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BLACK PHONE (2021)


L'HISTOIRE : Nous sommes dans les années 1970, dans une petite ville du Colorado de prime abord tranquille où sévit pourtant un kidnappeur insaisissable. Là, réside Finney Shaw, un adolescent intelligent et timide vivant avec sa sœur Gwen, ainsi qu’avec son père légèrement alcoolique sur les bords et ayant subséquemment la main leste quand il a trop bu. A l’école, notre adolescent craintif subit également les agressions d’une bande de sales gosses et perd tous ses moyens quand il croise le regard de sa ravissante voisine de classe, mais il peut toujours compter sur le soutien de Robin, le caïd de son établissement. Bientôt cependant, ce dernier se fait enlever, Finney se retrouve seul. Il est toutefois rapidement kidnappé à son tour par le tueur sadique qui l’enferme dans un sous-sol insonorisé où crier ne lui sera pas d’une grande utilité. Peu de temps après, le jeune garçon se met à recevoir, dans sa geôle, des coups de fil d'un vieux téléphone noir accroché au mur mais dont les fils sont pourtant arrachés...


MON AVIS : Voici donc la nouvelle production des studios Blumhouse que l’on ne présente plus, dix ans pile-poil après le très bon Sinister où l’on trouvait déjà le duo Scott Derrickson à la réalisation et Ethan Hawke dans un des rôles principaux. Alors quand en plus on a affaire à un scénario de base tiré d’une nouvelle de Joe Hill, fils du prolifique Stephen King à la ville mais désormais auteur confirmé avec des œuvres comme NOS4A2 ou encore Locke and Key, on se dit qu’on tient peut-être là un produit bien alléchant pouvant augurer du meilleur.

Black Phone nous présente d'emblée un environnement de violence auquel est confronté notre jeune héros entre un domicile familial où un père tyrannique fait régner la terreur à coups de ceinturon et le collège, où quelques petites frappes viennent le molester, lui le gentil Finney, pas encore assez costaud et ne devant parfois son salut que grâce à sa sœur Gwen venant à sa rescousse où encore Robin, un ami qu’il aide pour les devoirs et véritable dur à cuire auprès des intimidateurs. Ce quotidien pas facile est donc celui d’un adolescent de treize ans très intelligent, mais jugé encore trop tendre. Comme si cela ne suffisait pas, une plus grande menace existe et suscite dans cette ville du Colorado où prend lieu et place l’action, un véritable climat de paranoïa : un kidnappeur sévit et capture tous les enfants passant à sa portée, de préférence des garçons ! Forcément, Finney, proie facile, se fera enlever et séquestrer à son tour. Heureusement, sa survie dépendra peut-être de sa sœur dotée de dons médiumniques, mais également d’une aide extérieure se manifestant par des voix, captées par le combiné pourtant débranché de son cachot, et semblant appartenir aux anciennes victimes du ravisseur…

Si cette ambiance pesante pourra rappeler à certains la saison 1 de l’excellente série True Detective et surtout, si ce script fait clairement penser aux thèmes de prédilection de Joe Hill (des protagonistes pourvus de pouvoirs surnaturels et une enfance maltraitée), c’est pour mieux nous confronter à la peur dès lors que Finney décrochera le téléphone hors d’usage. En effet, dès l’apparition du combiné noir, tout contribuera à rendre l’ambiance anxiogène à son maximum : la tension provoquée par la peur de se faire repérer, la mise en œuvre de tentatives d’évasion, mêlés à la froideur clinique des manipulations sadiques du tueur toujours plus envahissant physiquement et psychologiquement auprès de sa victime. Parallèlement à cela, la jeune Gwen tentera vainement d’avoir des visions lui révélant l’endroit où son frère est détenu et la police ira de piste en piste à la recherche de l’adolescent, sans en avoir une de véritablement concrète.

Avec tous ces éléments finement calculés, Black Phone ne baisse jamais en intensité et nous malmène comme si, nous aussi, nous étions prisonniers dans ce sous-sol où les chances de s’en sortir s’amenuisent d’heure en heure. Tout cela, Scott Derrickson l’a bien compris et dose à merveille son film sans oublier quelques redoutables jump scares, procédé cher utilisé à foison par Blumhouse, pour malmener notre petit cœur fragile ! Mais toute cette angoisse ne serait rien sans son croquemitaine principal car comme le disait si bien Sir Alfred HitchcockPlus réussi est le méchant, plus réussi sera le film ! Ici, notre diable fait de chair et de sang se déguise la plupart du temps en magicien et capture les êtres les plus innocents que le hasard met sur sa route en les engouffrant dans la noirceur de son van et surtout de celle de son sous-sol où on ne sait ce qu’il leur fait subir ! C’est Ethan Hawke qui incarne ce tueur d’enfants aux différents looks terrifiants et arborant toujours un masque voire un maquillage, ce qui le rend impalpable, presque irréel, pourtant le monstre humain est bien là ! On pourra toutefois regretter qu’on n’en sache pas plus sur lui, ses motivations, son passé, afin de mieux comprendre ce personnage, mais ce serait tout de même faire la fine bouche devant une telle performance d’acteur ! Notons également que le duo d’enfants jouant Finney et Gwen est criant de vérité car fragile et dur au mal à la fois !

Black Phone est donc un film avec un scénario original, ne comptant pas uniquement sur des jump scares pour bien fonctionner. En effet, la première partie prend tout son temps pour nous présenter les principaux protagonistes, deux gamins vivant seuls avec leur père alcoolique ayant la main lourde dans une ville des Etats-Unis des années 70, où plusieurs enfants ont disparu mystérieusement. Une fois l’antre du serial killer découverte, tout va s’enchaîner et le film se transformer en survival où chaque coup de téléphone aura une importance capitale. En plus d’un script bien maîtrisé, le métrage dispose d’un casting impeccable, notamment Mason Thames et Madeleine McGraw incarnant le frère et la sœur qui crèvent littéralement l'écran à chaque apparition, ainsi qu’Ethan Hawke, effrayant en croquemitaine pervers. Seul petit bémol : le fait qu’on n’en sache pas assez sur le kidnappeur n’enlevant jamais son masque ou maquillage. Ce manque de background pourrait gêner, comme l’auteur de cette critique, les plus exigeants, mais peut-être en apprendrons-nous plus dans une suite ou un préquel, qui sait ?


Titre français : Black Phone
Titre original : Black Phone
Réalisateur : Scott Derrickson
Scénariste Joe Hill, Scott Derrickson, C. Robert Cargill
Musique Mark Korven
Année : 2021 / Pays : Usa
Genre : Thriller, tueurs fous / Interdiction : -12 ans
Avec Mason Thames, Madeleine McGraw, Ethan Hawke, Jeremy Davies...




Vincent DUMENIL

BLACK CHRISTMAS (2006)

 


L'HISTOIRE : Il neige à gros flocons dehors, les cadeaux croulent sous le sapin, des milliers de lumières émanent des maisons : pas de doute, c'est Noël. Dans la fraternité de Miss MacHenry, le réveillon vire au cauchemar : à peine la jolie Clair a t-elle fini d'écrire une carte pour sa sœur, qu'une main inconnue vient l'abattre sauvagement. Quelques couloirs plus loin, dans le salon, l'on parle du fait divers sordide ayant eu lieu dans la même maison...


MON AVISLancé par la série X-Files, le tandem James Wong & Glen Morgan aura trouvé définitivement une place dans le cœur des fantasticophiles avec la saga Destination Finale dont le potentiel sadique n'est plus à prouver. Dommage que malgré leur talent, les deux lascars se laissent aller à une certaine facilité : d'un côté, il leur suffit d'imaginer les morts les plus atroces pour agrandir leur saga chérie et de l'autre, voilà qu'ils s'intéressent de très près à des remakes de petits classiques 70's. Et là évidemment, ça ne peut pas plaire à tout le monde, quoi qu'on y fasse...

Après un Willard réussi (enfin un film exploitant pleinement la folie d'un Crispin Glover bouillonnant), voilà qu'un remake du fabuleux Black Christmas de 1974 est mis en chantier... non sans quelques heurts. L'idée n'est pas des plus affriolantes et le film connaîtra un développement chaotique, affecté alors par de nombreux re-shooting. Pire encore, son mauvais score aux USA ne permettra qu'une sortie DTV chez nous. Sort mérité ? Pas sûr, tant le résultat final fait sans doute partie de ce que le slasher a produit de meilleur durant ses dix dernières années. Eh oui...

La trame générale n'a pas réellement changé (un tueur se glissant dans une sororité d'étudiantes durant les fêtes de noël) mais les temps ont changé : les portables pullulent (dont l'utilisation est judicieusement exploité), les étudiantes sont devenues de véritables bombes (dire que le spectateur hétéro y trouvera son compte est un euphémisme), et le film se refuse à donner une seule part de mystère, sacrifiant la figure du tueur sur l'autel de la rationalité, ainsi que la violence suggérée de l'original. Bref, c'est dans l'air du temps.

Les créateurs de Destination Finale sont à la barre et ça se voit : les morts sont inventives et cruelles, et ne font jamais dans la dentelle, offrant avec délectation ce que des amateurs de sensations fortes sont en droit de réclamer. Ce que Bob Clark commençait en 1974 (des objets a priori inoffensifs devenant des armes mortelles), Morgan le termine : stylo-plume, sac poubelle, patin à glace, stalactite... jusqu'à la fameuse licorne de verre qui reprend sa fonction meurtrière ! Par ailleurs, toujours au rayon clins d'oeil, c'est Andrea Martin, anciennement Phillis dans le film original, qui incarne la propriétaire des lieux. Margot Kidder aurait effleuré, elle aussi, le rôle...

Toutes les zones d'ombre du premier film sont balayées violemment ici : de la même manière que Rob Zombie revoyait le mythe Myers ou que Jeff Libiesman expliquait le pourquoi du comment de la naissance de Leatherface, Morgan et son compère nous offrent complaisamment la genèse tortueuse, passionnante et scabreuse de Billy, devenu ici un croisement entre Norman Bates et le Yellow Bastard (ce n'est pas une blague !). A ce titre, les rétrospectives, très réussies, sont d'une cruauté sans pareil ; cannibalisme et inceste faisant alors bon ménage, plaçant Billy en véritable victime du destin.

S'il mise avant tout sur ses débordements graphiques, Black Christmas version 2006 est sans temps morts (l'action est resserrée en une nuit et non en deux), bénéficie d'un visuel particulièrement léché (oui, Morgan sait tenir une caméra) et sait surprendre (reprise d'éléments à Douce nuit, sanglante nuit ou à Halloween 2) jusque dans sa dernière partie (dont la version UK propose un déroulement assez différent). Du slasher racé et hargneux (les énucléations, cradingues, sont courantes) et tant pis s'il n'est pas le bijoux de terreur qu'était son prédécesseur, tout cela à 100 000 lieux d'un imbuvable Prom Night qui, lui, a raflé un succès proprement incompréhensible ! Les voies du box-office sont impénétrables comme dirait l'autre...


Titre français : Black Christmas
Titre original : Black Christmas
Réalisateur : Glen Morgan
Scénariste Glen Morgan, Roy Moore
Musique Shirley Walker
Année : 2006 / Pays : Usa, Canada
Genre : Slasher / Interdiction : -12 ans
Avec Katie Cassidy, Michelle Trachtenberg, Mary Elizabeth Winstead, Kristen Cloke...





Jérémie MARCHETTI