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BLADE TRINITY (2004)



L'HISTOIRE : A l'aide d'une manipulation d'image, les vampires ont piégé Blade : sur un document vidéo, on le découvre en train de massacrer un humain. Pour le FBI, Blade devient l'ennemi à capturer. Ce dernier va devoir se battre sur tous les fronts...


MON AVISAprès deux opus de bonne facture, un premier volet réussi signé Stephen Norrington en 1998 et un deuxième volet impressionnant réalisé par Guillermo Del Toro en 2002, c'est au tour de David S.Goyer (scénariste entre autres de Blade et Blade 2) de mettre sur pellicule en 2004 le troisième épisode du désormais célèbre chasseur de vampires Blade. A la fois scénariste et réalisateur, David S.Goyer refait donc appel à l'acteur Wesley Snipes pour de nouvelles aventures, cette fois-ci bien plus soft et plus axées vers l'humour que ce que nous avaient offert les deux premiers volets de cette trilogie vampirique contemporaine. La sauce prend-elle encore malgré ces quelques déviations volontaires? La réponse dans les lignes qui suivent…

Ce que l'on peut tout de suite dire à propos de cet opus, c'est qu'il tranche net avec le deuxième volet qui, lui, était bien plus sombre et horrifique (du grand art que nous avait encore montré Guillermo Del Toro) que les deux autres. C'est justement peut-être ce qui fait la force de cette trilogie : chaque épisode a un style différent et tout le monde peut donc y trouver son bonheur, selon le ou les opus concerné(s). En ce qui concerne ce troisième volet, David S.Goyer semble vouloir reconquérir un public plus large avec cet épisode très hollywoodien, à l'humour excessif par moment et sans véritable grand débordement sanglant. En effet, le film contient son lot de scènes d'action et de courses poursuites en tout genre (à pied, d'immeubles en immeubles, en voiture…) : l'entrée en scène de Blade est assez efficace bien que très hollywoodienne (cascades de voitures, gun-fights à tout va…) et nous montre clairement que cet opus est destiné à (presque) toute la famille.

Par contre, là où le film prêche singulièrement, et excusez-moi mais je risque d'être un brin méchant et moqueur avec ce qui suit, c'est sur son casting déplorable. Même si Wesley Snipes reste toujours bien ancré dans son personnage charismatique, ce n'est malheureusement pas le cas des autres personnages qui ne sont en rien attrayants. Au programme, nous avons droit à un certain Ryan Reynolds (Amityville 2005) dans le rôle d'un jeune chasseur de vampires arrogant, orgueilleux et à l'humour au ras des pâquerettes, et une certaine Parker Posey (ConeheadsScream 3) dans la peau d'une cheftaine vampire qui ne cesse de surjouer, ce qui en devient vite énervant. Le pire pour ces deux acteurs cités précédemment, c'est quand vous les mettez ensemble dans une scène : vous obtenez alors une séquence complètement loupée, mal interprétée, aux dialogues qui tournent en rond et qui se limitent à des injures de gosses (je ne sais plus combien de fois on entend le mot "bi**"). A ces deux phénomènes de foire, ajoutons les acteurs Dominic Purcell (Equilibrium) dans le rôle de Drake, un méchant qui ne dégage guère de crainte et parait peu malin sous ses faux airs de grosse brute (heureusement que l'on peut le voir sous deux formes : sa forme humaine que je viens de décrire rapidement, et sa forme vampirique qui est nettement plus intéressante : un monstre rouge et noir avec une mâchoire de Predator et un visage tout droit sorti des flammes de l'Enfer) ainsi que Triple H (catcheur américain) dans la peau d'un vampire baraqué un brin naïf et bagarreur du nom de Jarko Grimwood. Cependant, on prend plaisir à revoir le sympathique Kris Kristofferson (BladeBlade 2) dans le rôle de Whistler, l'ami de Blade (même si sa prestation ne dure guère longtemps), et David S.Goyer nous gratifie de la présence de la très belle Jessica Biel (Massacre à la tronçonneuse 2003) dans un rôle plutôt convaincant de chasseuse de vampires (notons par ailleurs que c'est la fille de Whistler dans le film).

Pour ce qui est du scénario à proprement parlé, c'est certes simple et très commun mais c'est efficace et parfois c'est tout ce qu'on demande à une seconde suite. Cependant, un scénario un peu plus fignolé n'aurait pas été un mal mais bon, passons ce point et prenons ce troisième opus comme pour ce qu'il est avant tout : un pur divertissement.

Parmi les touches d'humour dont le film nous gratifie, on retiendra surtout deux séquences. La première est la scène où des jeunes vampires s'en prennent à la fille de Whistler et tombent dans un piège consistant à mettre en guise d'appât un poupon avec écrit dessus fuck you et aspergeant de l'ail au visage de ses ravisseurs. La deuxième est la scène où Drake entre dans un magasin satanique où l'on vend, sous son regard perdu, des articles un peu olé olé tels que des vibromasseurs vampires, une boisson appelée dracola… Bref, la petite boutique des horreurs quoi !

Mis à part le casting fort moyen qui accompagne notre cher Wesley Snipes et ces quelques touches d'humour bien lourdes par moments, Blade Trinity reste un bon petit divertissement. Le rythme du film ne s'essouffle à aucun moment, ceci grâce à des scènes de combat assez nombreuses et dont les chorégraphies sont plus que correctes (surtout les combats dans le quartier général de nos amis suceurs de sang). Ajoutons à cela quelques cascades de voitures, des défenestrations à tout va et des courses poursuites à gogo et vous obtenez un film au rythme bien dosé, voire même survitaminé par moments, même si, comme je l'ai déjà dit plus haut, c'est typiquement hollywoodien et donc parfois un brin exagéré…

En ce qui concerne l'aspect visuel du long-métrage de David S.Goyer, là non plus on ne remarque pas de véritable défaut mis à part quelques ralentis peu esthétiques (notamment la scène où la vitre teintée du commissariat explose suite à la défenestration de l'un des vampires : une scène que le réalisateur choisit de montrer très, voire trop, lentement, ce qui gâche incontestablement la scène).

Les couleurs restent toujours assez sombres, dans les teintes bleutées, violettes et noires à la Underworld, et certaines séquences rendent particulièrement bien dans des nuances jaunes et noires (la scène où Hannibal King se fait taper dessus par les vampires et se retrouve par terre, ensanglanté).

Concernant les effets spéciaux, nous avons encore droit à des vampires qui partent en cendres comme le veut la tradition dans la saga mais on nous livre ici quelques métamorphoses vraiment sympathiques (merci le numérique) comme celle de Drake en monstre ou encore celle de Danica Talos (alias Parker Posey) qui se voit dépérir suite à un virus ravageur (des veines bleues surgissent tout à coup sur son visage horrifié). Soulignons également l'apparition de chiens vampires plutôt bien réussis mais qui malheureusement disparaîtront assez rapidement de nos écrans.

Mais une des grandes nouveautés de ce Blade reste la panoplie d'armes mises à disposition de nos chasseurs de vampires : au programme, des arcs à UV, des mini-roquettes, des pistolets électroniques qui crachent des balles explosives sources d'UV. Bref, un éventail d'armes sorties tout droit d'un épisode de Quake ou Unreal Tournament ! Ces armes hyper sophistiquées témoignent bel et bien d'une volonté de vouloir faire de cet opus un film pour tous publics : le Blade nouveau et futuriste est arrivé!

Enfin, finissons par la bande originale de Blade Trinity. Là encore, on retrouve une tête figurant déjà sur l'opus précédent : je parle bien entendu de l'excellent RZA, membre du Wutang Clan. Bien plus axée sur les musiques électroniques (seul le générique de fin nous propose du hip hop), la bande originale s'avère être plutôt rafraîchissante même si l'on peut toutefois déplorer que certaines scènes souffrent d'un trop-plein de musiques. Pour les intéressés, on distinguera entre autres du trip hop, de la dance, de l'électronique, du hardcore et des musiques de club assez diverses.

Au final, Blade Trinity s'avère être un pur divertissement, délaissant l'horreur et l'angoisse du deuxième opus pour jouer la carte de l'humour et de l'action à gogo. Malgré de bons effets spéciaux et des chorégraphies de combat fort sympathiques et bien orchestrées, ce dernier opus de la trilogie des Blade déçoit terriblement par son casting déplorable (mis à part quelques acteurs qui s'en sortent bien tels que Wesley Snipes et Jessica Biel) et par ses touches d'humour qui s'avèrent très lourdes et puériles qui donnent à cet opus un sentiment d'inachevé, voire de gâchis. Dommage diront certains car le film possédait d'indéniables qualités…


Titre français : Blade Trinity
Titre original : Blade Trinity
Réalisateur : David S. Goyer
Scénariste : David S. Goyer
Musique : Ramin Djawadi, RZA
Année : 2004 / Pays : Usa
Genre : Vampire, Super-héros / Interdiction : /
Avec Wesley Snipes, Kris Kristofferson, Jessica Biel, Ryan Reynolds, 
Parker Posey, Dominic Purcell...




David MAURICE

BLADE 2 (2002)


L'HISTOIRE : République Tchèque. Un SDF appelé Nomak se rend dans une banque du sang, laquelle semble peu regardante sur la façon de s'approvisionner en donneurs. Toutefois, son phénotype semblant curieux, c'est à une véritable séance de torture que les laborantins vampires le destinent. Et là, une méchante surprise les attend. Pendant ce temps, Blade met fin à deux longues années de quête pour arracher son coéquipier Whistler aux griffes des vampires qui l'ont fait muter. Mais à peine les choses semblent-elles revenues dans l'ordre que deux émissaires d'Eli Damaskinos, chef suprême des vampires, pénètrent son repaire afin de lui transmettre une demande de trêve. Créature mutante véhiculant le virus du Faucheur, Nomak est en effet devenue la menace numéro un, car lui et ses victimes contaminées se nourrissent aussi bien d'êtres humains que de vampires. Blade accepte alors de prendre la tête du Peloton Sanguin, entraîné au départ pour l'éliminer...


MON AVIS : Blade premier du nom ayant avantageusement posé les bases, le deuxième se devait forcément d'aller plus loin: meilleurs effets numériques, combats plus nombreux, esprit Comics encore plus affirmé... Mais ce n'est pas tout. Car avec Guillermo Del Toro aux commandes, c'est également sous le signe du mélange des genres, de la richesse picturale et de l'horreur que Blade II se place. Le réalisateur espagnol, d'ailleurs écarté par les producteurs dans un premier temps, n'aura en effet cessé de batailler tout au long du tournage afin d'imposer la touche d'effroi qui faisait défaut au premier volet (les efforts de conviction qu'il aura dû déployer envers les producteurs lui ont d'ailleurs inspiré une blague sarcastique, inscrite au bas du générique de fin: No real reapers were hurt during the making of this film).

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Guillermo Del Toro n'est pas homme avare en idées excitantes et heureuses. Autant le premier opus de Blade pouvait sembler monolithique dans sa façon de présenter les particularités d'une nouvelle histoire, autant ici le foisonnement semble être la règle, quitte à donner au bout du compte la sensation d'assister à un patchwork de style et de genre pas toujours abouti.

L'hybridation, après tout, s'imposait au vu de l'argument principal de Blade II, avec cette nouvelle race de sur-vampire aux gènes mutants (ou mutés) et l'obligation pour le héros de pactiser avec ses ennemis attitrés. Même au niveau de la bande originale, la quasi totalité des scores est composée de rencontres entre des groupes dont les styles n'auraient pas pu coïncider à première vue. Remarque identique pour les combats qui essaiment le film, variant les techniques selon la tonalité désirée grâce à trois chorégraphes différents (dont Wesley Snipes lui-même et Donnie Yen, qui joue l'un des membres du Peloton Sanguin). Arts martiaux avec ou sans arme, gunfights, combat de rue, boxe et même catch, tout l'art de la guerre défile sous nos yeux, avec tantôt avec un entrain joueur, tantôt une sombre sauvagerie, jusqu'au final d'une brutalité impressionnante, mixant couleur flamboyante et nervosité de la caméra portée.

Tout n'est pas parfait dans ces scènes d'action d'une durée et d'une inventivité pourtant bien supérieures à celle du film de Stephen Norrington. Les effets spéciaux ne sont pas en cause, même si certains sont encore visibles (à la fin du combat ninja, par exemple). Mais on a parfois l'impression que Del Toro n'est pas convaincu de leur pertinence et qu'à défaut d'y croire, il s'amuse à remplir la scène imposée de figures de styles brillantes et superficielles. Une impression qui disparaît complètement lors des affrontements entre Blade et Jared Nomak, chacun des deux combattants étant chargé d'un enjeu dramatique qui donne du corps, de l'émotion et du sens à chacun des coups qu'ils échangent.

Au niveau du graphisme et des ambiances, la bonne nouvelle est que nous sommes bel et bien sur la planète Guillermo Del Toro. Dès la première scène, on constate que la sophistication de Blade a aussi fait place à un univers plus sombre, moins propre, distillant angoisse et épouvante. Et il n'est que de voir la bataille orgiaque de la boîte de nuit des vampires masochistes, ou celle des égouts remplis d'ossements, pour constater que le high-tech côtoie cette fois le glauque et le macabre. L'innovation majeure reste bien sûr celle des Faucheurs: crânes chauves, déplacements simiesque, brutalité sans frein, leur floraison buccale est d'une hideur impressionnante. Le chef suprême des vampires, Damaskinos, avec sa fille Nyssa est une occasion pour Del Toro de développer, de façon malheureusement très brève, un graphisme somptueux (le bain de sang, le bureau rempli d’œuvres d'art, la colonne des bocaux...). Personnellement, je rêve déjà d'un space opera signé Del Toro...

Malgré les figures imposées (la pseudo-histoire sentimentale entre Blade et Nyssa) auxquelles il fallait s'attendre avec ce qui reste tout de même une commande, il est donc stupéfiant de constater à quel point le réalisateur a pu transporter avec lui tant d'éléments présents dans ses précédents films, et qui sont les marques de son univers. De près ou de loin, on saisit par exemple des lignes de filiation entre le dépliage organique des Faucheurs et ceux des insectes de Mimic, entre les expériences de Damaskinos et l'histoire de Cronos... 

On retrouve aussi le jeu des couleurs cobalt et ambrées, ou encore la présence de Ron Perlman, qui reviendra en force dans Hellboy. Inutile de préciser, d'ailleurs, l'argument de poids qu'a dû jouer Blade II pour décider les producteurs à financer le rêve de Guillermo Del Toro !

Voilà en somme un divertissement de haute volée, même si le héros principal n'y est toujours pas le plus intéressant ! Car si Wesley Snipes est bien sympathique, son charisme est tout de même bien pâle à côté de celui que dégage Luke Goss, d'une énergie et d'une conviction proprement stupéfiantes... Peut-être aurait-il mieux valu faire un Nomak II qu'un Blade III ?


Titre français : Blade 2
Titre original : Blade 2
Réalisateur : Guillermo del Toro
Scénariste : David Goyer
Musique Marco Beltrami
Année : 2002 / Pays : Usa, Allemagne
Genre : Vampires, super-héros / Interdiction : -12 ans
Avec : Wesley Snipes, Luke Goss, Ron Perlman, Kris Kristofferson, Leonor Varela, 
Norman Reedus...




Stéphane JOLIVET

BLADE (1998)



L'HISTOIRE : 1967. Dans un hôpital, une jeune femme gravement blessée à la gorge meurt en accouchant de son fils. De nos jours, tandis que la nuit tombe sur la ville, un jeune homme se laisse conduire dans une boîte de nuit branchée située dans un abattoir. Rejeté par les danseurs avec lesquels il essaie de nouer contact, il est carrément agressé lorsque les extincteurs de secours arrosent de sang frais des vampires amateurs de techno. Rampant afin de prendre la fuite, il se retrouve aux pieds d'un homme revêtu d'une cuirasse et d'une cape noires, armé d'un fusil à pompe, de pieux d'argent et d'un sabre : Blade. Entre ce dernier et les vampires, un combat acharné s'engage, au terme duquel le guerrier cuirassé immole Quinn. Le cadavre calciné atterit dans l'hôpital où travaille Karen Jenson, mais Quinn est encore vivant. Alors que Blade surgit de nouveau pour lui régler son compte, il a le temps de mordre la jeune hématologue avant de s'enfuir. Troublé par la ressemblance de Karen avec sa mère, Blade décide de tenter de la sauver, et l'emmène avec lui dans le repaire secret qu'il partage avec son coéquipier Abraham Whistler…


MON AVIS : Pour ce film de vampires à grand spectacle, dans la lignée des Comics chers à David Goyer (Dark City ou encore Ghost Rider), on pouvait s'étonner a priori du choix de Stephen Norrington à la réalisation. A l'époque, ce dernier était en effet essentiellement connu comme spécialiste des effets spéciaux, que ce soit en tant que technicien ou producteur (Aliens le retour ou plus récemment L'exorciste : au commencement) tandis que son premier film, Death Machine, était passé quasiment inaperçu. Crainte principale : celle d'assister à un métrage purement axé sur la volonté d'en mettre plein la vue, comme cela a d'ailleurs fini par arriver à Norrington avec La Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Mais, fort heureusement, Blade tient la route, et sans révolutionner de fond en comble le genre des homini nocturni, inaugure avec efficacité cette désormais trilogie, qui aura fait passer nos amis vampires à l'âge du sang techno-numérique.

Règle obligatoire de ce genre de film, la scène d'introduction donne d'emblée le ton général. Avec cette excellente idée d'une boîte de nuit hype dispensant à ses habitués une douche sanglante au lieu du bain de mousse traditionnel, scène qui fait la aprt belle à la belle Traci Lords d'ailleurs, puis un combat nerveux chorégraphié avec talent (Wesley Snipes, également producteur du film, pratique la capoeira depuis des années), Norrington administre une séquence graphique assez enthousiasmante. Lumières froides, décor épuré, sang rouge vif, mouvements de caméra rapides et tournoyants, les vampires nouvelle génération paraissent sacrément excités (art martial, crochets, pistolets mitrailleurs) et sont envoyés ad patres avec autant d'entrain (contemporains en cela des morts vivants à haut-débit de Danny Boyle et Zack Snyder). Quoique d'une bonne définition, les effets spéciaux n'interviendront pas toujours avec autant de réussite. Les éclatements organiques de la seconde partie du film prennent par exemple un tour artificiel et grotesque tranchant maladroitement avec le reste, l'ambiance Comics virant au comique tout court. Mais ce n'est là qu'une exception au passage, sans doute commandée par le souci de ne pas faire verser Blade dans l'horreur pure, et le rituel fantastique de la Magra rétablira convenablement les choses.

De même, si Blade use de clins d'œil distanciateurs et de mimiques viriles un peu lourdes, c'est sans compromettre l'atmosphère d'ensemble, comme ce sera au contraire le cas avec le Faust de Brian Yuzna. Il s'agit ici de conserver la ligne directrice du projet : un film d'action fantastique et divertissant avant toute chose. En fait, quelques années plus tôt, un obscur Jake West avait atteint les sommets du ridicule en essayant de réaliser une chose équivalente (Razor Blade). Mais là, aucun doute : tout en choisissant un ton light, Blade reste efficace, et Norrington remporte aisément la mise.

Les héros de Comics sont la plupart du temps partagés entre une identité civile officielle et leur nature de justicier, occasionnant des troubles schizophréniques (Batman, Faust) et/ou des quiproquos affectifs (Superman, Spiderman) qui s'intègrent à la trame narrative et la compliquent. Ici, rien de tel : si Blade possède bel et bien un nom et un prénom d'origine (Eric Brooke), personne ne s'en soucie. Dans un monde d'ores et déjà envahi par les vampires, ce sont ces derniers qui dissimulent leur véritable nature, tandis que le héros, obligé de vivre caché, ne se départira jamais de ses attributs guerriers. Et pour cause : la dichotomie qui s'instaure d'ordinaire entre l'apparence du héros et sa vérité est ici balayée pour laisser place à un conflit biologique. Blade porte en lui les gènes spécifiques des créatures qu'il affronte, et son coéquipier Whistler doit régulièrement lui administrer un sérum pour éviter une mutation complète. Cette originalité, tout en inscrivant le film dans un contexte résolument contemporain, permet aussi de simplifier la narration… au détriment de toute psychologie, celle-ci demeurant superficielle et cantonnant les personnages dans des clichés très orthodoxes. Si vous cherchez de l'émotion et de l'originalité dans le dessin des caractères, ce n'est donc pas dans Blade que vous les trouverez…

A vrai dire, les personnages les plus intéressants du film sont les méchants (qui a dit comme d'habitude ?), c'est-à-dire les vampires assumés. Divisés entre notables du cercle d'Erebus et arrivistes à la solde de Deacon Frost (Stephen Dorff), le monde des vampires reprend ici les éléments initiés par Anne Rice, tout en les débarrassant une fois pour toute de tout argument dix-neuviémiste, et en faisant de leur opposition un certain reflet de la réalité contemporaine. 

D'un côté les conservateurs bien établis dirigés par Gaétano (Udo Kier), qui souhaitent jouir de leurs privilèges en toute discrétion. Et de l'autre, les ambitieux aux dents longues, cyniques, agressifs et à la pointe de la mode, ne souhaitant renouer avec leurs origines ancestrales que pour instaurer leur pouvoir mondial d'une façon définitive et déclarée (la thématique du vampire pur et impur évoquant tout à fait celle d'une race aryenne). Au beau milieu, on trouve Pearl, gardien des archives assez incongru semblant sortir tout droit de Star Wars, et donnant lieu à un supplice bien sadique de la part de Karen Jenson. Mais entre modernisme high-tech, glyphes kabbalistiques et complots somme toute classiques, Stephen Dorff incarne un Deacon Frost impétueux qui n'est pas sans rappeler les personnages de Roméo+Juliette de Baz Luhrmann, .et c'est sans doute lui qui remporte la palme des interprètes de Blade.

Avec ses défauts par-ci par-là et son ambition mesurée, Blade remplit donc son objectif principal : accommoder les vampires à la sauce Comics branchée, et Norrington peut se féliciter de nous avoir fourni un film plus qu'honnête. Une agréable mise en bouche avant le deuxième opus réalisé par Guillermo Del Toro, qui allait prendre une toute autre envergure.


Titre français : Blade
Titre original : Blade
Réalisateur : Stephen Norrington
Scénariste : David Goyer
Musique Mark Isham
Année : 1998 / Pays : Usa
Genre : Vampires, super-héros / Interdiction : -12 ans
Avec : Wesley Snipes, Stephen Dorff, Kris Kristofferson, N'Bushe Wright...




Stéphane JOLIVET

BÉBÉ VAMPIRE (1972)

 

Titre français : Bébé Vampire
Titre original : Grave of the Vampire
Titre alternatif : Les Enfants de Frankenstein
Réalisateur : John Hayes
Scénariste : David Chase
Musique Jaime Mendoza-Nava
Année : 1972
Pays : Usa
Genre : Vampire
Interdiction : -12 ans
Avec William Smith, Michael Pataki, Lyn Peters, Diane Holden...


L'HISTOIRE : Venus s’encanailler dans un cimetière, Leslie et Paul se font attaquer par un vampire tout juste sorti de sa tombe. Paul est tué alors que Leslie se fait violer par le monstre. Peu après, elle se retrouve enceinte et, quelques mois plus tard, accouche de son enfant. Un enfant pour le moins étrange, qui semble attiré par le sang…


MON AVIS Allez savoir pourquoi, lors de la sortie VHS de ce film en France, Bébé Vampire s'est retrouvé affublé du titre Les Enfants de Frankenstein ? Si enfant il y a, il n'est au nombre que de un et point de docteur Frankenstein ou d'expériences scientifiques macabres dans le film ! Passons sur ce curieux phénomène de re-titrage pour nous attarder sur ce petit film d'épouvante mis en scène par John Hayes

Le filon du film de vampires commencent à s'épuiser et à tourner en rond, notamment en Angleterre avec les productions Hammer Films. Bien qu'accentuant l'aspect érotique et violent, les œuvres vampiriques du prestigieux studios britannique durant les années 70 s’essoufflent malgré des tentatives plus qu'intéressantes (Le cirque des Vampires, The Vampire Lovers). Aux USA, le succès du film Count Yorga, Vampire provoque au contraire un nouvel élan et un nouvel attrait pour les suceurs de sang et on voit débarquer sur les écrans plusieurs petites productions indépendantes utilisant la thématique du vampire, que ce soit au niveau du film d'épouvante mais aussi dans le film érotique et pornographique. 

Grave of the Vampire, titre original de Bébé Vampire, se situe dans le courant sérieux et contemporain du cinéma d'épouvante. Le réalisateur veut offrir au public un spectacle de qualité et il y parvient relativement bien malgré quelques faiblesses et même parfois un petit aspect nanaresque, qui n’entache cependant pas trop le plaisir ressenti durant la vision du film. Certes, nous ne sommes pas en présence d'un chef-d'oeuvre ou d'un classique du genre mais le soin apporté à la photographie, aux décors ainsi qu'à la mise en scène permet de passer un bon moment avec ce film curieux et parfois malsain.

Malsain en effet, notamment durant la première partie du film qui nous présente le réveil du vampire, plutôt bien interprété par l'acteur Michael Pataki, mais surtout la grossesse d'une malheureuse victime violé par ce dernier, et la naissance du bébé vampire du titre. La scène dans le cimetière joue bien avec les codes du genre, avec caveau déserté par son occupant, brume à foison, musique inquiétante et attaques sanglantes du vampire au look décrépi que l'absorption de sang fera rajeunir. 

Mais comme dit, ce qui retient notre attention reste les premiers jours d'existence sur Terre du poupon aux longues dents. Si on ne verra jamais le visage de ce chérubin, on comprend vite que boire du lait ne l'intéresse pas vraiment, et qu'il préfère largement les gouttes de sang issues d'une coupure à la main de sa maman. Bien des années avant Baby Blood, notre bébé vampire va donc se nourrir du précieux liquide rouge, que sa mère, pas du tout affolée ou apeurée, va lui offrir avec compassion. La scène dans laquelle elle se taillade le sein à coup de couteau pour que son fils vienne téter le liquide de vie est assez glauque. Censées se situer durant les années 40, cette première partie (que rien ne distingue de la seconde en terme de décors ou de tenues vestimentaires !) s'avère efficace et correctement réalisée. La seconde partie se déroule trente-cinq après ces événements et notre bébé a bien grandi.

Il a désormais le physique de l'acteur William Smith et il est parfaitement conscient que quelque chose cloche chez lui. Pourtant, le film ne met pas l'accent sur le fait qu'il soit un vampire. Plus curieux encore, il se déplace de jour comme de nuit et voue une haine farouche envers son géniteur qu'il tient pour responsable de la mort de sa mère, qui s'est vidée de son sang jusqu'à la dernière goutte pour lui. Il a d'ailleurs retrouvé la trace de son vampire de père, qui a changé de pseudonyme et enseigne dans une université. Même curiosité pour ce dernier, alors que dans la première partie du film, le vampire semblait craindre la lumière, se réfugiant précipitamment dans une maison avant le lever du soleil, il déambule désormais sans vraiment craindre l'astre solaire, même s'il enseigne lors des cours du soir. Certes, on ne le voit jamais en plein jour mais certaines séquences ne semblent pas être tournées de nuit vu la luminosité au dehors. Bref, passons ce petit détail. 

Cette seconde partie, plus contemporaine donc, joue sur la confrontation du fils avec son père et met en vedette quelques ravissantes actrices dont Lyn Peters et Diane Holden. Si le scénario manque de rigueur certaine fois et qu'on a du mal à comprendre comment Diane Holden, tombée amoureuse de notre bébé vampire adulte, le laisse aller s'encanailler avec Lyn Peters en moins de cinq minutes, le récit se montre assez dynamique en faisant du père vampire un vrai prédateur au charme glacial.

Quelques légères effusions de sang viendront éclabousser l'écran lorsqu'il s'en prendra à la gent féminine mais pas de quoi effrayer les ménagères. Le scénariste rajoute pas mal d'éléments à son histoire, comme le fait que papa vampire reconnaisse en Lyn Peters son amour défunt d'antan, qu'il tentera de faire revenir à lui en utilisant le spiritisme et en se servant de l'actrice comme médium. Pourquoi pas ? 

Reste encore l'affrontement final entre le père et le fils, qui viendra clore ce Bébé Vampire pas inintéressant. Le sérieux du film, le jeu assez convaincant du casting, le charisme ténébreux de Michael Pataki sont autant d'atouts qui tire le film de John Hayes vers le haut. Comme déjà dit, ce n'est pas un grand film d'épouvante mais ça se regarde sans déplaisir en tout cas et l'aspect rétro lui procure un petit charme particulier qui fait passer la pilule. Sympa, divertissant et atypique.




Stéphane ERBISTI

LE BAL DES VAMPIRES (1967)

 

Titre français : Le Bal des Vampires
Titre original : Dance of the Vampire
Titre Alternatif : The Fearless Vampire Killers
Réalisateur : Roman Polanski
Scénariste : Roman Polanski, Gérard Brach
Musique Christopher Komeda
Année : 1967
Pays : Angleterre, Usa
Genre : Vampire, comédie fantastique
Interdiction : /
Avec : Jack Gowran, Roman Polanski, Sharon Tate, Alfie Bass, Ferdy Maine...


L'HISTOIRE Un traîneau des anciens temps serpente à travers les vallées enneigées de la Transylvanie subcarpathique. A son bord, trois personnes, dont un conducteur du pays et deux passagers étrangers : le Professeur Abronsius, vieux vampirologue chétif et transi, et son assistant candide et trouillard, Alfred. Ce dernier constate avec stupeur qu'une meute de loups affamés s'est lancée à leurs trousses. Et face à la léthargie de ses compagnons de voyages, c'est tout seul qu'il va devoir se résoudre à défendre leur traîneau. Plus tard, arrivés à l'auberge Shagal, on débarque et dégèle prestement le Professeur Abronsius, qui dès son réveil remarque la quantité impressionnante de gousses d'ail suspendues ça et là en chapelets dans l'auberge. Ses questions sur la présence éventuelle d'un château dans les alentours ne reçoivent pour réponse que silence et grossières pitreries. Installés dans leur chambre, Abronsius et Alfred font alors la connaissance de Sarah, la fille de l'aubergiste, en train de prendre son bain. Alfred tombe aussitôt sous son charme et voilà bientôt que la jeune femme est enlevée sous leurs yeux par l'abominable vampire de la région, Von Krolok…


MON AVISDes générations de spectateurs de tous les âges poussent un râle d'admiration dès que l'on prononce le titre de ce film. Aussitôt des images resurgissent et s'échangent, innombrables et colorées, effrayantes et comiques. Les langues se délient, les évocations pleuvent : le bal du cinéphile commence. Étonnant pouvoir de séduction et d'inspiration pour un film connu jusqu'à aujourd'hui dans une version producteur de 102 minutes, désavouée par le réalisateur lui-même, et dont l'un des titres originaux (Les Intrépides Tueurs de Vampires) a été traduit et trahi pour ne désigner que sa scène finale. Le sous-titre lui-même (Pardon me, but your teeth are in my neck, autrement dit Pardon, mais vos dents sont dans mon cou) est le fait du producteur, et Polanski le déteste.

La ferveur irrévérencieuse de Polanski a été telle que le plaisir pris à tourner et raconter son histoire a toutefois résisté aux mutilations. Sa double volonté de respecter et de parodier le genre (essentiellement les Dracula de la Hammer, qu'il avait regardé au cinéma avec passion et ironie) s'illustre merveilleusement. Voilà un univers gothique extraordinairement rendu et richement coloré, où rien ne manque (décors baroques à la fois somptueux et sales, crucifix, crocs, capes, chandeliers, cercueils, alcôves, etc), et où Polanski parvient à introduire la particularité du petit peuple juif polonais, notamment au travers des truculents personnages de l'auberge Shagal (nom qui doit évoquer Chagall, peintre également attaché à mêler réalisme populaire et féerie des couleurs). Le tout accompagné d'une musique de Komeda qui, elle aussi et dès le générique, dégage un mélange indissoluble de charme effrayant et de douce moquerie (on peut imaginer qu'à chaque fois qu'il regarde ce film, Danny Elfman se mord les doigts de ne pas être né plus tôt !)

A mille lieues des blockbusters actuels genre Van Helsing, Le Bal des Vampires nous envoûte sans la moindre débauche d'effets spéciaux, juste par la magie d'une atmosphère et d'une mise en scène impeccable, d'un jeu d'acteurs parfait et d'un scénario-type qui prend un malin plaisir à suivre tous les codes du genre pour systématiquement y contrevenir (Intrépides tueurs de vampire, en effet !).

La caméra de Polanski excelle de virtuosité mais aussi de sobriété, tant ses cadrages et ses mouvements, parfois très libres, se placent avec justesse dans la situation, l'émotion ou la signification d'une scène. Aucune esbroufe, rien que du talent, avec un comique en filiation directe avec celui de Molière ou de Charlie Chaplin et Buster Keaton (d'où les savoureuses accélérations cinétiques).

Les personnages du vampire, du vampirologue, de son assistant (Polanski lui-même), de la jeune victime, de l'aubergiste (magnifique Sharon Tate, future femme de Polanski qui finira assassiné par la Famille de Charles Manson en 1969) sont tous interprétés avec une conviction aussi cocasse qu'émouvante. Qui ne voudrait pas rencontrer le Professeur Abronsius et le serrer dans ses bras (ou lui hurler dans les oreilles), enlacer Sarah Shagal (ou la gifler), s'en payer une tranche avec son obsédé de père (ou le battre), ou partager ses trouilles avec le jeune Alfred (ou l'encourager) ?

Si Polanski retient un élément des Dracula de la Hammer sans trop l'écorner, c'est certainement l'érotisme (pensons particulièrement aux Maîtresses de Dracula). Rien de débridé, non, mais une sensualité troublante se dégage de ce monde gothique et féerique. Face au regard candide des deux chasseurs de vampires, aussi purs que les étendues de neige, la jeune Sarah, au bain ou en corsage, le fils de Von Krolock, vampire homosexuel séducteur, l'aubergiste Shagal, obsédé par sa jeune servante, diffusent un tension sexuelle à la fois sourde et envahissante, qui se combine avec bonheur à l'univers vampirique et distance par avance toute tentation romantique (la scène finale, à ce sujet, est très claire : le sexe et la mort, pas l'amour et la vie). Un paradoxe, quand on songe que l'histoire d'amour entre Roman Polanski et Sharon Tate commença sur le tournage du film !

L'édition uncut du DVD, espérons-le, avec ses vingt minutes d'inédit, pourra être l'occasion de nous enivrer un peu plus. Elle pourrait également permettre de répondre à certains flous narratifs dus aux coupures du producteur, et qui, on le comprend, ont paru catastrophiques pour Roman Polanski. Par exemple, pourquoi Sarah accepte-t-elle si docilement son sort ? Que devient le fils de Von Krolock au moment du bal ? Pourquoi le Professeur Abronsius, jusque-là pratiquement autiste et uniquement obsédé par ses théories, s'implique-t-il soudain avec tant d'intérêt dans le sauvetage de Sarah ? Questions qui n'ont jamais empêché ce film de devenir culte, mais dont on attend les réponses avec une impatience réjouie.




Stéphane JOLIVET

LES AVENTURES DE FLYNN CARSON : LE SECRET DE LA COUPE MAUDITE (2008)

 

Titre français : Les Aventures de Flynn Carson - Le Secret de la Coupe Maudite 
Titre original : The Librarian 3 - The Curse of the Judas Chalice
Réalisateur : Jonathan Frakes
Scénariste : Marco Schnabel
Musique : Joseph LoDuca
Année : 2008
Pays : Usa
Genre : Vampire, aventure fantastique
Interdiction : /
Avec : Noah Wyle, Bruce Davison, Stana Katic, Bob Newhart, Jane Curtin...


L'HISTOIRE : Une nouvelle mission attend le conservateur de musée Flynn Carson : retrouver le calice de Judas avant qu’une organisation russe ne mette la main dessus, cette dernière désirant utiliser le pouvoir du calice pour faire revivre le Comte Dracula et créer une armée de morts-vivants afin de rendre sa suprématie à la Russie…


MON AVISC’est en 2004 que le célèbre acteur de la série Urgences, Noah Wyle, prête ses traits au conservateur de musée Flynn Carson (Carsen dans la VO). Un personnage inspiré du non moins célèbre Indiana Jones et de la sexy Lara Croft, qui va vivre de trépidantes aventures de part le monde, à la recherche des trésors de l’Humanité. Ce sera tout d’abord une lance sacrée puis carrément les Mines du Roi Salomon en 2006 lors de sa seconde aventure télévisuelle ! Spectacle familiale haut en couleur, mêlant humour, aventure et fantastique, Flynn Carson conquiert son public qui en redemande. Un troisième téléfilm est donc programmé, ce sera Le Secret de la Coupe Maudite, qui enverra notre brave aventurier qui n’en demandait pas tant lutter contre des…vampires !

Réalisé comme le second volet par Jonathan Frakes, Le Secret de la Coupe Maudite reste fidèle au concept qui fait le charme des précédents chapitres : un harmonieux mélange d’aventure, de romanesque, de fantastique, de comédie, d’action et de romantisme. Les enfants, comme les parents, s’amuseront à suivre les péripéties d’un Noah Wyle parfaitement à sa place et à qui il arrive bien des malheurs. Déprimé parce que sa fiancée vient de le quitter, Flynn Carson, pourtant en vacances en Louisiane, va se retrouver au sein d’une terrifiante aventure où s’entremêle des Russes pas commodes, un vieux scientifique expert en objet ancien, une divine créature qui tombera sous le charme de notre aventurier mais qui s’avérera être un (gentil) vampire, des vampires pas gentils du tout et même le Comte Dracula lui-même ! Tout comme Indiana Jones ou Lara Croft, Flynn Carson doit trouver des trésors, résoudre des énigmes, déchiffrer des codes qui lui feront parcourir le monde et lui permettront d’atteindre son but. Ici, c’est le fameux calice de Judas qui est convoité.

Noah Wyle est le point fort des trois téléfilms. Son côté sympathique en font en effet l’acteur idéal pour incarner Flynn Carson, qui, rappelons-le, ne désirait être que simple conservateur de musée au départ et pas du tout devenir un aventurier. D’où de nombreuses séquences comiques qui parsèment le film, Carson n’étant pas aussi débrouillard ou téméraire qu’Indiana Jones. Néanmoins, ses grandes connaissances lui permettent de s’en sortir grâce à des trouvailles dignes de MacGyver. Sa capacité également à se lancer dans des discours-fleuves quand quelqu’un évoque un mot ou un objet qu’il connaît parfaitement bien nous fait souvent rire, surtout quand la situation ne s’y prête pas vraiment. Particulièrement amusante est la séquence de la vente aux enchères au début de l’œuvre.

L’autre atout (charme celui là) de cette aventure est sans conteste la présence de la délicieuse actrice Stana Katic, qu’on a déjà pu apercevoir dans de nombreuses séries télévisées ou plus récemment dans Quantum of Solace ou dans The Spirit. Belle brune énigmatique, elle incarne ici Simone Renoir, jeune femme téméraire qui semble également être investit d’une mission de protection du Calice de Judas. On découvrira au milieu de l’aventure que Simone possède des dons plutôt particuliers qui ne semblent pas appartenir au domaine humain. L’idylle qui naît entre elle et Flynn Carson est assez touchante, notamment à la fin du téléfilm, et nous rappelle les plus belles séquences de la love-story entre Buffy et Angel dans la série Buffy contre les Vampires. Une petite touche romantique bienvenue et qui apporte un peu de douceur aux aventures mouvementée de notre aventurier.

Les amateurs de fantastique apprécieront particulièrement les visites de Flynn Carson dans la gigantesque pièce cachée du musée, où sont entreposés d’innombrables trésors magiques. L’épée Excalibur, la fontaine de Jouvence, et même Nessy, le fameux monstre du Loch Ness, se trouvent dans cette pièce.

La présence de Dracula et de ses vampires augmentera également notre intérêt pour cette aventure si particulière. Bien sur, la violence restera très discrète et le spectacle sera visible par tous. Les effets spéciaux sont de bonnes factures et le combat entre Dracula et Simone est très divertissant et bien réalisé.

Bien rythmée, drôle, et nous mettant en présence de nombreux éléments fantastiques, cette troisième aventure de Flynn Carson s’avère hautement regardable et appréciable et permettra à toute la famille de se réunir devant son écran pour se divertir, voyager, s’évader. Un téléfilm d’aventure fantastique de qualité donc et dont le final laisse envisager un retour de Flynn Carson dans un quatrième chapitre, ce qui ne serait pas pour nous déplaire...




Stéphane ERBISTI

AUX FRONTIÈRES DE L'AUBE (1987)

 

Titre français : Aux Frontières de l'Aube
Titre original : Near Dark
Réalisateur : Kathryn Bigelow
Scénariste : Eric Red, Kathryn Bigelow
Musique : Tangerine Dream
Année : 1987
Pays : Usa
Genre : vampire
Interdiction : -12 ans
Avec Adrian Pasdar, Jenny Wright, Lance Henriksen, Bill Paxton, 
Jenette Goldstein, Joshua Miller, Marcie Leeds...


L'HISTOIRE : Fils d'un vétérinaire pour bétail, Caleb Colton est un charmant bouseux d'Oklahoma, habitant dans un petit patelin paumé du nom de Fix. Un soir, il se rend en ville à bord de son pick-up, et ses amis lui montrent une ravissante créature, un peu plus loin, qui arpente le trottoir. Caleb l'aborde. Elle lui demande de la ramener au camping de l'autoroute où ses propres amis l'attendent. Son nom est Mae. Belle, énigmatique, touchante. Fuyante. Caleb est envoûté, et son élan semble réciproque. Mais soudain, tandis que l'aube approche, la jeune femme semble paniquer. Elle ne souhaite plus qu'une chose, rentrer chez elle. Caleb accepte, mais à une condition : qu'elle lui accorde un baiser. Mae l'embrasse donc, puis le mord dans le cou jusqu'au sang avant de prendre la fuite. Son pick-up tombé en panne, Caleb tente de retourner chez lui à pied à travers les étendues semi désertiques, de plus en plus malade à mesure que le soleil se lève. Il ne voit pas le van qui coupe à toute allure à travers les terres labourées pour arriver jusqu'à sa hauteur. Une portière s'ouvre en pleine course au flanc du véhicule. Un bras en jaillit alors et hisse Caleb à l'intérieur, sous le regard affolé de son père et de sa petite sœur Sarah…


MON AVIS : Au bord des ténèbres eût été une traduction plus appropriée du titre Near Dark, celui qui a été retenu faisant carrément contresens avec le titre original. Bienheureusement, cela n'affecte pas le contenu du film. Mais cela peut tout de même fausser le regard qu'on va porter sur lui. Et c'est dommage, car Near Dark (notez la prononciation américaine, en parfait accord avec la profonde et languissante séduction que dégage le film) est probablement l'une des meilleurs réactualisations du thème vampirique que le cinéma nous ait donné. Mieux encore : selon moi, il s'agit du meilleur film de vampires jamais réalisé à ce jour. Et pourtant c'est presque par hasard que Kathryn Bigelow en est venue à le réaliser. Elle co-écrivit en effet deux scénarios avec Eric Red, déjà scénariste de The Hitcher et qui choisit pour sa part de réaliser Undertow (il ne parvint réellement à le faire qu'en 1996) tandis que Kathryn Bigelow se chargeait de ce qui allait devenir Near Dark. Grande admiratrice de John Ford, celle-ci souhaitait au départ réaliser un western pur et dur. Ce n'est qu'en constatant la réticence générale des producteurs qu'elle eut finalement l'idée d'y ajouter des vampires. On aurait donc pu craindre que ces derniers ne soient là que comme un prétexte, mais pas du tout.

Near Dark est l'un des films qui a enfin réussi à extirper les buveurs de sang de leur tanière dix-neuvièmiste, à les débarrasser de leur noblesse de pacotille et de cet attirail gothique suranné qui les entourait jusqu'alors (une chose que n'a pas vraiment fait le Génération Perdue de Joel Schumacher, sorti la même année). Mais il est également évident que Kathryn Bigelow s'est impliquée avec un grand sérieux et une réelle profondeur dans son sujet, nous livrant un métrage à la fois très violent, émouvant et poétique. On peut considérer son film comme étant à l'origine des différents traitements que subiront les vampires au cinéma par la suite, que ce soit dans le courant post-moderne (Blade 1 et Blade 2), le courant nostalgique par contrecoup (Bram Stocker's Dracula, Entretien avec un Vampire) ou tout simplement celui des retardataires plagiaires et superficiels (Razor Blade Smile, Vampires, Dracula 2001).

Near Dark ne retient que quelques caractéristiques essentielles de la tradition vampirique : l'extrême vulnérabilité à la lumière (les vampires sont littéralement inflammables), qui impose de rôder la nuit et de dormir à l'abri le jour ; la nécessité de s'abreuver de sang, qui impose de capturer et tuer des proies humaines ; et enfin l'immortalité, disons…relative, pourvu que ces deux premiers critères soient respectés. Pour le reste, tout a changé. Pas de crocs, pas de cercueil, pas de croix. Et à quoi bon, d'ailleurs, en 1987, puisqu'il y a les couteaux papillons, les armes à feu, les motels obscurs, et que plus personne ne croit en rien ? En outre les vampires n'ont plus ici aucun privilège social, aucune noblesse, aucun prestige. Le microcosme quasi familial constitué par Diamondback, Mae, Severen et Homer, et commandé par Jesse (comme Jessie James) n'est qu'une tribu de parias errants et crasseux maraudant à travers les déserts de l'ouest américain dans des véhicules volés, pirates nocturnes sur le déclin s'accommodant les uns des autres afin de supporter la solitude et le temps qui ne passera plus jamais. Leur charisme est d'ailleurs celui d'une expérience douloureuse, amère et secrète, et nullement le produit d'un quelconque pouvoir surnaturel.

Avec son physique émacié et buriné, Lance Henriksen incarne à merveille le premier vampire d'origine strictement américaine, Jesse ayant été un combattant de l'armée sudiste pendant la guerre de Sécession. Henriksen a avoué qu'il s'agissait là du rôle préféré de sa carrière, du plus passionnant à interpréter, allant avant le tournage jusqu'à prendre des jeunes gens en auto-stop et à les terroriser afin d'apprendre quels trucs suscitaient le plus efficacement la peur, cela pour mieux incarner son personnage. Un investissement fou, total et parfaitement concluant, la performance qui en résulte étant quasiment divine, à la fois pleine de force silencieuse, d'ironie lapidaire et de lassitude désolée. On en hurlerait presque de bonheur. Lance Henriksen s'était d'ailleurs tellement engoué pour l'histoire de Near Dark qu'il avait commencé l'écriture d'une série de cinq épisodes destinés à développer l'itinéraire de chaque personnage. Mais les trajectoires différentes de l'acteur et de la réalisatrice n'ont pas permis à ce projet de prendre forme, ce qui est bien regrettable.

Car ç'aurait avec un bonheur rare et malsain qu'on aurait retrouvé Homer, l'adulte coincé dans le corps juvénile d'une émouvante et insupportable tête à claques, ou encore Severen, incarné par un Bill Paxton déjanté, survolté et cruel, seul membre du clan à considérer le meurtre (au fusil à pompe, aux éperons ou à mains nues) comme une véritable fête. Et comment pourrait-on ne pas souhaiter revoir Mae, fragile comme une éphémère, mystérieuse et réservée comme une chatte, fascinée par la nuit, à la fois tranquille, inquiète, amoureuse et fataliste, exposant au velours des ténèbres et au clair de lune sa beauté fascinante aux yeux de rimmel ? Magnifique Jenny Wright, passée comme une étoile filante sur le grand écran, le temps de deux ou trois films (et d'une Licorne d'or pour son interprétation dans Near Dark), avant de disparaître dans les brumes de l'anonymat…

Et au bord de cette meute nocturne se tient Caleb, fil directeur de tout le film, à la fois sensible, simple et naïf. Near Dark est le récit de son initiation (une trame qu'Anne Rice a cru pouvoir imputer au plagiat de son roman Entretien avec un vampire, comme si le récit d'initiation était sa propriété privée…). Initiation à l'amour, à la nuit assourdissante comme lui dit Mae, et bien sûr au meurtre. Une trinité indissoluble, dont chaque étape principale sera marquée d'une scène de violence hallucinante et anthologique : la virée dans un pub routier, perverse et implacable, sur un fond musical anodin et décalé qui en renforce d'autant plus le choc ; l'assaut du motel-refuge par les forces de l'ordre au M-16 et au sniper, donnant lieu à un genre de fusillade inédite jusqu'alors, chaque camp ripostant à travers une cloison de plus en plus trouée, les raies de lumière solaire s'avérant bien plus dangereuses que les balles ; et enfin le duel final qui, en nous montrant un Bill Paxton déchaîné vider le moteur d'un camion comme les tripes d'un animal, nous rappelle à juste titre que Kathryn Bigelow a beaucoup aimé Terminator. Le directeur de la photographie sur Near Dark, Adam Greenberg, n'est autre d'ailleurs que celui qui officiait sur le film de James Cameron. On reconnaîtra ses éclairages bleutés, bien sûr, mais pas seulement. Son travail sur les lumières et les ténèbres atteint ici au génie : la nuit devient presque palpable, tiède et soyeuse ; la riche lumière du jour parvient à nous blesser et à nous inquiéter davantage que l'obscurité.

En effet, malgré sa cruauté, le clan des vampires dégage un magnétisme et une vérité humaine tels qu'on ne peut qu'éprouver la sensation de faire partie des leurs. Une identification qui passe encore et toujours par Caleb et son histoire d'amour avec Mae, histoire d'amour si intimement mêlée aux événements que Near Dark prend à certains moments l'ampleur d'une tragédie shakespearienne. Même de loin, le choix qui s'impose à Caleb entre sa famille d'origine et sa nouvelle famille de sang fait penser à Roméo et Juliette et aux clans de familles ennemies qui s'interposent entre les amants.

Mais ici le dilemme sera résolu d'une façon différente, et pour cause. Dans la scène de la gare routière, si on regarde attentivement derrière l'épaule du policier qui interpelle Caleb, on peut lire, inscrit à la craie sur un casier de consigne, les mots : Son of Ford. Autrement dit : Le fils de Ford. On peut le prendre comme un jeu des noms propres, en rapport direct avec Caleb et le sujet du film. S'agit-il en effet de John Ford (dont Kathryn Bigelow est l'admiratrice convaincue), cinéaste dont les valeurs étaient régulièrement le courage et l'humanité (et donc la lumière, le père de Caleb et Sarah, sa petite sœur), ou de Henry Ford, le père du travail à la chaîne (donc de la nuit, des rituels répétitifs et lassants qui dévorent la substance de la vie) ? Le bon père, vétérinaire et affectueux, ou le mauvais père, à la fois animal et machine ? Une opposition manichéenne, certes, mais qui évite toutefois la simplicité grossière d'un John Carpenter. On en retrouve toutes les variations dans la musique des Tangerine Dream. Une musique envoûtante, prenante, qui vient sur des images tour à tour poétiques et féroces comme la dernière touche sur un tableau, celle qui mettra en valeur le reste de la toile et la fera ressortir dans toute sa force. Tout comme David Lynch, Kathryn Bigelow a commencé ses études par la peinture. Elle est venue au cinéma pour animer des visions, où la bande sonore s'avère essentielle. Listen to them, the children of the night. What the music they make... était une phrase culte du Dracula de Tod Browning. Avec Near Dark il y aura désormais ce dialogue (et en V.O.S.T, par pitié, pas en V.F !) :
- Well, listen! Do you hear it?
- I'm listening. I don't hear, no...
- But listen hard!... Do you hear it?
- But hear what?
- The night! It's deafening!

A redécouvrir, d'urgence.




Stéphane JOLIVET