau. La jeune fille leur raconte qu'elle tente d'échapper à un homme qui aurait mangé tous les habitants de l'île. La peur commence à gagner le groupe...


MON AVISL’homme qui se mange lui-même. Si ça ce n’est pas de l’accroche publicitaire choc ! J’ai longtemps fantasmé sur la jaquette de la VHS quand j’étais adolescent, me demandant quelles sortes d’horreurs pouvait proposer ce film. Un film qui a subi le syndrome Massacre à la Tronçonneuse, à savoir se coltiner une réputation d’œuvre hyper gore et scandaleuse par des personnes qui soit ne l’ont pas vu, soit sont vraiment hyper émotives et se mettent à tomber dans les pommes devant une légère entaille au couteau qui laisserait surgir une petite goutte de sang. Classé parmi les Vidéos Nasties en Angleterre, interdit dans de nombreux pays, Anthropophagous laissait planer une odeur de souffre sur sa pellicule de la même manière que le film de Tobe Hooper ou le Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato. Qu’en est-il au final ?

Aristide Massaccesi, plus connu sous le pseudo de Joe d’Amato, était plutôt spécialisé dans les films érotiques, notamment ceux mettant en scène son égérie Laura Gemser dans la série des Black Emanuelle avant de se lancer dans le film d’horreur pur et dur. Il avait déjà inclus des éléments horrifiques dans ses films, comme dans Emanuelle et les derniers Cannibales en 1977 par exemple, mais c’est réellement en 1979 qu’il va s’affirmer dans le genre horrifique avec son chef d’œuvre Blue Holocaust. Fort de ce succès, il récidive l’année suivante avec Anthropophagous, puis avec Horrible en 1981 avant d’ajouter d’autres cordes à son arc avec des films post-nuke ou d’héroïc-fantasy (2020 Texas Gladiator, Ator l’invincible, Le Gladiateur du Futur) pour finir par replonger dans les délices du cinéma érotique et pornographique, lui permettant d’avoir une imposante filmographie d’environ 200 films, faisant de lui une référence du cinéma Bis italien.

Vers la fin des années 70, les films de cannibales ont le vent en poupe en Italie, avec les succès de Le Dernier Monde Cannibale ou de La Montagne du Dieu Cannibale par exemple. Ruggero Deodato réalise Cannibal Holocaust en 1980 qui sera suivi l’année suivante par Cannibal Ferox de son confrère Umberto Lenzi. Joe d’Amato, après avoir confronté Emanuelle aux cannibales en 1977 décide de revenir au genre lui aussi en 1980 mais de manière originale et différente. En effet, point de forêt vierge ou d’enfer vert dans son célèbre Anthropophagous, ni de peuplade cannibale d’ailleurs. Non, juste un anthropophage dans une petite île de Grèce. Pas évident dès lors de rivaliser en horreur avec les autres films du genre quand on n’a qu’un seul cannibale à filmer me direz-vous. Détrompez-vous, en habile artisan, Joe d’Amato a réussi son coup et nous livre un film d’horreur très réussi, mais qu’il faut remettre dans son contexte d’époque car il faut quand même avouer que celui-ci a bien vieilli, même s’il reste assez efficace.

S’il est bien un élément qui fait que le film semble très daté, c’est indiscutablement la musique qui accompagne les images. On peut même se demander si elle n’était déjà pas en retard à la sortie du film en salle. Mais pour être plus précis, ce n’est pas toute la partition sonore qui est datée mais seulement certaines parties car lors des quelques séquences de terreur, elle joue parfaitement son rôle.

Du côté des acteurs, on retrouve Tisa Farrow, sœur de Mia, qui n’a pas trop de chance avec les mangeurs de chairs humaines puisqu’elle était déjà confrontée à des morts vivants l’année précédente dans L’Enfer des Zombies de Lucio Fulci. Egalement au casting, la blonde Rubina Rey, qu’on retrouvera pendue par les seins dans Cannibal Ferox en 1981. Chez les garçons, mis à part George Eastman, point de visage connu si ce n’est Mark Bodin que les fans de cinéma italien ont pu voir dans Le Monstre Attaque la même année. Dans l’ensemble, les prestations ne resteront pas dans les annales et s’avèrent d’un niveau moyen.

Par contre, celui qui tire son épingle du jeu, c’est incontestablement George Eastman, qui incarne l’anthropophage. Sa silhouette de géant et son look dans ce film (crâne dégarni avec de longues mèches de cheveux sur les côtés, marche lente, dentition pourrie, visage abîmé par le soleil et regard halluciné) en font une figure emblématique du cinéma fantastique, un monstre au vrai sens du terme. Sa première apparition, après plus de 40 minutes de film environ, restera à jamais gravée dans les mémoires. Un peu comme la première apparition de Leatherface dans Massacre à la Tronçonneuse. D’ailleurs, la structure narrative d’Anthropophagous n’est pas sans rappeler celle du film d’Hooper, avec un long préambule permettant de découvrir les personnages, mise en place d’une ambiance malsaine et horrifiante par petites touches successives avant le déferlement d’horreur, sans toutefois concéder au gore, si ce n’est par deux scènes chocs pour le film de d’Amato, scènes qui lui valurent cette réputation de monument du gore. Mais soyons réalistes, Anthropophagous joue dans la même cour que le film de Tobe Hooper, à savoir le film d’ambiance et de terreur.

En effet, après une introduction choc sur une plage qui nous met bien dans l’ambiance et qui n’est pas sans rappeler celle du Maniac de William Lustig (pourtant réalisé la même année, c’est marrant ça…), on assiste donc à une longue présentation des personnages et à des situations somme toute banales mais qui procèdent à amener progressivement un sentiment oppressant chez le spectateur et à faire monter la tension de ce dernier. Déambulation des protagonistes dans le petit village qui semble désespérément abandonné. Meurtre du capitaine du bateau et enlèvement d’une femme enceinte restée à bord pour cause de foulure de cheville. Découverte d’une vaste demeure dans laquelle une femme se pend sous les yeux de notre petit groupe. Découverte également dans une cave d’une jeune fille aveugle complètement terrorisée (scène excellente dans sa réalisation et dans l’effet choc qu’elle procure !). Petit à petit, et malgré des invraisemblances typiques à ce genre de films (pourquoi les protagonistes ne s’inquiètent pas davantage quand ils voient leur bateau au large au lieu d’être amarré ? Pourquoi ne dorment-ils pas tous ensembles dans la maison au lieu de se séparer dans des pièces voisines ?), Joe d’Amato instaure un vrai climat angoissant, renforcé par un violent orage et par l’absence d’éclairage dans la maison, ce qui nous vaut des déplacements uniquement éclairés par des bougies qui installent le suspense et la peur.

L’ambiance morbide qui s’installe et se dégage du film est également amplifiée par les scènes où l’on visite le repaire du cannibale, où sont entreposés de nombreux corps en état de décomposition ou sous la forme de squelettes, ou lorsqu’une des héroïnes découvre une pièce cachée dans la maison où des corps sans vie sont recouverts d’un drap.

Bien malin également le fait que Joe d’Amato nous explique le pourquoi du comportement de l’anthropophage, sous la forme d’un flashback qui nous ferait presque prendre en pitié cette créature dévoreuse de chair. Qui sait si nous n’aurions pas agi de la même façon dans pareille situation ?

Terminons cette critique en parlant des deux scènes chocs qui ont valu au film sa réputation toujours bien installée dans les mémoires, même aujourd’hui, et surtout pour ceux qui n’ont jamais vu le film. La première, celle de tous les excès, nous montre le cannibale extirper le fœtus de la femme enceinte pour le dévorer. Même si une telle scène, sûrement irréalisable de nos jours, a tout de la scène choc gratuite et faite pour écœurer le public, il n’en reste qu’elle apparaît comme bien sobre, du fait qu’elle se déroule dans une crypte pas très éclairée et qu’elle ne dure pas très longtemps non plus. Mais pour les estomacs fragiles, elle peut faire son petit effet.

La seconde scène choc et culte, c’est bien sûr celle où notre pauvre anthropophage se prend un coup de pioche dans le ventre et ne peut se refréner à porter à sa bouche ses viscères encore toutes chaudes qui sortent de son ventre et qui justifie donc ce slogan de L’homme qui se mange lui-même !

Au final, Anthropophagous de par son rythme plutôt lent et son peu de scènes gores, pourra décevoir le public contemporain, qui lui préférera peut-être le remake Anthropophagous 2000 réalisé par Andreas Schnaas. Pour ma part, je trouve que le film de Joe d’Amato a beaucoup de charme et que, malgré un petit côté vieillot, il fonctionne encore assez bien, notamment grâce au jeu de George Eastman, particulièrement terrifiant (la scène où il sort lentement du puits, brrrr, à frémir d’effroi !). Bref, si vous êtes amateurs de film d’ambiance, où la terreur pointe petit à petit le bout de son nez, vous aimerez sûrement cet Anthropophagous !




Stéphane ERBISTI

ESCLAVE BLONDE - L' (1985)

 

Titre français : L'Esclave Blonde
Titre alternatif : Amazonia - l'Esclave Blonde
Titre original : Schiave Bianche - Violenza in Amazzonia
Réalisateur : Mario Gariazzo
Scénariste Francesco Prosperi
Musique Franco Companino
Année : 1985
Pays : Italie
Genre : Cannibale
Interdiction : -16 ans
Avec Elvire Audray, Alvaro Gonzales, Neal Berger, James Boyle, Jessica Bridges...


L'HISTOIRE : Catherine Miles raconte à un journaliste la tragique aventure qui l'a poussé à commettre un double-meurtre. Âgée de 18 ans, Catherine part avec ses parents en Amazonie. Alors qu'ils naviguent sur le fleuve, leur embarcation est attaquée par des indigènes. Catherine n'a que le temps de voir ses parents se faire couper la tête avant de sombrer dans l'inconscience. N'ayant pas été tuée, Catherine se retrouve prisonnière de la tribu d'indigènes. L'un des natifs, Umukaï, tombe sous son charme et va la protéger. Elle subira néanmoins quelques humiliations avant d'être acceptée par la tribu. Mais elle garde en elle son désir de vengeance...


MON AVIS : Même si, pour plus de commodités, on a tendance à classer L'Esclave Blonde dans la catégorie des films de cannibales, ce n'en est pas vraiment un comme on pourrait le penser. En effet, la tribu qui enlève Catherine ne pratique pas le cannibalisme, juste le découpage de têtes, ce qui n'est déjà pas si mal ! 

Cette petite mise au point étant faite, parlons un peu du film lui-même. C'est un honnête film d'aventure dans la jungle, dans lequel on retrouve les principaux codes du genre, à savoir : grands espaces verts hostiles, séquences avec des animaux (provenant de documentaire divers, avec changement de la netteté de l'image et de la colorimétrie par rapport au reste du film), indigènes aux coutumes barbares et l'arrivée dans tout ce petit monde de l'homme blanc. Comme vous le voyez, tout est bien balisé dans ce film de Mario Gariazzo, qui a utilisé du pseudo américain de Roy Garret, et scénarisé par Francesco Prosperi

Ici, c'est une jeune fille blonde qui devient le centre d'intérêt du film, logique vu son titre. L'actrice incarnant Catherine Miles, à savoir Elvire Audray, ne manquera pas d’émoustiller le public masculin puisqu'elle  se retrouve souvent nue mais ce sera la seule touche d'érotisme de L'Esclave Blonde. Par contre, ne vous laissez pas abuser par les prétendues images d'archives qui nous montre la vraie Catherine Miles ! Tout cela n'est que mise en scène pour nous faire croire que ce film est basé sur une histoire vraie, ce qui est totalement faux. Il est par ailleurs amusant de constater que le film de Mario Gariazzo possède une base scénaristique assez proche de La Forêt d’Émeraude de John Boorman, réalisé la même année. Les Italiens ne sont pas à un pompage près... 

Les quelques scènes gores proposées sont bien légères comparées à celles de Cannibal Ferox par exemple. Têtes coupées, jambes déchiquetées par une mâchoire de crocodile, flèche au curare dans l’œil et tête rongée par des insectes seront les réjouissances auxquelles nous aurons affaire. Les effets spéciaux sont approximatifs et assez grossiers.

Tout ça semble un peu léger pour faire un bon film, si on rajoute en plus le jeu assez terne des acteurs. Mais L'Esclave Blonde à d'autres atouts. Une jolie partition musicale, de splendides paysages, une love-story entre Catherine et Umukaï, et un certain charme qui fait qu'on ne s'ennuie pas pendant la vision du film. Il est clair qu'il ne trouvera pas son public si celui-ci s'attend à un cannibal movie pur jus. Mais si on le prend pour ce qu'il est, un film de jungle donc, et qu'on se laisse charmer par ce je ne sais quoi qui fait que..., L'Esclave Blonde mérite d'être découvert. A noter que le film est souvent présenté sous son titre français alternatif d'Amazonia - l'Esclave Blonde.




Stéphane ERBISTI

AFFAMÉS (2009)


Titre français : Affamés
Titre original : Hunger
Réalisateur : Steven Hentges
Scénariste L.D. Goffigan
Musique : John Califra
Année : 2009
Pays : Usa
Genre : Cannibale
Interdiction : -12 ans
Avec Lori Heuring, Linden Ashby, Joe Egender, Lea Kohl, Julian Rojas, Laura Albyn...


L'HISTOIRE : Traumatisé par un accident de la route qu'il a vécu lorsqu'il n'était qu'un enfant et qui l'a obligé à dévorer la chair de sa mère décédée pour rester en vie, un homme kidnappe des inconnus et les place dans un endroit confiné avec uniquement de l'eau afin de tester leur résistance à "la faim", les surveillant via des caméras et les étudiant afin de vérifier la thèse qui dit que le corps humain peut résister 30 jours sans nourriture. Et après ?


MON AVISTrès sympathique découverte que ce Affamés qui, à l'instar du film Les Survivants de Frank Marshall (qui est basé sur une histoire véridique), nous met dans la peau de personnages qui vont devoir commettre l'abominable pour survivre à une situation désespérée. Petit film indépendant sans gros budget, Affamés réussit à captiver et à maintenir un intérêt constant, tout en instaurant une tension dramatique et psychologique assez oppressante, malgré quelques défauts qui viennent légèrement amoindrir la crédibilité de ce qui se passe à l'écran.

Après un petit quart d'heure où il ne se passe pas grand chose, le film commence à trouver son rythme et les amateurs de huis clos étouffant y trouveront sûrement leur compte. Le décor principal est en effet une sorte de puits possédant deux pièces distinctes, dont l'une est composée de gros barils contenant les 750 litres d'eau qui permettront (ou pas) aux personnages de tenir le coup, l'estomac complètement vide, ainsi qu'un trou creusé dans le sol et qui servira de WC. Autant dire qu'on n'a franchement pas envie d'être avec les protagonistes et c'est l'une des forces du film, à savoir : nous confronter à cette situation et nous faire nous questionner sur comment aurait-on réagi en pareil cas ? Parce que passer 30 jours sans rien manger, il y a de quoi devenir fou. Et on comprend alors aisément que certains personnages le deviennent, craquent, se transformant en danger plus que potentiel pour le reste du groupe.

Plus les jours passent, plus les tensions entre personnages grandissent et plus de noires pensées se mettent alors à germer dans l'esprit des uns et des autres. Des pensées qui feront commettre l'irréparable à certains. Si vous avez vu Les Survivants, vous avez bien sûr compris que la seule façon de ne pas mourir de faim, c'est de…manger les autres. Sans céder à la facilité, le réalisateur fait naître l'horreur de manière d'abord psychologique, parvient à instaurer un certain suspense (la séquence où deux adolescents découvrent l'entrée du puits et comprennent que des hommes et des femmes sont retenus prisonniers à l'intérieur), avant de la faire déferler de façon plus frontale, avec quelques séquences de festin anthropophage qui provoque un rapide dégoût. Bien sûr, on trouvera étrange que les personnages ne maigrissent pas d'avantage (malgré des effets de maquillages assez réussis) ou que les hommes ne voient pas leurs barbes pousser. Mais ces petits détails sont assez superflus en fait et passent au second plan de cette expérience extrême poussant l'être humain dans ses plus profonds retranchements.

Bénéficiant d'un casting assez rigoureux (qui n'évite certes pas les stéréotypes au niveau des personnages), dont l'excellente Lori Heuring, d'un climat angoissant et malsain, d'un scénario intelligent, nous rappelant le premier Saw par certains aspects, Affamés se révèle intéressant à plus d'un titre et pour un DTV inédit, il remplit parfaitement son contrat, surtout qu'il est bien filmé et s'avère nettement plus passionnant que la majorité des DTV qui débarquent actuellement. Du cannibalisme forcé, justifié par l'instinct de survie de l'être humain, voilà ce que vous propose Affamés, film d'horreur psychologique qui devrait séduire le plus grand nombre…



Stéphane ERBISTI