Titre français : Alice Sweet Alice
Titre original : Alice Sweet Alice
Réalisateur : Alfred Sole
Scénariste : Alfred Sole, Rosemary Ritvo
Musique : Stephen Lawrence
Année : 1977
Pays : Usa
Genre : Tueurs fous
Pays : Usa
Genre : Tueurs fous
Interdiction : -16 ans
Avec : Linda Miller, Mildred Clinton, Paula Sheppard, Niles Mc Master, Jane Lowry...
L'HISTOIRE : Alice Spages, 12 ans, vit avec sa mère et sa sœur Karen, à laquelle elle adore faire peur. Karen s’apprête à fêter sa première communion lorsque son corps est retrouvé atrocement mutilé dans l’église. Certains pensent qu’Alice pourrait être à l’origine du meurtre, mais comment une enfant si jeune pourrait-elle commettre une telle abomination ? Pourtant, les meurtres se poursuivent dans l’entourage d’Alice...
MON AVIS : Réalisateur peu prolifique, avec seulement 4 films et un téléfilm à son actif, dont le curieux La Bête d'Amour en 1980, Alfred Sole, qui s'est suicidé à l'âge de 78 ans, est néanmoins resté célèbre parmi les fans de cinéma de genre avec son second film, le thriller horrifique Alice Sweet Alice, qui date de 1976. Intitulé à l'origine Communion, terme qui sera utilisé pour le film lors de sa sortie française en VHS, sous le titre de Communion Sanglante donc, Alice Sweet Alice a marqué les esprits de par la présence de ce mystérieux tueur portant un masque étrange et vêtu d'un ciré jaune, un vêtement qui n'est pas sans nous rappeler le ciré rouge porté par la petite fille dans le film de Nicolas Roeg, Ne Vous Retournez Pas, et pour cause, Alfred Sole étant un grand fan de ce classique du genre et a voulu lui rendre un hommage en utilisant cet habit de pluie pour son film.
Clairement, Alice Sweet Alice est un thriller horrifique et par de nombreux aspects, on pourrait la catégoriser parmi le giallo, genre typiquement italien, dont le film de Sole en est l'une des plus belles variations étrangères : meurtres sanglants ; tueur dont on ne connaît pas l'identité ; utilisation d'un masque inquiétant pour dissimuler son visage ; mystère quant à ses motivations ; enquête policière, menée à la fois par des inspecteurs mais aussi par le père divorcée d'Alice et Karen ; plusieurs coupables potentiels dont la sœur de la première victime, qui semble souffrir de quelques troubles psychologiques, troubles parfaitement rendus à l'écran par la jeune actrice Paula E. Sheppard, absolument bluffante dans ce rôle.
On a également la thématique de la religion qui est bien présente ici, avec une critique du monde ecclésiastique et des adeptes extrémistes de la Foi, qui fait suite à des soucis que le réalisateur a eu avec son premier film Deep Sleep, un porno que l'Eglise a mal accueilli car on y voit la maison d'un évêque. Et pour finir, on a toute une galerie de personnages atypiques, dérangeants même, comme ce propriétaire d'appartements qui pèse dans les 200kg (Alphonso DeNoble), la bonne du curé (Mildred Clinton), cette tante (Jane Lowry) qui semble détester Alice et reste persuadée que celle-ci est la meurtrière de sa sœur, cette mère (Linda Miller) qui délaisse Alice au profit de sa sœur Karen (Brooke Shields dans son premier rôle au cinéma) qui est pourtant une véritable petite peste et qui vit désormais avec un prêtre et Alice elle-même, qui a des comportements des plus malsains et dont le côté démoniaque semble prendre le dessus sur son côté angélique.
Des protagonistes dont les attitudes créent une véritable ambiance déstabilisante, malsaine même, qui permettent au film de Sole de s'élever au-dessus du simple film d'horreur lambda et de proposer une atmosphère soignée, travaillée, que vient subjuguer une mise en scène précise et inspirée. Tout ce qu'on retrouve dans le giallo, je vous le dit ! Le réalisateur utilise à merveille ses différents décors (l'immeuble, le sous-sol, une usine désaffectée, l'Eglise...) et offre au public quelques excès de violence stylisés, dans lesquels le sang bien rouge coule en abondance.
Même si le nombre de meurtre est très limité, ces derniers sont réellement efficaces et remplissent tout à fait leur fonction choc. Bref, Alice Sweet Alice joue autant dans la cour du giallo que du film de psycho-killer et du slasher, deux sous-genres qui seront grandement popularisés deux ans plus tard, avec la sortie du Halloween de John Carpenter. Ce qui est très plaisant, c'est que la personnalité même d'Alice fait que le spectateur se demande constamment si cette dernière est coupable ou non et qu'on doute durant une bonne partie du film.
Autre fait marquant, celui qui nous fait découvrir l'identité du tueur au ciré jaune au bout de 60 minutes, sans que cela ne vienne amoindrir l'intérêt de l'histoire, qui continue à nous intriguer durant les 45 dernières minutes et qui se clôture sur un final assez chargé en violence et émotion. Sur un rythme somme toute assez posé, Alice Sweet Alice n'ennuie jamais tant il y a de petits détails à l'écran qui nous plonge au cœur de l'intrigue (la poupée, le pendentif en forme de croix...) et fait qu'on ne décroche pas nos yeux de l'écran, tentant de faire la lumière sur ces événements macabres et de leur donner une motivation.
A noter une très bonne partition musicale due à Stephen Lawrence, parfaite pour accompagner les images et participer à renforcer l'ambiance. Petite pépite du cinéma d'horreur 70's, au casting impeccable, intelligent et vraiment très bien réalisé, Alice Sweet Alice mérite d'être redécouvert à nouveau, ne serait-ce que pour admirer la prestation de Paula E. Sheppard, dont le petit sourire et le regard dans la dernière image feront encore planer le doute chez le spectateur...
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