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BIENVENUE A CADAVRES-LES-BAINS (2009)

 

Titre français : Bienvenue à Cadavres-Les-Bains
Titre original : Der Knochenmann
Réalisateur : Wolfgang Murnberger
Scénariste : Wolf Haas, Josef Hader, Wolfgang Murnberger
Musique Sofa Surfers, Wolfgang Frisch
Année : 2009
Pays : Autriche
Genre : comédie fantastique, thriller
Interdiction : /
Avec Josef Hader, Josef Bierbichler, Pia Hierzegger, Birgit Minichmayr...


L'HISTOIRE : Simon Brenner, ancien policier reconverti, est missionné par un concessionnaire viennois pour mettre la main sur les propriétaires de voitures impayées. Alors qu’il doit retrouver un certain Monsieur Horvath, notre ami va se retrouver dans un petit hôtel-restaurant dans la campagne autrichienne. Alors que cela devait être une mission comme tant d’autres vécues jusque-là, celui qui joue quelque peu les détectives privés va vite s’apercevoir qu’il se passe bien des choses étranges dans cet établissement…


MON AVISBienvenue à Cadavres-Les-Bains est un film autrichien sorti en 2009 et nous narrant pour la quatrième fois à l’écran les aventures de Simon Brenner, un personnage fictif créé par l’écrivain Wolf Haas et très connu en Autriche. Toutes ces histoires étant indépendantes les unes des autres, nous ne rencontrons alors aucune difficulté à entrer dans celle-ci, votre rédacteur n’ayant vu à ce jour aucune autre des intrigues de cet ancien flic.

Petite comédie d’humour noir tapant aussi bien dans le fantastique, dans le thriller ou bien encore dans le film policier, le film de Wolfgang Murnberger a beau durer presque 2h, il n’en est aucunement long et ennuyeux. Au contraire, voilà bien un film attachant, certes à des années lumières d’un Shaun of the Dead, dont on peut lire le titre sur l’édition DVD sortie en France ainsi que ceux de Hostel et de Severance, mais c'est un bon petit film bien ficelé qui vous attend là. Alors que votre serviteur s’attendait à une énième comédie plus ou moins drôle, avec ses inspirations douteuses, ses gags souvent foireux et un air de déjà-vu du début à la fin, force est de constater qu’il s’est bien planté…

Le film est doté d’un scénario riche en surprises, bien huilé (un puzzle qui petit à petit se construit, les pièces s’assemblant au fil de l’intrigue avec une certaine justesse) et mêlant moments drôles (n’oublions pas que nous sommes avant tout sur un scénario faisant la part belle à l’humour, que ce soit pour ses personnages parfois hauts en couleurs, ses dialogues balançant humour noir et second degré à tout va ou encore ses séquences un brin loufoques), romantiques (bah oui ça fricote un peu et ça lorgne vite-fait vers l’érotisme même) et horrifiques, avec quelques meurtres perpétrés et notre meurtrier n'y va pas par quatre chemin et fait en fonction de ce qu’il a sous la main : noyade, gorge sectionnée, coups de hachoir…

Le scénario est plein de péripéties et nous n’avons guère le temps de nous ennuyer devant le film de Wolfgang MurnbergerEntre chantages, arnaques, balance, adultère, cannibalisme, police je m'en foutiste, réseau clandestin de prostitution… Bienvenue au pays du vice !

Alors certes, l’aspect horrifique n’est pas le plus présent, l’humour noir étant clairement l’ingrédient le plus mis en avant dans cette histoire. Nous sommes bien plus dans le film policier ou le thriller que dans le fantastique pur, à la différence des films cités sur la jaquette du DVD français, même si plusieurs moments nous rappellent que nous faisons quelques incursions dans le cinéma de genre et plus précisément le cinéma fantastique justement : on a une séquence de cannibalisme où l’une des victimes finit dans le goulache qui remportera un beau succès auprès de notre ancien policier et héros Simon Brenner, des meurtres assez sauvages qui nous renvoient à bien des films de psychopathes et tueurs en série entre autres. Il aurait été d’ailleurs plus logique et franc de citer un C’est arrivé près de chez vous sur le verso de la jaquette plutôt qu’un Shaun of the Dead ou pire un Hostel.

Mais l’histoire n’est pas l’unique chose qui donne à ce film cette sympathie et ce côté reviens-y. En effet, le casting est de plutôt bonne facture : avec son héros parfois un brin naïf (notre ancien policier ne percute pas toujours au quart de tour bien qu’il ait cette envie de tout vouloir comprendre et ne semble rester dans le bled uniquement pour les beaux yeux de la femme du fils du patron de l’hôtel-restaurant où il enquête), ces vilains tout ce qu’il y a de plus bêtes et méchants (le fils du patron qui joue la carte du chantage et du bad boy alors qu’il n’en a pas du tout l’étoffe, les maîtres chanteurs qui rapidement se retrouvent dans une merde pas possible faute d’avoir été trop confiants…) et ces quelques personnages exerçant en quelque sorte le rôle de ciment dans cette intrigue en y apportant notamment humour et bizarrerie (le fameux Horvath que l’on cherche toutes et tous ou encore Berti le concessionnaire) quand ce n’est pas tout simplement un petit zest de romantisme (notre fameuse Birgit, femme du fils du patron, vous l’aurez aisément compris), nous avons là une galerie de personnages qui nous plongent sans grande difficulté et avec beaucoup d’entrain dans cette histoire bien farfelue…

Le seul vrai bémol dans Bienvenue à Cadavres-Les-Bains est que nous ne baignions pas un peu plus dans l’humour noir, les scènes macabres et les meurtres inventifs / amusants. Ce qui aurait encore plus porté en avant l’aspect fantastique, même si nous ne sommes pas hors-sujet ici. Certain(e)s pourront également mettre un petit carton jaune sur la dynamique du film. En effet, le montage n’est pas des plus énergiques mais heureusement, les personnages un brin décalés et les situations farfelues qui se présentent assez couramment permettent sans grand mal à tenir en haleine le spectateur.

Au final, ce polar mêlant humour noir et fantastique est une agréable surprise. Avec son casting de bonne facture et haut en couleur, ses séquences amusantes et parfois totalement barrées et enfin son scénario bien huilé et laissant l’intrigue se dévoiler tel un puzzle, l’irrévérencieux Bienvenue à Cadavres-Les-Bains se suit sans déplaisir et ce malgré certes une dynamique parfois un peu en manque de souffle. Un film qui donne envie à votre rédacteur d’en connaître un peu plus sur ce personnage de Simon Brenner, si connu au pays de Mozart et des chants tyroliens.




David MAURICE

BENNY'S VIDEO (1992)

 

Titre français : Benny's Video
Titre original : Benny's Video
Réalisateur : Michael Haneke
Scénariste : Michael Haneke
Musique Johann Sebastian Bach
Année : 1992
Pays : Autriche, Suisse
Genre : Insolite
Interdiction : -16 ans
Avec Arno Frisch, Angela Winkler, Ulrich Mühe, Ingrid Stassner, Stéphanie Brehme...


L'HISTOIRE : Benny n'est pas un adolescent comme tous les autres. Il est beaucoup plus renfermé, faute d'avoir eu des parents présents. Il se passionne alors pour la vidéo, comblant ainsi ce manque d'affection. Mais parfois la réalité et la fiction se confondent. Certains ados ne sont pas aptes à gérer et finissent par ne plus du tout voir la différence. Benny sera victime de cela, et se verra commettre l'irréparable…


MON AVISBenny's Video ? Quel est ce déroulé d'images dénuées de sentiments et d'émotions ? Et bien, voici encore un film signé de notre mythique Michael Haneke et la mise en image de son talent à nous envoyer dans le monde saugrenu de la violence gratuite est encore bien présent ici ! Précédent Funny Games, voici une autre expérience mise en place par ce réalisateur n'ayant pas peur des tabous !

L'histoire de Benny's Video, me dira t-on n'a pas de grands rapports avec celle de Funny Games si ce n'est le meurtre commun filmé sans que le moindre sentiment humain ne crève l'écran. Notre homme est connu pour cela, alors pourquoi arrêter lorsqu'il le fait si bien ? Cela peut en déranger plus d'un et c'est là toute la force de ses films…

Ici, ce n'est pas la violence entre adulte mais la violence d'un enfant. Qu'est-ce qu'il y a de plus cruelle que l'innocence d'un enfant aimant expérimenter et découvrir la vie, lorsque celui-ci dépasse les limites ?

Haneke nous conte donc l'histoire d'un adolescent atypique, effacé et pétant un câble dans un calme froid à vous glacer le sang ! Le personnage de Ricky Fitts dans American Beauty nous fait furieusement penser à Benny mais bien sûr en beaucoup moins cruel et dérangeant. Cloîtré dans une chambre à l'aspect froid, exigu, coupée de toute lumière si ce n'est celle de son matériel vidéo, Benny mène une vie tranquille dans un monde mêlant réalité et fiction.

Arrive alors le petit détail qui va tout faire dégénérer : il tombe amoureux d'une jeune fille, mais va la tuer de manière glaciale. Il continue ensuite tranquillement sa petite vie de cinéaste amateur totalement siphonné. Et qui ramasse les pots cassés ? Les parents. Sûrement par culpabilité, le père tente d'effacer ce drame par n'importe quel moyen en envoyant sa femme et son fils loin, pour effacer toutes preuves afin de sauver la peau de celui-ci.

Haneke filme avec une teinte principalement bleutée et foncée dans l'appartement pour renforcer le côté froid des scènes et des dialogues, ceux-ci étant courts, expéditifs et totalement inexistants parfois. Il commence son film par le visionnage de l'abattage d'un cochon, lui-même filmé par notre adolescent. Il regarde, rembobine, et regarde de nouveau au ralenti cette scène. Les cris de l'animal deviennent ainsi beaucoup plus atroces qu'au naturel. L'image se brouille, et Benny's Video s'inscrit en lettres rouges. Nous sommes de suite mis en condition. Ce film sera dur à supporter psychologiquement. Nous jonglons donc entre la vie de l'ado et ses vidéos. Une vie d'ado apparemment normale et pourtant quelque chose cloche. Il prend un malin plaisir à déranger. Et sa pauvre victime subira une mort lente et atroce. Abattue comme un animal. Filmée jusqu'au bout.

Nous vivons le meurtre à travers la fameuse caméra de Benny. L'agonie de la jeune fille se traînant sur le sol, puis plus rien, seulement ses cris de douleur. Puis le silence. Un silence pesant mais libérateur de ces cris de souffrance. Et après ? Benny continue sa petite vie comme si cela n'avait été qu'un de ses petits films. Son deuxième personnage se libère, et nous connaissons le vrai Benny : un dérangé. Il se met nu et se caresse avec un peu de sang et bien sûr, toujours en filmant. Il change radicalement d'attitude, se rebelle, se sent comme maître de la situation, de tout. Nous étions en face d'un adolescent renfermé au début, nous sommes maintenant en face d'un ado rebelle, impassible et bien plus malin qu'avant. Il a plus d'un tour dans son sac !

Avec une fin inattendue, Haneke nous signe un film froid, implacable, malsain et glauque à souhait. Bref, un film à voir absolument si l'on aime le travail psychologique sur la violence gratuite qui, ma foi, est bien plus cruel et dérangeant qu'une tonne d'hémoglobine ! A ne pas laisser entre n'importe quelle main tout de même…




Stéphanie AVELINE

3 JOURS A VIVRE (2006)

 

Titre français : 3 Jours à Vivre
Titre original : In 3 Tagen bist du Tot
Réalisateur : Andreas Prochaska
Scénariste : Andreas Prochaska, Thomas Baum
Musique :Matthias Weber
Année : 2006
Pays : Autriche
Genre : Néo-slasher
Interdiction : -12 ans
Avec : Sabrina Reiter, Julia Rosa Stöckl, Michael Steinocker, Laurence Rupp, Nadja Vogel...


L'HISTOIRE : Un groupe de copains reçoit un texto plutôt étrange leur annonçant que dans trois jours ils sont morts. Au départ, Nina et ses amis pensent qu'il s'agit d'une mauvaise blague. Jusqu'à la découverte de Martin, le petit ami de Nina, qui est retrouvé noyé. Et là, ils comprennent qu'un psychopathe en veut réellement à leur peau...


MON AVISAlors que l'on pensait la vague des néo-slashers morte et enterrée du côté américain, la voilà qui refait surface dans une contrée peu connue pour son penchant pour les films d'horreur....l'Autriche. Il ne s'agit certes pas d'une nouveauté (le film remontant à 2006) et on ne peut pas parler d'une vague de films d'horreur ou de slashers venant de cette contrée, contrairement à ce qui se passe du côté de la Scandinavie (Cold Prey, Cold Prey 2), mais néanmoins ce 3 Jours à Vivre a réussi à se faufiler jusque chez nous et à se montrer au festival de Gérardmer. On ne s'étalera pas ici sur sa non sortie en DVD, car tant de bons films attendent d'être enfin disponibles mais attardons nous sur les influences de ce néo-slasher d'Europe centrale. Des influences qui le plombent en grande partie.

Hormis le cadre montagnard, tout le film s'inspire et recopie même Souviens-toi, l'été dernier de A à Z : ses personnages (certains s'occupant de pêche - le lac remplaçant la mer - ; le tueur à la silhouette proche de celui de Ben Willis...), ses cadrages reproduits à l'identique. Ainsi, lorsque Nina se retrouve seule dans sa chambre, le réalisateur nous montre les ombres des arbres bougeant sous le souffle du vent alors que la nuit est tombée. Une scène que l'on retrouvait déjà dans le néo-slasher avec Jennifer Love Hewitt. Et l'on peut multiplier à l'infini les comparaisons : un jeune homme en froid avec le groupe, amoureux de Nina et la suivant, un secret remontant à plusieurs années, etc...

Ce n'est donc pas du côté de l'innovation que l'on doit rechercher les qualités de ce 3 Jours à Vivre, ni de son casting passe-partout. Car rarement une héroïne de slasher et de néo-slasher aura été aussi lymphatique que Sabrina Reiter. Difficile dans ce cas là de faire passer des émotions. Espérons que le suspense soit assez conséquent....

Sur le plan du scénario, là aussi, guère de merveilles mais le film a au moins l'avantage de démarrer plus vite, même si on se serait passé de la scène de la biche renversée (oui, une scène d'accident de voiture comme son modèle ricain mais avec une dramaturgie moins forte) mais rien que la présence de cette scène pousse à penser que le scénario ne fait que reproduire ce que l'on a déjà vu. Tout n'est pas honteux ni même à rejeter dans ce produit formaté qui s'adresse à un public conquis d'avance : on note un soin apporté à la photographie et un rythme plus que correct. Le démarrage inquiète un peu avec un premier meurtre on ne peut plus soft. Fort heureusement que par la suite, quelques meurtres plus graphiques viennent nous sortir de la routine d'un récit tellement balisé que le film a dû se tourner tout seul. Une telle linéarité sans twist, c'est assez surprenant à notre époque ! On notera quand même une scène d'empalement fort amusante, mais le décor montagnard/forestier ne convainc pas plus que ça. Peut-être que pour mieux se vendre à l'international, 3 Jours à Vivre évite la touche trop autrichienne et évite de placer ses protagonistes dans un cadre social bien précis.

Au final, on a un résultat plutôt décevant pour un thriller horrifique qui ne se donne même pas la peine de nous envoyer sur des fausses pistes. Le fameux secret envoyant ad patres nos jeunes lycéens viendra dans la dernière partie du long-métrage. Et, comme d'habitude, ne comptez par sur les policiers pour faire leur travail correctement. 3 Jours à Vivre enfile les clichés comme d'autres les perles et se prend très au sérieux. Malgré cet air de déjà-vu et archi-revu, le film se regarde sans déplaisir pour peu que ce type de métrages vous intéresse, sinon passez illico presto votre chemin.

On vous conseillera plutôt le triptyque norvégien Cold Prey pour trouver un néo-slasher de haute qualité, plutôt que ce vrai/faux remake de Souviens-toi, l'été Dernier.




Gérald GIACOMINI