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LE BLOB (1988)



L'HISTOIRE :  Une météorite s'écrase à proximité d'une paisible bourgade, libérant un organisme extraterrestre rose et gluant qui va croître en taille et en avidité au fur et à mesure qu'il absorbera ses victimes. Enfreignant l'incrédulité de la police et les autorités scientifiques, un jeune rebelle et son amie vont tenter de survivre et de stopper la progression du monstre...


MON AVIS : En 1958, Steve McQueen faisait déjà connaissance avec ce nouveau monstre du bestiaire du cinéma fantastique, le Blob, dans Danger Planétaire. 14 ans plus tard, la masse gélatineuse faisait son retour sur les écrans dans Attention au Blob de Larry Hagman. Et puis, plus rien. La menace rose invertébrée venue de l'espace disparaît des satellites et des radars cinématographiques.

Jusqu'à cette année 1988 où Chuck Russell, qui vient de remporter un succès phénoménal l'année précédente avec son premier film, Freddy 3 les Griffes du Cauchemar, décide de le faire venir une nouvelle fois sur notre bonne vieille planète Terre. Et comme les effets spéciaux ont fait un prodigieux bond en avant, le spectacle promet d'être percutant. Et il l'est ! Franchement, Le Blob version 1988 est une petite bombe de série B qui mérite vraiment d'être remise en avant et d'être réévaluée à la hausse tant elle est dynamique et propose des séquences renversantes. Jamais notre gélatine rose n'a paru aussi terrifiante et gloutonne, admirablement bien mise en scène par les équipes de FX.

Il faut voir cet homme entièrement englouti dans la masse rose et tentant d'en sortir ou ce cuistot qui voit tout son corps être aspiré dans la canalisation de son évier (!!) quand ce n'est pas toute une salle de cinéma qui doit tenter d'échapper à un Blob qui atteint une taille surdimensionnée et qui se faufile absolument partout, chaque interstice, aussi petite qu'elle soit, lui servant de porte d'entrée. A chacune de ses apparitions, le Blob provoque la naissance d'un grand sourire sur notre visage et on félicite intérieurement Chuck Russell de l'avoir remis au goût du jour, surtout que le réalisateur se laisse aller, n'hésitant pas à sacrifier à son monstre un jeune enfant !

Le film est mis en scène avec brio, possède un rythme alerte et nous présente des personnages certes très clichés, tels le joueur de football américain (Donovan Leitch Jr.), le rebelle au blouson de cuir noir qui va évidemment devenir le héros au cœur tendre (Kevin Dillon) ou la pom-pom girl super jolie (Shawnee Smith, future Amanda de la saga Saw) mais qui correspondent tout à fait à l'ambiance recherchée.

Personnellement, je trouve que Le Blob version 1988 est un archétype du film d'horreur 80's comme peut l'être Vampire, vous avez dit Vampire ? par exemple. Franchement, Chuck Russell a réussi son remake haut la main. L'intervention des militaires vers le milieu du film lui donne même un sous-texte intéressant sur la course à l'armement et sur le danger de la recherche sur les armes biologiques. Encore un cliché me direz-vous mais il sert encore une fois admirablement bien le film. Une vraie réussite, je vous le dis...



Titre français : Le Blob
Titre original : The Blob
Réalisateur : Chuck Russell
Scénariste : Chuck Russell, Frank Darabont
Musique : Michael Hoening
Année : 1988 / Pays : Usa
Genre : extraterrestre, monstre / Interdiction : /
Avec Kevin Dillon, Shawnee Smith, Joe Seneca, Donovan Leitch, Del Close...





Stéphane ERBISTI

BLADE RUNNER (1982)



L'HISTOIRE : Los Angeles, 2019. Le détective Rick Deckard est chargé de retrouver quatre réplicants. Mais qu'est-ce qu'un réplicant ? Pour exploiter les colonies, les hommes ont créé des androïdes, qui sont des répliques des êtres humains. Mais ils ne doivent en aucun cas se trouver sur Terre. C'est donc à la recherche de ces quasi répliques de l'homme que Deckard se met en quête à travers un Los Angeles tentaculaire...


MON AVIS : Il est étonnant de constater à quel point certains films qui reçurent le statut de culte, furent pourtant considérés comme des films tout au plus médiocres à leur sortie. Tout le monde a en mémoire l'horrible échec au box-office de The Thing de John Carpenter. C'est au tour de Ridley Scott (Alien) d'en faire l'amère expérience pour Blade Runner, une adaptation assez libre du roman de Philip K.Dick : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?

Entre les soucis de financement, les scripts modifiés et les différentes versions du film (environ huit montages existeraient !), Blade Runner fut un véritable souci en terme de création artistique. Car, difficile de dire quelle est la version définitive voulue par son réalisateur. Le résultat fut sans appel. Avec à peine 14 millions de $ de recettes aux Etats-Unis, le public bouda majoritairement ce film de SF atypique. Atypique de par son choix délibéré de se refuser à tomber dans les canons du film de genre et de ne pas être un énième clone de Star Wars. Car, dans Blade Runner, ce qui frappe, c'est l'apparence de calme qui s'en dégage. Ici, pas de combats spectaculaires ni de scènes d'actions époustouflantes.

Portées par la magistrale musique de Vangelis, les images de Blade Runner sont d'une beauté époustouflante. On sent bien la richesse visuelle et l'importance accordée aux décors. La ville de Los Angeles y est représentée comme l'évolution ultime de la Cité, celle qui s'étend indéfiniment et dont les bas-fonds de la ville reçoivent une pluie acide incessante, alors que dans les bâtiments les plus élevés (de couleur dorée) on aperçoit le soleil. Une allégorie de la société, opposant le bas de la ville (majoritairement composée d'hispaniques et d'asiatiques), et le haut, là ou les décideurs siègent.

Entre les deux mondes, nous retrouvons le personnage principal : Rick Deckard, un blade runner (c'est-à-dire un policier), en charge de traquer les réplicants. Tout auréolé de son rôle de Han Solo dans la trilogie La Guerre des étoiles, Harrison Ford trouve ici un des plus beaux rôles de sa carrière. Son personnage n'étant pas sans évoquer les célèbres détectives des années 40 et 50 (comme Philip Marlowe). Blade Runner jouant la carte de la SF rétro, précurseur en cela de films comme Dark City. Le contraste est saisissant entre le monde de la rue toujours plongé dans le noir mais éclairé par des néons publicitaires (on a même droit à de la pub pour Coca Cola !) et par des gros phares des véhicules nécessaires à dissiper le brouillard ambiant, et les intérieurs très sombres des appartements.

A côté d'Harrison Ford, on note un casting aux petits oignons : Rutger Hauer qui s'installe dans les rôles de méchant sadiques (La Chair et le Sang, The Hitcher), Sean Young (Dune) en femme fatale, Daryl Hannah (Splash, Kill Bill) dans le rôle d'une combattante adepte de l'étouffement par les cuisses (!), Brion James (House 3) et Joanna Cassidy (Ghosts of Mars, la série Six Feet Under. Les réplicants apparaissent certes comme des androïdes dangereux capables de violence, et qui pour s'affranchir vont jusqu'à tuer leur créateur (que Hauer appelle même Père). Ils sont donc capables d'avoir des émotions (du moins pour les dernières générations), Deckard allant jusqu'à être attiré par l'un d'eux. Pour autant, ne pas sous-estimer leur dangerosité (voir à ce sujet le combat final où Hauer fait preuve d'une agressivité bestiale).

En quête d'une sorte d'immortalité (ils ont une durée de vie préprogrammée), les réplicants sont capables d'aimer, de désirer, de vouloir vivre tout simplement. Ce que la société industrielle leur refuse dans une sorte de pouvoir de vie et de mort sur ses propres créations. Troublant aussi le fait que certains des réplicants ignorent leur vraie identité, et de là peuvent découler plusieurs interrogations quant à la vraie nature de certains des protagonistes. Questions sans réponses puisque le final (tel que décrit par la soit-disant version du réalisateur disponible en zone 2) laisse la porte ouverte à toutes les hypothèses.

S'il y a un film qui mérite bien son statut de chef-d'œuvre, c'est ce film envoûtant de Ridley Scott (qui tentera de récidiver avec moins de réussite dans le domaine de l'héroïc-fantasy avec Legend). Difficile d'y trouver quelque chose à redire, tant l'œuvre aboutit à nous hypnotiser. Les images s'imprègnent dans notre rétine avec une force rarement égalée. Un grand moment de cinéma pour un film intelligent, que l'on ne peut se lasser de revoir régulièrement pour capter des détails qui nous auraient échappé. Une redécouverte à chaque visionnage.


Titre français : Blade Runner
Titre original : Blade Runner
Réalisateur : Ridley Scott
Scénariste : Hampton Fancher, David Peoples
Musique : Vangelis
Année : 1982 / Pays : Usa, Angleterre
Genre : Science-fiction, robots et cyborgs / Interdiction : /
Avec Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young, Edward James Olmos, 
Daryl Hannah, Brion James, Joanna Cassidy...




Gérald GIACOMINI

BLACK RAINBOW (1989)


L'HISTOIRE : Martha Travis est médium et elle sillonne les Etats-Unis en compagnie de son père, un alcoolique qui la met en scène dans des shows dans lesquels elle "parle avec les esprits des défunts" devant une foule de croyants crédules. Une vie monotone pour la jeune femme, qui n'a aucun amis ni personne à qui parler à part son père. Lors d'un show, elle entre en contact avec un défunt qui a été assassiné par un tueur à gages. Problème : le défunt est actuellement en vie. Mais quelques jours plus tard, il est effectivement victime d'un tueur à gages. Pour Martha, la vie se complique quand elle comprend qu'elle a des visions qui ne se sont pas encore produites. Connaissant l'identité du tueur à gages, elle devient une cible potentiel pour ce dernier. Elle trouve du réconfort auprès d'un journaliste qui décide de l'aider...


MON AVIS : Vu au cinéma à l'époque de sa sortie, je n'avais plus aucun souvenir de ce Black Rainbow et c'est donc avec plaisir que je l'ai revu via le Blu-Ray édité par Arrow Vidéo. Le film a été réalisé en 1989 par Mike Hodges, le célèbre metteur en scène du kitsch Flash Gordon (1980) et du rigolo Les Débiles de l'espace en 1985. Il met en scène Rosanna Arquette, un an après le succès du Grand Bleu, ainsi que Jason Robards et Tom Hulce. L'actrice joue donc une jeune médium, ayant acquis une certaine sensibilité de sa mère qui avait aussi un don. Elle est sous la coupe de son père, qui gère sa vie et sa carrière en organisant des shows à travers tout le pays. Ce dernier a un sérieux penchant pour l'alcool mais aussi pour le jeu d'argent, perdant les sommes gagnées par sa fille, comme celle-ci l'apprendra à un moment dans le film.

Rosanna Arquette et Jason Robards s'en sortent vraiment bien dans leur rôle respectif et cette relation père / fille est bien mise en avant par l'histoire, une relation compliquée, Martha se sentant prisonnière de son statut de médium et restant impuissante face à l'alcoolisme de son père. Mais le plus intéressant dans Black Rainbow est évidemment la capacité de Martha à entrer en contact avec les défunts dans l'autre monde. Comme le dit son père, il s'agit d'un show et le public doit en avoir pour son argent. La question qu'on se pose tous est bien sûr : a-t-elle réellement un don, parle-t-elle réellement avec les défunts ou tout n'est-il que mascarade, trucage, théâtralité ? Les personnes dans l'assistance sont-elles de mèches, ont-elles été payées pour apporter de la crédibilité à cette entreprise familiale de spectacle ?

On sait que le crédulité des gens ne demandent qu'à être assouvis et les prestations de Martha Travis leur apporte ce qu'il faut pour y croire, le jeu d'actrice de Rosanna Arquette faisant le reste. L'approche du réalisateur est ici bien éloigné de ses deux films cités plus haut. Il n'y a pas d'humour ou de parodie, c'est filmé de manière sérieuse, et si le réalisateur ne lésine pas à inclure un chœur gospel ou un pianiste comme élément du show de Martha, comme le ferait tout prédicateur ou charlatan d'ailleurs, il ne le fait pas dans le but d'amuser ou de démystifier le propos du film. 

La séquence dans laquelle un petit grain de sable vient endommager le rouage pourtant bien huilé mis en place par le père de Martha fait monter la tension et le film prend une dimension plus dramatique, avant de basculer carrément dans le thriller fantastique. Cette séquence, dans laquelle Martha entre en contact avec un défunt qui ne l'est pas encore, marque un tournant dans le récit, celui-ci aurait d'ailleurs très bien pu être écrit par Stephen King car le fantastique intervient par petite touche avant de clairement devenir un élément capital de l'intrigue.

Black Rainbow étant avant tout un film d'ambiance, il ne faut pas s'attendre à de l'action tout azimut. Non, ici, le rythme est très posé, rien ne verse dans le sensationnel ou le démonstratif. La condition de médium de Martha donne tout son intérêt au film, et ses nouvelles visions, prophétiques cette fois-ci, viennent fragiliser un personnage qui l'est déjà beaucoup et Rosanna Arquette apporte une vraie sensibilité à Martha, qu'on a envie d'aider, de soutenir, comme le fera le journaliste joué par Tom Hulce

Si on devine assez facilement un des twists finaux, on est tout de même assez surpris voire même déconcerté par l'idée finale du film, qui ne nous apparaît pas logique et pénalise pour ma part le film. Si Black Rainbow n'est pas exempt de défauts, et notamment ce final inattendu, le film distille une atmosphère assez soignée, qu'on aurait aimé être encore plus perturbante, effrayante, il y avait matière à le faire. Mais dans l'ensemble, et pour qui aime les films qui prennent leur temps, Black Rainbow fait le job et se révèle attachant, sans pour autant nous subjuguer.


Titre français : Black Rainbow
Titre original : Black Rainbow
Réalisateur : Mike Hodges
Scénariste Mike Hodges
Musique John Scott
Année : 1989 / Pays : Angleterre
Genre : Fantômes et spectres / Interdiction : /
Avec Rosanna Arquette, Jason Robards, Tom Hulce, Mark Joy, Ron Rosenthal...




DISPONIBLE EN BLU-RAY CHEZ ARROW VIDEO



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Stéphane ERBISTI

THE SLUMBER PARTY MASSACRE (1982)


L'HISTOIRE : En l'absence de ses parents, Trish Devereaux invite chez elle quelques amies de son équipe de basket pour une soirée pyjama entre filles ! Ses deux voisines et leurs petits amis, n'étant pas conviés, observent jalousement les préparatifs de l'autre côté de la rue, et préparent une intrusion inopinée, histoire de leur causer une petite frayeur. Mais tout ce petit monde ignore qu'un évadé de l'hôpital psychiatrique a lui aussi l'intention de participer à sa manière à la petite partie, emmenant avec lui son infernale foreuse mécanique pour transformer cette nuit en fête sanglante...

MON AVIS : Activiste féministe à ses heures perdues, Amy Holden Jones a effectué plusieurs petits boulots dans l'industrie du cinéma avant de toquer à la porte du légendaire Roger Corman afin de lui proposer ses services, notamment au poste de montage. La jeune femme a ensuite envie de réaliser son propre film et Corman lui offre sa chance, lui permettant de choisir un scénario parmi de nombreux autres qui traînent en attente de trouver preneur. Elle choisit une histoire rédigée par Rita Mae Brown, remanie quelques éléments à sa sauce et obtient de Corman un financement de 220000$ pour ce qui sera le premier slasher de la firme New World Pictures. Un genre auquel la réalisatrice ne connaît absolument rien au passage. Elle doit également se plier aux exigences du studio, qui veut du sang, des jolies filles et de la nudité. Malgré sa défense du féminisme, Amy Holden Jones est bien obligé de se plier à cette dernière exigence, ce que beaucoup lui ont ensuite reproché. Mais bon, elle tourne un slasher et la nudité est quasiment un passage obligé de ce style de film donc ne lui faisons pas de procès d'intention. Surtout qu'elle donne tout de même les rôles principaux aux actrices et que les quelques protagonistes masculins présents dans le film sont plutôt du style "benêt". 

Bref, toujours est-il qu'à l'arrivée, The Slumber Party Massacre s'est avéré être très lucratif pour Roger Corman, qui a nettement rentabilisé son investissement initial. En 1982, le slasher movie est devenu le fer de lance du mouvement horrifique, suite au succès d'Halloween et de Vendredi 13 bien entendu. J'avoue que je préfère des films tels CarnageMeurtres à la St-Valentin ou Rosemary's Killer à The Slumber Party Massacre car ils lui sont supérieurs en terme d'ambiance, de suspense, de mise en scène et de meurtres sanguinolents. 

Reste  que le film d'Amy Holden Jones fait néanmoins le taf et s'avère des plus corrects, et que pour une réalisatrice qui n'y connaissait rien au genre, la miss Holden s'est plutôt bien débrouillé et livre un film assez festif, qui ne se prend pas la tête et s'avère donc plaisant à regarder. Comme dit plus haut, niveau boobs, les amateurs seront aux anges puisque le casting féminin se désape régulièrement, que ce soit dans les douches du vestiaire, pour changer de tenue ou pour quelques rendez-vous galants. Parmi ces dernières, on reconnaîtra Brinke Stevens, qui deviendra une Scream Queen très réputée dans les années 80 et 90. On note d'ailleurs qu'elle ne se déshabille pas dans The Slumber Party Massacre et qu'elle est l'héroïne d'une des meilleures scènes du film, dans laquelle le suspense est vraiment bien troussé. 

Ce qui intéresse particulièrement les fans de slasher, ce sont les meurtres et le tueur bien sûr.  Ce dernier est campé par Michael Villella, qui était très investit sur le tournage, inventant même un passif à son personnage pour le rendre plus crédible dans ses actes, passif qui n'a malheureusement pas rejoint les lignes du scénario. Dommage. Si la majorité des scènes de meurtres sont filmées en hors-champ pour cause de budget faiblard, avec vision du rendu final tout de même, les effets de maquillage sont soignés, avec une mention spéciale au livreur de pizza dont les deux yeux ont été perforés par la mèche de la foreuse infernale. Une arme très cinématographique et pas choisit au hasard, puisque la longueur de la mèche et certains plans dans lesquels le tueur la tient entre ses jambes en font une arme "phallique" au rendu sans équivoque. 

Bénéficiant d'un rythme plutôt alerte, cette soirée pyjama qui n'est pas sans nous rappeler le Halloween de John Carpenter, se montre fun, distrayante et bien sûr sanguinolente ! Je pense même que The Slumber Party Massacre se bonifie avec le temps et l'effet nostalgie joue grandement en sa faveur. Pas de quoi bouder son plaisir donc ! A noter que le film d'Amy Holden a eu deux suites, en 1987 et 1990, ainsi qu'un remake en 2021. Et tous ces films ont été réalisés par une femme ! Il y a de la suite dans les idées donc...   


Titre français : The Slumber Party Massacre
Titre original : The Slumber Party Massacre
Réalisateur : Amy Holden Jones
Scénariste Rita Mae Brown, Amy Holden Jones
Musique Ralph Jones
Année : 1982 / Pays : Usa
Genre : Slasher / Interdiction : -16 ans
Avec Michelle Michaels, Robin Stille, Michael Villella, Brinke Stevens, 
Debra de Liso, Andree Honore...





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Stéphane ERBISTI

LE BATEAU DE LA MORT (1980)

 

Titre français : Le Bateau de la Mort
Titre original : Death Ship
Titre alternatif : Cauchemar Nazi
Réalisateur : Alvin Rakoff
Scénariste : John Robins
Musique : Ivor Slaney
Année : 1980
Pays : Angleterre, Canada
Genre : Fantômes et spectres
Interdiction : -12 ans
Avec George Kennedy, Richard Crenna, Nick Mancuso, Victoria Burgoyne...


L'HISTOIRE Le capitaine Ashland et son équipage effectue son dernier voyage aux commandes d'un paquebot de croisière, l'heure de la retraite ayant sonnée. Alors qu'il s'en va participer à contre-cœur à la fête des passagers, son second vient l'avertir qu'un navire fonce droit sur eux. Le capitaine ne peut éviter la collision et le paquebot sombre aux fond des eaux. Seul neuf passagers survivent au drame, dont la capitaine Ashland, l'officier Trevor Marshall, la femme et les deux enfants de ce dernier ainsi que Lori, Sylvia et deux membres de l'équipage. Ils parviennent à se hisser sur le navire qui les a percuté. Ils découvrent qu'il n'y a pas âme qui vive sur ce bateau d'apparence ancienne. Pourtant, ce dernier se met en marche et des incidents mortels commencent à avoir lieu. Les rescapés doivent se rendre à l'évidence : les histoires de vaisseau fantôme ne sont pas un simple mythe et ce bateau cache un terrible secret, hérité de la seconde guerre mondiale...


MON AVISAvec sa superbe affiche qui fît rêver bon nombre de personnes ayant vécu la période bénie des vidéoclubs, Le Bateau de la Mort possède une certaine aura parmi la communauté des aficionados du cinéma fantastique, surtout chez ceux qui ne l'ont pas vu d'ailleurs ! Réalisé en 1980 par Alvin Rakoff, metteur en scène spécialisé dans les épisodes de séries-télévisées et totalement novice dans le genre fantastique / horreur, Le Bateau de la Mort est un petit budget dont l'histoire a été imaginée par Jack Hill (scénariste de The Terror, Spider Baby, The Big Bird Cage, Coffy, Foxy Brown...) puis scénarisée par John Robins

Pour donner un cachet à son film, Alvin Rakoff fait appel à plusieurs acteurs dont la carrière ne brille plus vraiment, à l'image de George Kennedy, Richard Crenna (qui relancera sa carrière deux ans plus tard avec le personnage du colonel Trautman bien sûr), Nick Mancuso, Sally Ann Howes ou Kate Reid par exemple. Des têtes bien connues du public, qui se retrouvent donc prises au piège dans un bateau vivant ! Le début du film nous fait irrémédiablement penser à la série La Croisière s'amuse (si, si) avant de bifurquer vers l'épouvante une fois le bateau fantôme entrant en scène et envoyant par les fonds le paquebot de croisière. 

L'ambiance se fait plus pesante et le look du bateau fantôme, vieux et décrépi, fait son petit effet quand il apparaît juste derrière le canot de sauvetage contenant les rescapés. Une fois montés à bord de ce navire peu accueillant, ces derniers vont vite s'apercevoir que quelque chose cloche : personne à l'horizon, de la poussière et des toiles d'araignées à foison, l'eau des robinets à une couleur rouille, bref, ça sent le bateau abandonné et pourtant, il avance ! La salle des machines nous est montrée à l'écran à de nombreuses reprises, avec ces roulements et ces pistons qui fonctionnent à plein régime, sans aucune intervention humaine ! Bruits étranges, cliquetis, voix spectrales en allemand et incidents se mettent alors à avoir lieu, ce qui permet au réalisateur de distiller ses effets et d'instaurer une atmosphère lugubre assez réussie mais qui ne va malheureusement pas empêcher le film de tourner en rond. 

En effet, Le Bateau de la Mort devient un huis-clos mais aussi un film de couloir (bah oui, on est dans un navire en pleine mer hein), l'impression que l'histoire ne progresse pas énormément s'empare de nous, tout comme une certaine lassitude à voir et revoir ces plans de la salle des machines. De plus, les personnages sont à peine esquissés et on ne s'intéresse franchement pas à eux, si bien que lorsque la mort frappe, on s'en fout un peu. Toutefois, les acteurs semblent assez investit pour la plupart, surtout Richard Crenna, qui court partout pour trouver une échappatoire, et la jolie Victoria Burgoyne qui nous offrira la meilleure scène du film : voulant prendre une douche, elle se retrouve nue (un bon point pour le film !) et se voit arroser de la tête au pied avec du sang qui s'échappe du pommeau de douche. L'actrice gigote dans tous les sens et hurle tout ce qu'elle peut, la porte de la cabine de douche restant inlassablement fermée. Elle connaîtra juste après une fin peu enviable. 

Les autres manifestations mortelles, façon Destination Finale avec vingt ans d'avance, sont également assez sympathiques, voire même cruelles et sadiques comme ce pauvre homme attaché par les pieds à un cordage lui-même relié à un système de poulie et qui va être lentement plongé tête la première dans la mer ! Sympa comme torture non ? 

Plus le film avance, plus le capitaine interprété par George Kennedy semble sombrer dans la folie, le bateau voulant apparemment qu'il devienne le nouveau chef de bord. Une idée déjà vue mais avec le contexte nazi, ça marche pas trop mal, dommage que l'acteur se contente de faire une tête bizarre et ne se soit pas plus impliqué dans le rôle. Rassurez-vous, je ne vous dévoile en rien un pot-aux-roses, on le sait depuis belle lurette que le bateau est un ancien navire nazi qui écumait les mers dans les années 40. C'est d'ailleurs ce contexte qui fait tout le sel du film et lui donne son intérêt. 

La découverte d'une caméra projetant des images de défilés nazis, d'un poste radio diffusant de vieilles chansons militaires allemandes, d'une salle entièrement dédiée à la gloire d'Adolf Hitler, d'une chambre froide contenant les cadavres de prisonniers pendus au croc de boucher ou d'une cale dont le filet est rempli de squelettes, dont on imagine qu'ils ont été victimes des expériences morbides des officiers nazis, augmentent l'aspect malsain du film et rehaussent notre attention et notre attrait pour cette petite production au rythme peu enlevé et à la mise en scène assez passive. 

Très honnêtement, Le Bateau de la Mort n'est pas dénué d'intérêt mais son côté un peu cheap fait qu'à mon avis, il était déjà daté en 1980 ! De plus, il a un rendu très téléfilm et je pense qu'il aurait bien mieux fait d'en être un, on aurait pu le ranger à côté du classique Le Triangle du Diable de Sutton Roley, avec lequel il partage pas mal de point commun en terme de mise en scène et de rendu. A noter que Le Vaisseau de l'Angoisse est un pseudo-remake de ce film, en plus grand-guignolesque et spectaculaire.




Stéphane ERBISTI

LES BÊTES FÉROCES ATTAQUENT (1984)


Titre français : Les Bêtes Féroces attaquent
Titre original : Belve Feroci
Réalisateur : Franco E. Prosperi
Scénariste : Franco E. Prosperi
Musique : Daniele Patucchi
Année : 1984
Pays : Italie
Genre : Attaques animales
Interdiction : -12 ans
Avec Tony DeLeo, Lorraine De Selle, Ugo Bologna, Louisa Lloyd, John Stacy...


L'HISTOIRE : Francfort. Laura Schwarz, journaliste locale, rejoint son compagnon, Rupert Berner, dresseur au zoo. Certains animaux semblent anormalement excités, mais personne ne s’inquiète véritablement. Dès la nuit tombée, les événements se précipitent : alors que des rats dévorent un couple flirtant dans une voiture, le système de sécurité des portes et des cages du zoo tombe en panne, libérant des dizaines de fauves, lions, tigres, guépards, ainsi que tous les autres animaux, dont des éléphants et un ours polaire. Devenues inexplicablement agressives et meurtrières, les bêtes sauvages envahissent la ville, semant un incroyable vent de panique et la mort autour d’elles...


MON AVISTourné à une période où le cinéma ne s’était pas encore remis des fameux mondo, ces pseudo-documentaires controversés où des images réelles étaient souvent préparées, provoquées avant d’être filmées, Les Bêtes Féroces attaquent en conserve certains aspects. D’ailleurs, la présence à la réalisation de Franco E. Prosperi, auteur avec Gualtiero Jacopetti et Paolo Cavara du célèbre Mondo Cane en 1962, est loin d’y être étrangère. De plus, nous sommes encore sous l’influence sensationnaliste de la cannibalsploitation, instaurée par les films d’Umberto Lenzi et de Ruggero Deodato, dont Cannibal Holocaust demeure le point de non-retour. 

Avec ce Belve Feroci, l’intention est claire : en mettre plein la vue et faire le plus réaliste possible, quitte à y laisser des plumes. Car ce qui frappe directement à la vision du film, c’est son côté aussi réel que brutal, un aspect unique que ne pourront jamais posséder les œuvres actuelles. En effet, cet animal attack arrive lorsque le sous-genre est encore très à la mode - il périclitera vers la fin des années 80 avant de revenir en force peu avant les années 2000 - et, plutôt que de se noyer dans la masse des films du genre, il les balaie tous sur son passage.

Peu de films peuvent se targuer de frôler en permanence la mort et de montrer un danger aussi palpable au bout de leur objectif. Les Bêtes Féroces attaquent détient cette incroyable force, bestiale sans jeu de mots, qui lui permet d’accéder au statut d’œuvre folle parmi les plus dangereuses jamais tournées. Le seul film le dépassant jusqu’alors, c’est Roar (dont le tournage s’étalera de 1975 à 1981), un monument montrant le danger mortel à travers des images de folie furieuse où fauves et humains cohabitent d’une certaine manière. Mais, plus axé aventure et même empreint d’un certain humour au vu de ses situations particulièrement cocasses (plus pour le spectateur que pour les protagonistes), Roar évite le style horrible en éliminant, à de très rares exceptions, les effusions de sang. S’il reste imbattable sur le fait qu’il demeure le film le plus dangereux de tous les temps, avec ses nombreux accidents de tournage, il va être dépassé en terme de violence brute par Les Bêtes Féroces attaquent, même si le tournage de ce dernier semble avoir été plus chanceux. Le film de Prosperi constitue sans nul doute le dernier grand témoignage d’une période où le cinéma pouvait se permettre tous les excès possibles, apportant à l’écran un résultat furieux qu’il est impossible d’égaler ou même d’approcher aujourd’hui. Si l’on ne peut reprocher aux auteurs d’éviter le danger trop grand lors des tournages, l’utilisation quasi permanente des effets infographiques a détruit toute forme d’authenticité. Dommage...

Les Bêtes Féroces attaquent propose une intrigue assez simpliste, qui évoque brièvement, sans véritablement les développer, les thèmes de l’écologie et du danger de la drogue. En gros, l’homme fait n’importe quoi et détruit la nature, pollue, puis cette même nature se retourne contre lui. Les quelques plans au début du film sur ces seringues jetées par dizaines dans les lieux publics puis sur les eaux potables traitées en usine en dit long sur le malaise qui règne, un malaise toujours autant d’actualité de nos jours. Pas besoin de plus se justifier pour se lancer dans le spectacle que tout le monde désire : les attaques animales ! 

En cela, l’œuvre va si loin qu’elle élimine d’emblée toute chance de l’égaler. La caméra filme sans concession et avec brio de redoutables fauves et autres superbes animaux sauvages en pleine action violente, courant, sautant, mutilant et tuant, lors de séquences hallucinantes et énergiques où le spectateur se fait tout petit. Le travail des dresseurs, des cascadeurs et du reste de l’équipe est à souligner tellement il respire un danger inédit et un sentiment de réalisme imbattable. On y va aussi franco en termes de violence et de gore, les bêtes sauvages mordant et dévorant leurs victimes dans de gros bouillons sanglants. Et les quelques plages de calme au cours du récit ne sont que des leurres.

Un moment de soulagement dans une rame de métro ? En quelques instants, le courant saute et un tigre s’empresse de s’inviter dans un wagon. Une pause pépère avec un vieil aveugle jouant au piano dans son paisible appartement, sous les yeux bienveillants de son berger allemand ? En moins de deux secondes, l’animal devient fou furieux et égorge son maître sans la moindre hésitation (hommage appuyé au Suspiria de Dario Argento et à L’au-delà de Lucio Fulci). Les couples n’ont même pas le temps de flirter, ils se font agresser immédiatement par des meutes de rats voraces. On ne souffle jamais dans Les Bêtes Féroces attaquent, qui porte plus que bien son titre. Impossible d’oublier certaines séquences ahurissantes, comme cette course folle entre la pauvre jeune fille apeurée dans sa petite Volkswagen Coccinelle et un guépard qui la pourchasse sans relâche dans une artère du centre-ville (scène tournée à Johannesburg et non Francfort). On ne peut que saluer l’équipe qui filme cette spectaculaire cavalcade à 100/110 km/h, le guépard demeurant l’animal terrestre le plus rapide au monde, capable d’accélérations fulgurantes (de 0 à 70 km/h en deux secondes, de 0 à 90 km/h en trois secondes), pour une vitesse de pointe de 120 km/h. Des chiffres incroyables qui nous plongent dans une ivresse de danger qui a dû être communicative pour que l’on nous serve de si folles images.

Des éléphants qui traversent un aéroport (celui de Johannesburg aussi) et provoquent un affreux crash aérien, un ours polaire qui sème la panique dans un gymnase rempli de gosses, un troupeau de bovins qui court en déglinguant tout sur son passage, faisant voler vitrines, tables et chaises, provoquant une indescriptible panique, un tigre qui se promène dans le métro, voici quelques-uns des morceaux de bravoure dans un film qui ne manque pas de générosité à ce niveau. 

Le seul reproche que l’on peut faire, ce sont ces moments de cruauté animale, hélas récurrents dans le cinéma italien de l’époque. Bien que les auteurs s’en défendent, et sans vouloir mettre en cause leur bonne foi, on peut douter de la présence de rats mécaniques en jouets munis de moteurs lorsque les lance-flammes brûlent les rongeurs. De même pour le chat, brutalement attaqué et mordu par les mêmes bestioles, qui n’aurait terminé la scène que légèrement blessé. Passons. Cascades automobiles et explosions diverses complètent le programme déjà bien chargé d’une œuvre atypique et unique.

Belve Feroci n’est bien évidemment pas un film qui s’adresse aux âmes trop sensibles, la brutalité et l’indépassable fureur de ses images lui donnant une place de choix parmi les animal attack les plus efficaces de tous les temps. D’autant plus que les dix dernières minutes nous proposent un rebondissement plutôt marquant. Mais je n’en dis pas plus pour ceux qui n’ont pas encore vu le film...




Cédric PICHARD

BEETLEJUICE (1988)

 

Titre français : Beetlejuice
Titre original : Beetlejuice
Réalisateur : Tim Burton
Scénariste : Michael McDowell, Warren Skaaren, Larry Wilson
Musique Danny Elfman
Année : 1988
Pays : Usa
Genre : Anticipation, comédie
Interdiction : /
Avec Michael Keaton, Alec Baldwin, Geena Davis, Jeffrey Jones, Winona Ryder...


L'HISTOIRE : Adam et Barbara forment un couple aussi charmant que gnan-gnan et mènent une vie d'un calme et d'une platitude rares. Lors d'une petite escapade en voiture, Adam manque d'écraser un chien et fait tomber la voiture dans une rivière, causant ainsi sa noyade mais aussi celle de son épouse. Le couple revient pourtant comme si de rien n'était dans sa demeure, prenant vite des allures de manoir hanté. Ils découvriront par la suite qu'ils sont devenus instantanément des fantômes, et sont à présent condamnés à hanter leur demeure! Pire encore, de nouveaux occupants débarquent avec un objectif bien précis : refaire la maison de fond en comble. C'en est trop pour les deux tourtereaux qui tentent de faire fuir cette drôle de famille, et par tous les moyens possibles, quitte à faire appelle à Beetlejuice...


MON AVISGros succès aux Etats-Unis mais énorme bide en Europe (et pour cause le personnage n'était connu que chez les ricains), Pee Wee Big Adventure aura du mal à faire connaître le talent du grand Tim Burton au public européen, et il faudra attendre son film suivant pour que son univers se fasse remarquer de manière nettement plus importante aux yeux du public : Beetlejuice, qui possédera d'ailleurs un budget bien plus conséquent que celui de Pee Wee Big AdventureLe succès du film fut tel qu'une série animée du même titre débarquera sur les écrans en 1989. Légèrement édulcorée (le comportement obsédé et grossier de Beetlejuice a été adouci), elle reste toutefois intéressante visuellement parlant puisqu'elle puise son inspiration dans l'univers biscornu et macabre de Burton.

Véritable best of de son univers, Beetlejuice est sans doute la pièce maîtresse de la filmographie de Burton, qui infuse toute la folie, l'inventivité, et les habitudes qui lui sont dues en un seul long-métrage. On retrouve l'humour cartoonesque frôlant à plusieurs reprises le non-sensique hésitant entre comic-book survolté et Looney Tunes sous acide, les délires baroques, gothiques et macabres touchant autant les scènes fantastiques que les décors tortueux, des scènes d'émotions incroyablement touchantes, la musique de Danny Elfman, l'utilisation de la stop motion… Difficile d'échapper au film si on est fan de Tim.

En quelques secondes de générique, Burton frappe (déjà!) son film d'un éclair de génie : la caméra survole un village américain, et s'arrête au final sur une grande maison dominant les environs ; très vite l'aspect général des maisons et l'intrusion d'une araignée nous montre clairement que ce sont ni plus ni moins des maquettes! Pourtant cette maquette existe bien, et elle appartient aux Maitland, un couple à la perfection quasi-utopique, vivant dans ladite maison surplombant la petite ville. Tout y est lumineux, harmonieux, tout le monde y est heureux, et seul cette voisine rapidement collante vient mettre une ombre au tableau. Pour les besoins de leur maquette, le gentil couple devra faire un tour en ville, avant d'être bêtement victime d'un accident de voiture… mortel. Condamnés à hanter leur propre foyer, Adam et Barbara ne peuvent plus retrouver leur monde: une simple échappée de la maison se termine par une virée sur Saturne, planète de sable habitée par des vers géants très voraces !

Vendue par une amie trop fouineuse, la maison est rapidement achetée par une famille de New-Yorkais aussi envahissants que excentriques: la belle-mère est une sculptrice démente suivant les conseils d'un soi-disant spécialiste du paranormal, le père n'a rien à faire (!!) et la gamine est une petite gothique aussi morbide que silencieuse déboulant dans la maison en cercueil noir et tenue d'enterrement !

Rien de rose pour les Maitland, qui réalisent que les vivants ne peuvent les voir malgré leurs apparitions fort grotesques: visage arraché, décapitation, pendaison, déguisement classique de fantômes. L'occasion d'offrir la scène mémorable du placard (voire celle où Adam et Barbara ont bien du mal à faire sursauter la vilaine famille avec des vieux draps) où les nouveaux occupants ne semblent pas se soucier du spectacle affreux qui s'offre sous leur nez. C'est en découvrant un livre réservé uniquement aux morts, que les amoureux découvrent l'autre monde ainsi que l'existence d'un certain Beetlejuice, un mort vivant obscène et hystérique qui se considère comme un bio exorciste : il fait fuir les vivants. Faisant appel à ses services, Adam et Barbara s'en débarrassent aussitôt, sans savoir qu'il va longuement leur coller aux basques et pourquoi pas mettre un boxon monstre dans la maison.

Futur Batman chez le même Burton, Michael Keaton endosse un rôle à contre-emploi stupéfiant, jouant à la fois avec son maquillage lugubre et de multiples effets spéciaux le rendant méconnaissable, mais aussi avec un soupçon d'improvisation dans le comportement et les dialogues. L'occasion pour l'acteur trop cantonné dans les rôles de gentils de se défouler un maximum.

Même chose pour Winona Ryder, ici dans la peau de Lydia, adolescente révélant une nature parfois tourmentée (la tentative de suicide) mais se montrant nettement plus heureuse au contact du couple de fantômes, le couple rêvé qui lui fait oublier des parents snobs et ringards. La petite a beaucoup de répartie et son stock de dialogues atteint une certaine saveur (Je vis dans une grande, longue, grande et profonde chambre noire ou Vous êtes pleins de pus et pleins de veines, comme dans La nuit des morts vivants) jusqu'à cette libération finale, et en musique en plus !

Que ce soit le score de Danny Elfman ou les mélodies de Harry Belafonte, la musique joue un rôle primordial dans le film : Elfman nous sert sa bande sonore la plus tonitruante, la plus enjouée et la plus belle de toute sa carrière (avec celle de Edward aux Mains d'argent bien entendu) et dont le thème musical sera réutilisé à tort et à travers. Là où on s'y attend le moins, Beetlejuice prend des allures de comédie musicale lors d'une scène d'anthologie, pour ne pas dire culte : invitant de nombreux bourgeois et personnalités de la haute société, la belle mère de Lydia va voir son repas se transformer en piste de danse avec une possession générale des convives, les forçant à chanter et danser sur le fameux Day-O. On peut en mourir de rire ou juste esquisser un sourire au choix, mais la scène reste définitivement imparable. Rien que pour elle, on revoit Beetlejuice avec une grande délectation.

Véritable remède contre le blues ou la grise mine, Beetlejuice donne l'occasion à Burton d'étaler son univers dans quelques séquences se déroulant dans le monde des morts, créatures décharnées et burlesques qui possèdent encore les marques de leur décès : requin accroché à une jambe, squelette cramé, os de poulet traversant une gorge, employé de bureau raplapla comme une feuille de papier, pendu distribuant des photocopies, joueurs de rugby n'ayant toujours pas réalisé leur propre mort, et même un chasseur dont le crâne a été rétréci et la bouche cousue !

Très grand amateur d'animation image par image, Burton l'utilise habilement et fréquemment dans son film avec les vers géants, la transformation surréaliste de Adam et Barbara, et certaines animations d'objets comme cette porte béante ou ces sculptures douées de vie. Tim Burton bouillonne d'idées à chaque instant et nous en fait profiter pleinement jusqu'à ce dénouement bordélique et jouissif où l'infâme Beetlejuice laisse libre cours à son cabotinage et à ses mauvais tours. Si on est loin d'Argento, Burton fait néanmoins exploser les couleurs dans certaines parties du décor, en particulier lors de la scène finale ou celle se situant dans l'autre monde. Difficile de ne pas écarquiller les yeux face à ce BeetleSnake, à ce rébus animé, à la vision de la planète Saturne, à ces subites plongées dans les maquettes des Maitland, à la transformation de Beetlejuice en manège… 

L'univers de Burton est là et incontestablement là, il imprègne le film de toute part, reprend des éléments chers à Lewis Carroll, à la Hammer Films, aux bandes dessinées les plus folles, à Chuck Jones, à la peinture surréaliste… 

Un pur bonheur que ce jus de cafard.


Jérémie MARCHETTI

BATMAN (1989)

 

Titre français : Batman
Titre original : Batman
Réalisateur : Tim Burton
Scénariste :  Sam Hamm, Warren Skaaren
Musique : Danny Elfman
Année : 1989
Pays : Usa, Angleterre
Genre : Super-héros
Interdiction : /
Avec : Michael Keaton, Jack Nicholson, Kim Basinger, Pat Hingle, Robert Whul...


L'HISTOIRE : Le jeune Bruce Wayne a vu ses parents abattus par des malfrats. Devenu l'un des homme les plus riches de Gotham City, il a décidé de livrer combat contre le crime en revêtant un costume de chauve-souris et en se faisant appeler Batman. Pendant un affrontement dans une usine, Batman, par accident, fait tomber dans un cuve d'acide Jack Napier, un dangereux gangster. Malheureusement pour lui, Napier n'a pas trouvé la mort. Son visage est devenu totalement blanc, ses cheveux sont verts et sa bouche garde la forme d'un grand sourire. Napier décide de jouer de son apparence et se fait alors baptiser Le Joker. Gotham City va alors subir la vengeance du Joker, bien décidé à avoir la peau de Batman...


MON AVISBatman ! Un nom connu de tous ! Apparu en 1939 sous forme de comics, dû au talentueux Bob Kane, son créateur, mais également à Bill Finger, qui eut l'idée du costume gris en forme de chauve-souris après avoir regardé le film The Bat Whispers. Au départ, Batman agissait pour lui-même puis, la censure regardant de plus près ce comics, Bob Kane le fit agir pour la police. Batman est un milliardaire nommé Bruce Wayne, qui a vu ses parents se faire tuer quand il était petit. Un soir, une horde de chauve-souris pénètre dans son manoir et il germa dans son esprit cette idée de s'habiller en chauve-souris et de combattre le crime pour honorer la mémoire de ses parents. Avec l'aide de sa fortune et de son majordome Alfred, il transforme la cave du manoir en quartier général, se construit de multiples véhicules et gadgets pour l'aider à lutter contre le crime qui règne à Gotham City...

Les adaptations cinématographiques du comics, au succès monstrueux, virent bientôt le jour. En 1943, Lambert Hyllier réalise le sérial en 15 chapitres The Batman puis le justicier ailé devient la star du petit écran en 1966 avec une série télé haute en couleurs et en onomatopées où il partageait la vedette avec Robin. Succès oblige, cette série devient un film, toujours réalisé en 66, sommet du kitsch à l'écran. En 1989, Tim Burton décida de livrer sa version de Batman. Il engage Michael Keaton pour jouer le double rôle du milliardaire justicier, et surtout, Jack Nicholson dans le rôle culte du Joker !

Tim Burton a un univers qui lui est propre. Son Batman n'est pas encore un reflet de cet univers. Il faudra attendre sa seconde adaptation, Batman le défi pour en avoir un réel aperçu. Mais ce premier Batman n'en est pas moins jubilatoire et propose quelques scènes grandioses et images sublimes. 

Burton a avant tout choisi de faire un film familial et grand spectacle. Exit donc la face sombre de Batman, et son comportement limite schizophrène (bien que très légèrement exprimé). Ici, c'est à un super-héros qu'on a droit, défenseur de la veuve et de l'orphelin. Michael Keaton s'en sort plutôt bien dans le rôle de Bruce Wayne / Batman. Il lui manque peut-être un petit peu de classe mais rien de bien grave. Il est excellent par contre sous son costume de justicier. Kim Basinger fait figure de potiche et n'apporte pas grand chose au film, si ce n'est de se faire enlever par le Joker et de devoir être secourue par Batman. Jack Nicholson est par contre irrésistible en Joker. Il cabotine, en fait des tonnes, et provoque la jubilation du spectateur ! Plus que Batman, c'est bien lui la star du film, même s'il n'atteint pas la noirceur et la folie du Joker de la bande-dessinée d'Alan Moore Souriez. La dualité entre les deux personnages est néanmoins respectée, chacun représentant le bien et le mal de l'autre. Autant Batman est sérieux, autant le Joker est exubérant. Autant Batman est sombre, autant le Joker est coloré. Quand le Joker dit c'est toi qui m'a fait, Batman, celui-ci lui répond non, c'est toi qui m'a fait.

Grand spectacle oblige, Burton nous concocte des enchaînements de séquences éclatants. Le costume du héros est parfait et très crédible. Comme James Bond, Batman dispose de nombreux gadgets bien utiles et de divers véhicules, que tous les fans attendent au tournant. La vision de la Batmobile fait mouche, superbe voiture en forme de chauve-souris, d'un noir étincelant. Ma séquence préférée est sans conteste celle où Batman utilise son avion en forme de chauve-souris également, et où celui-ci vient se positionner devant la lune pour former le logo de Batman. C'est carrément superbe et on applaudit bien fort monsieur Burton pour ses superbes images. Le film est donc bien rythmé et l'action est au rendez-vous. La séquence finale sur la cathédrale est également fort bien réalisée, et nous rappelle le final de Sueurs froides d'Hitchcock. L'humour est très présent, grâce au Joker évidemment, et à ses répliques qui tuent. Sacré Nicholson ! C'était vraiment un rôle parfait pour lui !

Énorme succès aux Etats-Unis, mitigé en France (comme d'habitude), ce Batman est donc un divertissement de haute qualité, qui réjouira petits et grands. Mais le vrai fan de Batman ne se contentera pas de ce film et préférera revoir de Tim Burton son Batman le défi, oeuvre quasi parfaite, sombre, empreinte de folie, gothique, et qui fait vraiment honneur à l'homme chauve-souris. Les deux suites de Joel Schumacher seront un retour au grand spectacle, fort décrié par les fans. Mais le Batman Begins qui va prochainement débarquer risque fort de remettre les pendules à l'heure et de nous présenter un Batman des plus sombres ! Patience donc...




Stéphane ERBISTI