LA BAZAAR DE L’ÉPOUVANTE (1993)

 

Titre français : Le Bazaar de l'épouvante
Titre original : Needful Things
Réalisateur : Fraser C. Heston
Scénariste : W.D. Richter
Musique Guy Blackwell, Otis Blackwell, Patrick Doyle, Rick Giles
Année : 1993
Pays : Etats-Unis, Canada
Genre : Diable et démons
Interdiction : -12 ans
Avec Max von Sydow, Ed Harris, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, J.T. Walsh...


L'HISTOIRE : Les habitants de la petite ville côtière de Castle Rock vivent paisiblement et malgré quelques frictions entre riverains, le shérif Alan Pangborn n'a jamais l'occasion de faire usage de la force. L'annonce de l'ouverture d'une nouvelle boutique dans la ville est le centre de toutes les attentions. Le propriétaire, Leland Gaunt, nouvellement installé, va procurer aux habitants l'objet de leurs rêves les plus fous, en échange d'une somme modique et d'un petit service. Peu à peu, le shérif note que les frictions deviennent rivalités et que les habitants qu'il connaît bien semblent céder à la folie collective. La boutique du charmant Leland Gaunt aurait-elle quelque-chose à voir dans ce changement d'attitude ?


MON AVISDepuis le succès de Carrie au Bal du Diable en 1976 et de Shining en 1980, chaque roman de Stephen King, le maître de l'épouvante, se voit automatiquement adapter, soit pour le cinéma, soit pour la télévision, avec plus ou moins de réussite et de succès. Parmi les adaptations notables du célèbre romancier, on peut citer SimetierreStand by MeLa Ligne VerteMiseryLes évadés ou Christine entre autres. 

En 1991, Stephen King sort un nouveau roman, Bazaar. L'histoire d'une petite ville tranquille dont les habitants vont développer un comportement violent et irrationnel suite à l'ouverture d'une nouvelle boutique tenu par un certain Leland Gaunt. Se classant rapidement dans les trois meilleures ventes de livres, Bazaar intéresse bien sûr le monde du cinéma et un projet d'adaptation voit le jour. Un premier scénariste tente de condenser le pavé du King pour une durée cinéma, puis un second scénariste est engagé, W.D. Richter, qui parvient à garder l'essence du roman tout en effectuant pas mal de modifications, les écrits ne se prêtant pas toujours à une mise en image à l'identique. 

Un premier réalisateur est choisi, Peter Yates, le metteur en scène de Bullit ou de Krull. Il sera remplacé par Fraser C. Heston, le fils de Charlton Heston lui-même ! D'une durée de deux heures, le film sort au cinéma en 1993 et n'obtient pas un grand succès, malgré la présence de très bons acteurs, comme Ed Harris dans le rôle du shérif ou Max Von Sydow dans celui de Leland Gaunt par exemple. Mais le roman est trop long et la durée du film retenue ne lui permet pas de développer assez les personnages et les événements présentés, tout comme il oblige le monteur a faire des cuts assez radicaux, qui plombent le rythme du film au final. 

Dans sa version cinéma, Le Bazaar de l'épouvante reste divertissant bien sûr mais ne dégage pas non plus un enthousiasme très relevé. Fort heureusement, face aux maigres recettes que rapporte le film lors de sa distribution en salles, les producteurs ont l'idée de le proposer à la chaîne de télévision TBS sous un nouveau format : une mini-série de deux fois 90 minutes. Le film de 2H devient donc une mini-série de 3H ! Et forcément, on y gagne ! Les personnages et leurs interactions sont nettement plus développés, on passe plus de temps avec eux et les manigances de Leland Gaunt y gagnent également en intensité et machiavélisme. 

Une longue introduction est rajoutée également, nous montrant ce diabolique personnage au volant de sa voiture noire comme les ténèbres et pourchassé par le shérif. Une longue scène introductive, qui ne cache pas la dimension réelle de Leland Gaunt. Plusieurs personnages voient leur temps de présence à l'écran être accrue, et il faut bien avouer que cette version longue de 3H bonifie considérablement la version cinéma, qui devient quasiment obsolète face à la minisérie, bien plus ambitieuse et convaincante. 

Max Von Sydow est impeccable dans le rôle de ce personnage diaboliquement charismatique et dont le but inavouable est de créer le chaos parmi les habitants des villes dans lesquelles il vient s'installer. Car oui, Castle Rock n'est pas le premier lieu de ses méfaits, comme le stipule ce petit carnet où il note le nom des villes et des personnes qu'il a réussi à détourner du droit chemin. Le fantastique s'insinue lentement dans le récit, par petites doses, et vient contaminer la population dans manière insidieuse, sans grand déferlement d'effets-spéciaux ou de séquences spectaculaires. 

Quelques scènes chocs ponctuent le récit, comme cette violente bagarre entre deux femmes ou la vision d'un pauvre chien entièrement dépecé et pendu. L'humour, noir évidemment, est également aux abonnés présents et certaines répliques de Leland Gaunt nous feront bien sourire. Sur un thème un peu similaire à celui du roman Salem (un inconnu vient semer le désordre dans la ville où il vient de prendre place), Le Bazaar de l'épouvante intrigue et se suit sans ennui, le format mini-série étant vraiment ce qui lui convenait le mieux. 

L'aspect téléfilm n'est pas dérangeant, le jeu d'acteurs est plutôt bon et les changements apportés par le scénariste vis à vis du roman ne sont pas trop gênants pour ceux qui n'ont jamais lu ce dernier. Bref, n'hésitez pas à passer trois heures en compagnie de l'étrange Leland Gaunt, le marchand de vos rêves trop gentil pour être honnête...




Stéphane ERBISTI

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