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BABYCALL (2011)

 

Titre français : Babycall
Titre original : Babycall
Réalisateur : Pal Sletaune
Scénariste Pal Sletaune
Musique Fernando Velázquez
Année : 2011
Pays : Norvège, Allemagne, Suède
Genre : Thriller
Interdiction : -12 ans
Avec Noomi Rapace, Kristoffer Joner, Vetle Qvenild Werring, Stig R. Amdam...


L'HISTOIRE : En Norvège, après avoir fui un mari et père brutal, Anna et son jeune fils Anders emménagent à une adresse tenue secrète, un appartement situé dans une barre d’immeubles lugubre comme il en existe tant dans ce pays glacial. Là, pétrifiée à l’idée que son ex-mari puisse les retrouver elle et son rejeton, Anna limite tous leurs déplacements et évite même de mettre son fils à l’école. Pourtant, elle se ravise et scolarise sa progéniture sur les exhortations insistantes des personnes des services sociaux, venant régulièrement la contrôler. Elle en profite également pour acheter un baby phone afin d’être sûre qu’Anders est en sécurité pendant son sommeil et se lie d’amitié avec Helge, un vendeur en électroménager. Mais d’étranges bruits comme des plaintes et des cris viennent parasiter le baby-phone. Est-ce le fruit de l’imagination d’Anna ou bien il y a-t-il véritablement quelqu’un en souffrance dans l’immeuble ?


MON AVISThriller norvégien signé Pal Sletaune, le réalisateur du déjà très sordide Next Door, Babycall se distingue par l’atmosphère sombre qu’il dégage, donnant, à l’instar de Morse pour la Suède, une image bien peu reluisante de la Norvège. Ainsi, sur fond d’histoire de violence domestique, on suit Anna et son fils, au cœur d’une cité dortoir froide où les personnages tristes à en mourir, s’y déplacent comme des spectres incapables d’évoluer dans le monde réel. 

Pal Sletaune nous dépeint alors de manière très réaliste le quotidien de cette jeune mère terrorisée par son ex-mari et qui surprotège son fils. Il réussit grâce à une réalisation adroite à nous entraîner dans une spirale de folie paranoïaque anxiogène. On en vient alors à douter de l’état mental de cette maman armée pourtant de bonnes intentions. Anna entend des cris étranges sur le baby phone qu’elle a acheté pour surveiller son fils. D’où viennent-ils ? Sont-ils réels ou proviennent-ils de son imagination ? Est-elle mentalement dérangée ou au contraire a-t-elle réellement des raisons de s’inquiéter ? 

Le film joue sur cette ambivalence et c’est là son point fort. Tout comme dans les huis clos schizophréniques que sont Le locataire, Rosemary’s Baby ou encore Sueurs Froides, références ultimes en la matière, Babycall dissémine tout le long de l’histoire des indices pour faire perdre, aussi bien aux personnages qu’aux spectateurs, le sens des réalités et ainsi nous faire douter en permanence. On voit en effet des événements à travers les yeux d’Anna et on finit par se dire que ce n'est pas forcément la réalité, mais plus tard on voit d’autres scènes à travers les yeux de Helge (l’ami que s'est fait Anna et qui travaille dans un magasin d’électroménager) étant a priori plus sain d’esprit, et on doute tout aussi bien quant à la véracité des actes se déroulant à l’écran ! On tergiverse donc constamment dans ce film, ce qui est tout de même inquiétant avouons-le, mais pour notre plus grand plaisir. Même si on ne comprend pas tout à fait ce qui se passe…

Au cœur de décors aseptisés et d’une ambiance glauque au possible, évolue cette mère protectrice et torturée, la formidable Noomi Rapace (la trilogie séminale de Millenium, Prometheus, Seven Sisters) qui réussit là encore un tour de force remarquable dans son rôle ambigu de maman trop aimante, trop angoissée, trop inadaptée socialement, trop dépressive, trop tout quoi ! Il y a de quoi cela dit, quand on a été une victime d’un mari trop abusif, enfin…

A côté d’elle, coexistent son fils et son copain d’école bien étrange avec lequel Anders s’enferme des heures dans sa chambre, les personnes des services sociaux dont un des membres s’avère très entreprenant et le très touchant Helge (interprété par Kristoffer Joner vu dans Next door et Skjult), un vendeur en électroménager dont la mère est à l’article de la mort et à travers lequel Anna cherche un brin de réconfort.

C’est avec tout ce petit monde que Pal Sletaune nous plonge dans un univers norvégien morne et dépressif à la fois en nous faisant naviguer entre le drame social (la fuite d’un ex-mari violent, la cohabitation avec un enfant dont la relation quasi fusionnelle paraît sur le point d’exploser à tout moment) et le thriller fantastique (un baby-phone qui capte les cris d'un voisin que seul Anna paraît percevoir). 

Le film semble être parfaitement en place et plus on avance plus on se dit qu’il y a une explication logique à tout cela. Seulement voilà, Babycall, comme certains films de genre récents, souffre de l’absence de dénouement véritable ou bien donne l'impression qu'on nous a leurré pour finalement nous rouler dans la farine et n'avoir aucune explication plausible à nous fournir sur ce que l'on vient de voir. Ou plutôt, en nous laissant seuls conclure par rapport a ce qui a été vu, ressenti et ça, c’est encore pire, car ça sent le réalisateur/scénariste (c’est le cas ici pour Sletaune endossant cette double casquette) en mal d’inspiration qui ne savait pas comment parachever son oeuvre et nous sort un twist final de derrière les fagots maintes fois utilisé au cinéma. Et ce, après pourtant nous avoir fait miroiter des choses intéressantes. 

Un sentiment d'inachevé et de frustration prédomine donc au final à la fin du visionnage qu’irrémédiablement, on ne trouve plus du tout original, dommage ! On a le sentiment que Sletaune nous refait le même coup qu’avec le surcoté Next Door avec son côté huis clos en appartement et un aboutissement quasi similaire si on est un habitué des films de genre et un fin observateur et ce, dès les premières minutes du métrage…

Grand prix au festival de Gérardmer de 2012, Babycall s’annonce, tout du moins au début, comme un thriller horrifique de bonne facture, avec la réalisation froide mais maîtrisée de Sletaune et surtout l’interprétation habitée de son actrice principale (Noomi Rapace est parfaite). Toutefois, le scénario qui essaie de se la jouer Cluedo avec ses pistes multiples, ne répond pas totalement au mystère originel et la fin devient alors le gros point faible de ce long-métrage. Elle se veut en effet trop énigmatique (alors que si on est attentif au début du film, on la sent venir de loin…) et arrive comme un cheveu sur la soupe, tout en étant saupoudrée d’effets grand-guignolesques mal venus car n’allant pas de pair avec l’ambiance du métrage. 

En définitive, ce film alternant des idées de mise en scène intéressantes et des pistes éculées pour certaines ou qui restent peu explorées pour les autres, est une déception à cause de sa fin, ce dont la rétine se rappellera le plus longtemps. Tant pis !




Vincent DUMENIL

AMERICAN BURGER (2014)

 

Titre français : American Burger
Titre original : American Burger
Réalisateur : Bonita Drake, Johan Bromander
Scénariste Bonita Drake, Johan Bromander
Musique Olle Hellstrom, Christian Engquist, Fredrik Soderstrom, Marcus Frenell
Année : 2014
Pays : Suède
Genre : Comédie horrifique
Interdiction : -12 ans
Avec Fredrik Hiller, Liam Macdonaldas, Benjamin Brookas, Ben Thornton...


L'HISTOIRE : Des lycéens américains font un voyage d’études en Europe et s’arrêtent aux abords d’une immense forêt pour visiter une usine de « hamburgers 100% américains ». Un slogan au départ intrigant mais qui prend tout son sens quand soudain une horde de bouchers font leur apparition et massacrent nos malheureux étudiants pour en faire des steaks bien juteux...


MON AVISFilm ouvrant la Nuit du Fantastique (intitulée cette année-là Nuit décalée) de la 22ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, American Burger était attendu au tournant par de nombreux festivaliers. Résumé alléchant, bande-annonce accrocheuse, teaser dynamique et déjanté : le public était en droit de s’attendre à une bonne comédie trash et gore alliant survival et teenage movie, ce film suédois était en effet annoncé comme un croisement entre American Pie et Massacre à la tronçonneuse, rien que ça !

Et pourtant, cet American Burger n’est pas bien juteux et manque clairement de goût si l’on peut dire. Certes, il s’agit là d’un premier film mais notre couple de réalisateurs suédois aurait pu nous inviter à un bien meilleur spectacle au vu des possibilités diverses et variées qu’offrait cette histoire de burgers faits maison. Alors que le résumé ferait saliver n’importe quel amateur de films gores et déjantés, ce qui devait être là une bonne parodie de film d’horreur très typée survival fait finalement bien plus l’effet d’un bon gros pétard mouillé. Mais comment se fait-il donc que cet American Burger soit si décevant ? Réponse dans les quelques lignes qui suivent…

Quand nous commençons à visionner le film de Bonita Frake et Johan Bromander, la première chose qui marque est cet esprit très djeun’s (musique pop-rock, bus scolaire rempli de pom-pom girls et de jeunes écervelés très portés sur le cul manifestement) qui rappelle indéniablement tous ces Teenage movies que l’on retrouve aussi bien dans le paysage comique (American Pie en tête) que fantastique (La Main qui Tue, Scary Movie, Lesbian Vampire Killers et j’en passe). Des premières images qui annoncent d’emblée la couleur, fun, sex and gore semblent être les maîtres mots de ce projet suédois. Et pourtant, de ces trois mots, nous avons l’impression que seule la moitié d’un (sex) a été retenue dans American Burger.

Fun, nous ne pouvons pas dire que le film l’est réellement. Alors que l’action est pourtant amenée assez rapidement (nos bouchers sanguinaires font irruption dans la toute première partie du film), nous sommes surpris de constater que l’histoire n’avance pas. Le scénario est en effet très répétitif (on court, on court dans la forêt…) et il ne se passe finalement pas grand-chose dans ces bois. Le rythme devient subitement et étonnamment très lent au moment même où nous attendions des courses-poursuites haletantes, des scènes plus typées action avec nos jeunes étudiants aux prises avec nos bouchers arrivant par dizaines avec leurs petits matériels et leurs brouettes pour transporter les corps.

L’humour (que nous sommes venus rechercher dans un film de ce type) a quelque peu également raté son rendez-vous avec le projet de Bonita Drake et Johan Bromander. Lourds, souvent puérils (nous sommes dans ce que nous pouvons appeler vulgairement mais de façon explicite le pipi-caca-prout avec un petit zeste de sexe mais pas trop hein !) et parfois répétitifs, les gags peinent à faire mouche et passent bien souvent à la trappe. Nous retiendrons certes quelques passages amusants (le directeur de l’usine de burgers qui malaxe le ventre de notre héros en surpoids en se disant qu’il va y avoir un bon rendement rien qu’avec lui, ou encore notre blonde écervelée qui se déshabille accidentellement au fur et à mesure que l’histoire avance…) mais ces derniers sont malheureusement perdus dans une masse de gags foireux et enfouis dans un scénario mou et rébarbatif, ce qui a pour conséquence bien fâcheuse et frustrante d’enlever presque toute saveur à ceux-ci (certain(e)s y verront alors une très maigre consolation).

Autre frustration : le manque d’hémoglobine. Au vu du scénario voire même de la bande-annonce (celui l’ayant confectionné est un sacré génie soit dit en passant), nous nous attendons clairement à avoir de bonnes scènes déjantées, gores et trash, comme nous sommes venus en chercher presqu’assez logiquement. Et pourtant, là aussi, le film manquera le coche et de scènes sanglantes nous n’aurons droit qu’à quelques gorges tranchées sans grandes effusions de sang, une jambe coupée en plastique. N’espérez pas non plus participer à l’élaboration des burgers (voir comment à partir d’êtres humains on obtient des steaks hachés), rien ne vous sera montré à notre plus grand regret.

Ajoutez à cette fadeur constante une galerie de personnages ultra stéréotypés (rappelant étrangement Lesbian Vampire Killers pour ses héros) avec son crétin fini, son étudiant au surpoids certain et aux idées farfelues (pour ne pas dire débiles) sans oublier notre jolie blonde un peu sotte que nous prenons plaisir à voir se déshabiller au fil des minutes. Nous retiendrons surtout de cette brochette de personnages celui du directeur de l’usine complètement timbré et notre professeur ayant survécu aux bouchers et ayant développé un mental de Rambo ! Bref, un casting en demi-teinte mais c’est toujours cela de pris dirons-nous...

Un film d’ouverture de la Nuit décalée du festival de Gérardmer assez décevant au final, au grand damne de nombreux festivaliers ne se satisfaisant pas de l’humour pipi-caca-cul qui découle de ce long-métrage suédois. Car il est vrai que le film repose beaucoup sur très peu : se limitant à nous offrir quelques gags répétitifs, souvent puérils et lourdingues, American Burger ne prend clairement pas suffisamment de risque ! Où sont les passages gores que nous attendions au vu de la bande-annonce ? Pourquoi ne pas pouvoir en voir un peu plus sur le process de fabrication des burgers ?

Alors certes, tout n’est heureusement pas à jeter dans ce film. Nous avons droit à un final original et amusant, deux-trois personnages sympathiques et quelques gags fonctionnant plutôt bien, aussi peu nombreux soit-il. Mais il faut bien reconnaître que nous avons affaire là à une parodie paresseuse alors que le scénario et la bande-annonce promettaient tellement plus. Au vu de l’idée bien barrée de départ, il y avait franchement moyen de faire mieux. Une bien belle désillusion que voilà.




David MAURICE