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THE BLACK FABLES (2015)

 


L'HISTOIRE : Après Mexico Barbaro en provenance du Mexique, voici cette fois-ci The Black Fables, une anthologie d'horreur composée de cinq courts-métrages noirs, tous basés sur le folklore classique du Brésil. Le film a été réalisé avec divers réalisateurs (dont le célèbre José Mojica Marins !), un budget évidemment assez faible, mais surtout, avec beaucoup de cœur et d'âme, ce qui est bien le principal...


MON AVIS : Comme dans tous les métrages omnibus, la qualité des segments individuels varie un peu, la faute à un financement rachitique susmentionné par ailleurs faisant passer le tout pour de l’indépendant très amateur. Pourtant, The Black Fables réunit des noms importants de la terreur brésilienne dont le plus connu d'entre eux : José Mojica Marins. Alors en route pour des segments horrifiques avec du gore, du sang, des excréments et des monstres, tous faits maison, avec pour résultante un bazar joliment mixte, idéal pour passer une soirée exotique loin des favelas tristounettes et autres carnavals chamarrés !

On commence par Crianças na Mata (qu’on pourrait traduire par : Les enfants dans les bois), réalisé par Rodrigo Aragão et qui sera le court-métrage servant de fil conducteur entre toutes les histoires. Ici, quatre jeunes garçons en costumes traversant les bois, jouent avec des armes en plastique et s’amusent à se faire peur en se racontant des récits d'horreur basés sur les légendes urbaines et le folklore brésiliens. Même si la fin de ce segment laisse à désirer, c’était assez intelligent comme dispositif d'encadrement. Et parce que ce sont des enfants, cela excuse immédiatement certains des éléments les plus incroyables, farfelus voire bruts des histoires individuelles ainsi que certaines incohérences narratives. Sympa pour débuter.

Arrive ensuite O Monstro do Esgoto (Le monstre de l’égout), encore réalisé par Rodrigo Aragão, dans lequel un maire refuse d'investir de l'argent dans un nouveau système d’égout et qui va laisser pas mal d’individus dans la merde, aussi bien littérale que figurative. Si l'humour fécal n’est pas votre truc, il est clair que ce segment ne sera probablement pas pour vous. Même si c'est correct niveau maquillage, l'histoire est la plus faible du lot car l'humour, est ras des pâquerettes, ce n'est pas effrayant, les performances des acteurs sont moyennes, et la fin est très terne. On attend mieux pour la suite.

Vient ensuite le tour de Pampa Feroz (Prairie féroce), réalisé par Petter Baiestorf qui met en images une énième variation du thème universel du loup-garou prenant lieu et place dans un village où une bête tue les hommes du général, sorte de personnage important du coin. C'est peut-être celui qui est amoureux de la fille du général, à moins que ce ne soit quelqu’un d’autre ? Cette deuxième histoire est beaucoup mieux que la précédente car les dialogues sont sympas (Quoi qu'il en soit, nous allons le résoudre avec des balles !) et la séquence de transformation de fin est absolument excellente car inhabituelle. L'image est donc bonne, les costumes également, tout comme les maquillages qui sont suffisants pour effrayer un minimum. En revanche, le point faible c’est que l'identité du lycanthrope est assez prévisible. Mais bon, c’était assez divertissant.

Suit alors O Saci (Le Saci), l’épisode le plus attendu car réalisé par le légendaire José Mojica Marins (la franchise Coffin Joe). Il montre ainsi une jeune fille qui se déplace à travers la forêt afin d’aller chercher du lait pour ses parents dans une ferme lointaine. Mais en dépit d'avoir été avertie, elle prend un raccourci pour s’y rendre plus vite et forcément, elle rencontrera non pas le loup, mais le Saci, légende urbaine locale, qui ne la laissera plus jamais tranquille. Ici, les racines folkloriques de base étaient intéressantes car peu connues à l’international et les scènes dans les bois étaient assez atmosphériques. Quant à l’idée de savoir si le monstre existe vraiment ou si la jeune fille est devenue folle était très pertinente. D’ailleurs Mojica Marins - et c’est sa signature habituelle – convoquera des évangéliques pour résoudre le problème. Ce qui est dommage, en revanche, c’est que le réalisateur semblait n'avoir aucune idée de quoi faire avec le Saci, et donc au lieu de se concentrer sur cette créature étrange, il a décidé de se focaliser sur un couple de personnages (les parents) qui sont soit ennuyeux, soit complètement antipathiques, au choix. De plus, et on ne sait pas si c’est c’était voulu, mais le Saci apparaît comme un stéréotype raciste car il a le visage d'un homme noir et est super-connecté à la nature mais meurtrier. Dans l'ensemble, c'était assez correct et puis, tout comme dans Pampa Feroz, on y voit une paire de seins, mais était-ce vraiment nécessaire ?

Après cet entremets assez savoureux, lui succède A Loira do Banheiro (La blonde de la salle de bain) réalisé par Joel Caetano et dans lequel on se retrouve dans un internat pour jeunes filles, où on y croise une directrice particulière, découvre une salle de bain mystérieuse, un miroir et la fameuse blonde du titre. Cette quatrième histoire est celle qui montre le plus d'équilibre, en particulier dans la construction du suspense. Cherchant l'inspiration dans un cinéma de genre plus moderne, comme les métrages asiatiques du type Deux sœurs ou encore Ring, ce segment contient pourtant tous les clichés du genre mais Caetano parvient à le rendre effrayant, sanglant et tendu la plupart du temps, ce qui livre un ensemble parfaitement agréable à visionner.

On termine par A Casa de Lara (La maison de Lara), réalisé une nouvelle fois par Rodrigo Aragão racontant les malheurs de Lara qui décide de punir son mari après avoir découvert qu’il la trompait pour une autre. C’est le plus court récit, rattaché à celui servant de fil rouge avec les enfants. Même s’il n’est pas incroyable narrativement, on notera que le maquillage du démon qui apparaît est vraiment très bon et que la fin est très étrange. Sinon, il n’y a pas grand-chose d’autre à se mettre sous les yeux à part une nouvelle paire de protubérances mammaires qui pour une fois sert le film, et l’on reste carrément sur sa faim. Dommage alors de finir ainsi une anthologie horrifique !

The Black Fables est en définitive un film d'horreur de facture moyenne, avec de bonnes histoires mais surtout des mauvaises. Le maquillage, malgré un budget malingre, n’est finalement pas trop mal, mais c’est surtout les scénarii des segments qui laissent à désirer tant ils donnent l’impression qu’ils auraient pu être plus fouillés. Dans l'ensemble, au regard des productions horrifiques bon marché qui pullulent, vous obtiendrez néanmoins une anthologie d'horreur variée qui offre une incursion singulière dans le folklore brésilien et ce n’est déjà pas si mal...


Titre français : The Black Fables
Titre original : As Fabulas Negras
Réalisateur : Rodrigo Aragão, Petter Baiestorf, Joel Caetano, Marcelo Castanheira, 
José Mojica Marins
Scénariste : Rodrigo Aragão, Petter Baiestorf, Joel Caetano, Cesar Coffin Souza
Musique ?
Année : 2015 / Pays : Brésil
Genre : Film à sketches / Interdiction : -12 ans
Avec Carol Aragon, Milena Bessa, Walderrama dos Santos, James Ferri, 
José Mojica Marins, Leonardo Magalhães, Cesar Souza...




Vincent DUMENIL

AU CŒUR DE LA NUIT (1945)

 

Titre français : Au cœur de la Nuit
Titre original : Dead of Night
Réalisateur : Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Basil Dearden, Robert Hamer
Scénariste : John Baines, Angus MacPhail
Musique : Georges Auric
Année : 1945
Pays : Angleterre
Genre : Film à sktches
Interdiction : /
Avec : Mervyn Johns, Michael Redgrave, Roland Culver, Mary Merall, Frederick Valk...


L'HISTOIRE : Walter Craig, un architecte, se rend chez Eliot Foley pour discuter des nouveaux aménagements du cottage de ce dernier. Arrivé sur place, il découvre avec stupeur et une sensation de déjà-vu que le cottage comme ses occupants du week-end sont ceux-là même qui hantent ses nuits de façon récurrente. Parmi les invités se trouve un psychanalyste, le docteur Van Straaten, qui va tenter de prouver à Walter Craig, ainsi qu'aux autres personnes présentes, que ce type de ressenti peut s'expliquer scientifiquement. Tout à tour, les invités se mettent à raconter au psychanalyste les curieuses expériences qu'ils ont vécu...

MON AVISSi le cinéma fantastique a connu une de ses heures de gloire en Angleterre entre 1955 et 1976, grâce aux productions de la Hammer Films bien sûr, il serait fort dommageable pour l'amateur d'omettre un petit classique anglo-saxon qui, lui, date de 1945 ! Le fantastique dans les années 40 est plutôt l'apanage des Etats-Unis, voire même de la France, avec des œuvres plus poétiques et envoûtantes pour notre beau pays. Pourtant, en 1945 nous vient d'Angleterre Au Cœur de la Nuit, ou Dead of Night pour son titre original. Un film réalisé à quatre mains, par Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Basil Dearden et Robert Hamer. Les amateurs de fantastique feutré et raffiné seront largement comblés par le rendu et l'atmosphère présents dans Au Cœur de la Nuit.

La visite d'un architecte à l'intérieur d'un cottage comprenant cinq personnes va permettre d'insérer dans l'histoire des éléments fantastique au réel. Quand Walter Craig (Mervyn Johns) se met à révéler aux habitants du cottage qu'il les voit chaque nuit en rêve, l'ambiance commence à bifurquer vers le fantastique et le spectateur de se questionner : les habitants sont-ils vivants ? Sont-ils des fantômes ? La présence d'un psychanalyste dans l'assemblée nous ramène un peu dans la réalité puisque ce dernier va donner des explications plausibles et scientifiques au ressenti et au sentiment de déjà-vu de Walter Craig. Commence alors ce qui peut-être perçu comme étant le fil conducteur d'un film à sketches, puisque, tout à tour, les personnes présentes dans le salon vont raconter une expérience qu'ils ont vécu et que le psychanalyste va devoir écouter et placer sous le signe de la rationalité.

Nous allons donc avoir droit à cinq récits, de durée différente, qui vont donner tout son intérêt à l'histoire et au film. Le premier récit s'intitule Le chauffeur de corbillard et préfigure, avec 55 ans d'avance, l'intrigue de Destination Finale ! Fou ! Un récit assez court mais efficace. Plus intéressant sera le second récit, baptisé Un conte de Noël et dans lequel une jeune fille contemporaine va croiser le fantôme d'un petit garçon assassiné par sa sœur il y a un siècle. Une histoire de fantôme astucieusement mise en scène et joliment filmé. Troisième histoire et l'une des meilleures : Le miroir hanté. Un récit qui joue dans le registre de l'épouvante et qui ne manque pas de mystère, jouant habilement avec l'angoisse, et ce, avec un simple miroir donc, qui ne renvoie pas exactement le reflet qu'il est censé renvoyer justement ! A moins que les différences avec la réalité ne soient dues au cerveau dérangé de celui qui contemple son reflet ? Mystère, mystère ! L'histoire du golf, quatrième récit, se montre nettement plus humoristique et n'aurait pas dépareillé dans les pages des bandes-dessinées EC Comic qui seront publiées dans les années 50. L'idée de cette histoire provient de H.G. Wells, le papa de La Guerre des Mondes !

Quant au cinquième et dernier récit, c'est très certainement le plus connu quand on parle d'Au Coeur de la Nuit avec les amateurs du genre. Il faut dire que Le Ventriloque (ou La Poupée du Ventriloque) est une pure réussite et que la vision de cette poupée qui semble dotée de la vie ne manquera pas d'incruster ses images dans votre esprit. Son aura est telle que l'histoire sera reprise par l'écrivain William Goldman, dont le livre Magic sera adapté au cinéma sous le titre éponyme par Richard Attenborough en 1977, avec un Anthony Hopkins magistral et une poupée toute aussi inquiétante et charismatique que celle présentée dans Au Cœur de la Nuit. Le film se clôturera avec un final du fil conducteur très original, qui nous laisse avec un beau sourire sur le visage. A la manière de La Quatrième Dimension, série culte de la fin des années 50, Au Cœur de la Nuit réserve bien des surprises au public, avec ses twists bien pensés et qui fonctionne admirablement bien. La photographie et le noir et blanc du film dont superbes, le casting parfaitement en place et on se laisse facilement envoûter par le(s) récit(s). C'est assurément un très beau film fantastique qui nous est offert ici, intelligent, épuré, subtil, très soigné dans son traitement. A redécouvrir sans hésitation.




Stéphane ERBISTI

AMUSEMENT (2008)

 

Titre français : Amusement
Titre original : Amusement
Réalisateur : John Simpson
Scénariste Jake Wade Wall
Musique : Marco Beltrami
Année : 2008
Pays : Usa
Genre : Film à sketches
Interdiction : -12 ans
Avec Keir O’Donnell, Katheryn Winnick, Laura Breckenridge, Jessica Lucas...


L'HISTOIRE : Trois amies d’enfance qui s’étaient perdues de vue vont se retrouver victimes d’un psychopathe qui semble avoir une petite rancœur envers elles…


MON AVISPour son troisième long-métrage, John Simpson se lance dans un exercice pas toujours évident, celui du film à sketches. Pas évident car il faut réussir à faire que chaque segment soit de qualité identique, ce qui arrive rarement. Mise à part le culte Creepshow, les films à sketches, que ce soit ceux de la firme Amicus dans les années 70 ou les œuvres plus récentes telles Creepshow 2, Terror Tract, Les contes de la Nuit Noire ou Tomb of Terror par exemple, ont généralement du mal à maintenir un intérêt constant sur la longueur. Il y a toujours un épisode qui sort du lot, un qui se révèle juste moyen voire pas terrible. Il faut également trouver un fil conducteur qui tienne la route et qui permette de faire les transitions entre les différentes histoires. Est-ce que Amusement saura remplir ces conditions ? Est-ce que le scénariste, Jake Wade Wall, auteur de Terreur sur la ligne version 2006 et de Hitcher version 2007 aura réussi à innover et à nous proposer des histoires distrayantes, effrayantes et originales ?

Concernant l’originalité, la réponse est non. On peut même dire qu’il ne s’est pas foulé le Jake. Prenez un soupçon de The Hitcher et de Une virée en Enfer, une bonne poignée de Terreur sur la ligne, un zest de Scream, pimentez le tout avec un peu de Saw et vous aurez à peu de choses près les ingrédients servant de fer de lance aux différentes histoires.

Amusement suit donc le destin de Shelby, Tabitha et Lisa, trois amies d’enfance qui ne se sont pas vues depuis belle lurette. Tour à tour, elles vont être impliquées dans de curieux événements avant d’être à nouveau réunies par la force des choses. Enfin, surtout par l’envie d’un quatrième personnage qui semble avoir une vengeance à assouvir envers nos trois demoiselles.

Le premier segment, le plus court des trois, nous présente Shelby, accompagnée de son petit ami, qui rentrent chez eux après un week-end apparemment raté. Son copain, pour éviter un ralentissement, utilise le procédé de la ventouse, suivant un poids lourd et se faisant suivre par un autre automobiliste. Lorsque les trois conducteurs s’arrêtent à une station-service pour faire connaissance, Shelby aperçoit dans le camion une jeune fille qui semble en détresse. Une fois que les trois véhicules ont reprit la route, Shelby fait part de sa découverte à son ami. La fin du trajet ne va pas être de tout repos pour nos deux amoureux…
Peu de surprise dans ce segment, si ce n’est la fin qu’on peut deviner si on est habitué à ce type de film. On ne comprend pas trop le comportement de certains personnages, comme le routier. Quelques situations semblent illogiques mais on n’a pas le temps d’y réfléchir qu’on passe déjà à l’histoire d’une seconde fille, à savoir Tabitha.

Le segment avec Tabitha est certainement le plus accompli et le plus maîtrisé. Jouant la baby-sitter pour deux enfants de sa famille, l’épisode nous rappelle bien sûr les classiques que sont Halloween la nuit des masques et Terreur sur la ligne. Ici, point de téléphone, mais une chambre remplie de poupées représentant des clowns, dont un grandeur nature installé sur un rocking-chair. Le réalisateur sait mener son affaire et fait preuve d’un réel savoir-faire pour faire progresser le suspense et nous mener sur de fausses pistes. La figure du clown nous renvoie aussi à la séquence culte du Poltergeist de Tobe Hooper. Inquiétante, l’ambiance créée par John Simpson est vraiment très réussie et l’actrice incarnant Tabitha, Katheryn Winnick (future star de la série Vikings), est franchement excellente dans le registre de la fille apeurée. L’introduction de Scream avec Drew Barrymore n’est pas loin non plus, mais l’impression de déjà-vu ne gâche pas ce segment tant il est simple et efficace. Du bien bel ouvrage.

Troisième fille à être impliquée dans cette sombre histoire de vengeance, Lisa. Cherchant à retrouver sa meilleure amie qui n’est pas rentrée à son appartement après une soirée arrosée, Lisa se rend dans une ancienne pension où cette dernière aurait passé la nuit. La bâtisse est réellement inquiétante, lugubre, l’intérieur et son propriétaire l’étant encore plus. Parvenant à s’introduire dans la demeure en cachette, elle va découvrir un univers cauchemardesque pour un épisode qui fait très conte de fée macabre avec ses décors et les diverses trouvailles visuelles. Ce segment nous fait penser à Saw ou à Hostel pour son ambiance glauque et l’utilisation de pièges.

Comme vous l’avez vu, je ne vous ai pas parlé de fil conducteur entre ces séquences. Normal, il n’y en a pas. En fait, un quatrième segment vient relier les trois sketches, réunissant les trois filles et leur fameux bourreau qui a fait preuve d’imagination pour les retrouver. Ce segment final nous réserve encore une fois quelques situations biscornues (que vient faire la psychiatre ici ??) mais fait également preuve d’un certain humour noir et d’une jolie scène gore qui risque d’en surprendre plus d’un. La motivation du psychopathe envers les trois filles ne fera pas non plus dans l’originalité mais pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?

Amusement ne fait donc pas dans la nouveauté au niveau scénaristique puisqu’à moins d’être novice en la matière, le spectateur aguerri aura l’impression d’avoir déjà vu ça ailleurs. Cette petite faiblesse est néanmoins compensée par la réelle maîtrise de John Simpson qui signe un film visuellement très beau, et qui manie fort bien la caméra. Les plans sont travaillés, tout comme l’ambiance et le jeu des acteurs. On sent vraiment que le réalisateur a donné le meilleur de lui-même pour livrer un divertissement de qualité. Tous les clins d’œil qu’on a énumérés pourront en agacer certains mais ces derniers ne pourront nier la recherche esthétique du film.

Davantage réservé aux néophytes, Amusement s’avère, au final, vraiment sympa, malgré certaines zones d’ombre que je n’arrive toujours pas à expliquer, notamment sur la présence de personnages qui débarquent sans crier gare ou sur leurs agissements qui ne collent pas avec le reste. Le réalisateur a-t-il du éluder certaines scènes qui auraient permis de mieux comprendre certains points obscurs ? Mystère.

En tout cas, on mettra dans les points positifs un excellent casting féminin, une très belle photographie, un second sketch ultra efficace, un troisième bien barré et bien malsain et un final réservant quelques twists assez réussis. Un bon petit film du samedi soir et un réalisateur à suivre de près s’il se relance dans le cinéma d’horreur, en espérant qu’on lui donne des scénarios un peu plus originaux et qui se démarquent des films à succès dont la trame est connue de tous…




Stéphane ERBISTI

ALL THE CREATURES WERE STIRRING (2018)

 

Titre français : All the Creatures were Stirring
Titre original : All the Creatures were Stirring
Réalisateur : David Ian, Rebekah McKendry
Scénariste David Ian, Rebekah McKendry
Musique Seth Colegrove
Année : 2018
Pays : Usa
Genre : Film à sketches
Interdiction : -12 ans
Avec Constance Wu, Jonathan Kite, Jocelin Donahue, Ashley Clements, Mark Kelly...


L'HISTOIRE : Jenna et Max se rencontrent pour un rendez-vous galant la veille de Noël car a priori aucun des deux n'avait rien de mieux à faire. Ils se rendent donc en ville voir All the Creatures were Stirring dans un petit théâtre où les employés et les clients sont assez étranges, comme la caissière qui fait aussi office d’ouvreuse et semble sans cesse dérangée dès qu’on lui demande quelque chose ou bien encore le spectateur qui fixe Jenna de manière un peu trop insistante tout en changeant fréquemment de place. Tout cela serait encore supportable si en plus Max ne prenait pas un peu trop souvent des appels téléphoniques provenant soi-disant de son travail et si toutes les histoires jouées sur scène par trois acteurs n’étaient pas encore plus bizarres que ce qui se déroule dans cette salle ! Ainsi, tout comme Max et Jenna, nous assisterons à cette représentation théâtrale dont chaque segment est dévoilé par une présentatrice silencieuse exhibant des panneaux d’annonce tandis que nous, téléspectateurs, voyons la même chose mais sous la forme de courts-métrages horrifiques...


MON AVISVous l’aurez donc compris au vu de ce synopsis assez exhaustif, l’histoire qui nous est présentée dès le début servira de fil directeur à ce métrage omnibus et on alternera donc, entre chaque changement de sketch, à des scènes de théâtre ou à des courts-métrages censés représenter ce que les acteurs jouent sans décor mais juste à l’aide d’accessoires. Et l’on en saura donc un peu plus sur Jenna et Max, mais aussi sur la caissière mutique et le spectateur importun, notamment lors de l’entracte et du final.

Pour le moment, concentrons-nous d’abord sur The stockings were hungs, le premier conte qui met en images, la veille de Noël, une petite fête de bureau entre employés lors de laquelle on échange des cadeaux choisis au hasard. Non seulement tous ces collègues désireraient presque tous être ailleurs, mais en plus les choses se gâtent quand l'un des cadeaux tue l'un d'entre eux et qu'ils reçoivent un appel téléphonique masqué leur intimant fortement de continuer à participer en ouvrant les présents ou sinon, celui qui les observe et les a enfermés va les tuer un par un…
Ce court ressemblant un peu à The Belko experiment à la sauce Saw prend donc la forme d’un huis clos sympathique où les tensions et jalousies entre collègues vont finir par prendre le dessus dès lors que leur vie sera en jeu, ce qui est d’autant plus jouissif que certains cadeaux sont piégés ou que d’autres sont des armes ! L’enfer c’est les autres disait Sartre et il n’avait pas tort, le bougre ! Seul le twist final un peu convenu viendra un peu gâcher l’ambiance générale, mais ce fut un début prometteur !

On enchaîne, après un court passage anodin mais obligé par la case fil rouge, avec Dash away all, un autre récit racontant les mésaventures d'un homme effectuant ses achats de Noël de dernière minute, un peu comme dans le court Christmas de l’anthologie Holidays. Eric (c’est son prénom) verrouille sans y prêter attention sa voiture, sauf que ses clés, son manteau et son téléphone sont à l’intérieur ! Forcément, le magasin dans lequel il a effectué ses courses est fermé mais il y a une fourgonnette étrange qui se trouve sur le parking. Eric va donc demander de l'aide au conducteur, dans l’espoir d’obtenir de l’aide. A-t-il bien fait ?
C’est pour moi le meilleur segment du film car la prudence de notre malheureux protagoniste est légitime mais crée des tensions. Eric soupçonne que quelque chose ne va pas avec cette camionnette, et nous aussi, nous le savons bien, mais l’action se déroule quand même sous nos yeux de manière satisfaisante car nous ne serons pas au bout de nos surprises ! Sans trop en dévoiler, le script est ici vraiment bien soigné et la révélation finale faisant froid dans le dos en laissera plus d’un sur son séant !

Suivra All through the House dans lequel Chet déteste Noël et veut fuir les repas de famille ainsi que les voisins trop envahissants. Il restera sur son canapé à visionner sa télévision diffusant un film intitulé Chet's Soul (sorte d’adaptation de A Christmas Carol, un conte de Charles Dickens, dans lequel, à l'époque victorienne, comme chaque année à Noël, une famille présente un petit spectacle) et appellera sa copine Linda qui est actuellement avec ses parents. Chet, après ingestion de cocaïne, sera alors hanté par des visions et apparitions qui tenteront de lui faire changer de comportement, sinon il pourrait ne pas survivre à la nuit…
Non seulement, en plus d’être assez déplaisant physiquement, le protagoniste principal de ce court est insupportable au possible, tout comme son voisin jouant trop mal ! Qui plus est, c’est vraiment mal fichu et donne l'impression que les scénaristes étaient peut-être un peu trop ambitieux pour pas grand-chose, car finalement ce n’est vraiment pas terrible, hormis les spectres au look assez effrayant mais peu visibles à l’écran !

Notre programme est alors interrompu par un entracte (Intermission) durant lequel il ne se passe rien de notable qu’on ne sache déjà : Max est toujours au téléphone avec on ne sait qui et pour on ne sait quelle raison, Jenna est toujours observé par le spectateur étrange et la caissière/ouvreuse est toujours aussi avenante, mais on en apprendra tout de même un peu plus sur cette dernière…

Puis le spectacle reprend avec Arose such a Clatter où Guy regarde des photos sexys en conduisant et percute malencontreusement un cerf qui ne meurt pas sur le coup : il va donc l’achever avec une pierre ! Quelque chose semble toutefois l'observer des bois environnants mais il regagne son foyer où Suzy (la fille des photos) lui a fait une surprise pour Noël. Peu de temps après son arrivée, ça toque à la porte…
Sans trop en dire, voilà un segment que l’association Pour une Ethique dans le Traitement des Animaux adorerait ! Vous l’aurez compris, même si on note ici la présence de la sulfureuse Megan Duffy (déjà vue dans Monsterland), tout est ici hyper prévisible : de ce qui toque à la porte et envahit la maison de Guy à ce qui va lui arriver à lui et à sa compagne. Dommage car même si c’est bien fait, quel est l’intérêt ? Meubler ?

In a twinkling, la dernière histoire que nous visionnons commence avec Steve, semblant être dans une cabane reculée dans les bois et qui regarde la pleine lune avec un sac rempli de chaînes. Puis, sa petite amie Gabby l’appelle mais il lui dit qu'il doit passer ses vacances de Noël seul. Toutefois, celle-ci débarquera tout de même malgré son injonction de ne pas le faire avec leurs amis Mary, Michael et Jill afin de passer le réveillon ensemble. Mais qu’est-ce que Steve avait l’intention de faire ? Cette visite impromptue ne va-t-elle pas faire échouer ses plans initiaux ?
Ce court sait très bien mener sa barque car le secret caché par Steve se sentant finalement pris en otage par ses invités non désirés était loin d’être celui auquel on pouvait penser originellement, disons que les scénaristes ont semé de faux indices et nous ont bien eus ! Après, tous les acteurs n’étaient pas forcément impliqués de la même façon et la fin pourra en surprendre plus d’un, mais en même temps, c’est bien réalisé et surtout différent de ce que l’on voit d’habitude tout en cadrant bien avec l’esprit de Noël. Alors que demande le peuple ?

Je sais, une fin digne de ce nom ! Malheureusement, après ce dernier segment honorable, le film revient sur le fil directeur qui se finit comme un film de Claude Chabrol : en queue de poisson ! Jamais on ne connaîtra vraiment les intentions de Max vis-à-vis de Jenna même si c’est fortement suggéré et surtout, le plan final concernant le spectateur voyeur un peu trop intrusif est certes inattendu, mais ô combien ridicule et vient clore All the Creatures were Stirring de la plus triste des façons : inintéressante au possible alors que certains courts étaient satisfaisants, quel gâchis !

All the Creatures were Stirring est donc un énième petit film américain d’anthologie horrifique se déroulant à Noël dans un théâtre où se jouent des scènes donnant lieu à des segments d’épouvante. Si certains courts émergent par leur originalité ou leur twist (notamment Dash away all ou In a twinkling), d’autres, en revanche, sont insignifiants et, pour certains, rappelleront d’autres métrages d’horreur connus donc présenteront un intérêt limité. Mais ce qui vient avant tout entacher l’ensemble, c’est l’histoire liant le tout, autrement dit le fil directeur, trop léger à notre goût car sa fin semble véritablement bâclée, sans compter qu’il sera difficile pour certains de faire le rapport entre ce que Jenna et Max voient sur scène et ce que l’on visionne à l’écran nous autres, spectateurs ! Ainsi, en dépit d’une réalisation décente, d’effets spéciaux honnêtes et d’acteurs plus que corrects, le long-métrage s’avère très moyen et ne sortira pas du lot, dommage ! 




Vincent DUMENIL

ALL HALLOWS' EVE 2 (2015)


Titre français : All Hallows' Eve 2
Titre original : All Hallows' Eve 2
Réalisateur : Jesse Baget, Elias Benavidez, Andrés Borghi, Jay Holben, Mike Kochansky, James, Jon Kondelik, Bryan Norton, Antonio Padovan, Ryan Patch, Marc Roussel
Scénariste Jesse Baget, Elias Benavidez, Andrés Borghi, Mark Byers, Jay Holben, Mike Kochansky, Michael Koehler, James, Jon Kondelik, Bryan Norton, Antonio Padovan, Christopher Probst, Marc Roussel, Mark Thibodeau
Musique : Divers
Année : 2015
Pays : Usa
Genre : Film à sketches
Interdiction : -12 ans
Avec Landon Ackerman, April Adamson, Ali Adatia, Emily Alatalo, Steve Anderson Jr...


L'HISTOIRE : La veille d’Halloween, une jeune femme trouve sur son seuil une cassette VHS montrant une série de contes macabres qui pourraient être réels. Mais le vrai danger est le mystérieux personnage au masque de citrouille brandissant une arme blanche qui a déposé la vidéo. L’a-t-il fait dans le but de trouver sa prochaine victime ?


MON AVISIl y a peu près deux ans de cela, sortait directement en DVD le premier All Hallows' Eve. Et rétrospectivement, on peut dire qu’il n’était pas si mauvais que cela si on le compare à la majorité des films à sketches horrifiques qui pullulent. En fait, il était surtout effrayant parce que l'antagoniste principal était un clown horrible, un peu dans la veine d’icelui qui sert de mètre-étalon en la matière, celui vu dans Ca, l’adaptation éponyme d’un roman de Stephen King. Ce deuxième opus va-t-il se différencier de son devancier ?

En ce qui concerne le court-métrage servant de fil rouge, All Hallows' Eve 2 ne change pas vraiment de son prédécesseur puisque lors de la fête d’Halloween, une jeune femme insère une cassette vidéo dans son magnétoscope, la VHS ayant été déposée sur le pas de sa porte par un individu énigmatique faisant le pied de grue à l'extérieur de son appartement mais surtout, tenant un couteau dans une main et arborant un masque de citrouille du plus bel effet ! Et, bien sûr, les segments pseudo horrifiques se succèdent à l’écran…

Toutefois, contrairement au premier film de la franchise qui présentait trois courts-métrages en plus de celui englobant le tout, All Hallows' Eve 2 nous en donne a priori plus pour notre argent. Ainsi, cette nouvelle anthologie présente ni plus ni moins que huit segments plus celui servant de fil conducteur ! Mais ici, exit Damien Leone, réalisateur de l'intégralité des courts du premier. Ce qu’il faut savoir pour la petite histoire, c’est que vous aurez ici plus une compilation de sketches horrifiques avec des réalisateurs et scénaristes différents à chaque fois. Pourquoi ? Et bien parce que ce All Hallows' Eve 2 n’est en fait qu’un fourre-tout prétexte à agencer entre eux des segments estampillés épouvante réalisés à des dates distinctes (le plus ancien datant de 2004, les plus récents de 2013), n’ayant sans doute pas marché lors de certains festivals et reliés par un fil rouge non plus avec un tueur clownesque sanguinaire comme mascotte mais un psychopathe mutique version Michael Myers du pauvre avec un masque de cucurbitacée orange ! Reste à savoir s’il va, à l’instar du fantôme féminin de Ring ou comme son prédécesseur, sortir de la télévision à la fin du métrage afin d’occire celui ayant visionné la vidéo !

Voici, dans l’ordre d’apparition à l’écran, un petit topo des courts présentés :

- Jack attack : ça commence par une mère qui apprend à son fils à sculpter une citrouille pour Halloween ce qui, soit dit en passant, constitue un très bon tutoriel sans besoin d’aller sur youtube ! Saviez-vous en effet, que l’on pouvait conserver les graines du potiron afin de les passer au four et de les déguster en amuse-gueule avec du sel ? Non ? Eh bien moi non plus ! Mais maintenant, vous savez ! La maman est interprétée par la ravissante Helen Rogers, la jeune fille qui skype avec son petit ami (à qui elle montre d’ailleurs sa jolie poitrine) dans "V/H/S" et vue aussi dans le très bon The sacrament. A part ça, ça se termine très rapidement même si le concept était vraiment sympathique, mais la fin est acceptable, donc on a envie de visionner la suite.

- The last Halloween : des enfants masqués viennent toquer à la porte d’un couple ayant perdu leur enfant unique il y a un certain temps déjà et vivant en autarcie en étant barricadés à mort. L’idée de base est moins intéressante que celle de son prédécesseur car pas hyper originale puisque ça ressemble a du home invasion movie version Halloween, mais son dénouement est assez chouette. Donc on veut bien continuer le visionnage.

- The offering : un père et un fils sont sur une route enneigée et vont, semble-t-il, faire une offrande de nourriture à une bête. Seulement voilà, le père a oublié le morceau de viande, quel con ! Quelle déception que celui-ci ! D’une durée hyper brève, il est carrément hors-sujet puisque ne se rapporte pas à Halloween et surtout sa fin est prévisible au possible ! Heureusement, le calvaire est de courte durée !

- Descent : c’est le plus ancien du lot mais aussi l’un des plus longs. Il conte la paranoïa d’Andrea, une jeune femme coincée dans un ascenseur avec un éventuel tueur en série. Ce thriller urbain est assez convenable car on est bien sous tension et la fin est potable car inattendue. Notons pour l’anecdote que l’actrice principale, April Adamson, n’a joué que dans des courts ou des épisodes de séries ! Quelle carrière ! Encore une fois, on se demande quel est le rapport avec Halloween ?

- M is for Masochist : il ne s’agit ni plus ni moins que d’une deuxième chance pour ce segment dont le titre laisse fortement penser qu’il a sans doute été recalé du casting de l'un des "ABC of Death. Il narre l’histoire de jeunes adolescents qui se retrouvent à une fête foraine et qui vont jouer à un jeu sanglant. Le concept, même s’il était de prime abord sympathique, est très mal exploité à l’écran et paraît bien trop sage par rapport à ce qu’on est en droit d’attendre pour ce type de film ! Mais pour notre salut, cela ne durera que trois minutes ! Et le lien avec Halloween mes amis, il est où ?

- A Boy's life » : c’est l’histoire d’un jeune garçon singulier dont le père est mort pendant la guerre et qui a peur d’un monstre soi-disant caché sous son lit. Sa maman, un peu distante et dépassée, ne le croit pas et il va, tel l’enfant dans 3615 code Père Noël, tendre des pièges façon Rambo afin de capturer l’ennemi invisible. D’une durée proche des vingt minutes, ce segment était long et pénible à regarder tant on s’embête à mourir et qu’on en devine le twist final dès les premiers instants de visionnage ! Doit-on encore se demander pourquoi Halloween n’est pas au rendez-vous ?

- Mr. Tricker's Treat : après la découpe de la citrouille et les gamins déguisés venant faire du porte-à-porte afin de quémander leur pitance, voici un troisième segment s’intéressant à la mythologie d’Halloween. Ici, on s’attachera plus au décorum, à savoir tout ce qui est toiles d’araignées, chapeaux de sorcières, squelettes, chauve-souris, fantômes et autres cadavres en décomposition de bon aloi. D’ailleurs, ceux ornant le jardin de monsieur Tricker semblent plus vrais que nature... Même si ce court a enfin un rapport direct avec le thème principal du film, on ne peut pas dire que l’on soit gâté. C’est trop bref, mou du genou et tellement peu innovant que l’on a hâte que ça se conclut au plus vite. A éviter à tout prix ! Notons qu’une version différente existe et propose une autre coupe de la fin faite par les producteurs de l'anthologie. Peut-être est-elle visible sur le DVD ? Enfin si ça vous dit hein, parce que moi…

- Alexia : cette histoire, comme Parallel monsters de V/H/S Viral, prend le parti d’être tournée entièrement en espagnol (avec sous-titres) dans un film principalement en langue anglaise, ce qui est quand même un petit risque. Ici, on assiste à une sorte de Unfriended sans que l’action ne se passe uniquement que sur des écrans d’ordinateur avec ce jeune homme qui, à partir du jour où il coche la case unfriend de son ex petite amie décédée un an auparavant sur son Facebook, se retrouve hanté par celle-ci via son moniteur. Rien à voir avec Halloween encore une fois, mais on termine en beauté avec une trame et une fin qui tiennent à peu près la route, même si cette dernière se devine assez aisément dès le milieu du segment.

Quant au court-métrage servant de fil conducteur à l’ensemble du récit et qui n’a pas de titre véritable, son twist ultime est à l’identique de All Hallows' Eve, donc il n’a aucun intérêt !

Quiconque a vu l'original pourrait dire qu'il a été fabriqué à moindre coût, mais qu’au moins il essayait de divertir. All Hallows' Eve 2 est lui, complètement banal, pas effrayant pour deux cents et donne l’impression de n’être globalement qu’un gros conglomérat de n’importe quoi fait à la va-vite par des fainéants ! Pourtant, même si le jeu des acteurs et les effets sont assez satisfaisants et convaincants dans l’ensemble, la plupart des histoires manquent cruellement de gore et d’une fin convenable (quand elle existe !), un comble pour un film censé divertir et terroriser les gens à Halloween ! Heureusement, chaque histoire est relativement courte (entre 3 et 10 minutes en moyenne, la plus longue faisant 17 mn), ce qui nous permet de moins nous ennuyer, mais surtout nous laisse l'espoir que la prochaine sera une perle ou pas ! Un dernier conseil pour ceux qui voudraient en faire un troisième : je leur suggère de s’asseoir tranquillement pour essayer d'écrire un meilleur scénario en faisant, je ne sais pas moi, laisser par le croquemitaine de service plutôt un DVD sur le seuil de la porte dans l’histoire fil rouge qu’une cassette vidéo. A part vos grands-parents, vous connaissez, en effet, encore beaucoup de personnes qui possèdent un lecteur VHS, mais surtout qui s’en servent !? 



Vincent DUMENIL

ALL HALLOWS' EVE (2013)

 

Titre français : All Hallows' Eve
Titre original : All Hallows' Eve
Réalisateur : Damien Leone
Scénariste Damien Leone
Musique : Noir Deco
Année : 2013
Pays : Usa
Genre : Film à sketches
Interdiction : -12 ans
Avec Caitlin Stasey, Sianoa Smit-McPhee, Leigh Parker, Reanin Johannink...


L'HISTOIRE : Le soir d'Halloween, Sarah, une baby-sitter, garde Timmy et Tia, un frère et sa sœur. Au cours de la soirée, le garçon trouve une cassette vidéo dans son sac à festin parmi divers bonbons et autres friandises. Ne pouvant résister devant l’insistance des enfants et de sa propre curiosité, Sarah accepte de regarder le contenu de la bande VHS, qui comporte trois contes de terreur, tous reliés entre eux par un meurtrier masqué, un inquiétant clown. Une fois la nuit venue, il semble se passer des choses étranges dans la maison. Il ne faut alors pas beaucoup de temps avant que la baby-sitter apprenne l'horrible vérité...


MON AVISDepuis le fameux Creepshow, j’ai toujours été un grand fan de films d'anthologie d’horreur, car pour être complètement honnête, je trouve qu'il est plutôt facile d'entrer dans quelque chose qui est court plutôt que de regarder un film horrifique plus long et parfois plus soporifique à la place ! Mieux vaut ainsi s’ennuyer la bagatelle d’une vingtaine de minutes que pendant une heure trente ! Et puis sur l’ensemble des sketches de tels longs-métrages omnibus, il y en a toujours un qui est regardable, non ?! De plus, depuis l’honnête adaptation du roman de Stephen King Ça, j’ai toujours eu un faible pour les clowns meurtriers au faciès inquiétant et ici, si on se référait à la jaquette, on était en droit de s’attendre à un comique very bad-ass comme on dit chez nos amis d’outre-Manche et chez leurs cousins d’outre-Atlantique. Verdict ?

Le principe de All Hallows’ Eve (qui signifie The Eve of All Saints' Day en anglais et peut se traduire par : la veillée de la Toussaint) est assez simple. Le soir d’Halloween, un jeune garçon trouve une VHS dans son sac de bonbons quand il déballe tout son arsenal chez sa baby-sitter, qu’ils ne mettent pas longtemps à convaincre, lui et sa sœur, de visionner. Or la cassette vidéo comporte trois courts-métrages, qui semblent tous impliquer un clown meurtrier.

La première histoire est très étrange, avec Casey, une jeune femme qui attend un train quand elle rencontre un clown sur le quai. Celui-ci essaie de capter son attention par tous les moyens possibles, puis après un moment de distraction, elle se retrouve droguée et se réveille enchaînée dans une sorte de tunnel de métro avec deux autres filles qui lui apprennent que quelqu’un vient les chercher une à une et qu’on ne les revoit jamais…
C'était vraiment très bizarre. Je n'ai pas trouvé cela effrayant mais éprouvé la sensation d’avoir vu quelque chose de singulier et surtout de très amateur. Le jeu des acteurs était assez horrible et les effets spéciaux encore pires, sauf le maquillage de l’homme oiseau, qu’on ne voit que trop peu, malheureusement. Mais alors le grimage du type à la Toxic Avenger du pauvre et celui de l’être diabolique étaient proprement pitoyables ! J'ai trouvé le tout assez inintéressant et trop énigmatique : que venait faire l'humanoïde souterrain en compagnie du diable et de ses sbires ? Que faisaient-ils vraiment subir aux jeunes femmes séquestrées ? Quid du rôle du clown au début de ce segment ? Celui d’un rabatteur pur et simple ? Quel était le but véritable de cette brève pour commencer ? Mystère. Toutefois, cela est vite oublié quand on voit les réactions de Sarah et des enfants qui regardent le film et qui apparaissent terrorisés à l’écran. La baby-sitter ne tarde pas d’ailleurs à mettre tout le monde au lit mais ne résiste pas à la tentation d’un autre court-métrage et de fait nous non plus.

Dans le second court, nous découvrons Caroline, une jeune femme qui vient d'emménager dans une maison de province. Elle est en train de téléphoner à une amie et vante les bienfaits d’habiter à la campagne, mais bientôt, elle commence à voir et à entendre des choses autour d’elle. Puis tout à coup, une sorte d’extraterrestre arrive et la poursuit dans toutes les pièces de la maison pendant environ dix minutes. 
L’alien est bien évidemment un gars dans un costume qui fait de son mieux pour ne pas paraître ridicule. Eh bien c’est raté ! C’était vraiment terrible, le déguisement n’était pas original pour deux sous : un masque à la Roswell en provenance de l’area 51 plus un appareil respiratoire ne font pas de vous un extraterrestre belliqueux, bien au contraire, surtout quand vous ondulez les bras version je suis en boîte de nuit, je fais des vagues ! Ridicule ! Heureusement, ces défauts sont immédiatement oubliés lorsque le visage du clown réapparaît sur un tableau et que l’on voit Sarah qui commence à entendre des bruits à la fenêtre de sa maison pendant qu’elle regarde la vidéo…

Dans l'histoire suivante, une jeune femme, dont on n’apprendra jamais le prénom, semble perdue sur une route en direction de New York quand elle s’aperçoit qu’elle est à court d’essence. Heureusement, elle entrevoit une station service et s’y rend. Malheureusement, elle assistera à l’assassinat de l’employé principal par le clown malfaisant. Elle essaie ensuite de s'échapper, mais ce dernier (qui s’appelle en fait Art le clown) semble bien décidé à la rattraper…
Je ne vais pas gâcher la fin du court glauque à souhait, mais c’est là, la meilleure partie du film. Ce dernier segment est, par ailleurs, très intense car on y suit les pérégrinations de la jeune fille qui, telle une souris aux prises avec un chat affamé, est poursuivie sans relâche par le clown maléfique et essaie par tous moyens de le semer. Va-t-elle réussir à s’échapper ?

Puis, comme vous vous en doutiez depuis le début, le métrage rebascule sur la trame initiale, à savoir celle de la baby-sitter dont la vidéo va vraisemblablement changer la vie, tout du moins la soirée. Cette histoire est finalement assez moyenne (l’actrice principale faisant trop de grimaces avec son visage à mon goût) sauf quand elle sert de transition et qu’elle nous réserve une fin vraiment appréciable, même si pompée sur Ring, mais bon, avouez qu’il y a pire comme référence cinématographique !

Dans la pure tradition du slasher classique, le quasi débutant Damien Leone avec son All Hallows’ Eve a essayé de nous concocter un long-métrage de fan en essayant de capturer l'esprit des grands films d'horreur des années 70 et 80 tout en tentant de repousser les limites encore plus loin. Malheureusement, si l’idée du métrage est sympathique, son exécution l’est moins. On n’a pas de CGI de folie et les acteurs, excepté le clown, sont mauvais et je suis d’ailleurs sûr qu’on en trouve de bien meilleurs dans l’industrie du porno ! Mais c'est un long-métrage d’anthologie horrifique, donc inégal par définition. La première partie est de facture très moyenne car trop énigmatique, pourtant elle commençait bien. La seconde histoire est terriblement mauvaise, c’est certainement la pire partie de ce film. Tout y est lamentable : le jeu des acteurs, l'histoire, les costumes. C’est mal fait et ennuyeux au possible. C’est d’autant plus frustrant et difficile à supporter que le clown n’apparaît que trois secondes et à la toute fin ! Le troisième segment constitue assurément la meilleure partie du métrage. C’est un peu comme les dernières minutes d'un film d'horreur classique où le méchant suit la dernière fille survivante. Le clown joue ici un grand rôle et ne déçoit pas. Puis, on a le droit à une seconde fin avec l'histoire de la baby-sitter en train de regarder ces films et on est finalement content que ça se finisse comme ça. All Hallows’ Eve est certes un film d'horreur bien moins efficace que Trick 'r Treat car il sent l’amateurisme à plein nez avec ses effets spéciaux malingres et ses acteurs de seconde zone. Il peut toutefois constituer un film relativement divertissant pour une soirée d’Halloween entre potes pas trop regardants car son clown vaut quand même le coup d’œil.




Vincent DUMENIL

ADRÉNALINE - LE FILM(S) (1989)

 

Titre français : Adrénaline - Le Film(s)
Titre original : Adrénalien - Le Film(s)
Réalisateur : Yann Piquer, John Hudson, Jean-Marie Maddeddu, Anita Assal, Barthélémy Bompard, Alain Robak, Hugo Verlomme, Philippe Bompard, Philippe Dorison, Jean-Marc Toussaint
Scénariste : Yann Piquer, Jean-Marie Maddeddu, Hugo Verlomme, Philippe Bompard, Philippe Dorison, Alain Robak, Jean-Marc Toussaint
Musique : Eric Daubresse, Richard Gili, Jean-Marc Padovani, Gilles Hékimian
Année : 1989
Pays : France
Genre : Film à sketches
Interdiction : /
Avec Clémentine Célarié, Barthélémy Bompard, Henri Guégan, Ged Marlon...


L'HISTOIRE : Dans un désert, un aveugle perd sa canne, attrapée dans un piège. Il rampe jusqu'à arriver à une file d'aveugles patientant devant un cinéma. Tous attendent, et le spectateur va voir se matérialiser sous ses yeux toutes leurs pensées les plus inquiétantes, les plus folles, les plus inattendues sous la forme de petits sketches incisifs et inquiétants...


MON AVISLa fin des années 80 fut une sorte de porte ouverte vers un autre horizon, avec un cinéma français plus déjanté, plus imposant, plus culte. De nombreux réalisateurs se firent largement remarquer à l'époque dans cette nouvelle vague très spéciale : René Manzor, cherchant en vain à américaniser sa mise en scène et qui ne réussira que son très fameux 3615 Code Père-Noël, Jan Kounen, avec Vibroboy et Gisele Kerozene ou Alain Robak, créateur d'un des grands films gores français (et il faut en trouver chez nous des films de cet acabit), à savoir Baby Blood. Avec l'aide d'autres réalisateurs, Robak aura le temps d'insérer l'un de ses courts, Corridor dans la sélection du fameux Adrénaline - Le Film(s).

- Métrovision : un homme, seul, entre dans un train apparemment vide. Il va vite, très vite. Les lumières du métro se transforment en rayon hypnotisant, la vitesse déforme l'image. L'homme devient fou…
Même si on éprouve des sentiments désagréables envers le métro, ce sketch-là semble pourtant remuer du vide. Inutile et transparent.

- Rêvestriction : un sketch flippant et tenace, tourné en noir et blanc. Imaginez que vous vous réveillez, et que votre plafond descend petit à petit… Eh bien c'est ce qui arrive à l'héroïne de ce court terrifiant et sérieusement dérangeant, en particulier pour les claustrophobes. La chute reste un peu trop surréaliste pour emporter l'adhésion, mais le reste vaut largement le détour. Beaucoup même…

- Graffiti : une vieille tue des chatons (on entend certes mais on ne voit strictement rien) pour faire un graffiti avec leur sang. L'idée est méchante, mais à l'écran l'ensemble a du mal à passer. Quasiment inutile…

- Interrogatoire : un interrogatoire douloureux, pour une victime qui semble s'amuser des tortures mortelles qu'on lui inflige. Un délire méchant au final complètement "out" (musique de cinglé à l'appui) mais qui manque d'un détail assez traître : si les tortures sont parfaitement montrées, le sang reste invisible.

- Le cimetière des éléphants : encore un court basé sur une situation insolite et finalement peu rassurante : un homme roule dans sa voiture tranquillement jusqu'à se rendre compte que le véhicule prend le contrôle et l'emmène vers un destin funeste. Pessimiste, voilà encore une belle curiosité se permettant une chute stressante, sans pitié. Difficile de reprendre normalement le contrôle de sa voiture après une histoire pareille.

- Embouteillage : on revient au noir et blanc avec une idée farfelue (un homme se bat avec une bouteille en verre !?!) mais mise en image de manière sinistre et finalement jamais drôle. Plan final assez tordant cependant, car très loin d'être attendu. Dommage qu'entre-temps, le spectateur se sera déjà ennuyé…

- Corridor : le petit chef-d'œuvre de cette sélection, signé par Alain Robak, où un jeune homme (Jean François Gallotte, insupportable et hystérique, heureusement ici sérieusement démantibulé) visite une belle maison de campagne, dont le corridor principal est truffé de pièges maisons bien entendus mortels. Sanglant, douloureux, mordant, étouffant, voilà un court à voir IMPERATIVEMENT, qui devra avec un peu de chance faire mal aux plus sensibles.

- Urgences : un pitch simple et amusant, où un infirmier arrive sur les lieux d'un accident un peu trop avancé. Je ne vous en dis pas plus, il vaut mieux garder la chute au frais.

- La dernière mouche : encore du noir et blanc, englobant ainsi une atmosphère à la Kafka. Un mystérieux personnage collectionne les mouches, qu'il mutile avant de les coller sur un mur. Il ne lui en reste qu'une, et lorsque une prostituée au grain de beauté saillant, débarque, une envie de meurtre commence à habiter le vilain personnage. Pas inutile mais un peu faible, un sketch qui vaut surtout son pesant de cacahuètes pour cette chute cauchemardesque.

- Cyclope : dans le cinéma fantastique il faut avoir peur de tout : des animaux, des insectes, des réfrigérateurs, des presseuses de linge, des fours, des téléphones… Eh bien maintenant il faut craindre les caméras de surveillance, ici douées d'une vie assez particulière, se mutant en araignées féroces et envahissantes. On pensera aux araignées artificielles de Runaway l'évadé du futur pour le look forcement. D'ailleurs elles sont le principal intérêt de ce sketch court, mais efficace.

- T.V Buster : une télé possédée par le diable ? Ben voyons… Ici un couple bœuf gavé de télévision voit leur poste prendre vie, et devenir rapidement incontrôlable : le couple se voit comme étant un couple en cavale, des politiciens pètent une durite, et la speakerine du soir drague le petit mari en montrant ses nibards ! Une rencontre étonnante entre L'exorciste et Videodrome, hystérique et tonitruante… peut être même un peu trop. D'excellentes idées cependant comme l'attirail de l'exorciste électrique ou la crise de nymphomanie soudaine d'une speakerine.

- Sculpture physique : une expérience quasi unique dans le cinéma fantastique français, une sorte d'essai trash et cartoonesque où un homme est bastonné en plan fixe pendant un bon moment. Sa transformation physique amuse et fait mal, d'ailleurs la fin pourra nous apprendre le but de cet acte, un résultat d'ailleurs assez incroyable.

Un panel savoureux de courts réservant des surprises bien corsées, d'ailleurs le même concept sera réutilisé dans une sorte de suite intitulée Parano...




Jérémie MARCHETTI