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BLIND WOMAN'S CURSE (1970)


L'HISTOIRE : Pour venger son père du clan Tachibana, Akemi devient chef de gang et va affronter la bande rivale responsable du décès de son paternel. Durant cette rixe meurtrière, Akemi donne involontairement un coup de sabre à une jeune femme qui devient aveugle, un chat noir venant lécher la blessure de cette dernière. Pour Akemi, ceci est le symbole d'une malédiction qui vient de s'abattre sur elle. Arrêtée, Akemi est placée en prison et rejoint son clan trois ans plus tard. Elle ne désire plus vivre dans la violence et tente d'être une chef de gang qui prône l'apaisement. Mais un gang local, dirigé par Dobashi, ne l'entend pas de cette manière. Dans le même temps, Aiko Gouda, une femme aveugle, vient proposer ses services à Dobashi pour l'aider à anéantir les efforts d'Akemi...


MON AVIS : Le réalisateur japonais Teruo Ishii est principalement connu pour sa célèbre série des Joy of Torture, parmi laquelle on trouve des titres cultes comme L'Enfer des Tortures, Vierges pour le Shogun ou Orgies Sadiques de l'ère Edo par exemple. Spécialisé dans ce qu'on appelle l'ero-guro, à savoir le film érotique grotesque, il va livrer en 1969 l'étonnant Horrors of Malformed Men. En 1970, il réalise ce Blind Woman's Curse, dans lequel il mélange le film de sabre, le film de yakuza, le grotesque, le tout saupoudré d'une toute petite pincée de fantastique, pour un résultat assez déconcertant. La séquence d'introduction met tout de suite dans le ton : au ralenti, on assiste au combat entre deux clans rivaux, l'un d'entre-eux étant mené par la belle Meiko Kaji, future star des sagas Lady Snowblood, Stray Cat Rock ou La Femme Scorpion entre autres.

Joliment chorégraphié, cet affrontement va être le déclencheur d'un incident qui donne au film son titre : Akemi (Meiko Kaji) rend aveugle une fille qui tentait de s'interposer et qui se prend un coup de sabre qui ne lui était pas destiné au niveau des yeux. Un petit chat noir vient lécher le sang qui s'écoule, ce qui trouble le personnage interprétée par Meiko Kaji. En effet, c'est un très mauvais présage, qui annonce une malédiction. Personnellement, je m'attendais pour la suite du film à une réelle bifurcation dans le registre du fantastique pur. Honnêtement, Blind Woman's Curse n'est en rien de ce registre car la suite de l'intrigue reste tout à fait terre à terre.

Pas de spectres, pas de fantômes revanchards à se mettre sous la dent mais une histoire de clan yakuza au temps médiéval, avec traître, combat de sabre, assassinats et quelques belles gerbes de sang rouge écarlate. Meiko Kaji partage l'affiche avec deux autres actrices, l'une interprétant la belle Chie Mitsui (Yôko Takagi), fille de l'oncle d'Akemi qui tombera amoureuse d'un beau chevalier servant qui rejoindra son clan (Makoto Sato), l'autre la sabreuse aveugle venu chercher vengeance (Hoki Tokuda) et proposant ses services à un chef de gang (Tôru Abe) qui désire créer la discorde entre deux clans rivaux pour en tirer partie. Ce dernier est particulièrement antipathique, se livrant à la prostitution et aux trafic de femmes, souvent pour son propre plaisir pervers. Si l'intrigue principale reste très ancrée dans le réalisme, les personnages secondaires et certaines situations ou comportements versent ouvertement dans le grotesque si cher à Teruo Ishii, donnant au film une connotation des plus étranges et effectivement, à la limite du fantastique.

Le protagoniste le plus emblématique de cette recherche du grotesque reste sans conteste Ushimatsu, l'associé de la sabreuse aveugle. Bossu, sautant comme un chat à des hauteurs inaccessibles, empailleur et découpeur de tatouage, ce drôle de numéro est interprété par l'artiste de théâtre Tatsumi Hijikata, l'inventeur de la danse Butoh. Possédant une troupe spécialisée dans le grotesque, il avait déjà fait sensation avec cette dernière dans Horrors of Malformed Men justement. Il récidive donc dans Blind Woman's Curse et apporte une réelle touche d'étrangeté au film. On pourra également citer l'un des yakuzas d'Akemi, au faciès déconcertant et au mimique risible. Cette dualité entre film de sabre classique et personnages ou situations grotesques déconcerteront assurément un public ne sachant pas trop à quoi s'attendre avec ce film. Toujours est-il que les fans de Meiko Kaji apprécieront de voir leur égérie dans son premier grand rôle, même si elle disparaît parfois durant de longues minutes avant de réapparaître à l'écran. La séquence finale est quant à elle sublime, revenant à la tradition de l'affrontement en duel, le tout filmé sous une peinture de ciel orageux du plus bel effet. Assez atypique dans sa réalisation et dans ce qu'il nous propose, Blind Woman's Curse possède pas mal de petits défauts mais ces derniers font aussi partie de son charme et ils sont souvent contrecarrés par de jolies trouvailles visuelles et quelques effets gores qui rendent le spectacle attachant dans son ensemble. Une curiosité.


Titre français : Blind Woman's Curse
Titre original : Hîchirimen Bâkuto - Nôbarydu Takahadâ
Réalisateur : Teruo Ishii
Scénariste : Teruo Ishii, Chûsei Sone
Musique : Hajime Kaburagi
Année : 1970 / Pays : Japon
Genre : Insolite / Interdiction : /
Avec Meiko Kaji, Hoki Tokuda, Makoto Satô, Hideo Sunazuka, Shirô Ôtsuji...





Stéphane ERBISTI

BLACK EMANUELLE EN AMÉRIQUE (1977)

 


L'HISTOIRE : La jolie photo-reporter Emanuelle est toujours à la recherche de scoop pour le journal qui l'emploie. A New York, elle va dévoiler les activités suspectes du milliardaire Eric van Darren puis à Venise, elle devra percer à jour le Duc Alfredo Elvize, ami de Van Darren, avant de s'envoler pour les Caraïbes afin de photographier ce qui se passe dans une luxueuse résidence, transformée en bordel pour femmes aisées. Sur place, elle découvrira dans l'une des chambres un mini-film dans lequel des mercenaires torturent et mutilent des femmes pour de vrai...


MON AVIS : Suite au succès planétaire du film français Emmanuelle, qui fera de son actrice principale Sylvia Krystel une star, les Italiens, rois de la copie cinématographique, cherchent à surfer sur la renommée du film de Just Jaeckin réalisé en 1974, même si un Io Emmanuelle a déjà adapté le roman d'Emmanuelle Arsan en 1969. C'est en regardant Emmanuelle 2 l'année suivante qu'ils découvrent dans le rôle d'une masseuse l'actrice Laura Gemser, une indonésienne au corps et à la beauté exotique parfaits. Il n'en fallait pas plus pour que les Italiens aient l'idée d'en faire la vedette d'une série de films d'aventures érotique en la renommant simplement Black Emanuelle, avec un seul M pour éviter les procès pour plagiat. L'affaire est dans le sac dès 1975 avec la sortie de Black Emanuelle réalisé par Bitto Albertini. Suivra en 1976 Black Emanuelle en Orient, cette fois-ci réalisé par le célèbre Joe d'Amato, qui va venir pimenter la saga de sa folie, notamment avec le troisième épisode mis en scène en 1977, le fameux Black Emanuelle en Amérique.

Un film à la réputation sulfureuse, principalement pour deux séquences qui ont transformé un banal film d'aventure érotico-exotique en oeuvre culte pour les amateurs de cinéma bis déviant. Car sans ses deux séquences sur lesquelles je vais revenir par la suite, il faut bien avouer que Black Emanuelle en Amérique ne se démarquerait pas vraiment du lot des productions érotiques de l'époque, si ce n'est par la présence toujours radieuse de son actrice principale. 

Le scénario, si on peut appeler ça comme ça, est on ne peut plus léger et on a plus l'impression d'assister à une sorte de film à sketchs avec un maigre fil conducteur, avec des scénettes se déroulant dans divers pays, qu'à une véritable histoire. Emanuelle à New York, Emanuelle à Venise, Emanuelle au Caraïbes, Emanuelle en Amérique Latine, Emanuelle en Afrique, on ne peut pas dire que Black Emanuelle en Amérique ne nous fasse pas voyager ! Laura Gemser promène sa gracieuse silhouette dans ces divers paysages et use de ses charmes à maintes reprises pour se sortir de situations périlleuses ou juste pour prendre du bon temps. La jolie reporter est une adepte de l'amour libre et elle donne autant qu'elle reçoit. Elle se fait kidnapper par une jeune homme qui lui reproche de faire des photos nue de sa petite amie et la menace d'un pistolet ? Hop, une petite fellation plus tard, le danger est écarté ! La directrice d'un harem clandestin a découvert sa véritable identité ? Hop, un numéro de charme, un peu d'alcool et la voilà tirer d'affaire ! Elle sait y faire notre Black Emanuelle, il n'y a pas de problème insurmontable pour elle !

Reste que les très nombreuses séquences érotiques qui ponctuent régulièrement le film finissent pas ennuyer plus qu'à exciter, tant elles sont répétitives et pas franchement originales, si on excepte celle dans laquelle une jeune femme recouverte de gâteau se fait manger par les invités d'une orgie organisée par le personnage joué par Gabriele Tinti, mari de Laura Gemser à la ville. Comme bien souvent, Black Emanuelle en Amérique dispose de nombreuses versions en fonction de la censure des divers pays. Dans la version intégrale, l'érotisme soft se partage avec des scènes ouvertement pornographiques, qui n'apportent pas grand chose au final et qui ne mettent jamais Laura Gemser en scène qui plus est, ce qui amoindri encore plus leur intérêt. Les pérégrinations de la belle Emanuelle sont sans réelle saveur au final et rien ne fait vraiment décoller ce film. Rien sauf la folie de son réalisateur. Joe d'Amato, bien connu des fans de cinéma d'horreur puisqu'il leur a offert des films tels Blue Holocaust, Anthropophagous ou Horrible entre autres, va totalement se lâcher dans deux séquences qui donnent tout son sel à Black Emanuelle en Amérique et qui lui valent sa solide réputation.

La première est une séquence dite de zoophilie dans laquelle les invités d'une soirée festive vont aller espionner l'une des invités qui a une attirance non pas pour le sexe masculin mais plutôt pour celui chevalin ! Devant la foule agglutinée, l'actrice va prodiguer une masturbation au cheval qui semble apprécier cette attention toute particulière. Une scène qui sera reprise par Joe d'Amato dans son Caligula la Véritable Histoire en 1983. Si cette séquence pourra choquer le spectateur non préparé, le réalisateur va mettre la barre encore plus haute avec la fameuse séquence du snuff movie. Si ce mythe (?) du film dans lequel on torturerait et assassinerait pour de vrai des acteurs a fait son apparition en 1975 dans le film Snuff de Michael Findlay, les séquences imaginées par Joe d'Amato dans Black Emanuelle en Amérique vont encore plus loin dans le sordide et reste peut-être encore à ce jour les plus atroces jamais réalisées sur ce sujet, dépassant même celle de Salo ou les 120 jours de Sodome de Pasolini. En mission d'infiltration, Emanuelle observe les relations sexuelles de femmes riches dans un luxueux harem clandestin situé dans les Caraïbes. Dans une chambre, un couple fait l'amour. Emanuelle remarque qu'une caméra super 8 projette un film qui semble les exciter. La curiosité étant un vilain défaut, Emanuelle ne peut s'empêcher de regarder les images projetées sur un petit écran blanc. Et là, le spectateur sera tout autant sidéré que la belle photographe. Sur l'écran, dans un format vidéo assez dégueulasse, ce qui renforce l'impression de réalisme, on voit des sortes de mercenaires en tenues militaires abuser sexuellement de plusieurs femmes tout en les torturant, les mutilant de manière vraiment atroce.

Ce snuff movie, on en verra d'autres images encore plus horribles vers la fin du film, Emanuelle ayant réussi à remonter le filon et à trouver une personne le possédant et ayant connaissance d'où il a été filmé. La belle se retrouve en Amérique du Sud et va assister en direct live à la torture et aux diverses mutilations subies par de pauvres femmes considérées comme un simple objet : femme brûlée au chalumeau, gode géant enfoncé dans la bouche et dans lequel on va déverser de l'huile bouillante, femme marquée au fer incandescent, femme prise en levrette avec un mors dans la bouche qui va lui ouvrir la mâchoire en deux, femme dont on va couper le sein au couteau et autres joyeusetés sont proposés au public avec une complaisance absolue et une envie de choquer qui emmène le film très loin dans l'abject le plus sordide. Emanuelle va se réveiller et son amant de lui expliquer que tout ça n'était qu'un cauchemar du à la prise de LSD. Pourtant, une fois chez son patron, Emanuelle découvre des photos qui viennent corroborer que ce snuff movie était bel et bien réel et qu'il existe donc une organisation mafieuse qui tire profit de ces atrocités. Malheureusement pour la reporter, son patron lui annonce qu'il ne pourra pas diffuser son article et les photos et que cette décision de censure est politique, ce qui la mettra dans une rage folle. 

Avec ces séquences vraiment choquantes, Joe d'Amato a réussi son pari : faire d'un film érotique assez fade en fin de compte une oeuvre qui possède toujours un statut de film culte auprès des aficionados et qui continue, année après année, de faire parler de lui. Il est malin ce Joe ! Egalement en 1977, il poursuivra sur sa lancée et mixera encore érotisme et horreur en envoyant Laura Gemser dans l'enfer vert se confronter à une peuplade cannibales dans Emanuelle et les Derniers Cannibales.


Titre français : Black Emanuelle en Amérique
Titre original : Emanuelle in America
Réalisateur : Joe d'Amato
Scénariste Maria Pia Fusco
Musique Nico Fidenco
Année : 1977 / Pays : Italie
Genre : Aventure horrifique / Interdiction : -16 ans
Avec Laura Gemser, Gabriele Tinti, Roger Browne, Paola Senatore...




Stéphane ERBISTI

BLACK CHRISTMAS (1974)

 


L'HISTOIRE : Lors des fêtes de Noël, un mystérieux individu passe des appels téléphoniques obscènes à des étudiantes. Cette plaisanterie ne s'arrête pas là car très vite, ce même individu sème la mort au sein du pensionnat de ces demoiselles...


MON AVISCroire que le slasher movie est né avec Halloween, la nuit des masques est un raccourci que l'on retrouve souvent sous la plume des commentateurs. Or, il existe deux films véritablement fondateurs du genre: l'italien La Baie Sanglante et dans le cas qui nous intéresse ici, ce Black Christmas qui ouvrira une voie royale au film de Carpenter mais aussi au thriller psychologique, Terreur sur la ligne de Jess Walton. Le regretté Bob Clark (Le Mort Vivant) combine plusieurs éléments sans se laisser enfermer dans un genre bien particulier. Ainsi, malgré la tension qui se fait sentir dès le départ et ce sentiment d'insécurité qui plane sans cesse, on se retrouve face à des personnages truculents et au caractère bien trempé. On a ainsi une gérante de la fraternité, plus occupée à camoufler son alcoolisme (Mme Mac) ou encore Barbara, interprété par une Margot Kidder des grands jours totalement fantasque, qui montre qu'elle est bien une des égéries du cinéma fantastique des années 70: Soeurs de Sang, Amityville la Maison du Diable, Superman...

Encore plus que Michael Myers, le tueur de Black Christmas apparaît fantomatique. Nous ne voyons de lui que ses mains ou un œil. Tout le reste de sa personne reste suggéré et même jusqu'à la conclusion du film, le spectateur reste sur sa faim en ce qui concerne son identité. Une fois la police repartie des lieux des meurtres, on continue à ressentir une présence malfaisante. Ce tueur pourrait alors représenter la forme physique d'une Amérique puritaine anti-avortement. Ce thème alors sensible charpente le corps de l'intrigue. L'une des jeunes filles, qui se retrouve enceinte, envisage alors de se faire avorter au grand désespoir de son petit ami. Ce thème est renforcé par les appels téléphoniques où les obscénités sont finalement remplacées par des allusions à un infanticide (réel ou supposé ? L'énigme reste entière).

Bob Clark privilégie résolument l'ambiance au détriment des effets chocs (se détachera un meurtre avec une licorne). Ce qui décevra les amateurs de meurtres sanguinolents et marqués par une grande violence. Car on baigne plutôt ici dans une ambiance fantastique. La maison des jeunes pensionnaires, qui est un bâtiment anodin, devient sous le regard de Clark, une demeure biscornue et inquiétante. Le grenier devenant la métaphore des secrets cachés et inavouables de toute une société, et où le tueur installe quelques-unes de ses victimes, de manière très organisée. Ce métrage dépasse donc le stade du simple film de psycho-killer,Black Christmas fait alors office de film de transition et de passage de témoin entre une période propice au gothique (la Hammer) et une ère plus moderne. Ce film aura un impact si fort qu'il impressionnera le jeune John Carpenter, ce dernier en reprendra les grandes lignes pour Halloween, la Nuit des Masques.

Du côté des forces de police totalement dépassées par les événements, nous retrouvons l'acteur John Saxon (Les Griffes de la Nuit, Ténèbres) qui y incarne l'enquêteur, un rôle qu'il ne doit qu'à la désaffection d'Edmond O'Brien (Le Voyage Fantastique) alors malade. 

Bien que pouvant surprendre par son approche très suggestive, ce slasher, mérite largement la très bonne réputation dont il fait l'objet. Un film culte et une véritable leçon de cinéma, où chaque recoin de la maison devient anxiogène.


Titre français : Black Christmas
Titre original : Black Christmas
Réalisateur : Bob Clark
Scénariste : Roy Moore
Musique Carl Zittrer
Année : 1974 / Pays : Usa
Genre : Slasher / Interdiction : -12 ans
Avec Olivia Hussey, Keir Dullea, Margot Kidder, John Saxon, Andrea Martin...




Gérald GIACOMINI

LA BÊTE TUE DE SANG FROID (1975)

 

Titre français : La Bête tue de Sang Froid
Titre original : L'Ultimo Treno della Notte
Titre alternatif : Le Dernier Train de la Nuit, Le Train de l'Enfer
Réalisateur : Aldo Lado
Scénariste : Roberto Infascelli, Renato Izzo
Musique : Ennio Morricone
Année : 1975
Pays : Italie
Genre : Rape & Revenge
Interdiction : -16 ans
Avec Flavio Bucci, Macha Meril, Marina Berti, Franco Fabrizi...


L'HISTOIRE : Lisa Stradi et sa cousine Margaret Hoffenbach, âgées de seize ans, s'apprêtent à passer les fêtes de Noël à Vérone chez les parents de Lisa. Dans le train parti de Munich, elles croisent deux voyous en cavale et une bourgeoise nymphomane qui sèment le désordre. Lorsque le train est immobilisé de nuit dans une petite gare autrichienne, suite à une alerte à la bombe, les deux jeunes filles décident de changer de train et de fuir les importuns. Hélas, le trio maléfique croise à nouveau leur route. Isolées dans un wagon, Lisa et Margaret vont subir un véritable calvaire...


MON AVISAprès avoir fait ses armes en tant qu'assistant-réalisateur sur divers films de 1967 à 1971, l'Italien Aldo Lado décide de mettre lui-même en scène les films qu'il a envie de tourner. Sa carrière de réalisateur débute donc dès cette année 1971, avec Je Suis Vivant puis Qui l'a vue Mourir ? en 1972, deux gialli très intéressant et apprécié des fans du genre. De l'aveu même d'Aldo Lado, il n'a jamais vu La Source de Ingmar Bergman ni La Dernière Maison sur la Gauche de Wes Craven lorsqu'il réalise La Bête tue de Sang-Froid en 1975. On pourra évidemment trouver cela assez étonnant tant ce dernier a de nombreux points communs avec le film choc de Craven datant de 1972, lui-même inspiré du classique de Bergman datant de 1960. 

Le scénario de La Bête tue de Sang-Froid, écrit par Aldo Lado avec l'aide de Renato Izzo et de Roberto Infascelli, semble être en effet un clone de La Dernière Maison sur la Gauche, la principale différence étant le lieu où vont se dérouler les abominations subies par les deux victimes, à savoir les wagons d'un train de nuit. Mais hormis cette unité de lieu, qui apporte au film une touche anxiogène et claustrophobique qui sied très bien au drame présenté, tout est quasiment identique : dans ces deux Rape & Revenge, on a deux victimes féminines assez jeunes, un trio d'agresseurs composé de deux hommes et d'une femme, des sévices sexuelles non consenties, une ambiance malsaine et sordide, des meurtres graveleux qui choquent le spectateur, l'arrivée impromptue des agresseurs chez les parents de leurs victimes, un détail qui fait comprendre à ces derniers qui sont réellement leurs invités (un pendentif chez Craven, une cravate bleue chez Lado) et pour conclure la vengeance desdits parents, qui deviennent par la même occasion aussi monstrueux que les voyous qui ont tué leur progéniture. Ça fait quand même beaucoup d'éléments semblables pour être une simple coïncidence, surtout qu'on connaît bien l'amour des Italiens a surfer sur le succès des productions américaines qui ont rapporté de l'argent en tournant à la volée des copies quasi conformes.

Bref, même si on accorde à Aldo Lado le bénéfice du doute, impossible de nier que son film passe son temps à subir, et en sa défaveur en ce qui me concerne, la comparaison avec le classique de Wes Craven. Divisé en trois parties, La Bête tue de Sang-Froid peine à trouver un rythme de croisière qui accroche réellement le public, qui se surprend parfois à regarder sa montre ou le compteur du lecteur vidéo pour voir où on en est sur les 92 minutes que dure le film. 

La première partie nous présente évidemment les principaux protagonistes du futur drame, à savoir Lisa (Laura D'Angelo) et Margaret (Irene Miracle), les deux jeunes filles qui vont avoir le malheur de prendre un train de nuit pour aller passer les fêtes de Noël chez les parents de Lisa et qui vont croiser le chemin de Blackie (Flavio Bucci) et Curly (Gianfranco De Grassi), deux paumés, deux drogués, qui passent leur journée ennuyeuse à commettre de menus larcins et à effrayer les gens dans la rue. Il faut les voir agresser un pauvre type déguisé en Père-Noël pour lui voler quelques centimes pour comprendre que ces deux-là ne sont que de petites frappes sans grand intérêt, des laissés pour compte, des rebuts de la société. Voyageant sans billet, ils vont croiser une étrange femme dans l'un des wagons (la troublante Macha Meril, qui interprète ici une véritable incarnation du Mal), cette dernière incarnant une certaine classe de la bourgeoisie. C'est bien cette rencontre qui va mener au drame, Aldo Lado dressant alors un constat âpre et dur sur la société italienne de l'époque, qui sous-entend que la violence est engendré par les riches qui laisse crever les pauvres et ne leur apporte aucune aide, aucune solution pour s'en sortir. Sous ses airs de femme distinguée, cette jolie blonde cache en fait une personnalité sadique, calculatrice, manipulatrice, qui va réussir, en usant de ses charmes, à mener les deux voyous par le bout du nez et à en faire ses sous-fifres sans que ceux-ci ne s'en rendent réellement compte.

Alors que leur train est retenu sur les quais à cause d'une alerte à la bombe, Lisa et Margaret n'ont d'autres choix que de changer de train si elles veulent être arrivées à temps pour fêter Noël. Le triste hasard fait que c'est ce même train de nuit que les deux voyous et leur nouvelle amie ont choisi également. Bloquées à l'intérieur d'un wagon avec le trio diabolique, Lisa et Margaret, dans la seconde partie du film, vont alors subir moult outrages et humiliations de la part de Blacky et Curly, tous deux excités par la femme qui prend un plaisir évident à les voir malmener les deux pauvres amies. Comble de la perversion, un voyeur assiste aux exactions et se fait inviter par la femme à en profiter. Il n’hésitera pas à violer Margaret et à s'enfuir aussitôt, sans donner l'alerte aux contrôleurs. La lâcheté dans toute sa splendeur. 

Le sort le moins enviable sera réservé à Lisa, qui, encore vierge, se verra dépuceler à l'aide d'un couteau à cran d'arrêt. Filmées dans la pénombre du wagon, ces quelques séquences mettent mal à l'aise évidemment mais personnellement, elles ont eu sur moi un impact moins choquant que les humiliations subies par les victimes de La Dernière Maison sur la Gauche. Par contre, quand les voyous jettent le cadavre de Lisa par la fenêtre du train, on ressent un réel sentiment de malaise, cette image est très efficace et hisse le niveau de sordide un cran au-dessus du reste du film. Ne reste plus qu'à assister à la troisième partie et cette dernière ne sera guère mouvementée, et bien moins percutante que la partie vengeance du film de Wes Craven.

Même si La Bête tue de Sang-Froid fait partie des classiques du genre Rape & Revenge, il ne fait pas partie de mes préférés pour autant, son aspect copié-collé, qu'on appellerait presque plagiat, de La Dernière Maison sur la Gauche l'empêchant de se montrer réellement original. Reste que la mise en scène d'Aldo Lado est bonne, que certaines trouvailles visuelles sont à mettre en avant, que les éclairages et la photographie sont travaillés comme il faut, que la bande originale est composée par Ennio Morricone, avec même une chanson de Demis Roussos, et qu'en filigrane, le réalisateur nous propose sa vision très nihiliste du genre humain. Des qualités certes, mais qui ne peuvent sauver totalement le film de sa dimension déjà vu et en mieux chez un autre ! Le film a bénéficié en France et en Belgique de plusieurs titres d'exploitations, comme Le Dernier Train de la Nuit, La Chienne du Train de Nuit, Dernier Arrêt du Train de Nuit, Le Train de l'Enfer, Le Train de la Mort, Train de Nuit pour un Tueur et j'en passe...




Stéphane ERBISTI

LA BÊTE (1975)

 

Titre français : La Bête
Titre original : La Bête
Réalisateur : Walerian Borowczyk
Scénariste : Walerian Borowczyk
Musique : Domenico Scarlatti
Année : 1975
Pays : France
Genre : Insolite
Interdiction : -16 ans
Avec Sirpa Lane, Lisbeth Hummel, Elizabeth Kaza, Pierre Benedetti, Guy Trejan...


L'HISTOIRE : Le marquis de l'Espérance décide de marier son fils Maturin avec la belle Lucy, riche héritière américaine. Peu après son arrivée au château, elle voit en rêve la rencontre entre une aïeule de Maturin et une créature avide de sang… et de sexe...


MON AVISSe lançant dans le cinéma en 1969, Walerian Borowczyk va très vite intégrer le rang des réalisateurs provocateurs comme Pasolini, Buñuel ou Ken Russell. Après quelques courts métrages dont certains d'animation, il signe une série de films érotiques très différents de ce qu'on pouvait découvrir à l'époque : un véritable scénario, des références artistiques et un style personnel qui va marquer bon nombre de critiques et spectateurs. Avec Contes immoraux, il abordait déjà l'histoire sanglante de Elizabeth Bathory, avec La Bête il revisite La Belle et la Bête à sa manière.

La jeune et riche Lucy doit être mariée de force avec le crétin Maturin, faisant partie d'une grande famille bourgeoise française. Lucy, en parcourant le château, découvre le portrait de la belle Romilda de l'Espérance qui la fascine. Elle entend également parler d'une légende autour d'une étrange créature qui aurait vécu dans la forêt environnant le domaine. Dès le début, Borowczyk cherche à choquer d'emblée en montrant l'accouplement sauvage et très explicite de deux chevaux. On peut être repoussé par cette scène symbolisant le mariage forcé de Maturin et de Lucy. Par la suite, La Bête prend l'aspect d'une comédie satirique et surréaliste, quelque peu ennuyeuse et rappelant beaucoup le style cher à Buñuel, en moins efficace. On apprend ainsi que Maturin est un véritable débile, que le prête invité est un pédophile et que le serviteur noir a une liaison avec l'une des jeunes femmes de la famille, ne pouvant jamais arriver à l'extase à cause du dérangement perpétuel.

La jeune Lucy va pourtant se mettre à fantasmer et à rêver sur le passé de la fameuse Romilda de l'Espérance, qui aurait rencontré un monstre libidineux. Surveillant un petit agneau, elle le perd dans les bois et se retrouve poursuivie par une horrible bête, qui n'a décidément pas envie de dévorer la jolie donzelle mais plutôt d'en abuser. Va s'ensuivre une poursuite où la jeune femme perd ses vêtements un à un avant de se retrouver piégée par le monstre. Autant vous dire qu'on est loin de l'érotisme raffiné de Contes Immoraux dans les scènes avec la bête : Borowczyk verse sans se gêner dans le hardcore, en montrant des ébats très poussés. La jeune femme réticente va finir par céder aux pulsions du monstre et à accepter ce viol. Une idée pareille aurait pu accoucher d'un stupide film porno ou un film érotique simplet, mais avec Borowczyk aux commandes, on se retrouve en face d'une œuvre quasiment artistique, très soignée. Le réalisateur s'attarde sur chaque geste, chaque détail, dégageant à l'occasion un symbolisme intéressant.

Les clins d'œil à Cocteau et aux romans libertins (citation de Voltaire au début du film) sont nombreux, et on peut penser aux BD érotiques pour adultes (Manara et cie). Le monstre est tout simplement hilarant, avec sa tête de loup, son engin gigantesque et son hurlement foireux. Un monstre qu'on n'est pas près d'oublier, c'est sûr ! 

Outre les scènes avec le monstre, Borowczyk nous gratifie d'une très belle scène de masturbation féminine avec des roses, sans tomber dans la vulgarité à laquelle on peut être habitué dans la plupart des films érotiques. Il faut d'ailleurs savoir que le film était prévu comme étant le cinquième conte immoral du film Contes Immoraux mais rejeté à cause de la censure. Provoquant, ironique et surréaliste, La Bête est un hymne à l'amour physique délirant et à ne pas mettre devant tous les yeux.




Jérémie MARCHETTI

BEN (1972)

 

Titre français : Ben
Titre original : Ben
Réalisateur : Phil Karlson
Scénariste : Gilbert Ralston
Musique Walter Scharf
Année : 1972
Pays : Usa
Genre : Attaques animales
Interdiction : -12 ans
Avec Lee Montgomery, Joseph Campanella, Arthur O'Connell, Rosemary Murphy...


L'HISTOIRE : David, un petit garçon solitaire d'une dizaine d'années vit avec sa mère et sa grande sœur. Tout irait pour le mieux s'il ne vivait constamment sous la menace d'une attaque cardiaque. Marginalisé par ses problèmes de cœur, il passe la plupart de son temps seul, dans une sorte de cave où il joue de la musique toute la journée et s'invente un monde imaginaire. Très vite il devient ami avec Ben, un rat intelligent et mélomane attiré par la musique de David. Mais voilà, Ben est le chef de la horde de rongeurs tueurs écumant la ville et terrorisant la population locale. L'amitié du petit garçon saura-t-elle venir à bout des velléités destructrices du nuisible aux canines acérées ?


MON AVISSorti un an après Willard, cette suite débute par les dernières minutes de son illustre aîné, à savoir : la scène tragique d'affrontement final entre Willard et la horde de rats dont il perdait peu à peu le contrôle à mesure que sa folie destructrice grandissait. Se retrouvant sans leader humain, les rongeurs vont alors mettre la ville à sac et provoquer la panique générale. Puis, pendant qu'il chante Start your day" en même temps qu'il joue aux marionnettes, David, un enfant solitaire souffrant du cœur, est épié par Ben, le rat intelligent mais méchant survivant des événements de Willard. Alors qu'on espère que le gamin se fasse dévorer pour mettre fin à notre supplice auditif, celui-ci sympathise avec la créature poilue, ce qui n'est finalement pas très surprenant puisque ce film n'est, après tout, que la suite de Willard, une histoire d'amitié entre un type seul et un rat. Cette séquelle reprend donc quasiment la même trame sauf qu'ici la personne isolée avec laquelle un rongeur sympathise est un enfant, cardiaque qui plus est, ce qui est censé nous attendrir davantage...

Et à partir de là, c'est le commencement d'un amoncellement de scènes mièvres au possible entrecoupées de scénettes d'attaques de rats pitoyables. Seulement voilà, nous on voulait voir un film d'horreur et pas un nanar emprunt d'une naïveté confondante. Personne ne croit l'enfant qui parle aux rats, le pauvre, le monde des adultes est vraiment trop cruel, snif ! C'est bien simple, toutes les scènes où l'enfant apparaît sont navrantes et en plus il joue mal, c'est un vrai calvaire ! C'est ça en fait le truc horrible du film du père Phil Karlson, l'interprétation !

Ben m'a plus fait penser à un film produit par les studios Disney qu'à un film horrifique sérieux et là où ça frise vraiment le ridicule, c'est quand David s'assoit fièrement à son piano et entonne une chanson spécialement composée pour son nouveau meilleur ami et intelligemment titrée Ben (en même temps, le gamin n'a que dix ans, on ne lui demande pas d'être un deuxième Mozart non plus !) : c'est d'un mièvre, à tel point qu'à côté La petite Maison dans la Prairie paraît regardable, c'est dire ! Heureusement, c'est en anglais et sonne moins grotesque, parce que si on traduisait. Notons que la chanson est de Mickael Jackson qui, cette fois-ci, n'a pas fait de cadeau aux enfants, lui qui pourtant les aime tant !

Toutefois, le gamin ami des rongeurs ne s'arrête pas en si bon chemin : il crée une marionnette à l'effigie de son copain velu et s'amuse comme un petit fou à la mettre en scène sous l'œil complice du rat qui passait par là ! Mais au fait, ils n'ont pas autre chose à faire les rats ? Ne sont-ils pas supposés saccager la ville et faire peur aux habitants plutôt que d'espionner un morveux qui fait mumuse ? Eh bien si justement et c'est là qu'est mis en exergue le second gros point faible du film : les attaques perpétrées par les rongeurs. Censés êtres de redoutables tueurs sanguinaires semant panique et mort sur leur passage (enfin c'est ce que le résumé de ma VHS prétendait, ah les enc…. !), nos bestioles assaillent le rayon céréales d'un supermarché (ouh là là, attention à l'indigestion de Cheerios les copains !), commanditent le siège d'une fromagerie et font hurler deux ou trois ménagères croisées au hasard de leurs pérégrinations. Risible, mais en aucun cas satisfaisant pour tout amateur de films d'horreur qui se respecte et surtout qu'on se doit de respecter ! Parce que là, on se fiche carrément de nous tellement c'est indigent !

Reste (seulement) deux séquences potables : la visite par le gamin du repaire des rats et la scène finale de dératisation dans les égouts, mais c'est insuffisant et nombre de spectateurs se seront endormis avant. Munissez-vous donc d'une thermos de bon café, ça peut alors vous être fort utile !

Ainsi, Ben est un film d'horreur PG -13 (c'est à dire tout public), sans gore, ni aucune scène de nudité. Pourtant, il parait évident que le métrage aurait été mieux, enfin moins pire, avec un peu de crudité : ça lui aurait évité un naufrage inéluctable ! Ajoutons à cette entreprise épouvantable une photographie atroce, un horrible jeu d'interprétation par un casting catastrophique (je ne sais vraiment pas où ils sont allés chercher David et sa sœur, mais au secours ! Il y avait pourtant des gamins qui savaient jouer à cette époque, non ? Et le gosse qui interprétait Damien dans The Omen, il était où ? En colo ? Ah non, en fait il avait deux ans…tant pis !), un scénario bidon (heureusement que c'est involontairement drôle !) et déjà vu (cf. Willard, mais la grande différence c'est de savoir si le gamin arrivera à amadouer Ben et ses acolytes ? Suspense…), ainsi qu'une réalisation pépère et l'on pourra enterrer définitivement le long métrage du vieillissant Phil Karlson plutôt habitué aux polars.

Petite production limite téléfilm pour enfants, Ben est poussif, répétitif, sans excès, au sentimentalisme débordant mais qui ne fait jamais illusion, autrement dit qui n'effraie jamais. Ça la fiche mal quand même pour un film censé appartenir au genre horreur ! Ce petit navet fait donc le même effet qu'un soufflé au fromage : bien au début en apparence, il ne fait que se dégonfler petit à petit pour finir tout plat comme une crêpe. En un mot, comme dirait Homer Simpson : boring ! Donc à éviter à tout prix sauf si on a entre 3 et 10 ans !




Vincent DUMENIL

BÉBÉ VAMPIRE (1972)

 

Titre français : Bébé Vampire
Titre original : Grave of the Vampire
Titre alternatif : Les Enfants de Frankenstein
Réalisateur : John Hayes
Scénariste : David Chase
Musique Jaime Mendoza-Nava
Année : 1972
Pays : Usa
Genre : Vampire
Interdiction : -12 ans
Avec William Smith, Michael Pataki, Lyn Peters, Diane Holden...


L'HISTOIRE : Venus s’encanailler dans un cimetière, Leslie et Paul se font attaquer par un vampire tout juste sorti de sa tombe. Paul est tué alors que Leslie se fait violer par le monstre. Peu après, elle se retrouve enceinte et, quelques mois plus tard, accouche de son enfant. Un enfant pour le moins étrange, qui semble attiré par le sang…


MON AVIS Allez savoir pourquoi, lors de la sortie VHS de ce film en France, Bébé Vampire s'est retrouvé affublé du titre Les Enfants de Frankenstein ? Si enfant il y a, il n'est au nombre que de un et point de docteur Frankenstein ou d'expériences scientifiques macabres dans le film ! Passons sur ce curieux phénomène de re-titrage pour nous attarder sur ce petit film d'épouvante mis en scène par John Hayes

Le filon du film de vampires commencent à s'épuiser et à tourner en rond, notamment en Angleterre avec les productions Hammer Films. Bien qu'accentuant l'aspect érotique et violent, les œuvres vampiriques du prestigieux studios britannique durant les années 70 s’essoufflent malgré des tentatives plus qu'intéressantes (Le cirque des Vampires, The Vampire Lovers). Aux USA, le succès du film Count Yorga, Vampire provoque au contraire un nouvel élan et un nouvel attrait pour les suceurs de sang et on voit débarquer sur les écrans plusieurs petites productions indépendantes utilisant la thématique du vampire, que ce soit au niveau du film d'épouvante mais aussi dans le film érotique et pornographique. 

Grave of the Vampire, titre original de Bébé Vampire, se situe dans le courant sérieux et contemporain du cinéma d'épouvante. Le réalisateur veut offrir au public un spectacle de qualité et il y parvient relativement bien malgré quelques faiblesses et même parfois un petit aspect nanaresque, qui n’entache cependant pas trop le plaisir ressenti durant la vision du film. Certes, nous ne sommes pas en présence d'un chef-d'oeuvre ou d'un classique du genre mais le soin apporté à la photographie, aux décors ainsi qu'à la mise en scène permet de passer un bon moment avec ce film curieux et parfois malsain.

Malsain en effet, notamment durant la première partie du film qui nous présente le réveil du vampire, plutôt bien interprété par l'acteur Michael Pataki, mais surtout la grossesse d'une malheureuse victime violé par ce dernier, et la naissance du bébé vampire du titre. La scène dans le cimetière joue bien avec les codes du genre, avec caveau déserté par son occupant, brume à foison, musique inquiétante et attaques sanglantes du vampire au look décrépi que l'absorption de sang fera rajeunir. 

Mais comme dit, ce qui retient notre attention reste les premiers jours d'existence sur Terre du poupon aux longues dents. Si on ne verra jamais le visage de ce chérubin, on comprend vite que boire du lait ne l'intéresse pas vraiment, et qu'il préfère largement les gouttes de sang issues d'une coupure à la main de sa maman. Bien des années avant Baby Blood, notre bébé vampire va donc se nourrir du précieux liquide rouge, que sa mère, pas du tout affolée ou apeurée, va lui offrir avec compassion. La scène dans laquelle elle se taillade le sein à coup de couteau pour que son fils vienne téter le liquide de vie est assez glauque. Censées se situer durant les années 40, cette première partie (que rien ne distingue de la seconde en terme de décors ou de tenues vestimentaires !) s'avère efficace et correctement réalisée. La seconde partie se déroule trente-cinq après ces événements et notre bébé a bien grandi.

Il a désormais le physique de l'acteur William Smith et il est parfaitement conscient que quelque chose cloche chez lui. Pourtant, le film ne met pas l'accent sur le fait qu'il soit un vampire. Plus curieux encore, il se déplace de jour comme de nuit et voue une haine farouche envers son géniteur qu'il tient pour responsable de la mort de sa mère, qui s'est vidée de son sang jusqu'à la dernière goutte pour lui. Il a d'ailleurs retrouvé la trace de son vampire de père, qui a changé de pseudonyme et enseigne dans une université. Même curiosité pour ce dernier, alors que dans la première partie du film, le vampire semblait craindre la lumière, se réfugiant précipitamment dans une maison avant le lever du soleil, il déambule désormais sans vraiment craindre l'astre solaire, même s'il enseigne lors des cours du soir. Certes, on ne le voit jamais en plein jour mais certaines séquences ne semblent pas être tournées de nuit vu la luminosité au dehors. Bref, passons ce petit détail. 

Cette seconde partie, plus contemporaine donc, joue sur la confrontation du fils avec son père et met en vedette quelques ravissantes actrices dont Lyn Peters et Diane Holden. Si le scénario manque de rigueur certaine fois et qu'on a du mal à comprendre comment Diane Holden, tombée amoureuse de notre bébé vampire adulte, le laisse aller s'encanailler avec Lyn Peters en moins de cinq minutes, le récit se montre assez dynamique en faisant du père vampire un vrai prédateur au charme glacial.

Quelques légères effusions de sang viendront éclabousser l'écran lorsqu'il s'en prendra à la gent féminine mais pas de quoi effrayer les ménagères. Le scénariste rajoute pas mal d'éléments à son histoire, comme le fait que papa vampire reconnaisse en Lyn Peters son amour défunt d'antan, qu'il tentera de faire revenir à lui en utilisant le spiritisme et en se servant de l'actrice comme médium. Pourquoi pas ? 

Reste encore l'affrontement final entre le père et le fils, qui viendra clore ce Bébé Vampire pas inintéressant. Le sérieux du film, le jeu assez convaincant du casting, le charisme ténébreux de Michael Pataki sont autant d'atouts qui tire le film de John Hayes vers le haut. Comme déjà dit, ce n'est pas un grand film d'épouvante mais ça se regarde sans déplaisir en tout cas et l'aspect rétro lui procure un petit charme particulier qui fait passer la pilule. Sympa, divertissant et atypique.




Stéphane ERBISTI

DOMINIQUE - LES YEUX DE L’ÉPOUVANTE (1979)

 

Titre français : Dominique - Les Yeux de l'épouvante
Titre original : Dominique
Réalisateur : Michael Anderson
Scénariste :  Edward Abraham, Valerie Abraham, Harold Lawlor
Musique : David Whitaker
Année : 1979
Pays : Angleterre
Genre : Thriller, film de machination
Interdiction : -12 ans
Avec : Cliff Robertson, Jean Simmons, Jenny Agutter, Simon Ward, Ron Moody...


L'HISTOIRE À peine remise d’une grave chute, Dominique Ballard, femme d’un riche homme d’affaires, commence à être victime d’étranges et angoissantes visions. Est-elle en train de perdre la tête comme son mari le pense ? Est-elle victime d’une machination ? La demeure du couple est-elle réellement hantée ?


MON AVIS : Si vous êtes amateurs des thrillers psychologiques de la firme anglaise Hammer, tels Hurler de PeurParanoïaqueManiacMeurtre par Procuration ou Fanatique, alors vous devriez appréciez le film de Michael AndersonDominique - Les Yeux de l'épouvante

Réalisé en 1979, et produit par un ancien de la firme AmicusDominique joue donc dans la catégorie du thriller et du film de machination. Une de ses grandes forces est son casting, qui nous permet de passer un bon moment en compagnie de Cliff Robertson, qui joue le mari peu sympathique David Ballard, de Jean Simmons qui interprète la pauvre Dominique Ballard, de la charmante Jenny Agutter qui joue la demi-soeur de Dominique et du bien connu blondinet Simon Ward, que les fans de cinéma de genre auront reconnu sans mal bien puisqu'ils ont pu l'admirer dans Le Retour de Frankenstein (1969), dans Dracula et ses Femmes Vampires (1974) ou dans Holocauste 2000 (1977) entre autres.

Les trente premières minutes de Dominique nous font irrémédiablement penser au classique du film de machination Hantise de George Cukor, dans lequel la sublime Ingrid Bergman subissait la torture psychologique de Charles Boyer qui tentait de la faire passer pour folle. On pense être dans le même cas de figure ici, malgré quelques doutes possibles. Il faut dire que Dominique Ballard entend des voix, à la mémoire qui flanche, ne se souvient pas de ce qu'elle a fait la veille, et ce, depuis une chute dans les escaliers qui semble avoir laissée des séquelles. Et on ne peut pas vraiment dire qu'elle reçoit de la compassion de la part de son mari, homme d'affaire sérieux et assez froid, qui ne la ménage pas vraiment, fait chambre à part et semble plus préoccupé par les soucis financiers de sa compagnie. Chaque nuit devient cauchemardesque pour la pauvre Dominique, qui tente de trouver de l'aide auprès de Tony, un chauffeur nouvellement embauché, mais sans succès. Des nuits de terreur qui pousse la pauvre femme à se suicider par pendaison. 

Fin de l'histoire pourrait-on dire ? Mais non puisque nous n'en sommes donc qu'à trente minutes de film approximativement. Et c'est maintenant que Dominique va se montrer des plus intrigants. Le sourire qui se dessine sur le visage de son mari après l'enterrement de sa femme ne laisse guère planer de doute quand au responsable du drame. Seulement voilà, c'est désormais à son tour d'être victime de visions angoissantes, spectrales, et d'être témoin d'événements troublants, comme ce piano qui se met à jouer tout seul ou ces bruits qui dérangent ses nuits et font peu à peu vaciller sa santé mentale. 

Le spectateur tente de démêler l'affaire, se questionne sans cesse (fantôme revanchard ? vengeance d'un(e) ami(e) de sa défunte épouse ? nouvelle manipulation ? autre ?) et se laisse bercer par le rythme lancinant et atmosphérique qui se dégage des images, dont certaines sont d'une réelle beauté picturale. Le travail sur les éclairages et le jeu de couleurs est assez admirables dans Dominique et les amateurs de Mario Bava ne seront pas dépaysés. Oui, je sais que c'est très cliché de citer Bava dès qu'on a de belles images mais très honnêtement, Dominique aurait très bien pu être inséré dans son film à sketches Les Trois Visages de la Peur s'il avait été au format court-métrage, tant l'ambiance et la composition visuelle n'auraient pas dépareillé. 

Certes, Dominique possède donc un rythme très posé, qui ne cède jamais à l'action débridée. Mais c'est justement par ce rythme contemplatif que le spectateur est immergé au sein de l'histoire - qui s'imprègne parfois des codes du film d'épouvante d'antan - et qu'il est happé par ce qui se déroule devant ses yeux et qu'il y trouve de l'intérêt. Assez hypnotique au final, Dominique - Les Yeux de l'épouvante (pourquoi ce sous-titre pour la sortie française ? Le prénom seul n'était pas assez vendeur ?) possède de belles qualités et vous embarquera sans difficulté dans ses nombreux retournements de situations qui en font son originalité. A noter que le film est basé sur une nouvelle de Harold Lawlor.


Stéphane ERBISTI


Disponible en combo DVD + BR chez RIMINI EDITIONS




BARRACUDA (1978)

 

Titre français : Barracuda
Titre original : Barracuda - The Lucifer Project
Réalisateur : Harry Kerwin
Scénariste : Harry Kerwin, Wayne Crawford
Musique : Klause Schulze
Année : 1978
Pays : Usa
Genre : Attaques animales
Interdiction : -12 ans
Avec : Wayne Crawford, Jason Evers, Roberta Leighton, Cliff Emmich...


L'HISTOIRE : Des plongeurs et des baigneurs se font agresser par des barracudas, gros poissons voraces dotés d'une mâchoire bien garnie en dents aiguisées. Un jeune chercheur pense que cette agressivité découle du déversement de produits chimiques dans les eaux par la société Jack Chemical Co...


MON AVIS 1978 fut une bonne année pour les films traitant d'attaques animales en milieu aquatique. Jeannot Szwarc donna une suite au terrifiant chef-d'oeuvre de Steven Spielberg avec Les Dents de la Mer 2ème partie, Joe Dante livrait une bande de gamins aux dents acérées de ses Piranhas et Henry Kerwin nous présentait un autre poisson vorace, le barracuda.

Petit cours sur le barracuda : parmi les 18 à 20 espèces de barracudas réparties dans les eaux tropicales et subtropicales, la plus grande est Sphyraena barracuda qui atteint plus de 2 mètres. C'est cette espèce qui est à l'origine des légendes qui accablent les barracudas. Il faut reconnaître que ce prédateur est impressionnant. Son corps profilé en forme de torpille, ses gros yeux et sa mâchoire armée d'une série impressionnante de dents n'ont rien pour rassurer. Le barracuda est un vorace et se montre d'une rapidité fulgurante. Il peut nager à près de 44 km/h. Le Sphyraena barracuda est au sommet de la chaîne alimentaire. Il ne craint personne à part les requins ! (merci à www.dinosoria.com)

Bref, une espèce rêvée à mettre en action dans un film ! Barracuda reprend tous les poncifs du genre, avec musique inquiétante et nombreuses prises de vue sous-marines avec plongeurs ou baigneurs qui se feront attaquer par les poissons. Malheureusement, le réalisateur ne prend pas le parti de faire un authentique film de terreur mais préfère intégrer ses attaques de barracudas au milieu d'une sombre histoire de pollution des eaux par une société de produits chimiques.

Le héros du film, Mike Canfield, interprété par le scénariste du film Wayne Crawford, est un expert du milieu aquatique et lutte contre la pollution des mers. Son enquête pour faire analyser les eaux se situant près de l'usine chimique vont le conduire à mettre à jour une diabolique machination, dont la population sert de cobaye. Les organisateurs de ces recherches n'avaient pas prévu que leur test allait se répercuter sur les barracudas. A l'aide du shérif de la ville et de sa fille, Mike Canfield va risquer sa vie pour essayer d'arrêter ces tests qui ont déjà causé la mort de plusieurs personnes.

L'intrigue principale traîne en longueur et le rythme du film s'en ressent. On attend patiemment de nouvelles attaques de barracudas pour dynamiser l'action. Des attaques classiques, en vue subjective ou avec la vision des poissons. On est quand même très loin des frissons procurés par Les Dents de la Mer ou même Piranhas. Le poisson en lui-même possède un bon charisme mais le traitement ne suit pas.

Les acteurs sont un peu fades et certains ne servent qu'à meubler le film, comme ces deux journalistes qui n'apportent pas grand chose à l'action. La romance entre Mike et la fille du shérif ne sert pas à grand chose non plus. On trouvera curieux la présence de ces hommes en noir qui semblent être les vrais dirigeants de ces expériences. Mais le final, totalement inattendu par contre et fort bien venu, nous donnera les explications nécessaires, même si on commençait à s'en douter, surtout si on est fan d'X-Files...

Néanmoins, Barracuda ne restera pas un grand classique du film d'attaque en mer. Trop lent, ne recentrant pas assez son action sur les poissons justement, et présentant une galerie de personnages trop sommaires et inintéressants. Aucune suite n'a d'ailleurs vu le jour, c'est un signe...




Stéphane ERBISTI