BABYPHONE (2023)

 

Titre français : Babyphone
Titre original : Babyphone
Réalisateur : Ana Girardot
Scénariste Ana Girardot, Mahault Mollaret
Musique /
Année : 2023
Pays : France
Genre : Thriller, insolite
Interdiction : -12 ans
Avec Ana Girardot, Félix Moati, Lyna Khoudri, Niseema Theillaud, Hippolyte Girardot...


L'HISTOIRE : Fraîchement installée dans une maison à la campagne avec son mari Noah et leur fils Sol, âgé de six mois, Agathe fait la découverte, derrière une cloison, d'une chambre d'enfant jusque-là condamnée mais dont l’intérieur est intact, comme si rien ne semblait avoir bougé depuis des années. Là, elle y trouve un vieux babyphone abandonné dans un tiroir et toujours en état de marche. Réticente au début mais portée par l'enthousiasme de son mari, la jeune maman accepte d'installer leur fils dans la pièce jusque-là close, l’oreille collée à l'appareil, à l'affût du moindre bruit. Toutefois, quand d’étranges sons et autres sensations viendront semer le doute et la confusion dans l’esprit d’Agathe, cette dernière devra faire la part des choses entre un nouvel environnement qu’elle connait encore mal, sa fatigue légitime et ses angoisses de nouvelle maman...


MON AVISMalgré un scénario un peu convenu pour qui a déjà vu pas mal de films de genre (on pense en effet à Evil Dead et Rosemary’s Baby pour ne citer que deux des plus connus), c'est la présentation et le format de ce métrage qui en font un objet à part ! En effet, en moins d'une heure environ, on n'aura que du son à se mettre sous la dent ou plutôt dans les oreilles avec seulement quelques plans fixes nous indiquant dans quelle pièce de la maison on se trouve et avec qui ! Babyphone est effectivement une fiction audio enregistrée grâce à une drôle de tête binaurale, un dispositif encore relativement rare (sorte de casque porté sur la tête), qui restitue tous les dialogues et bruits à 360 degrés, ce qui nous plonge totalement dans la peau des personnages. Et ce sentiment d’immersion est également renforcé par le fait que Babyphone a été capté dans des décors naturels – maison qui grince et arbres de la forêt avoisinante qui craquent – et non en studio comme la plupart des projets de ce genre. Celui-ci en tout cas est l’œuvre de l’actrice Ana Girardot (vue récemment dans Ogre) devenue mère récemment et qui ici, dans ce thriller mâtiné de jumpscares, partage avec nous une réflexion sur les difficultés de la maternité actuellement, inspirée de sa propre expérience.

Ainsi, pendant une cinquantaine de minutes, Ana Girardot se glissera dans la peau d’Agathe, une jeune mère qui vient d’emménager avec son compagnon Noah (Félix Moati) et leur bébé Sol au fin fond de la campagne, dans une vieille maison typique des films d’horreur classiques, avec le parquet qui grince, les croix sur les murs et les arbres qui bruissent étrangement. Entre un mari très absent car s’occupant du restaurant qu’il a ouvert dans un proche village, une reprise difficile d’activité en freelance car il faut s’occuper très souvent du bébé, une voisine envahissante et flippante (Niseema Theillaud), le maire du coin (Hippolyte Girardot) qui semble cacher des choses sur l’histoire de cette maison et l’absence de son psy (Cédric Klapisch) resté à Paris, Agathe est en pleine dépression post-partum et n’a pas de quoi se rassurer !

Et ça ne va pas s’arranger car après avoir découvert une chambre d’enfant cachée derrière un mur, le jeune couple décide d’y installer leur fils, malgré l’atmosphère très oppressante de la pièce. On pressent bien que quelque chose de grave s’est passé ici, mais quoi ? Heureusement ou pas, un babyphone encore en état de marche se trouve toujours dans la pièce et permet à Agathe d’épier les moindres bruits en provenance de la chambre de son fils, à moins que tout cela ne soit qu’un piège…

Ainsi, à travers cette histoire, Ana Girardot évoque donc des problématiques très actuelles comme la charge mentale qui pèse principalement sur les jeunes mamans, soumises comme Agathe à la pression d’être performantes dans tous les aspects de leur vie et qui craignant d’être de mauvaises mères, se retrouvent complètement submergées et épuisées par leur rôle de mère, de femme active et d’amante. Elles se retrouvent donc en pleine dépression post-partum ou en plein burn-out parental, comme on dit dans un jargon plus psychiatrique.

Au final, on aura assisté à un beau tour de force de la part d’Ana Girardot car arriver à transmettre autant d'émotion par l’ouïe, c'est vraiment fort ! Alors quand en plus on arrive à ressentir toute la solitude et la détresse de cette mère qui connaît une grosse dépression post-partum, on se dit qu'on a tout gagné car ce sujet est très actuel ! Toutefois, on restera un peu sur notre faim devant une fin un peu trop énigmatique à notre goût, mais en tout cas, quelle belle expérience sensorielle et immersive ! Il ne vous reste donc plus qu’à vous isoler dans une pièce, enfiler un bon casque sur les oreilles et à fermer les yeux pour vous plonger dans ce thriller plus sérieux qu’il n’en a l’air et français ma bonne dame !




Vincent DUMENIL

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