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BLIND WOMAN'S CURSE (1970)


L'HISTOIRE : Pour venger son père du clan Tachibana, Akemi devient chef de gang et va affronter la bande rivale responsable du décès de son paternel. Durant cette rixe meurtrière, Akemi donne involontairement un coup de sabre à une jeune femme qui devient aveugle, un chat noir venant lécher la blessure de cette dernière. Pour Akemi, ceci est le symbole d'une malédiction qui vient de s'abattre sur elle. Arrêtée, Akemi est placée en prison et rejoint son clan trois ans plus tard. Elle ne désire plus vivre dans la violence et tente d'être une chef de gang qui prône l'apaisement. Mais un gang local, dirigé par Dobashi, ne l'entend pas de cette manière. Dans le même temps, Aiko Gouda, une femme aveugle, vient proposer ses services à Dobashi pour l'aider à anéantir les efforts d'Akemi...


MON AVIS : Le réalisateur japonais Teruo Ishii est principalement connu pour sa célèbre série des Joy of Torture, parmi laquelle on trouve des titres cultes comme L'Enfer des Tortures, Vierges pour le Shogun ou Orgies Sadiques de l'ère Edo par exemple. Spécialisé dans ce qu'on appelle l'ero-guro, à savoir le film érotique grotesque, il va livrer en 1969 l'étonnant Horrors of Malformed Men. En 1970, il réalise ce Blind Woman's Curse, dans lequel il mélange le film de sabre, le film de yakuza, le grotesque, le tout saupoudré d'une toute petite pincée de fantastique, pour un résultat assez déconcertant. La séquence d'introduction met tout de suite dans le ton : au ralenti, on assiste au combat entre deux clans rivaux, l'un d'entre-eux étant mené par la belle Meiko Kaji, future star des sagas Lady Snowblood, Stray Cat Rock ou La Femme Scorpion entre autres.

Joliment chorégraphié, cet affrontement va être le déclencheur d'un incident qui donne au film son titre : Akemi (Meiko Kaji) rend aveugle une fille qui tentait de s'interposer et qui se prend un coup de sabre qui ne lui était pas destiné au niveau des yeux. Un petit chat noir vient lécher le sang qui s'écoule, ce qui trouble le personnage interprétée par Meiko Kaji. En effet, c'est un très mauvais présage, qui annonce une malédiction. Personnellement, je m'attendais pour la suite du film à une réelle bifurcation dans le registre du fantastique pur. Honnêtement, Blind Woman's Curse n'est en rien de ce registre car la suite de l'intrigue reste tout à fait terre à terre.

Pas de spectres, pas de fantômes revanchards à se mettre sous la dent mais une histoire de clan yakuza au temps médiéval, avec traître, combat de sabre, assassinats et quelques belles gerbes de sang rouge écarlate. Meiko Kaji partage l'affiche avec deux autres actrices, l'une interprétant la belle Chie Mitsui (Yôko Takagi), fille de l'oncle d'Akemi qui tombera amoureuse d'un beau chevalier servant qui rejoindra son clan (Makoto Sato), l'autre la sabreuse aveugle venu chercher vengeance (Hoki Tokuda) et proposant ses services à un chef de gang (Tôru Abe) qui désire créer la discorde entre deux clans rivaux pour en tirer partie. Ce dernier est particulièrement antipathique, se livrant à la prostitution et aux trafic de femmes, souvent pour son propre plaisir pervers. Si l'intrigue principale reste très ancrée dans le réalisme, les personnages secondaires et certaines situations ou comportements versent ouvertement dans le grotesque si cher à Teruo Ishii, donnant au film une connotation des plus étranges et effectivement, à la limite du fantastique.

Le protagoniste le plus emblématique de cette recherche du grotesque reste sans conteste Ushimatsu, l'associé de la sabreuse aveugle. Bossu, sautant comme un chat à des hauteurs inaccessibles, empailleur et découpeur de tatouage, ce drôle de numéro est interprété par l'artiste de théâtre Tatsumi Hijikata, l'inventeur de la danse Butoh. Possédant une troupe spécialisée dans le grotesque, il avait déjà fait sensation avec cette dernière dans Horrors of Malformed Men justement. Il récidive donc dans Blind Woman's Curse et apporte une réelle touche d'étrangeté au film. On pourra également citer l'un des yakuzas d'Akemi, au faciès déconcertant et au mimique risible. Cette dualité entre film de sabre classique et personnages ou situations grotesques déconcerteront assurément un public ne sachant pas trop à quoi s'attendre avec ce film. Toujours est-il que les fans de Meiko Kaji apprécieront de voir leur égérie dans son premier grand rôle, même si elle disparaît parfois durant de longues minutes avant de réapparaître à l'écran. La séquence finale est quant à elle sublime, revenant à la tradition de l'affrontement en duel, le tout filmé sous une peinture de ciel orageux du plus bel effet. Assez atypique dans sa réalisation et dans ce qu'il nous propose, Blind Woman's Curse possède pas mal de petits défauts mais ces derniers font aussi partie de son charme et ils sont souvent contrecarrés par de jolies trouvailles visuelles et quelques effets gores qui rendent le spectacle attachant dans son ensemble. Une curiosité.


Titre français : Blind Woman's Curse
Titre original : Hîchirimen Bâkuto - Nôbarydu Takahadâ
Réalisateur : Teruo Ishii
Scénariste : Teruo Ishii, Chûsei Sone
Musique : Hajime Kaburagi
Année : 1970 / Pays : Japon
Genre : Insolite / Interdiction : /
Avec Meiko Kaji, Hoki Tokuda, Makoto Satô, Hideo Sunazuka, Shirô Ôtsuji...





Stéphane ERBISTI

LA BÊTE AVEUGLE (1969)

 

Titre français : La Bête Aveugle
Titre original : Moju
Réalisateur : Yasuzo Masumura
Scénariste : Edogawa Rampo, Yoshio Shirasaka
Musique : Hikaru Hayashi
Année : 1969
Pays : Japon
Genre : Insolite
Interdiction : -16 ans
Avec Eiji Funakoshi, Mako Midori, Noriko Sengoku...


L'HISTOIRE Aki est une call-girl jeune et jolie, servant de modèle pour des photographies érotiques sado-masochistes. Alors qu'elle fait un tour dans une galerie consacrée à l'artiste pour lequel elle pose, elle surprend un homme aveugle tripoter littéralement la sculpture à son effigie. Aki en ressent un profond malaise et s'en va. Quelques temps plus tard, elle appelle un masseur à domicile se révélant être l'aveugle en question. A peine aura-t-elle le temps de le démasquer qu'il l'endort et la kidnappe avec l'aide de sa mère. C'est un cauchemar qui prendra les couleurs d'un fantasme qui commence...


MON AVISJalonné d'histoires d'amour tordues, le cinéma asiatique - et pas seulement le cinéma japonais d'ailleurs puisque les Coréens Kim Di-Duk ou Park Chan Wook mettent en scène très souvent des visions de la passion joliment déjantées - offrira l'un des maîtres étalons du genre, non pas dans le couplet de Nagisa Oshima, mais bien dans l'un des grands chefs-d'œuvre de Yasuzo Masumura, l'un des réalisateurs japonais les plus audacieux de son temps, abordant des thèmes aussi difficiles qu'originaux (les désirs sexuels des grandes victimes de la Seconde Guerre Mondiale ou l'homosexualité féminine par exemple) à travers une carrière particulièrement riche.

Masumura adapte à l'écran un grand nom de la littérature horrifique japonaise, Edogawa Rampo (en lisant son nom à la japonaise, cela donne volontairement Edgar Alan Poe), abonné à un style donnant la part belle à une horreur tout à fait viscérale et dérangeante mais dont les écrits restent malheureusement trop peu connus dans nos contrées. Un auteur qui fut également adapté il y a quelques années par un certain Shinya Tsukamoto, avec le monstrueux Gemini, ce qui n'étonne guère vu l'univers si décalé et si malsain du réalisateur de Tetsuo : The Iron Man.

Sur le lancinant et envoûtant thème musical de Hikaru Hayashi, la jeune Aki nous raconte le début de son histoire : des photos SM défilent, où le bondage est roi, où les chaînes métalliques s'étalent sur les corps nus de jeunes Japonaises aux regards perdus ; entièrement vouées et terrassées par la passion qui les enchaîne, au sens propre comme au figuré.

Lorsque Aki déclare Je m'appelais…, on saura d'emblée que l'histoire se terminera mal, ou que Aki ne sera plus la personne qu'elle était avant, qu'elle deviendra sûrement aussi dominée, blessée et soumise que les modèles sur les photographies.

Sa descente aux enfers débutera par un kidnapping organisé par un aveugle ! Un aveugle particulièrement fasciné par ce qu'il appelle l'art tactile. Coupé du monde et vivant avec une mère castratrice, Michio (c'est le nom de l'aveugle) ne s'adonne pas à la taxidermie, contrairement à son voisin de palier Norman Bates, mais sculpte des corps, des membres, des parties du corps humain. Il s'enferme dans un immense atelier, dont le mur est tapissé d'oreilles, de jambes, de bras, d'yeux, de bouches. Cet antre des sens, on le découvrira en même temps qu'Aki, avec une lumière éclairant petit à petit les différents coins de la pièce. Dali n'est certainement pas loin vu l'aspect surréaliste de cet univers entièrement recréé par un être frustré et obsédé par les courbes féminines.

Ce décor surréaliste sera le décor d'un combat sans merci puis d'une passion sans limites. Effrayée et désorientée, Aki refuse d'écouter les intentions de son ravisseur qui rêve d'en faire son modèle pour une sculpture féminine parfaite. Les tentatives d'évasion sont des échecs complets et la baraque de Michio semble plus que perdue au milieu de nulle part, Aki décide d'user de ses talents de manipulatrice…

S'il n'y a pas réellement de scènes de sexe dans le film de Masumura, La Bête Aveugle n'en reste pas moins furieusement érotique : le corps de la femme est un thème central, primordial. Ici, on pétrit, on masse, on embrasse, on touche ou on sculpte la peau et le corps du sexe faible, et en particulier celui de la jolie Mako Midori.

Masumura met en scène seulement trois acteurs, n'utilise que quelques décors, ne montre quasiment jamais les extérieurs : en fait toute l'action est principalement confinée dans cet atelier surréaliste, dont le centre est occupé par deux gigantesques corps de femmes où les héros vont se chercher et se trouver, se battre ou se lover. Lors d'une poursuite inespérée entre l'agresseur et sa victime, Masumura met magnifiquement en avant l'intelligence de Michio, dont les autres sens sont incroyablement affûtés : malgré sa cécité, il semble réellement voir la jeune femme et suit ses moindres mouvements. Inquiétant donc, mais irrémédiablement beau puisque la scène est bercée par le grand thème musical entêtant.

La relation entre les deux personnages principaux sera fondée tout d'abord sur une grande ambiguïté, avant de prendre une tournure violente, puis passionnelle, et encore violente : le décor s'assombrit, l'atmosphère, jusque là oppressante, devient davantage maladive, pourrissante. 

Masumura filme une passion extrême, où le sexe ne suffit plus, où le plaisir ne peut prendre forme que par la douleur, par l'automutilation ou le vampirisme ; ce qui permet à cette liaison de se fondre lentement en tragédie. Et malgré l'horreur et la folie destructrice qui s'emparent de cette dernière partie, quelque chose d'émouvant se dégage encore du film, comme si la beauté émergeait de là où on ne l'attend pas, de la douleur et de la souffrance des corps consentants et meurtris. A ce stade, on se demande si le film n'aurait pas dû se nommer L'empire des Sens, autre histoire mythique portée sur la passion SM.

Masumura signe là l'un des plus importants et l'un des plus hypnotisant film sado-masochiste de l'histoire du cinéma.




Jérémie MARCHETTI

BATTLESHIP (2012)

 

Titre français : Battleship
Titre original : Batleship
Réalisateur : Peter Berg
Scénariste : Jon Hoeber, Erich Hoeber
Musique : Steve Jablonsky
Année : 2012
Pays : Usa, Japon
Genre : Science-fiction, extraterrestre
Interdiction : /
Avec Taylor Kitsch, Alexander Skarsgard, Rihanna, Brooklyn Decker, Liam Neeson...


L'HISTOIRE : Au large d’Hawaï, l’US Navy déploie toute sa puissance. Mais bientôt, une forme étrange et menaçante émerge à la surface des eaux, suivie par des dizaines d’autres dotées d’une puissance de destruction inimaginable. Qui sont-ils ? Que faisaient-ils, cachés depuis si longtemps au fond de l’océan ? A bord de l’USS John Paul Jones, le jeune officier Hopper, l’Amiral Shane et le sous-officier Raikes vont découvrir que l’océan n’est pas toujours aussi pacifique qu’il y paraît. La bataille pour sauver notre planète débute en mer...


MON AVIS Je ne sais pas si les plus jeunes le savent, mais avant la généralisation presque totale des consoles de jeux, avant de lire régulièrement des histoires de jeunes abrutis passant par la case hôpital après un marathon sur Call of Duty, il existait des jeux de société. Certes, il manquait sans doute le doux son des insultes échangées par micro interposé et des remarques tendant à donner à nos mères une vie sexuelle débridée, mais nombre d’entre nous avons passé des heures autour du Monopoly ou du Trivial Poursuit. Si j’évoque ce glorieux passé, c’est parce qu’après les figurines GI Joe et les Transformers, c’est aujourd’hui la célèbre bataille navale qui est adaptée à l’écran avec ce Battleship.

L’histoire est simplissime : des extraterrestres attaquent la Terre, et le tout se joue autour d’une longue bataille navale. Aussi le film s’applique-t-il à évacuer pendant sa première demi-heure toutes les questions liées à la personnalité des protagonistes, et n’y reviendra plus ensuite. Sans surprise, on retrouve donc le militaire un peu rebelle (Taylor Kitsch - John Carter), menacé de renvoi et amoureux de la fille de son amiral (Liam Neeson - Excalibur ou Le Territoire des Loups), la militaire cool et courageuse (Rihanna, aussi bonne actrice que chanteuse), le rival japonais qui deviendra un allié et un ami (Tadanobu Asano, déjà vu dans Ichi the Killer ou Jellyfish) et le vétéran de guerre amputé des deux jambes qui cherche un sens à sa vie (interprété par un véritable vétéran de guerre). Bref, on s’aperçoit bien vite que ce Battleship ne cherche pas à révolutionner le cinéma au niveau de son scénario. En revanche, c’est du côté des scènes d’action qu’il va tenter de marquer les esprits.

On devine ainsi rapidement qu’une grande partie du budget dépassant les 200 millions de dollars a été réservée aux effets spéciaux, par ailleurs particulièrement réussis. On regrettera néanmoins une trop grande impression de déjà vu, le film citant des œuvres aussi variées que Independence Day, A la poursuite d’Octobre rouge, Pirates des Caraïbes ou Pearl Harbor. On notera également que les combinaisons des envahisseurs ressemblent beaucoup à celles du jeu vidéo Dead Space

Les scènes d’action sont par ailleurs régulièrement ponctuées d’effets visuels discutables, les éternels ralentis étant parfois accompagnés de retours en arrières, comme si un imbécile s’amusait avec les touches retour rapide et avance rapide de son lecteur. Le pire, c’est que malgré tous les moyens à disposition, les scènes d’action sont rarement réussies, et même la présence de hard-rock lors de certains passages ne suffit pas à injecter de l’énergie au film.

Battleship, c’est donc une immense impression de déjà-vu, et pas seulement parce que c’est tiré d’un jeu de société. Le film est d’ailleurs principalement à voir pour une réplique surexcitée devant un écran indiquant les positions supposées des embarcations ennemis : Touché ! Touché-coulé ! Pour le reste, vous pouvez vous contenter des films cités plus haut, même de Pearl Harbor, pas forcément plus fins mais tellement plus intenses...




Steeve RAOULT

BATTLE ROYALE 2 - REQUIEM (2003)

 

Titre français : Battle Royale 2 - Requiem
Titre original : Batoru Rowaiaru 2 - Rekuiemu
Réalisateur : Kinji Fukasaku, Kenta Fukasaku
Scénariste : Kenta Fukusaku, Norio Kida, Koushun Takami
Musique : Masamichi Amano
Année : 2003
Pays : Japon
Genre : Survival
Interdiction : -12 ans
Avec Tatsuya Fujiwara, Aki Maeda, Shugo Oshinari, Natsuki Kato, Riki Takeuchi...


L'HISTOIRE : Trois ans se sont écoulés après le premier Battle Royale, les deux uniques survivants Shuya et Noriko sont aujourd'hui recherchés par les autorités. Menée par Shuya, une rébellion juvénile se tapit sur une île, afin de lutter contre les adultes. Le gouvernement japonais décide de créer une nouvelle session de la loi BR intitulée Battle Royale 2. Il décide d'y faire participer une classe de jeunes délinquants ayant pour but de neutraliser le groupuscule de Shuya...


MON AVISOeuvre maîtrisée, à la fois pamphlétaire et ironique, Battle Royale premier du nom fut un film proche de la perfection. Suite à son succès inattendu, Kenji Fukusaku décida de prolonger ce film et d'en donner une suite. Malheureusement ce grand réalisateur japonais s'est éteint durant le tournage et c'est à son fils qu'il délègue la dure tache de prendre le relais.

Les 20 premières minutes du métrage s'apparentent à une forme de remake de l'original : présentation de la nouvelle classe à travers quelques portraits des élèves, dont la fille de Kitano (le professeur du premier), le passage du tunnel, l'arrivée du nouveau professeur, deux exécutions dont un collier qui explose afin de faire adhérer tout le monde au combat, et enfin les fameuses scènes des jets de sac dirons-nous (moins poilantes que dans le premier néanmoins).

Nouvelle édition oblige, les règles sont différentes, cette fois-ci le but n'est plus de s’entre-tuer mais de neutraliser toute la bande de Shuya qui s'est réfugiée sur une île, ce qui explique le choix de cette classe, composée de mauvais élèves, assez déglingués du ciboulot. Bonne trouvaille, c'est le collier qui est ici utilisé en binôme. Organisés par paire (un garçon et une fille) et numéro, si l'un des deux vient à mourir, l'autre meurt tout de suite après, son collier explosant. Une idée malsaine mais qui offre de nombreux intérêts malheureusement trop peu explorés dans le film.

Du point de vue de la réalisation, pas grand chose à en dire. D'une grande efficacité et fluidité, elle se veut maîtrisée, pas de hic de ce côté là. Il suffit de voir la séquence impressionnante du débarquement, qui renvoie directement à celle d'Il faut sauver le soldat Ryan de Spielberg.

Le film pêche surtout par son scénario rempli d'incohérences et de situations improbables. En effet comment des jeunes non expérimentés peuvent-ils survivre aussi longtemps face aux armées ultra entraînées japonaises (elles doivent être mauvaises me direz-vous), cette remarque se ressent énormément vers la fin du métrage où, à trois, ils résistent assez bien à toute une armada, Shuya se prenant bien 6 balles dans tout le film, il est drôle qu'il ne succombe pas à ses blessures.

Autre point qui tâche, les acteurs s'avèrent assez plats dans l'ensemble, et on peine à ressentir une quelconque émotion envers eux, d'ailleurs les scènes où certains avouent leur amour à d'autres ne marchent pas du tout, au contraire du premier épisode où lors de ces scènes l'émotion était vraiment forte.

Simplement deux personnages sortent du lot, Taku et la fille Kitano. Shuya déçoit énormément, alors que dans le premier il s'avérait pacifiste et timide, ici il apparaît comme un gourou qui prône la guerre. Bref pratiquement impossible de s'identifier à lui quand on connaît le personnage du premier film.

Le nouveau professeur joué par Riki Takeuchi (acteur chez le réalisateur Takashi Miike, on a pu le voir dans sa trilogie Dead or Alive), exagère beaucoup trop son jeu avec ses grosses grimaces. On est très loin d'un jeu à la Takeshi Kitano, qui fait ici une apparition très brève mais touchante.

Battle Royale 2 - Requiem est aussi un film jouant sur un sujet assez subversif et osé. Traitant allègrement du thème du terrorisme et de l'anti-américanisme, le discours du film se perd un peu par moments, obligeant toujours le spectateur à choisir un seul point de vue (ici tout est contre les Etats-Unis). Une volonté très louable mais mal employée. Néanmoins on ne peut enlever au fils de Fukusaku qu'il en a une sacrée paire, en parodiant en quelque sorte dès la séquence d'ouverture, le désastre des Twins Towers (n'oubliant pas que le film fut fait peu après les attentats du 11 septembre 2001), et en faisant un réquisitoire acerbe envers les Etats-Unis (le professeur écrivant tous les noms des pays ayant connu des bombardements américains, la fin étant un pied de nez osé).

On peut aussi se poser des questions par rapport au traitement du film : la partie remake du début (allant même jusqu'à utiliser la même musique) est-elle une critique de tous les remakes produits aux Etats-Unis en manque d'originalité ? La reprise presque à l'identique de la séquence d'Il faut sauvé le soldat Ryan est-elle vraiment un hommage au film ? Bref Kenta Fukusaku nous laissera perplexe avec son discours assez bizarre, prônant par moments la violence (il faut voir le degré de violence du film encore supérieur au premier) ou le pacifisme (voir la conclusion du film), en demi-teinte donc.

Inférieur de bout en bout au premier, Battle royale 2 s'avère tout de même un film intéressant, osé et en même temps fascinant. A voir maintenant le travail futur de Kenta Fukusaku pour pouvoir confirmer ses idées sur l'homme.




Anonymous

BATTLE ROYALE (2000)

 

Titre français : Battle Royale
Titre original : Batoru Rowaiaru
Réalisateur : Kinji Fukasaku
Scénariste : Kinji Fukasaku, Koshun Takami
Musique : Masamichi Amano
Année : 2000
Pays : Japon
Genre : Survival
Interdiction : -12 ans
Avec Tatsuya Fujiwara, Aki Maeda, Takeshi Kitano, Taro Yamamoto, Kou Shibasaki...


L'HISTOIRE : Dans un futur proche, le Japon traverse une crise sociale sans précédent. Quand la classe de Terminale B de Shuya, Noriko et leurs trente-huit autres camarades se rend en voyage de fin d'année, tout semble aller pour le mieux. Mais au cours du trajet, le bus qui les conduisait à destination est gazé, et les élèves se réveillent sur une île déserte, encadrés par une troupe militaire, un collier électronique passé autour du cou. Le professeur Kitano apparaît et explique aux jeunes gens ce qui se passe : afin de remédier à la perte d'autorité des adultes, le gouvernement a fait passer une loi nommée Battle Royale. Chaque membre de la classe sera doté d'un paquetage de survie et devra se battre à mort contre les autres. A l'issue de trois jours de tueries, il ne devra y avoir qu'un gagnant...


MON AVIS Prolifique et cependant peu connu chez nous, Kinji Fukasaku avait 70 ans lorsqu'il livra avec Battle Royale son 61ème film, le dernier qu'il eût achevé. Un long métrage dont la brutalité, la noirceur et l'énergie firent couler beaucoup d'encre, et qui le feront sans doute encore longtemps, assurant in extremis la notoriété d'un réalisateur chez qui la vieillesse sembla paradoxalement rimer avec une vigueur intacte et une lucidité amère. Loin de se contenter, malgré ses apparences par ailleurs parfaitement assumées, d'un divertissement gratuit et ultra violent, Battle Royale posait en effet, à travers l'outrance folle et pourtant crédible d'une anticipation réussie, un regard pessimiste et radical sur l'évolution d'une société en crise, les comportements qu'elle suscite et leurs (im)possibles issues.

Basé sur un roman scénarisé en compagnie de l'auteur lui-même (lequel avait déjà œuvré à son adaptation manga en plusieurs volumes), Battle Royale bénéficie d'une structure implacable qui est celle même du jeu que Fukasaku montre et dénonce, et qui, poussé à bout, représente un monde de la concurrence que des élèves insoumis doivent intégrer de force, et où tous les coups sont permis pour réussir. Dès son introduction coup de poing, le réalisateur unit d'ailleurs dans un même infantilisme survolté l'hystérie adulte (la journaliste) à l'annonce du gagnant, et celui d'une enfant ayant triomphé dans le sang. La fameuse scène où sont exposées les règles du jeu élève cette absurdité à un point de non-retour. Doté d'un sang-froid désabusé et narquois, Kitano présente, avec le concours d'une animatrice vidéo cyniquement débile, une solution sidérante à la perte d'autorité des adultes - solution qui, bien évidemment, n'en est pas une - et qui porte plutôt le constat d'une société devenue autodestructrice. On tue tout de suite pour se faire obéir et respecter, et on devra tuer pour se faire sa place.

Très vite, le film dévide alors une logique éliminatoire sanglante et rudimentaire. Se fondant sur la peur, la méfiance, l'ambition, le désespoir ou la rancune, la faculté de tuer s'apprend vite. Tueries variées, suicides, renversements de situation abrupts, décompte des morts sur noble fond de musique classique. Une trame narrative qui, outre sa brutalité, véhicule un humour noir et grinçant, et dans laquelle Fukasaku se déplace avec efficace et virtuosité, ménageant sans temps morts les accélérations et les pauses, passant avec aplomb d'un lieu à un autre, avec aisance d'un personnage à un autre, sans jamais perdre le fil, sans jamais se répéter ni ennuyer.

Le plus étonnant est qu'à cette maestria de la violence s'ajoute une qualité rare, celle de camper en quelques traits des caractères convaincants et multiples. Il y a dans Battle Royale plus de quarante personnages, et pratiquement tous, à des degrés de développements certes plus ou moins élaborés, représentent un point de vue, un choix. Sans pour autant viser une psychologie fouillée, c'est à une vue en coupe saisissante que parvient Fukasaku, à l'instar de la photographie de classe qui reviendra à la fin du film.

Au-delà de Kitano, qui représente à lui seul un monde adulte rendu fou par le découragement (loin d'en faire une caricature, Fukasaku le rend également compréhensible), de Shuya, par qui la narration du film a lieu, et de Kawada, qui fera en quelque sorte figure de mentor en sortant Shuya et Noriko de leur innocence parfois niaiseuse, on trouve encore de l'intérêt dans bien des rôles secondaires. Nobu l'incurable, Mitsuko la vicieuse, Chigusa la solitaire, les filles du phare, ces personnages bénéficient souvent d'une scène entière et complète : une personnalité se dessine, un comportement apparaît, le tout se soldant presque toujours par la mort donnée ou reçue. Ce soin porté aux personnages, accentuant d'autant la violence qui les emporte, suscite la réflexion en apportant des contrepoints riches de sens.

Battle Royale est un film à voir et à revoir. Il fait partie de ces œuvres cinglantes dont on risque, par paresse, de ne voir que les traits les plus saillants, que ce soit pour en encenser les extrémités ou au contraire dénigrer le décervelage que ces dernières supposent. Kinji Fukasaku a joué pour finir (sa vie, comme sa carrière de cinéaste) une carte dangereuse, semblant parier sur une puissance d'impact telle qu'elle obligerait le spectateur éberlué à revenir sur son œuvre ultime, ou à l'oblitérer entièrement. Il serait pourtant dommage de s'en tenir qu'à son aspect de jeu de massacre défouloir, car Fukasaku a aussi représenté dans toute son horreur celui qui ne se pose aucune question, prenant le jeu au pied de la lettre : Kiriyama, le volontaire, seul véritable monstre du film.




Stéphane JOLIVET

L'ATTAQUE DES TITANS - LE FILM PARTIE 2 (2015)

 

Titre français : L'Attaque des Titans - Le Film partie 2
Titre original : Shingeki no Kyojin 2 - Endo obu za Wârudo
Réalisateur : Shinji Higuchi
Scénariste : Tomohiro Machiyama, Yûsuke Watanabe
Musique : Shirô Sagisu, Shiro Washizu
Année : 2015
Pays : Japon, Singapour
Genre : Aventure fantastique
Interdiction : /
Avec : Haruma Miura, Kiko Mizuhara, Kanata Hongô, Nanami Sakuraba…


L'HISTOIRE : Après avoir découvert qu'Eren avait le pouvoir de se transformer en Titan, le commandant du bataillon d'exploration le retient prisonnier et veut le tuer, ce qui conduit les amis du jeune homme à se rebeller. C'est alors qu'un autre Titan, dont le corps est recouvert d'une cuirasse protectrice, fait irruption et emmène avec lui Eren. Mikasa, Armin, Hansi et les autres membres du bataillon, ne sachant où est Eren, décident d'aller reboucher le trou dans le mur à l'aide d'un vieux missile a demi-enseveli qui n'a jamais explosé...


MON AVIS Suite de l'adaptation en live-action du manga L'Attaque des Titans. Comme dit dans ma chronique de la partie 1 du film, c'est une adaptation libre, une variation de l'histoire du manga et de la série-télévisée, retravaillée, remaniée pour correspondre au format cinéma, étant donné qu'il était impossible de tout retranscrire fidèlement en aussi peu de temps, les deux films durant respectivement 98 minutes et 88 minutes. 

La première partie se concluait sur la découverte du corps d'Eren à l'intérieur d'un Titan. La seconde partie, baptisé End of the World, démarre à cet instant précis, tout en nous ayant montré un court flashback juste avant, nous expliquant pourquoi Eren a le pouvoir de se transformer en Titan. Suite à ce flashback explicatif, nous retrouvons donc Eren (Haruma Miura) enchaîné et retenu prisonnier. Le commandant du bataillon d'exploration n'a pas confiance en lui et veut le tuer, provoquant un acte de rébellion de la part de Mikasa (Kiko Mizuhara), Armin (Kanata Hongô) et de ses autres amis. La confrontation tourne court puisque le Titan Cuirassé fait son apparition ! 

Honnêtement, son rendu visuel est vraiment très bon et on le reconnaît sans aucun souci. Une fois Eren kidnappé par le Titan Cuirassé, le film, toujours réalisé par Shinji Higuchi, va se révéler nettement moins rythmé que son prédécesseur, mettant plus l'accent sur l'histoire que sur les combats, même s'il y en a, rassurez-vous. Mais les Titans primaires sont quasiment absents de cette seconde partie et ne constituent plus vraiment la grande menace pour nos héros. 

Comme dans le manga, les humains se montrent bien plus dangereux que les Titans eux-mêmes, et le passage se déroulant dans un lieu secret, entre Eren et le capitaine Shikishima (Hiroki Hasegawa), dont on devine rapidement l'identité secrète, est des plus intéressantes, nous livrant des informations sur la naissance des Titans et le pourquoi de leur existence. 

Le film se pare d'un discours présent dans le matériau d'origine, à savoir le conflit entre les puissants et les pauvres, entre l'ordre militaire et les simples habitants. Mieux amenée, mieux développée, l'histoire fonctionne mieux dans cette seconde partie et donne de la consistance aux personnages. Les questions qui restaient sans réponses à la fin de la partie 1 trouvent des explications et apportent une vraie cohérence à l'ensemble. Il y a plus d'enjeux scénaristiques, plus de rebondissements et retournements de situation et le film gagne en intensité, même si ça se fait à défaut des scènes d'action. 

Mais la première partie nous en a déjà donné pour notre argent à ce niveau, il est bien que cette seconde partie ne prenne pas le même chemin et évite la simple redite. Surtout que de l'action, il y en aura tout de même durant une bonne partie du film, avec l'affrontement tant attendu entre Eren transformé en Titan et le Titan cuirassé bien sûr, puis avec la réapparition du Titan colossal pour un final explosif ! 

Le jeu des acteurs s'est même amélioré je trouve, et le fait qu'il y ait moins de Titans primaires à l'écran réduit le nombre de CGI, qui sont plus concentré sur les trois Titans spéciaux et assurent le spectacle. 

L'histoire trouve sa conclusion dans une scène nous rappelant la fin de la saison 3 de la série animée. Une séquence post-générique laisse quant à elle planer le doute quand à une éventuelle mise en chantier d'un troisième film, qui n'a toujours pas vu le jour en 2023. J'ai appris que l'acteur qui joue Eren, Haruma Miura, s'est suicidé en juillet 2020, à l'âge de 30 ans. Triste.




Stéphane ERBISTI

L'ATTAQUE DES TITANS - LE FILM PARTIE 1 (2015)


Titre français : L'Attaque des Titans - Le Film partie 1
Titre original : Shingeki no Kyojin - The Movie part 1
Réalisateur : Shinji Higuchi
Scénariste : Tomohiro Machiyama, Yûsuke Watanabe
Musique : Shirô Sagisu, Shiro Washizu
Année : 2015
Pays : Japon
Genre : Aventure fantastique
Interdiction : /
Avec : Haruma Miura, Kiko Mizuhara, Kanata Hongô, Nanami Sakuraba…


L'HISTOIRE Dans un monde ravagé par la guerre, Eren et ses amis Mikasa et Armin rêvent de liberté. Ils vivent enfermés dans la ville, protégée par un mur gigantesque, censé être un rempart contre les Titans, des créatures immenses et dévoreuses d'humains, qui seraient apparus il y a plus de cent ans. Depuis, plus aucun Titans n'a été vu mais les habitants ont ordre de ne pas sortir au-delà du mur. C'est alors qu'un Titan colossal, plus grand que le mur, fait son apparition et parvient à créer une brèche dans ce dernier, laissant pénétrer de nombreux Titans qui massacrent la population. Deux ans plus tard, afin de lutter contre les Titans, Eren et Armin, pour venger la mort de Mikasa, se sont engagés dans le bataillon d'exploration. Munis d'un système de combat tri-dimensionnel, ils vont avec le bataillon faire une sortie en dehors du mur pour tenter d'éradiquer les Titans et rejoindre le capitaine Shikishima et une mystérieuse tueuse de Titans...


MON AVISLe manga culte de Hajime Isayama, L'Attaque des Titans, a donné lieu à une série d'animation d'une qualité exceptionnelle, tant par ses animations, ses personnages, ses combats virtuoses et surtout son scénario, très poussé et complexe. L'idée de faire un film en live-action de ce matériau de base époustouflant est-elle une bonne idée ? On se doute que développer ce manga ou cette série avec des personnages de chair et de sang va nécessiter des moyens financiers colossaux si on veut que le rendu soit crédible et ne sombre pas dans le nanar. Un budget qui serait sûrement l'équivalent des films de la saga Avengers par exemple. Problème, le réalisateur Shinji Higuchi ne dispose pas d'un tel budget. Loin de là même. Il va pourtant tout faire pour que son film ne soit pas un nanar avec les moyens dont il dispose. 

Niveau scénario, de nombreux changements vont avoir lieu par rapport au matériau de base, ce qui risquent de faire rager les fans du manga et de la série. Néanmoins, il semble que ces changements, assez radicaux parfois, soit de l'initiative du mangaka lui-même, Hajime Isayama, qui souhaitait apporter de la nouveauté au public et ne pas simplement leur proposer la même chose juste filmée en live-action. C'est donc dans cet état d'esprit qu'il faut se lancer dans le visionnage de L'Attaque des Titans - le film. Il faut avoir conscience que ce n'est pas une adaptation fidèle du manga ou de la série animée. Sous peine d'avoir de sérieuses désillusions. C'est une variation, une adaptation libre qui s'écarte plus ou moins de ce que vous connaissez. Une fois ce fait ancré dans votre esprit, il n'y a plus que se laisser porter par le film. Un film qui sera composé de deux parties. Attardons-nous donc sur la partie 1, qui est sortie le 1 août 2015 au Japon. 

Comme déjà dit, le budget n'a pas été celui d'un blockbuster hollywoodien. Pourtant, au niveau des décors, le film assure et fait amplement le job. Contrairement au manga, on est quasiment ici en présence d'un film post-apocalyptique, puisque nous avons des carcasses d'avions, de voitures, d'hélicoptères ou de missiles a demi-enterré qui sont présents dans le décor, comme si il y avait eu une explosion nucléaire dans le passé. Les personnages ne se déplacent pas à chevaux non plus mais utilisent des véhicules motorisées telles voitures et camions militaires au look futuriste. Les fameux murs qui encerclent les différents quartiers de la ville sont bel et bien là et leur rendu est également de qualité. Bien sûr, les décors et les effets en CGI sont légion et leur intégration avec les éléments réels sont de qualité diverses. Parfois, ça passe, parfois ça passe moins bien et ça se voit beaucoup. 

Concernant les fameux Titans, franchement, ils sont plutôt bien faits, puisqu'il s'agit d'acteurs maquillés et post-synchronisés avec l'aide du numérique. Leur visage tordu, leur mâchoire disproportionnée, leur regard bizarre et leur démarche atypique, tout est parfaitement respecté dans le film, de même que leur appétit féroce envers les humains. Le gore (numérique) s'invite souvent à la fête lors des dégustations non véganes, fort nombreuses et assez jubilatoire. 

Le célèbre Titan colossal est lui aussi assez impressionnant et son apparition donne le sourire. Les combats entre les membres du bataillon d'exploration et les Titans, à l'aide du système de combat tri-dimensionnel qui est souvent mis en valeur lors des affrontements, font plutôt bien le job et assurent le spectacle, avec toujours des faiblesses concernant les incrustations numériques mais encore une fois, le budget n'est pas celui des superproductions Marvel et on félicitera les équipes techniques de s'en être pas trop mal tirées à ce niveau, malgré que ça risque de piquer les yeux de certains, surtout si vous êtes réfractaires à la profusion de CGI. 

Le grand final de cette première partie, très proche du manga, est assez spectaculaire et j'ai vraiment trouvé que ça le faisait, avec ce nouveau Titan agressif qui vient aider le bataillon a éradiquer les Titans primaires, le tout dans de grandes gerbes de sang numérique. Des points positifs, il y en a donc dans cette version live de L'Attaque des Titans

Les bémols seraient à inclure dans l'histoire elle-même, bien plus allégée que son homologue de papier ou animé, avec moins d'enjeux scénaristiques importants. Reste que nous sommes dans un film de divertissement avant tout et que le scénariste, aidé du mangaka, a sûrement préféré se focaliser sur l'action et proposer une histoire moins complexe, plus nerveuse en terme de rythme immédiat, surtout que le film ne dure que 98 minutes. En l'état, il est effectivement impossible de développer toute la richesse de l'histoire originale de même que de faire ressortir toute la complexité des relations entre personnages. 

Les personnages sont aussi à mettre dans les points plus faibles de cette adaptation. Si le look d'Eren (Haruma Miura) et de Mikasa (Kiko Mizuhara) est des plus corrects par rapport à ce qu'on connaît d'eux, plus dur est d'apporter son soutien au choix retenu pour Armin (Kanata Hongô). Où est passé la blondeur de ses cheveux ? C'est ce qui faisait partie du charme de ce personnage, en plus de sa grande intelligence. Quid du caporal-chef Livaï ? Pourquoi avoir remplacer ce personnage emblématique de la série et du manga par le capitaine Shikishima (Hiroki Hasegawa) qui n'existe pas dans le matériau d'origine ? Surtout que c'est une copie de Livaï en fait ? Un choix curieux, et assez déstabilisant pour ma part. Même si on a accepté que le film soit une variation libre, impossible de ne pas avoir à l'esprit certains détails et leur absence a une conséquence négative au final sur notre jugement. 

Le comportement de Mikasa vis à vis d'Eren a lui aussi subit de lourd changement et pas forcément en bien. Bien sûr, la petite durée du film ne permettait pas de développer toutes les relations comme déjà dit. Il faut avancer et vite, on ne peut pas tout condenser en 98 minutes, c'est une réalité à prendre en compte. 

Si certaines séquences m'ont paru superflu (la scène d'amour entre deux membres du bataillon, inutile et ralentissant le rythme pour pas grand chose tout comme la scène de drague entre Eren et une fille du bataillon également...), j'avoue que dans l'ensemble, L'Attaque des Titans - le film partie 1 n'est pas aussi mauvais que ce que j'en avais lu sur le web. Certains le trouveront hideux visuellement peut-être, la faute à l'utilisation massive de CGI mais comment faire autrement pour retranscrire à l'écran cet univers ? 

Pour ma part, le film est en effet très loin d'atteindre la qualité de la série-animée, que ce soit d'un point du vu scénaristique ou visuellement parlant. Mais j'ai éprouvé un certain plaisir à voir mes héros animés prendre vie pour de vrai, se battre à l'identique, utiliser le système de combat tri-dimensionnel, taillader le cou des Titans avec les lames et voir ces derniers en action, avec toute leur monstruosité protéiforme. Il manquait tout de même la musique de Hiroyuki Sawano pour embellir le tout et rendre plus épique les scènes de combat. En tout cas, cette première partie m'a donné envie de voir la suite. Je reviens vous en parler très prochainement donc...




Stéphane ERBISTI

BABY CART 2 : L'ENFANT MASSACRE (1972)

 

Titre français : Baby Cart - L'Enfant Massacre
Titre original : Kozure Ôkami - Sanzu no Kawa no Ubaguruma
Réalisateur : Kenji Misumi
Scénariste Goseki Kojima, Kazuo Koike
Musique Hideaki Sakurai
Année : 1972
Pays : Japon
Genre : Aventure horrifique
Interdiction : -16 ans
Avec Tomisaburo Wakayama, Kayo Matsuo, Akihiro Tomikawa, Akiji Kobayashi...


L'HISTOIRE : Toujours à la poursuite de Ogami Itto, le clan Yagyu fait appel à des guerrières sanguinaires pour assassiner le bourreau. Ogami est par ailleurs embauché pour tuer Makuya, un homme qui serait en relation avec les terribles frères Bentenrai...


MON AVISLe premier venant d'être terminé, la même équipe rempile directement la même année avec cette suite. Si le premier film avait posé les bases principales du mythe de Baby Cart, cette suite va se focaliser davantage sur les combats, pour le plaisir de nos yeux.

Car Baby Cart c'est avant tout des combats très sanglants, qui vont devenir carrément gore dans ce deuxième opus considéré comme le plus abouti de la saga. Toujours plus d'idées, toujours plus de rythme, d'action et de sang, on n'attend que ça de la part d'une telle série…

Ogami Itto pousse toujours le landau de son fils sur les routes du Japon, tuant tous ceux qui tentent de le supprimer. L'introduction ouvre la voie avec une scène mémorable resté dans les mémoires des fans de la série : un tueur se prend un sabre dans la tête de la part de Ogami et continue d'enfoncer la lame dans sa tête, bloquant ainsi Ogami et permettant à son acolyte d'attaquer le bourreau. Bien sûr, le deuxième assaillant ne fait pas long feu, et se retrouve empalé. Le sang gicle de toutes parts, les deux ennemis sont enfin exécutés, le film peut enfin démarrer. Ébouriffant.

Le clan Yagyu, qui cherche à éliminer Ogami, ne peut plus le vaincre après quelques vains efforts. Ainsi, le clan demande de l'aide à Sakaya, la fille de Retsudo, le vieillard hirsute du premier volet, et accessoirement, ennemi juré de Itto. Celle-ci, guerrière aussi impitoyable que son père, va lancer une tribu d'amazones aux trousses de Ogami. Des amazones se cachant sous des apparences calmes, et qui vont tenter de bloquer la route à Ogami.

Mais Ogami est chargé d'une mission : retrouver un certain Makuya, qui serait de mèche avec les trois maîtres de la mort : les frères Ten, Ben et Rai Bentenrai, des êtres sadiques et barbares massacrant tout sur leur passage. La force du film, comme vous pouvez le constater, ne réside pas dans son scénario, efficace et classique, mais plutôt dans ses scènes d'actions hyper violentes. Ogami devra faire face à des tueurs encore plus redoutables et plus violents, comme les fameuses Amazones ou les seigneurs de la mort. Par ailleurs, ces trois assassins redoutables deviendront des icônes cultes du genre puisqu'ils seront repris dans Les Aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin ou plus récemment dans Dead or Alive 2.

Trois personnages malfaisants, maniant chacun une arme différente comme des griffes mortelles ou une massue. Une idée géniale donnant lieu à des scènes très gores forcément. Car autant le savoir, ils savent parfaitement s'en servir et très bien même, en tout cas assez pour faire sortir de bons litres d'hémoglobine. Ce second épisode est parsemé de combats d'anthologie, qui surprennent encore plus par leur violence excessive. Celui réservant le plus de surprises (quoiqu'ils en réservent tous) est sans conteste celui contre les amazones. Une longue scène où Ogami tombe sur des femmes différentes sur son chemin, danseuses, paysannes, pèlerines se révélant être de terribles guerrières. Et pour camoufler leurs armes, rien ne vaut l'utilisation de légumes ou de chapeaux !

Déjà bien rythmé, ce second opus est très réputé pour ses débordements gores incroyablement jouissifs. Dans une séquence hallucinante, un ninja convoqué par Sakaya voit un groupe d'amazones l'attaquer, le découper en plusieurs morceaux jusqu'à le transformer en homme tronc puis le clouer au sol avec leurs sabres ! Le gore devient même la source d'une sorte de surréalisme visuel inattendu : les fameux guerriers de la mort déterrent des guerriers du sable avec leurs griffes, faisant ainsi saigner le désert, et lorsque l'un d'eux meurt en se faisant égorger, il voit son sang s'éparpiller au souffle du vent jusqu'à l'énorme giclée traditionnelle. Le sang gicle parfois sur l'écran, les membres volent et tombent, les sabres transpercent les corps… Impressionnant.

Le petit Daigoro acquiert un rôle encore plus important dans l'histoire, sauve son père blessé en lui portant de l'eau à sa manière, empêche de justesse, sans le vouloir, une jeune femme de tuer son père et élimine quelques vilains grâce à son landau. Un landau gadget véritablement mortel pour les ennemis de Ogami, révélant des surprises au fur et à mesure des épisodes. Ici on apprend que les roues se hérissent de piques tranchants comme des rasoirs (elles sont utilisées d'ailleurs dans une autre scène d'anthologie) et les bambous placés sur les côtés déploient de longues lames par une simple pression avec les doigts.

La fin annonce d'ailleurs quelques clins d'œil et rapprochements avec le western spaghetti comme on va pouvoir le découvrir dans le troisième épisode. Ce volet–ci se doit d'être absolument découvert, surtout si on est particulièrement sensible au cinéma japonais, au Chambara et pourquoi pas au gore. 




Jérémie MARCHETTI

BABY CART 1 : LE SABRE DE LA VENGEANCE (1972)

 

Titre français : Baby Cart - Le Sabre de la Vengeance
Titre original : Kozure Ôkami - Ko Wo Kashi ude Kashi Tsukamatsuru
Réalisateur : Kenji Misumi
Scénariste Goseki Kojima, Kazuo Koike
Musique Hideaki Sakurai
Année : 1972
Pays : Japon
Genre : Aventure horrifique
Interdiction : -16 ans
Avec Tomisaburo Wakayama, Akihiro Tomikawa, Tomoko Mayama, Shigeru Tsuyuguchi...


L'HISTOIRE : Dans le Japon féodal, un bourreau, Ogami Itto, voit un complot se former autour de lui. Après la mort de sa femme, assassinée, il part sur les routes du Japon avec son très jeune fils Daigoro, tuant tous ceux qui se mettent en travers de son chemin. Mais la route sera longue, très longue avant d'aboutir à l'ultime vengeance...


MON AVISCulte pour beaucoup, la saga Baby Cart est un tournant important dans le cinéma japonais. Dans la masse des films d'exploitation de l'époque, Baby Cart perpétue la tradition des fameux Chambara, sous-genre bien connu des amateurs, se déroulant dans le Japon féodal, entre samouraïs, giclées de sang et combats survoltés au sabre. Vous vous demandez bien pourquoi un tel film est présent ici ? Eh bien parce que Baby Cart est une saga empruntant un peu à tout, et surtout au manga puisqu'il est inspiré d'une bande dessinée.

La saga se permet d'importantes fantaisies, comme des combats hallucinants tout droit sortis d'un manga, des idées folles, des touches d'humour, de sexe et même de fantastique (dans le sixième épisode, des soldats morts-vivants sont ressuscités pour l'occasion), et surtout d'ultra-violence, pour ne pas dire de gore. Certes ce n'est pas Braindead mais les combats sont souvent drôlement saignants, en particulier dans le très bon second épisode, dont les excès ont dû inspirer sans aucun doute Kill Bill.

Deux hommes sont les membres fondateurs de Baby Cart : Kenji Misumi, qui a réalisé la moitié des films de la saga et qui était déjà plongé dans l'univers des Zatoichi, et Kazuo Koike, créateur de l'univers Baby Cart et qui a également créé deux autres légendes saignantes du genre : Lady Snowblood et Crying Freeman. Inédite d'abord chez nous, la série des Baby Cart est sortie en VHS chez Cine Horizons pendant les années 90 avant de se voir transporter sur support DVD grâce à HK Vidéo.

Plus ou moins fidèle au manga, Baby Cart compte 6 épisodes, dont un renégat nommé Shogun Assassin, une piètre version distribuée par les Américains, qui est une sorte de compile des deux premiers épisodes. Belle jaquette mais peu d'intérêt. Pour jouer Ogami Itto, c'est l'imposant et bedonnant Tomisaburo Wakayama qui a été choisi, collant parfaitement au fameux personnage. Il incarnera le même personnage sur toute la série, malgré certains problèmes de santé. Dans ce premier volet indispensable, le film débute par une sorte de flashback où l'on apprend le terrible complot qui s'est formé autour du bourreau officiel du shogun, Ogami Itto. Personnage hirsute, cruel et assoiffé de pouvoir, Retsudo Yagyu dirige le clan des tueurs officiels du shogun, mais désire posséder également celui des espions, et bien sûr celui de l'exécuteur.

La femme de Ogami est tuée et celui-ci, découvrant l'infâme complot de Yagyu, s'enfuit avec son fils Daigoro, à peine âgé de quelques mois. Il lui propose alors un choix dans une scène cruciale : si l'enfant choisit la balle plutôt que le sabre, il sera tué ; si l'inverse se produit, son père l'emmènera avec lui. L'enfant choisit le sabre et part ainsi avec son père, qui refuse de se faire hara-kiri et devient un rônin : un samouraï sans maître.

Le film fait donc un saut dans le temps : Daigoro a quelque peu grandi, et son père le ballade dans un landau de bois à travers les routes du Japon. Dans cet épisode, il arrive dans un petit village visité pour sa station thermale, mais menacé par une tribu de rônin et de brigands détestables, semant la terreur partout où ils passent. Et il va falloir faire le ménage…

Allant à l'encontre des règles du parfait samouraï, Ogami applique son propre code du déshonneur et préfère se venger des tueurs lancés à ses trousses, que de pratiquer le fameux seppuku ou hara-kiri. On remarquera que Kazuo Koike confectionne toujours des personnages ivres de vengeance, voire hors-normes: dans Crying Freeman, un tueur à gages pleurant après la mort de ses victimes tombe éperdument amoureux de sa cible, et dans Lady Snowblood, une jeune fille transformée en machine à tuer par sa mère va orchestrer la vengeance de celle-ci. Ogami est un personnage tout aussi torturé, il parle peu, il tue presque sans se détourner de son chemin voire sans se blesser. C'est un véritable bloc qui va découvrir que son fils est également aussi fort et malin que lui (de nombreuses petites touches dans la saga vont le prouver à partir du second épisode).

Certains combats ou duels annoncent déjà les fameux jeux vidéo de beat them all, comme le prouve le combat du lac ou la scène finale où Ogami Itto affronte plusieurs rônins en même temps. Evidemment, les combats laissent échapper quelques beaux geysers sanguinolents : un corps décapité fait gicler du sang sur fond de coucher de soleil, un homme se fait littéralement couper les deux jambes en même temps, un vilain crache un bon litre de sang sur la caméra en contre-plongée…

De même que l'utilisation du fameux landau reste encore assez discrète (car par la suite il va s'avérer être un véritable gadget sur roulettes). Il y a des audaces évidentes (l'exécution du bambin, hors-champ forcément, au début du film, la mort de la mère devant son bébé apeuré) et des éclairs de folies visuelles inattendus (la fameuse image symbolique séparée en trois écrans, les flashs épileptiques de Yagyu lors du combat du lac). 

Via un découpage digne d'une Bd, d'idées surprenantes (Ogami s'humilie en faisant l'amour avec une prostituée devant quelques rônins bien vicieux, pour ainsi sauver la jeune fille) et d'un magnifique cinémascope qui va traverser toute la saga, Baby Cart : Le Sabre de la Vengeance s'impose comme une référence dans le cinéma d'exploitation japonais.




Jérémie MARCHETTI