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THE SLUMBER PARTY MASSACRE (1982)


L'HISTOIRE : En l'absence de ses parents, Trish Devereaux invite chez elle quelques amies de son équipe de basket pour une soirée pyjama entre filles ! Ses deux voisines et leurs petits amis, n'étant pas conviés, observent jalousement les préparatifs de l'autre côté de la rue, et préparent une intrusion inopinée, histoire de leur causer une petite frayeur. Mais tout ce petit monde ignore qu'un évadé de l'hôpital psychiatrique a lui aussi l'intention de participer à sa manière à la petite partie, emmenant avec lui son infernale foreuse mécanique pour transformer cette nuit en fête sanglante...

MON AVIS : Activiste féministe à ses heures perdues, Amy Holden Jones a effectué plusieurs petits boulots dans l'industrie du cinéma avant de toquer à la porte du légendaire Roger Corman afin de lui proposer ses services, notamment au poste de montage. La jeune femme a ensuite envie de réaliser son propre film et Corman lui offre sa chance, lui permettant de choisir un scénario parmi de nombreux autres qui traînent en attente de trouver preneur. Elle choisit une histoire rédigée par Rita Mae Brown, remanie quelques éléments à sa sauce et obtient de Corman un financement de 220000$ pour ce qui sera le premier slasher de la firme New World Pictures. Un genre auquel la réalisatrice ne connaît absolument rien au passage. Elle doit également se plier aux exigences du studio, qui veut du sang, des jolies filles et de la nudité. Malgré sa défense du féminisme, Amy Holden Jones est bien obligé de se plier à cette dernière exigence, ce que beaucoup lui ont ensuite reproché. Mais bon, elle tourne un slasher et la nudité est quasiment un passage obligé de ce style de film donc ne lui faisons pas de procès d'intention. Surtout qu'elle donne tout de même les rôles principaux aux actrices et que les quelques protagonistes masculins présents dans le film sont plutôt du style "benêt". 

Bref, toujours est-il qu'à l'arrivée, The Slumber Party Massacre s'est avéré être très lucratif pour Roger Corman, qui a nettement rentabilisé son investissement initial. En 1982, le slasher movie est devenu le fer de lance du mouvement horrifique, suite au succès d'Halloween et de Vendredi 13 bien entendu. J'avoue que je préfère des films tels CarnageMeurtres à la St-Valentin ou Rosemary's Killer à The Slumber Party Massacre car ils lui sont supérieurs en terme d'ambiance, de suspense, de mise en scène et de meurtres sanguinolents. 

Reste  que le film d'Amy Holden Jones fait néanmoins le taf et s'avère des plus corrects, et que pour une réalisatrice qui n'y connaissait rien au genre, la miss Holden s'est plutôt bien débrouillé et livre un film assez festif, qui ne se prend pas la tête et s'avère donc plaisant à regarder. Comme dit plus haut, niveau boobs, les amateurs seront aux anges puisque le casting féminin se désape régulièrement, que ce soit dans les douches du vestiaire, pour changer de tenue ou pour quelques rendez-vous galants. Parmi ces dernières, on reconnaîtra Brinke Stevens, qui deviendra une Scream Queen très réputée dans les années 80 et 90. On note d'ailleurs qu'elle ne se déshabille pas dans The Slumber Party Massacre et qu'elle est l'héroïne d'une des meilleures scènes du film, dans laquelle le suspense est vraiment bien troussé. 

Ce qui intéresse particulièrement les fans de slasher, ce sont les meurtres et le tueur bien sûr.  Ce dernier est campé par Michael Villella, qui était très investit sur le tournage, inventant même un passif à son personnage pour le rendre plus crédible dans ses actes, passif qui n'a malheureusement pas rejoint les lignes du scénario. Dommage. Si la majorité des scènes de meurtres sont filmées en hors-champ pour cause de budget faiblard, avec vision du rendu final tout de même, les effets de maquillage sont soignés, avec une mention spéciale au livreur de pizza dont les deux yeux ont été perforés par la mèche de la foreuse infernale. Une arme très cinématographique et pas choisit au hasard, puisque la longueur de la mèche et certains plans dans lesquels le tueur la tient entre ses jambes en font une arme "phallique" au rendu sans équivoque. 

Bénéficiant d'un rythme plutôt alerte, cette soirée pyjama qui n'est pas sans nous rappeler le Halloween de John Carpenter, se montre fun, distrayante et bien sûr sanguinolente ! Je pense même que The Slumber Party Massacre se bonifie avec le temps et l'effet nostalgie joue grandement en sa faveur. Pas de quoi bouder son plaisir donc ! A noter que le film d'Amy Holden a eu deux suites, en 1987 et 1990, ainsi qu'un remake en 2021. Et tous ces films ont été réalisés par une femme ! Il y a de la suite dans les idées donc...   


Titre français : The Slumber Party Massacre
Titre original : The Slumber Party Massacre
Réalisateur : Amy Holden Jones
Scénariste Rita Mae Brown, Amy Holden Jones
Musique Ralph Jones
Année : 1982 / Pays : Usa
Genre : Slasher / Interdiction : -16 ans
Avec Michelle Michaels, Robin Stille, Michael Villella, Brinke Stevens, 
Debra de Liso, Andree Honore...





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Stéphane ERBISTI

BLACK CHRISTMAS (2006)

 


L'HISTOIRE : Il neige à gros flocons dehors, les cadeaux croulent sous le sapin, des milliers de lumières émanent des maisons : pas de doute, c'est Noël. Dans la fraternité de Miss MacHenry, le réveillon vire au cauchemar : à peine la jolie Clair a t-elle fini d'écrire une carte pour sa sœur, qu'une main inconnue vient l'abattre sauvagement. Quelques couloirs plus loin, dans le salon, l'on parle du fait divers sordide ayant eu lieu dans la même maison...


MON AVISLancé par la série X-Files, le tandem James Wong & Glen Morgan aura trouvé définitivement une place dans le cœur des fantasticophiles avec la saga Destination Finale dont le potentiel sadique n'est plus à prouver. Dommage que malgré leur talent, les deux lascars se laissent aller à une certaine facilité : d'un côté, il leur suffit d'imaginer les morts les plus atroces pour agrandir leur saga chérie et de l'autre, voilà qu'ils s'intéressent de très près à des remakes de petits classiques 70's. Et là évidemment, ça ne peut pas plaire à tout le monde, quoi qu'on y fasse...

Après un Willard réussi (enfin un film exploitant pleinement la folie d'un Crispin Glover bouillonnant), voilà qu'un remake du fabuleux Black Christmas de 1974 est mis en chantier... non sans quelques heurts. L'idée n'est pas des plus affriolantes et le film connaîtra un développement chaotique, affecté alors par de nombreux re-shooting. Pire encore, son mauvais score aux USA ne permettra qu'une sortie DTV chez nous. Sort mérité ? Pas sûr, tant le résultat final fait sans doute partie de ce que le slasher a produit de meilleur durant ses dix dernières années. Eh oui...

La trame générale n'a pas réellement changé (un tueur se glissant dans une sororité d'étudiantes durant les fêtes de noël) mais les temps ont changé : les portables pullulent (dont l'utilisation est judicieusement exploité), les étudiantes sont devenues de véritables bombes (dire que le spectateur hétéro y trouvera son compte est un euphémisme), et le film se refuse à donner une seule part de mystère, sacrifiant la figure du tueur sur l'autel de la rationalité, ainsi que la violence suggérée de l'original. Bref, c'est dans l'air du temps.

Les créateurs de Destination Finale sont à la barre et ça se voit : les morts sont inventives et cruelles, et ne font jamais dans la dentelle, offrant avec délectation ce que des amateurs de sensations fortes sont en droit de réclamer. Ce que Bob Clark commençait en 1974 (des objets a priori inoffensifs devenant des armes mortelles), Morgan le termine : stylo-plume, sac poubelle, patin à glace, stalactite... jusqu'à la fameuse licorne de verre qui reprend sa fonction meurtrière ! Par ailleurs, toujours au rayon clins d'oeil, c'est Andrea Martin, anciennement Phillis dans le film original, qui incarne la propriétaire des lieux. Margot Kidder aurait effleuré, elle aussi, le rôle...

Toutes les zones d'ombre du premier film sont balayées violemment ici : de la même manière que Rob Zombie revoyait le mythe Myers ou que Jeff Libiesman expliquait le pourquoi du comment de la naissance de Leatherface, Morgan et son compère nous offrent complaisamment la genèse tortueuse, passionnante et scabreuse de Billy, devenu ici un croisement entre Norman Bates et le Yellow Bastard (ce n'est pas une blague !). A ce titre, les rétrospectives, très réussies, sont d'une cruauté sans pareil ; cannibalisme et inceste faisant alors bon ménage, plaçant Billy en véritable victime du destin.

S'il mise avant tout sur ses débordements graphiques, Black Christmas version 2006 est sans temps morts (l'action est resserrée en une nuit et non en deux), bénéficie d'un visuel particulièrement léché (oui, Morgan sait tenir une caméra) et sait surprendre (reprise d'éléments à Douce nuit, sanglante nuit ou à Halloween 2) jusque dans sa dernière partie (dont la version UK propose un déroulement assez différent). Du slasher racé et hargneux (les énucléations, cradingues, sont courantes) et tant pis s'il n'est pas le bijoux de terreur qu'était son prédécesseur, tout cela à 100 000 lieux d'un imbuvable Prom Night qui, lui, a raflé un succès proprement incompréhensible ! Les voies du box-office sont impénétrables comme dirait l'autre...


Titre français : Black Christmas
Titre original : Black Christmas
Réalisateur : Glen Morgan
Scénariste Glen Morgan, Roy Moore
Musique Shirley Walker
Année : 2006 / Pays : Usa, Canada
Genre : Slasher / Interdiction : -12 ans
Avec Katie Cassidy, Michelle Trachtenberg, Mary Elizabeth Winstead, Kristen Cloke...





Jérémie MARCHETTI

BLACK CHRISTMAS (1974)

 


L'HISTOIRE : Lors des fêtes de Noël, un mystérieux individu passe des appels téléphoniques obscènes à des étudiantes. Cette plaisanterie ne s'arrête pas là car très vite, ce même individu sème la mort au sein du pensionnat de ces demoiselles...


MON AVISCroire que le slasher movie est né avec Halloween, la nuit des masques est un raccourci que l'on retrouve souvent sous la plume des commentateurs. Or, il existe deux films véritablement fondateurs du genre: l'italien La Baie Sanglante et dans le cas qui nous intéresse ici, ce Black Christmas qui ouvrira une voie royale au film de Carpenter mais aussi au thriller psychologique, Terreur sur la ligne de Jess Walton. Le regretté Bob Clark (Le Mort Vivant) combine plusieurs éléments sans se laisser enfermer dans un genre bien particulier. Ainsi, malgré la tension qui se fait sentir dès le départ et ce sentiment d'insécurité qui plane sans cesse, on se retrouve face à des personnages truculents et au caractère bien trempé. On a ainsi une gérante de la fraternité, plus occupée à camoufler son alcoolisme (Mme Mac) ou encore Barbara, interprété par une Margot Kidder des grands jours totalement fantasque, qui montre qu'elle est bien une des égéries du cinéma fantastique des années 70: Soeurs de Sang, Amityville la Maison du Diable, Superman...

Encore plus que Michael Myers, le tueur de Black Christmas apparaît fantomatique. Nous ne voyons de lui que ses mains ou un œil. Tout le reste de sa personne reste suggéré et même jusqu'à la conclusion du film, le spectateur reste sur sa faim en ce qui concerne son identité. Une fois la police repartie des lieux des meurtres, on continue à ressentir une présence malfaisante. Ce tueur pourrait alors représenter la forme physique d'une Amérique puritaine anti-avortement. Ce thème alors sensible charpente le corps de l'intrigue. L'une des jeunes filles, qui se retrouve enceinte, envisage alors de se faire avorter au grand désespoir de son petit ami. Ce thème est renforcé par les appels téléphoniques où les obscénités sont finalement remplacées par des allusions à un infanticide (réel ou supposé ? L'énigme reste entière).

Bob Clark privilégie résolument l'ambiance au détriment des effets chocs (se détachera un meurtre avec une licorne). Ce qui décevra les amateurs de meurtres sanguinolents et marqués par une grande violence. Car on baigne plutôt ici dans une ambiance fantastique. La maison des jeunes pensionnaires, qui est un bâtiment anodin, devient sous le regard de Clark, une demeure biscornue et inquiétante. Le grenier devenant la métaphore des secrets cachés et inavouables de toute une société, et où le tueur installe quelques-unes de ses victimes, de manière très organisée. Ce métrage dépasse donc le stade du simple film de psycho-killer,Black Christmas fait alors office de film de transition et de passage de témoin entre une période propice au gothique (la Hammer) et une ère plus moderne. Ce film aura un impact si fort qu'il impressionnera le jeune John Carpenter, ce dernier en reprendra les grandes lignes pour Halloween, la Nuit des Masques.

Du côté des forces de police totalement dépassées par les événements, nous retrouvons l'acteur John Saxon (Les Griffes de la Nuit, Ténèbres) qui y incarne l'enquêteur, un rôle qu'il ne doit qu'à la désaffection d'Edmond O'Brien (Le Voyage Fantastique) alors malade. 

Bien que pouvant surprendre par son approche très suggestive, ce slasher, mérite largement la très bonne réputation dont il fait l'objet. Un film culte et une véritable leçon de cinéma, où chaque recoin de la maison devient anxiogène.


Titre français : Black Christmas
Titre original : Black Christmas
Réalisateur : Bob Clark
Scénariste : Roy Moore
Musique Carl Zittrer
Année : 1974 / Pays : Usa
Genre : Slasher / Interdiction : -12 ans
Avec Olivia Hussey, Keir Dullea, Margot Kidder, John Saxon, Andrea Martin...




Gérald GIACOMINI

LE BAL DE L'HORREUR (1980)

 

Titre français : Le Bal de l'Horreur
Titre original : Prom Night
Réalisateur : Paul Lynch
Scénariste : William Gray, Robert Guza Jr.
Musique Paul Zaza, Carl Zittrer
Année : 1980
Pays : Canada
Genre : Slasher
Interdiction : -12 ans
Avec : Jamie Lee Curtis, Leslie Nielsen, Casey Stevens, Antoinette Bower…


L'HISTOIRE : Dix ans après la mort de leur petite camarade de jeu, quatre personnes partageant le même secret sont rattrapées par leur passé. Ils reçoivent une série de coups de téléphone menaçants pendant que, dans le même temps, un innocent accusé du crime s'est évadé...


MON AVIS C'est sur une trame scénaristique marchant sur les traces du mètre-étalon du genre Halloween, la Nuit des Masques qu'est conçu ce projet en pleine période de ce que l'on peut appeler l'âge d'or du slasher canadien. En effet, pour des raisons de coûts budgétaires, beaucoup de slashers de cette époque y sont tournés (Le Monstre du Train, Happy Birthday, Meurtres à la St Valentin). Tournés à la chaîne, ils finissent par devenir interchangeables mais si certains d'entre eux font des efforts en matière de terreur et de gore, on ne peut pas dire que ce Prom Night de facture très télévisuelle sorte du lot. Il aurait même tendance à être dans le fond du panier. 

Confié au débutant Paul Lynch (qui réalisera Humongous en 1982 puis préférera aller réaliser des épisodes de série télé comme Star Trek, La Belle et la Bête ou encore Poltergeist, les aventuriers du surnaturel), ce dernier manque singulièrement de talent pour créer de la tension, là où un John Carpenter, avec trois fois rien et une composition musicale adéquate, arrivait à nous faire attendre les attaques du tueur. Paul Lynch rend ce Bal de l'Horreur amorphe, malgré un début classique, avec un accident fatal qui amène des enfants à garder un secret, comme quoi Souviens-toi...l'été dernier n'a rien inventé mais gageons qu'en bon cinéphile Kevin Williamson y a pioché quelques idées.

Pour attirer les investisseurs, il est fait appel à la scream-queen de l'époque en tête d'affiche, j'ai nommée Jamie Lee Curtis bien sûr. Engluée dans le monde des slashers, la pauvre Jamie Lee aura bien du mal à s'en défaire, de même que de l'usage de certaines substances illicites. Il suffit de bien observer certaines scènes où elle a les pupilles dilatées pour s'apercevoir que la jeune comédienne n'est pas dans son état normal. Amorphe, elle se promène dans le film en paraissant égarée. Mieux vaut pour elle d'ailleurs car en plus d'être mou du genou, Le Bal de l'Horreur est d'un kitsch total. 

En plein boom disco, l'équipe du film s'est dit qu'il fallait utiliser cette musique. Quelle bonne idée ! Ce qui nous vaut des scènes de bal sur le dance-floor à pleurer de rire. Accoutrés dans des tenues d'époque, les acteurs n'en ressortent pas à leur avantage. Comme quoi, tout le monde n'a pas le talent d'un De Palma qui, avec Carrie au Bal du Diable, a réussi un classique indémodable. Le Bal de l'Horreur en est loin et avant d'arriver à l'équarrissage en douceur du casting, il faut se farcir une heure de néant, durant laquelle le réalisateur se croit obligé de faire des zooms sur les téléphones en train de sonner, ceux-ci étant devenus des objets de menace, mais ce recours technique tombe à plat. Tant pis, on se dit qu'on va se rattraper avec les suspects (naïfs que nous sommes). Pour faire bonne mesure, ceux-ci sont multipliés à loisir, jusqu'à avoir recours au grand absent, le soi disant suspect qui s'est évadé de l'asile, encore une référence à Halloween.

Parmi les potentiels coupables, se trouve un acteur bien connu du grand public mais pour ses rôles de comique, à savoir Leslie Nielsen (1926-2010), qui a connu son heure de gloire dans la série des Y a-t-il un Pilote dans l'avion ?, Un Flic pour sauver le Président / la Reine ? mais aussi dans toute une série de pastiches dont L'exorciste en folie, Scary Movie 3, Scary Movie 4 etc. Mais ça serait oublier à quel point ce grand monsieur à œuvrer aussi dans des films nettement plus sérieux (Planète interdite, L'aventure du Poséidon, Creepshow). Si son interprétation peut donner le sourire aux lèvres aux jeunes générations, il hérite pourtant ici, dans la peau du proviseur, d'un rôle qui ne prête pas à rire. Et dans ce maelström de médiocrité, il tire même son épingle du jeu. On n'en dira pas autant des jeunes comédiens qui doivent se coltiner des scènes dites de terreur toutes plus cocasses les unes que les autres. A commencer par une attaque dans un van et l'apparition du tueur visiblement en manque d'inspiration et qui était plutôt accoutré pour aller braquer une banque dans sa tenue de camouflage !

Avec des meurtres édulcorés (ici pas besoin de censure) et son manque de surprise, voyons ce que l'on peut sauver. Deux choses au moins me viennent à l'esprit : une course-poursuite dans les couloirs d'un bahut désert et une magnifique décapitation sur la scène de danse. Pour le reste, rien de spécial à retenir car Le Bal de l'Horreur va même jusqu'à foirer le whodunit, vous savez, le moment de la révélation du tueur et de la raison de ses agissements. Un final médiocre aux allures de chant du cygne pour sa comédienne principale qui bientôt tournera la page de l'horreur et restera longtemps fâchée avec le genre. Personne ne saurait l'en blâmer à la vision de ce Bal de l'Horreur qui héritera de fausses suites dont le très réussi Hello Mary Lou: Prom Night II qui fera basculer la série dans la vengeance fantastique.

Réputé culte, le film de Paul Lynch est pourtant l'un des pires rejetons de son époque (on lui préférera Carnage, Meurtres à la St-Valentin, Rosemary's Killer entre autres). Sa réputation, il ne le doit qu'à la présence de Jamie Lee Curtis. Guère étonnant que l'odieux remake de 2008 destiné aux moins de 12 ans soit une sombre purge quand le matériau de base se révèle aussi médiocre. Très mauvais slasher, Le Bal de l'Horreur n'est destiné qu'à une poignée de fans nostalgiques comme l'auteur de ces lignes, mais sinon il ne vaut pas la peine d'être vu.




Gérald GIACOMINI

LA BAIE SANGLANTE (1971)

 

Titre français : La Baie Sanglante
Titre original : Reazione a Catena
Réalisateur : Mario Bava
Scénariste : Mario Bava, Filippo Ottoni, Giuseppe Zacchariello
Musique Stelvio Cipriano
Année : 1971
Pays : Italie
Genre : Slasher
Interdiction : -16 ans
Avec : Claudine Auger, Luigi Pistilli, Claudio Camaso, Anna Maria Rossati, Léopoldo Trieste…


L'HISTOIRE : Une vieille comtesse est pendue par son mari qui déguise le meurtre en suicide. Il est à son tour assassiné par un tueur mystérieux qui fait disparaître le corps. Peu de temps après, quatre jeunes gens s'arrêtent dans la demeure abandonnée pour y passer un peu de bon temps. Ils vont rapidement connaître des fins sanglantes, tandis que le mystère s'épaissit. Quelqu'un cherche à se débarrasser de toute personne ayant une relation de près ou de loin avec la demeure de la comtesse située dans une baie idyllique...


MON AVISLe film démarre fort avec ces deux meurtres successifs filmés de façon magistrale par un Mario Bava ayant posé les jalons du genre giallo en 1964 avec La Fille qui en savait Trop et en 1966 avec Six Femmes pour l'Assassin et qui pose ici, avec La Baie Sanglante, les bases du genre slasher ! Il est fort ce Mario Bava Le spectateur a droit à toute la souffrance de la victime en gros plan, tandis que le meurtrier n'est révélé que par quelques détails corporels, comme ses chaussures polies ou ses mains gantées de noir. Et juste au moment où nous voyons son visage, il se fait lui-même larder de coups de couteaux brillants. Une introduction des plus efficaces, servie par une mise en scène impeccable dans un décor baroque aux couleurs riches et profondes, donnant un aspect velouté aux images (tiens, voilà Dario Argento venu jeter un petit coup d'œil).

Avec ce film datant de 1971, il ne fait aucun doute que Bava a inspiré plus d'un réalisateur, tant pour la mise en scène que pour l'histoire et l'inventivité des meurtres. Ici, nous avons droit à un couple transpercé par une lance en pleins ébats, à une décapitation à la hache ou une machette en pleine figure – de plus, dans un décor situé au bord d'un lac (tiens, bonjour Sean Cunningham) – ou encore à un égorgement en pleine course, donnant lieu à l'une des images les plus sublimes du film.

L'une des jeunes filles se baigne dans un lac et croise un cadavre. Elle panique et s'enfuit en enfilant maladroitement sa petite robe vert bouteille. Tout en courant, le tueur lui coupe la gorge et elle s'effondre sur un gazon vert brillant sur lequel contraste merveilleusement sa délicate peau pâle et le rouge du sang qui coule de sa plaie béante. C'est de la vraie poésie macabre et cette séquence est juste incroyable de virtuosité.

L'histoire du film est d'une banalité presque affligeante, devenue une base fixe pour la plupart des slashers ayant suivi. Mais ici, point de longueurs ni d'effet déjà-vu grâce à tout le savoir-faire de Mario Bava, qui introduit des personnages mystérieux à intervalles réguliers, ayant chacun un mobile pour ces meurtres incessants.

En effet, les quatre jeunes vont disparaître l'un après l'autre dans la première demi-heure, si bien que l'on se demande ce qui nous attend pour la suite. Et là, le film prend une tournure un peu inhabituelle dans ce genre de film aujourd'hui, étant donné qu'il commence à raconter une vraie histoire qui ne s'éclaircira qu'à la fin. On n'a pas l'impression d'assister à quelque chose de gratuit et malgré son âge certain, ce film a beaucoup mieux vieilli que Vendredi 13, qui s'en inspire jusqu'à en devenir un calque, par moments.

Les acteurs composant le groupe de jeunes n'ont rien de particulier. Ils sont juste là pour servir aux funestes desseins du tueur donc leur développement se limite à quelques chamailleries amicales. On devine que l'un des garçons est amoureux des deux filles qui ne le lui rendent pas et qu'il est toujours tenu un peu à l'écart du groupe mais c'est tout. Et ce n'est pas grave.

Par contre, le couple qui arrive, dont la femme est la belle-fille de la comtesse décédée, comporte un peu plus de substance, notamment grâce à la beauté fragile de Claudine Auger. Elle va se révéler bien plus ferme et rusée qu'elle n'en donne l'impression et une sombre histoire de propriété et d'avidité va se dessiner autour du couple, les détails devenant de plus en plus évidents en même temps que les cadavres s'amoncellent.

Si vous n'avez pas encore vu La Baie Sanglante, il est grand temps de le découvrir, ne serait-ce que pour voir le début du slasher. Je n'ai qu'un seul problème avec ce métrage dont je vais parler dans le paragraphe suivant. Il comporte cependant un monstrueux spoiler concernant la fin, alors ne le lisez que si vous avez déjà vu le film.

La fin est en soi très brutale, voire choquante ("Maman ? Papa ?" - BAM !!) et aurait parfaitement fonctionné en clôturant un film aux propos autrement plus cyniques. Ici, elle laisse un méchant goût d'arrière-pensée foireuse, comme si Bava s'était dit Oh mince, tout le monde est mort. Alors comment faire pour tuer les parents ? Et là, il s'est souvenu de leurs enfants que le spectateur avait oublié tant ils sont inexistants dans ce qui précède. Il n'existe aucune véritable raison pour qu'ils tuent leurs parents, même si cet acte est présenté comme un jeu pour eux (T'as vu comme ils font bien semblant d'être morts ?). Selon moi, l'ironie aurait mieux fonctionné si les parents avaient péri dans un accident provoqué par eux-mêmes et en rapport avec cette baie qu'ils convoitaient tant. Alors qu'ici, le spectateur se sent brutalement mis de côté et plongé dans une réflexion qui nuit en quelque sorte à son appréciation pour le reste du film.

Reste une oeuvre fondatrice que tout amateur du genre se doit d'avoir vu.




Marija NIELSEN

AU-DELÀ DU CAUCHEMAR (1987)


Titre français : Au-delà du Cauchemar
Titre original : Twisted Nightmare
Réalisateur : Paul Hunt
Scénariste : Paul Hunt
Musique : Bruce Wallenstein
Année : 1987
Pays : Usa
Genre : slasher
Interdiction : -12 ans
Avec : Rhonda Gray, Cleve Hall, Robert Padilla, Brad Bartrum, Scott King...


L'HISTOIRE : Invité au camp Paradise, un groupe de jeunes gens se retrouve avec bonheur, mais devient inquiet face à d'étranges disparitions et au passé trouble de la jeune Laura. Un mystérieux tueur va les massacrer un par un, orchestrant une sinistre vengeance…


MON AVISLe cinéma en compte des nanars, et par centaines, peut-être même par milliers. Et quand on tombe sur un malheureux film de Bruno Mattéi, de David de Coteau ou de Uwe Boll, on navigue entre l'envie de zapper immédiatement ou de découvrir l'ampleur de la bêtise. Une nullité qui touche au sublime, à l'ennui parfois, mais qui peut donner lieu à des crises de fous rires incontrôlables, des longs silences remplis de consternation et parfois même l'envie de ne jamais plus en voir. Mais que voulez-vous il y en a tellement. Mais justement le problème de Au-delà du cauchemar est de n'apporter rien du tout, même en domaine de nanar. Un slasher médiocre de plus me direz-vous ? Oui mais là c'est peut-être le pire slasher que la terre nous ai porté, eh oui carrément !!

Un bon vieux bis rital, comme un Mattéi sorti de la cave, donne souvent au spectateur l'envie de savoir si l'homme derrière la caméra est vraiment un réalisateur. Le résultat a beau être sans aucun intérêt, on en retient souvent quelque chose - tout ce qu'il ne faut pas faire au cinéma surtout - et des dialogues cultes de connerie. Une ou deux idées par là, même foireuses ou mal exploitées, qu'importe : il y a quand même quelque chose, même si cela reste vraiment minime. Avec Au-delà du cauchemar il n'y a rien, non rien du tout, même pas un simple détail vraiment drôle ou réussi. La catastrophe est totale. Mais pourquoi avoir vu un film pareil me demanderiez-vous ? Tout simplement car en furetant gamin je ne sais où, je suis tombé sur la splendide jaquette dont le style rappelait beaucoup les affiches de Laurent Melki. Une jaquette bleutée et enrichie de beaux détails, qui est le contraire du film. Des détails interpellent cependant : les images sont petites, le scénario ressemble un peu trop au Griffes de la nuit, idem pour le titre, et je n'entends finalement jamais parler de ce film jusqu'à que je le retrouve par un horrible miracle. Mais vu le peu du prix qu'il coûtait, c'est sûrement la jaquette que j'ai dû acheter. Donc ne tombez point dans ce piège menaçant, pour ce film qui a vraiment bien fait d'être oublié par tout le monde. C'est bon parfois, l'oubli…

Voir de mauvais acteurs, un mauvais scénario et une mauvaise réalisation n'est pas ce qu'il y a de pire dans un nanar. On peut se rattraper sur certains moments d'anthologie (la chute du mannequin dans La Terreur des Zombies ou le soldat en tutu dans Virus Cannibale), une version française bien gratinée, voire des séquences bien gores. Avec Au-delà du Cauchemar, on ne se rattrape à aucune branche, on se les prend toutes dans la gueule. Un groupe d'amis est invité à passer quelques beaux jours au Camp Paradise (vous aurez déjà compris le plagiat de Vendredi 13), une espèce de baraque toute naze au fin fond de l'Amérique profonde, et en plus les invités sont contents ! On a donc droit à une belle galerie de couples en tout genre, passant du moustachu en crise, à l'héroïne au passé vachement mystérieux ou ce Chinois expert en armes aussi baraqué que Schwarzenegger !! Le réalisateur (ah bon il y en a un ?) s'occupe amoureusement de les foutre légèrement (attention légèrement hein !) à poil dans des scènes dignes des plus mauvais films de charme.

Alors oui, l'héroïne avait un frère attardé très con qui est allé se foutre dans une grange pour finir brûlé devant tout le monde, comme c'est triste dites donc. Evidemment il revient en grand brûlé (qui n'a en fait pas grand-chose à voir avec notre ami Freddy) qui est une sorte de croisement entre Leatherface et un zeste de Creepers avant l'heure, mais alors un zeste hein. Excepté un bras arraché à mains nues dans l'obscurité, on dirait que monsieur Hunt s'est tapé toute la série des Vendredi 13 et va carrément plagier la scène du couple empalé alors qu'ils étaient en train de forniquer, une idée déjà repiquée au film La Baie sanglante

Pour le reste on a droit à des meurtres bien fadasses et dénués d'originalité. Parmi les nombreuses gaffes du film, on notera par exemple les grosses paluches griffues du tueur, qui, ô surprise, disparaissent à la fin, c'est ça la magie du cinéma. Entre un rythme aussi mou que de la brioche, et une poursuite dans les bois rappelant trop Evil Dead, on a droit à quelques ralentis à la De Palma se permettant même de faire gueuler l'héroïne effarée comme une vache. On le sait, être nul devient presque un art, et ce pauvre Paul Hunt réussit à faire pire que tout, en ne suscitant même pas une vague émotion. Ah si quand même : la honte suprême, qui se dégage après la vision de cette chose innommable, et qu'il faut fuir à tout prix.




Jérémie MARCHETTI

AEROBIC KILLER (1987)


Titre français : Aerobic Killer
Titre original : Killer Workout
Réalisateur : David A. Prior
Scénariste David A. Prior
Musique : Todd Hayen
Année : 1987
Pays : Usa
Genre : Slasher
Interdiction : -12 ans
Avec Marcia Karr, David Campbell, Ted Prior, Teresa Van der Woude, Dianne Copeland...


L'HISTOIRE : Valérie apprend que sa candidature pour être mannequin a été retenue. Afin de parfaire son look, elle s'offre une séance de cabine à UV. Mais une anomalie détraque l'appareil qui se met à chauffer de plus en plus, provoquant même un incendie alors que Valérie est coincée dedans. Deux ans plus tard, Rhonda anime un club d’aérobic, le Rhonda's Workout. Les affaires marchent plutôt bien, avec des cours d’aérobic qui sont tout le temps plein de jolies femmes venues se muscler et entretenir leurs formes. Malheureusement pour Rhonda, un mystérieux assassin se met à décimer les clientes du club. Le lieutenant Morgan mène l'enquête...


MON AVISSi vous étiez enfant ou adolescent durant les années 80, vous vous êtes sûrement déjà retrouvés devant votre poste de télévision allumé sur l'émission de Véronique et Davina, Gym Tonic ! Impossible de ne pas connaître cette émission culte d'aérobic et de remise en forme, notamment pour son générique final, où les deux charmantes coachs sportifs prenaient une douche ensemble ! Tenues de gym moulantes et cadrage légèrement voyeuriste étaient monnaie courante durant l'émission et si vous kiffiez ça, alors le réalisateur David A. Prior a pensé à vous avec ce slasher pas piqué des hannetons qu'il a réalisé en 1987, le fameux et nanaresque Aerobic Killer ! Pour qui connaît la filmographie du monsieur, responsable de l'ahurissant Ultime Combat par exemple, inutile de préciser qu'on ne va pas être en présence d'un chef-d'oeuvre, c'est le moins que l'on puisse dire. Par contre, pour qui aime les nanars, les séries B et les films pas prises de tête, Aerobic Killer est une pièce de choix à n'en point douter, qui égayera de manière significative vos soirées détentes entre potes avinés.

Pris sérieusement, il est quasi impossible de tenir plus de trente minutes sans avoir envie d'éteindre sa télé devant le spectacle proposé. Mais si vous avez le bon état d'esprit, vous allez pouvoir vous en payer une bonne tranche. Car Aerobic Killer fait partie de ces films totalement ratés, bourrés de clichés et de stéréotypes, interprétés par un casting où tout le monde est mauvais, mais qui, au final, réussi l'exploit de nous maintenir éveillé et surtout, de nous amuser devant tant d’inepties au kilomètre ! Après une scène d'intro qui nous fait de suite profiter de la généreuse plastique de son interprète et qui a peut-être influencer la séquence quasi similaire de Destination Finale 3, va savoir, on entre dans le vif du sujet, à savoir le fameux club d'aérobic tenu par Rhonda (Marcia Karr) et Jaimy (Teresa Van der Woude). Et c'est parti pour des cadrages façon Gym Tonic, à savoir très près des corps, se focalisant sur les poitrines insérées dans des tenues de sport ultra-moulantes et ultra-flashy, le tout sur des musiques électro 80's du plus bel effet. David A. Prior s'amuse à filmer son casting féminin de façon insistante et il y prend assurément un malin plaisir, n'hésitant pas à les dénuder pour le nôtre, de plaisir !

L'originalité (?) de Aerobic Killer est d'avoir recours aux clichés du slasher movie bien sûr et de balancer un tueur sans pitié au beau milieu de ces adeptes de la musculation et de la remise en forme. Mais attention, là aussi, on tient du lourd ! Déjà, l'arme principale des crimes : une épingle à nourrice taille XXL ! Sérieux ?? Oui !! Il faut le voir pour le croire, c'est assez hallucinant. Si notre tueur utilisera d'autres armes pour massacrer allègrement les adhérent(e)s du club de Rhonda et Jaimy, c'est bel et bien l'épingle à nourrice qu'on retiendra tant ça confère à l'absurde le plus frappadingue. Toujours est-il que notre mystérieux psychopathe n'y va pas de main morte et que le bodycount s'avère assez élevé, ce qui obligera le lieutenant Morgan à venir enquêter pour tenter d'éclaircir la situation. Bien sûr, comme dans tout slasher, les suspects sont légion : bodybuilder qui a l'air un peu atteint du ciboulot, cliente jalouse des autres, et même ce nouvel employé, interprété par Ted Prior (frère du réalisateur qui est dans tous les films de ce dernier) et qui nous régalera de scènes de bagarre à se pisser dessus, pourraient se révéler être le meurtrier.

Evidemment, vu l'apparente inefficacité du lieutenant Morgan à démêler l'affaire, l'assassin va tranquillement poursuivre son affreuse besogne avant de dévoiler son identité, qui plonge encore plus le film dans le nanar de haute voltige. Avec sa violence bon enfant, sa nudité généreuse bien que totalement gratuite, ses dialogues ineptes, son casting calamiteux, sa musique électro, ses nombreuses filles au corps de braise et son scénario tarabiscoté, on ne peut pas dire que Aerobic Killer fasse dans la dentelle. Slasher-nanaresque revendiqué, à vous de voir si vous voulez lui laisser une chance. Mais franchement, pour se marrer et oublier une journée morose, ça le fait bien je trouve ! Et pour ceux qui en voudraient encore plus, on ne peut que conseiller ces quelques films se déroulant également dans des clubs de sports, à l'image de Death SPA, Graduation Day, Murderock ou même The Toxic Avenger ! 




Stéphane ERBISTI

13 MORTS ET DEMI (1981)

 

Titre français : 13 Morts et Demi
Titre original : Student Bodies
Réalisateur : Mickey Rose
Scénariste : Mickey Rose
Musique : Gene Hobson
Année : 1981
Pays : Usa
Genre : Slasher, comédie horrifique
Interdiction : -12 ans
Avec : Kristen Riter, Matthew Goldsby, Richard Belzer, Joe Flood, Joe Talarowski...


L'HISTOIRE : Un tueur fou qui respire comme un bœuf tue les jeunes dans un lycée avec des trombones et des sacs poubelles. La terreur est à son comble...


MON AVISL'art de la parodie horrifique est une chose délicate. Trouver le bon dosage permettant aux spectateurs putatifs de ne pas s'ennuyer, de sourire, voire de rire en leur distillant de-ci de-là des clins d'oeil immédiatement reconnaissables à des films représentatifs du genre, tel est la recette du succès. Pour quelques grandes réussites comme Le Bal des Vampires, Frankenstein Junior, le court The Horribly Slow Murderer with the Extremely Inefficient Weapon ou encore l'hilarante parodie ouvrant La Cité de la Peur de feu Les Nuls, on a une flopée de long-métrages oscillant entre le moyen et le lamentable.

Evidemment ces dernières années, la série des Scary Movie a remis au goût du jour ce type de productions. Avec plus ou moins (plutôt moins d'ailleurs) de bonheur. Toujours est-il que ce 13 morts ½ se révèle n'être ni plus ni moins qu'un Scary Movie avant l'heure. Le début des années 80 fut d'ailleurs fécond dans le genre avec des titres comme le déplorable Saturday the 14th ou le sympathique Hysterical.

Pullulant en ce début de décennie tels des arapèdes sur un rocher, par la grâce des succès colossaux tels que Hallowen : la Nuit des Masques et Vendredi 13, le slasher-movie envahit les salles de cinéma. Normal donc que certains petits malins tentent d'en recueillir les fruits. Sauf qu'ici les fruits sont gâtés pour ne pas dire pourris. Avant de le pourfendre avec une belle ignominie, on se doit de signaler que le premier quart d'heure de 13 morts ½ fait illusion : situant son action le jour de l'anniversaire de Jamie Lee Curtis (l'héroïne du Halloween original), on entre dans une maison où une jeune et jolie jeune fille reçoit des coups de téléphone d'un tueur fou de la même façon que dans l'introduction de Scream en 1996.

Le tueur respire comme un asthmatique, porte des gants de vaisselle en caoutchouc vert, choisit un trombone comme arme du crime, met un temps considérable à monter des escaliers qui n'en finissent pas, tout en étant ralenti par des morceaux de chewing-gum collés sur l'escalier et sur sa rampe. La jeune fille ayant, entre-temps, retrouvé à l'étage son copain pour une partie de jambes en l'air.

Immense tension donc (sic) qui s'achèvera par la mort des deux comparses découverts par les parents de la donzelle dans des sacs poubelles (les comparses, pas les parents). La réalisation ponctuera, dès lors, chaque mort de l'annonce en surimpression du nombre de cadavres et d'annotations qui se veulent drolatiques sur les erreurs commises par les futures victimes (du genre "porte non verrouillée", "Erreur de venir dans cet endroit").

Cela pourra faire légèrement sourire et rappellera combien ce type de film comporte souvent d'énormes ficelles scénaristiques. Sauf qu'à partir de là le film s'essouffle en même temps que le tueur.

Le reste sera un long calvaire permettant de partager le monde en deux camps. Ceux qui iront au bout des 84 minutes et ceux qui n'en auront pas la force. Et il en faudra bien plus qu'à un chevalier Jedi, de la force, pour se farcir le fatras d'âneries, de tentatives forcées de faire rire qui pullulent dans ce long-métrage.

Gags éculés, lourds comme des parpaings moldaves (les plus solides du monde). Blagues synthétisant à merveille ceux des Charlots et des pires Police Academy (des préservatifs pour gonfler la poitrine, un punch qui a une drôle de couleur vu qu'un homme a fait pipi dedans, ce genre-là quoi...). Acteurs et actrices sans talents perceptibles même avec plusieurs grammes d'alcool dans le sang. Mise en scène ( la seule de son auteur, remercions donc Dieu pour son infinie clémence) que l'on qualifiera de fonctionnelle pour rester dans le politiquement correct. Si on ajoute à cela une piètre qualité d'image due à la vision sur support VHS et un doublage abyssale de nullité, on finit le film dans la position du grand-père Simpson lorsqu'il s'endort, avec de la bave s'écoulant lentement de la commissure des lèvres devant tant de bêtises.

Même avec la plus grande nostalgie, on ne saurait prétendre que ce 13 morts ½ fut hilarant en 1981, que l'on se rassure il ne l'est pas davantage trente ans plus tard.

Si comme l'écrivit Platon Post mortem, nihil est, à savoir qu'après la mort il n'y a rien, on pourra conclure qu'après ce film, il n'y a pas grand-chose non plus. Amen.




Lionel JACQUET