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ABC OF DEATH 2 (2014)

 

Titre français : ABC Of Death 2
Titre original : The ABC's of Death 2
Réalisateur : Divers
Scénariste : Divers
Musique : Divers
Année : 2014
Pays : Usa, Nouvelle-Zélande, Japon, Israël, Canada, Nigeria
Genre : Film à sketches
Interdiction : -12 ans
Avec Eric Jacobus, Andy Nyman, Simon Barrett, Ben Maccabee, Jason Cabell...


L'HISTOIRE : 26 lettres de l’alphabet. 26 histoires. 26 façons de mourir. Chaque réalisateur de chaque sketch proposé dans ABC of death 2 s’est vu attribuer une lettre par laquelle commencera le titre de son segment horrifique...


MON AVIS En 2012 apparaissait en festival puis en direct-to-video un certain ABC of death (autrement dit l’abécédaire de la mort). Compilation de 26 histoires horrifiques mettant en scène pour chacune d’elles une mort originale avec comme seules contraintes un budget de 5000€ par segment et une lettre de l’alphabet par laquelle doit commencer le titre de chaque sketches, ABC of death reçut un bon (voire très bon) accueil là où il se présenta. Un succès tel qu’une suite vit le jour deux ans plus tard sous le titre peu original mais suffisamment explicite ABC of Death 2.

Une suite qui reprend exactement les mêmes ingrédients que l’opus précédent. Toujours 26 lettres de l’alphabet, toujours 26 personnalités du cinéma fantastique qui doivent livrer une histoire dont le titre commence par la lettre décernée. Des personnalités qui proviennent cette fois encore des quatre coins du Globe mais dont les noms ne vous parleront pas systématiquement à chaque segment, à l’inverse d’un premier opus qui comprenait peut-être plus de tête connues.

Parmi les têtes d’affiches proposées ici, nous pourrons bien-entendu citer Vincenzo Natali (Cube, Cypher, Splice) mais aussi Evan Louis Katz (Cheap Thrills), Aharon Keshales (Rabies), les Soska Sisters (American Mary, See no Evil 2), Alejandro Brugués (Juan of the Dead), Jim Hosking (The Greasy Strangler), Steven Kostanski (The Void) ou encore le duo frenchy Alexandre Bustillo et Julien Maury (A l’intérieur, Livide, Aux Yeux des Vivants...) qui en profitent pour rejouer avec Béatrice Dalle.

Présenté durant les festivals français de Strasbourg et de Gérardmer, ABC of death 2 rassemble des réalisateurs, producteurs, scénaristes ou encore maquilleurs qui se lancent donc dans ce nouveau défit artistique avec plus ou moins de réussite...

Après un premier opus réussi et ayant marqué les esprits par le biais de certains segments fort réussis, cette suite de l’abécédaire de la mort nous propose à nouveau quelques bonnes surprises.

Dans un devoir de synthèse, et surtout pour éviter toute énumération longue et pompeuse, je ne reviendrai pas sur chacun de ces 26 sketches mais je vais plutôt revenir sur les particularités de ce second opus, ses points forts comme ses points faibles... Bref les faits marquants !

Là encore, nous constatons aisément que les réalisateurs de chaque segment ont eu droit à une totale liberté artistique. Croquis, dessins animés d’animation ou plus communément films : à chacun sa façon de narrer une petite histoire devant durer 3 à 7 minutes.

Jouer la carte du gore (Z comme Zygote), du trash (Y comme Yeux de la jeunesse, T comme Torture porno), du mauvais goût (X comme Xylophone), de la torture (J comme Jésus, I comme Invincible), de l’heroïc fantasy (W comme Wargame), du sexe (V comme Vacances), de l’absurde (G comme Grandpa), du fantaisiste (P comme P-p-p-p, H comme Histoire de prise de tête), du thriller (S comme Séparés), du futurisme (U comme Utopie), du zombie movie (O comme Ochlocratie), du politico-religieux (F comme Fatale chute). Là encore à chacun sa manière de mettre en scène, toujours avec humour, une mise à mort originale !

Mais vous vous en doutez certainement : les films à sketches présentant souvent (pour ne pas dire toujours) des histoires inégales, ABC of Death 2 n’échappe pas à la règle et nous livre ici des segments pouvant aller du pire au meilleur. Toutefois il est agréable de constater que nous avons là un bien plus grand nombre de sketches divertissants que dans le premier opus. En effet, alors que son aîné nous proposait beaucoup d’histoires maladroites (certaines un brin longuettes, d’autres bâclées et sans grand intérêt, et enfin certaines à la limite du hors-sujet) cassant le rythme général, ABC of Death 2 nous parait plus homogène d’un point de vue qualitatif.

Alors même si ce second opus ne gagne par forcément des points sur l’aspect originalité (les segments les moins recherchés étant C comme Condamnation à mortU comme Utopie et H comme Histoire de prise de tête), il en gagne indéniablement sur l’aspect divertissement.

En effet, à l’inverse de ABC of Death premier du nom, rares sont ici les segments dispensables (pour ne pas dire ratés), ces derniers se comptant sur les doigts d’une seule main à notre grande surprise (K comme Kaput et H comme Histoire de prise de tête principalement) et se retrouvent contrebalancés par des sketches rythmés, drôles et sacrément divertissants. Alors certes l’originalité bat moins son plein ici mais on s’amuse plus ou en tout cas, on s’ennuie moins !

D’ailleurs, force est de constater qu’à l’instar de ABC of Death, ce sont une fois de plus les asiatiques qui sortent leur épingle du jeu en nous en mettant plein les mirettes et en jouant la carte la plus flagrante de l’originalité dans cet opus! Alors que O comme Ochlocratie nous plonge en plein tribunal où des zombies jugent une humaine normale car cette dernière a tué des morts-vivants, I comme Invincible nous montre la torture d’une pauvre mère devenue immortelle par des enfants désireux de toucher l’héritage, tandis que Y comme Yeux de la jeunesse nous fait vivre les vilaines pensées d’une jeune fille qui imagine les pires atrocités qu’elle pourrait faire subir à ses parents qu’elle ne supporte plus (un film réalisé par le maquilleur Soichi Umesawa baignant dans un trash bienvenu et des effets spéciaux parfois grand-guignolesques rappelant les productions Sushi Typhoon et plus particulièrement les cinémas de Noboru Iguchi et Yoshihiro Nishimura).

Démarrant de bien belle manière (l’introduction avec son livre qui dévoile des pages morbides est réussie et macabre à souhait), ABC of Death 2 joue la carte du divertissement et de l’humour avec un rythme fort soutenu (les rares sketches dispensables sont vite oubliés, gommés par d’autres segments punchy qui s’enchaînent relativement bien) plutôt que la carte de l’originalité (tout l’inverse de son aîné en quelque sorte).

Après quelques sketches gentillets où l’humour fait mouche sans grande difficulté (A comme Amateur et son tueur à gage fort maladroit, B comme Blaireau avec ses vilaines bébêtes qui s’attaquent à un journaliste détestable, E comme Equilibre avec ses deux Robinson Crusoé un brin décalés), ABC of Death 2 enchaîne ensuite des segments relativement différents les uns des autres de par les thématiques abordées (absurde, torture, thriller...) pour finir sur un bloc de 5 sketches réussis (les lettres V à Z) mêlant humour et scènes sanglantes et/ou trash (Z comme Zygote finira en apothéose, dans des flots de sang et d’effets spéciaux saisissants, cet abécédaire de la mort).

POUR FINIR :
S’il fallait retenir certains segments de ABC of Death 2, ce serait pour ma part :
- A comme Amateur : pour son côté clipesque et son montage soigné)
- G comme Grandpa : un Jim Hosking qui annonce ici The Greasy Strangler de bien belle manière -> trash, absurde, nudité gériatrique, mauvais goût et excentricité sont de la partie)
- O comme Ochlocratie : un tribunal de zombies jugeant des humains normaux !
- S comme Séparés : un thriller monté en split-screens avec un final inattendu
- V comme Vacances : entre sexe, tromperie, vengeance et violence sanguinaire
- W comme Wargame : pour son côté héroïc-fantasy et son univers mêlant fantastique, kitsch et gore/trash
- Y comme Yeux de la jeunesse : car le grand-guignolesque omniprésent, servi par des effets spéciaux à la Sushi Typhoon, fait un bien fou
- Z comme Zygote : pour son côté irréaliste et sa séquence d’accouchement très gore




David MAURICE

ABC OF DEATH (2012)

 

Titre français : ABC Of Death
Titre original : The ABC's of Death
Réalisateur : Divers
Scénariste : Divers
Musique : Divers
Année : 2012
Pays : Usa, Nouvelle-Zélande
Genre : Film à sketches
Interdiction : -12 ans
Avec : Erik Aude, Kyra Zagorsky, Dallas Malloy, Darenzia, Sarah Borepeaux…


L'HISTOIRE : 26 réalisateurs, 26 façons de mourir. 26 cinéastes proposent 26 courts métrages horrifiques, développés à partir de chacune des 26 lettres de l'alphabet...


MON AVISInutile de revenir sur le revival avéré des films omnibus, comme l'attestaient si bien The Theatre Bizarre et Chillerama : cependant, la performance et le concept même d'ABC of Death est une nouvelle étape jouissive dans ce format relativement risqué. Alors que la plupart des anthologies n'excèdent pas cinq ou six histoires, ABC of death revisite l'alphabet à son goût sur près de vingt-six courts métrages, tous d'une durée forcément très réduite (entre deux et cinq minutes en règle générale). Pas sectaire, cet omnibus de l'horreur parcourt le monde entier, allant trifouiller aussi bien du côté du Japon, de la Thaïlande ou de l'Indonésie, que de l'Australie, du Mexique, de la France, le tout servi par de nombreux talents récents, ayant plus ou moins leur titre de gloire.

Ce voyage infernal guidé par 26 mains et des poussières change donc de style et d'approche à une vitesse d'enfer, ce qui permet de zapper les titres les plus médiocres. Car convoquer des personnalités aussi différentes sous le joug de la série B et Z donne forcément lieu à des hauts et des bas : dans la logique du coq à l'âne, cet alphabet sanguinolent passe de courts au standing surprenant à des bidules trifouillé au téléphone portable. Parmi les moments gênants, la tentative d'Angela Bettis de confronter une horrible araignée de synthèse à un beauf, les affres aquatiques d'Andrew Traucki (à qui l'on dit pourtant Black Water et The Reef), le pitoyable Cycle (une sorte de Timecrimes sans sou tourné au fond d'un jardin) ou le très laid Miscarriage de Ti West (qui ne semblait pas plus emballé que ça vu le résultat) font quand même méchamment déchanté par leur manque flagrant d'imagination et leur pauvreté technique. Mais heureusement, l'alphabet compte bien d'autres lettres...

Contrastes des atmosphères, des cultures, des formats (du scope, de la dv, de la HD et plus loin encore de l'animation ou de la pâte à modeler !), des sensibilités aussi (bien que l'humour noir règnent en maître sur la plupart des segments) : on note pourtant des similitudes étonnantes, alors que chacun a bel et bien orchestré son oeuvre dans son coin. La courte durée pousse ainsi beaucoup à se retrancher vers le cartoon, que ce soit dans les inspirations, aussi bien littérales (Hyrdro Electric Diffusion ressemble à un Tex-Avery live...en moins drôle quand même), qu'esthétiques (Toilet et Klutz sont des dessins animés) ou dérivés (les trois segments japonais font preuve d'un humour très nippon sans queue ni-tête à base de saumurais grimaçants, de pets féminins et de phallus géant éjaculant du riz). La forme du clip se fait moins courante, sauf dans le très léché Dog (une sorte de dérivé canin de Fight Club qu'on doit au papa de Dead Girl), le très pop et déviant YoungBuck et l'étourdissant Orgasme, continuation sensuelle et morbide de l'incroyable Amer, où le binôme frenchie illustre une nouvelle fois la petite mort au sens propre comme au figuré.

En tout cas, la liberté proposée n'a pas échappé à ces nombreux petits malins : ça tourne sec autour du scato (pas moins de quatre courts tournent autour de la cuvette des chiottes !!), ça tape sur les enfants, les animaux... pour le meilleur et pour le pire. Le malaise n'est d'ailleurs jamais très loin : Xavier Gens ne fait pas dans la dentelle (quitte à se tuer dans l’œuf dès les premières secondes) dans son XXL, qui aborde sans détour les problèmes d'obésité morbide ; Pressure joue les sous-Brillante Mendoza sans grand succès, mais rien comparé au complètement siphonné Libido, réalisé par l'indonésien fou de Macabre. Une échappée dès plus malsaine évoquant parfois les pires instants de A Serbian Film (dont le réalisateur signe d'ailleurs un Removed aussi gore qu'incompréhensible), avec plus d'humour noir et moins de prétention derrière. Les très funs Quack (réalisé par un Adam Wingard sous inspiration Dupieux-esque) et WTF (qui porte trèèèèès bien son nom) remettent quant à eux en question le délire général avec un humour délicieusement non-sensique. Baroque, déconcertant, insolent et sale, ABC of Death dresse l'étendard de la décadence du cinéma d'horreur actuel, hantant à la fois sa démesure, sa folie, mais aussi ses limites.




Jérémie MARCHETTI

LES 3 VISAGES DE LA PEUR (1963)

 

Titre français : Les 3 Visages de la Peur
Titre original : I tre Volti della Paura
Réalisateur : Mario Bava
Scénariste : Marcello Fondato, Alberto Bevilacqua, Mario Bava, Ugo Guerra 
Musique : Robert Nicolisi
Année : 1963
Pays : Italie, Usa, France
Genre : Film à sketches
Interdiction : -12 ans
Avec : Michele Mercier, Lydia Alfonsi, Jacqueline Pierreux, Milly Monti, Boris Karloff...


L'HISTOIRE : Boris Karloff en personne vient jouer le maître de cérémonie afin de nous présenter les trois histoires qui vont suivre. Tout d'abord, Le Téléphone, huis-clos oppressant dans lequel une jeune femme est harcelée au téléphone par un inconnu qui la menace de la tuer. Ensuite, Les Wurdalaks, une sombre histoire de vampires errant dans la lande où vit recluse une famille de paysans, dans la Russie du XIXème siècle. Enfin, La Goutte d'eau, où une infirmière venue au chevet d'une vieille femme mourante va regretter de lui avoir dérobé sa bague...


MON AVISMario Bava a réalisé dès 1960 un véritable chef-d'oeuvre du cinéma d'épouvante avec Le Masque du Démon. Il délaisse pourtant ce genre pour ses films suivants, se consacrant au drame historique (Esther et le Roi - 1960), au film féerique (Les mille et une nuits - 1961), au péplum fantastique (Hercule contre les Vampires - 1961), au film d'aventure épique (La ruée des Vikings - 1961) et au thriller (La Fille qui en Savait trop - 1963). C'est en 1963 qu'il revient au cinéma d'épouvante et de quelle manière mes aïeux ! Avec Les 3 Visages de la Peur et surtout Le Corps et le Fouet, Mario Bava livre deux œuvres qui feront date dans le cœur des cinéphiles amateurs de frissons gothiques. Ces deux films sont des commandes de producteurs italiens qui veulent surfer sur le succès des films américains de Roger Corman. Ce dernier a réalisé L'Empire de la Terreur en 1962, un film à sketchs inspiré de trois récits d'Edgar Poe. On propose donc à Mario Bava de faire de même et de proposer un film à sketchs dont les histoires proviendraient d’œuvres littéraires. Si Les Wurdalaks proviennent bien du romancier Tolstoï, Le Téléphone et La Goutte d'Eau sont attribués à Guy de Maupassant et Anton Chekhov au générique, ce qui s'est avéré totalement faux après que des spécialistes se soient penchés sur le film. Peut-être les histoire se sont-elles inspirées de ces auteurs ? Pas bien grave de toute façon, l'intérêt du film n'étant pas de savoir si le matériau d'origine a bien été respecté au niveau de l'adaptation.

Qui dit film à sketchs dit généralement un fil conducteur entre les récits proposés. Ce fil conducteur apparaît ici en la personne de Boris Karloff lui-même, le film de Bava étant un coproduction Italo-américano-française. Le célèbre acteur apparaît dès le début comme étant le présentateur des futurs cauchemars qu'on va découvrir et, ce serait le seul point négatif du film, il est dommage que Bava ne l'ait pas fait réapparaître entre chaque récit. Car une fois lancée, les trois sketchs s'enchaînent sans interruption aucune et ça aurait été plutôt sympa de revoir Karloff nous faire une petite présentation de chaque histoire. Il faut savoir que l'ordre des sketchs des 3 Visages de la Peur a été modifié en fonction du pays où le film a été projeté. L'ordre retenu ici est celui voulu par Bava, et qui apparaît comme étant logique puisqu'il propose une montée croissante de la peur, qui reste le thème principal du film et des histoires. 

On commence donc avec Le Téléphone, qui est plus dans un registre policier / suspense, avec une magnifique Michelle Mercier en femme apeurée. Seule dans son appartement, la célèbre actrice de la saga Angélique se voit continuellement harcelée au téléphone par une voix inquiétante et surtout menaçante, qui lui prédit une mort certaine et ce, des années avant Terreur sur la ligne ou Scream ! Le téléphone rouge, inerte, devient ici un objet focalisant la peur de son héroïne et Bava se régale de son huis-clos où chaque nouvelle sonnerie fait monter la tension. L'arrivée d'une amie de l'héroïne, dont on suppose qu'elles ont entretenues une relation lesbienne, fait progresser encore plus le suspense, surtout que le spectateur possède une indication que Michelle Mercier n'a pas et ça, c'est très malin de la part de Bava. La mise en scène est bonne, le jeu sur les lumières et les couleurs également. L'histoire en elle-même n'est pas extraordinaire, de même que le twist, un peu léger mais pour débuter le film, ça fait le job. Un récit qui aurait pu provenir des BD EC Comics du style Crime SuspenStories ou Shock SuspenStories par exemple.


La seconde histoire délaisse l'aspect policier pour se plonger pleinement dans le gothique et l'épouvante. Adaptation très fidèle au récit de Tolstoï, Les Wurdalaks bénéficie en plus de la présence de Boris Karloff en tant qu'acteur. L'histoire nous met face à de vieilles légendes paysannes concernant des vampires, surnommés les Wurdalaks, et qui ont la particularité de sucer les sang des personnes qu'ils aiment profondément. La petite famille du récit attend le retour du patriarche, joué par Karloff, qui est parti depuis cinq jours. On sent une réelle tension au sein de la famille, ayant peur que leur père ne soit devenu un Wurdalak. Un touriste de passage s'invite dans l'humble demeure et tombe sous le charme d'une des filles présentes, Sdenka, interprétée par la charmante Susy Andersen. Le retour du père laisse planer le doute quand à sa véritable nature et Bava fait progresser son récit et l'épouvante qui en découle par petites touches, soignant les décors et son jeu de couleurs comme un artiste peintre virtuose. Dire qu'esthétiquement et visuellement cette histoire est d'une beauté picturale à damner un saint n'est pas exagéré. Ce récit, qui a la durée la plus longue des trois histoires, se suit sans ennui aucun et peut aisément se ranger au côté des plus belles œuvres de la firme anglaise Hammer Films.


Le troisième sketch, La Goutte d'Eau, verse lui aussi dans l'épouvante mais de manière plus réaliste, enfin, façon de parler. Plus réaliste de par les lieux de l'action en fait. Ici, point de village abandonné dans les landes brumeuses ou de vieux châteaux inquiétants. Nous sommes juste dans l'appartement d'une dame âgée qui vient de décéder et dont son infirmière va devoir s'occuper. Admettons que le visage de la morte est absolument terrifiant, croisement entre une momie et donc une dame âgée au sourire carnassier et aux yeux troubles. On apprendra de sa domestique qu'elle faisait souvent des séances de spiritisme. Est-elle morte suite à une de ses séances ou a-t-elle eu simplement une crise cardiaque comme l'a suggéré son médecin ? Mystère. Après avoir habillée la défunte, l'héroïne de l'histoire, jouée par Jacqueline Pierreux, ne peut s'empêcher de dérober la bague de valeur que portait la morte au doigt. Un acte blasphématoire, qui va avoir de solides et angoissantes répercussions sur elle. Le vol de la bague s'accompagne de suite par un bruit de goutte d'eau provenant de diverses sources d'approvisionnement en eau : robinet de lavabo, robinet de douche, verre qui goutte et j'en passe. Une fois de retour chez elle, l'infirmière s'aperçoit que le bruit de ces gouttes d'eau est présent également dans son appartement. S'ensuit des apparitions spectrales de la défunte qui font monter le potentiomètre de la peur à un bon niveau de stress chez le public et surtout chez l'héroïne. Ces bruits, ses apparitions sont-elles réelles ou bien est-ce la culpabilité du vol de la bague qui la travaille ? A vous de le découvrir ! La Goutte d'Eau est lui aussi une pure merveille visuelle qui ravit nos yeux comme jamais. Boris Karloff fait son retour pour clôturer le film, avec une touche d'humour bienvenu !

Si les trois récits n'ont pas la même qualité, chose récurrente dans les films à sketchs, ils remplissent néanmoins le contrat et aucun n'est raté ou vraiment en deçà des autres, ce qui est aussi une réussite du film. Les 3 Visages de la Peur (qui aurait pu être quatre apparemment, un sketch, tourné mais jamais monté, ayant été écarté par la production et définitivement perdu malheureusement) est un film important pour Bava, qui prouve ici son incroyable talent visuel mais aussi de conteur, qu'il mettra encore plus à profit dans ses œuvres suivantes. Un film à savourer et à déguster ! 




Stéphane ERBISTI

THE 4BIDDEN FABLES (2014)

 

Titre français : The 4bidden Fables
Titre original : The 4bidden Fables
Réalisateur : Dorian Cleavenger
Scénariste : Dorian Cleavenger
Musique : Dorian Cleavenger
Année : 2014
Pays : Usa
Genre : Film à sketches
Interdiction : /
Avec : Richard Billock, Britt Gentsch, Corre Griffith, Miranda Gruss, Rebecca Gruss...


L'HISTOIRE : Derrière ce titre un peu énigmatique quant à son contenu et ses intentions, l'artiste international fantastique et touche-à-tout Dorian Cleavenger nous propose quatre histoires bizarres et macabres, à travers un voyage unique fait de réalités modifiées. Voyons donc ce que cela donne venant de la part d’un réalisateur à la fois scénariste et responsable de la bande originale...


MON AVISDans le premier segment intitulé Reunion, on se trouve à l’époque Victorienne, là une mère se rend avec sa fille Miranda chez un docteur car en échange d’une somme d’argent qu’on imagine conséquente, il lui a promis quelque chose concernant Becca, son autre enfant, la sœur jumelle de Miranda, lui ayant été confiée pour un traitement dont on ignore tout…

Autant le dire tout de suite les deux adolescentes incarnant deux virtuoses du piano jouent beaucoup mieux que les adultes présents à l’écran ! Une fois ce léger détail digéré, on se laisse porter par l’esthétique faite maison façon Stan Winston voire Rob Bottin pour les connaisseurs ! En effet, dans les sous-sols de la maison du mystérieux docteur, on pourra apercevoir de bien belles bêtes de foire à l’instar d’une fille-taupe, d’un homme-pieuvre ou encore d’un homme-ver-de-terre peu ragoutant et fier de sa condition de freak car il est désormais quelqu’un ! Mais ce ne sera pas tout, car d’autres créatures innommables et indescriptibles pullulent dans ces bas-fonds ! Si du côté du bestiaire nous sommes gâtés, côté scénario nous le serons également car à aucun moment, on aura imaginé une telle fin ! Sans vouloir divulgâcher outre mesure, nous dirons juste que parfois, le remède n’est pas toujours ce que l’on désire, surtout quand il s’agit de la médecine…

Billy c’est le titre de la deuxième histoire, mais c’est aussi le prénom d’un enfant difforme qui a été nourri par sa défunte mère. Cette dernière l’a alimenté d’une substance rouge étrange semblant provenir d’une source locale dans laquelle une usine a probablement déversé de nombreux produits toxiques. Ses seules compagnies sont celles de sa gentille sœur et d’un père tyrannique qui le maintient attaché et le garde encore en vie pour on ne sait quelle raison obscure…

Si ce segment a un gros problème de rythme pouvant lui faire perdre pas mal de crédit, son ambiance glauque à souhait ainsi que ses effets cheaps et autres maquillages à base de prothèses en latex rappelant certains fleurons de la Trauma, mais également le sublime Frère de Sang de Frank Henenlotter ou encore le plus récent Bad Milo, lui redonneront de bien belles couleurs. Toutefois, cette sorte de parabole sur l’enfance maltraitée n’est pas dotée d’une fin à la hauteur car un peu prévisible, dommage !

Suit The Companion dans lequel une petite créature étonnante est prisonnière d’une autre bien plus grande à l’apparence d’oiseau et donc tout aussi étrange qui va vouloir la garder pour compagnie et se sentir moins seule…

Dans cet univers proche de celui du réalisateur Tchèque Jan Svankmajer (principalement connu pour sa version du Alice de Lewis Carroll) car mélangeant de vrais acteurs avec des personnages animés, nous serons emmenés dans le monde étrange de la minutie et nous grossirons progressivement l’objectif à mesure que nous apprendrons que nous sommes tous petits aux yeux de nos ravisseurs ! Certes la morale et la chutes paraissent simplistes mais c’est assez poétique pour marquer un tant soit peu les esprits avec encore une fois, une esthétique bien particulière.

The Devil’s Halo viendra conclure ce film à sketchs avec l’adaptation d’une légende Irlandaise, celle selon laquelle il y aurait de l’or à foison et illimité au bout d’un arc-en-ciel. Ici, c’est un grand-père aveugle qui raconte à son petit-fils comment, étant jeune, il a fait cette étonnante découverte qui s’est toutefois avérée très dangereuse pour lui et une de ses proches…

Ce dernier récit, malgré des CGI en incrustation au rendu parfois horrible, est pourtant le meilleur de cette anthologie car l’histoire est excitante au possible, la représentation des Enfers y est troublante (elle rappellera d’ailleurs à certains celle entrevue dans la superbe franchise Phantasm), mais surtout sa fin, totalement inattendue, en bluffera plus d’un, parole de vieux briscard !

Si vous aimez l’horreur grossière, dégoûtante, visqueuse, grotesque, absurde, bizarre, étrange, fantaisiste, fantastique, ridicule, monstrueuse, étrange, extravagante, surréaliste, anormale avec des esquisses de cadavres en décomposition et pestilentiels, des dents pourries, du sang, des tripes, de la sueur, des cheveux filandreux, des corps déformés, des monstres et des histoires au scénario singulier, alors ce film est fait pour vous ! Certes, d’aucuns pourraient être rebutés par l’esthétique voire par le jeu d’acteur mais il y a quelque chose de généreux, d’inventif et de sincère dans le cinéma de Dorian Cleavenger, ce qui fait qu’il retient et mérite toute notre attention !




Vincent DUMENIL

LES 3 LUMIÈRES (1921)

 

Titre français : Les 3 Lumières
Titre original : Der Mude Tod
Réalisateur : Fritz Lang
Scénariste : Fritz Lang, Thea von Harbou
Musique : /
Année : 1921
Pays : Allemagne
Genre : Conte Fantastique, Film à sketches
Interdiction : -12 ans
Avec : Sabrina Reiter, Julia Rosa Stöckl, Michael Steinocker, Laurence Rupp, Nadja Vogel...


L'HISTOIRE : Un étranger au regard lugubre monte dans une diligence qu'occupe un couple de jeunes amoureux. Le véhicule s'arrête au abord d'une petite ville. L'étranger, qui n'est autre que la Mort, achète une parcelle de terrain située juste à côté du cimetière et la fait entourer d'une immense muraille sans porte. Il retrouve le couple d'amoureux dans une taverne et emmène le jeune homme. Inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son fiancé, la jeune femme se rend devant la muraille et voit de nombreuses âmes la traverser. Comprenant qui est réellement l'étranger et ce qu'il est advenu de son fiancé, elle décide de boire du poison pour le rejoindre. Avant qu'elle ne puisse accomplir son geste, elle se retrouve face à la Mort et la supplie de lui rendre son fiancé. La Mort lui propose alors un marché. Il l'emmène à l'intérieur d'une citadelle dans laquelle sont dispersées des milliers de bougies. Chaque flamme représente une personne vivante et si la bougie s’éteint, c'est que son heure est venue. La Mort montre alors trois bougies à la jeune femme. Si elle parvient à sauver l'une des trois vies représentées par les trois flammes, son fiancé lui sera rendu...


MON AVISEst-il besoin de présenter Fritz Lang ? Ce génial metteur en scène a offert tant de chefs-d’œuvres au cours de sa carrière, et ce, dans différents genres, qu'il me semble inutile de le mettre en lumière, sa filmographie se suffisant à elle-même. Qui n'a jamais entendu parler ou même vu la saga du Docteur Mabuse, Metropolis, Le Tigre du Bengale et sa suite Le Tombeau Hindou, La Femme au Portrait, Les Contrebandiers de Moonfleet ou Le Secret derrière la Porte ?

En 1921, Fritz Lang a déjà six longs métrages à son actif. Avec Les 3 Lumières, il nous offre un film très poétique, un conte fantastique dans lequel le thème de la destinée (titre américanisé du film et parfaitement adapté ici) et celui de la fatalité prédominent, puisqu'on va assister à la destinée multiple d'une jeune femme qui va tout faire pour gagner un combat contre la Mort elle-même ! Mais peut-on espérer gagner contre une entité immortelle ? Et l'amour peut-il être plus fort que la Mort ?

Ces questions, Fritz Lang va les traiter à travers un fil conducteur et trois histoires dans Les 3 Lumières. Oui, ce film peut être vu comme un film à sketchs et reprend d'ailleurs le procédé vu dans Cauchemars et Hallucinations, à savoir faire interpréter différents personnages aux acteurs principaux du fil conducteur dans les diverses histoires.

Le fil conducteur nous présente donc la Mort, superbement interprétée par l'acteur Bernhard Goetzke, dont le visage et la gestuelle donnent à cette entité tout son aspect lugubre et terrifiant. Cette dernière va donc prendre la vie d'un jeune homme car son heure est venue, tout simplement. Sa fiancée va tenter de négocier un sursis et va pactiser avec la Mort, celle-ci lui offrant la possibilité de sauver trois vies, symboliquement représentée par la flamme de trois bougies, les fameuses 3 lumières" du titre.

Ce fil conducteur nous propose de très belles images et des idées intéressantes, comme ce mur gigantesque que la Mort fait construire autour du domaine qu'elle vient d'acheter et qui ne possède pas de porte ou le fait que le verre de l'étranger se transforme en sablier, évoquant le temps qui passe, inéluctable. La séquence dans laquelle des âmes fantomatiques traversent cette muraille est très belle. Il en va de même pour l'intérieur de la citadelle entièrement décorée par des bougies. Fritz Lang manie l’esthétisme avec brio et dégage de ses images une grâce poétique certaine. On notera également une certaine ironie de sa part quant à sa représentation des bourgeois, ces derniers n'appréciant pas l'étranger venu dans leur ville mais acceptant de lui vendre un bout de terrain en échange de son argent.

La suite du film prend donc la direction du film à sketch puisque, aux trois lumières du titre, s'associent trois histoires d'amour fou, trois récits dans lesquels la destinée et la fatalité seront présentes, avec, pour chacun d'entre-eux, le même but à atteindre pour le personnage féminin : sauver son amoureux. Une mise en parallèle du fil conducteur donc.

La première histoire se situe en Perse. Zobeide, la sœur du Calife, est amoureuse d'un infidèle. Ce dernier est pourchassé par les hommes du Calife. Zobeide parvient à le dissimuler et à lui apporter son aide à l'intérieur du palais. Malheureusement, il sera fait prisonnier et le jardinier l'enterrera jusqu'au cou, dévoilant alors sa véritable apparence, celle de la Mort. Zobeide n'est pas parvenue à sauver son fiancé.

Le second récit se déroule en Italie. Le riche Girolamo est amoureux de la belle Monna Fiametta mais celle-ci lui préfère un séduisant jeune homme, Giovanfrancesco. Monna Fiametta a l'idée d'un plan pour se débarrasser de Girolamo et pouvoir vivre pleinement son amour avec son amoureux. Elle écrit deux lettres. Dans l'une, elle demande à Girolamo de la rejoindre à 22h, dans le seul but de le faire assassiner par son ami le Maure. La seconde est destinée à son fiancé. Mais Girolamo découvre le plan de celle qu'il convoite et fait échanger intervertir les deux lettres. C'est donc Giovanfrancesco, déguisé, qui vient à la rencontre de Monna Fiametta et qui meurt par l'épée du Maure. La jeune femme n'a pas pu empêcher la mort de son fiancé.

Troisième histoire, celle qui se déroule en Chine et qui possède l'aspect fantastique le plus prononcé. En effet, le magicien A Hi est demandé à la cour de l'empereur pour y présenter ses numéros. Ce dernier offre au souverain un cheval volant ainsi qu'une armée miniature. Mais l'empereur désire avant tout la fille du magicien, qui est déjà amoureuse d'un jeune homme. Après s'être enfuie avec son fiancé, la fille du magicien le transforme en tigre. Mais l'archer de l'empereur tue l'animal. La jeune femme n'a pu empêcher son amoureux de mourir.

Ces trois histoires, ces trois contes, jouent avec la destinée et la fatalité. La fin, tragique, de chaque récit était écrit à l'avance car on ne gagne pas contre la Mort. Le fait que les trois acteurs principaux interprètent les différents protagonistes des récits est un plus indéniable. Bernhard Goetzke est absent du second récit toutefois.

On appréciera le fait que dans tous ces récits, c'est le personnage de la femme qui est mis à contribution et qui s'impose par la force. Des récits qui jouent avec les thèmes universels de l'amour et de la mort, mais aussi avec ceux de la religion, du pouvoir. Intéressant également, ce côté fragilisé de la Mort, qui, las de prendre la vie des Hommes, offre une seconde chance à la jeune femme, voire même quatre chances si on veut être logique avec le film, de contrer la fatalité.

Maîtrisé de bout en bout par un Fritz Lang déjà maître de son art, Les 3 Lumières est un bien joli film, parsemé de superbes images et de quelques effets-spéciaux désuets mais efficaces pour l'époque, notamment lors du récit situé en Chine. Romantique et métaphorique, Les 3 Lumières mette en exergue une vérité infaillible, qui sera un peu bousculée dans les années 2000 avec la saga Destination Finale : à la fin, la Mort l'emporte toujours.

A noter que ce film est l'un des films préférés de Luis Bunuel et d'Alfred Hitchcock.




Stéphane ERBISTI

3 HISTOIRES DE L'AU-DELA (2002)

 

Titre français : 3 Histoires de l'Au-dela
Titre original : Sam Gang
Réalisateur : Kim Jee Woon, Nonzee Nimibutr, Peter Chan
Scénariste : Kim Jee Woon, Nitas Singhamat, Matt Show, Jo Jo Yuetchun Hui
Musique : Sung-Woo Cho, Seong-Woo Jeong, Peter Kam...
Année : 2002
Pays : Corée du sud, Thaïlande, Hong-Kong
Genre : Film à sketches
Interdiction : -12 ans
Avec : Hye-Su Kim, Bo-Seok Jeong, Eugenia Yuan, Leon Lai, Eric Tsang, Johnny To...


L'HISTOIRE : 3 Histoires de l'Au-delà prend le concept intéressant de mettre en œuvre des réalisateurs asiatiques sur des moyens métrages horrifiques à l'instar d'un Creepshow ou de la série-télévisée Les Contes de la crypte. Les 3 histoires proposées se nomment Memories, Going Home et The Wheel.


MON AVISGrâce à Hideo Nakata et son fameux Ring, l'industrie locale a su se renouveler, et faire par là-même découvrir des réalisateurs talentueux et très méconnus de par chez nous. C'est à partir de ce constat que s'ouvre le projet du film, faire découvrir ce que l'Asie est capable de faire en matière d'horreur. Ici trois réalisateurs de divers horizons on été conviés. Débutons par le premier, celui qui ouvre les hostilités, le coréen Kim Jee-Woon.

* Memories

Kim Jee-Woon n'est aujourd'hui plus inconnu chez nous, puisque il a eu grand succès grâce à son métrage Deux sœurs. Outre ce film, Kim avait déjà réalisé Foul King et le fameux "The Quiet Family qui narre sous forme de comédie horrifique, une histoire plutôt surprenante arrivant à une famille. Film qui a été repris par le japonais Takashi Miike et qui l'a renommé en Happiness of the katakuris. Kim Jee-Woon possède donc des qualités indéniables malgré son début dans le monde du cinéma, et son court Memories dans 3 Histoires de l'Au-delà" reflète bien son talent.

Sung-Min ne retrouve plus trace de sa femme qui a disparu. Depuis, il souffre d'une amnésie qui l'empêche de se rappeler des événements et il souffre de cauchemars. Sa femme, elle, se réveille au milieu de nulle part, totalement amnésique aussi. Elle trouve un numéro de téléphone dans sa poche et tente de trouver un endroit pour l'appeler. Malheureusement la ligne est toujours occupée, alors elle erre pour essayer de comprendre le pourquoi du comment. Son mari tente lui aussi de faire le point mais les deux ne savent pas encore que la vérité sera dévastatrice.

Parcourue d'une ambiance inquiétante et angoissante, Kim réussit pleinement son segment. Grâce à sa durée relativement courte (40 minutes), il amène tout de suite à l'action et ainsi évite les longueurs (qui se ressentaient dans Deux sœurs par exemple). L'esthétisme de chaque plan est remarquable, typique du réalisateur, et la tension va crescendo avec un climax bien méchant. On n'oubliera pas non plus l'introduction du segment qui est tétanisante, avec un travail sur le son et le bruitage en parfaite osmose sur les images. Bref du très bon.

* The Wheel

Voici maintenant le segment du thaïlandais Nonzee Nimibutr. Celui-ci commence réellement son incursion dans le fantastique étant donné que précédemment, ses films étaient plutôt loin du genre. On peut citer son drame érotique Jan Dara ou encore Nang Nak tirée d'une adaptation traditionnelle d'une légende thaïlandaise. Ces films ont été d'ailleurs des succès incontestable dans ce pays. Si Nimibutr est incontestablement un réalisateur talentueux, peut-il vraiment l'être dans le domaine du fantastique ?

Voyons l'histoire de son segment The Wheel avant de tenter de répondre à cette question. Hum Lakorn Lek est un maître en matière d'art sur les marionnettes, mais il meurt suite à de nombreuses visions cauchemardesques le faisant faire brûler sa demeure. Kru Tong est quant à lui un maître dans l'art du Khon (théâtre populaire de rue) et décide de s'emparer des poupées de Lek qui, selon la tradition, doivent rester avec leur créateur après sa mort, sinon celles-ci se vengeront. Bien évidemment Tong s'en moque, et bien mal lui en prend car de nombreux événements insolites vont survenir dans son village.

Après ce résumé, on constate à quel point l'histoire est peu passionnante et dire qu'elle est prévisible est un euphémisme. En plus de cela, la réalisation est médiocre, avec des partis pris mauvais (ralentissements multiples sans intérêts pour faire croire à des spectres). La musique pourtant pas si mal est également très mal employée. Nimibutr avait pour but de nous faire peur, et ben c'est complètement raté vu que l'ennui est surtout de mise. Ne parlons même pas de la conclusion du segment qui l'enfonce encore plus dans la médiocrité. Bref à oublier rapidement.

* Going Home

C'est le hongkongais Peter Chan qui conclue le film et de quelle manière !! Mais quelques mots avant tout sur le réalisateur. Chan fait partie incontournablement des grosses pointures du cinéma HK. Il a brillé notamment dans les années 90 avec sa compagnie UFO sur de nombreux succès. On lui doit des comédies comme She's a Man ou encore sa très bonne love story Comrades almost a love story.

Kin est un policier qui emménage avec son fils dans une cité abandonnée qui va être détruite d'ici peu. Il ne reste que l'étrange gardien Fai ainsi que sa femme et sa fille. Le fils de Kin disparaît et son père le recherche activement. Ne faisant que peu confiance à Fai, il décide de rentrer chez lui en douce. Là, il découvre sa femme qu'il pensait handicapée mais qui s'avère être en fait morte. Fai arrive derrière Kin et l'assomme. Kin est devenue l'otage de Fai qui lui affirme qu'il le libérera quand sa femme revivra, ce qui d'après lui ne devrait plus tarder grâce à la médecine chinoise.

Autant le dire tout de suite, Going Home est un chef d'œuvre. Une perle à la fois d'émotion et de réalisation. Outre le suspense implacable et l'ambiance très travaillée, le court possède une émotion poignante qui prendra toute sa force à la fin. Bien sûr pour éviter de vous gâcher toutes surprises, je vous recommande grandement de voir ce segment.

On remarquera les qualités indéniables des acteurs, notamment pour Eric Tsang (Infernal Affairs) et Johnny To (PTU). Les enfants étant quant à eux plutôt médiocres ce qui se justifie au vu de leur âge. La musique est également somptueuse et renforce à la fois l'aspect inquiétant et sombre de la quasi-totalité du segment, jusqu'à sa fin poignante et touchante où elle offre un morceau mélancolique d'une grande classe. Chan accouche ici d'un segment pratiquement parfait malgré un début un peu trop poussé en matière d'effets mais rassurez-vous, voici du grand cinéma c'est incontestable.
A noter qu'il existe une Director's Cut de 70 minutes qui est sortie à Hong Kong.

Bref 3 Histoire de l'Au-delà est, on peut le dire, une réussite, mais pas totale étant donné la nullité du deuxième segment. Malgré tout, cette initiative prouve, s'il en est encore besoin, la bonne santé du cinéma asiatique en matière de fantastique, et les qualités indéniables et parfois impressionnantes de leurs auteurs. 

Le film eut beaucoup de succès et engendra une séquelle, intitulée 3 Extrêmes en 2004.




Anonymous

3 EXTRÊMES (2004)

 

Titre français : 3 Extrêmes
Titre original : Sam Gang 2
Réalisateur : Takashi Miike, Fruit Chan, Park Chan-Wook
Scénariste : Haruko Fukushima, Lilian Lee, Park Chan-Wook
Musique : Bok-sung-a, Kwong Wing Chan, Kôji Endô, Byung-hoon Lee
Année : 2004
Pays : Japon, Hong-Kong, Corée du Sud
Genre : Film à sketches, horreur
Interdiction : -12 ans
Avec : Miriam Yeung, Bai Ling, Tony Leung Ka-Fai, Lee Byung-Hun, Im Won-Hee...


L'HISTOIRE Après le succès à la fois artistique et commercial en 2002 de 3 Histoires de l'au-delà, il semblait logique qu'une suite voit le jour. Cette nouvelle coproduction asiatique, qui a toujours pour but de faire découvrir ses talentueux réalisateurs, s'est donc portée garante d'une suite, baptisée 3 Extrêmes. Les trois histoires proposées ici s'appellent La Boîte, Nouvelle Cuisine et Coupez !


MON AVIS : Le film à sketches 3 Extrêmes permet d'intégrer le Japon, grand absent du premier volet, ce qui était d'ailleurs étrange étant donné que le renouveau du genre vient du pays du soleil levant. Qu'importe puisque son représentant dans 3 Extrêmes n'est autre que notre Takashi Miike préféré, le stakhanoviste de la caméra toujours prêt à nous émerveiller et nous prendre à revers là où on l'attend le moins. C'est ainsi que Miike surprend dans son segment qui est d'une rare maîtrise et maturité mais voyons déjà l'histoire de son segment intitulé La Boîte.

Traumatisée par un passé douloureux, une romancière s'enferme continuellement chez elle et peine à communiquer avec l'extérieur. Malheureusement pour elle, son passé troublant la hante de plus en plus et le retour à la réalité va être un choc.

Le mieux est d'en dévoiler le moins possible, Miike reprend ici plusieurs de ses thèmes chers. Le plus important est celui de la famille, dans la plupart de ses films il traite ainsi de la famille qu'elle soit unie (voir Happiness of katakuri) ou désunie (Visitor Q). La confrontation du temps est également très importante dans se segment et lors du premier visionnage, il est simple de s'y perdre. Retour dans le passé mélangé avec le présent, flashback amené d'une manière très réfléchie mais non explicité directement. Miike fait perdre son spectateur dans une histoire troublante. Pourquoi le segment s'appelle-t-il une boîte ? Je ne vous dirai rien mais la réflexion se posant sur cette boîte et son symbolisme, est d'une rare pertinence.

Au niveau de la réalisation, je crois qu'il s'agit ici du Miike le plus maîtrisé qui prouve ainsi que c'est un grand metteur en scène, ne se limitant pas à des débordements allant dans tous les sens. Non, Miike sait parfaitement conter une histoire et il nous le prouve encore une fois. C'est lent, travaillé, il y a une ambiance froide, peu de dialogues. Miike nous emporte ailleurs et réussit pleinement son segment. Décidément l'homme n'a pas fini de nous surprendre.

C'est maintenant au tour du Hongkongais Fruit Chan que l'on connaît surtout pour Made in Hong Kong, The longest summer et Little Cheung, une trilogie sur la rétrocession. Son segment s'intitule Nouvelle cuisine.

Une femme de quarante ans (Mme Li) veut garder sa jeunesse pour plaire encore à son mari qui la trompe, décide d'aller voir une chinoise du continent (Tante Mei) réputée pour ses plats qui seraient d'essence régénératrice. Problème, ses plats sont des raviolis mais des raviolis à base de fœtus humains.

Si le segment de Chan n'est pas mauvais en tant que tel, on peine néanmoins à comprendre ce qu'il fait dans ce film étant donné qu'il ne rentre jamais à un seul moment dans le fantastique. Ici, on assiste surtout à une critique propre au réalisateur. Une critique intéressante entre les points de vue de la Chine continentale et Hong Kong, certes, mais qui à aucun moment ne s'apparente à un film fantastique. Quelques débordements graphiques tout de même, dont un accouchement pas très propre effectué par Tante Lei qui va laisser des séquelles mais rien n'y fait, on s'ennuie plus qu'autre chose. Pas de tensions, pas de peur et en fin de compte peu d'intérêt pour cette histoire, qui bascule d'ailleurs dans un ton dramatique pour finir. Chan le dit lui-même, il n'avait pas pour objectif de faire un film d'horreur. Preuve donc que l'intérêt de ce segment est ici très limité.

Pour ceux qui cela intéresse, il faut savoir que le film est sorti seul en DVD à Hong Kong, dans une version de 90 minutes.

Après un Miike surprenant, voici la seconde surprise du film, le segment du coréen Park Chan-Wook. Reconnue aujourd'hui mondialement grâce à son film Old boy qui, rappelons-le, a gagné le prix du Jury à Cannes en 2004 (présidé par Quentin Tarantino, important à préciser). Je vous recommande d'ailleurs de voir JSA et Sympathy for Mr. Vengeance qui sont incontestablement des grands films. Venons-en maintenant plus précisément à l'histoire du segment de Park, nommé : Coupez !

Ryu est un réalisateur à succès habitant dans une demeure somptueuse. Il rentre de son travail et est assommé. A son réveil, il découvre qu'il est attaché et il voit un homme qui lui explique un deal. Celui-ci a attaché la femme de Ryu sur son instrument, à savoir un piano, et propose de la relâcher si Ryu tue un enfant qu'il a enlevé. Si Ryu ne veut pas, toutes les cinq minutes l'homme coupera un doigt de la femme.

Par le biais de ce pitch, vous vous rendez compte comme le segment de Park est méchant. Cynique et à la fois empli d'un humour noir extrême, Park joue à chaque instant avec les nerfs du spectateur. De plus la réalisation est d'une rare maîtrise à l'instar d'un Old Boy malgré le peu de lieu d'action (l'intégralité du segment en gros se situe chez le metteur en scène). Park a eu l'air de s'amuser et n'hésite pas à frapper dans le gore par instant. Il va au bout des choses en soi.

En outre, il propose aussi une critique. Critique de la condition des classes sociales entre une personne riche et un homme pauvre relégué en tant que simple figurant. On retrouve aussi la vengeance et les décisions sans équivoques des personnages, propres au cinéma de Park. En somme, un excellent segment.

3 Extrêmes est sans conteste un très bon divertissement qui comme son homologue 3 Histoires de l'au-delà offre deux très bons moyens métrage et un beaucoup moins bon, bien qu'ici il ne soit pas pour autant raté. Le métrage de Chan n'aurait juste pas dû faire partie du lot, c'est tout. Mais la vision du film se vaut rien que pour le travail de Miike et Park, qui prouvent qu'ils sont parmi les réalisateurs les plus doués du moment.




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