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BLACK EMANUELLE EN AMÉRIQUE (1977)

 


L'HISTOIRE : La jolie photo-reporter Emanuelle est toujours à la recherche de scoop pour le journal qui l'emploie. A New York, elle va dévoiler les activités suspectes du milliardaire Eric van Darren puis à Venise, elle devra percer à jour le Duc Alfredo Elvize, ami de Van Darren, avant de s'envoler pour les Caraïbes afin de photographier ce qui se passe dans une luxueuse résidence, transformée en bordel pour femmes aisées. Sur place, elle découvrira dans l'une des chambres un mini-film dans lequel des mercenaires torturent et mutilent des femmes pour de vrai...


MON AVIS : Suite au succès planétaire du film français Emmanuelle, qui fera de son actrice principale Sylvia Krystel une star, les Italiens, rois de la copie cinématographique, cherchent à surfer sur la renommée du film de Just Jaeckin réalisé en 1974, même si un Io Emmanuelle a déjà adapté le roman d'Emmanuelle Arsan en 1969. C'est en regardant Emmanuelle 2 l'année suivante qu'ils découvrent dans le rôle d'une masseuse l'actrice Laura Gemser, une indonésienne au corps et à la beauté exotique parfaits. Il n'en fallait pas plus pour que les Italiens aient l'idée d'en faire la vedette d'une série de films d'aventures érotique en la renommant simplement Black Emanuelle, avec un seul M pour éviter les procès pour plagiat. L'affaire est dans le sac dès 1975 avec la sortie de Black Emanuelle réalisé par Bitto Albertini. Suivra en 1976 Black Emanuelle en Orient, cette fois-ci réalisé par le célèbre Joe d'Amato, qui va venir pimenter la saga de sa folie, notamment avec le troisième épisode mis en scène en 1977, le fameux Black Emanuelle en Amérique.

Un film à la réputation sulfureuse, principalement pour deux séquences qui ont transformé un banal film d'aventure érotico-exotique en oeuvre culte pour les amateurs de cinéma bis déviant. Car sans ses deux séquences sur lesquelles je vais revenir par la suite, il faut bien avouer que Black Emanuelle en Amérique ne se démarquerait pas vraiment du lot des productions érotiques de l'époque, si ce n'est par la présence toujours radieuse de son actrice principale. 

Le scénario, si on peut appeler ça comme ça, est on ne peut plus léger et on a plus l'impression d'assister à une sorte de film à sketchs avec un maigre fil conducteur, avec des scénettes se déroulant dans divers pays, qu'à une véritable histoire. Emanuelle à New York, Emanuelle à Venise, Emanuelle au Caraïbes, Emanuelle en Amérique Latine, Emanuelle en Afrique, on ne peut pas dire que Black Emanuelle en Amérique ne nous fasse pas voyager ! Laura Gemser promène sa gracieuse silhouette dans ces divers paysages et use de ses charmes à maintes reprises pour se sortir de situations périlleuses ou juste pour prendre du bon temps. La jolie reporter est une adepte de l'amour libre et elle donne autant qu'elle reçoit. Elle se fait kidnapper par une jeune homme qui lui reproche de faire des photos nue de sa petite amie et la menace d'un pistolet ? Hop, une petite fellation plus tard, le danger est écarté ! La directrice d'un harem clandestin a découvert sa véritable identité ? Hop, un numéro de charme, un peu d'alcool et la voilà tirer d'affaire ! Elle sait y faire notre Black Emanuelle, il n'y a pas de problème insurmontable pour elle !

Reste que les très nombreuses séquences érotiques qui ponctuent régulièrement le film finissent pas ennuyer plus qu'à exciter, tant elles sont répétitives et pas franchement originales, si on excepte celle dans laquelle une jeune femme recouverte de gâteau se fait manger par les invités d'une orgie organisée par le personnage joué par Gabriele Tinti, mari de Laura Gemser à la ville. Comme bien souvent, Black Emanuelle en Amérique dispose de nombreuses versions en fonction de la censure des divers pays. Dans la version intégrale, l'érotisme soft se partage avec des scènes ouvertement pornographiques, qui n'apportent pas grand chose au final et qui ne mettent jamais Laura Gemser en scène qui plus est, ce qui amoindri encore plus leur intérêt. Les pérégrinations de la belle Emanuelle sont sans réelle saveur au final et rien ne fait vraiment décoller ce film. Rien sauf la folie de son réalisateur. Joe d'Amato, bien connu des fans de cinéma d'horreur puisqu'il leur a offert des films tels Blue Holocaust, Anthropophagous ou Horrible entre autres, va totalement se lâcher dans deux séquences qui donnent tout son sel à Black Emanuelle en Amérique et qui lui valent sa solide réputation.

La première est une séquence dite de zoophilie dans laquelle les invités d'une soirée festive vont aller espionner l'une des invités qui a une attirance non pas pour le sexe masculin mais plutôt pour celui chevalin ! Devant la foule agglutinée, l'actrice va prodiguer une masturbation au cheval qui semble apprécier cette attention toute particulière. Une scène qui sera reprise par Joe d'Amato dans son Caligula la Véritable Histoire en 1983. Si cette séquence pourra choquer le spectateur non préparé, le réalisateur va mettre la barre encore plus haute avec la fameuse séquence du snuff movie. Si ce mythe (?) du film dans lequel on torturerait et assassinerait pour de vrai des acteurs a fait son apparition en 1975 dans le film Snuff de Michael Findlay, les séquences imaginées par Joe d'Amato dans Black Emanuelle en Amérique vont encore plus loin dans le sordide et reste peut-être encore à ce jour les plus atroces jamais réalisées sur ce sujet, dépassant même celle de Salo ou les 120 jours de Sodome de Pasolini. En mission d'infiltration, Emanuelle observe les relations sexuelles de femmes riches dans un luxueux harem clandestin situé dans les Caraïbes. Dans une chambre, un couple fait l'amour. Emanuelle remarque qu'une caméra super 8 projette un film qui semble les exciter. La curiosité étant un vilain défaut, Emanuelle ne peut s'empêcher de regarder les images projetées sur un petit écran blanc. Et là, le spectateur sera tout autant sidéré que la belle photographe. Sur l'écran, dans un format vidéo assez dégueulasse, ce qui renforce l'impression de réalisme, on voit des sortes de mercenaires en tenues militaires abuser sexuellement de plusieurs femmes tout en les torturant, les mutilant de manière vraiment atroce.

Ce snuff movie, on en verra d'autres images encore plus horribles vers la fin du film, Emanuelle ayant réussi à remonter le filon et à trouver une personne le possédant et ayant connaissance d'où il a été filmé. La belle se retrouve en Amérique du Sud et va assister en direct live à la torture et aux diverses mutilations subies par de pauvres femmes considérées comme un simple objet : femme brûlée au chalumeau, gode géant enfoncé dans la bouche et dans lequel on va déverser de l'huile bouillante, femme marquée au fer incandescent, femme prise en levrette avec un mors dans la bouche qui va lui ouvrir la mâchoire en deux, femme dont on va couper le sein au couteau et autres joyeusetés sont proposés au public avec une complaisance absolue et une envie de choquer qui emmène le film très loin dans l'abject le plus sordide. Emanuelle va se réveiller et son amant de lui expliquer que tout ça n'était qu'un cauchemar du à la prise de LSD. Pourtant, une fois chez son patron, Emanuelle découvre des photos qui viennent corroborer que ce snuff movie était bel et bien réel et qu'il existe donc une organisation mafieuse qui tire profit de ces atrocités. Malheureusement pour la reporter, son patron lui annonce qu'il ne pourra pas diffuser son article et les photos et que cette décision de censure est politique, ce qui la mettra dans une rage folle. 

Avec ces séquences vraiment choquantes, Joe d'Amato a réussi son pari : faire d'un film érotique assez fade en fin de compte une oeuvre qui possède toujours un statut de film culte auprès des aficionados et qui continue, année après année, de faire parler de lui. Il est malin ce Joe ! Egalement en 1977, il poursuivra sur sa lancée et mixera encore érotisme et horreur en envoyant Laura Gemser dans l'enfer vert se confronter à une peuplade cannibales dans Emanuelle et les Derniers Cannibales.


Titre français : Black Emanuelle en Amérique
Titre original : Emanuelle in America
Réalisateur : Joe d'Amato
Scénariste Maria Pia Fusco
Musique Nico Fidenco
Année : 1977 / Pays : Italie
Genre : Aventure horrifique / Interdiction : -16 ans
Avec Laura Gemser, Gabriele Tinti, Roger Browne, Paola Senatore...




Stéphane ERBISTI

BABY CART 2 : L'ENFANT MASSACRE (1972)

 

Titre français : Baby Cart - L'Enfant Massacre
Titre original : Kozure Ôkami - Sanzu no Kawa no Ubaguruma
Réalisateur : Kenji Misumi
Scénariste Goseki Kojima, Kazuo Koike
Musique Hideaki Sakurai
Année : 1972
Pays : Japon
Genre : Aventure horrifique
Interdiction : -16 ans
Avec Tomisaburo Wakayama, Kayo Matsuo, Akihiro Tomikawa, Akiji Kobayashi...


L'HISTOIRE : Toujours à la poursuite de Ogami Itto, le clan Yagyu fait appel à des guerrières sanguinaires pour assassiner le bourreau. Ogami est par ailleurs embauché pour tuer Makuya, un homme qui serait en relation avec les terribles frères Bentenrai...


MON AVISLe premier venant d'être terminé, la même équipe rempile directement la même année avec cette suite. Si le premier film avait posé les bases principales du mythe de Baby Cart, cette suite va se focaliser davantage sur les combats, pour le plaisir de nos yeux.

Car Baby Cart c'est avant tout des combats très sanglants, qui vont devenir carrément gore dans ce deuxième opus considéré comme le plus abouti de la saga. Toujours plus d'idées, toujours plus de rythme, d'action et de sang, on n'attend que ça de la part d'une telle série…

Ogami Itto pousse toujours le landau de son fils sur les routes du Japon, tuant tous ceux qui tentent de le supprimer. L'introduction ouvre la voie avec une scène mémorable resté dans les mémoires des fans de la série : un tueur se prend un sabre dans la tête de la part de Ogami et continue d'enfoncer la lame dans sa tête, bloquant ainsi Ogami et permettant à son acolyte d'attaquer le bourreau. Bien sûr, le deuxième assaillant ne fait pas long feu, et se retrouve empalé. Le sang gicle de toutes parts, les deux ennemis sont enfin exécutés, le film peut enfin démarrer. Ébouriffant.

Le clan Yagyu, qui cherche à éliminer Ogami, ne peut plus le vaincre après quelques vains efforts. Ainsi, le clan demande de l'aide à Sakaya, la fille de Retsudo, le vieillard hirsute du premier volet, et accessoirement, ennemi juré de Itto. Celle-ci, guerrière aussi impitoyable que son père, va lancer une tribu d'amazones aux trousses de Ogami. Des amazones se cachant sous des apparences calmes, et qui vont tenter de bloquer la route à Ogami.

Mais Ogami est chargé d'une mission : retrouver un certain Makuya, qui serait de mèche avec les trois maîtres de la mort : les frères Ten, Ben et Rai Bentenrai, des êtres sadiques et barbares massacrant tout sur leur passage. La force du film, comme vous pouvez le constater, ne réside pas dans son scénario, efficace et classique, mais plutôt dans ses scènes d'actions hyper violentes. Ogami devra faire face à des tueurs encore plus redoutables et plus violents, comme les fameuses Amazones ou les seigneurs de la mort. Par ailleurs, ces trois assassins redoutables deviendront des icônes cultes du genre puisqu'ils seront repris dans Les Aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin ou plus récemment dans Dead or Alive 2.

Trois personnages malfaisants, maniant chacun une arme différente comme des griffes mortelles ou une massue. Une idée géniale donnant lieu à des scènes très gores forcément. Car autant le savoir, ils savent parfaitement s'en servir et très bien même, en tout cas assez pour faire sortir de bons litres d'hémoglobine. Ce second épisode est parsemé de combats d'anthologie, qui surprennent encore plus par leur violence excessive. Celui réservant le plus de surprises (quoiqu'ils en réservent tous) est sans conteste celui contre les amazones. Une longue scène où Ogami tombe sur des femmes différentes sur son chemin, danseuses, paysannes, pèlerines se révélant être de terribles guerrières. Et pour camoufler leurs armes, rien ne vaut l'utilisation de légumes ou de chapeaux !

Déjà bien rythmé, ce second opus est très réputé pour ses débordements gores incroyablement jouissifs. Dans une séquence hallucinante, un ninja convoqué par Sakaya voit un groupe d'amazones l'attaquer, le découper en plusieurs morceaux jusqu'à le transformer en homme tronc puis le clouer au sol avec leurs sabres ! Le gore devient même la source d'une sorte de surréalisme visuel inattendu : les fameux guerriers de la mort déterrent des guerriers du sable avec leurs griffes, faisant ainsi saigner le désert, et lorsque l'un d'eux meurt en se faisant égorger, il voit son sang s'éparpiller au souffle du vent jusqu'à l'énorme giclée traditionnelle. Le sang gicle parfois sur l'écran, les membres volent et tombent, les sabres transpercent les corps… Impressionnant.

Le petit Daigoro acquiert un rôle encore plus important dans l'histoire, sauve son père blessé en lui portant de l'eau à sa manière, empêche de justesse, sans le vouloir, une jeune femme de tuer son père et élimine quelques vilains grâce à son landau. Un landau gadget véritablement mortel pour les ennemis de Ogami, révélant des surprises au fur et à mesure des épisodes. Ici on apprend que les roues se hérissent de piques tranchants comme des rasoirs (elles sont utilisées d'ailleurs dans une autre scène d'anthologie) et les bambous placés sur les côtés déploient de longues lames par une simple pression avec les doigts.

La fin annonce d'ailleurs quelques clins d'œil et rapprochements avec le western spaghetti comme on va pouvoir le découvrir dans le troisième épisode. Ce volet–ci se doit d'être absolument découvert, surtout si on est particulièrement sensible au cinéma japonais, au Chambara et pourquoi pas au gore. 




Jérémie MARCHETTI

BABY CART 1 : LE SABRE DE LA VENGEANCE (1972)

 

Titre français : Baby Cart - Le Sabre de la Vengeance
Titre original : Kozure Ôkami - Ko Wo Kashi ude Kashi Tsukamatsuru
Réalisateur : Kenji Misumi
Scénariste Goseki Kojima, Kazuo Koike
Musique Hideaki Sakurai
Année : 1972
Pays : Japon
Genre : Aventure horrifique
Interdiction : -16 ans
Avec Tomisaburo Wakayama, Akihiro Tomikawa, Tomoko Mayama, Shigeru Tsuyuguchi...


L'HISTOIRE : Dans le Japon féodal, un bourreau, Ogami Itto, voit un complot se former autour de lui. Après la mort de sa femme, assassinée, il part sur les routes du Japon avec son très jeune fils Daigoro, tuant tous ceux qui se mettent en travers de son chemin. Mais la route sera longue, très longue avant d'aboutir à l'ultime vengeance...


MON AVISCulte pour beaucoup, la saga Baby Cart est un tournant important dans le cinéma japonais. Dans la masse des films d'exploitation de l'époque, Baby Cart perpétue la tradition des fameux Chambara, sous-genre bien connu des amateurs, se déroulant dans le Japon féodal, entre samouraïs, giclées de sang et combats survoltés au sabre. Vous vous demandez bien pourquoi un tel film est présent ici ? Eh bien parce que Baby Cart est une saga empruntant un peu à tout, et surtout au manga puisqu'il est inspiré d'une bande dessinée.

La saga se permet d'importantes fantaisies, comme des combats hallucinants tout droit sortis d'un manga, des idées folles, des touches d'humour, de sexe et même de fantastique (dans le sixième épisode, des soldats morts-vivants sont ressuscités pour l'occasion), et surtout d'ultra-violence, pour ne pas dire de gore. Certes ce n'est pas Braindead mais les combats sont souvent drôlement saignants, en particulier dans le très bon second épisode, dont les excès ont dû inspirer sans aucun doute Kill Bill.

Deux hommes sont les membres fondateurs de Baby Cart : Kenji Misumi, qui a réalisé la moitié des films de la saga et qui était déjà plongé dans l'univers des Zatoichi, et Kazuo Koike, créateur de l'univers Baby Cart et qui a également créé deux autres légendes saignantes du genre : Lady Snowblood et Crying Freeman. Inédite d'abord chez nous, la série des Baby Cart est sortie en VHS chez Cine Horizons pendant les années 90 avant de se voir transporter sur support DVD grâce à HK Vidéo.

Plus ou moins fidèle au manga, Baby Cart compte 6 épisodes, dont un renégat nommé Shogun Assassin, une piètre version distribuée par les Américains, qui est une sorte de compile des deux premiers épisodes. Belle jaquette mais peu d'intérêt. Pour jouer Ogami Itto, c'est l'imposant et bedonnant Tomisaburo Wakayama qui a été choisi, collant parfaitement au fameux personnage. Il incarnera le même personnage sur toute la série, malgré certains problèmes de santé. Dans ce premier volet indispensable, le film débute par une sorte de flashback où l'on apprend le terrible complot qui s'est formé autour du bourreau officiel du shogun, Ogami Itto. Personnage hirsute, cruel et assoiffé de pouvoir, Retsudo Yagyu dirige le clan des tueurs officiels du shogun, mais désire posséder également celui des espions, et bien sûr celui de l'exécuteur.

La femme de Ogami est tuée et celui-ci, découvrant l'infâme complot de Yagyu, s'enfuit avec son fils Daigoro, à peine âgé de quelques mois. Il lui propose alors un choix dans une scène cruciale : si l'enfant choisit la balle plutôt que le sabre, il sera tué ; si l'inverse se produit, son père l'emmènera avec lui. L'enfant choisit le sabre et part ainsi avec son père, qui refuse de se faire hara-kiri et devient un rônin : un samouraï sans maître.

Le film fait donc un saut dans le temps : Daigoro a quelque peu grandi, et son père le ballade dans un landau de bois à travers les routes du Japon. Dans cet épisode, il arrive dans un petit village visité pour sa station thermale, mais menacé par une tribu de rônin et de brigands détestables, semant la terreur partout où ils passent. Et il va falloir faire le ménage…

Allant à l'encontre des règles du parfait samouraï, Ogami applique son propre code du déshonneur et préfère se venger des tueurs lancés à ses trousses, que de pratiquer le fameux seppuku ou hara-kiri. On remarquera que Kazuo Koike confectionne toujours des personnages ivres de vengeance, voire hors-normes: dans Crying Freeman, un tueur à gages pleurant après la mort de ses victimes tombe éperdument amoureux de sa cible, et dans Lady Snowblood, une jeune fille transformée en machine à tuer par sa mère va orchestrer la vengeance de celle-ci. Ogami est un personnage tout aussi torturé, il parle peu, il tue presque sans se détourner de son chemin voire sans se blesser. C'est un véritable bloc qui va découvrir que son fils est également aussi fort et malin que lui (de nombreuses petites touches dans la saga vont le prouver à partir du second épisode).

Certains combats ou duels annoncent déjà les fameux jeux vidéo de beat them all, comme le prouve le combat du lac ou la scène finale où Ogami Itto affronte plusieurs rônins en même temps. Evidemment, les combats laissent échapper quelques beaux geysers sanguinolents : un corps décapité fait gicler du sang sur fond de coucher de soleil, un homme se fait littéralement couper les deux jambes en même temps, un vilain crache un bon litre de sang sur la caméra en contre-plongée…

De même que l'utilisation du fameux landau reste encore assez discrète (car par la suite il va s'avérer être un véritable gadget sur roulettes). Il y a des audaces évidentes (l'exécution du bambin, hors-champ forcément, au début du film, la mort de la mère devant son bébé apeuré) et des éclairs de folies visuelles inattendus (la fameuse image symbolique séparée en trois écrans, les flashs épileptiques de Yagyu lors du combat du lac). 

Via un découpage digne d'une Bd, d'idées surprenantes (Ogami s'humilie en faisant l'amour avec une prostituée devant quelques rônins bien vicieux, pour ainsi sauver la jeune fille) et d'un magnifique cinémascope qui va traverser toute la saga, Baby Cart : Le Sabre de la Vengeance s'impose comme une référence dans le cinéma d'exploitation japonais.




Jérémie MARCHETTI

AMAZONIA LA JUNGLE BLANCHE (1984)

 

Titre français : Amazonia la Jungle Blanche
Titre original : Inferno in Diretta
Réalisateur : Ruggero Deodato
Scénariste :Cesare Frugoni, Dardano Sachetti
Musique Claudio Simonetti
Année : 1984
Pays : Italie
Genre : Aventure horrifique
Interdiction : -16 ans
Avec Lisa Blount, Leonard Mann, Willie Aames, Michael Berryman...


L'HISTOIRE : Dans la forêt amazonienne, un groupe de trafiquants de drogue se fait massacré par des indigènes. A Miami, une équipe de reporters, composée de Fran Hudson et de son cameraman Mark Ludman, est postée dans une voiture et suit les agissements de trafiquants de drogue. Ils décident de pénétrer chez les trafiquants et découvrent un véritable carnage. Tous ces massacres auraient le même dénominateur commun : ils seraient orchestrés par un ancien militaire, dont la base se trouverait dans la forêt amazonienne, lieu où a également disparu Tommy, fils d'un homme très riche. Fran et Mark décident d'aller faire un reportage sur ces trafiquants de cocaïne et sur ces massacres, et de tenter de retrouver Tommy. Ils partent en avion pour l'enfer vert. Un long périple les attend et ils vont, en direct, faire découvrir l'horreur de la situation aux spectateurs du monde entier, tout en risquant chaque jour de se faire également massacrer...


MON AVISFilmer l'enfer vert, le réalisateur Ruggero Deodato sait le faire. Déjà en 77, où il réalise Le Dernier Monde Cannibale, puis en 1980 où il livre son chef-d'oeuvre Cannibal Holocaust. Quatre ans plus tard, le voilà qui repart en territoire hostile pour mettre en scène cette histoire de trafiquants de drogue malmenés par une tribu d'indigènes adeptes du lancer de fléchettes empoisonnées et du tranchage de tête à la machette avec Amazonia la Jungle Blanche

Même si l'histoire reste sensiblement la même, avec ces journalistes débarquant caméra au poing pour filmer l'innommable, on est loin du style quasi documentaire de Cannibal Holocaust. D'ailleurs, soyons clairs : Amazonia la Jungle Blanche n'est absolument pas un film de cannibale, c'est avant tout autre chose un pur film d'aventure, une série B dépaysante dans laquelle on a injecté quelques séquences horrifiques assez réussies, comme le massacre qui sert d'introduction au film, avec un Michael Berryman en chef de tribu qui se montre toujours aussi impressionnant qu'il l'était dans La Colline à des Yeux, ou cette séquence hallucinante qui voit un homme se fait écarteler dans le sens de la longueur. Ignoble, répugnant et totalement choc.

Hormis cet acteur au faciès étonnant, le reste du casting est lui aussi franchement bon, avec des acteurs et actrices bien connus des fans de cinéma Bis, comme Lisa Blount (Reincarnations, Annihilator ou Prince des Ténèbres), Richard Lynch (doit-on le présenter ?), Eriq La Salle (la série Urgences), Gabriele Tinti (une star du cinéma Bis), Valentina Forte (Blastfighter, Body Count), Barbara Magnolfi (Suspiria, La Sœur d'Ursula) ou bien encore Karen Black (Trauma, La Vengeance des Monstres). On a même une toute petite apparition de Ruggero Deodato lui-même ! 

Tous les ingrédients du film de jungle sont donc réunis pour nous faire passer un bon moment : action, tribu sauvage, érotisme, serpents et crocodiles, poursuite, embuscade et meurtres à foison. Amazonia la Jungle Blanche est un agréable divertissement, qui connaît une petite baisse de régime vers ses trois-quarts, mais qui n'ennuie jamais. Sans atteindre la puissance de son Cannibal Holocaust, Ruggero Deodato à bien mené sa barque et ce cocktail d'aventure et d'horreur s'avère réussi et plaisant. Il y a vraiment de quoi satisfaire le public cible avec ce spectacle à ne pas mettre devant tous les yeux.




Stéphane ERBISTI