ADRÉNALINE - LE FILM(S) (1989)

 

Titre français : Adrénaline - Le Film(s)
Titre original : Adrénalien - Le Film(s)
Réalisateur : Yann Piquer, John Hudson, Jean-Marie Maddeddu, Anita Assal, Barthélémy Bompard, Alain Robak, Hugo Verlomme, Philippe Bompard, Philippe Dorison, Jean-Marc Toussaint
Scénariste : Yann Piquer, Jean-Marie Maddeddu, Hugo Verlomme, Philippe Bompard, Philippe Dorison, Alain Robak, Jean-Marc Toussaint
Musique : Eric Daubresse, Richard Gili, Jean-Marc Padovani, Gilles Hékimian
Année : 1989
Pays : France
Genre : Film à sketches
Interdiction : /
Avec Clémentine Célarié, Barthélémy Bompard, Henri Guégan, Ged Marlon...


L'HISTOIRE : Dans un désert, un aveugle perd sa canne, attrapée dans un piège. Il rampe jusqu'à arriver à une file d'aveugles patientant devant un cinéma. Tous attendent, et le spectateur va voir se matérialiser sous ses yeux toutes leurs pensées les plus inquiétantes, les plus folles, les plus inattendues sous la forme de petits sketches incisifs et inquiétants...


MON AVISLa fin des années 80 fut une sorte de porte ouverte vers un autre horizon, avec un cinéma français plus déjanté, plus imposant, plus culte. De nombreux réalisateurs se firent largement remarquer à l'époque dans cette nouvelle vague très spéciale : René Manzor, cherchant en vain à américaniser sa mise en scène et qui ne réussira que son très fameux 3615 Code Père-Noël, Jan Kounen, avec Vibroboy et Gisele Kerozene ou Alain Robak, créateur d'un des grands films gores français (et il faut en trouver chez nous des films de cet acabit), à savoir Baby Blood. Avec l'aide d'autres réalisateurs, Robak aura le temps d'insérer l'un de ses courts, Corridor dans la sélection du fameux Adrénaline - Le Film(s).

- Métrovision : un homme, seul, entre dans un train apparemment vide. Il va vite, très vite. Les lumières du métro se transforment en rayon hypnotisant, la vitesse déforme l'image. L'homme devient fou…
Même si on éprouve des sentiments désagréables envers le métro, ce sketch-là semble pourtant remuer du vide. Inutile et transparent.

- Rêvestriction : un sketch flippant et tenace, tourné en noir et blanc. Imaginez que vous vous réveillez, et que votre plafond descend petit à petit… Eh bien c'est ce qui arrive à l'héroïne de ce court terrifiant et sérieusement dérangeant, en particulier pour les claustrophobes. La chute reste un peu trop surréaliste pour emporter l'adhésion, mais le reste vaut largement le détour. Beaucoup même…

- Graffiti : une vieille tue des chatons (on entend certes mais on ne voit strictement rien) pour faire un graffiti avec leur sang. L'idée est méchante, mais à l'écran l'ensemble a du mal à passer. Quasiment inutile…

- Interrogatoire : un interrogatoire douloureux, pour une victime qui semble s'amuser des tortures mortelles qu'on lui inflige. Un délire méchant au final complètement "out" (musique de cinglé à l'appui) mais qui manque d'un détail assez traître : si les tortures sont parfaitement montrées, le sang reste invisible.

- Le cimetière des éléphants : encore un court basé sur une situation insolite et finalement peu rassurante : un homme roule dans sa voiture tranquillement jusqu'à se rendre compte que le véhicule prend le contrôle et l'emmène vers un destin funeste. Pessimiste, voilà encore une belle curiosité se permettant une chute stressante, sans pitié. Difficile de reprendre normalement le contrôle de sa voiture après une histoire pareille.

- Embouteillage : on revient au noir et blanc avec une idée farfelue (un homme se bat avec une bouteille en verre !?!) mais mise en image de manière sinistre et finalement jamais drôle. Plan final assez tordant cependant, car très loin d'être attendu. Dommage qu'entre-temps, le spectateur se sera déjà ennuyé…

- Corridor : le petit chef-d'œuvre de cette sélection, signé par Alain Robak, où un jeune homme (Jean François Gallotte, insupportable et hystérique, heureusement ici sérieusement démantibulé) visite une belle maison de campagne, dont le corridor principal est truffé de pièges maisons bien entendus mortels. Sanglant, douloureux, mordant, étouffant, voilà un court à voir IMPERATIVEMENT, qui devra avec un peu de chance faire mal aux plus sensibles.

- Urgences : un pitch simple et amusant, où un infirmier arrive sur les lieux d'un accident un peu trop avancé. Je ne vous en dis pas plus, il vaut mieux garder la chute au frais.

- La dernière mouche : encore du noir et blanc, englobant ainsi une atmosphère à la Kafka. Un mystérieux personnage collectionne les mouches, qu'il mutile avant de les coller sur un mur. Il ne lui en reste qu'une, et lorsque une prostituée au grain de beauté saillant, débarque, une envie de meurtre commence à habiter le vilain personnage. Pas inutile mais un peu faible, un sketch qui vaut surtout son pesant de cacahuètes pour cette chute cauchemardesque.

- Cyclope : dans le cinéma fantastique il faut avoir peur de tout : des animaux, des insectes, des réfrigérateurs, des presseuses de linge, des fours, des téléphones… Eh bien maintenant il faut craindre les caméras de surveillance, ici douées d'une vie assez particulière, se mutant en araignées féroces et envahissantes. On pensera aux araignées artificielles de Runaway l'évadé du futur pour le look forcement. D'ailleurs elles sont le principal intérêt de ce sketch court, mais efficace.

- T.V Buster : une télé possédée par le diable ? Ben voyons… Ici un couple bœuf gavé de télévision voit leur poste prendre vie, et devenir rapidement incontrôlable : le couple se voit comme étant un couple en cavale, des politiciens pètent une durite, et la speakerine du soir drague le petit mari en montrant ses nibards ! Une rencontre étonnante entre L'exorciste et Videodrome, hystérique et tonitruante… peut être même un peu trop. D'excellentes idées cependant comme l'attirail de l'exorciste électrique ou la crise de nymphomanie soudaine d'une speakerine.

- Sculpture physique : une expérience quasi unique dans le cinéma fantastique français, une sorte d'essai trash et cartoonesque où un homme est bastonné en plan fixe pendant un bon moment. Sa transformation physique amuse et fait mal, d'ailleurs la fin pourra nous apprendre le but de cet acte, un résultat d'ailleurs assez incroyable.

Un panel savoureux de courts réservant des surprises bien corsées, d'ailleurs le même concept sera réutilisé dans une sorte de suite intitulée Parano...




Jérémie MARCHETTI

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