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BLANCHE NEIGE ET LE CHASSEUR (2012)



L'HISTOIRE : Dans une réécriture du conte des frères Grimm, le chasseur supposé tuer Blanche Neige dans les bois devient son protecteur et son mentor afin de monter une armée pour reconquérir le royaume, et libérer le peuple du joug de l'impitoyable Reine Ravenna...


MON AVIS : L’année 2012 voit apparaître au cinéma deux films narrant les aventures de Blanche Neige, tirés tous deux du célèbre conte des frères Grimm. Alors que le premier, mettant en scène Julia Roberts, est destiné à un public plutôt jeune, le second est quant à lui bien plus sombre et s’apparente bien plus à un film d’heroïc-fantasy.

Réalisé par un certain Rupert Sanders, qui jusqu’alors n’a travaillé que dans la publicité audiovisuelle, ce second film intitulé Blanche-Neige et le Chasseur a fait un joli score au box-office américain et siège fièrement à la seconde place du box-office français en cette fin de juin 2012, derrière un certain Madagascar 3, bons baisers d’Europe. Fort d’une bande-annonce énergique, rappelant entre autres la saga culte de Peter Jackson Le Seigneur des Anneaux, ce premier film de Rupert Sanders ne passe pas inaperçu et fait rapidement oublier le premier film mettant en scène la belle Blanche Neige en cette année 2012. Mais qu’en est-il réellement de cette nouvelle adaptation du conte des frères Grimm ?

Comme dit avant, cette nouvelle version du conte de Blanche Neige est assez sombre, bien plus proche d’un Seigneur des Anneaux que du dessin animé de Disney. Mélange d’heroïc fantasy et de film épique, Blanche-Neige et le Chasseur nous gratifie donc de jolis monstres, certes très rares mais bien modélisés (un Troll un poil énervé, des monstres ailés dans une forêt des plus menaçantes, des guerriers sombres venus des Enfers…), mais également de scènes de bataille, de siège de château…

Mais, alors que la bande-annonce pouvait laisser espérer un rythme des plus haletants, il s’avère que le film de Rupert Sanders en manque cruellement par moments. Les scènes dites spectaculaires demeurent en effet peu nombreuses et sont séparées par des séquences de dialogues un brin trop longues, même si l’on demeure très loin du désastreux et soporifique épisode de La Boussole d’Or avec Nicole Kidman. Par ailleurs, on reprochera aux scènes d’action de pas être assez étoffées, notamment les scènes de batailles qui sont bien communes et dont le manque de créativité fait que le long-métrage critiqué ici souffre immanquablement de la comparaison avec des films épiques bien meilleurs sortis antérieurement. Un manque d’originalité qui lasse par moments le spectateur parfois trop (très) habitué à ce genre de cinéma.

Ne boudons cependant pas notre plaisir devant cette sympathique aventure, certes simple mais reprenant avec quelques touches fantastiques (un Troll terrifiant et des êtres imaginaires de toutes tailles), humoristiques (les nains à la retraite) et sentimentales (le lien qui se crée entre le chasseur et Blanche Neige) le conte des frères Grimm. Certes, le conte original est fortement remanié ici mais les idées de base demeurent encore présentes tout au long du film, même si ces dernières n’ont pas forcément les mêmes finalités. On appréciera par contre que le film de Rupert Sanders ne tombe pas trop rapidement dans la facilité, notamment en ce qui concerne le fameux baiser entre Blanche Neige et son prince charmant que beaucoup attendent forcément.

Notons également que le casting n’est pas en reste et s’avère être de très bonne facture. Et pour donner vie à son aventure épique et fantastique, Rupert Sanders et son équipe engagent des têtes biens connues du cinéma contemporain avec notamment la très jolie Kristen Stewart (découverte dans Panic Room où elle donnait la réplique à Jodie Foster, et vue ensuite dans la saga Twilight où elle campe le rôle de la petite amie de Robert Pattinson) dans le rôle de Blanche Neige ou encore le beau gosse Chris Hemsworth (le fameux Thor au cinéma) dans la peau du chasseur. Il est d'ailleurs intéressant de voir comment le personnage du chasseur est mis en valeur dans le film de Rupert Sanders. N’oublions pas évidemment celle qui clôture le trio d’acteurs principaux : Charlize Theron, qui joue ici le rôle de la sorcière Ravenna, un personnage qui lui va comme un gant.

Il est  amusant de voir comment les personnages ont évolué entre le conte des frères Grimm et le film de Rupert Sanders. Outre des nains sans emploi depuis le règne de la sorcière et un chasseur bel homme ne laissant pas de marbre notre héroïne, l’exemple le plus flagrant est sans conteste celui de Blanche Neige. Passée du statut de jeune et jolie princesse fragile à celui de femme guerrière prête à tout pour sauver son peuple et venger la mort de son père (une scène où elle sort de la forteresse du Duc à cheval avec derrière elle toute une armée de cavaliers fait étrangement penser à Jeanne d’Arc), Blanche Neige s’avère être une redoutable combattante, n’hésitant pas à partir au front et à affronter la magie de la sorcière.

Qui dit heroïc fantasy dit également magie, fantastique, monstres, etc. Et le pari est en parti réussi. En effet, malgré un bestiaire assez maigre au final et des scènes de grand spectacle peu étoffées, on peut saluer l’effort de l’équipe du film pour nous donner quelques monstres sympathiques à l’écran, des transformations faciales très réussies (vieillissement, rajeunissement de la peau, métamorphose de la sorcière) ainsi que des décors variés (forteresse, forêt obscure…), plaisants et parfois fourmillant de petits détails appréciables, à l'image du sanctuaire, alias le domaine des fées, où vivent nombreux animaux et êtres imaginaires. Les musiques quant à elles collent parfaitement à chaque endroit que nous découvrons au fur et à mesure que l’aventure avance.

Au final, Blanche Neige et le chasseur est une adaptation du conte des frères Grimm à l’allure d’heroïc fantasy, sombre dans son approche et remaniée à de nombreux niveaux. Certes simple et peu original dans ses scènes d’action, le film de Rupert Sanders s’avère toutefois plaisant à regarder. Simple mais agréable dirons-nous !


Titre français : Blanche Neige et le Chasseur
Titre original : Snow White and the Huntsman
Réalisateur : Rupert Sanders
Scénariste : Evan Daugherty, John Lee Hancock, Hossein Amini
Musique : James Newton Howard
Année : 2012 / Pays : Usa, Angleterre
Genre : conte fantastique, heroic fantasy / Interdiction : /
Avec Kristen Stewart, Chris Hemsworth, Charlize Theron, Sam Claflin, Ian McShane...




David MAURICE

BLANCHE NEIGE : LE PLUS HORRIBLE DES CONTES (1997)

 


L'HISTOIRE : Des cheveux aussi noirs que l'ébène, une peau blanche comme de la neige, des lèvres aussi rouges que le sang…Vous connaissez la suite ! En tout cas plus ou moins. Enceinte de celle qu'elle avait hâte de surnommer blanche-neige, Lady Lilliana Hoffman meurt dans un accident de carrosse, ce qui ne l'empêchera pas d'accoucher d'une adorable enfant. Son mari s'occupe alors de sa fille, seul durant de longues années, jusqu'au jour ou il prend une nouvelle épouse, l'élégante et mystérieuse Lady Claudia. La petite subit alors ce remariage comme un affront et voit du mauvais œil sa marâtre, qui semble cacher de bien lourd secrets…


MON AVIS : Il est bon de rappeler que l'on se plaît à raconter les contes de Grimm à nos chères têtes blondes depuis des décennies alors que ceux-ci n'ont finalement rien de très innocents. Bien que le rythme souvent alerte, une certaine naïveté, et une grande part de féerie prédomine, les visions effroyables, elles, ne manquent pas. L'on sera surpris d'apprendre par exemple que le supplice du tonneau aperçu dans 2000 Maniacs faisait déjà ses premières armes dans l'un des innombrables contes des frères Grimm !

Dommage donc que ces récits merveilleux et cruels furent édulcorés au cinéma par l'Empire Disney, et que les occasions de leur donner leur sens premier n'attire pas les foules. Neil Jordan adoptera cependant cet audacieux concept le temps de son splendide La Compagnie des Loups, pervertissant le conte de Perrault avec grand talent, tout comme le fera plus tard Jan Kounen dans son malsain et kitch Le Dernier Petit Chaperon Rouge. Et Grimm, ça n'intéresse personne ? Gilliam oui, livrant alors un blockbuster assez impersonnel mettant en scène les deux frangins. Mouais…

Il faut alors jeter un coup d'œil dans certains rayons de vidéos clubs en 1997 pour dénicher un petit bijou du genre, se vantant d'être la véritable histoire de Blanche Neige ; ce qui n'est pas tout à fait exact à la vue du résultat final.

L'inconnu Michael Cohn s'évertue non pas à respecter le conte, mais à le corrompre au point de rajouter des éléments nouveaux, assez séduisants avouons-le. On est donc assez loin des frasques kitchs de La Caverne de la Rose d'or, voire des excursions onirico-psychanalistes de La Compagnie des Loups ; Cohn livre là un sacré bon film d'aventure horrifique, assez unique en son genre il est vrai.

Ce Blanche Neige - le plus Horrible des Contes veut jouer dans la cour des gros budgets sans y arriver vraiment, (un soin visuel évident, deux stars en tête d'affiche) et déçoit un peu par son rythme hésitant, mais réserve tout de même de bonnes surprises ! La meilleure d'entre elles ? Sans aucun doute la prestation de Sigourney Weaver, pour une fois moins sage qu'à l'habitude. Contrairement au dessin animé de Disney par exemple, plus focalisé sur les facéties des sept nabots, le film de Cohn semble entièrement reposer sur la reine noire, figure ici plus ambiguë que chez Tonton Mickey.

Si on ne connaît rien au départ des intentions de Lady Claudia (c'est la petite Liliana qui, ô surprise, déclare la guerre), la mort de son enfant sera le déclic de son penchant pour le mal, avec intervention du miroir maléfique, crise de jalousie envers blanche-neige et tout le tintouin.

Personnage tourmenté mais déterminé, Lady Claudia s'adonne à toutes sortes de rites magiques jusque là inédits dans le conte (la spectaculaire chute des arbres), et les tentatives de meurtre via le peigne empoisonné ou le corsage ne sont finalement pas retenues (le coup de la pomme empoisonnée, légendaire, est bien présent évidemment). Si cela aurait été le cas, on aurait trouvé alors la jeune Liliana bien sotte, à force de faire entrer des inconnues dans la chaumière malgré les avertissements des nains !

Les nains, parlons-en justement : ceux là ont été évincés, remplacés alors par un groupe de brigands pas attachants pour un sou (l'un des sept est un nain cependant… mais on s'en fout), bien que Liliana trouvera l'amour parmi eux ; drôle de Prince Charmant !

Ce clash princesse/sales brigands renvoie alors à La Chair et le Sang, mais en moins hardcore et en moins intéressant… hélas.

Sam Neill, dont la filmo est finalement assez portée sur le fantastique, s'en tire avec les honneurs, face à une Sigourney Weaver lui en faisant voir de toutes les couleurs, la jeune femme s'adonnant ainsi au meurtre, à la magie noire, au fratricide, à l'adultère voire même à l'inceste ! Tout l'érotisme et la monstruosité du personnage trouve grâce à travers le film de Cohn, au point que la charmante Monica Keena devient transparente, bouffée toute crue par le monstre Weaver. Eh ouais…



Titre français : Blanche Neige - le plus Horrible des Contes
Titre original : Snow White - a Tale of Terror
Réalisateur : Michael Cohn
Scénariste : Tom Szollosi, Deborah Serra
Musique : John Ottman
Année : 1997 / Pays : Usa
Genre : Sorcellerie, conte horrifique / Interdiction : -12 ans
Avec Sigourney Weaver, Sam Neill, Gil Bellows, Taryn Davis, Brian Glover, 
David Conrad, Monica Keena...




Jérémie MARCHETTI

BLANCHE NEIGE (2012)

 


L'HISTOIRE : Lorsque son père, le Roi, meurt, Blanche Neige est en danger. Sa belle-mère, cruelle et avide de pouvoir, l’évince pour s’emparer du trône. Quand la jeune femme attire malgré tout l’attention d’un Prince aussi puissant que séduisant, l’horrible marâtre ne lui laisse aucune chance et la bannit. Blanche Neige se réfugie alors dans la forêt… Recueillie par une bande de nains hors-la-loi au grand cœur, Blanche Neige va trouver la force de sauver son royaume des griffes de la méchante Reine. Avec l’aide de ses nouveaux amis, elle est décidée à passer à l’action pour reconquérir sa place et le cœur du Prince…


MON AVIS : Du Blanche Neige et les Sept Nains de Disney au futur «Blanche Neige et le Chasseur, en passant par Blanche Neige - le plus horrible des contes, on ne compte plus les adaptations de l’histoire popularisée par les frères Grimm. Aussi, avec ce Blanche Neige de Tarsem Singh, on peut légitimement se demander s’il y a encore quelque chose à tirer de cet univers que tout le monde connaît. La présence derrière la caméra du réalisateur indien intrigue néanmoins, apportant notamment l’espoir d’un visuel très travaillé après The Cell, The Fall et Les Immortels.

Dès les premières minutes et une sublime scène d’introduction, cette attente est pleinement comblée. Les images sont magnifiques, les décors fabuleux et les costumes seront particulièrement soignés pendant tout le film. Mais ce qui marque surtout, c’est l’aspect gentiment parodique de l’introduction, racontée par la Reine elle-même avec un certain sens du cynisme et du bon sens, critiquant le nom de Blanche Neige, s’étonnant du fait que la population ne fasse que chanter et danser (ne travaillent-ils donc jamais ?) et soulignant à de nombreuses reprises sa grande beauté. Tarsem s’amusera d’ailleurs avec les clichés largement répandus par l’oeuvre de Disney, n’hésitant pas à présenter le Prince comme arrogant et les nains (répondant aux noms très classes de Crado, Glouton, Demi-Pinte, Napoléon, Boucher, l’Instit’ et Loup) comme des voleurs. Même Blanche Neige, si elle ne perd pas totalement cette espèce d’ingénuité agaçante, se transformera peu à peu en guerrière.

Malheureusement, si la mise en place du récit et de ces écarts est plutôt agréable, le film va peu à peu revenir à une formule plus classique, au gentil conte bien propre à l’humour souvent puéril. On pardonnera ainsi difficilement ces passages où Armie Hammer (The Social Network) se comporte comme un chien, ou le comportement général de Brighton, le serviteur de la reine interprété par Nathan Lane. Tarsem Singh enveloppe peu à peu son film sous une lourde nappe d’eau de rose dans laquelle Julia Roberts voit son personnage rapidement relégué au rôle de reine un peu folle mais rigolote, loin de l’image menaçante qu’elle donnait au début du récit.

Aussi ce Blanche Neige peine-t-il vraiment à convaincre sur la durée, malgré une première partie plutôt réussie, notamment grâce à une Julia Roberts parfaite dans son rôle de Reine garce. Hélas, le film se vautre dans une seconde partie clairement destiné à un public d’adolescente, entre romance niaise et humour navrant, qui atteint son sommet dans l’immonde bouillie sonore et visuelle faisant office de générique de fin.


Titre français : Blanche Neige
Titre original : Mirror, Mirror
Réalisateur : Tarsem Singh
Scénariste : Marc Klein, Jason Keller
Musique : Alan Menken
Année : 2012 / Pays : Usa
Genre : Conte fantastique / Interdiction : /
Avec Lily Collins, Julia Roberts, Armie Hammer, Nathan Lane, Mare Winningham, 
Michael Lerner, Sean Bean...




Steeve RAOULT

BIG FISH (2003)

 

Titre français : Big Fish
Titre original : Big Fish
Réalisateur : Tim Burton
Scénariste : John August
Musique Danny Elfman
Année : 2003
Pays : Usa
Genre : Conte fantastique
Interdiction : /
Avec Ewan Mc Gregor, Albert Finney, Billy Crudup, Jessica Lange, Alison Lohman, 
Helena Bonham Carter, Danny DeVito, Steve Buscemi, Mario Cotillard...


L'HISTOIRE : Alors que son père est sur le point de mourir, William Bloom décide de se rapprocher de lui afin de connaitre cet homme qui lui a raconté tant de contes plus ou moins fantastiques durant son enfance. Débordant d’imagination, Edward Bloom va revenir sur l’histoire de sa vie, un véritable voyage dans des lieux atypiques où personnages extravagants et magie se côtoient en permanence...


MON AVISQuelqu’un ne connait-il pas encore le talentueux cinéaste américain Tim Burton ? Visionnaire de génie, ce dernier possède une filmographie des plus intéressantes à ce jour : d’univers macabres et noirs (Batman, Sleepy Hollow, Les Noces Funèbres, Sweeney Todd, Dark Shadows) aux mondes merveilleux et enchanteurs (Charlie et la Chocolaterie, Alice au Pays des Merveilles), ponctués tantôt de loufoqueries et bizarreries en tous genres (Beetlejuice, Mars Attacks !, La Planète des Singes) tantôt de poésie (Edward aux Mains d’argent, Ed Wood) il semble impossible de ne pas trouver dans la carrière de ce prodige un film qui vous ait marqué. En 2003, le réalisateur américain décide de se replonger dans une histoire mêlant fantastique, merveilleux et poésie avec Big Fish, à la manière d’un Edward aux Mains d’argent sorti 13 ans plus tôt.

Projet de Steven Spielberg que ce dernier abandonnera au profit du film Arrête-moi si tu peux, Big Fish tombera finalement dans les mains de Tim Burton. Un film complexe, tant sur le point de vue émotionnel (un lien père-fils des plus émouvants, l’accompagnement d’un homme plein de vivacité, de bonté et d’humour dans un ultime voyage) que sur l’aspect fantastique de l’histoire (faire la distinction entre rêve et réalité, fiction et vérité, dans les histoires ô combien extravagantes d’Edward Bloom), dont notre réalisateur de génie réussit à s’accaparer les ficelles pour nous livrer ce qui est aujourd’hui l’un de ses long-métrages les plus réussis.

L’histoire de la vie d’un homme ordinaire comme s’il s’agissait d’un mythe : voilà une phrase prononcée par le romancier Daniel Wallace, auteur du livre dont s’inspire le film (Big Fish, a story of mythic proportions), qui décrit parfaitement le long-métrage de Tim Burton.

Réussissant à créer un équilibre entre le merveilleux, l’humour et le magique d’un côté et la poésie et l’émotion de l’autre avec comme seuls véritables liens entre ces deux entités opposées les valeurs de la famille et l’amour, Big Fish nous plonge dans une aventure humaine et fantastique à la fois dans laquelle le spectateur passera par tous les sentiments. Tantôt amusé (des discussions d’enfants sur des sujets irrationnels aux histoires décalées d’un père débordant d’imagination, tant de choses prêtent à sourire), tantôt contemplatif (les jeux du cirque et ses personnages extravagants), tantôt surpris (les passages soudains d’un univers à un autre totalement opposé : d’une forêt lugubre, froide et menaçante à l’accueillante, festive et colorée ville de Spectre, il n’y a pourtant que quelques pas à faire…), tantôt attristé et ému (difficile de rester de marbre devant ce final larmoyant et ces relations père-fils), Big Fish réussit à nous transporter dans ce voyage fantastique aux multiples péripéties avec ce qui pourrait être comme devise vis ta vie sans aucune limite.

Des monstres en tous genres (loup-garou, géants, siamoises, sorcière…), des décors enchanteurs (la ville de Spectre, le vaste champ de jonquilles, le cirque…) et des personnages attachants (qu’ils soient réels ou fictifs) : un ensemble d’éléments qui finalement s’assemblent au fur et à mesure que nous avançons dans cette histoire, telles les pièces d’un puzzle, pour nous donner un final somptueux et ô combien émouvant !

Alors que certains regretteront sa quasi absence aux Oscars 2004, Big Fish n’en demeure pourtant pas moins l’un des films les plus réussis de son géniteur. Drôle, émouvant, inventif et surprenant, ce voyage fantastique dans l’univers d’un père de famille débordant d’imagination vous enchantera, petits comme grands.




David MAURICE

ADALINE (2015)

 

Titre français : Adaline
Titre original : The Age of Adaline
Réalisateur : Lee Toland Krieger
Scénariste : J. Mills Goodloe, Salvador Paskowitz
Musique : Rob Simonsen
Année : 2015
Pays : Usa, Canada
Genre : Conte fantastique
Interdiction : /
Avec Blake Lively, Michiel Huisman, Harrison Ford, Ellen Burstyn, Kathy Baker...


L'HISTOIRE : Après un accident qui aurait dû lui être fatal, la belle Adaline cesse de vieillir. Aujourd'hui, bien qu'ayant vécu près de huit décennies, elle est toujours âgée de 29 ans. Après avoir mené une existence solitaire afin de ne jamais révéler son secret, une rencontre fortuite avec le philanthrope et charismatique Ellis Jones, va raviver sa passion de la vie et de l'amour...


MON AVISRéalisé en 2015 par Lee Toland Krieger, Adaline est un joli film mêlant romance, passion et fantastique. Ce dernier élément trouve son essence même dans le personnage principal, celui d'Adaline Bowman, une charmante jeune fille de 29 ans, née au début du 20ème siècle, et qui, après avoir été victime d'un grave accident de voiture dont elle réchappe suite à une série d'événements, voit son processus de vieillissement être stoppé. La vie éternelle s'offre à elle. 

Ce qui pourrait nous sembler être une bénédiction va pourtant se révéler être une malédiction pour Adaline, superbement interprétée par la toujours charismatique Blake Lively, qui prouve à nouveau qu'en plus d'être extrêmement belle, elle est une bonne actrice. Devenue star grâce à la série Gossip Girl, vue dans Green Lantern, Savages, Je ne vois que toi ou le très sympa Instinct de Survie, Blake Lively trouve avec Adaline son plus beau rôle, se montrant touchante, émouvante même, notamment lors de la dernière partie du film la mettant en face à face avec Harrison Ford. Un peu à la manière de Forrest Gump, Adaline Bowman va donc traverser les époques durant plus d'une décennie, atteignant pour la partie contemporaine du film l'âge de 107 ans, tout en conservant son physique et sa jeunesse de 29 ans. 

De nombreux flashbacks de sa vie passée nous sont présentées, et on découvre qu'elle n'a pas eu une vie de tout repos, devant sans cesse changer d'identité, poursuivie par le F.B.I. suite à un contrôle de police qui a déclenché la découverte de son anomalie. Une anomalie qui l'a obligée à vivre loin de sa fille, Flemming, et qui l'a surtout empêchée de vivre de belles histoires d'amour, ne voulant pas devenir une bête de foire ou n'ayant pas la force de révéler son secret à ses prétendants. 

Comme elle le dit à un moment du film, la vie éternelle l'a privée du véritable amour, celui qu'on passe toute sa vie avec une personne avec qui on vieillit ensemble. Ce contraste est d'ailleurs fort bien résumé lorsque Adaline rend visite à sa fille, qui, elle, est devenue vieille. C'est vraiment très étrange de voir une mamie appeler une belle jeune femme maman et l'effet fonctionne très bien dans le film. Bien sûr, Adaline va rencontrer un charmant jeune homme, en la personne d'Ellis Jones. ce dernier est interprété par Michiel Huisman, et le moins que l'on puisse dire, c'est que cet acteur n'est pas à plaindre, puisque, après avoir mis Emilia Clarke dans son lit dans la série Game of Thrones, il récidive avec Blake Lively ! On peut trouver pire comme CV ! 

La romance qui se développe entre les deux personnages est toute mimi, mais pas si évidente que ça pour Ellis, qui doit se battre pour convaincre Adaline de le laisser prendre son cœur. Les diverses rencontres font dans la comédie romantique classique mais si vous avez un cœur de midinette, ça passe plutôt bien. Quand Ellis propose à Adaline de l'emmener chez ses parents, on se doute inconsciemment de ce qui va se passer et bingo, on avait raison ! Pas de spoiler ici, c'est tellement téléphoné que n'importe quel spectateur l'aura deviné avant que ça n'arrive à l'écran. Et oui, le papa d'Ellis, interprété par Harrison Ford, a bien sûr connu Adaline quand il était jeune et c'est un véritable choc que de la revoir tel qu'elle était quand il en était amoureux. 

Tout en étant touchante, cette partie du film est aussi amusante, avec des quiproquos, tout en mettant mal à l'aise, surtout si on se met à la place de la mère d'Ellis, qui voit son mari, totalement déboussolé, se remémorer sa vie passée et parler d'Adaline comme si elle était son grand amour perdu, ce qu'elle est effectivement. Harrison Ford est très à l'aise dans ce rôle et il se montre particulièrement convaincant et sensible. Je ne vous raconte pas le final, vous le devinerez aussi. 

Si vous aimez les jolies bluettes romantiques, Adaline remplira aisément sa fonction, évitant de se montrer trop mièvre, trop larmoyant. Ce n'est pas la comédie fantastique romantique du siècle mais c'est vraiment mignon tout plein, et le charisme des divers interprètes y joue pour beaucoup...




Stéphane ERBISTI

L'AVENTURE DE MME MUIR (1947)


Titre français : L'Aventure de Mme Muir 
Titre original : The Ghost and Mrs. Muir
Réalisateur : Joseph L. Mankiewicz
Scénariste : Philip Dunne
Musique : Bernard Herrmann
Année : 1947
Pays : Usa
Genre : Fantômes et spectres
Interdiction : /
Avec : Gene Tierney, Rex Harrison, George Sanders, Edna Best, Natalie Wood...


L'HISTOIRE : Après la mort de son mari, Lucy Muir désire s'émanciper de sa belle famille et part avec sa fille et sa gouvernante s'installer au bord de mer. Elle veut louer un ravissant cottage inhabité depuis quatre ans mais le loueur lui déconseille, la rumeur voulant que la demeure soit hantée par son ancien propriétaire, le capitaine Gregg. Ne croyant pas à ces superstitions, Lucy Muir emménage dans le cottage. Peu de temps après, il lui faut se rendre à l'évidence : le fantôme du capitaine Gregg existe bel et bien. D'abord houleuse, la relation entre Lucy Muir et son drôle de fantôme va prendre une tournure inattendue...


MON AVISDieu que ce film est magnifique. Un pur bijou, de ceux qui font aimer le cinéma. Réalisateur du somptueux Le Château du Dragon en 1946, dans lequel il faisait déjà jouer Gene Tierney, le talentueux Joseph L. Mankiewicz livre avec L'Aventure de Mme Muir la plus parfaite des romances fantastiques. Avec un sujet somme toute assez banal (une veuve tombe amoureuse, et réciproquement, du fantôme qui hante sa maison), Mankiewicz transcende le scénario de Philip Dunne (adaptation du roman de Josephine Leslie) et offre au spectateur une oeuvre touchante et émouvante.

Il faut dire qu'il a bénéficié du talent et du charisme de ses deux acteurs principaux, à savoir la sublime Gene Tierney (que votre hôte n'hésite pas à mettre dans son Top 5 des plus belles actrices du cinéma) et le classieux Rex Harrison. La performance des deux comédiens et l'alchimie quasi divine qu'ils développent entre eux sont assurément la pièce maîtresse de L'Aventure de Mme Muir. Il est tout simplement impossible d'imaginer deux autres acteurs une fois la vision du film terminée.

Gene Tierney interprète donc Lucy Muir, une veuve qui n'a jamais vraiment été touché par la flèche de Cupidon et qui avouera que son mariage ne lui a pas donné satisfaction, la réalité ayant pris le pas sur les romans d'amour qu'elle lisait. Sa rencontre avec un fantôme bougon, à l'ego surdimensionné mais au cœur tendre, va venir chambouler sa vie et refaire naître la flamme dans tout son être. Une romance vouée à l'échec bien sûr puisqu'on ne peut pas avoir une relation avec un fantôme. Une situation compliquée pour Lucy Muir, qui finira par succomber au charme d'un écrivain pour enfant, interprété par un George Sanders un peu fade il faut bien le reconnaître. Une nouvelle liaison qui mettra fin à l'existence du capitaine Gregg lors d'une scène absolument magnifique dans laquelle Rex Harrison, contemplant Gene Tierney endormie, s'avoue vaincu face à ce nouveau prétendant fait de chair et de sang et offre à sa dulcinée la possibilité de vivre pleinement sa nouvelle vie en lui faisant croire que tout ce qui s'est passé entre eux n'était qu'un rêve.

Une séquence (parmi tant d'autre) qui confine au sublime, élevant le romantisme dans une dimension de pureté insoupçonnée. Si L'Aventure de Mme Muir est transfigurée par ses deux interprètes, elle l'est aussi par la photographie éblouissante et par la mise en scène de Mankiewicz qui fait des merveilles. La première journée dans la maison du capitaine Gregg permet au réalisateur de s'amuser avec les codes du cinéma d'épouvante et de créer une ambiance gothique que n'aurait pas renié les futurs classiques du genre. Eclairage à la bougie, orage violant, éclair faisant apparaître des ombres et présence invisible vont venir effrayer la pauvre Gene Tierney, qui, bien qu'apeurée, se montrera forte et ne se laissera pas intimider par le capitaine Gregg. Les premiers dialogues entre les deux personnages sont savoureux et laissent présager quelques confrontations épiques, chacun ayant un caractère bien trempé.

Le film devient donc ensuite une comédie romantique au charme certain, n'ennuyant jamais, et surtout, ne sombrant jamais la mièvrerie qui aurait pu rendre ridicule cette love-story irréelle. L'aspect dramatique interviendra vers la fin du métrage et on se prend d'une réelle empathie pour Mme Muir, être solitaire qui vieillie sans avoir trouvé l'amour. L'ultime séquence viendra alors nous rendre le sourire et c'est bien la seule fin envisageable qu'on puisse accepter, concluant de manière parfaite ce poème romantique qui nous a bercé durant 104 minutes, accompagné par une partition musicale due à Bernard Hermann en parfaite adéquation avec les images qu'elle illustre. Lyrique, mélancolique, inspiré, passionné, L'Aventure de Mme Muir est assurément l'un des plus beaux films que le cinéma nous a offert. Une série télévisée a vu le jour en 1968, avec Hope Lange et Edward Mulhare dans les rôles principaux. 



Stéphane ERBISTI

AU-DELÀ DE DEMAIN (1940)

 

Titre français : Au-Delà de Demain
Titre original : Beyond Tomorrow
Réalisateur : A. Edward Sutherland
Scénariste : Adele Comandini
Musique : Frank Tours
Année : 1940
Pays : Usa
Genre : fantômes et spectres, conte fantastique
Interdiction : /
Avec : Harry Carey, C. Aubrey Smith, Charles Winninger, Jean Parker, Richard Carlson...


L'HISTOIRE : Un soir de réveillon, trois hommes d’affaires fortunés mais sans famille décident d’inviter trois étrangers à leur table. Seuls James et Jean, jeunes gens dans la précarité, acceptent. Cette soirée va changer le cours de leur vie. Ils tombent amoureux l’un de l’autre et James devient crooner à succès. Les trois protecteurs disparaissent dans un accident d’avion et leurs fantômes vont bientôt mettre tout en œuvre pour reformer le couple qui s’est séparé...


MON AVISLe film de Noël est un genre très prisé aux Etats-Unis. On se souvient de Scrooge (1935), A Christmas Carol (1938), Miracle sur la 34ème Rue (1947), A Christmas Carol (1951), Noël Blanc (1954) ou bien encore La Vie est Belle (1946) de Frank Capra, l'exemple le plus célèbre. Des films se déroulant peu de temps avant la venue du Père-Noël et qui sont pétris de bons sentiments afin de redonner goût à la vie et au bonheur aux spectateurs déprimés. D'autres films ont suivis cette tradition par la suite mais certain ont pris le pied inverse en faisant de Noël une période cauchemardesque, n'hésitant pas à transformer le gros monsieur aux habits rouges et à la barbe blanche en un tueur psychotique, ce qui a fait hurler de rage les ligues de vertus ! En 1940, le réalisateur A. Edward Sutherland apporte sa pierre à l'édifice avec un pur film de Noël, tombé dans l'oubli : Au-delà de Demain.

On connait un peu ce réalisateur grâce à des films tels Murders in the Zoo (1933), Laurel et Hardy conscrits (1939) ou La Femme Invisible (1940). Film de Noël oblige, Au-delà de Demain est lui aussi pétri de bons sentiments. Trop irais-je même à dire car dans le cas présent ici, on frôle (on plonge dans ?) l'indigestion. Je sais bien, c'est avant tout un conte féerique, une belle histoire qui n'a que faire des aléas de la réalité. On a tout de même un peu de mal à s'y laisser prendre en 2017. Comment trouver crédible que trois hommes d'affaires plus que fortunés proposent hospitalité à des étrangers démunis afin de passer Noël en bonne compagnie ? Après tout, pourquoi pas, il existe peut-être encore des philanthropes dans notre monde actuel, qui sait ? Admettons que le postulat de départ est tout de même assez extravagant mais nous sommes en 1940, rappelons-le. La suite sera du même acabit et l'ambiance fleur bleue attendra son paroxysme quand les deux invités, James Houston (Richard Carlson) un Texan rêvant d'un carrière de chanteur et Jean Lawrence (Jean Parker) une infirmière dévouée, tombent comme par miracle amoureux l'un de l'autre. Bienvenu au pays des Bisounours.

On nage vraiment en pleine guimauve et même si j'aime bien les jolies histoires, j'ai eu du mal à accrocher parce qu'en plus, il ne se passe pas grand chose à l'écran et que l'ennui a vite pris le dessus. Dans son milieu, le film bifurque vers le fantastique puisque nos trois hommes riches périssent dans un accident d'avion mais leurs âmes restent pour un temps sur Terre afin, tel Michael Landon dans Les Routes du Paradis, de venir en aide aux personnes dans le besoin. La tâche principale de l'un des fantôme sera de faire se rabibocher James et Jean, séparés depuis que James est devenu un crooner réputé et qu'une chanteuse avide et manipulatrice a jeté son dévolu sur lui. Les scènes avec les fantômes sont plutôt bien réalisées, l'aspect translucide fonctionne correctement. Mais la guimauve reprend malheureusement ses droits avec une approche biblique qui nous achève.

Car Dieu, représenté par des éclats de lumière divine, rappelle à lui les âmes des fantômes errants. Leur mission n'étant pas terminé, ils demandent un peu de temps pour la parachever. Ce que Dieu autorise, on est la veille de Noël tout de même ! Il faut être dans de bonnes dispositions pour apprécier pleinement Au-delà de Demain. Le Bien, la gentillesse, la bonté sont les maîtres-mots du film qui assume à 100% son aspect conte de Noël. Pour ma part, j'ai trouvé ça trop mou, pas assez dynamique, trop mièvre et cette belle histoire n'a pas réussi à m'emballer plus que ça, malgré un casting bien en place. A découvrir tout de même car c'est un film assez rare.




Stéphane ERBISTI

ALICE AU PAYS DES MERVEILLES (2010)


Titre français : Alice au Pays des Merveilles
Titre original : Alice in Wonderland
Réalisateur : Tim Burton
Scénariste Linda Woolverton
Musique : Danny Elfman
Année : 2010
Pays : Usa
Genre : Conte fantastique
Interdiction : /
Avec Mia Wasikowska, Johnny Depp, Anne Hathaway, Helena Bonham Carter...


L'HISTOIRE Depuis sa tendre enfance, Alice voit son sommeil agité par le pays des merveilles. Chimère ou réalité, voilà son fardeau. Maintenant âgée d'une vingtaine de printemps, la jeune fille est forcée par sa famille à accepter une demande en mariage. Confuse, la blondinette s'enfuit et tombe à nouveau dans le légendaire terrier...


MON AVISIl n'a jamais été aisé de retranscrire toute la démesure de l'oeuvre de Lewis Carroll et pourtant cette chère Alice s'est vue parachutée sur le grand tout comme le petit écran durant des années, alimentant plus d'un esprit surréaliste. De l'adaptation littérale à la transposition métamorphosée, voire pervertie, il n'y a eu qu'un pas, avec des titres comme Valerie au Pays des Merveilles, Morgane et ses Nymphes, Alice ou Dreamchild. Le pays des merveilles n'a pas encore livré tous ses secrets semble t-il...

Plus self-conscious que jamais (et le voir annoncer une adaptation de La Famille Addams ne fait que confirmer cet état de fait), Tim Burton s'en va jeter son dévolu sur l'héroïne de Lewis Caroll, accueilli alors à bras ouvert par les studios Disney, ceux là même qui l'avaient jeté quelques décennies auparavant pour ses débordements de sale gosse dépressif. Quelle ironie. C'est donc un Burton apaisé, conscient et accepté qui prend les rennes du projet : son Sweeney Todd avait pourtant confirmé qu'une petite flamme brûlait toujours, malgré des scories évidents : son audace brusque et sanguinolente l'avait miraculeusement élevé.

Malin malgré tout, le petit génie de Burbank n'adapte ni Alice au pays des merveilles ni sa suite A travers le miroir mais offre une nouvelle aventure à Alice, dont l'esprit perturbé a pourtant annihilé tout voyage onirique (ou pas). Une méthode qui avait fait ses preuves auparavant avec Hook , où Peter Pan, devenu adulte, foulait à nouveau les terres du pays imaginaire, ou Retour à Oz, qui emmenait la petite Dorothy sur un chemin de briques jaunes en ruine.

Incomprise, solitaire, en bonne héroïne burtonniene, Alice s'évade de la société victorienne débordante d'hypocrisie et retrouve malgré elle le chemin des flacons magiques et de l'heure du thé. Au milieu de ce capharnaüm animal, elle est chargée de mettre à fin à la bataille opposant la Reine Blanche à la Reine de Cœur en tuant le Jabberwock, dragon hybride et accessoirement chouchou de la méchante reine.

Tout ce beau monde prend joliment vie en live avouons-le, plutôt aidée par une 3D très en forme (lances crevant l'écran, vol de tasse, chute vertigineuse, profondeur de champ incroyable et palais gigantesques) et animé par un casting énergique mais formellement pas toujours convaincant : on plussoie donc un Chat de Cheshire onctueux, un lièvre de Mars hilarant ou une Helena Bonham Carter fracassante, et moins une Alice un peu indolore (c'est sans doute le but avoué me soufflera t-on, puisqu'elle n'est que candeur et innocence), un Crispin Glover un poil décevant, une chenille irrésistible (Alan Rickman !) mais globalement inutile et un Johnny Depp peu à peu usé par son image de bouffon de pellicule. Toute l'angoisse absurde et l'ambiguïté de la première monture de Disney s'efface - sauf peut-être le temps d'une idée, celle, hallucinante, de la rivière de têtes tranchées - au profit d'un manichéisme prudent, qui oublie par là même l'aspect insaisissable de Wonderland et des diverses représentations visuelles qu'on a pu lui donner. L'ampleur du score d'Elfman est cependant, plus qu'appréciable.

Spectacle grand public ou pas, les tenants et aboutissants du récit s'essoufflent rapidement (combattre ce satané dragon - doublé par Sir Christopher Lee - et discerner la réalité du rêve) face à un déroulement agréable mais convenu. La ballade onirique laisse place d'ailleurs à l'Héroic Fantasy, donnant au film des airs de Monde de Narnia bis plutôt inattendu, en bien comme en mal. Mais en ces temps de revival fantasy où l'on croise des œuvres aussi surprenantes que Le secret de Terabitia, Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, The Fall ou Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire, ce Burton là semble arriver curieusement trop tard...




Jérémie MARCHETTI

LES 3 LUMIÈRES (1921)

 

Titre français : Les 3 Lumières
Titre original : Der Mude Tod
Réalisateur : Fritz Lang
Scénariste : Fritz Lang, Thea von Harbou
Musique : /
Année : 1921
Pays : Allemagne
Genre : Conte Fantastique, Film à sketches
Interdiction : -12 ans
Avec : Sabrina Reiter, Julia Rosa Stöckl, Michael Steinocker, Laurence Rupp, Nadja Vogel...


L'HISTOIRE : Un étranger au regard lugubre monte dans une diligence qu'occupe un couple de jeunes amoureux. Le véhicule s'arrête au abord d'une petite ville. L'étranger, qui n'est autre que la Mort, achète une parcelle de terrain située juste à côté du cimetière et la fait entourer d'une immense muraille sans porte. Il retrouve le couple d'amoureux dans une taverne et emmène le jeune homme. Inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son fiancé, la jeune femme se rend devant la muraille et voit de nombreuses âmes la traverser. Comprenant qui est réellement l'étranger et ce qu'il est advenu de son fiancé, elle décide de boire du poison pour le rejoindre. Avant qu'elle ne puisse accomplir son geste, elle se retrouve face à la Mort et la supplie de lui rendre son fiancé. La Mort lui propose alors un marché. Il l'emmène à l'intérieur d'une citadelle dans laquelle sont dispersées des milliers de bougies. Chaque flamme représente une personne vivante et si la bougie s’éteint, c'est que son heure est venue. La Mort montre alors trois bougies à la jeune femme. Si elle parvient à sauver l'une des trois vies représentées par les trois flammes, son fiancé lui sera rendu...


MON AVISEst-il besoin de présenter Fritz Lang ? Ce génial metteur en scène a offert tant de chefs-d’œuvres au cours de sa carrière, et ce, dans différents genres, qu'il me semble inutile de le mettre en lumière, sa filmographie se suffisant à elle-même. Qui n'a jamais entendu parler ou même vu la saga du Docteur Mabuse, Metropolis, Le Tigre du Bengale et sa suite Le Tombeau Hindou, La Femme au Portrait, Les Contrebandiers de Moonfleet ou Le Secret derrière la Porte ?

En 1921, Fritz Lang a déjà six longs métrages à son actif. Avec Les 3 Lumières, il nous offre un film très poétique, un conte fantastique dans lequel le thème de la destinée (titre américanisé du film et parfaitement adapté ici) et celui de la fatalité prédominent, puisqu'on va assister à la destinée multiple d'une jeune femme qui va tout faire pour gagner un combat contre la Mort elle-même ! Mais peut-on espérer gagner contre une entité immortelle ? Et l'amour peut-il être plus fort que la Mort ?

Ces questions, Fritz Lang va les traiter à travers un fil conducteur et trois histoires dans Les 3 Lumières. Oui, ce film peut être vu comme un film à sketchs et reprend d'ailleurs le procédé vu dans Cauchemars et Hallucinations, à savoir faire interpréter différents personnages aux acteurs principaux du fil conducteur dans les diverses histoires.

Le fil conducteur nous présente donc la Mort, superbement interprétée par l'acteur Bernhard Goetzke, dont le visage et la gestuelle donnent à cette entité tout son aspect lugubre et terrifiant. Cette dernière va donc prendre la vie d'un jeune homme car son heure est venue, tout simplement. Sa fiancée va tenter de négocier un sursis et va pactiser avec la Mort, celle-ci lui offrant la possibilité de sauver trois vies, symboliquement représentée par la flamme de trois bougies, les fameuses 3 lumières" du titre.

Ce fil conducteur nous propose de très belles images et des idées intéressantes, comme ce mur gigantesque que la Mort fait construire autour du domaine qu'elle vient d'acheter et qui ne possède pas de porte ou le fait que le verre de l'étranger se transforme en sablier, évoquant le temps qui passe, inéluctable. La séquence dans laquelle des âmes fantomatiques traversent cette muraille est très belle. Il en va de même pour l'intérieur de la citadelle entièrement décorée par des bougies. Fritz Lang manie l’esthétisme avec brio et dégage de ses images une grâce poétique certaine. On notera également une certaine ironie de sa part quant à sa représentation des bourgeois, ces derniers n'appréciant pas l'étranger venu dans leur ville mais acceptant de lui vendre un bout de terrain en échange de son argent.

La suite du film prend donc la direction du film à sketch puisque, aux trois lumières du titre, s'associent trois histoires d'amour fou, trois récits dans lesquels la destinée et la fatalité seront présentes, avec, pour chacun d'entre-eux, le même but à atteindre pour le personnage féminin : sauver son amoureux. Une mise en parallèle du fil conducteur donc.

La première histoire se situe en Perse. Zobeide, la sœur du Calife, est amoureuse d'un infidèle. Ce dernier est pourchassé par les hommes du Calife. Zobeide parvient à le dissimuler et à lui apporter son aide à l'intérieur du palais. Malheureusement, il sera fait prisonnier et le jardinier l'enterrera jusqu'au cou, dévoilant alors sa véritable apparence, celle de la Mort. Zobeide n'est pas parvenue à sauver son fiancé.

Le second récit se déroule en Italie. Le riche Girolamo est amoureux de la belle Monna Fiametta mais celle-ci lui préfère un séduisant jeune homme, Giovanfrancesco. Monna Fiametta a l'idée d'un plan pour se débarrasser de Girolamo et pouvoir vivre pleinement son amour avec son amoureux. Elle écrit deux lettres. Dans l'une, elle demande à Girolamo de la rejoindre à 22h, dans le seul but de le faire assassiner par son ami le Maure. La seconde est destinée à son fiancé. Mais Girolamo découvre le plan de celle qu'il convoite et fait échanger intervertir les deux lettres. C'est donc Giovanfrancesco, déguisé, qui vient à la rencontre de Monna Fiametta et qui meurt par l'épée du Maure. La jeune femme n'a pas pu empêcher la mort de son fiancé.

Troisième histoire, celle qui se déroule en Chine et qui possède l'aspect fantastique le plus prononcé. En effet, le magicien A Hi est demandé à la cour de l'empereur pour y présenter ses numéros. Ce dernier offre au souverain un cheval volant ainsi qu'une armée miniature. Mais l'empereur désire avant tout la fille du magicien, qui est déjà amoureuse d'un jeune homme. Après s'être enfuie avec son fiancé, la fille du magicien le transforme en tigre. Mais l'archer de l'empereur tue l'animal. La jeune femme n'a pu empêcher son amoureux de mourir.

Ces trois histoires, ces trois contes, jouent avec la destinée et la fatalité. La fin, tragique, de chaque récit était écrit à l'avance car on ne gagne pas contre la Mort. Le fait que les trois acteurs principaux interprètent les différents protagonistes des récits est un plus indéniable. Bernhard Goetzke est absent du second récit toutefois.

On appréciera le fait que dans tous ces récits, c'est le personnage de la femme qui est mis à contribution et qui s'impose par la force. Des récits qui jouent avec les thèmes universels de l'amour et de la mort, mais aussi avec ceux de la religion, du pouvoir. Intéressant également, ce côté fragilisé de la Mort, qui, las de prendre la vie des Hommes, offre une seconde chance à la jeune femme, voire même quatre chances si on veut être logique avec le film, de contrer la fatalité.

Maîtrisé de bout en bout par un Fritz Lang déjà maître de son art, Les 3 Lumières est un bien joli film, parsemé de superbes images et de quelques effets-spéciaux désuets mais efficaces pour l'époque, notamment lors du récit situé en Chine. Romantique et métaphorique, Les 3 Lumières mette en exergue une vérité infaillible, qui sera un peu bousculée dans les années 2000 avec la saga Destination Finale : à la fin, la Mort l'emporte toujours.

A noter que ce film est l'un des films préférés de Luis Bunuel et d'Alfred Hitchcock.




Stéphane ERBISTI