Ce que l'on peut tout de suite dire à propos de cet opus, c'est qu'il tranche net avec le deuxième volet qui, lui, était bien plus sombre et horrifique (du grand art que nous avait encore montré Guillermo Del Toro) que les deux autres. C'est justement peut-être ce qui fait la force de cette trilogie : chaque épisode a un style différent et tout le monde peut donc y trouver son bonheur, selon le ou les opus concerné(s). En ce qui concerne ce troisième volet, David S.Goyer semble vouloir reconquérir un public plus large avec cet épisode très hollywoodien, à l'humour excessif par moment et sans véritable grand débordement sanglant. En effet, le film contient son lot de scènes d'action et de courses poursuites en tout genre (à pied, d'immeubles en immeubles, en voiture…) : l'entrée en scène de Blade est assez efficace bien que très hollywoodienne (cascades de voitures, gun-fights à tout va…) et nous montre clairement que cet opus est destiné à (presque) toute la famille.
Par contre, là où le film prêche singulièrement, et excusez-moi mais je risque d'être un brin méchant et moqueur avec ce qui suit, c'est sur son casting déplorable. Même si Wesley Snipes reste toujours bien ancré dans son personnage charismatique, ce n'est malheureusement pas le cas des autres personnages qui ne sont en rien attrayants. Au programme, nous avons droit à un certain Ryan Reynolds (Amityville 2005) dans le rôle d'un jeune chasseur de vampires arrogant, orgueilleux et à l'humour au ras des pâquerettes, et une certaine Parker Posey (Coneheads, Scream 3) dans la peau d'une cheftaine vampire qui ne cesse de surjouer, ce qui en devient vite énervant. Le pire pour ces deux acteurs cités précédemment, c'est quand vous les mettez ensemble dans une scène : vous obtenez alors une séquence complètement loupée, mal interprétée, aux dialogues qui tournent en rond et qui se limitent à des injures de gosses (je ne sais plus combien de fois on entend le mot "bi**"). A ces deux phénomènes de foire, ajoutons les acteurs Dominic Purcell (Equilibrium) dans le rôle de Drake, un méchant qui ne dégage guère de crainte et parait peu malin sous ses faux airs de grosse brute (heureusement que l'on peut le voir sous deux formes : sa forme humaine que je viens de décrire rapidement, et sa forme vampirique qui est nettement plus intéressante : un monstre rouge et noir avec une mâchoire de Predator et un visage tout droit sorti des flammes de l'Enfer) ainsi que Triple H (catcheur américain) dans la peau d'un vampire baraqué un brin naïf et bagarreur du nom de Jarko Grimwood. Cependant, on prend plaisir à revoir le sympathique Kris Kristofferson (Blade, Blade 2) dans le rôle de Whistler, l'ami de Blade (même si sa prestation ne dure guère longtemps), et David S.Goyer nous gratifie de la présence de la très belle Jessica Biel (Massacre à la tronçonneuse 2003) dans un rôle plutôt convaincant de chasseuse de vampires (notons par ailleurs que c'est la fille de Whistler dans le film).
Pour ce qui est du scénario à proprement parlé, c'est certes simple et très commun mais c'est efficace et parfois c'est tout ce qu'on demande à une seconde suite. Cependant, un scénario un peu plus fignolé n'aurait pas été un mal mais bon, passons ce point et prenons ce troisième opus comme pour ce qu'il est avant tout : un pur divertissement.
Parmi les touches d'humour dont le film nous gratifie, on retiendra surtout deux séquences. La première est la scène où des jeunes vampires s'en prennent à la fille de Whistler et tombent dans un piège consistant à mettre en guise d'appât un poupon avec écrit dessus fuck you et aspergeant de l'ail au visage de ses ravisseurs. La deuxième est la scène où Drake entre dans un magasin satanique où l'on vend, sous son regard perdu, des articles un peu olé olé tels que des vibromasseurs vampires, une boisson appelée dracola… Bref, la petite boutique des horreurs quoi !
Mis à part le casting fort moyen qui accompagne notre cher Wesley Snipes et ces quelques touches d'humour bien lourdes par moments, Blade Trinity reste un bon petit divertissement. Le rythme du film ne s'essouffle à aucun moment, ceci grâce à des scènes de combat assez nombreuses et dont les chorégraphies sont plus que correctes (surtout les combats dans le quartier général de nos amis suceurs de sang). Ajoutons à cela quelques cascades de voitures, des défenestrations à tout va et des courses poursuites à gogo et vous obtenez un film au rythme bien dosé, voire même survitaminé par moments, même si, comme je l'ai déjà dit plus haut, c'est typiquement hollywoodien et donc parfois un brin exagéré…
En ce qui concerne l'aspect visuel du long-métrage de David S.Goyer, là non plus on ne remarque pas de véritable défaut mis à part quelques ralentis peu esthétiques (notamment la scène où la vitre teintée du commissariat explose suite à la défenestration de l'un des vampires : une scène que le réalisateur choisit de montrer très, voire trop, lentement, ce qui gâche incontestablement la scène).
Les couleurs restent toujours assez sombres, dans les teintes bleutées, violettes et noires à la Underworld, et certaines séquences rendent particulièrement bien dans des nuances jaunes et noires (la scène où Hannibal King se fait taper dessus par les vampires et se retrouve par terre, ensanglanté).
Concernant les effets spéciaux, nous avons encore droit à des vampires qui partent en cendres comme le veut la tradition dans la saga mais on nous livre ici quelques métamorphoses vraiment sympathiques (merci le numérique) comme celle de Drake en monstre ou encore celle de Danica Talos (alias Parker Posey) qui se voit dépérir suite à un virus ravageur (des veines bleues surgissent tout à coup sur son visage horrifié). Soulignons également l'apparition de chiens vampires plutôt bien réussis mais qui malheureusement disparaîtront assez rapidement de nos écrans.
Mais une des grandes nouveautés de ce Blade reste la panoplie d'armes mises à disposition de nos chasseurs de vampires : au programme, des arcs à UV, des mini-roquettes, des pistolets électroniques qui crachent des balles explosives sources d'UV. Bref, un éventail d'armes sorties tout droit d'un épisode de Quake ou Unreal Tournament ! Ces armes hyper sophistiquées témoignent bel et bien d'une volonté de vouloir faire de cet opus un film pour tous publics : le Blade nouveau et futuriste est arrivé!
Enfin, finissons par la bande originale de Blade Trinity. Là encore, on retrouve une tête figurant déjà sur l'opus précédent : je parle bien entendu de l'excellent RZA, membre du Wutang Clan. Bien plus axée sur les musiques électroniques (seul le générique de fin nous propose du hip hop), la bande originale s'avère être plutôt rafraîchissante même si l'on peut toutefois déplorer que certaines scènes souffrent d'un trop-plein de musiques. Pour les intéressés, on distinguera entre autres du trip hop, de la dance, de l'électronique, du hardcore et des musiques de club assez diverses.
Au final, Blade Trinity s'avère être un pur divertissement, délaissant l'horreur et l'angoisse du deuxième opus pour jouer la carte de l'humour et de l'action à gogo. Malgré de bons effets spéciaux et des chorégraphies de combat fort sympathiques et bien orchestrées, ce dernier opus de la trilogie des Blade déçoit terriblement par son casting déplorable (mis à part quelques acteurs qui s'en sortent bien tels que Wesley Snipes et Jessica Biel) et par ses touches d'humour qui s'avèrent très lourdes et puériles qui donnent à cet opus un sentiment d'inachevé, voire de gâchis. Dommage diront certains car le film possédait d'indéniables qualités…