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BLACK EMANUELLE EN AMÉRIQUE (1977)

 


L'HISTOIRE : La jolie photo-reporter Emanuelle est toujours à la recherche de scoop pour le journal qui l'emploie. A New York, elle va dévoiler les activités suspectes du milliardaire Eric van Darren puis à Venise, elle devra percer à jour le Duc Alfredo Elvize, ami de Van Darren, avant de s'envoler pour les Caraïbes afin de photographier ce qui se passe dans une luxueuse résidence, transformée en bordel pour femmes aisées. Sur place, elle découvrira dans l'une des chambres un mini-film dans lequel des mercenaires torturent et mutilent des femmes pour de vrai...


MON AVIS : Suite au succès planétaire du film français Emmanuelle, qui fera de son actrice principale Sylvia Krystel une star, les Italiens, rois de la copie cinématographique, cherchent à surfer sur la renommée du film de Just Jaeckin réalisé en 1974, même si un Io Emmanuelle a déjà adapté le roman d'Emmanuelle Arsan en 1969. C'est en regardant Emmanuelle 2 l'année suivante qu'ils découvrent dans le rôle d'une masseuse l'actrice Laura Gemser, une indonésienne au corps et à la beauté exotique parfaits. Il n'en fallait pas plus pour que les Italiens aient l'idée d'en faire la vedette d'une série de films d'aventures érotique en la renommant simplement Black Emanuelle, avec un seul M pour éviter les procès pour plagiat. L'affaire est dans le sac dès 1975 avec la sortie de Black Emanuelle réalisé par Bitto Albertini. Suivra en 1976 Black Emanuelle en Orient, cette fois-ci réalisé par le célèbre Joe d'Amato, qui va venir pimenter la saga de sa folie, notamment avec le troisième épisode mis en scène en 1977, le fameux Black Emanuelle en Amérique.

Un film à la réputation sulfureuse, principalement pour deux séquences qui ont transformé un banal film d'aventure érotico-exotique en oeuvre culte pour les amateurs de cinéma bis déviant. Car sans ses deux séquences sur lesquelles je vais revenir par la suite, il faut bien avouer que Black Emanuelle en Amérique ne se démarquerait pas vraiment du lot des productions érotiques de l'époque, si ce n'est par la présence toujours radieuse de son actrice principale. 

Le scénario, si on peut appeler ça comme ça, est on ne peut plus léger et on a plus l'impression d'assister à une sorte de film à sketchs avec un maigre fil conducteur, avec des scénettes se déroulant dans divers pays, qu'à une véritable histoire. Emanuelle à New York, Emanuelle à Venise, Emanuelle au Caraïbes, Emanuelle en Amérique Latine, Emanuelle en Afrique, on ne peut pas dire que Black Emanuelle en Amérique ne nous fasse pas voyager ! Laura Gemser promène sa gracieuse silhouette dans ces divers paysages et use de ses charmes à maintes reprises pour se sortir de situations périlleuses ou juste pour prendre du bon temps. La jolie reporter est une adepte de l'amour libre et elle donne autant qu'elle reçoit. Elle se fait kidnapper par une jeune homme qui lui reproche de faire des photos nue de sa petite amie et la menace d'un pistolet ? Hop, une petite fellation plus tard, le danger est écarté ! La directrice d'un harem clandestin a découvert sa véritable identité ? Hop, un numéro de charme, un peu d'alcool et la voilà tirer d'affaire ! Elle sait y faire notre Black Emanuelle, il n'y a pas de problème insurmontable pour elle !

Reste que les très nombreuses séquences érotiques qui ponctuent régulièrement le film finissent pas ennuyer plus qu'à exciter, tant elles sont répétitives et pas franchement originales, si on excepte celle dans laquelle une jeune femme recouverte de gâteau se fait manger par les invités d'une orgie organisée par le personnage joué par Gabriele Tinti, mari de Laura Gemser à la ville. Comme bien souvent, Black Emanuelle en Amérique dispose de nombreuses versions en fonction de la censure des divers pays. Dans la version intégrale, l'érotisme soft se partage avec des scènes ouvertement pornographiques, qui n'apportent pas grand chose au final et qui ne mettent jamais Laura Gemser en scène qui plus est, ce qui amoindri encore plus leur intérêt. Les pérégrinations de la belle Emanuelle sont sans réelle saveur au final et rien ne fait vraiment décoller ce film. Rien sauf la folie de son réalisateur. Joe d'Amato, bien connu des fans de cinéma d'horreur puisqu'il leur a offert des films tels Blue Holocaust, Anthropophagous ou Horrible entre autres, va totalement se lâcher dans deux séquences qui donnent tout son sel à Black Emanuelle en Amérique et qui lui valent sa solide réputation.

La première est une séquence dite de zoophilie dans laquelle les invités d'une soirée festive vont aller espionner l'une des invités qui a une attirance non pas pour le sexe masculin mais plutôt pour celui chevalin ! Devant la foule agglutinée, l'actrice va prodiguer une masturbation au cheval qui semble apprécier cette attention toute particulière. Une scène qui sera reprise par Joe d'Amato dans son Caligula la Véritable Histoire en 1983. Si cette séquence pourra choquer le spectateur non préparé, le réalisateur va mettre la barre encore plus haute avec la fameuse séquence du snuff movie. Si ce mythe (?) du film dans lequel on torturerait et assassinerait pour de vrai des acteurs a fait son apparition en 1975 dans le film Snuff de Michael Findlay, les séquences imaginées par Joe d'Amato dans Black Emanuelle en Amérique vont encore plus loin dans le sordide et reste peut-être encore à ce jour les plus atroces jamais réalisées sur ce sujet, dépassant même celle de Salo ou les 120 jours de Sodome de Pasolini. En mission d'infiltration, Emanuelle observe les relations sexuelles de femmes riches dans un luxueux harem clandestin situé dans les Caraïbes. Dans une chambre, un couple fait l'amour. Emanuelle remarque qu'une caméra super 8 projette un film qui semble les exciter. La curiosité étant un vilain défaut, Emanuelle ne peut s'empêcher de regarder les images projetées sur un petit écran blanc. Et là, le spectateur sera tout autant sidéré que la belle photographe. Sur l'écran, dans un format vidéo assez dégueulasse, ce qui renforce l'impression de réalisme, on voit des sortes de mercenaires en tenues militaires abuser sexuellement de plusieurs femmes tout en les torturant, les mutilant de manière vraiment atroce.

Ce snuff movie, on en verra d'autres images encore plus horribles vers la fin du film, Emanuelle ayant réussi à remonter le filon et à trouver une personne le possédant et ayant connaissance d'où il a été filmé. La belle se retrouve en Amérique du Sud et va assister en direct live à la torture et aux diverses mutilations subies par de pauvres femmes considérées comme un simple objet : femme brûlée au chalumeau, gode géant enfoncé dans la bouche et dans lequel on va déverser de l'huile bouillante, femme marquée au fer incandescent, femme prise en levrette avec un mors dans la bouche qui va lui ouvrir la mâchoire en deux, femme dont on va couper le sein au couteau et autres joyeusetés sont proposés au public avec une complaisance absolue et une envie de choquer qui emmène le film très loin dans l'abject le plus sordide. Emanuelle va se réveiller et son amant de lui expliquer que tout ça n'était qu'un cauchemar du à la prise de LSD. Pourtant, une fois chez son patron, Emanuelle découvre des photos qui viennent corroborer que ce snuff movie était bel et bien réel et qu'il existe donc une organisation mafieuse qui tire profit de ces atrocités. Malheureusement pour la reporter, son patron lui annonce qu'il ne pourra pas diffuser son article et les photos et que cette décision de censure est politique, ce qui la mettra dans une rage folle. 

Avec ces séquences vraiment choquantes, Joe d'Amato a réussi son pari : faire d'un film érotique assez fade en fin de compte une oeuvre qui possède toujours un statut de film culte auprès des aficionados et qui continue, année après année, de faire parler de lui. Il est malin ce Joe ! Egalement en 1977, il poursuivra sur sa lancée et mixera encore érotisme et horreur en envoyant Laura Gemser dans l'enfer vert se confronter à une peuplade cannibales dans Emanuelle et les Derniers Cannibales.


Titre français : Black Emanuelle en Amérique
Titre original : Emanuelle in America
Réalisateur : Joe d'Amato
Scénariste Maria Pia Fusco
Musique Nico Fidenco
Année : 1977 / Pays : Italie
Genre : Aventure horrifique / Interdiction : -16 ans
Avec Laura Gemser, Gabriele Tinti, Roger Browne, Paola Senatore...




Stéphane ERBISTI

L'ATTAQUE DES MORTS VIVANTS (1987)

 

Titre français : L'Attaque des Morts Vivants
Titre original : Killing Birds - Raptors
Titre alternatif : Zombie 5 - Killing Birds
Réalisateur : Claudio Lattanzi, Joe d'Amato
Scénariste : Daniele Stroppa
Musique : Carlo Maria Cordio
Année : 1987
Pays : Italie
Genre : Maison hantée, morts vivants
Interdiction : -12 ans
Avec : Lara Wendel, Robert Vaughn, Timothy W. Watts, Leslie Cumming...


L'HISTOIRE : Alors qu'il revient du Vietnam, le Dr. Fred Brown, spécialiste des oiseaux, trouve sa femme au lit avec son amant. Il assassine ce dernier, sa femme, ainsi que ses beaux-parents venus malencontreusement ramener le bébé de leur fille. Une fois son crime camouflé, le Dr. Brown est victime de l'attaque d'un de ses oiseaux qui lui crève les yeux. Il est transporté à l'hôpital et le bébé est confié à un foyer d'accueil. Quelques années plus tard, Steve Porter voit accepter son projet d'étude sur les oiseaux. Avec ses camarades, il part à la rencontre du Dr. Fred Brown pour lui poser des questions sur les oiseaux. Steve et ses amis tombent sur l'ancienne maison du Dr. Brown, celle là même où les meurtres se sont produits. Abandonnée et délabrée, la maison provoque des visions cauchemardesques à Steve. Peu de temps après, sa présence et celle de ses amis déclenchent la résurrection des personnes assassinées, qui se mettent à massacrer les étudiants...


MON AVISMon Dieu, quel navet ! Je ne sais même pas comment ce film a pu bénéficier d'une sortie au cinéma ni être sélectionné au festival d'Avoriaz ! Et qu'est-ce que Robert Vaughn est venu faire dans cette galère ? Réalisé en 1987 par Claudio Lattanzi, dont ce sera l'unique film jusqu'en 2019, et apparemment aidé par Joe d'Amato, L'Attaque des Morts Vivants, également connu sous son titre original de Killing Birds mais aussi sous celui, bien opportuniste, de Zombie 5 : Killing Birds (ben voyons !), est un authentique naufrage qui ne ravira personne : ni les amateurs de morts vivants, ni les amateurs d'agressions animales, ni les amateurs de nanars et encore moins les amateurs de cinéma Bis italien.

C'est bien simple, tout est nul dans ce film ! L'histoire n'a ni queue ni tête, les scènes d'horreurs sont risibles au possible, il n'y a pas d'ambiance, pas de suspense, pas de frissons, pas une seule séquence qui nous ferait dire tiens c'est pas mal ça !

Par contre, si vous avez envie de regarder un film dans lequel il faut attendre plus de cinquante minutes avant qu'il ne se passe un petit semblant de quelque chose (soit l'apparition de deux morts vivants du pauvre), si vous avez envie de vous taper des dialogues à la pelle qui n'apporte rien à l'intrigue, alors n'hésitez pas. Les mésaventures de notre groupe d'étudiants sont plus puissantes qu'un somnifère, vous voilà prévenus ! Il n'y aura même pas un petit bout de sein à se mettre sous la dent (on y croit à un moment, avec la mignonne Leslie Cumming qui a bien compris que son petit copain a envie d'elle mais non, elle gardera tous ses vêtements, dommage...) et niveau horreur, quasiment tout est filmé en hors champs, faut dire que c'est plus pratique quand on n'a pas de budget !

Nos élèves passent donc 50 bonnes minutes à gambader afin d'enregistrer le doux sons des oiseaux, à se chamailler comme des gosses puis à errer dans les couloirs de la maison abandonnée dont nous, malheureux spectateurs de ce spectacle désenchanté, connaissons le sinistre passé. Un passé qui va donc resurgir sous la forme de deux zombies décharnés qui vont s'en prendre au petit groupe, sans que cela ne dynamise le rythme, bien au contraire. 

Et nos oiseaux me direz-vous ? Bah on a vu une attaque dans la scène d'intro et... ce sera tout ! Des révélations tonitruantes sont-elles à attendre pour le public en délire ? Non, tout est éventé d'avance, on se doute dès qu'on le voit apparaître à l'écran que le blondinet Steve Porter (Timothy W. Watts) est le bébé blond du début et que le Dr. Fred Brown (Robert Vaughn) est donc son père. Râlez pas si je vous spoile ce détail, parce que de un, tout le monde s'en fout, de deux, ça ne sert à rien dans l'histoire, de trois, vous l'auriez deviné d'entrée de jeu de toute façon et de quatre, je vous épargne la pénibilité de visionner ce film, remerciez moi plutôt !

Niveau mise en scène, c'est aussi pathétique que tout le reste, on a même de la buée sur l'objectif à un moment, on aurait pu croire que c'était du brouillard ou autre mais non, c'est juste de la buée. Affligeant et même pas drôle en fait. 

Bon, j'ai pas grand chose à dire de plus que L'Attaque des Morts Vivants donc je vais arrêter là. Si vous voulez voir à quoi ressemble le néant cinématographique, tentez l'expérience sinon, regardez autre chose, c'est sûrement ce qu'il y a de mieux à faire. A noter que les trailers présentent plus d'effets sanglants que la version DVD que j'ai. Il semble donc que le DVD français soit un peu cut de quelques plans gores. Ça ne doit pas changer grand chose au fait que ce film est un sombre navet et après avoir vérifié via la version uncut (oui j'ai une conscience professionnelle quand même), certes un peu plus fun car un peu plus gore, il est clair, qu'effectivement, ça ne change pas grand chose au résultat final...




Stéphane ERBISTI

ANTHROPOPHAGOUS (1980)

 

Titre français : Anthropophagous
Titre original : Anthropophagous
Réalisateur : Joe d'Amato
Scénariste : Joe d'Amato, George Eastman
Musique : Marcello Giombini
Année : 1980
Pays : Italie
Genre : Cannibale
Interdiction : -16 ans
Avec : Tisa Farrow, Saverio Vallone, George Eastman, Serena Grandi...


L'HISTOIRE : De jeunes amis se rendent sur une île grecque pour se divertir. Ils découvrent un village vide de tout occupant. Une de leurs amies disparaît. Après l'avoir recherchée, ils décident de passer la nuit dans une maison apparemment abandonnée. Dans la cave de la maison, ils découvrent une jeune fille complètement terrifiée cachée dans un tonneau. La jeune fille leur raconte qu'elle tente d'échapper à un homme qui aurait mangé tous les habitants de l'île. La peur commence à gagner le groupe...


MON AVISL’homme qui se mange lui-même. Si ça ce n’est pas de l’accroche publicitaire choc ! J’ai longtemps fantasmé sur la jaquette de la VHS quand j’étais adolescent, me demandant quelles sortes d’horreurs pouvait proposer ce film. Un film qui a subi le syndrome Massacre à la Tronçonneuse, à savoir se coltiner une réputation d’œuvre hyper gore et scandaleuse par des personnes qui soit ne l’ont pas vu, soit sont vraiment hyper émotives et se mettent à tomber dans les pommes devant une légère entaille au couteau qui laisserait surgir une petite goutte de sang. Classé parmi les Vidéos Nasties en Angleterre, interdit dans de nombreux pays, Anthropophagous laissait planer une odeur de souffre sur sa pellicule de la même manière que le film de Tobe Hooper ou le Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato. Qu’en est-il au final ?

Aristide Massaccesi, plus connu sous le pseudo de Joe d’Amato, était plutôt spécialisé dans les films érotiques, notamment ceux mettant en scène son égérie Laura Gemser dans la série des Black Emanuelle avant de se lancer dans le film d’horreur pur et dur. Il avait déjà inclus des éléments horrifiques dans ses films, comme dans Emanuelle et les derniers Cannibales en 1977 par exemple, mais c’est réellement en 1979 qu’il va s’affirmer dans le genre horrifique avec son chef d’œuvre Blue Holocaust. Fort de ce succès, il récidive l’année suivante avec Anthropophagous, puis avec Horrible en 1981 avant d’ajouter d’autres cordes à son arc avec des films post-nuke ou d’héroïc-fantasy (2020 Texas Gladiator, Ator l’invincible, Le Gladiateur du Futur) pour finir par replonger dans les délices du cinéma érotique et pornographique, lui permettant d’avoir une imposante filmographie d’environ 200 films, faisant de lui une référence du cinéma Bis italien.

Vers la fin des années 70, les films de cannibales ont le vent en poupe en Italie, avec les succès de Le Dernier Monde Cannibale ou de La Montagne du Dieu Cannibale par exemple. Ruggero Deodato réalise Cannibal Holocaust en 1980 qui sera suivi l’année suivante par Cannibal Ferox de son confrère Umberto Lenzi. Joe d’Amato, après avoir confronté Emanuelle aux cannibales en 1977 décide de revenir au genre lui aussi en 1980 mais de manière originale et différente. En effet, point de forêt vierge ou d’enfer vert dans son célèbre Anthropophagous, ni de peuplade cannibale d’ailleurs. Non, juste un anthropophage dans une petite île de Grèce. Pas évident dès lors de rivaliser en horreur avec les autres films du genre quand on n’a qu’un seul cannibale à filmer me direz-vous. Détrompez-vous, en habile artisan, Joe d’Amato a réussi son coup et nous livre un film d’horreur très réussi, mais qu’il faut remettre dans son contexte d’époque car il faut quand même avouer que celui-ci a bien vieilli, même s’il reste assez efficace.

S’il est bien un élément qui fait que le film semble très daté, c’est indiscutablement la musique qui accompagne les images. On peut même se demander si elle n’était déjà pas en retard à la sortie du film en salle. Mais pour être plus précis, ce n’est pas toute la partition sonore qui est datée mais seulement certaines parties car lors des quelques séquences de terreur, elle joue parfaitement son rôle.

Du côté des acteurs, on retrouve Tisa Farrow, sœur de Mia, qui n’a pas trop de chance avec les mangeurs de chairs humaines puisqu’elle était déjà confrontée à des morts vivants l’année précédente dans L’Enfer des Zombies de Lucio Fulci. Egalement au casting, la blonde Rubina Rey, qu’on retrouvera pendue par les seins dans Cannibal Ferox en 1981. Chez les garçons, mis à part George Eastman, point de visage connu si ce n’est Mark Bodin que les fans de cinéma italien ont pu voir dans Le Monstre Attaque la même année. Dans l’ensemble, les prestations ne resteront pas dans les annales et s’avèrent d’un niveau moyen.

Par contre, celui qui tire son épingle du jeu, c’est incontestablement George Eastman, qui incarne l’anthropophage. Sa silhouette de géant et son look dans ce film (crâne dégarni avec de longues mèches de cheveux sur les côtés, marche lente, dentition pourrie, visage abîmé par le soleil et regard halluciné) en font une figure emblématique du cinéma fantastique, un monstre au vrai sens du terme. Sa première apparition, après plus de 40 minutes de film environ, restera à jamais gravée dans les mémoires. Un peu comme la première apparition de Leatherface dans Massacre à la Tronçonneuse. D’ailleurs, la structure narrative d’Anthropophagous n’est pas sans rappeler celle du film d’Hooper, avec un long préambule permettant de découvrir les personnages, mise en place d’une ambiance malsaine et horrifiante par petites touches successives avant le déferlement d’horreur, sans toutefois concéder au gore, si ce n’est par deux scènes chocs pour le film de d’Amato, scènes qui lui valurent cette réputation de monument du gore. Mais soyons réalistes, Anthropophagous joue dans la même cour que le film de Tobe Hooper, à savoir le film d’ambiance et de terreur.

En effet, après une introduction choc sur une plage qui nous met bien dans l’ambiance et qui n’est pas sans rappeler celle du Maniac de William Lustig (pourtant réalisé la même année, c’est marrant ça…), on assiste donc à une longue présentation des personnages et à des situations somme toute banales mais qui procèdent à amener progressivement un sentiment oppressant chez le spectateur et à faire monter la tension de ce dernier. Déambulation des protagonistes dans le petit village qui semble désespérément abandonné. Meurtre du capitaine du bateau et enlèvement d’une femme enceinte restée à bord pour cause de foulure de cheville. Découverte d’une vaste demeure dans laquelle une femme se pend sous les yeux de notre petit groupe. Découverte également dans une cave d’une jeune fille aveugle complètement terrorisée (scène excellente dans sa réalisation et dans l’effet choc qu’elle procure !). Petit à petit, et malgré des invraisemblances typiques à ce genre de films (pourquoi les protagonistes ne s’inquiètent pas davantage quand ils voient leur bateau au large au lieu d’être amarré ? Pourquoi ne dorment-ils pas tous ensembles dans la maison au lieu de se séparer dans des pièces voisines ?), Joe d’Amato instaure un vrai climat angoissant, renforcé par un violent orage et par l’absence d’éclairage dans la maison, ce qui nous vaut des déplacements uniquement éclairés par des bougies qui installent le suspense et la peur.

L’ambiance morbide qui s’installe et se dégage du film est également amplifiée par les scènes où l’on visite le repaire du cannibale, où sont entreposés de nombreux corps en état de décomposition ou sous la forme de squelettes, ou lorsqu’une des héroïnes découvre une pièce cachée dans la maison où des corps sans vie sont recouverts d’un drap.

Bien malin également le fait que Joe d’Amato nous explique le pourquoi du comportement de l’anthropophage, sous la forme d’un flashback qui nous ferait presque prendre en pitié cette créature dévoreuse de chair. Qui sait si nous n’aurions pas agi de la même façon dans pareille situation ?

Terminons cette critique en parlant des deux scènes chocs qui ont valu au film sa réputation toujours bien installée dans les mémoires, même aujourd’hui, et surtout pour ceux qui n’ont jamais vu le film. La première, celle de tous les excès, nous montre le cannibale extirper le fœtus de la femme enceinte pour le dévorer. Même si une telle scène, sûrement irréalisable de nos jours, a tout de la scène choc gratuite et faite pour écœurer le public, il n’en reste qu’elle apparaît comme bien sobre, du fait qu’elle se déroule dans une crypte pas très éclairée et qu’elle ne dure pas très longtemps non plus. Mais pour les estomacs fragiles, elle peut faire son petit effet.

La seconde scène choc et culte, c’est bien sûr celle où notre pauvre anthropophage se prend un coup de pioche dans le ventre et ne peut se refréner à porter à sa bouche ses viscères encore toutes chaudes qui sortent de son ventre et qui justifie donc ce slogan de L’homme qui se mange lui-même !

Au final, Anthropophagous de par son rythme plutôt lent et son peu de scènes gores, pourra décevoir le public contemporain, qui lui préférera peut-être le remake Anthropophagous 2000 réalisé par Andreas Schnaas. Pour ma part, je trouve que le film de Joe d’Amato a beaucoup de charme et que, malgré un petit côté vieillot, il fonctionne encore assez bien, notamment grâce au jeu de George Eastman, particulièrement terrifiant (la scène où il sort lentement du puits, brrrr, à frémir d’effroi !). Bref, si vous êtes amateurs de film d’ambiance, où la terreur pointe petit à petit le bout de son nez, vous aimerez sûrement cet Anthropophagous !




Stéphane ERBISTI

2020 TEXAS GLADIATORS (1982)

 

Titre français : 2020 Texas Gladiators
Titre original : Anno 2020 : I Gladiatori del Futuro
Réalisateur : Joe d'Amato, George Eastman
Scénariste : George Eastman, Alex Carver
Musique : Carlo Maria Cordio
Année : 1982
Pays : Italie
Genre : Post-Nuke
Interdiction : -12 ans
Avec : Al Cliver, Harrison Muller, Daniel Stephen, Sabrina Siani, Al Yamanouchi...


L'HISTOIRE : Texas, en 2020, après une guerre atomique. Tout n'est que désert. Des bandes de pilleurs et de hors-la-loi sèment la terreur. Une bande de malfrats s'attaque aux nonnes et au prêtre d'une petite paroisse. Après avoir violé une des nonnes et crucifié le prêtre, la bande doit faire face à cinq Rangers. Les cinq hommes, des mercenaires qui veulent débarrasser la Terre de la vermine, tuent tous les pilleurs. L'un des Rangers découvre une jeune fille blonde et tente de la violer. Il sera arrêté par Nisus et banni de la bande. La jeune femme, Maida, tombe sous le charme de Nisus et lui parle d'un endroit où des hommes tentent de reconstruire le futur...


MON AVISJoe d'Amato est aussi connu pour ses films érotiques soft que pour ses films d'horreur hard, comme Anthropophagous, Horrible ou Blue Holocaust par exemple. Comme toujours, un succès américain engendre un nombre incalculable de films dans le même style. Ici, c'est Mad Max 2 qui va devenir la référence de nombreux films se déroulant pendant l'ère post-atomique. D'ou le terme générique de Post-nuke. En 1982, c'est donc Joe D'Amato qui va lui aussi se lancer dans le genre avec ce 2020 Texas Gladiators.

Il est clair que D'Amato n'a pas bénéficié du budget que Mad Max 2 pour réaliser son film. Mais le monsieur est un habile artisan et réussit à faire un très bon Post-nuke, divertissant, et contenant tous les ingrédients de cette catégorie à part des films de science-fiction.

Dès le début du film, on entre de plein-pieds dans l'univers des films post-apocalyptiques : plaine désertique, bande de voyous qui viole des nonnes et crucifie un prêtre… Le sadisme est bien sûr présent, tout comme la violence, deux données essentielles d'un bon Post-nuke. Arrivent alors les héros, prêts à tout pour tenter de reconstruire un futur où il ferait bon vivre. Malgré leur statut de héros, ils n'hésitent pas non plus à user de la même violence que ceux qu'ils combattent.

Ce qui est appréciable dans ce film, c'est son rythme. En effet, D'Amato comble le très maigre budget par une réalisation énergique, où les temps morts sont très rares, met en scène de nombreux combats, assez violents d'ailleurs, inclue des scènes d'un érotisme léger. Il n'oublie pas non plus de mettre en scène des véhicules blindés au look futuristes, des motards aux gants cloutés, bref, tous les codes du genre sont respectés pour le bonheur du fan.

Parmi les acteurs, on retiendra surtout la présence de la jolie Sabrina Siani, actrice que l'on a pu voir dans Conquest de Lucio Fulci ou encore Mondo Cannibale de Jess Franco. On ne peut pas dire que le film vaut pour sa performance d'actrice mais plus pour sa silhouette. Al Cliver tire également son épingle du jeu en interprétant Nisus, le chef des Rangers.

Par contre, ne vous fiez pas au titre mensonger ! Vous ne verrez aucun gladiateur dans le film, aucune arène et encore moins d'armes surpuissantes comme sur l'affiche ! Nous sommes néanmoins en présence d'un film fort sympathique pour qui aime le genre post-apocalyptique. Je ne me suis jamais ennuyé, l'action quasi non-stop ne laisse pas de répit aux spectateurs. Un bon divertissement au final, même si on est très loin du délire qu'est Mad Max 2 évidemment.




Stéphane ERBISTI